Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

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Voyage à Pékinporter des présents au vang, de la part du dzargoutchi de Kiakhta.C’est un usage de la part de ceux qui briguent un emploi plusavantageux que celui qu’ils occupent, et on le retrouve ailleursqu’en Chine. Du lieu élevé où nous étions, on découvrait une plaineentourée de montagnes ; elle avait une étendue de dix verstes, ets’inclinait d’une manière sensible jusqu’aux rives de l’Irò. On ydistinguait, çà et là, de petits champs de millet et d’autresgraminées que l’on cultive comme fourrages ; on les coupe avec depetites faulx à manches courts, semblables à celles dont se serventles Bouriates. On n’attend pas que le foin soit sec pour le réunir enmeules.Un lama étranger et d’un âge très avancé, qui, monté sur uncheval gris, allait visiter ses champs, nous accompagna longtemps.Il tenait dans une main un chapelet qu’il élevait vers le ciel. Ceprêtre de Bouddha répétait continuellement les mots : Om ma nibat me khom ; il les accompagnait de profonds soupirs, et lesprononçait du ton adopté pour les prières, qui ressemble p1.023beaucoup au son d’une contrebasse ou au bourdonnement desabeilles. Tout sectateur de Bouddha est obligé de réciter cetteprière aussi souvent qu’il le peut, en se livrant à des méditationspieuses. Afin qu’on ne l’oublie pas, elle est écrite sur la toile, sur lepapier, sur le bois et sur la pierre, dans les temples, dans lesiourtes, et sur le bord des chemins.La prière bouddhique, parue dans l’édition russe.Les lama mongols prétendent que ces mots : Om ma ni bat mekhom, auxquels ils attachent un pouvoir mystérieux et surnaturel,26

Voyage à Pékinexemptent les fidèles des peines de la vie future, augmentent lesbonnes qualités et rapprochent de la perfection divine 1 .Ce lama se réjouissait beaucoup de la régénération dukhoutoukhtou, dont on attendait incessamment l’arrivée à Kouren,pour rendre la vie au clergé des Khalkha, qui était privé de chefdepuis plusieurs années.Khoutoukhtou en mongol (et goussée en tibétain) est le nom dela plus haute classe des prêtres de Bouddha. Celui de l’Ourga estappelé par les Mongols Gheghen khoutoukhou. Depuis la conversionde ce peuple à la croyance de Bouddha (dans le treizième siècle),un des dix khoutoukhtou réside au milieu des Mongols, au p1.024Kodren, dans le pays des Khalkha. Ces khoutoukhtou tiennent lepremier rang après le Dalaï-lama, qui est le chef de la religion etréside au Tibet, dans le temple du mont Boudala, près de H’lassa(Lassa), capitale du pays. Les Mongols adorent un seul Dieu. Ilsregardent les khoutoukhtou comme ses lieutenants, croient qu’ilsconnaissent le présent, le passé et l’avenir ; qu’ils ont le pouvoir deremettre les péchés ; qu’enfin, de même que le Dalaï-lama, ils nemeurent pas, mais que leur âme, en quittant son enveloppeterrestre, va habiter un autre corps. Le Dalaï-lama, en qualité dechef suprême de la religion, désigne les enfants dans le corpsdesquels la transmigration de l’âme a lieu, et ceux dans lesquelselle s’est déjà opérée. Actuellement la cour de Péking s’est réservécette prérogative.Le régénéré est ordinairement choisi dans une des premièresfamilles ; il reçoit une éducation conforme à sa dignité future.Lorsque l’âme d’un khoutoukhtou cesse d’animer son corps, leslama feignent de chercher le lieu où elle se manifeste de nouveau ;quand ils l’ont trouvé, comme les lama les plus anciens sontenvoyés pour constater la vérité de la découverte, ceux-ci prennent1 Je donnerai dans la suite de l’ouvrage la véritable signification de ces mots, quisont d’origine sanskrite. Kl.27

<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> Pékinexempt<strong>en</strong>t les fidèles des peines de <strong>la</strong> vie future, augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t lesbonnes qualités <strong>et</strong> rapproch<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> perfection divine 1 .Ce <strong>la</strong>ma se réjouissait beaucoup de <strong>la</strong> régénération dukhoutoukhtou, dont on att<strong>en</strong>dait incessamm<strong>en</strong>t l’arrivée <strong>à</strong> Kour<strong>en</strong>,pour r<strong>en</strong>dre <strong>la</strong> vie au clergé des Khalkha, qui était privé de chefdepuis plusieurs années.Khoutoukhtou <strong>en</strong> mongol (<strong>et</strong> goussée <strong>en</strong> tibétain) est le nom de<strong>la</strong> plus haute c<strong>la</strong>sse des prêtres de Bouddha. Celui de l’Ourga estappelé par les Mongols Ghegh<strong>en</strong> khoutoukhou. Depuis <strong>la</strong> conversionde ce peuple <strong>à</strong> <strong>la</strong> croyance de Bouddha (dans le treizième siècle),un des dix khoutoukhtou réside au milieu des Mongols, au p1.024Kodr<strong>en</strong>, dans le pays des Khalkha. Ces khoutoukhtou ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t lepremier rang après le Da<strong>la</strong>ï-<strong>la</strong>ma, qui est le chef de <strong>la</strong> religion <strong>et</strong>réside au Tib<strong>et</strong>, dans le temple du mont Bouda<strong>la</strong>, près de H’<strong>la</strong>ssa(Lassa), capitale du pays. Les Mongols ador<strong>en</strong>t un seul Dieu. Ilsregard<strong>en</strong>t les khoutoukhtou comme ses lieut<strong>en</strong>ants, croi<strong>en</strong>t qu’ilsconnaiss<strong>en</strong>t le prés<strong>en</strong>t, le passé <strong>et</strong> l’av<strong>en</strong>ir ; qu’ils ont le pouvoir derem<strong>et</strong>tre les péchés ; qu’<strong>en</strong>fin, de même que le Da<strong>la</strong>ï-<strong>la</strong>ma, ils nemeur<strong>en</strong>t pas, mais que leur âme, <strong>en</strong> quittant son <strong>en</strong>velopp<strong>et</strong>errestre, va habiter un autre corps. Le Da<strong>la</strong>ï-<strong>la</strong>ma, <strong>en</strong> qualité dechef suprême de <strong>la</strong> religion, désigne les <strong>en</strong>fants dans le corpsdesquels <strong>la</strong> transmigration de l’âme a lieu, <strong>et</strong> ceux dans lesquelselle s’est déj<strong>à</strong> opérée. Actuellem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> cour de <strong>Péking</strong> s’est réservéc<strong>et</strong>te prérogative.Le régénéré est ordinairem<strong>en</strong>t choisi dans une des premièresfamilles ; il reçoit une éducation conforme <strong>à</strong> sa dignité future.Lorsque l’âme d’un khoutoukhtou cesse d’animer son corps, les<strong>la</strong>ma feign<strong>en</strong>t de chercher le lieu où elle se manifeste de nouveau ;quand ils l’ont trouvé, comme les <strong>la</strong>ma les plus anci<strong>en</strong>s sont<strong>en</strong>voyés pour constater <strong>la</strong> vérité de <strong>la</strong> découverte, ceux-ci pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t1 Je donnerai dans <strong>la</strong> suite de l’ouvrage <strong>la</strong> véritable signification de ces mots, quisont d’origine sanskrite. Kl.27

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