Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

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Voyage à Pékinils se couvrent, malgré la chaleur, de huit sortes devêtements. Ils estiment beaucoup la porcelaine de laChine, le thé, les cotonnades rayées, les draps d’or oud’argent, la peluche et autres étoffes semblables ; ils fontpeu de cas du taffetas. Ils n’ont ni lois, ni ordonnances, etrespectent fort peu leurs chefs, qui portent le nom de Bi.Les criminels sont jugés en assemblées générales ; lessimples délits sont punis par la perte du bétail ; les crimespar la mort. Dans ce dernier cas, les biens du condamnésont partagés entre les membres de la troupe ; le chef n’ya aucune part. En temps de guerre, ce dernier tientconseil avec la nation. Personne n’est forcé de marchercontre l’ennemi. Ils paient annuellement à la Chine, enp1.218tribut, un cheval et une vache sur cent, et unmouton sur mille. Pour lever ce tribut, l’officier mandchou,gouverneur-général d’Ili, leur envoie des délégués. Leschefs et les anciens rencontrèrent d’abord de grandesdifficultés à obtenir d’eux ce tribut. Les Khassàk disaient :— Le ciel nous donne l’herbe et l’eau, nos animaux sontaussi un de ses dons, nous les nourrissons et nous nousnourrissons nous-mêmes ; pourquoi donc en donner auxautres ?Leurs chefs firent leur possible pour les persuader ; enfin,ils les contraignirent par la force. Plus tard, pourtant, lesKhassàk, appréhendant les suites fâcheuses de leur refus,apportèrent leur tribut eux-mêmes et sans délai. Il y adeux hordes de Khassàk. La première, celle dont nousvenons de parler (la grande horde kirghiz), voisine d’Ili etde Tarbagataï, est sous la domination chinoise, et fait, surla frontière, des échanges considérables de bétail, contredes étoffes de soie. La deuxième, qui confine avec celle-ciau nord (la horde moyenne), est indépendante, etbeaucoup plus nombreuse.156

Voyage à PékinLes Kirghiz-Boùrout sont des nomades, habitant lesparties occidentales du Turkestân oriental. Leur vastepays est situé entre Andzian et Kachkhar. Ils appellentégalement leur prince bi. Plusieurs de ces bi gouvernentde dix à vingt, d’autres de vingt à trente oulous, oucamps ; ils traitent leurs sujets en esclaves. p1.219Kirghiz est le nom générique de toutes ces peuplades ; ellesse divisent en plusieurs hordes, dont chacune à son bi.Les Kirghiz se rasent la tête, et s’abstiennent de mangerdu cochon. Leurs robes ont des manches étroites ; leursbonnets sont carrés et aplatis en haut. La parure desfemmes consiste en plumes de faisan. Leur langage etleurs costumes ressemblent à ceux des habitants duTurkestan oriental, à une très petite différence près. Leursdemeures, leur nourriture, leur boisson, sont les mêmesque chez les Euleut ou Dzoungar. Il faut ajouterseulement, aux objets de luxe, les soieries, la toile, letabac et l’eau-de-vie. Ils sont pauvres, mais courageux,légers, intéressés, adonnés au pillage et vaillants à laguerre. Les Khassàk et les Bolor les craignent. LesDzoungar, même dans le temps de leur gloire et de leurpuissance, ne purent jamais parvenir à les subjuguer. LesKirghiz pillaient le Turkestân oriental, et les caravanes dela grande Boukharie et celles des autres pays, qui allaientdans le Turkestân avec leurs marchandises. Depuis que laChine s’est emparée des pays occidentaux, les Kirghiz ontcessé leurs brigandages. Les bi envoient chaque annéedes députés au général mandchou, qui demeure à Ouchi,pour solliciter la permission de fournir la cour de chevaux.En 1758, lorsque l’empereur Khian loung faisait la guerrep1.220au Khodjom, un de ces bi, habitant près deKachkhar, et redoutant la puissance de l’empereur,marcha en personne, avec dix-neuf de ses sultans, contre157

<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> Pékinils se couvr<strong>en</strong>t, malgré <strong>la</strong> chaleur, de huit sortes devêtem<strong>en</strong>ts. Ils estim<strong>en</strong>t beaucoup <strong>la</strong> porce<strong>la</strong>ine de <strong>la</strong><strong>Chine</strong>, le thé, les cotonnades rayées, les draps d’or oud’arg<strong>en</strong>t, <strong>la</strong> peluche <strong>et</strong> autres étoffes semb<strong>la</strong>bles ; ils fontpeu de cas du taff<strong>et</strong>as. Ils n’ont ni lois, ni ordonnances, <strong>et</strong>respect<strong>en</strong>t fort peu leurs chefs, qui port<strong>en</strong>t le nom de Bi.Les criminels sont jugés <strong>en</strong> assemblées générales ; lessimples délits sont punis par <strong>la</strong> perte du bétail ; les crimespar <strong>la</strong> mort. Dans ce dernier cas, les bi<strong>en</strong>s du condamnésont partagés <strong>en</strong>tre les membres de <strong>la</strong> troupe ; le chef n’ya aucune part. En temps de guerre, ce dernier ti<strong>en</strong>tconseil avec <strong>la</strong> nation. Personne n’est forcé de marchercontre l’<strong>en</strong>nemi. Ils pai<strong>en</strong>t annuellem<strong>en</strong>t <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>, <strong>en</strong>p1.218tribut, un cheval <strong>et</strong> une vache sur c<strong>en</strong>t, <strong>et</strong> unmouton sur mille. Pour lever ce tribut, l’officier mandchou,gouverneur-général d’Ili, leur <strong>en</strong>voie des délégués. Leschefs <strong>et</strong> les anci<strong>en</strong>s r<strong>en</strong>contrèr<strong>en</strong>t d’abord de grandesdifficultés <strong>à</strong> obt<strong>en</strong>ir d’eux ce tribut. Les Khass<strong>à</strong>k disai<strong>en</strong>t :— Le ciel nous donne l’herbe <strong>et</strong> l’eau, nos animaux sontaussi un de ses dons, nous les nourrissons <strong>et</strong> nous nousnourrissons nous-mêmes ; pourquoi donc <strong>en</strong> donner auxautres ?Leurs chefs fir<strong>en</strong>t leur possible pour les persuader ; <strong>en</strong>fin,ils les contraignir<strong>en</strong>t par <strong>la</strong> force. Plus tard, pourtant, lesKhass<strong>à</strong>k, appréh<strong>en</strong>dant les suites fâcheuses de leur refus,apportèr<strong>en</strong>t leur tribut eux-mêmes <strong>et</strong> sans dé<strong>la</strong>i. Il y adeux hordes de Khass<strong>à</strong>k. La première, celle dont nousv<strong>en</strong>ons de parler (<strong>la</strong> grande horde kirghiz), voisine d’Ili <strong>et</strong>de Tarbagataï, est sous <strong>la</strong> domination chinoise, <strong>et</strong> fait, sur<strong>la</strong> frontière, des échanges considérables de bétail, contredes étoffes de soie. La deuxième, qui confine avec celle-ciau nord (<strong>la</strong> horde moy<strong>en</strong>ne), est indép<strong>en</strong>dante, <strong>et</strong>beaucoup plus nombreuse.156

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