Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

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Voyage à Pékin2 septembre. — Pendant la nuit, le thermomètre de Réaumurmarqua trois degrés au-dessous de zéro. Dans les vallées entouréesde hautes montagnes l’air est toujours froid ; depuis Kiakhta, dontla position est assez haute, nous avions monté constamment 1 ,jusqu’au désert de Gobi ; nous nous en apercevions aurefroidissement toujours croissant de l’atmosphère. M. Struve 2 , quise trouvait, le 20 décembre 1805, dans la partie septentrionale dupays des Khalkha, nous apprend qu’étant à dix-neuf verstes deKiakhta, la position p1.020 très élevée de cette partie de la Mongolie,l’obligeait à prendre une grande quantité de thé chaud, et quenéanmoins sa santé n’en souffrait pas 3 .Le lendemain, le toussoulaktchi envoya son neveu chez moi etchez l’archimandrite s’informer de l’état de notre santé ; il continua,pendant tout le voyage, à nous donner cette marque de politesse.Nous nous séparâmes ici du commandant de Troitsko-savsk, desvingt Cosaques qui l’accompagnaient, et de deux mandarins chinoisde Kiakhta. Je donnai au premier de ceux-ci un petit miroir et unsabre, et au second un miroir et une peau de chèvre noire. Le sabrefut un présent très agréable ; les Mongols se servent habituellementde kortikis, ou grands coutelas, semblables à ceux que portent noschasseurs.Nos tentes de toile nous étaient entièrement inutiles ; le tissun’en était pas assez serré ; on ne pouvait y allumer du feu.1 D’après les observations des savants qui ont voyagé en Sibérie, le lac Baïkal estélevé de 1.715 pieds au-dessus de la mer, Selinghinsk de 1.779 pieds, et Kiakhtade 2.400 ; plus, par conséquent, que toutes les villes du Harz et des Alpes Suisses.Ritter’s Erdkunde, T. I, pag. 470, première édition.2 Dans l’original russe, on lit, au lieu du nom de M. Struve, celui du docteur H. Iln’y avait dans l’ambassade du comte Golowkin, que deux personnes employéespour la partie médicale, dont le nom commençât par un H ; toutes les deux sontdes personnes de bon sens, incapables d’avoir écrit le journal absurde imprimédans les Éphémérides de Weimar. Le véritable auteur de cet écrit pitoyable, qui necontient que des extraits du Dictionnaire géographique de la Russie farcis deremarques insensées, était feu M. Struve, attaché à l’ambassade commetraducteur latin. Ce pauvre homme, qui, de son vivant, était un peu timbré, apourtant eu l’esprit de mystifier les savants rédacteurs des Éphémérides deWeimar, avec son prétendu journal de voyage, dans lequel on trouve la descriptiond’une forteresse souterraine. Kl.3 Geographische Ephemeriden 1806, Tom. XXI, pag. 224.24

Voyage à PékinManquant de iourtes, si commodes pour ceux qui traversent lessteppes, privés du temps et des moyens de nous procurer de l’eauet le chauffage ou argal 1 , dont on fait usage dans le désert, nousfûmes quelquefois obligés, par suite de l’indolence p1.021 habituellede nos conducteurs chinois, de recourir à l’assistance des habitants,surtout pour procurer à nos bestiaux de bons pâturages. Je prouvainotre reconnaissance aux Mongols par de petits cadeaux.Le toussoulaktchi m’ayant proposé de hâter mon voyage, afind’arriver avant le 9 au passage de l’Irò, j’ordonnai de bonne heurele départ ; mais il ne put avoir lieu qu’a onze heures du matin, àcause de la difficulté d’atteler les chevaux des steppes qui ne sontpas habitués à traîner des voitures.Les Mongols admiraient l’adresse et le courage des Cosaques,qui menaient à la fois trois chevaux presque sauvages.A une verste et demie de distance, s’élevait une montagne. Letoussoulaktchi prit le devant et nous laissa son neveu. A gauches’étendait une plaine profonde dans laquelle nous aperçûmes desiourtes éparses et quelques bouleaux solitaires : nous ydescendîmes, par un chemin étroit, les rochers escarpés du montTsagan-oola (montagne Blanche), dont le pied était tapissé d’uneherbe haute et épaisse ; les rochers étaient couverts de bois,principalement de bouleaux, dont les feuilles jaunies annonçaientdéjà l’automne. La p1.022 chaleur de la journée forçait continuellementles chevaux et les chameaux à s’arrêter, ce qui retarda notre marchedans les montagnes.A peu près à moitié de notre chemin, entre l’Ibitsykh et l’Irò,nous rencontrâmes, sur le sommet de la montagne, deux Mongolsavec sept chameaux, qui revenaient de l’Ourga. Ils étaient allés1 Les Mongols donnent le nom d’argal à la fiente sèche du bétail, et s’en serventpour le chauffage, surtout dans les endroits dépourvus de bois. Ils préfèrent lafiente des bœufs à celle des chevaux, parce qu’elle brûle mieux et donne plus dechaleur. Ils ne se servent pas de celle des moutons ni des chameaux. Le bois deces régions est en général très humide ; il jette des étincelles très loin et cause ungrand dommage aux vêtements et aux effets.25

<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> PékinManquant de iourtes, si commodes pour ceux qui <strong>travers</strong><strong>en</strong>t lessteppes, privés du temps <strong>et</strong> des moy<strong>en</strong>s de nous procurer de l’eau<strong>et</strong> le chauffage ou argal 1 , dont on fait usage dans le désert, nousfûmes quelquefois obligés, par suite de l’indol<strong>en</strong>ce p1.021 habituellede nos conducteurs chinois, de recourir <strong>à</strong> l’assistance des habitants,surtout pour procurer <strong>à</strong> nos bestiaux de bons pâturages. Je prouvainotre reconnaissance aux Mongols par de p<strong>et</strong>its cadeaux.Le toussou<strong>la</strong>ktchi m’ayant proposé de hâter mon voyage, afind’arriver avant le 9 au passage de l’Irò, j’ordonnai de bonne heurele départ ; mais il ne put avoir lieu qu’a onze heures du matin, <strong>à</strong>cause de <strong>la</strong> difficulté d’atteler les chevaux des steppes qui ne sontpas habitués <strong>à</strong> traîner des voitures.Les Mongols admirai<strong>en</strong>t l’adresse <strong>et</strong> le courage des Cosaques,qui m<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t <strong>à</strong> <strong>la</strong> fois trois chevaux presque sauvages.A une verste <strong>et</strong> demie de distance, s’élevait une montagne. L<strong>et</strong>oussou<strong>la</strong>ktchi prit le devant <strong>et</strong> nous <strong>la</strong>issa son neveu. A gauches’ét<strong>en</strong>dait une p<strong>la</strong>ine profonde dans <strong>la</strong>quelle nous aperçûmes desiourtes éparses <strong>et</strong> quelques bouleaux solitaires : nous ydesc<strong>en</strong>dîmes, par un chemin étroit, les rochers escarpés du montTsagan-oo<strong>la</strong> (montagne B<strong>la</strong>nche), dont le pied était tapissé d’uneherbe haute <strong>et</strong> épaisse ; les rochers étai<strong>en</strong>t couverts de bois,principalem<strong>en</strong>t de bouleaux, dont les feuilles jaunies annonçai<strong>en</strong>tdéj<strong>à</strong> l’automne. La p1.022 chaleur de <strong>la</strong> journée forçait continuellem<strong>en</strong>tles chevaux <strong>et</strong> les chameaux <strong>à</strong> s’arrêter, ce qui r<strong>et</strong>arda notre marchedans les montagnes.A peu près <strong>à</strong> moitié de notre chemin, <strong>en</strong>tre l’Ibitsykh <strong>et</strong> l’Irò,nous r<strong>en</strong>contrâmes, sur le somm<strong>et</strong> de <strong>la</strong> montagne, deux Mongolsavec sept chameaux, qui rev<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t de l’Ourga. Ils étai<strong>en</strong>t allés1 Les Mongols donn<strong>en</strong>t le nom d’argal <strong>à</strong> <strong>la</strong> fi<strong>en</strong>te sèche du bétail, <strong>et</strong> s’<strong>en</strong> serv<strong>en</strong>tpour le chauffage, surtout dans les <strong>en</strong>droits dépourvus de bois. Ils préfèr<strong>en</strong>t <strong>la</strong>fi<strong>en</strong>te des bœufs <strong>à</strong> celle des chevaux, parce qu’elle brûle mieux <strong>et</strong> donne plus dechaleur. Ils ne se serv<strong>en</strong>t pas de celle des moutons ni des chameaux. Le bois deces régions est <strong>en</strong> général très humide ; il j<strong>et</strong>te des étincelles très loin <strong>et</strong> cause ungrand dommage aux vêtem<strong>en</strong>ts <strong>et</strong> aux eff<strong>et</strong>s.25

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