Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne
Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne
Voyage à Pékinà-vis de saint Ignace, revêtu de ses habits sacerdotaux, et faisantentendre la parole de Dieu à des Chinois qui l’entourent.Nous retournâmes à l’église, où le P. Ribeira nous invita àpasser dans la salle de réception ; nous suivîmes un corridor, lelong duquel sont les cellules ; leur forme est carrée ; ellesparaissaient être en très mauvais état. La salle de réception estassez grande, bien meublée et ornée de tableaux ; l’un représentel’apparition de la p2.063 croix, à Constantin ; la muraille, à droite et àgauche de l’entrée, offre des vues d’intérieurs d’appartements, enperspective, parfaitement bien exécutées.A peine étions nous entrés, qu’un officier de police mandchou,accourut en poussant des cris épouvantables : sans attendrel’invitation du supérieur, il s’assit, et s’adressant à l’évêque, il lui fitde vifs reproches d’avoir reçu des visites, quoiqu’il sût bien quel’accès du couvent fût défendu aux étrangers. L’évêque ayantrépondu que cela ne le regardait pas, l’officier, qui n’était pas àjeun, blâma le supérieur de ce qu’il l’exposait à perdre sa place,parce que le peuple, curieux de voir les Russes, s’était rassemblédevant le couvent : la foule était devenue si nombreuse, que l’on nepouvait passer dans la rue ; on devait craindre qu’il n’en résultâtdes suites fâcheuses si l’un des procureurs-généraux de l’empire enétait instruit. Ribeira, honteux de se voir traité de la sorte, en notreprésence, lui qui nous avait invités, en quelque sorte, pour fairevoir aux habitants de Péking combien les Portugais sont estimés parles autres Européens, essaya de calmer l’officier, mais sans succès.Le Mandchou saisit un moine franciscain, et l’emmena à la policepour répondre du désordre dont notre visite avait été la cause.Voyant l’effronterie p2.064 audacieuse du Mandchou, et le peu decrédit des catholiques, en Chine, nous nous levâmes en demandantla permission de nous retirer, et de revenir dans un moment plusopportun ; mais l’évêque nous pria de rester, en disant que leMandchou était ivre, et que de telles vexations, de la part desChinois, arrivaient fréquemment.366
Voyage à PékinIl nous conduisit alors dans des appartements autrefois habitéspar des évêques portugais résidant à Péking. Nous y fûmes reçuspar le P. Férreira, aussi missionnaire, et demeurant dans cecouvent. Le P. Ribeira nous rejoignit bientôt, amenant avec luil’officier mandchou, après avoir trouvé le vrai moyen de l’apaiser :on nous présenta du thé et des fruits secs. L’évêque s’informa, endétail, de mon service et de mon grade, et me demanda si j’avaisété à Paris avec l’armée russe.Les Portugais nous dirent que l’empereur défiant avaitcommencé à les vexer, et même à les persécuter, parce qu’ilappréhendait, de la part des missionnaires, des machinations contresa personne ; il ajouta qu’ils avaient l’espoir d’être protégés sousl’empereur actuel, qui est d’un caractère ferme et généreux ; onassure qu’il ne craint pas ses voisins ; qu’il est sincèrement disposéà conserver la paix, mais, en même temps, préparé à la guerre. Onajoute qu’il a contremandé toutes les mesures de précautionordonnées sur la p2.065 frontière russe, par son père ; celui-ci avaitdonné des preuves nombreuses de son caractère pusillanime etsoupçonneux.L’évêque ayant demandé à l’archimandrite Pierre pourquoi desmissionnaires anglais s’étaient établis à Sélenghinsk, celui-cirépondit que c’était pour apprendre la langue mongole ; maisl’évêque répliqua qu’il supposait aux missionnaires anglais d’autresdesseins. Les Portugais firent l’observation que les savants del’Europe, et surtout ceux de la France, s’empressaient de publierdes ouvrages sur la Chine, et sur les langues chinoises etmandchoues, sans être assez instruits dans les sujets qu’ilstraitent ; il cita nommément MM. Deguignes fils et Klaproth 1 . Les1 Je suis infiniment reconnaissant au révérendissime archevêque de Péking, del’honneur qu’il me fait de me placer à côté de M. Deguignes fils. Quant à sonobservation sur mon ignorance en chinois et en mandchou, j’aurais désiré qu’ilaccompagnât son assertion de quelques preuves. M. Timkovski nous a déjà appris(vol. I, pag, 370), que les missionnaires portugais, à Péking, parlaient très mal lechinois et avec un dialecte presqu’inintelligible. Il paraît aussi que le discours del’archevêque a produit peu d’impression sur l’esprit de ce voyageur éclairé, qui m’ahonoré des deux lettres suivantes, accompagnant l’envoi de son ouvrage.367
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<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> PékinIl nous conduisit alors dans des appartem<strong>en</strong>ts autrefois habitéspar des évêques portugais résidant <strong>à</strong> <strong>Péking</strong>. Nous y fûmes reçuspar le P. Férreira, aussi missionnaire, <strong>et</strong> demeurant dans cecouv<strong>en</strong>t. Le P. Ribeira nous rejoignit bi<strong>en</strong>tôt, am<strong>en</strong>ant avec luil’officier mandchou, après avoir trouvé le vrai moy<strong>en</strong> de l’apaiser :on nous prés<strong>en</strong>ta du thé <strong>et</strong> des fruits secs. L’évêque s’informa, <strong>en</strong>détail, de mon service <strong>et</strong> de mon grade, <strong>et</strong> me demanda si j’avaisété <strong>à</strong> Paris avec l’armée russe.Les Portugais nous dir<strong>en</strong>t que l’empereur défiant avaitcomm<strong>en</strong>cé <strong>à</strong> les vexer, <strong>et</strong> même <strong>à</strong> les persécuter, parce qu’i<strong>la</strong>ppréh<strong>en</strong>dait, de <strong>la</strong> part des missionnaires, des machinations contresa personne ; il ajouta qu’ils avai<strong>en</strong>t l’espoir d’être protégés sousl’empereur actuel, qui est d’un caractère ferme <strong>et</strong> généreux ; onassure qu’il ne craint pas ses voisins ; qu’il est sincèrem<strong>en</strong>t disposé<strong>à</strong> conserver <strong>la</strong> paix, mais, <strong>en</strong> même temps, préparé <strong>à</strong> <strong>la</strong> guerre. Onajoute qu’il a contremandé toutes les mesures de précautionordonnées sur <strong>la</strong> p2.065 frontière russe, par son père ; celui-ci avaitdonné des preuves nombreuses de son caractère pusil<strong>la</strong>nime <strong>et</strong>soupçonneux.L’évêque ayant demandé <strong>à</strong> l’archimandrite Pierre pourquoi desmissionnaires ang<strong>la</strong>is s’étai<strong>en</strong>t établis <strong>à</strong> Sél<strong>en</strong>ghinsk, celui-cirépondit que c’était pour appr<strong>en</strong>dre <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue mongole ; maisl’évêque répliqua qu’il supposait aux missionnaires ang<strong>la</strong>is d’autresdesseins. Les Portugais fir<strong>en</strong>t l’observation que les savants del’Europe, <strong>et</strong> surtout ceux de <strong>la</strong> France, s’empressai<strong>en</strong>t de publierdes ouvrages sur <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>, <strong>et</strong> sur les <strong>la</strong>ngues chinoises <strong>et</strong>mandchoues, sans être assez instruits dans les suj<strong>et</strong>s qu’ilstrait<strong>en</strong>t ; il cita nommém<strong>en</strong>t MM. Deguignes fils <strong>et</strong> K<strong>la</strong>proth 1 . Les1 Je suis infinim<strong>en</strong>t reconnaissant au révér<strong>en</strong>dissime archevêque de <strong>Péking</strong>, del’honneur qu’il me fait de me p<strong>la</strong>cer <strong>à</strong> côté de M. Deguignes fils. Quant <strong>à</strong> sonobservation sur mon ignorance <strong>en</strong> chinois <strong>et</strong> <strong>en</strong> mandchou, j’aurais désiré qu’i<strong>la</strong>ccompagnât son assertion de quelques preuves. M. Timkovski nous a déj<strong>à</strong> appris(vol. I, pag, 370), que les missionnaires portugais, <strong>à</strong> <strong>Péking</strong>, par<strong>la</strong>i<strong>en</strong>t très mal lechinois <strong>et</strong> avec un dialecte presqu’inintelligible. Il paraît aussi que le discours del’archevêque a produit peu d’impression sur l’esprit de ce voyageur éc<strong>la</strong>iré, qui m’ahonoré des deux l<strong>et</strong>tres suivantes, accompagnant l’<strong>en</strong>voi de son ouvrage.367