Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

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Voyage à Pékinnirou), que l’on aperçoit de Troitsko-savsk, et plus près à l’est, lemont Barsoutchi. Ce dernier fut nommé ainsi par un homme qui vintà notre rencontre : un habit rouge et un bonnet jaune montraientque c’était un ecclésiastique. En Mongolie et en Chine, tout ce quiporte la couleur jaune est regardé comme sacré ; homme qui en estrevêtu n’a pas besoin de défense ; il est respecté partout où il seprésente. Les couleurs rouge et jaune sont destinées, par la loi, àl’habillement des prêtres de la croyance de Bouddha. La tête raséeindique un lama. Les Mongols donnent ce nom aux prêtres de toutesles classes, tandis que les Kalmuks, qui sont de la même croyance,ne l’appliquent qu’à ceux de la première classe ; la dénominationgénérale des prêtres est khoubarak, ou khouvarak 1 . On dit que lenom de lama est tibétain, et signifie mère des âmes (mèrespirituelle), parce que les hommes qui se vouent à cet état doiventaimer toutes les âmes, aimer et protéger toute créature vivante,contribuer au bonheur de chacune par leurs prières et leursinstructions, avec la ferveur d’une mère qui s’occupe p1.017 du bienêtrede ses enfants. Ce devoir si important et si doux à remplir pourdes cœurs compatissants, ne cède malheureusement que tropsouvent à des intérêts mondains ; l’ambition et la cupidité prévalentpresque toujours, comme nous le verrons par la suite, sur lesobligations bienfaisantes imposées aux prêtres de Bouddha.Après avoir parcouru quatre verstes dans une forêt épaisse,nous entrâmes dans une grande vallée ornée de prairies, situéeentre des rochers à pic, et traversée par l’Ibitsykh, petite rivièrequi, dans son cours tortueux du sud-ouest au nord-est, reçoit leKhangaï, et se réunit à la rive gauche du Kiran qui se jette dans leTchikoï. Ces deux dernières rivières coulent le long des frontièresrusses, à l’est de Kiakhta. Le Khangaï tire son nom de la montagnedont il sort, qui sert de repaire à une grande quantité de bêtessauvages.1 Pallas Sammlungen historischer Nachrichten, über die mongolischen Voelkerschaften,1776 et 1801, tom. II, pag. 112. Bergmann nomadische Streifereien unter denKalmüken, 1804, tom. III, pag. 77.22

Voyage à PékinLe koudoui de notre nouvelle station, située sur la rive droite del’Ibitsykh, vint à notre rencontre et nous complimenta à la manièredes chevaliers des steppes : il sauta à bas de son cheval, fléchit legenou gauche devant moi, appuya son bras droit sur un de sesflancs et le soutint de la main gauche, en s’écriant : Amour ! c’està-direpaix, tranquillité. Ensuite il remonta à cheval et nousconduisit par un gué jusqu’aux iourtes, où la mission arriva àquatre heures du soir, p1.018 après avoir parcouru vingt-cinq verstesdepuis Ghilan-nor. Le bagage ne nous rejoignit que deux heuresplus tard ; pendant toute la journée le temps fut sec et chaud.Une grande quantité de curieux s’étaient rassemblés autour denotre station, pour nous voir, quoique les Russes dussent leur êtreassez connus, soit par le voisinage de Kiakhta, soit par le passagedes courriers russes allant à l’Ourga.Un lama, ayant remarqué qu’un de nos chameaux boitait, nousproposa de l’acheter cinq lan 1 en argent (environ quarante roublesou francs), tandis que le prix d’un chameau était de cent cinquanteroubles ; ce fut là la première épreuve que nous fîmes del’honnêteté des lama.La journée se termina par un souper assez gai que j’offris à nosconducteurs mongols, et qui fut honoré de la présence del’archimandrite.Après que mes convives se furent retirés dans leurs iourtes àcinquante pas de la mienne, je reçus la visite de plusieurs Mongols.Je leur fis distribuer du pain et de la viande, et ils se p1.019 retirèrenttrès contents en élevant leurs présents au-dessus du front en signede reconnaissance. Ils aiment beaucoup le pain.1 Le lan (liang) est un poids chinois contenant à peu près 8 3/4 solotniks, la valeurde deux roubles en argent. Dans tout l’empire chinois on ne se sert point demonnaie d’or ou d’argent : on n’a que des pièces en cuivre jaune appelées tsian, eten mongol tchos, dont les habitants de la Sibérie ont fait tchokh et tchekk ; ellesvalent moins qu’un copèque. Il circule des espèces de billets qui ont cours parmiles particuliers.23

<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> Pékinnirou), que l’on aperçoit de Troitsko-savsk, <strong>et</strong> plus près <strong>à</strong> l’est, lemont Barsoutchi. Ce dernier fut nommé ainsi par un homme qui vint<strong>à</strong> notre r<strong>en</strong>contre : un habit rouge <strong>et</strong> un bonn<strong>et</strong> jaune montrai<strong>en</strong>tque c’était un ecclésiastique. En <strong>Mongolie</strong> <strong>et</strong> <strong>en</strong> <strong>Chine</strong>, tout ce quiporte <strong>la</strong> couleur jaune est regardé comme sacré ; homme qui <strong>en</strong> estrevêtu n’a pas besoin de déf<strong>en</strong>se ; il est respecté partout où il seprés<strong>en</strong>te. Les couleurs rouge <strong>et</strong> jaune sont destinées, par <strong>la</strong> loi, <strong>à</strong>l’habillem<strong>en</strong>t des prêtres de <strong>la</strong> croyance de Bouddha. La tête raséeindique un <strong>la</strong>ma. Les Mongols donn<strong>en</strong>t ce nom aux prêtres de toutesles c<strong>la</strong>sses, tandis que les Kalmuks, qui sont de <strong>la</strong> même croyance,ne l’appliqu<strong>en</strong>t qu’<strong>à</strong> ceux de <strong>la</strong> première c<strong>la</strong>sse ; <strong>la</strong> dénominationgénérale des prêtres est khoubarak, ou khouvarak 1 . On dit que l<strong>en</strong>om de <strong>la</strong>ma est tibétain, <strong>et</strong> signifie mère des âmes (mèrespirituelle), parce que les hommes qui se vou<strong>en</strong>t <strong>à</strong> c<strong>et</strong> état doiv<strong>en</strong>taimer toutes les âmes, aimer <strong>et</strong> protéger toute créature vivante,contribuer au bonheur de chacune par leurs prières <strong>et</strong> leursinstructions, avec <strong>la</strong> ferveur d’une mère qui s’occupe p1.017 du bi<strong>en</strong>êtrede ses <strong>en</strong>fants. Ce devoir si important <strong>et</strong> si doux <strong>à</strong> remplir pourdes cœurs compatissants, ne cède malheureusem<strong>en</strong>t que tropsouv<strong>en</strong>t <strong>à</strong> des intérêts mondains ; l’ambition <strong>et</strong> <strong>la</strong> cupidité préval<strong>en</strong>tpresque toujours, comme nous le verrons par <strong>la</strong> suite, sur lesobligations bi<strong>en</strong>faisantes imposées aux prêtres de Bouddha.Après avoir parcouru quatre verstes dans une forêt épaisse,nous <strong>en</strong>trâmes dans une grande vallée ornée de prairies, située<strong>en</strong>tre des rochers <strong>à</strong> pic, <strong>et</strong> <strong>travers</strong>ée par l’Ibitsykh, p<strong>et</strong>ite rivièrequi, dans son cours tortueux du sud-ouest au nord-est, reçoit leKhangaï, <strong>et</strong> se réunit <strong>à</strong> <strong>la</strong> rive gauche du Kiran qui se j<strong>et</strong>te dans leTchikoï. Ces deux dernières rivières coul<strong>en</strong>t le long des frontièresrusses, <strong>à</strong> l’est de Kiakhta. Le Khangaï tire son nom de <strong>la</strong> montagnedont il sort, qui sert de repaire <strong>à</strong> une grande quantité de bêtessauvages.1 Pal<strong>la</strong>s Sammlung<strong>en</strong> historischer Nachricht<strong>en</strong>, über die mongolisch<strong>en</strong> Voelkerschaft<strong>en</strong>,1776 <strong>et</strong> 1801, tom. II, pag. 112. Bergmann nomadische Streiferei<strong>en</strong> unter d<strong>en</strong>Kalmük<strong>en</strong>, 1804, tom. III, pag. 77.22

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