Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne
Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne
Voyage à Pékinla ville est fréquemment désolée par des ouragans si violents, qu’ilsenlèvent des moutons et même des ânes. Au sud, on trouve dessteppes arides que parcourent de nombreux troupeaux dechameaux et de chevaux sauvages.Le lac Lob noòr est situé à cinq cents li au sud-ouest du Tourfân.On compte de Pitchàn à Ilitsi, au sud-ouest, quatre à cinq mille li ;d’Ilitsi au Tibet ultérieur 1 , cinq cents li au sud. Tout le pays, de cescôtés et à quatre et p1.397 cinq mille li vers l’est, est entièrementinhabité, quoiqu’abondant en sources. On ne voit, sur la route qui letraverse, que des steppes sauvages et des marais, ou desmontagnes escarpées et couvertes d’une neige éternelle, des désertset des rivières. Les sources y sont très nombreuses : tantôt ce sontdes cascades qui se précipitent de rochers en rochers, tantôt desnappes d’eau qui s’étendent au milieu des hauteurs. L’eau est engénéral d’une couleur jaune dans cette région. Toutes ces sources etces rivières coulent du flanc méridional des montagnes neigeuses, sedirigent au sud-est de la nouvelle frontière et se réunissent dans leLob noòr. Il y a, près de ce lac, deux villages, renfermant chacuncinq cents maisons. Les habitants ne cultivent pas la terre etn’élèvent pas de bestiaux ; le commerce de poissons fournit à leursubsistance. Ils font de la toile avec le chanvre sauvage, et despelisses avec le duvet des cygnes ; ils parlent la langue turque, maisne professent pas l’islamisme. Quand ils viennent à Kourlé, ils neveulent manger ni pain ni viande ; s’ils l’essaient, leur estomacrefuse cette nourriture. Kourlé est la seule ville qu’ils fréquentent,parce qu’ils y vendent facilement leur poisson.Kharachar, en mongol Kharàchàra, éloignée de huit centsoixante-dix li de Tourpàn, est habitée par des Turkestâni et desp1.398Kalmuks-Torgoouts. Sa circonférence est considérable. Lakian lou, dont M. Timkovski a extrait les notices sur l’Asie centrale, qu’on va lire. Kl.1 Dans le texte chinois il y a Heou thsang, c’est-à-dire Thsang, ou Tibet ultérieur.M. Timkovski a eu tort d’écrire petit Tibet. La division du Tibet en grand et petit,est imaginaire ; ce sont les marchands boukhars qui ont adopté cette dernièrepour désigner la partie occidentale du Tibet, et la première pour l’orientale. Kl.276
Voyage à Pékinchaîne des monts Djouldouz, ou Youldouz, dont l’étendue estd’environ mille li, est pourvue de bonne eau et d’excellentspâturages ; quoiqu’infestée de bêtes sauvages, elle invite à la vienomade. Le Khaïdou, rivière qui traverse le pays, favorisel’arrosement des terres ; c’est pourquoi ces contrées furent jadisassez peuplées. Les champs sont couverts d’arbres fruitiers et deblé, ce qui a valu à ce pays l’épithète de riche. Les Dzoûngar, àl’époque de leur puissance, faisaient paître leurs troupeaux dansces régions. Les Turkestâni vaincus, ne pouvant supporter leurmalheur, périrent en partie ou furent dispersés, de sorte que,depuis cette époque, ces contrées sont devenues désertes.A trois cents li environ à l’ouest de Bugur, on trouve Koutché, villepeuplée de plus de mille familles ; elles paient annuellement, autrésor, un tribut de deux mille sacs de blé, destiné à l’entretien de lagarnison ; mille quatre-vingts kin de cuivre, que l’on expédie à Ouchi,pour en frapper de la monnaie ; deux cents kin de salpêtre, et troiscents kin de soufre. Ces deux derniers objets sont envoyés à Ili, pourla fabrication de la poudre. Le territoire de Koutché est très étendu ;on regarde, en Chine, cette ville comme la clé du Turkestân, ou de lanouvelle frontière. Des steppes arides se p1.399 prolongent au sud, àtrois journées de route à cheval ; on trouve dans les montagnes desvallées fertiles, mais inhabitées, où les bestiaux sauvages et les bêtesféroces abondent. Plus loin encore, au sud, il y a des marais quis’étendent jusqu’au Lob noòr. Les productions de ces régionsconsistent en rhubarbe, cuivre, salpêtre, soufre et sel ammoniac. Lesmontagnes où l’on recueille le sel ammoniac sont situées au nord deKoutché ; les rochers y renferment des grottes nombreuses. Auprintemps, en été et en automne, on voit briller dans ces grottes desfeux qui ressemblent à des lampes ardentes, mais il est difficile d’enapprocher ; ces feux s’éteignent pendant l’hiver, dans les grandsfroids, et quand les neiges sont abondantes. C’est alors que leshabitants de ces contrées vont y ramasser le sel ammoniac : ils sedéshabillent tout nus pour effectuer cette opération.277
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<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> Pékin<strong>la</strong> ville est fréquemm<strong>en</strong>t désolée par des ouragans si viol<strong>en</strong>ts, qu’ils<strong>en</strong>lèv<strong>en</strong>t des moutons <strong>et</strong> même des ânes. Au sud, on trouve dessteppes arides que parcour<strong>en</strong>t de nombreux troupeaux dechameaux <strong>et</strong> de chevaux sauvages.Le <strong>la</strong>c Lob noòr est situé <strong>à</strong> cinq c<strong>en</strong>ts li au sud-ouest du Tourfân.On compte de Pitch<strong>à</strong>n <strong>à</strong> Ilitsi, au sud-ouest, quatre <strong>à</strong> cinq mille li ;d’Ilitsi au Tib<strong>et</strong> ultérieur 1 , cinq c<strong>en</strong>ts li au sud. Tout le pays, de cescôtés <strong>et</strong> <strong>à</strong> quatre <strong>et</strong> p1.397 cinq mille li vers l’est, est <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>tinhabité, quoiqu’abondant <strong>en</strong> sources. On ne voit, sur <strong>la</strong> route qui le<strong>travers</strong>e, que des steppes sauvages <strong>et</strong> des marais, ou desmontagnes escarpées <strong>et</strong> couvertes d’une neige éternelle, des déserts<strong>et</strong> des rivières. Les sources y sont très nombreuses : tantôt ce sontdes cascades qui se précipit<strong>en</strong>t de rochers <strong>en</strong> rochers, tantôt desnappes d’eau qui s’ét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t au milieu des hauteurs. L’eau est <strong>en</strong>général d’une couleur jaune dans c<strong>et</strong>te région. Toutes ces sources <strong>et</strong>ces rivières coul<strong>en</strong>t du f<strong>la</strong>nc méridional des montagnes neigeuses, sedirig<strong>en</strong>t au sud-est de <strong>la</strong> nouvelle frontière <strong>et</strong> se réuniss<strong>en</strong>t dans leLob noòr. Il y a, près de ce <strong>la</strong>c, deux vil<strong>la</strong>ges, r<strong>en</strong>fermant chacuncinq c<strong>en</strong>ts maisons. Les habitants ne cultiv<strong>en</strong>t pas <strong>la</strong> terre <strong>et</strong>n’élèv<strong>en</strong>t pas de bestiaux ; le commerce de poissons fournit <strong>à</strong> leursubsistance. Ils font de <strong>la</strong> toile avec le chanvre sauvage, <strong>et</strong> despelisses avec le duv<strong>et</strong> des cygnes ; ils parl<strong>en</strong>t <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue turque, maisne profess<strong>en</strong>t pas l’is<strong>la</strong>misme. Quand ils vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>à</strong> Kourlé, ils neveul<strong>en</strong>t manger ni pain ni viande ; s’ils l’essai<strong>en</strong>t, leur estomacrefuse c<strong>et</strong>te nourriture. Kourlé est <strong>la</strong> seule ville qu’ils fréqu<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t,parce qu’ils y v<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t facilem<strong>en</strong>t leur poisson.Kharachar, <strong>en</strong> mongol Khar<strong>à</strong>ch<strong>à</strong>ra, éloignée de huit c<strong>en</strong>tsoixante-dix li de Tourp<strong>à</strong>n, est habitée par des Turkestâni <strong>et</strong> desp1.398Kalmuks-Torgoouts. Sa circonfér<strong>en</strong>ce est considérable. Lakian lou, dont M. Timkovski a extrait les notices sur l’Asie c<strong>en</strong>trale, qu’on va lire. Kl.1 Dans le texte chinois il y a Heou thsang, c’est-<strong>à</strong>-dire Thsang, ou Tib<strong>et</strong> ultérieur.M. Timkovski a eu tort d’écrire p<strong>et</strong>it Tib<strong>et</strong>. La division du Tib<strong>et</strong> <strong>en</strong> grand <strong>et</strong> p<strong>et</strong>it,est imaginaire ; ce sont les marchands boukhars qui ont adopté c<strong>et</strong>te dernièrepour désigner <strong>la</strong> partie occid<strong>en</strong>tale du Tib<strong>et</strong>, <strong>et</strong> <strong>la</strong> première pour l’ori<strong>en</strong>tale. Kl.276