Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

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Voyage à PékinIl ne pleut, dans cette région, qu’une ou deux fois par an, et enpetite quantité chaque fois ; il y a même eu des années où il n’estpas tombé une goutte d’eau ; les champs et les jardins ont besoind’être arrosés ; les puits et les sources manquent. L’Ergol, rivièreconsidérable, traverse le pays dans la direction de l’est à l’ouest.Les Turkestâni sont très habiles à dériver des canaux d’irrigationqui donnent la fertilité à leurs plantations et à leurs champs. Toutesles productions de la terre viennent chez eux en abondance.p1.400 Ouchi 1 , ville éloignée de mille li au nord-ouest de Koutché,est adossée aux montagnes du sud. Une grande rivière baigne sapartie septentrionale. Cette ville était, du temps des Dzoûngar, trèspeuplée et florissante. Il y a un hôtel des monnaies. La monnaie encuivre, nommée poul, contient un drachme et deux partiesd’argent ; les Khara poul 2 sont également restés en circulation. Leterritoire d’Ouchi s’étend, vers le nord, jusqu’aux glaciers ; desrivières paisibles traversent des vallées fécondes dans sa partieméridionale. Les quatre villes d’Ouchi, Aksou, Baï et Saïram, sontsous la même juridiction. Le pays consiste principalement enmontagnes coupées de belles vallées, p1.401 et en bois taillis desaules, il est habité par des Kirghiz nomades. Les étrangers quiarrivent à Ouchi pour y faire le commerce, sont obligés de payer undroit du dixième de la valeur de chaque marchandise, en nature. En1775, le non d’Ouchi fut changé en Young ning.A deux cents li d’Ouchi se trouve Aksou, qui est de la juridiction1 On ne compte que neuf cents verstes de Semipalatinsk, fort sur la lignesibérienne, jusqu’à Goûldja ou Ili, en passant par les hautes montagnes deTarbagataï. Les caravanes évitent de grandes difficultés en faisant le tour de cesmontagnes, et traversant le mont Khamar dabahn, qui est au sud ; le chemin esttrès praticable, même pour des chariots. A trente verstes de Goûldja, on trouveKour khara oussou, fort entouré d’une muraille ; on y fait, de même qu’à Goûldja,un commerce considérable. Ce fort est également la résidence d’un gouverneur–général chinois qui a vingt mille hommes sous ses ordres.2 Khara poul veut dire monnaie noire. C’est ainsi que les Turkestâni appellent lamonnaie chinoise de cuivre jaune, parce qu’elle a plus de six dixièmes d’alliage.Les pouli du Turkestân sont de cuivre, et d’une autre forme que ceux de la Chine.Poul, de même que le mot arabe fels, désigne la monnaie de cuivre dans la plus278

Voyage à Pékinde cette ville, et n’a point de fortifications 1 . Le nombre desmaisons y est de six mille ; il y a une douane. Quiconque arrive icides pays étrangers pour faire le commerce, doit payer des droits.Les nations qui fréquentent cette ville sont des Chinois, venant desvilles de l’intérieur de l’empire, des Kirghiz 2 , des habitants duTurkestân oriental et méridional, des Kachemiriens, des habitantsde l’Inde et de Tachkend ; ils sont tenus de donner une pièce demarchandise sur trente ; les Kachemiriens seuls, à cause du grandcommerce qu’ils font, ne paient qu’une pièce sur quarante.Les campagnes sont très fertiles : partout on voit les lentilles, lep1.402froment, l’orge, le millet, les pois et le coton, promettre desmoissons abondantes ; les jardins et les potagers sont remplis depêches, d’abricots, de poires, de grenades, de raisins, de pommes,de melons, de melons d’eau et de plantes potagères de touteespèce. Les habitants sont généralement à leur aise. On voit denombreux troupeaux d’animaux domestiques, tels que bœufs,vaches, moutons, chameaux et chevaux. On fabrique beaucoup detoiles de coton ; on façonne le jade avec une grande perfection ; lesbrides et les selles en cuir de cerf, brodées, sont renommées danstoutes les villes du Turkestân. Les habitants sont d’un caractèrefranc et cordial ; mais, de même que la plupart des Turkestâni,chicaneurs et irascibles. La grande route traverse la ville, ce quiamène un grand concours de marchands chinois et étrangers, quiviennent faire le commerce, surtout pendant les foires.Aksou est la résidence d’un amban, nommé par legouvernement chinois ; il a le rang de colonel ; il remplit lesfonctions de chef de police, et vise les passeports des personnes quigrande partie de l’Asie mahométane. Kl.1 On prétend qu’il existe sur la route, entre Goûldja et Aksou, quatre usines decuivre et de fer ; les gens employés à ces travaux sont des criminels exilés desprovinces intérieures de la Chine.2 Un marchand de Kaboul, qui avait été dans le Turkestân oriental, en 1808, nousassura que les Kirghiz, de la grande horde et de la horde moyenne, vont à Gouldjapour échanger, au marché établi par les Chinois, plus de trente mille moutons, cinqmille chevaux, et jusqu’à cinq mille bœufs et chameaux, contre des étoffes decoton très communes.279

<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> PékinIl ne pleut, dans c<strong>et</strong>te région, qu’une ou deux fois par an, <strong>et</strong> <strong>en</strong>p<strong>et</strong>ite quantité chaque fois ; il y a même eu des années où il n’estpas tombé une goutte d’eau ; les champs <strong>et</strong> les jardins ont besoind’être arrosés ; les puits <strong>et</strong> les sources manqu<strong>en</strong>t. L’Ergol, rivièreconsidérable, <strong>travers</strong>e le pays dans <strong>la</strong> direction de l’est <strong>à</strong> l’ouest.Les Turkestâni sont très habiles <strong>à</strong> dériver des canaux d’irrigationqui donn<strong>en</strong>t <strong>la</strong> fertilité <strong>à</strong> leurs p<strong>la</strong>ntations <strong>et</strong> <strong>à</strong> leurs champs. Toutesles productions de <strong>la</strong> terre vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t chez eux <strong>en</strong> abondance.p1.400 Ouchi 1 , ville éloignée de mille li au nord-ouest de Koutché,est adossée aux montagnes du sud. Une grande rivière baigne sapartie sept<strong>en</strong>trionale. C<strong>et</strong>te ville était, du temps des Dzoûngar, trèspeuplée <strong>et</strong> florissante. Il y a un hôtel des monnaies. La monnaie <strong>en</strong>cuivre, nommée poul, conti<strong>en</strong>t un drachme <strong>et</strong> deux partiesd’arg<strong>en</strong>t ; les Khara poul 2 sont égalem<strong>en</strong>t restés <strong>en</strong> circu<strong>la</strong>tion. L<strong>et</strong>erritoire d’Ouchi s’ét<strong>en</strong>d, vers le nord, jusqu’aux g<strong>la</strong>ciers ; desrivières paisibles <strong>travers</strong><strong>en</strong>t des vallées fécondes dans sa partieméridionale. Les quatre villes d’Ouchi, Aksou, Baï <strong>et</strong> Saïram, sontsous <strong>la</strong> même juridiction. Le pays consiste principalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>montagnes coupées de belles vallées, p1.401 <strong>et</strong> <strong>en</strong> bois taillis desaules, il est habité par des Kirghiz nomades. Les étrangers quiarriv<strong>en</strong>t <strong>à</strong> Ouchi pour y faire le commerce, sont obligés de payer undroit du dixième de <strong>la</strong> valeur de chaque marchandise, <strong>en</strong> nature. En1775, le non d’Ouchi fut changé <strong>en</strong> Young ning.A deux c<strong>en</strong>ts li d’Ouchi se trouve Aksou, qui est de <strong>la</strong> juridiction1 On ne compte que neuf c<strong>en</strong>ts verstes de Semipa<strong>la</strong>tinsk, fort sur <strong>la</strong> lignesibéri<strong>en</strong>ne, jusqu’<strong>à</strong> Goûldja ou Ili, <strong>en</strong> passant par les hautes montagnes deTarbagataï. Les caravanes évit<strong>en</strong>t de grandes difficultés <strong>en</strong> faisant le tour de cesmontagnes, <strong>et</strong> <strong>travers</strong>ant le mont Khamar dabahn, qui est au sud ; le chemin esttrès praticable, même pour des chariots. A tr<strong>en</strong>te verstes de Goûldja, on trouveKour khara oussou, fort <strong>en</strong>touré d’une muraille ; on y fait, de même qu’<strong>à</strong> Goûldja,un commerce considérable. Ce fort est égalem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> résid<strong>en</strong>ce d’un gouverneur–général chinois qui a vingt mille hommes sous ses ordres.2 Khara poul veut dire monnaie noire. C’est ainsi que les Turkestâni appell<strong>en</strong>t <strong>la</strong>monnaie chinoise de cuivre jaune, parce qu’elle a plus de six dixièmes d’alliage.Les pouli du Turkestân sont de cuivre, <strong>et</strong> d’une autre forme que ceux de <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>.Poul, de même que le mot arabe fels, désigne <strong>la</strong> monnaie de cuivre dans <strong>la</strong> plus278

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