Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

Voyage à Pékinfuen par mois pour un lan ; de sorte qu’en trois ans il excède lecapital emprunté. Les intérêts exigés par les particuliers sont,comme nous venons de le dire, extrêmement onéreux ; il n’y aprobablement pas de pays où les officiers du gouvernement soientruinés d’une manière plus systématique qu’en Chine ; ils seraientbientôt réduits à la plus grande misère, s’ils n’avaient pas diversmoyens de réparer leurs pertes.Pendant notre absence, des membres de différents tribunaux dePéking étaient venus à la p1.335 maison de l’ambassade, examinerles travaux qui s’y faisaient, afin de pouvoir, lorsqu’ils seraientachevés, rédiger le rapport qu’ils devaient adresser à l’empereur. Legouvernement chinois avait destiné une somme de 2.200 lan pourle couvent qui devrait être entretenu aux frais de la Russie. Maisplus de la moitié de cette somme devenait, d’après l’usage de laChine, la proie des mandarins 1 . Le gouvernement avait été obligéd’y ajouter encore 500 lan. Néanmoins le travail marchait avecbeaucoup de lenteur et de négligence.Voici un exemple de la rapacité des mandarins. Il y a vingt-cinqans, une inondation avait renversé entièrement un village dans laprovince de Chan toung ; les habitants avaient eu à peine le tempsde se sauver. L’empereur Khian loung, passant par ces cantons,ordonna de faire compter à ces malheureux 200.000 roubles enargent. On dit que, sur cette somme, il resta 40.000 roubles entreles mains du trésorier de l’empire, 20.000 dans celles de sonadjoint, et finalement il ne parvint que 140.000 roubles entre lesmains des paysans ruinés. Un officier chinois ou mandchou qui avaitséjourné à Péking du temps de p1.336 l’ambassade de lordMacartney, nous assura que la même chose avait eu lieu pour les30.000 roubles qui, par ordre de l’empereur, devaient être payésjournellement pour l’entretien de cette légation. Elle avait coûté autrésor chinois, depuis le 6 d’août jusqu’au 19 décembre 1793, à peu1 La seule manière de remédier à cet abus serait d’introduire, en Chine, l’usage dusnouravaïa kniga, qui est le véritable talisman contre tous les tours de bâton.235