Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

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Voyage à Pékindu lait ; ils y mêlent quelquefois de la farine frite dans de l’huile. Cethé, ou bouillon, est connu sous le nom de satouran. J’ai bu de cesdeux sortes de thé en briques ; je l’ai trouvé assez de mon goût,p1.037et je le crois très nourrissant : tout dépend de l’habileté et dela propreté de celui qui prépare cette boisson. Ces carrés de thé enbriques servent de monnaie courante dans les marchés de cespeuples, ainsi qu’en Daourie.Je reçus la visite du dargoùi (commandant de cinq centshommes) et du khàlgatchi (portier) de la cour du khoutoukhtou, quidevaient nous accompagner jusqu’à l’Ourga. Je leur fis offrir du théet de l’eau-de-vie ; la commission qu’ils devaient remplir leur avaitété donnée par le chantsab (économe en chef), qui gérait les bienset les affaires du gheghen khoutoukhtou. On dit que l’empereur dela Chine accorde au chantsab un cachet et des prérogativesparticulières.Pendant toute la nuit le vent d’ouest souffla assez fort ; il fitfroid le matin. Les Mongols à cheval, qui, indépendamment de nossentinelles, veillaient à notre bagage, faisaient des rondes pendantla nuit ; ils se donnaient des signaux, en poussant des cris quiressemblaient au bruit des vents lorsqu’ils s’engouffrent dans lesmontagnes.Le fond sablonneux du Charâ donne à ses eaux une couleurjaunâtre. Cette rivière, qui prend sa source dans le montTyrghétou, coule directement du sud au nord ; tournantbrusquement vers l’ouest, elle va se jeter dans l’Orkhòn. LeKouitoûn, qui n’était qu’un ruisseau, se réunit au Charà, près dulieu où nous étions campés. On p1.038 ne pêche que de petitspoissons dans le Charà ; mais dans l’Orkhòn, qui ne passe pas loindu lieu où nous étions, on trouve des esturgeons, et surtout dessaumons et des truites (salmo fluviatilis).Au printemps, quand les eaux débordent, ces grands poissonspassent dans le Charà. Nous vîmes voler près de nous des troupes36

Voyage à Pékinnombreuses de grues, d’oies et de canards sauvages.Les Mongols de cette contrée paraissent à leur aise comme onen peut juger à la fierté de leur extérieur et à la richesse de leursvêtements. Nous vîmes sur la rive opposée du Charà, un assez bonnombre d’iourtes, de grands troupeaux de moutons, et deschevaux : près de notre campement, paissaient des vaches debuffles, dont le lait est très estimé des Mongols.Des lama désœuvrés vinrent nous voir : on devrait supposer queces prêtres s’occupent d’instruire les habitants de ces steppes ; j’aisujet d’en douter. Je proposai à ces lama de lire quelques motsécrits en mongol ; à peine ils purent les déchiffrer. Le dzangghin denotre station, au contraire, les lisait couramment ; il est vrai quepar état il doit savoir écrire, tandis que les lama se bornent à lire leGandjour ou livre de prières du Tibet, dont ils ne connaissent queles lettres sans en comprendre le sens.Le précédent dzangghin de la station, vieillard p1.039 respectablede soixante-dix ans, vint à cheval, complimenter le chef de lamission. Ce Mongol, à cheveux blancs, avait accompagné nosmissions précédentes ; il se plaignit de ce que l’âge ne luipermettait plus de monter aussi lestement à cheval que dans sajeunesse ; il enviait extrêmement la barbe longue et touffue del’archimandrite. Les Mongols n’ont que peu ou point de barbe ; ilslaissent croître leurs moustaches, et, semblables aux Bouriates etaux Kalmouks, ils se rasent presqu’entièrement les cheveux ; ilstressent en queue ceux qu’il conservent. Je ne puis ajouter foi aurécit de quelques voyageurs, qui disent que les Mongols se serventde cette tresse pour attacher leurs arcs sur leur tête quand ilspassent une rivière à la nage, afin de ne pas mouiller l’arme qu’ilsestiment le plus ; en effet, je crois qu’il leur serait très faciled’attacher leurs arcs à leurs épaules ou même à leur col au moyend’une corde ou de tout autre lien.A trois heures après midi, nous vîmes sur la rive opposée duCharà, sur le chemin de Kiakhta, une caravane de vingt-cinq37

<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> Pékinnombreuses de grues, d’oies <strong>et</strong> de canards sauvages.Les Mongols de c<strong>et</strong>te contrée paraiss<strong>en</strong>t <strong>à</strong> leur aise comme on<strong>en</strong> peut juger <strong>à</strong> <strong>la</strong> fierté de leur extérieur <strong>et</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> richesse de leursvêtem<strong>en</strong>ts. Nous vîmes sur <strong>la</strong> rive opposée du Char<strong>à</strong>, un assez bonnombre d’iourtes, de grands troupeaux de moutons, <strong>et</strong> deschevaux : près de notre campem<strong>en</strong>t, paissai<strong>en</strong>t des vaches debuffles, dont le <strong>la</strong>it est très estimé des Mongols.Des <strong>la</strong>ma désœuvrés vinr<strong>en</strong>t nous voir : on devrait supposer queces prêtres s’occup<strong>en</strong>t d’instruire les habitants de ces steppes ; j’aisuj<strong>et</strong> d’<strong>en</strong> douter. Je proposai <strong>à</strong> ces <strong>la</strong>ma de lire quelques motsécrits <strong>en</strong> mongol ; <strong>à</strong> peine ils pur<strong>en</strong>t les déchiffrer. Le dzangghin d<strong>en</strong>otre station, au contraire, les lisait couramm<strong>en</strong>t ; il est vrai quepar état il doit savoir écrire, tandis que les <strong>la</strong>ma se born<strong>en</strong>t <strong>à</strong> lire leGandjour ou livre de prières du Tib<strong>et</strong>, dont ils ne connaiss<strong>en</strong>t queles l<strong>et</strong>tres sans <strong>en</strong> compr<strong>en</strong>dre le s<strong>en</strong>s.Le précéd<strong>en</strong>t dzangghin de <strong>la</strong> station, vieil<strong>la</strong>rd p1.039 respectablede soixante-dix ans, vint <strong>à</strong> cheval, complim<strong>en</strong>ter le chef de <strong>la</strong>mission. Ce Mongol, <strong>à</strong> cheveux b<strong>la</strong>ncs, avait accompagné nosmissions précéd<strong>en</strong>tes ; il se p<strong>la</strong>ignit de ce que l’âge ne luiperm<strong>et</strong>tait plus de monter aussi lestem<strong>en</strong>t <strong>à</strong> cheval que dans sajeunesse ; il <strong>en</strong>viait extrêmem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> barbe longue <strong>et</strong> touffue del’archimandrite. Les Mongols n’ont que peu ou point de barbe ; ils<strong>la</strong>iss<strong>en</strong>t croître leurs moustaches, <strong>et</strong>, semb<strong>la</strong>bles aux Bouriates <strong>et</strong>aux Kalmouks, ils se ras<strong>en</strong>t presqu’<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t les cheveux ; ilstress<strong>en</strong>t <strong>en</strong> queue ceux qu’il conserv<strong>en</strong>t. Je ne puis ajouter foi aurécit de quelques voyageurs, qui dis<strong>en</strong>t que les Mongols se serv<strong>en</strong>tde c<strong>et</strong>te tresse pour attacher leurs arcs sur leur tête quand ilspass<strong>en</strong>t une rivière <strong>à</strong> <strong>la</strong> nage, afin de ne pas mouiller l’arme qu’ilsestim<strong>en</strong>t le plus ; <strong>en</strong> eff<strong>et</strong>, je crois qu’il leur serait très faciled’attacher leurs arcs <strong>à</strong> leurs épaules ou même <strong>à</strong> leur col au moy<strong>en</strong>d’une corde ou de tout autre li<strong>en</strong>.A trois heures après midi, nous vîmes sur <strong>la</strong> rive opposée duChar<strong>à</strong>, sur le chemin de Kiakhta, une caravane de vingt-cinq37

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