Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

Voyage à PékinLes chamans prédisent quelquefois, et surtout à ceux aveclesquels ils ont vécu en mésintelligence, que leur ombre viendraexiger d’eux des sacrifices difficiles à remplir. Quand quelqu’untombe malade, on l’attribue toujours à la prédiction des chamans,et l’on s’empresse de faire le sacrifice exigé. Les Mongols pensentque l’âme des chamans ne peut s’élever jusqu’à Dieu, et resteerrante sur la terre sous la forme d’un mauvais esprit nuisant auxhommes, et les chamans profitent de cette croyance pour exigerdes marques de respect et des sacrifices.Par conséquent, si quelqu’un est attaqué d’une maladieinconnue, les Mongols courent aussitôt chez le chaman pour leconsulter sur la cause du mal. Le jongleur ne manque pas del’attribuer à quelque esprit malfaisant, qui réclame un sacrifice ; ilconjure l’esprit malfaisant de s’apaiser par offrande, et de quitter lemalade ; puis, pour sa peine, il reçoit une récompense.Les intrigues des chamans, qui regardaient leur volonté commeune loi, ont causé leur chute.p2.316En 1819 et 1820, un lama très considéré, qui demeuraitdans le khochoun de Merghen vang, parla avec tant d’énergiecontre les fourberies des chamans, qu’en peu de temps il parvint àles faire expulser du pays de Khalkha. Cet exemple fut suivi par lesBouriates de Sélenghinsk, et, en partie, par ceux de Khorin ; lesustensiles et les vêtements de ces imposteurs furent livrés auxflammes.L’histoire nous apprend que, dès les temps les plus reculés, lesMongols étaient sans cesse engagés dans des guerres causées parleur vie nomade. Il n’est donc pas surprenant qu’ils soient restésétrangers aux sciences et aux arts.Un homme portant constamment un arc et des flèches,accoutumé à dompter des chevaux fougueux, ne se décide pasfacilement à s’asseoir à un atelier de tisserand, ou à manier la scieou le burin. Les Mongols ont conservé le caractère belliqueux de538