Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

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Voyage à Pékindont le sol était argileux ; c’était un désert qui offrait l’image de ladésolation ; il n’y avait ni herbes, ni eau. Cette vallée s’étend à cinqverstes jusqu’à Irén, station à gauche de la route, entre desrochers ; il y a un puits dont l’eau est salée. Plus loin, à l’est, audelàdes collines sablonneuses, s’étend le lac salé Irén noor.Laurent Lange, qui a parcouru ces déserts dans le commencementdu XVIIIe siècle, estime que ce lac peut avoir trois verstes de p2.399circuit ; il n’en a réellement que deux. Il appartient au vang desBaroun Sounit, qui permet aux Mongols de sa bannière d’enexploiter le sel. Une charge de chameau se vend sur place six tchind’argent (environ 5 francs). Ce lac est sous la garde d’un dargoui etde quatre bochko. La sécheresse était cause qu’il y avait alors peude sel ; après de fortes pluies, il est abondant.A cette station, nos conducteurs sounit orientaux limentremplacés par un taïdzi de la même tribu, mais d’un autre somoun,ou escadron ; il devait nous accompagner jusqu’aux pays desKhalkha.Il y a parmi les Sounit un grand nombre de taïdzi, ou noblesqui, par leur ignorance à soigner les bestiaux, et par l’illustration deleur race, pourraient, jusqu’à un certain point, être comparés àplusieurs descendants de familles célèbres de l’Europe ; ils sont lesderniers rejetons d’une longue suite de princes. Outre le terrain quileur est assigné, les bannières fournissent à un taïdzi de la premièreclasse, ou terigoun, dix-huit ouvriers ; à un de la deuxième, douze ;à un de la troisième, huit ; à un de la quatrième, quatre. Les taïdzide la cinquième classe appartiennent à la noblesse du degréinférieur et se rangent avec les simples Mongols. D’après unrèglement qui est encore en vigueur en Chine, quand les taïdziarrivent à Péking, ils doivent présenter à l’empereur des moutonsvivants, qu’ils louent souvent p2.400 au marché. Quand l’empereurdaigne les recevoir, il fait donner à ces taïdzi 10 liang en argent surle trésor (le meilleur mouton ne se vend que 5 liang), deux mesuresde riz et quatre pièces de nankin. Si l’offre est refusée, les taïdzi596

Voyage à Pékinn’obtiennent que 5 liang en argent et une mesure de riz. Cet usage,établi à l’époque où la Chine redoutait encore les Mongols, tombede jour en jour en désuétude.Plusieurs Sounit, qui habitent ces lieux, portent des chapeauxd’été chinois, faits en racines de bambou. Les Mongols de Khalkhadédaignent cette parure étrangère.Le 15, à sept heures du matin, nous partîmes. On fit route aunord, et on gravit sur une éminence ; deux verstes et demi plusloin, on parcourut une plaine jusqu’à une montagne, sur le sommetde laquelle s’élève un obò. Les deux verstes et demi que l’on faitsur cette montagne sont très fatigants, à cause des pierres pointuesdont la route est parsemée. Au-delà commence une longue plainesablonneuse entrecoupée de bons herbages ; le reste du chemin sefait en suivant les cantons d’une montagne qui s’étend à douzeverstes jusqu’à Koutoùl.Cette route était beaucoup plus fatigante et plus dépourvue depâturages que celle d’Argali, qui est plus à l’est. Cette disetted’herbe tient à la grande élévation du sol ; il est pierreux et on n’yp2.401passe ordinairement en toute saison, qu’en chariots ou àcheval. C’est également la route des bestiaux que l’on va vendre àKhalgan ; ceux-ci gâtent les pâturages.Comme la lune ne parut pas dans la nuit du 16 juin, nous nepûmes songer à partir qu’à huit heures du matin, mais la chaleurdevint très forte. Le départ fut retardé jusqu’à l’après-midi.Le voyage jusqu’à Tougourîk (petit cercle), station prochaine, futaussi fatigant que la veille. Au troisième verste, à gauche duchemin, il y a un puits profond, dont l’eau est bonne ; vis-à-vis, onvoit un lac entièrement desséché. Croirait-on que, dans ces lieuxstériles, nous vîmes plusieurs iourtes ! Habitations de la misère laplus complète.Au bout de sept verstes, nous descendîmes par des rochers, àl’ouest, dans une vallée sablonneuse et étroite, qui traversait notre597

<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> Pékinn’obti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t que 5 liang <strong>en</strong> arg<strong>en</strong>t <strong>et</strong> une mesure de riz. C<strong>et</strong> usage,établi <strong>à</strong> l’époque où <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> redoutait <strong>en</strong>core les Mongols, tombede jour <strong>en</strong> jour <strong>en</strong> désuétude.Plusieurs Sounit, qui habit<strong>en</strong>t ces lieux, port<strong>en</strong>t des chapeauxd’été chinois, faits <strong>en</strong> racines de bambou. Les Mongols de Khalkhadédaign<strong>en</strong>t c<strong>et</strong>te parure étrangère.Le 15, <strong>à</strong> sept heures du matin, nous partîmes. On fit route aunord, <strong>et</strong> on gravit sur une émin<strong>en</strong>ce ; deux verstes <strong>et</strong> demi plusloin, on parcourut une p<strong>la</strong>ine jusqu’<strong>à</strong> une montagne, sur le somm<strong>et</strong>de <strong>la</strong>quelle s’élève un obò. Les deux verstes <strong>et</strong> demi que l’on faitsur c<strong>et</strong>te montagne sont très fatigants, <strong>à</strong> cause des pierres pointuesdont <strong>la</strong> route est parsemée. Au-del<strong>à</strong> comm<strong>en</strong>ce une longue p<strong>la</strong>inesablonneuse <strong>en</strong>trecoupée de bons herbages ; le reste du chemin sefait <strong>en</strong> suivant les cantons d’une montagne qui s’ét<strong>en</strong>d <strong>à</strong> douzeverstes jusqu’<strong>à</strong> Koutoùl.C<strong>et</strong>te route était beaucoup plus fatigante <strong>et</strong> plus dépourvue depâturages que celle d’Argali, qui est plus <strong>à</strong> l’est. C<strong>et</strong>te dis<strong>et</strong>ted’herbe ti<strong>en</strong>t <strong>à</strong> <strong>la</strong> grande élévation du sol ; il est pierreux <strong>et</strong> on n’yp2.401passe ordinairem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> toute saison, qu’<strong>en</strong> chariots ou <strong>à</strong>cheval. C’est égalem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> route des bestiaux que l’on va v<strong>en</strong>dre <strong>à</strong>Khalgan ; ceux-ci gât<strong>en</strong>t les pâturages.Comme <strong>la</strong> lune ne parut pas dans <strong>la</strong> nuit du 16 juin, nous nepûmes songer <strong>à</strong> partir qu’<strong>à</strong> huit heures du matin, mais <strong>la</strong> chaleurdevint très forte. Le départ fut r<strong>et</strong>ardé jusqu’<strong>à</strong> l’après-midi.Le voyage jusqu’<strong>à</strong> Tougourîk (p<strong>et</strong>it cercle), station prochaine, futaussi fatigant que <strong>la</strong> veille. Au troisième verste, <strong>à</strong> gauche duchemin, il y a un puits profond, dont l’eau est bonne ; vis-<strong>à</strong>-vis, onvoit un <strong>la</strong>c <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t desséché. Croirait-on que, dans ces lieuxstériles, nous vîmes plusieurs iourtes ! Habitations de <strong>la</strong> misère <strong>la</strong>plus complète.Au bout de sept verstes, nous desc<strong>en</strong>dîmes par des rochers, <strong>à</strong>l’ouest, dans une vallée sablonneuse <strong>et</strong> étroite, qui <strong>travers</strong>ait notre597

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