Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

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Voyage à Pékin4 février. — Des lama, qui desservent les temples Houang szu,nous ayant accordé la permission d’assister à leur service divin,célébré par un koutoukhtou, nous partîmes de chez nous à huitheures du soir.On compte, à Péking, trois koutoukhtou, que les Chinoisnomment Foé ; le premier, celui qui devait présider au service,auquel nous désirions être présents, habite un vaste temple, situéprès du palais, dans le Houang tchhing ; le second demeure dans letemple Young ho koung, dans la partie septentrionale de Péking, oùvivait l’empereur Young tching, avant son avènement au trône ; letroisième koutoukhou occupe le temple central de ceux qu’onappelle Houang sui. Ce dernier est actuellement envoyé parl’empereur au Tibet, pour réciter des prières funèbres, en mémoirede son père, Kia khing, et pour y distribuer les grâces accordées àcette occasion.A notre arrivée, le trésorier nous fit conduire au templeoccidental, où l’adoration des idoles avait déjà commencé. Toutesles portes étaient p2.048 fermées pour empêcher l’affluence tropconsidérable du peuple ; de sorte que nous fûmes obligés de passerpar les appartements des lama, pour parvenir au temple principal.Les inspecteurs hésitaient à nous laisser approcher du koutoukhtou,surtout en voyant les sabres des cosaques ; mais ils cédèrentbientôt aux représentations des Chinois qui nous accompagnaient.Nous fûmes placés sur une terrasse en marbre blanc, qui étaitdevant la porte sud du temple. Le koutoukhtou, assis sur unfauteuil colossal, avait le visage tourné vers cette porte ; il y avaitdevant lui une longue table, couverte d’étoffes de soie brodées, etchargée de vases sacrés, contenant du grain, de l’eau, etc. Dixlama, des Mongols orientaux, se tenaient debout de chaque côté decet autel ; ils récitaient et chantaient des prières en languetibétaine ; les basses étaient très sonores et fortes. Plus de deuxcents lama, des temples de Péking, étaient assis les jambescroisées à droite et à gauche. De temps en temps, le koutoukhtou356

Voyage à Pékinfrappait sur des assiettes en argent, qui sont le signe distinctif desprêtres du premier rang, et marquent leur sainteté, leur inviolabilitéet leur suprématie ; c’était pour donner aux lama le signal dechanter ou de faire entendre la musique. Le chœur des musiciensoccupait une place séparée ; les instruments adoptés pour leservice divin, ressemblent à nos hautbois et à nos clarinettes. p2.049Plusieurs sont de grandes conques marines, qui produisent un sonéclatant ; on frappait également pur des bassins en cuivre, dedifférentes dimensions ; il y avait aussi des cymbales 1 . Cettemusique inspire plutôt l’effroi que des sentiments religieux etpaisibles.Les habits jaunes des lama, et leurs têtes rasées, nous parurenttrès bizarres. Nous n’aperçûmes point de laïcs dans le temple. Lekoutoukhtou, âgé d’environ trente-cinq ans, jeta de temps entemps ses regards sur nous ; ses subalternes l’imitèrent.Étant retournés chez le trésorier Dou lama, nous y vîmes arriverun grand nombre de lama, aussitôt que le service fut terminé. Lelama khoubilgan Tchhing s’entretint fort longtemps avec nous ; ilétait attaché à la personne du koutoukhtou. Tchhing, âgé dequarante ans, est né chez les Mongols orientaux, dans la tribud’Oniout ; après avoir achevé son éducation à Pékin, il parcourut leTibet entier, et visita les provinces septentrionales de l’Inde ; ilparle bien le chinois, le mongol, le tibétain, et comprend un peul’indien et le mandchou. Il nous adressa beaucoup de questions surnotre voyage, sur p2.050 la Russie, sur sa capitale, sur nos paysrespectifs, etc. Il nous assura que l’empereur de la Chine exerçaitune égale autorité sur les ecclésiastiques et sur les laïcs de sonvaste empire ; c’est d’après ses instructions que l’on procède àl’élection des khoubilgan et des koutoukhtou, et le choix même duDalaï lama dépend entièrement de sa volonté. Les gens de la classe1 La description détaillée des instruments de musique des lama se trouve dansPallas, Nachrichten über die Mongolischen Völker-schaften, tome II, page 164 etsuivantes.357

<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> Pékinfrappait sur des assi<strong>et</strong>tes <strong>en</strong> arg<strong>en</strong>t, qui sont le signe distinctif desprêtres du premier rang, <strong>et</strong> marqu<strong>en</strong>t leur saint<strong>et</strong>é, leur invio<strong>la</strong>bilité<strong>et</strong> leur suprématie ; c’était pour donner aux <strong>la</strong>ma le signal dechanter ou de faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre <strong>la</strong> musique. Le chœur des musici<strong>en</strong>soccupait une p<strong>la</strong>ce séparée ; les instrum<strong>en</strong>ts adoptés pour leservice divin, ressembl<strong>en</strong>t <strong>à</strong> nos hautbois <strong>et</strong> <strong>à</strong> nos c<strong>la</strong>rin<strong>et</strong>tes. p2.049Plusieurs sont de grandes conques marines, qui produis<strong>en</strong>t un sonéc<strong>la</strong>tant ; on frappait égalem<strong>en</strong>t pur des bassins <strong>en</strong> cuivre, dediffér<strong>en</strong>tes dim<strong>en</strong>sions ; il y avait aussi des cymbales 1 . C<strong>et</strong>temusique inspire plutôt l’effroi que des s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts religieux <strong>et</strong>paisibles.Les habits jaunes des <strong>la</strong>ma, <strong>et</strong> leurs têtes rasées, nous parur<strong>en</strong>ttrès bizarres. Nous n’aperçûmes point de <strong>la</strong>ïcs dans le temple. Lekoutoukhtou, âgé d’<strong>en</strong>viron tr<strong>en</strong>te-cinq ans, j<strong>et</strong>a de temps <strong>en</strong>temps ses regards sur nous ; ses subalternes l’imitèr<strong>en</strong>t.Étant r<strong>et</strong>ournés chez le trésorier Dou <strong>la</strong>ma, nous y vîmes arriverun grand nombre de <strong>la</strong>ma, aussitôt que le service fut terminé. Le<strong>la</strong>ma khoubilgan Tchhing s’<strong>en</strong>tr<strong>et</strong>int fort longtemps avec nous ; ilétait attaché <strong>à</strong> <strong>la</strong> personne du koutoukhtou. Tchhing, âgé dequarante ans, est né chez les Mongols ori<strong>en</strong>taux, dans <strong>la</strong> tribud’Oniout ; après avoir achevé son éducation <strong>à</strong> Pékin, il parcourut leTib<strong>et</strong> <strong>en</strong>tier, <strong>et</strong> visita les provinces sept<strong>en</strong>trionales de l’Inde ; ilparle bi<strong>en</strong> le chinois, le mongol, le tibétain, <strong>et</strong> compr<strong>en</strong>d un peul’indi<strong>en</strong> <strong>et</strong> le mandchou. Il nous adressa beaucoup de questions surnotre voyage, sur p2.050 <strong>la</strong> Russie, sur sa capitale, sur nos paysrespectifs, <strong>et</strong>c. Il nous assura que l’empereur de <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> exerçaitune égale autorité sur les ecclésiastiques <strong>et</strong> sur les <strong>la</strong>ïcs de sonvaste empire ; c’est d’après ses instructions que l’on procède <strong>à</strong>l’élection des khoubilgan <strong>et</strong> des koutoukhtou, <strong>et</strong> le choix même duDa<strong>la</strong>ï <strong>la</strong>ma dép<strong>en</strong>d <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t de sa volonté. Les g<strong>en</strong>s de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse1 La description détaillée des instrum<strong>en</strong>ts de musique des <strong>la</strong>ma se trouve dansPal<strong>la</strong>s, Nachricht<strong>en</strong> über die Mongolisch<strong>en</strong> Völker-schaft<strong>en</strong>, tome II, page 164 <strong>et</strong>suivantes.357

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