Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

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Voyage à Pékinterribles panthères ; chacun admire la hardiesse ducavalier et la vitesse de son coursier.Là, c’est le jeune Tsyrèn, armé pour le service du khan ;il vole à la frontière russe, à la garde de Mendzin ; iladresse sa prière aux bourkhân (divinités domestiques) ;il prend congé de son père et de sa mère ; sa femme,avec une douleur extrême, selle son cheval noir. D’un airmorne et rêveur, le cavalier s’élance vers le nord ; iltraverse les steppes silencieuses. Le vent du désert agiteà peine les plumes de ses flèches, et son arc élastiqueretentit sur la selle solone. Tsyrèn traverse des forêtssombres et inconnues ; il aperçoit au loin des montagnesbleues qui lui sont étrangères ; les paroles amicales descosaques, ses compagnons vaillants, rassurent son âmeattristée, mais toujours ses pensées le ramènent auxmontagnes paternelles.L’âme inquiète, l’esprit accablé sous un pouvoir inconnu,le jeune Mongol voit, dans ses rêves, apparaître à sesyeux les ombres des guerriers ses ancêtres.Où est-il, notre Tchinghiz-khan menaçant et intrépide ?Ses hauts faits retentissent en chants mélancoliques, aumilieu des rochers de p1.071 l’Onon et sur les rivesverdoyantes du Khéroulun... Qui s’avance sur le cheminuni de la rive du Charà, chantant à voix basse des paroleschéries ? A qui appartient ce coursier bai-brun (djoròmori), qui court si rapidement ? Que cherche-t-il desyeux, ce joyeux bahatour (brave), qui passe devant lesiourtes blanches ? son cœur sait bien quelle est celle qui ydemeure : il cessera dans peu de parcourir cesmontagnes ; son coursier ardent lui méritera dans peuune épouse... Ce coursier bai, ce coursier semblable à untourbillon, il est préparé à la course... L’obo est couvertde spectateurs. Il hennit ; de son pied léger, il effleure les58

Voyage à Pékincailloux pointus ; il ronge les sillons avec impatience. Lesignal est donné, tous s’élancent vers le but. Des nuagesde poussière couvrent les coureurs, et le coursier bai,toujours vainqueur, arrive le premier, laissant au loin sesrivaux, etc.Voilà ce que renferme une partie des chansons mongoles quej’ai entendues.Le 14 septembre, à la pointe du jour, la pluie tombaitabondamment ; le sommet des montagnes était caché dans unbrouillard épais.Nous quittâmes la station à dix heures du matin, nousparcourûmes à peu près une verste dans une plaine, jusqu’à uneélévation au haut de laquelle nous fîmes deux verstes et demiedans un ravin, jusqu’à la pente du Narîn, haute p1.072 montagne surlaquelle nous rencontrâmes une quantité de lama et de Mongols dela classe inférieure, qui revenaient de l’Ourga. Le vieuxtoussoulakhtchi Ghendoûn, qui commandait un khochoûn entier deMongols nomades, campés sur les bords de la Sélenga, près denotre frontière, s’y trouvait aussi. Le printemps dernier, il était alléà Irkoutsk, avec les courriers du vang ; il a sous ses ordresplusieurs avant-postes sur la frontière russe. On s’apercevaitaisément que Ghendoûn était riche ; sa iourte, très propre, étaitportée par plusieurs chameaux entourés de beaucoup de chevauxde selle ; son épouse était assise dans un chariot chinois attelé d’uncheval harnaché ; auprès, marchait un cheval de main. Les sellesde femmes mongoles ressemblent à celles des hommes, exceptéqu’elles sont couvertes d’un tapis artistement façonné, tandis quecelles des hommes n’ont qu’une housse en cuir, appelée en mongolkytchym.Au bout de deux verstes et demie, nous passâmes la Narîn ;deux verstes plus loin, on s’enfonça dans des montagnes, et, par unchemin uni, on arriva sur les bords du Koui, petite rivière à l’est duBourgoultài. Le Narîn et le Koui sont bordés de prairies grandes et59

<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> Pékinterribles panthères ; chacun admire <strong>la</strong> hardiesse ducavalier <strong>et</strong> <strong>la</strong> vitesse de son coursier.L<strong>à</strong>, c’est le jeune Tsyrèn, armé pour le service du khan ;il vole <strong>à</strong> <strong>la</strong> frontière russe, <strong>à</strong> <strong>la</strong> garde de M<strong>en</strong>dzin ; i<strong>la</strong>dresse sa prière aux bourkhân (divinités domestiques) ;il pr<strong>en</strong>d congé de son père <strong>et</strong> de sa mère ; sa femme,avec une douleur extrême, selle son cheval noir. D’un airmorne <strong>et</strong> rêveur, le cavalier s’é<strong>la</strong>nce vers le nord ; il<strong>travers</strong>e les steppes sil<strong>en</strong>cieuses. Le v<strong>en</strong>t du désert agite<strong>à</strong> peine les plumes de ses flèches, <strong>et</strong> son arc é<strong>la</strong>stiquer<strong>et</strong><strong>en</strong>tit sur <strong>la</strong> selle solone. Tsyrèn <strong>travers</strong>e des forêtssombres <strong>et</strong> inconnues ; il aperçoit au loin des montagnesbleues qui lui sont étrangères ; les paroles amicales descosaques, ses compagnons vail<strong>la</strong>nts, rassur<strong>en</strong>t son âmeattristée, mais toujours ses p<strong>en</strong>sées le ramèn<strong>en</strong>t auxmontagnes paternelles.L’âme inquiète, l’esprit accablé sous un pouvoir inconnu,le jeune Mongol voit, dans ses rêves, apparaître <strong>à</strong> sesyeux les ombres des guerriers ses ancêtres.Où est-il, notre Tchinghiz-khan m<strong>en</strong>açant <strong>et</strong> intrépide ?Ses hauts faits r<strong>et</strong><strong>en</strong>tiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> chants mé<strong>la</strong>ncoliques, aumilieu des rochers de p1.071 l’Onon <strong>et</strong> sur les rivesverdoyantes du Khéroulun... Qui s’avance sur le cheminuni de <strong>la</strong> rive du Char<strong>à</strong>, chantant <strong>à</strong> voix basse des paroleschéries ? A qui apparti<strong>en</strong>t ce coursier bai-brun (djoròmori), qui court si rapidem<strong>en</strong>t ? Que cherche-t-il desyeux, ce joyeux bahatour (brave), qui passe devant lesiourtes b<strong>la</strong>nches ? son cœur sait bi<strong>en</strong> quelle est celle qui ydemeure : il cessera dans peu de parcourir cesmontagnes ; son coursier ard<strong>en</strong>t lui méritera dans peuune épouse... Ce coursier bai, ce coursier semb<strong>la</strong>ble <strong>à</strong> untourbillon, il est préparé <strong>à</strong> <strong>la</strong> course... L’obo est couvertde spectateurs. Il h<strong>en</strong>nit ; de son pied léger, il effleure les58

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