Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

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Voyage à Pékindécès, et ainsi n’a pas des renseignements précis ; quoi qu’il ensoit, en ne jugeant que d’après ce que j’ai exposé plus haut, etd’après mes propres observations, on peut estimer la population dePéking à deux millions d’ames.Les Européens sont frappés du grand nombre d’habitants qu’onrencontre perpétuellement dans quelques rues du King tchhing,dans toutes celles de la ville chinoise, et dans les faubourgs ; cenombre est si grand que les personnes de distinction sont obligéesde se faire précéder par des cavaliers, pour écarter la foule ets’ouvrir un passage. On ne voit que très rarement les femmes dansles rues ; elles ont, comme les femmes mahométanes, le visagecouvert. Les hommes, attirés dans les rues par le commerce, maisencore plus par la curiosité, s’assemblent en pelotons pour écouterles diseurs de bonne aventure, pour admirer des joueurs degobelets, pour prêter l’oreille à des historiettes, ou à des chansonsdu jour, pour apprendre les effets admirables des nouveauxremèdes que les charlatans débitent.Les Chinois sont, en général, d’une taille moyenne : on en voitbeaucoup de petits ; ils ont les mains et les pieds petits, la peaujaunâtre ou p2.137 basanée, selon les lieux qu’ils habitent, et leurmanière de vivre. Ceux des provinces septentrionales sont plusblancs et plus grands que ceux du Kiang si et du Kouang toung. Leskouli (porteurs) étant continuellement exposés à l’action de l’air,sont plus basanés que les kouan (mandarins), et beaucoup plusbruns que les femmes, qui vivent renfermées dans des harems ; levisage un peu aplati, avec les pommettes des joues très saillantes,le nez petit et retroussé, des yeux saillants et fendus obliquement,la couleur de la peau, les cheveux noirs et durs, les moustaches etla barbe peu fournies, indiquent le mélange des Chinois avec lesMongols ; il remonte principalement au temps de la conquête de laChine, par les Mongols. La différence entre les Chinois et lesMandchoux est presqu’insensible ; ces derniers sont pourtant plusgras, plus forts et plus robustes. Plusieurs auteurs prétendent que416

Voyage à Pékinles Chinois se distinguent des Mandchoux par la facilité d’engraissertrès vite, en faisant bonne chère, et en menant une vie oisive. Cetteobservation n’est pas sans fondement ; quoique j’aie eu l’occasionde voir beaucoup de Mandchoux très gras, tandis qu’on n’enpourrait pas dire autant des Mongols.Quoique la physionomie des femmes soit plus agréable que celledes hommes, elle est pourtant bien éloignée du beau idéal qu’onadmire dans p2.138 les Géorgiennes. On rencontre, en Chine, desfemmes, surtout parmi les Mandchoux, qui ont le teint aussi fraisque les plus belles filles de l’Europe, sans recourir au fard, ni aurouge (dont plusieurs font un usage excessif) ; mais d’un autrecôté, leurs petits yeux, quoique noirs et brillants, n’ont point cetteexpression qui donne tant de charme aux grands yeux bleus etnoirs des Européennes. Les femmes mandchoues ont le visagepresqu’entièrement semblable à celui des hommes.Des pieds extraordinairement petits passent, en Chine plusqu’ailleurs, pour une grande beauté. La dimension des pieds fait leprix de la femme que l’on a le dessein d’épouser. Aussitôt qu’unefille est venue au monde, la sage-femme lui enveloppe les piedsd’un cuir très fort, qu’elle assujettit par une couture, et ensuite enserrant les pieds avec des bandelettes, on les empêche de sedévelopper ; les doigts comprimés ne peuvent acquérir leurextension, et le pied pointu ressemble à un moignon ; en ycomprenant le talon, il a rarement plus de deux pouces de long. Debeaux souliers brodés font ressortir davantage cette difformité ; lespieds sont extrêmement gonflés à la cheville ; cet inconvénient esten partie caché par des pantalons de soie, ornés de franges. Cetusage insensé prive les femmes de la faculté de marcher. Lespaysannes compriment p2.139 également leurs pieds ; maisbeaucoup moins que les femmes riches ; ces dernières peuvent àpeine traverser les appartements de leur prison magnifique. Unejalousie excessive a pu seule porter les Chinois à introduire unemode si cruelle. De même que les Turcs et les Persans, ils417

<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> Pékindécès, <strong>et</strong> ainsi n’a pas des r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts précis ; quoi qu’il <strong>en</strong>soit, <strong>en</strong> ne jugeant que d’après ce que j’ai exposé plus haut, <strong>et</strong>d’après mes propres observations, on peut estimer <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion de<strong>Péking</strong> <strong>à</strong> deux millions d’ames.Les Europé<strong>en</strong>s sont frappés du grand nombre d’habitants qu’onr<strong>en</strong>contre perpétuellem<strong>en</strong>t dans quelques rues du King tchhing,dans toutes celles de <strong>la</strong> ville chinoise, <strong>et</strong> dans les faubourgs ; c<strong>en</strong>ombre est si grand que les personnes de distinction sont obligéesde se faire précéder par des cavaliers, pour écarter <strong>la</strong> foule <strong>et</strong>s’ouvrir un passage. On ne voit que très rarem<strong>en</strong>t les femmes dansles rues ; elles ont, comme les femmes mahométanes, le visagecouvert. Les hommes, attirés dans les rues par le commerce, mais<strong>en</strong>core plus par <strong>la</strong> curiosité, s’assembl<strong>en</strong>t <strong>en</strong> pelotons pour écouterles diseurs de bonne av<strong>en</strong>ture, pour admirer des joueurs degobel<strong>et</strong>s, pour prêter l’oreille <strong>à</strong> des histori<strong>et</strong>tes, ou <strong>à</strong> des chansonsdu jour, pour appr<strong>en</strong>dre les eff<strong>et</strong>s admirables des nouveauxremèdes que les char<strong>la</strong>tans débit<strong>en</strong>t.Les Chinois sont, <strong>en</strong> général, d’une taille moy<strong>en</strong>ne : on <strong>en</strong> voitbeaucoup de p<strong>et</strong>its ; ils ont les mains <strong>et</strong> les pieds p<strong>et</strong>its, <strong>la</strong> peaujaunâtre ou p2.137 basanée, selon les lieux qu’ils habit<strong>en</strong>t, <strong>et</strong> leurmanière de vivre. Ceux des provinces sept<strong>en</strong>trionales sont plusb<strong>la</strong>ncs <strong>et</strong> plus grands que ceux du Kiang si <strong>et</strong> du Kouang toung. Leskouli (porteurs) étant continuellem<strong>en</strong>t exposés <strong>à</strong> l’action de l’air,sont plus basanés que les kouan (mandarins), <strong>et</strong> beaucoup plusbruns que les femmes, qui viv<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>fermées dans des harems ; levisage un peu ap<strong>la</strong>ti, avec les pomm<strong>et</strong>tes des joues très sail<strong>la</strong>ntes,le nez p<strong>et</strong>it <strong>et</strong> r<strong>et</strong>roussé, des yeux sail<strong>la</strong>nts <strong>et</strong> f<strong>en</strong>dus obliquem<strong>en</strong>t,<strong>la</strong> couleur de <strong>la</strong> peau, les cheveux noirs <strong>et</strong> durs, les moustaches <strong>et</strong><strong>la</strong> barbe peu fournies, indiqu<strong>en</strong>t le mé<strong>la</strong>nge des Chinois avec lesMongols ; il remonte principalem<strong>en</strong>t au temps de <strong>la</strong> conquête de <strong>la</strong><strong>Chine</strong>, par les Mongols. La différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre les Chinois <strong>et</strong> lesMandchoux est presqu’ins<strong>en</strong>sible ; ces derniers sont pourtant plusgras, plus forts <strong>et</strong> plus robustes. Plusieurs auteurs prét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t que416

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