Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

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Voyage à PékinLes Russes transportés d’Albazin à Péking, donnèrent auxmandchoux les premières notions de la langue russe. Ensuite, avecle consentement du gouvernement chinois, plusieurs membres de lamission russe furent chargés de cette fonction, pour laquelle ilsrecevaient des gratifications p1.379 considérables. Le gouvernementchinois a, en plusieurs occasions, témoigné le désir que les Russesséjournant à Péking contribuassent à instruire les Mandchoux.Néanmoins l’école spéciale est peu avancée. Il suffit, pour s’enconvaincre, de voir les traductions faites par les Mandchous, de leurlangue en russe ; on reconnaît dès les premières lignes, que lespremières règles de la grammaire n’y sont pas même observées.On nous raconta que Youngdoûng dordzi, vang de l’Ourga, àl’époque de l’ambassade russe en Chine, en 1805, avait demandédes traducteurs qui eussent fait leurs études à l’école de la languerusse à Péking. Il pensait qu’il trouverait en eux des interprèteshabiles et discrets, sans avoir besoin de recourir aux Russes. Lapremière entrevue avec ceux-ci lui fit voir qu’il s’était trompé. Lesinterprètes mandchoux avouèrent qu’ils ne comprenaient pas unseul mot de ce que les Russes disaient. Le vang les renvoya lelendemain à Péking.Je rencontrai chez le père Hyacinthe Chou ming, qui m’adressaun compliment en mots russes, mais mal appliqués. Je fiségalement la connaissance du lama Tou, trésorier d’un des temples,appelés Houang szu ; il m’invita à venir le voir dans sa solitude, sij’avais un moment de loisir. Ce lama me dit qu’un da-lama, ouprêtre de la première classe, arrivé dernièrement du p1.380 Tibetultérieur, avec le tribut du Bantchan Erdéni, chef des prêtres de cepays, logeait dans la même cour que lui.Le tribut de H’lassa, capital du Tibet antérieur, doit arriverl’année prochaine ; l’on y attend depuis cinq ans la régénérationd’un dalaï lama pour remplacer celui qui avait à cette époque quittéce monde. Il est évident que la politique du gouvernement chinoisvise à faire renaître le dalaï lama dans une famille distinguée de264

Voyage à Pékinl’intérieur de la Chine. Du reste, les Anglais, par droit de voisinage,peuvent aisément accélérer le renouvellement du chef des prêtresdu Tibet 1 .La principale épouse de l’empereur défunt 2 a pris aujourd’hui,en grande cérémonie, le titre d’impératrice douairière Houang thaiheou : ce qui signifie grande et auguste impératrice.p1.381Le conseil de l’empire vient de donner au souverain défuntle surnom de Joui houang ti, abrégé Joui ti, ce qui veut direempereur pénétrant. Ce surnom reste consigné dans les annales dupays, écrites sous les yeux des empereurs par des lettrés quiremplissent la fonction d’historiographes de l’empire.Les années du règne de chaque empereur sont désignéesd’après les différents titres honorifiques qu’on leur donne. C’estdans ce sens, et non comme noms propres, qu’il faut entendre lesdénominations de Khang hi, Young tching, Khia khing, Tao kouan.25 décembre. — Alexeï, vieillard de soixante ans, et deux deses pareils, sont les seuls des descendants des cosaques d’Albazin,qui sont venus aujourd’hui à l’église pour célébrer la fête de Noël.27 décembre. — A neuf heures du matin il s’éleva un violentorage ; des tourbillons de poussière obscurcirent l’air. Vers le soir, ilfit beau.28 décembre. — L’après-midi, Chou ming, le maître de langue,vint me voir : c’était un mandchou d’une famille distinguée ; son1 Je ne vois pas les moyens que les Anglais pourraient employer pour parvenir à cebut ; ceux de Calcutta, connaissent si peu le Tibet, qu’ils ont pu croire, et imprimerdans leurs journaux, que la langue tibétaine était l’idiome parlé depuis l’Himàlayajusqu’à la frontière de la Sibérie. Kl.2 Les empereurs de la Chine ont cinq femmes ; une seulement est regardéecomme la première et légitime épouse. Tous les sujets l’honorent comme mère del’empire, et l’appellent Houang heou, ce qui veut dire impératrice auguste. Ses filsjouissent de préférence du droit de succession au trône. Chacune des autresfemmes de l’empereur, a son titre particulier, de même que sa maison et sa cour ;la dernière n’est composée que d’eunuques et de filles. L’empereur a aussi ungrand nombre de concubines, choisies, tous les trois ans, parmi les plus belles265

<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> PékinLes Russes transportés d’Albazin <strong>à</strong> <strong>Péking</strong>, donnèr<strong>en</strong>t auxmandchoux les premières notions de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue russe. Ensuite, avecle cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t du gouvernem<strong>en</strong>t chinois, plusieurs membres de <strong>la</strong>mission russe fur<strong>en</strong>t chargés de c<strong>et</strong>te fonction, pour <strong>la</strong>quelle ilsrecevai<strong>en</strong>t des gratifications p1.379 considérables. Le gouvernem<strong>en</strong>tchinois a, <strong>en</strong> plusieurs occasions, témoigné le désir que les Russesséjournant <strong>à</strong> <strong>Péking</strong> contribuass<strong>en</strong>t <strong>à</strong> instruire les Mandchoux.Néanmoins l’école spéciale est peu avancée. Il suffit, pour s’<strong>en</strong>convaincre, de voir les traductions faites par les Mandchous, de leur<strong>la</strong>ngue <strong>en</strong> russe ; on reconnaît dès les premières lignes, que lespremières règles de <strong>la</strong> grammaire n’y sont pas même observées.On nous raconta que Youngdoûng dordzi, vang de l’Ourga, <strong>à</strong>l’époque de l’ambassade russe <strong>en</strong> <strong>Chine</strong>, <strong>en</strong> 1805, avait demandédes traducteurs qui euss<strong>en</strong>t fait leurs études <strong>à</strong> l’école de <strong>la</strong> <strong>la</strong>nguerusse <strong>à</strong> <strong>Péking</strong>. Il p<strong>en</strong>sait qu’il trouverait <strong>en</strong> eux des interprèteshabiles <strong>et</strong> discr<strong>et</strong>s, sans avoir besoin de recourir aux Russes. Lapremière <strong>en</strong>trevue avec ceux-ci lui fit voir qu’il s’était trompé. Lesinterprètes mandchoux avouèr<strong>en</strong>t qu’ils ne compr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t pas unseul mot de ce que les Russes disai<strong>en</strong>t. Le vang les r<strong>en</strong>voya lel<strong>en</strong>demain <strong>à</strong> <strong>Péking</strong>.Je r<strong>en</strong>contrai chez le père Hyacinthe Chou ming, qui m’adressaun complim<strong>en</strong>t <strong>en</strong> mots russes, mais mal appliqués. Je fiségalem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> connaissance du <strong>la</strong>ma Tou, trésorier d’un des temples,appelés Houang szu ; il m’invita <strong>à</strong> v<strong>en</strong>ir le voir dans sa solitude, sij’avais un mom<strong>en</strong>t de loisir. Ce <strong>la</strong>ma me dit qu’un da-<strong>la</strong>ma, ouprêtre de <strong>la</strong> première c<strong>la</strong>sse, arrivé dernièrem<strong>en</strong>t du p1.380 Tib<strong>et</strong>ultérieur, avec le tribut du Bantchan Erdéni, chef des prêtres de cepays, logeait dans <strong>la</strong> même cour que lui.Le tribut de H’<strong>la</strong>ssa, capital du Tib<strong>et</strong> antérieur, doit arriverl’année prochaine ; l’on y att<strong>en</strong>d depuis cinq ans <strong>la</strong> régénérationd’un da<strong>la</strong>ï <strong>la</strong>ma pour remp<strong>la</strong>cer celui qui avait <strong>à</strong> c<strong>et</strong>te époque quittéce monde. Il est évid<strong>en</strong>t que <strong>la</strong> politique du gouvernem<strong>en</strong>t chinoisvise <strong>à</strong> faire r<strong>en</strong>aître le da<strong>la</strong>ï <strong>la</strong>ma dans une famille distinguée de264

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