Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

Voyage à Pékinvîmes de ces tentures qui étaient encore suspendues à des cordes.Cette coutume prouve qu’il n’est pas permis à tous les Chinois,même à ceux de Péking, de chercher à voir leur empereur, bien qu’ilsoit entouré d’une foule de courtisans dans ses voyages. Quand iltraverse les campagnes, ses sujets, prosternés à terre, peuventjeter, à la dérobée, un regard sur sa personne.Ln approchant de la porte Si tchy men, nous remarquâmes quel’on n’y laissait passer personne ; nous y étant arrêtés, nousapprîmes que le fils de l’empereur, qui revenait aussi du château deMing yuan, allait arriver. Plusieurs hommes à cheval et vêtusd’habits de cour, galopaient en avant ; bientôt parut le jeuneprince, monté sur un cheval blanc : c’est la couleur la plus estiméeen Chine ; il était entouré d’un grand nombre d’eunuques, aussi enhabits de cour et avec des phou tsa 1 , et des plumes de paon surles bonnets ; ce qui produit une bigarrure singulière. Des soldats depolice ordonnaient aux particuliers de descendre de voiture ; noussuivîmes l’exemple des Chinois, et nous pûmes voir le prince detrès près ; il était maigre et pâle, et paraissait âgé de quatorze ans.Nos vêtements européens et nos uniformes, attirèrent ses regards.— Quels sont ces gens-là ?, demanda-t-il à quelqu’un desa suite.— Des étrangers, répondit l’eunuque.Le prince, après nous avoir regardés avec beaucoup d’attention,poursuivit son chemin. Un jeune homme de quinze ans, entouré de1 On sait que les officiers, militaires ou civils, du gouvernement chinois, portentsur leurs bonnets, comme marque distinctive, des boutons de différentes couleurs,suivant le rang qu’ils occupent. Le bouton rouge, ou en corail, est affecté à ungénéral, et le bleu transparent à un colonel, etc. Le bonnet de l’empereur est ornéd’une perle d’un grand prix ; mais indépendamment de ces boutons, les phou tsasont également des marques de distinction ; ce sont de petits morceaux carrés desatin, cousus sur la poitrine et sur le dos de la robe de dessus. Le phou tsa desMandarins civils porte un oiseau en broderie ; celui des Mandarins militaires, unebête féroce ; un officier militaire du deuxième rang, ou un général, a un lion, etcelui d’un Mandarin civil, du troisième rang (analogue à celui d’un conseiller d’Étaten Russie), un paon, etc. Les robes avec des phou tsa bleus ne se portent qu’à lacour ou dans les occasions solennelles ; alors on ajoute encore à ces décorations,des chapelets qui pendent jusqu’à la ceinture.360