Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

Voyage à Pékin4 avril. — Vang est revenu ce matin, avec Tchhe, interprète enchef des généraux coréens ; ils m’adressèrent, en chinois, parl’entremise de l’étudiant Zimailov, diverses demandes sur lasituation et l’étendue de la Russie ; sur la manière dont nosmaisons, nos villes étaient bâties, etc. Tchhe avait quelques notionsde la Russie ; il p2.091 pensait qu’elle était au nord de la Corée. Ilsavait que des Russes avaient été au Japon 1 ; il p2.092 connaissaitKiakhta, et n’ignorait pas que nous avons de très belles peaux dezibeline, de renard, d’écureuil et de castor.1 En chinois, Jy pen ; l’Histoire de la Chine, dit que dans le temps où la Chine étaitdivisée en plusieurs principautés, plus de 450 ans avant notre ère, le prince deHong tcheou déclara la guerre au prince de Chao hing, qui était moins puissantque lui, le battit, le fit prisonnier, et le tint en prison pendant trois ans. Cependantle ministre de Chao hing ayant, avec un des chefs militaires de cette principauté,secrètement rassemblé et exercé une armée, parvint à fournir à leur prince lemoyen de s’évader de Hang tcheou.De retour dans sa patrie, le prince de Chao hing, trouvant une armée prête, allaavec une flotte devant Hang tcheou et tint longtemps cette ville assiégée ; de sorteque le prince de Hang tcheou fut obligé de se sauver par mer avec toute safamille : Les vents le portèrent dans l’île de Nifon. Le prince fugitif y apporta lalangue et les arts de la Chine. Les Chinois donnent à cette île le nom de Jy pen (deJy, soleil ; pen, origine) ; c’est-à-dire île orientale. Les Japonais eux-mêmesprononcent ce nom Ni pon, de là vient celui de Nipon, usité par les Européens,comme Japon vient de Jy pen. T.J’ai cru pouvoir supposer, avec quelque raison (Asia polyglotta, page 326), que lesanciens habitants barbares du Japon avaient été policés par des colonies, quiavaient quitté la Chine pendant les troubles qui déchiraient ce pays, sous ladynastie de Tcheou. Je ne peux pourtant admettre le récit précédent que M.Timkovski croit être extrait des annales chinoises, et que j’y ai cherché vainement.Hang tcheou (appelé anciennement Hoei ki), et Chao hing, sont deux villes de laprovince de Tche kiang, qui, en 450 avant notre ère, appartenaient au roi de Yue,qui résidait dans la première, et se nommait, à cette époque, Ouang pou cheou. Ileut pour successeur son fils Ouang oung, ou Ouang tchu keou, qui, d’après le Szuki de Szu ma thsian, régna pendant trente-sept ans. Il paraît que M. Timkovski avoulu parler des guerres qui ont eu lieu entre les rois de Yue, qu’il appelle princesde Hang tcheou, et ceux de Thsou ; mais ces derniers n’étaient pas possesseurs deChao hing, et ce furent eux qui succombèrent dans cette lutte. Le royaume de Oucomprenait le territoire de la ville actuelle de Sou tcheou fou, dans le Kiang nan.En 496 avant J.-C., Ho liu, roi de Ou, attaqua les Yue ; il fut blessé dans le combatet mourut ; son fils Fou tso, lui succéda. Pour venger la mort de son père, ilmarcha contre les Yue, et les défit. Dans la suite, Keou thsian, roi de ces derniers,battit, en plusieurs rencontres, Fou tso ; celui-ci se tua de désespoir, en 473, et safamille fut détruite.Je dois aussi observer, que ni les annales de la Chine, ni les grandes encyclopédiesThoung tchi, Wen hian thoung khao et Yuan kian loui han, ni les géographiesimpériales des dynasties Ming et Thai thsing, ne font mention de la colonisation duJapon, que M. Timkovski suppose avoir eu lieu 450 ans avant J.-C. Son récit meparaît puisé dans un des romans historiques, qui racontent les événements arrivéspendant les guerres civiles, du temps des Tcheou, et qui dénaturent les faits en lesembellissant. Kl.385