Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

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Voyage à Pékinfertiles ; sur les bords de la dernière erraient des troupeaux debuffles ; les habitants de ces contrées en possèdent de trèsnombreux.p1.073On longe le pied de hautes montages pendant six verstes,en remontant le long de l’Arachân, ruisseau qui, tournant du sud aunord, tombe à l’est dans la Koui. Pendant longtemps, la pluie necessa de tomber ; elle était accompagnée d’un vent piquant dunord. Une neige humide acheva de gâter le chemin. Les chameauxglissaient et tombaient. Nous arrivâmes enfin, à deux heures aprèsmidi,à la station, située sur les bords de l’Arachân. Les Mongolsdonnent ce nom à toute eau minérale et salutaire ; mais dans unsens plus élevé, le mot arachân, signifie les sources bénites etmiraculeuses qui arrosent le paradis de Bouddha 1 .Une heure après notre arrivée, le bochko se mit en route pourl’Ourga, afin d’annoncer au vang et à l’amban l’arrivée de lamission. Avant son départ, il s’informa de moi du nombre de noschevaux et de la quantité de notre bagage. La mission étaitcomposée de dix personnes et l’escorte de trente-cinq hommes ;quatre-vingt-quatre chameaux, cent quarante-neuf chevaux etvingt-cinq bœufs servaient à transporter le bagage.Pendant que le bochko se préparait à partir, p1.074 letoussoulakhtchi Idam me fit savoir par l’interprète, qu’il avait reçudu vang, la nouvelle officielle de la mort de l’empereur de laChine 2 .Il était décédé le 23 août à l’âge de soixante-un ans. Cettenouvelle m’alarma : la mort de l’empereur pouvait empêcher lacontinuation de notre voyage. Je me hâtai d’informer de cette1 On appelle Arachân toutes les sources minérales, dont les Mongols font un usagefréquent dans les maladies. La rivière en question reçoit vraisemblablementquelque source pareille ; c’est ce qui lui aura valu son nom. Kl.2 Le dernier empereur de la Chine reçut, après sa mort, le nom de Joui-ti(ingeniosus imperator) ; les années de son règne portaient celui de Kia-khing(laudabilis felicitas), ce n’était donc pas son nom, comme on le croit généralementen Europe.60

Voyage à Pékincirconstance importante le chef de la mission. L’archimandrite serappelait entre autres qu’un dignitaire chinois, qui accompagnait uneambassade de Kalmuks-Dzoûngar, apprenant en route la nouvelle dela mort de l’empereur Khang hi, en fut tellement affligé qu’il se retiradans les montagnes, pour pleurer une si grande perte, et cacher enmême temps sa douleur aux yeux de ses compagnons de voyage, etqu’il ne quitta sa retraite qu’après avoir reçu du nouvel empereurYoung-tching l’ordre de continuer sa route pour Péking.Nous observâmes que les flocons de soie et les boulesmanquaient aux bonnets des dignitaires chinois et mongols ; lesserviteurs même avaient ôté leurs flocons de soie : tous étaientobligés de p1.075 s’habiller en blanc, comme le peuple et de laissercroître leurs cheveux. C’était pour le deuil, qui dure cent jours.Pendant toute la nuit, le vent fut assez violent ; au lever du soleil,le thermomètre marquait six degrés au-dessous de zéro. Nosanimaux tremblaient de froid ; je ne pouvais me résoudre à memettre en marche ; mais le bitkhéchi nous pria de ne pas nousarrêter, parce que le vang nous attendait à l’Ourga. Nous célébrâmesce jour-là, par un service divin, sur les hauteurs de l’Asie,l’anniversaire du couronnement de l’empereur et de l’impératricerégnants. Les Mongols nous entourèrent en foule, pour entendre noschants. Nos conducteurs vinrent ensuite nous voir. Notreconversation roula sur la mort du Bogdo-khan ; je leur exprimaicombien je prenais part à la perte qu’ils venaient d’éprouver. Letoussoulakhtchi en était déjà instruit depuis deux jours, mais le vanglui avait ordonné de ne la communiquer aux guides chinois et à lamission russe qu’à l’avant-dernière station avant l’Ourga. L’héritierde la couronne était déjà monté sur le trône, mais on ignorait encorele nom de celui que l’on avait choisi parmi les fils nombreux deKiakhing.Les Mongols ne nous prêtèrent aucune assistance. Ilsrépondirent même aux ordres du toussoulakhtchi par des injures,disant qu’ils étaient des chabi, et ne reconnaissaient d’autre maître61

<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> Pékincirconstance importante le chef de <strong>la</strong> mission. L’archimandrite serappe<strong>la</strong>it <strong>en</strong>tre autres qu’un dignitaire chinois, qui accompagnait uneambassade de Kalmuks-Dzoûngar, appr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> route <strong>la</strong> nouvelle de<strong>la</strong> mort de l’empereur Khang hi, <strong>en</strong> fut tellem<strong>en</strong>t affligé qu’il se r<strong>et</strong>iradans les montagnes, pour pleurer une si grande perte, <strong>et</strong> cacher <strong>en</strong>même temps sa douleur aux yeux de ses compagnons de voyage, <strong>et</strong>qu’il ne quitta sa r<strong>et</strong>raite qu’après avoir reçu du nouvel empereurYoung-tching l’ordre de continuer sa route pour <strong>Péking</strong>.Nous observâmes que les flocons de soie <strong>et</strong> les boulesmanquai<strong>en</strong>t aux bonn<strong>et</strong>s des dignitaires chinois <strong>et</strong> mongols ; lesserviteurs même avai<strong>en</strong>t ôté leurs flocons de soie : tous étai<strong>en</strong>tobligés de p1.075 s’habiller <strong>en</strong> b<strong>la</strong>nc, comme le peuple <strong>et</strong> de <strong>la</strong>issercroître leurs cheveux. C’était pour le deuil, qui dure c<strong>en</strong>t jours.P<strong>en</strong>dant toute <strong>la</strong> nuit, le v<strong>en</strong>t fut assez viol<strong>en</strong>t ; au lever du soleil,le thermomètre marquait six degrés au-dessous de zéro. Nosanimaux tremb<strong>la</strong>i<strong>en</strong>t de froid ; je ne pouvais me résoudre <strong>à</strong> mem<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> marche ; mais le bitkhéchi nous pria de ne pas nousarrêter, parce que le vang nous att<strong>en</strong>dait <strong>à</strong> l’Ourga. Nous célébrâmesce jour-l<strong>à</strong>, par un service divin, sur les hauteurs de l’Asie,l’anniversaire du couronnem<strong>en</strong>t de l’empereur <strong>et</strong> de l’impératricerégnants. Les Mongols nous <strong>en</strong>tourèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> foule, pour <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre noschants. Nos conducteurs vinr<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite nous voir. Notreconversation rou<strong>la</strong> sur <strong>la</strong> mort du Bogdo-khan ; je leur exprimaicombi<strong>en</strong> je pr<strong>en</strong>ais part <strong>à</strong> <strong>la</strong> perte qu’ils v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t d’éprouver. L<strong>et</strong>oussou<strong>la</strong>khtchi <strong>en</strong> était déj<strong>à</strong> instruit depuis deux jours, mais le vanglui avait ordonné de ne <strong>la</strong> communiquer aux guides chinois <strong>et</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong>mission russe qu’<strong>à</strong> l’avant-dernière station avant l’Ourga. L’héritierde <strong>la</strong> couronne était déj<strong>à</strong> monté sur le trône, mais on ignorait <strong>en</strong>corele nom de celui que l’on avait choisi parmi les fils nombreux deKiakhing.Les Mongols ne nous prêtèr<strong>en</strong>t aucune assistance. Ilsrépondir<strong>en</strong>t même aux ordres du toussou<strong>la</strong>khtchi par des injures,disant qu’ils étai<strong>en</strong>t des chabi, <strong>et</strong> ne reconnaissai<strong>en</strong>t d’autre maître61

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