Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne
Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne
Voyage à PékinOn rencontre quelquefois des pierres grandes comme la main,ou de la dimension de plusieurs toises, soutenues seulement parune glace très faible ; les voyageurs sont obligés d’y passer. Si l’onest surpris par la nuit, il faut chercher un abri sur une grandepierre ; si la nuit est calme, on entend des sons très agréables, telsque ceux de plusieurs instruments réunis : c’est l’écho qui répète lebruit du craquement produit par les glaces en se brisant. Le cheminque l’on a tenu la veille, n’est pas toujours celui qu’il convient desuivre le lendemain. Un animal, qui tient le milieu entre le loup et lerenard, habite dans ces montagnes ; il est regardé comme ayantquelque chose de surnaturel. Le matin, on cherche ses traces, et enles suivant on ne se trompe jamais de chemin. Il y a aussi un aiglede couleur cendrée qui indique par ses cris, aux voyageurs égarés,le chemin qu’il faut prendre. Au loin, dans l’ouest, une montagne,qui jusqu’à présent a été inaccessible, présente ses cimesescarpées et couvertes de glaces.p1.444Le relais de Termé khada (Tamkha tach), est à quatrevingtsli de ce lieu ; une rivière, qui sort avec une impétuositéeffrayante des flancs de ces glaciers, coule au sud-est, se divise enplusieurs bras, et porte ses eaux dans le lac Lob. A quatre journéesau sud de Termé khada, on rencontre une plaine aride, qui neproduit pas la plus petite plante. A quatre-vingts ou quatre-vingtdixli, on trouve partout des rochers gigantesques entre lesquels lesanimaux cherchent leur nourriture. Le commandant d’Ouchi envoieannuellement un de ses officiers porter des offrandes à ce glacier.La formule de la prière qui se récite dans cette occasion, estenvoyée de Péking par le tribunal des Rits.On trouve de la glace sur tous les sommets de cette chaîne demontagnes, si on la traverse dans sa longueur ; mais si, aucontraire, on la franchit du nord au sud, c’est-à-dire dans salargeur, on n’en trouve que sur une distance de deux tiers deverstes. Tous les matins, dix hommes sont occupés à tailler dans laglace des degrés pour monter et descendre ; dans l’après-midi, le306
Voyage à Pékinsoleil les a fondus ou bien les rend extrêmement glissants. Cesmontagnes sont en général, si roides et si escarpées, que l’ondevrait abandonner le chemin où l’on passe aujourd’hui, et en faireun autre conduisant du nord au sud.Quelquefois la glace manque sous les pieds des p1.445voyageurs ; ils s’y enfoncent sans espérance de jamais revoir lejour. Les mahométans du Turkestân oriental, immolent un bélier ensacrifice avant de traverser ces montagnes. La neige y tombe toutel’année ; il n’y pleut jamais. Du reste, s’il n’y avait pas sur lechemin les carcasses de diverses bêtes, on n’y trouverait ni l’animalsacré, ni l’aigle ; alors ces créatures n’auraient plus la faculté deservir de guides, comme par une inspiration surnaturelle.Les pays qui formaient autrefois le pays des Dzoûngar, et quiactuellement sont appelés par les Chinois, gouvernement d’Ili,renferment les villes Barkol, Ouroumtsi, Ili et Tarbakhataï 1 .Barkol est située à trois cents li, au nord-ouest de Khamil ; sonterritoire est borné, au sud, par le territoire de cette ville ; au nord,par celui des Khalkha, et à l’ouest, par celui d’Ouroumtsi. Elle a unegarnison de mille Mandchous, qui y habitent avec leurs familles ; ilssont commandés par un général. La population de Barkol est assezconsidérable. Le climat est froid ; il neige p1.446 quelquefoisabondamment au mois de juin, alors on est obligé de se vêtir depelisses. Cependant, depuis quelques années, on y a semé, avecsuccès, du froment, de l’orge, etc.Ouroumtsi est bâtie au pied du promontoire du mont Rouge. Leterrain y est partout fertile et l’eau excellente ; les pâturages y sontgras. Depuis 1765, un général en chef et deux autres générauxrésident dans cette place. A huit li de l’ancienne ville, on en aconstruit une nouvelle, nommée Koung kou, elle est sur huit1 Ceci est très inexact, les cantons de Barkol et d’Ouroumtsi n’appartiennentnullement au gouvernement d’Ili ; ils relèvent de celui de Kan sou, qui comprend lamoitié occidentale de l’ancienne province de Chen si, à laquelle on a ajouté unegrande partie des conquêtes faites sous Khian loung. Kl.307
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<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> Pékinsoleil les a fondus ou bi<strong>en</strong> les r<strong>en</strong>d extrêmem<strong>en</strong>t glissants. Cesmontagnes sont <strong>en</strong> général, si roides <strong>et</strong> si escarpées, que l’ondevrait abandonner le chemin où l’on passe aujourd’hui, <strong>et</strong> <strong>en</strong> faireun autre conduisant du nord au sud.Quelquefois <strong>la</strong> g<strong>la</strong>ce manque sous les pieds des p1.445voyageurs ; ils s’y <strong>en</strong>fonc<strong>en</strong>t sans espérance de jamais revoir lejour. Les mahométans du Turkestân ori<strong>en</strong>tal, immol<strong>en</strong>t un bélier <strong>en</strong>sacrifice avant de <strong>travers</strong>er ces montagnes. La neige y tombe toutel’année ; il n’y pleut jamais. Du reste, s’il n’y avait pas sur lechemin les carcasses de diverses bêtes, on n’y trouverait ni l’animalsacré, ni l’aigle ; alors ces créatures n’aurai<strong>en</strong>t plus <strong>la</strong> faculté deservir de guides, comme par une inspiration surnaturelle.Les pays qui formai<strong>en</strong>t autrefois le pays des Dzoûngar, <strong>et</strong> quiactuellem<strong>en</strong>t sont appelés par les Chinois, gouvernem<strong>en</strong>t d’Ili,r<strong>en</strong>ferm<strong>en</strong>t les villes Barkol, Ouroumtsi, Ili <strong>et</strong> Tarbakhataï 1 .Barkol est située <strong>à</strong> trois c<strong>en</strong>ts li, au nord-ouest de Khamil ; sonterritoire est borné, au sud, par le territoire de c<strong>et</strong>te ville ; au nord,par celui des Khalkha, <strong>et</strong> <strong>à</strong> l’ouest, par celui d’Ouroumtsi. Elle a unegarnison de mille Mandchous, qui y habit<strong>en</strong>t avec leurs familles ; ilssont commandés par un général. La popu<strong>la</strong>tion de Barkol est assezconsidérable. Le climat est froid ; il neige p1.446 quelquefoisabondamm<strong>en</strong>t au mois de juin, alors on est obligé de se vêtir depelisses. Cep<strong>en</strong>dant, depuis quelques années, on y a semé, avecsuccès, du from<strong>en</strong>t, de l’orge, <strong>et</strong>c.Ouroumtsi est bâtie au pied du promontoire du mont Rouge. L<strong>et</strong>errain y est partout fertile <strong>et</strong> l’eau excell<strong>en</strong>te ; les pâturages y sontgras. Depuis 1765, un général <strong>en</strong> chef <strong>et</strong> deux autres générauxrésid<strong>en</strong>t dans c<strong>et</strong>te p<strong>la</strong>ce. A huit li de l’anci<strong>en</strong>ne ville, on <strong>en</strong> aconstruit une nouvelle, nommée Koung kou, elle est sur huit1 Ceci est très inexact, les cantons de Barkol <strong>et</strong> d’Ouroumtsi n’apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tnullem<strong>en</strong>t au gouvernem<strong>en</strong>t d’Ili ; ils relèv<strong>en</strong>t de celui de Kan sou, qui compr<strong>en</strong>d <strong>la</strong>moitié occid<strong>en</strong>tale de l’anci<strong>en</strong>ne province de Ch<strong>en</strong> si, <strong>à</strong> <strong>la</strong>quelle on a ajouté unegrande partie des conquêtes faites sous Khian loung. Kl.307