Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne
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Voyage à Pékinpas mesuré cette distance, parce que je sais qu’en Chine, cessortes d’opérations sont sévèrement interdites aux étrangers.Entre autres adorateurs du khoutoukhtou, nous avionsrencontré, à moitié chemin, le lama de l’Ibitsykh, dont il a étéquestion précédemment. Il revenait déjà de l’Ourga, où il était allérendre ses hommages à l’enfant déifié ; dès qu’il fut près de nous, ilsauta à bas de son cheval, et tira de son sein un khadâk, danslequel il enveloppa une petite boîte en papier, remplie de petitsgâteaux chinois, qu’il nous présenta en nous souhaitant un bonvoyage, et la bénédiction du khoutoukhtou pour toute la vie. Pourreconnaître une telle politesse, je lui fis présent d’un couteau. Il futcharmé de cette marque d’attention de notre part, et applauditvivement à notre dessein de voir, en passant par l’Ourga, le templedu khoutoukhtou.Le khadâk est une bande de soie jaune et plus souvent couleurgris de perle, ornée de petits dessins de la même couleur. Elle aordinairement une archine de long et cinq verchok de large.Les Mongols, ainsi que les habitants du Tibet, suspendent ceskhadâks devant leurs idoles, pour parer les offrandes qu’ils leurfont, et y p1.068 ajoutent des prières. Les jeunes gens les présententaux plus âgés, comme preuve de leur estime et de leurdévouement ; les personnes d’un même âge se les offrentmutuellement, en signe d’amitié. On place une grande flèche,enveloppée d’un khadâk, sur les endroits où reposent les corps deses parents et de ses amis. Je me souviens d’avoir vu dans lescimetières des villages de la Petite Russie, de ces khadâks,suspendus aux croix érigées sur les tombeaux, mais seulement surceux des cosaques célibataires. Le khadâk doit être béni parun lama ; ce n’est qu’après cette cérémonie qu’il acquiert desvertus surnaturelles et un pouvoir bienfaisant.Notre bochko m’adressa de longs discours, pour me prouverqu’il lui fallait absolument un bon rasoir, un briquet, un couteau,une fourchette de table, et surtout un verre ardent, garni en56
Voyage à Pékinargent, qu’il avait vu dans les mains d’un des étudiants attachés àla mission : il trouvait cet objet extrêmement commode pourallumer sa pipe étant à cheval. Pour cette fois, il fut obligé de secontenter de morceaux d’amadou et de quelques pierres à feu.Pendant la nuit, la terre se couvrit de givre. Il fit un beau clair delune. Le 13, le bitkhéchi envoya son premier nerbe à l’archimandrite,et à moi, son neveu et le toussoulakhtchi, pour savoir de nosnouvelles. Je gratifiai p1.069ce dernier, pour reconnaître sonempressement, d’une paire de pistolets et d’une livre de poudre àtirer, ce qui lui plut extrêmement., Je donnai chez moi, un dîner ànos conducteurs ; l’archimandrite y assista ; ils parurent très flattésde cette preuve de nos dispositions amicales. Le toussoulakhtchiétait pensif et rêveur. Je m’aperçus qu’il n’avait plus de boule à sonbonnet ; nous n’en sûmes la cause que plus tard.Un vent impétueux du sud-ouest souffla pendant toute la nuit.Nos iourtes très chétives étaient sans portes ; les habitants de celieu étaient fort mal habillés, et la plupart ivres. On voyait bien quela ville n’était pas loin.A huit heures du soir, le vent de nord-ouest, avant-coureur d’untemps pluvieux, commença à souffler assez fort. Plusieurs dessentinelles mongols chantaient leurs chansons nationales. J’enappelai deux auprès de moi, et leur donnai de l’eau-de-vie. Pournous plaire, ils continuèrent à chanter. Les airs de leurs chansonsse ressemblent : elles sont en général plaintives et harmonieuses.Le cheval, cet ami, ce compagnon de l’habitant des steppes, jouetoujours un grand rôle dans ces chansons.« C’est dans cette vaste plaine qu’est né ce coursier decouleur isabelle, prompt comme la flèche, l’ornement destroupeaux, la gloire du khochoûn entier. Appelé à lachasse par le bogdo, Idam vole à p1.070 la forêt deKharatchin (dans les environs de Je-ho), renverse leschèvres et les cerfs, terrasse les sangliers féroces et les57
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<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> Pékinpas mesuré c<strong>et</strong>te distance, parce que je sais qu’<strong>en</strong> <strong>Chine</strong>, cessortes d’opérations sont sévèrem<strong>en</strong>t interdites aux étrangers.Entre autres adorateurs du khoutoukhtou, nous avionsr<strong>en</strong>contré, <strong>à</strong> moitié chemin, le <strong>la</strong>ma de l’Ibitsykh, dont il a étéquestion précédemm<strong>en</strong>t. Il rev<strong>en</strong>ait déj<strong>à</strong> de l’Ourga, où il était allér<strong>en</strong>dre ses hommages <strong>à</strong> l’<strong>en</strong>fant déifié ; dès qu’il fut près de nous, ilsauta <strong>à</strong> bas de son cheval, <strong>et</strong> tira de son sein un khadâk, danslequel il <strong>en</strong>veloppa une p<strong>et</strong>ite boîte <strong>en</strong> papier, remplie de p<strong>et</strong>itsgâteaux chinois, qu’il nous prés<strong>en</strong>ta <strong>en</strong> nous souhaitant un bonvoyage, <strong>et</strong> <strong>la</strong> bénédiction du khoutoukhtou pour toute <strong>la</strong> vie. Pourreconnaître une telle politesse, je lui fis prés<strong>en</strong>t d’un couteau. Il futcharmé de c<strong>et</strong>te marque d’att<strong>en</strong>tion de notre part, <strong>et</strong> app<strong>la</strong>uditvivem<strong>en</strong>t <strong>à</strong> notre dessein de voir, <strong>en</strong> passant par l’Ourga, le templedu khoutoukhtou.Le khadâk est une bande de soie jaune <strong>et</strong> plus souv<strong>en</strong>t couleurgris de perle, ornée de p<strong>et</strong>its dessins de <strong>la</strong> même couleur. Elle aordinairem<strong>en</strong>t une archine de long <strong>et</strong> cinq verchok de <strong>la</strong>rge.Les Mongols, ainsi que les habitants du Tib<strong>et</strong>, susp<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t ceskhadâks devant leurs idoles, pour parer les offrandes qu’ils leurfont, <strong>et</strong> y p1.068 ajout<strong>en</strong>t des prières. Les jeunes g<strong>en</strong>s les prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>taux plus âgés, comme preuve de leur estime <strong>et</strong> de leurdévouem<strong>en</strong>t ; les personnes d’un même âge se les offr<strong>en</strong>tmutuellem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> signe d’amitié. On p<strong>la</strong>ce une grande flèche,<strong>en</strong>veloppée d’un khadâk, sur les <strong>en</strong>droits où repos<strong>en</strong>t les corps deses par<strong>en</strong>ts <strong>et</strong> de ses amis. Je me souvi<strong>en</strong>s d’avoir vu dans lescim<strong>et</strong>ières des vil<strong>la</strong>ges de <strong>la</strong> P<strong>et</strong>ite Russie, de ces khadâks,susp<strong>en</strong>dus aux croix érigées sur les tombeaux, mais seulem<strong>en</strong>t surceux des cosaques célibataires. Le khadâk doit être béni parun <strong>la</strong>ma ; ce n’est qu’après c<strong>et</strong>te cérémonie qu’il acquiert desvertus surnaturelles <strong>et</strong> un pouvoir bi<strong>en</strong>faisant.Notre bochko m’adressa de longs discours, pour me prouverqu’il lui fal<strong>la</strong>it absolum<strong>en</strong>t un bon rasoir, un briqu<strong>et</strong>, un couteau,une fourch<strong>et</strong>te de table, <strong>et</strong> surtout un verre ard<strong>en</strong>t, garni <strong>en</strong>56