Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

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Voyage à Pékinavec eux quelques effets du défunt khoutoukhtou, les mêlent avecd’autres objets, et les présentent au régénéré, qui s’empresse dechoisir les premiers. Ensuite, ils lui adressent plusieurs questionssur p1.025 les guerres et les événements les plus remarquables quiont eu lieu pendant sa vie précédente ; il répond d’une manière trèssatisfaisante ; alors il est reconnu avec les démonstrations de lajoie la plus vive pour khoutoukhtou ; on le conduit solennellement àl’Ourga, où il est installé dans l’habitation de son prédécesseur.L’éducation du nouveau khoutoukhtou, jusqu’à un certain âge, n’estconfiée qu’aux lama. Il n’est permis de le voir que de loin, et unpetit nombre de personnes seulement jouissent de cette faveur.Il est bien étonnant, ainsi que Bell l’a déjà observé 1 , que, dansune corporation religieuse aussi nombreuse que celle des lama, ilne règne ni intrigues ni querelles. Ces prêtres sont tellementd’accord, que tout semble se faire à l’unanimité ; tous tendent aumême but. Les Mongols Khalkha assurent que leur khoutoukhtou adéjà vu seize générations, et que sa physionomie se renouvelle àchaque phase de la lune. il a d’abord l’air d’un adolescent ; ildevient ensuite un homme fait, et enfin paraît vieux.Près de l’Irò, à l’est de notre route, s’élève un rocher à pic,formant l’extrémité d’une chaîne de montagnes qui s’étend sur larive droite de cette rivière ; au sommet du rocher se trouve unp1.026obo ou monceau de pierres ; on voit sur presque toutes leshauteurs un peu remarquables, de semblables obo, ou autels.L’habitant de ces steppes, convaincu de l’existence d’un êtresuprême, incompréhensible, tout-puissant, dont le pouvoir s’étendsur toute la nature, croit que son esprit bienfaisant se manifesteplus volontiers dans les objets qui s’offrent aux yeux sous desformes colossales. C’est pour cette raison qu’un rocher énorme, unehaute montagne, un arbre touffu ou une large rivière, sont les lieux1 Voyages de Saint-Pétersbourg en Russie, dans différentes parties de l’Asie. Ilétait à Péking en 1710 avec Ismaïlov, ambassadeur envoyé par Pierre-le-Grand àK’ang hy, empereur de la Chine.28

Voyage à Pékinrévérés par le Mongol. C’est là qu’il élève avec respect, d’aprèsl’indication d’un lama, des obo en pierre, en sable, en terre ou enbois, devant lesquels il se prosterne pour adorer la Divinité. Entemps de guerre, il lui demande son secours pour vaincre sonennemi et pour défendre sa patrie ; il l’implore dans les maladiesqui affligent sa famille ou son bétail, et dans tous ses malheurs. UnMongol qui rencontre un obo, descend de cheval, se place au sudde l’obo en tournant son visage vers le nord, se prosterne plusieursfois jusqu’à terre, et dépose quelque chose sur l’autel. J’ai souventvu sur des obo des touffes de crins de chevaux : ce sont les gagesdes prières des cavaliers nomades, pour la conservation desanimaux, leurs compagnons inséparables.Les obo servent en même temps à indiquer les p1.027 routes etles frontières. Ne pourrait-on pas placer dans la même classe leskourgan ou buttes de terre que l’on a trouvés dans les plaines de lapetite Russie et dans d’autres lieux de notre empire ? Ces ouvragesne disent-ils pas à la postérité que, dans des siècles reculés, cesplaines furent habitées par des peuples nomades qui les ont laisséscomme des marques de leurs usages, ou comme des preuves deleur passion pour les conquêtes ?En sortant de cette plaine, nous tournâmes sur la droite entredeux collines ; puis, quelques verstes plus loin, nous descendîmesvers la prairie de l’Irò : à sept heures du soir, après un trajet devingt-cinq verstes, nous atteignîmes les bords de cette rivière. Ungrand nombre d’habitants et de gens attachés au service desprêtres, s’y étaient réunis pour aider aux membres de la mission àpasser. Les pluies continuelles de l’été avaient donné à l’Irò unelargeur de près de quarante toises, et l’avaient rendue très rapide. Jefis transporter les effets les plus importants sur des komyga ougrandes poutres de pins creusées, ayant quelque ressemblance avecdes canots ; on en attache toujours deux ensemble pour passerl’eau. Les chameaux chargés des effets qui ne craignaient pas d’êtremouillés traversèrent plus haut la rivière à gué. A dix heures du soir,29

<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> Pékinrévérés par le Mongol. C’est l<strong>à</strong> qu’il élève avec respect, d’aprèsl’indication d’un <strong>la</strong>ma, des obo <strong>en</strong> pierre, <strong>en</strong> sable, <strong>en</strong> terre ou <strong>en</strong>bois, devant lesquels il se prosterne pour adorer <strong>la</strong> Divinité. Entemps de guerre, il lui demande son secours pour vaincre son<strong>en</strong>nemi <strong>et</strong> pour déf<strong>en</strong>dre sa patrie ; il l’implore dans les ma<strong>la</strong>diesqui afflig<strong>en</strong>t sa famille ou son bétail, <strong>et</strong> dans tous ses malheurs. UnMongol qui r<strong>en</strong>contre un obo, desc<strong>en</strong>d de cheval, se p<strong>la</strong>ce au sudde l’obo <strong>en</strong> tournant son visage vers le nord, se prosterne plusieursfois jusqu’<strong>à</strong> terre, <strong>et</strong> dépose quelque chose sur l’autel. J’ai souv<strong>en</strong>tvu sur des obo des touffes de crins de chevaux : ce sont les gagesdes prières des cavaliers nomades, pour <strong>la</strong> conservation desanimaux, leurs compagnons inséparables.Les obo serv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> même temps <strong>à</strong> indiquer les p1.027 routes <strong>et</strong>les frontières. Ne pourrait-on pas p<strong>la</strong>cer dans <strong>la</strong> même c<strong>la</strong>sse leskourgan ou buttes de terre que l’on a trouvés dans les p<strong>la</strong>ines de <strong>la</strong>p<strong>et</strong>ite Russie <strong>et</strong> dans d’autres lieux de notre empire ? Ces ouvragesne dis<strong>en</strong>t-ils pas <strong>à</strong> <strong>la</strong> postérité que, dans des siècles reculés, cesp<strong>la</strong>ines fur<strong>en</strong>t habitées par des peuples nomades qui les ont <strong>la</strong>isséscomme des marques de leurs usages, ou comme des preuves deleur passion pour les conquêtes ?En sortant de c<strong>et</strong>te p<strong>la</strong>ine, nous tournâmes sur <strong>la</strong> droite <strong>en</strong>tredeux collines ; puis, quelques verstes plus loin, nous desc<strong>en</strong>dîmesvers <strong>la</strong> prairie de l’Irò : <strong>à</strong> sept heures du soir, après un traj<strong>et</strong> devingt-cinq verstes, nous atteignîmes les bords de c<strong>et</strong>te rivière. Ungrand nombre d’habitants <strong>et</strong> de g<strong>en</strong>s attachés au service desprêtres, s’y étai<strong>en</strong>t réunis pour aider aux membres de <strong>la</strong> mission <strong>à</strong>passer. Les pluies continuelles de l’été avai<strong>en</strong>t donné <strong>à</strong> l’Irò une<strong>la</strong>rgeur de près de quarante toises, <strong>et</strong> l’avai<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>due très rapide. Jefis transporter les eff<strong>et</strong>s les plus importants sur des komyga ougrandes poutres de pins creusées, ayant quelque ressemb<strong>la</strong>nce avecdes canots ; on <strong>en</strong> attache toujours deux <strong>en</strong>semble pour passerl’eau. Les chameaux chargés des eff<strong>et</strong>s qui ne craignai<strong>en</strong>t pas d’êtremouillés <strong>travers</strong>èr<strong>en</strong>t plus haut <strong>la</strong> rivière <strong>à</strong> gué. A dix heures du soir,29

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