Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

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Voyage à Pékinerdéni, mort en ce lieu ; mais les sculptures des côtés, qui sonttirées de l’histoire de Bouddha ou Foe, font présumer que cemonument a été élevé à la gloire de ce prophète, dont la doctrine estsuivie au Tibet, en Chine, en Mongolie, chez les Bouriates et chez lesKalmuks. L’obélisque est de la même construction que deux autres,que l’on voit à Péking ; c’est une tour octogone, haute de quinzetoises ; elle est assez mince dans sa partie supérieure, et couverted’une espèce de grande calotte, en or massif, qui ressemble aubonnet du Dalaï lama. Aux quatre côtés, il y a des colonnes sculptéesen marbre. Cet obélisque, qui est d’un beau travail, a coûté dessommes considérables. La première fois que Khian loung le vit, ils’écria : Voilà un monument d’or ! Ce qui veut dire qui coûteexcessivement cher. Au nord, près de l’obélisque, est le petit châteauoù l’empereur se repose ordinairement, quand il va porter sesoffrandes au temple de la Terre.p2.039Après avoir quitté l’obélisque, le portier qui nous avaitconduit, nous invita à rendre visite à un Da lama, arrivé du Tibetoccidental ; il habitait dans une des maisons du couvent ; il avaitplus de soixante ans, et était entouré de Tibétains, venus avec lui,et de quelques lama de Péking. Il nous accueillit avec affabilité, etnous demanda, par son interprète, qui nous étions ; si nous avionsquitté notre patrie depuis longtemps ; pourquoi nous avions fait levoyage de Péking ; si nous comptions y rester longtemps, etc.Ensuite, il nous fit présenter à chacun une tasse de zatouran, ou dethé cuit avec de la farine et du beurre. Les Tibétains sont simplesdans leurs manières, et ignorent le luxe ; leur physionomieressemble à celle de Bohémiens (Tsingaris) 1 : ils portent delongues robes, semblables à celles des russes ; ils ne se rasent pasla tête, et tressent leurs cheveux en queue ; ils ont des pendantsd’oreilles en turquoises.1 Cette observation correspond parfaitement avec la remarque de mon ami M.Thomas Manning, qui a visité H’lassa. Il m’a assuré qu’il y a une ressemblance trèsgrande entre la physionomie des Tibétains et celle des juifs, et que ce peuple n’anullement la figure que nous sommes accoutumés d’appeler mongole. Kl.350

Voyage à PékinNous vîmes ensuite la fonderie qui est dans la cour de cecouvent ; on y fond et dore des idoles de différentes grandeurs,dont on fournit la Mongolie entière. Les idoles venues du Tibet,p2.040qui est regardé comme le sanctuaire de la religion de Foe,sont payées très cher par les Mongols et par les Chinois. Les petitesidoles, fondues à Péking, se vendent à proportion de leur hauteur ;on paie un liang pour chaque pouce ; le fondeur refusa de nous envendre une, sous prétexte que nous étions des infidèles.Nous sommes retournés à la ville par un autre chemin ; aprèsavoir traversé des ravins et des ruelles étroites, nous sommesarrivés à l’angle nord-est de Péking, où est notre église del’Assomption (ci-devant Saint-Nicolas) ; il y a aussi plusieurs petitesmaisons, appartenant au gouvernement, qui sont éparses dans lapartie de la ville, nommée Lo tchha (démon), et Houa phi tchhang(place de l’écorce de bouleau).Nous ne pûmes voir l’intérieur de l’église, parce que nous n’enn’avions pas la clé ; elle est en très mauvais état. Elle fut bâtie autemps de l’arrivée des Albazintses, avec les matériaux d’un templed’idoles, qui se trouvait auparavant sur cette place. Une des petitesmaisons, au sud, et tout près de l’église, est habitée par unMandchou, marié, qui est de la garde de l’empereur ; il la loue1.200 tchokhi, ou environ 8 francs par mois ; il est obligé de garderl’église. Devant cette maison, il y a un grand fossé creusé, qui seremplit d’eau pendant la saison pluvieuse ; cette eau n’ayant pointd’écoulement, y croupit. En p2.041 général, ce quartier de Péking esttrès pauvre, quoiqu’on y voie le château d’un prince, situé au sudouestde notre église. Les descendants des Albazintses demeurentactuellement dans la partie orientale de la ville, qui est assignée àla bannière des troupes mandchoues, à laquelle ils appartiennent.Ils ont perdu tout attachement pour leurs anciens compatriotes, lesRusses ; il y en a vingt-deux de baptisés, mais qui se sonttellement alliés aux Mandchoux par des mariages, qu’il est difficilede les en distinguer ; ils parlent le chinois ; ils s’habillent comme les351

<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> PékinNous vîmes <strong>en</strong>suite <strong>la</strong> fonderie qui est dans <strong>la</strong> cour de cecouv<strong>en</strong>t ; on y fond <strong>et</strong> dore des idoles de différ<strong>en</strong>tes grandeurs,dont on fournit <strong>la</strong> <strong>Mongolie</strong> <strong>en</strong>tière. Les idoles v<strong>en</strong>ues du Tib<strong>et</strong>,p2.040qui est regardé comme le sanctuaire de <strong>la</strong> religion de Foe,sont payées très cher par les Mongols <strong>et</strong> par les Chinois. Les p<strong>et</strong>itesidoles, fondues <strong>à</strong> <strong>Péking</strong>, se v<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t <strong>à</strong> proportion de leur hauteur ;on paie un liang pour chaque pouce ; le fondeur refusa de nous <strong>en</strong>v<strong>en</strong>dre une, sous prétexte que nous étions des infidèles.Nous sommes r<strong>et</strong>ournés <strong>à</strong> <strong>la</strong> ville par un autre chemin ; aprèsavoir <strong>travers</strong>é des ravins <strong>et</strong> des ruelles étroites, nous sommesarrivés <strong>à</strong> l’angle nord-est de <strong>Péking</strong>, où est notre église del’Assomption (ci-devant Saint-Nico<strong>la</strong>s) ; il y a aussi plusieurs p<strong>et</strong>itesmaisons, appart<strong>en</strong>ant au gouvernem<strong>en</strong>t, qui sont éparses dans <strong>la</strong>partie de <strong>la</strong> ville, nommée Lo tchha (démon), <strong>et</strong> Houa phi tchhang(p<strong>la</strong>ce de l’écorce de bouleau).Nous ne pûmes voir l’intérieur de l’église, parce que nous n’<strong>en</strong>n’avions pas <strong>la</strong> clé ; elle est <strong>en</strong> très mauvais état. Elle fut bâtie autemps de l’arrivée des Albazintses, avec les matériaux d’un templed’idoles, qui se trouvait auparavant sur c<strong>et</strong>te p<strong>la</strong>ce. Une des p<strong>et</strong>itesmaisons, au sud, <strong>et</strong> tout près de l’église, est habitée par unMandchou, marié, qui est de <strong>la</strong> garde de l’empereur ; il <strong>la</strong> loue1.200 tchokhi, ou <strong>en</strong>viron 8 francs par mois ; il est obligé de garderl’église. Devant c<strong>et</strong>te maison, il y a un grand fossé creusé, qui seremplit d’eau p<strong>en</strong>dant <strong>la</strong> saison pluvieuse ; c<strong>et</strong>te eau n’ayant pointd’écoulem<strong>en</strong>t, y croupit. En p2.041 général, ce quartier de <strong>Péking</strong> esttrès pauvre, quoiqu’on y voie le château d’un prince, situé au sudouestde notre église. Les desc<strong>en</strong>dants des Albazintses demeur<strong>en</strong>tactuellem<strong>en</strong>t dans <strong>la</strong> partie ori<strong>en</strong>tale de <strong>la</strong> ville, qui est assignée <strong>à</strong><strong>la</strong> bannière des troupes mandchoues, <strong>à</strong> <strong>la</strong>quelle ils apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t.Ils ont perdu tout attachem<strong>en</strong>t pour leurs anci<strong>en</strong>s compatriotes, lesRusses ; il y <strong>en</strong> a vingt-deux de baptisés, mais qui se sonttellem<strong>en</strong>t alliés aux Mandchoux par des mariages, qu’il est difficilede les <strong>en</strong> distinguer ; ils parl<strong>en</strong>t le chinois ; ils s’habill<strong>en</strong>t comme les351

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