Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne
Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne
Voyage à Pékinretiennent leurs femmes captives sous de forts verrous, et sous lasurveillance des eunuques ; mais au moins les premiers ne lesestropient pas. Plusieurs auteurs pensent que cet usage barbaren’est pas très ancien ; car Marco Polo, qui visita la Chine dans leXIIIe siècle, et qui parle assez souvent de la beauté des dameschinoises, et de leur parure, ne fait pas mention de cette coutume.Les femmes mandchoues laissent à leurs pieds leur grandeurnaturelle ; elles portent de beaux souliers qui sont brodés en soie,et ont des semelles de bois, hautes d’environ quatre pouces. Cettechaussure singulière les empêche de marcher librement, et produitun bruit assez fort, lorsqu’elles passent sur des pierres ou desplanches ; il paraît que les femmes mandchoues, pour imiter l’allurechancelante des dames chinoises, ont adopté cette chaussure, qui,du reste, ne déforme pas leurs pieds.Une ville si grande et si peuplée exige nécessairement une policebien exacte ; celle que l’on observe à Péking est telle, qu’il estextrêmement rare d’y entendre parler de quelque désordre. Il p2.140y a continuellement dans les rues des soldats l’épée au côté, et lefouet à la main, prêts à frapper ceux qui voudraient occasionnerquelque tumulte. Ils ont soin que les rues du King tchhing soiententretenues dans la plus grande propreté ; ils mettent la main àl’œuvre s’il est nécessaire ; ils font la garde toute la nuit, et nepermettent à personne de sortir alors dans les rues, si ce n’est lalanterne à la main, pour quelque cause nécessaire, comme pouravertir un médecin ; ils interrogent même ceux qui seraient chargésde quelque commission de l’empereur ; et il faut toujours répondred’une manière satisfaisante ; ils ont le droit d’arrêter, par provision,quiconque leur résiste ou leur est suspect. Le gouverneur de la villefait souvent des visites, lorsqu’on s’y attend le moins ; les officiersde la garde doivent veiller avec un soin extrême sur les soldats quisont à leurs ordres ; la moindre négligence serait punie, et l’officierserait cassé dès le lendemain. Ces soldats de garde sont desfantassins chinois, appartenant aux troupes irrégulières.418
Voyage à PékinIl y a de plus, à Péking, une cavalerie nombreuse ; on la faitmonter à 80.000 hommes ; son soin principal est de veiller à lagarde des portes et des murailles, et de se tenir prête à marcher aupremier ordre. Cette troupe est composée de huit divisionsmandchoues, huit mongoles et d’autant de divisions d’Oudjentchookha (vol. I, pag. 15). p2.141 Chaque division est distinguée parson uniforme et par la couleur de sa bannière (en chinois khi, et enmandchou gousa). La bannière jaune est la première ; son quartierdans le King tchhing occupe toute la partie septentrionale, de l’est àl’ouest ; ses subdivisions sont en bannière jaune, sans bordure, eten bannière jaune à bordure ronge. La seconde bannière est ourouge sans bordure, ou rouge avec une bordure blanche ; elle a sonquartier dans la partie occidentale du King tchhing, qu’elle n’occupecependant pas en entier ; et la partie septentrionale en est affectéeà la bannière jaune : et la troisième bannière ou la bannière bleueoccupe la partie limitrophe du palais impérial. Cette même bannièrebleue tourne ensuite au midi de ce même palais, et son quartiers’étend parallèlement au mur méridional jusqu’au mur oriental ;cette bannière est subdivisée en bannière purement bleue, et enbannière bleue avec une bordure rouge ; la première à l’est, laseconde à l’ouest. Enfin, la quatrième, ou la bannière blanche, ason quartier dans le milieu de la partie orientale du King tchhing,entre la bannière toute bleue, et la jaune bordée. Sa division touteblanche est au nord, et la blanche bordée en rouge au sud. Legénéral de chaque bannière a sous lui six lieutenants-généraux,auxquels est confié le commandement des troupes ; comme cescavaliers sont partie Mandchoux, partie Mongols et partie Chinois,chaque bannière a ses bureaux, p2.142 son arsenal, ses magasins,son trésor, et une école pour les enfants. Il faut observer qu’enChine, comme autrefois en Russie, les militaires occupent en mêmetemps les principales places de l’administration ; les ministres, lesprésidents des tribunaux, les mandarins, quoique lettrés, ne doiventpas ignorer l’art de monter à cheval, de tirer des flèches, etc. Lagarnison de Péking, à l’exception de la partie chinoise, ou de la419
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<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> Pékinr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t leurs femmes captives sous de forts verrous, <strong>et</strong> sous <strong>la</strong>surveil<strong>la</strong>nce des eunuques ; mais au moins les premiers ne lesestropi<strong>en</strong>t pas. Plusieurs auteurs p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t que c<strong>et</strong> usage barbar<strong>en</strong>’est pas très anci<strong>en</strong> ; car Marco Polo, qui visita <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> dans leXIIIe siècle, <strong>et</strong> qui parle assez souv<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> beauté des dameschinoises, <strong>et</strong> de leur parure, ne fait pas m<strong>en</strong>tion de c<strong>et</strong>te coutume.Les femmes mandchoues <strong>la</strong>iss<strong>en</strong>t <strong>à</strong> leurs pieds leur grandeurnaturelle ; elles port<strong>en</strong>t de beaux souliers qui sont brodés <strong>en</strong> soie,<strong>et</strong> ont des semelles de bois, hautes d’<strong>en</strong>viron quatre pouces. C<strong>et</strong>techaussure singulière les empêche de marcher librem<strong>en</strong>t, <strong>et</strong> produitun bruit assez fort, lorsqu’elles pass<strong>en</strong>t sur des pierres ou desp<strong>la</strong>nches ; il paraît que les femmes mandchoues, pour imiter l’allurechance<strong>la</strong>nte des dames chinoises, ont adopté c<strong>et</strong>te chaussure, qui,du reste, ne déforme pas leurs pieds.Une ville si grande <strong>et</strong> si peuplée exige nécessairem<strong>en</strong>t une policebi<strong>en</strong> exacte ; celle que l’on observe <strong>à</strong> <strong>Péking</strong> est telle, qu’il estextrêmem<strong>en</strong>t rare d’y <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre parler de quelque désordre. Il p2.140y a continuellem<strong>en</strong>t dans les rues des soldats l’épée au côté, <strong>et</strong> lefou<strong>et</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> main, prêts <strong>à</strong> frapper ceux qui voudrai<strong>en</strong>t occasionnerquelque tumulte. Ils ont soin que les rues du King tchhing soi<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tr<strong>et</strong><strong>en</strong>ues dans <strong>la</strong> plus grande propr<strong>et</strong>é ; ils m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t <strong>la</strong> main <strong>à</strong>l’œuvre s’il est nécessaire ; ils font <strong>la</strong> garde toute <strong>la</strong> nuit, <strong>et</strong> neperm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t <strong>à</strong> personne de sortir alors dans les rues, si ce n’est <strong>la</strong><strong>la</strong>nterne <strong>à</strong> <strong>la</strong> main, pour quelque cause nécessaire, comme pouravertir un médecin ; ils interrog<strong>en</strong>t même ceux qui serai<strong>en</strong>t chargésde quelque commission de l’empereur ; <strong>et</strong> il faut toujours répondred’une manière satisfaisante ; ils ont le droit d’arrêter, par provision,quiconque leur résiste ou leur est suspect. Le gouverneur de <strong>la</strong> villefait souv<strong>en</strong>t des visites, lorsqu’on s’y att<strong>en</strong>d le moins ; les officiersde <strong>la</strong> garde doiv<strong>en</strong>t veiller avec un soin extrême sur les soldats quisont <strong>à</strong> leurs ordres ; <strong>la</strong> moindre néglig<strong>en</strong>ce serait punie, <strong>et</strong> l’officierserait cassé dès le l<strong>en</strong>demain. Ces soldats de garde sont desfantassins chinois, appart<strong>en</strong>ant aux troupes irrégulières.418