Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

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Voyage à Pékinde différentes marchandises. A notre arrivée, la foule nous suivitmalgré les cris de deux officiers civils, qui, conformément à l’usagesuivi en Chine, chassaient les importuns à grands coups de fouet.Le dzargoutchi vint à notre rencontre, dans la cour, nous accueillitavec beaucoup de politesse et nous conduisit dans sa demeure, oùl’on avait construit un salon exprès pour recevoir ses hôtes.L’habitation du dzargoutchi de Kiakhta est plus commode et plusélégante. Les Mongols qui nous accompagnaient furent placés à unetable séparée, à l’entrée de l’appartement, à l’exception dubitkhéchi et du bochko, qui restèrent à la nôtre. Le dzargoutchinous traita tous très amicalement ; p1.098 il parla de ses élèves, MM.Lipovtsov et Novosselov, et parut flatté de mon observation, que lenom de Hoai lao yé, était connu dans la capitale de la Russie. Ledzargoutchi me demanda combien de temps nous comptionsséjourner à l’Ourga. Je répondis que ses sollicitations nous avaientfait prendre le parti d’y rester sept jours ; que trois étaient déjàécoulés, et que nous désirions profiter des quatre qui restaient pournous occuper des préparatifs de notre voyage ; que du reste toutdépendait du vang. Le dzargoutchi nous conseilla de nouveau denous bien reposer, en ajoutant que le temps était froid et pluvieux,et que, d’après les règles de l’astrologie chinoise, il avait choisi unjour heureux pour notre départ, et qu’il en parlerait auxgouverneurs de l’Ourga. Naturellement, nous le remerciâmes decette preuve de sa bienveillance pour nous.Après le dîner, à trois heures, ayant bu chacun une tasse de thésans sucre, nous prîmes, congé du dzargoutchi. Khartsagai et Idam,en se retirant, se mirent à genoux devant le dzargoutchi, usageobservé par les Mongols, envers les dignitaires chinois ; lesMandchous, les Chinois et les Mongols, même dans les plus grandescérémonies, n’ôtent jamais leurs bonnets ; ils ne témoignent leursrespects qu’en inclinant d’une manière presque insensible lesmains, vers la terre, et en fléchissant les genoux. Devant des p1.099princes et des généraux, on s’agenouille trois fois, en s’avançant un76

Voyage à Pékinpeu chaque fois. Devant l’empereur, on répète le salut neuf fois àtrois reprises différentes, en se prosternant jusqu’à terre.A notre retour, nous vîmes beaucoup de tentes nouvellementdressées ; elles appartenaient à des Mongols qui allaient adorer lenouveau khoutoukhtou ; on en attendait encore d’autres. Un grandnombre de seigneurs et de simples particuliers de la tribu deKhalkha, s’étaient rassemblés à l’Ourga ; ils se préparaient àcélébrer la grande fête du khoutoukhtou. La mort du bogdo-khanvint tout arrêter. Tous les sujets de l’empereur sont, par suite decet événement, tenus de porter le deuil pendant près de troismois ; les lama sont obligés de faire des prières particulières,pendant quarante-neuf jours, en honneur du monarque défunt.Pour donner une idée de la fête célébrée par les Mongols, à lamanifestation du nouveau khoutoukhtou Gheghèn, je vais rapporterles détails de celle qui eut lieu en 1729, dans l’ancienne ourga,située sur l’Iben qui se jette dans l’Orkhòn 1 .Le 22 juin, à la deuxième heure du jour, c’est-à-dire au lever dusoleil, le principal temple de p1.100 l’Ourga fut décoré pour la fête.On avait placé vis-à-vis l’entrée, l’idole du bourkhan Aioûcha 2 ; àgauche on avait élevé un trône orné de pierres précieuses et deriches étoffes ; des sièges en bois avaient été arrangés dans letemple pour les lama. La sœur du khoutoukhtou défunt, trois khanmongols, un amban, ayant une plume de paon sur son bonnet, etenvoyé de Péking par l’empereur Young-tching, le père du nouveaukhoutoukhtou, les trois khan des Khalkha et plusieurs autresMongols de distinction, assistaient à la fête. Le nombre des lamas’élevait à peu près à vingt-six mille, et celui du peuple, hommes,femmes et enfants, à plus de cent mille. Après que les personnagesles plus considérables se furent réunis dans le temple, on fit placerdevant la porte, sur deux rangs, deux cents lances avec des pointes1 Ce récit est extrait de Pallas, Nordische Beitræge, I, 314 et suiv.2 Les lamaïtes lui adressent leurs prières pour vivre longtemps.77

<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> Pékinde différ<strong>en</strong>tes marchandises. A notre arrivée, <strong>la</strong> foule nous suivitmalgré les cris de deux officiers civils, qui, conformém<strong>en</strong>t <strong>à</strong> l’usagesuivi <strong>en</strong> <strong>Chine</strong>, chassai<strong>en</strong>t les importuns <strong>à</strong> grands coups de fou<strong>et</strong>.Le dzargoutchi vint <strong>à</strong> notre r<strong>en</strong>contre, dans <strong>la</strong> cour, nous accueillitavec beaucoup de politesse <strong>et</strong> nous conduisit dans sa demeure, oùl’on avait construit un salon exprès pour recevoir ses hôtes.L’habitation du dzargoutchi de Kiakhta est plus commode <strong>et</strong> plusélégante. Les Mongols qui nous accompagnai<strong>en</strong>t fur<strong>en</strong>t p<strong>la</strong>cés <strong>à</strong> un<strong>et</strong>able séparée, <strong>à</strong> l’<strong>en</strong>trée de l’appartem<strong>en</strong>t, <strong>à</strong> l’exception dubitkhéchi <strong>et</strong> du bochko, qui restèr<strong>en</strong>t <strong>à</strong> <strong>la</strong> nôtre. Le dzargoutchinous traita tous très amicalem<strong>en</strong>t ; p1.098 il par<strong>la</strong> de ses élèves, MM.Lipovtsov <strong>et</strong> Novosselov, <strong>et</strong> parut f<strong>la</strong>tté de mon observation, que l<strong>en</strong>om de Hoai <strong>la</strong>o yé, était connu dans <strong>la</strong> capitale de <strong>la</strong> Russie. Ledzargoutchi me demanda combi<strong>en</strong> de temps nous comptionsséjourner <strong>à</strong> l’Ourga. Je répondis que ses sollicitations nous avai<strong>en</strong>tfait pr<strong>en</strong>dre le parti d’y rester sept jours ; que trois étai<strong>en</strong>t déj<strong>à</strong>écoulés, <strong>et</strong> que nous désirions profiter des quatre qui restai<strong>en</strong>t pournous occuper des préparatifs de notre voyage ; que du reste toutdép<strong>en</strong>dait du vang. Le dzargoutchi nous conseil<strong>la</strong> de nouveau d<strong>en</strong>ous bi<strong>en</strong> reposer, <strong>en</strong> ajoutant que le temps était froid <strong>et</strong> pluvieux,<strong>et</strong> que, d’après les règles de l’astrologie chinoise, il avait choisi unjour heureux pour notre départ, <strong>et</strong> qu’il <strong>en</strong> parlerait auxgouverneurs de l’Ourga. Naturellem<strong>en</strong>t, nous le remerciâmes dec<strong>et</strong>te preuve de sa bi<strong>en</strong>veil<strong>la</strong>nce pour nous.Après le dîner, <strong>à</strong> trois heures, ayant bu chacun une tasse de thésans sucre, nous prîmes, congé du dzargoutchi. Khartsagai <strong>et</strong> Idam,<strong>en</strong> se r<strong>et</strong>irant, se mir<strong>en</strong>t <strong>à</strong> g<strong>en</strong>oux devant le dzargoutchi, usageobservé par les Mongols, <strong>en</strong>vers les dignitaires chinois ; lesMandchous, les Chinois <strong>et</strong> les Mongols, même dans les plus grandescérémonies, n’ôt<strong>en</strong>t jamais leurs bonn<strong>et</strong>s ; ils ne témoign<strong>en</strong>t leursrespects qu’<strong>en</strong> inclinant d’une manière presque ins<strong>en</strong>sible lesmains, vers <strong>la</strong> terre, <strong>et</strong> <strong>en</strong> fléchissant les g<strong>en</strong>oux. Devant des p1.099princes <strong>et</strong> des généraux, on s’ag<strong>en</strong>ouille trois fois, <strong>en</strong> s’avançant un76

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