Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

chineancienne.fr
from chineancienne.fr More from this publisher
13.07.2015 Views

Voyage à Pékinpieds des chameaux sur l’herbe nous indiquèrent notre chemin ; unsentier étroit que nous escaladâmes avec difficulté, nous conduisit àune élévation où les hauteurs de Charà-koutoûl se divisent. On yvoyait de petits bocages de bouleaux et de trembles, ainsi quebeaucoup de groseilliers rouges. Au loin, vers l’est, se déployait uneplaine p1.049 immense remplie de montages arides, dont les cimesélevées et bleuâtres offraient le tableau d’une mer agitée. Unepente dangereuse nous conduisit vers le sud-est, dans une plaine ;après une marche de cinq verstes, nous entrâmes dans la prairietourbeuse du Kharà, qui forme beaucoup de bras et d’îles, jusqu’àla station qui se trouve dans le voisinage du mont Koukoû-tcholô(pierre bleue), situé au sud-ouest. Avant d’y arriver, il fallut encorepasser la rivière à un gué qui nous fut indiqué par des Mongolsvenus à notre rencontre.Le Kharà (noir) est beaucoup plus considérable que le Charà ;son eau est d’une couleur foncée, à cause de son fond pierreux etde sa profondeur. Il coule de l’est à l’ouest dans une large plaineherbeuse ; il est bordé par des montagnes. Les deux rivières sejettent dans l’Orkhòn : on voit peu de nomades dans leur voisinage.Le mauvais temps nous délivra d’un grand nombre de visites. Lesoir seulement le dzangghin et le koundoui de la station vinrentnous rendre leurs devoirs ; ils étaient en habits rouges avec desboutonnières jaunes. Les manteaux à manches sont d’un usagecommun chez les Mongols ; quand ils sortent, surtout pour affairede service, ils ne manquent jamais, même de beau temps, etmalgré la brièveté de la distance, d’attacher leur manteau à leurselle, comme nos cavaliers.p1.050Il plut toute la nuit ; le temps fut constamment humide etcouvert. Pour la première fois, nous fûmes obligés de nous servir denos quatre iourtes et de nos tentes, pour mettre le bagage à l’abride la pluie.Le chef de la mission, l’inspecteur du bagage, l’interprète et moi,nous allâmes le matin visiter nos conducteurs. Le toussoulakhtchi44

Voyage à Pékinétait assis au milieu des Mongols. Un garçon de sept ans, fils dudzangghin de la station, épelait. Sachant qu’ils célébraient la moitiéde la lune moyenne d’automne, je leur envoyai des boissons et desfruits secs.Après le dîner, nous allâmes à la chasse des canards sauvagesdans un marais voisin. Ensuite nous pêchâmes dans le Kharà. Cetexercice inconnu aux Mongols attira beaucoup de spectateurs : nospeines furent richement récompensées. Mais le toussoulakhtchi,partisan zélé de la métempsycose, vint bientôt avec son neveu nousconjurer de rejeter ces poissons dans l’eau : nous nousempressâmes de le satisfaire.Pour expliquer cette circonstance, il est bon de faire observer icique la morale de Bouddha compte dix péchés mortels, ou actionsnoires, divisés ainsi :Péchés du corps : L’assassinat, le vol, la fornication. p1.051Péchés de la parole : Le mensonge, la calomnie, les parolesobscènes et les expressions menaçantes.Péchés de l’âme : La vengeance, l’envie et l’abandon de lavéritable doctrine.Les dix suprêmes vertus, ou actions blanches, se composent detout ce qui est opposé à ces péchés. Ce n’est pas l’homicideseulement qui est le plus grand péché, mais, d’après les idéesrelatives à la transmigration des âmes, c’est un péché de tuer leplus petit animal. Aucun lama, aucun Mongol pieux ne tue uninsecte : néanmoins il est permis de manger la chair des animauxégorgés par d’autres ; c’est vraisemblablement parce que plusieurssteppes, n’étant pas propres au labourage, n’offrent que de laviande pour toute nourriture.Voilà pourquoi les Mongols s’abstiennent de la pêche et de lachasse, et profitent de chaque occasion de sauver la vie aux45

<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> Pékinpieds des chameaux sur l’herbe nous indiquèr<strong>en</strong>t notre chemin ; uns<strong>en</strong>tier étroit que nous esca<strong>la</strong>dâmes avec difficulté, nous conduisit <strong>à</strong>une élévation où les hauteurs de Char<strong>à</strong>-koutoûl se divis<strong>en</strong>t. On yvoyait de p<strong>et</strong>its bocages de bouleaux <strong>et</strong> de trembles, ainsi quebeaucoup de groseilliers rouges. Au loin, vers l’est, se déployait unep<strong>la</strong>ine p1.049 imm<strong>en</strong>se remplie de montages arides, dont les cimesélevées <strong>et</strong> bleuâtres offrai<strong>en</strong>t le tableau d’une mer agitée. Unep<strong>en</strong>te dangereuse nous conduisit vers le sud-est, dans une p<strong>la</strong>ine ;après une marche de cinq verstes, nous <strong>en</strong>trâmes dans <strong>la</strong> prairi<strong>et</strong>ourbeuse du Khar<strong>à</strong>, qui forme beaucoup de bras <strong>et</strong> d’îles, jusqu’<strong>à</strong><strong>la</strong> station qui se trouve dans le voisinage du mont Koukoû-tcholô(pierre bleue), situé au sud-ouest. Avant d’y arriver, il fallut <strong>en</strong>corepasser <strong>la</strong> rivière <strong>à</strong> un gué qui nous fut indiqué par des Mongolsv<strong>en</strong>us <strong>à</strong> notre r<strong>en</strong>contre.Le Khar<strong>à</strong> (noir) est beaucoup plus considérable que le Char<strong>à</strong> ;son eau est d’une couleur foncée, <strong>à</strong> cause de son fond pierreux <strong>et</strong>de sa profondeur. Il coule de l’est <strong>à</strong> l’ouest dans une <strong>la</strong>rge p<strong>la</strong>ineherbeuse ; il est bordé par des montagnes. Les deux rivières sej<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t dans l’Orkhòn : on voit peu de nomades dans leur voisinage.Le mauvais temps nous délivra d’un grand nombre de visites. Lesoir seulem<strong>en</strong>t le dzangghin <strong>et</strong> le koundoui de <strong>la</strong> station vinr<strong>en</strong>tnous r<strong>en</strong>dre leurs devoirs ; ils étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> habits rouges avec desboutonnières jaunes. Les manteaux <strong>à</strong> manches sont d’un usagecommun chez les Mongols ; quand ils sort<strong>en</strong>t, surtout pour affairede service, ils ne manqu<strong>en</strong>t jamais, même de beau temps, <strong>et</strong>malgré <strong>la</strong> brièv<strong>et</strong>é de <strong>la</strong> distance, d’attacher leur manteau <strong>à</strong> leurselle, comme nos cavaliers.p1.050Il plut toute <strong>la</strong> nuit ; le temps fut constamm<strong>en</strong>t humide <strong>et</strong>couvert. Pour <strong>la</strong> première fois, nous fûmes obligés de nous servir d<strong>en</strong>os quatre iourtes <strong>et</strong> de nos t<strong>en</strong>tes, pour m<strong>et</strong>tre le bagage <strong>à</strong> l’abride <strong>la</strong> pluie.Le chef de <strong>la</strong> mission, l’inspecteur du bagage, l’interprète <strong>et</strong> moi,nous allâmes le matin visiter nos conducteurs. Le toussou<strong>la</strong>khtchi44

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!