Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

Voyage à PékinJe crois devoir citer, à cette occasion, la relation d’un officierchinois qui séjourna parmi ce peuple 1 .« Les Khassàk 2 , dit-il, occupent un grand pays, au nordouestde la ville d’Ili. Dans la vingt-unième année durègne de l’empereur Khian loung (1756), une arméechinoise entra sur leur territoire. Leur khan Abdoulla 3(Ablaï) vint à sa rencontre, et se soumit. L’empereur luiaccorda le rang de prince, et lui fit remettre l’almanachchinois 4 . Depuis ce temps, les Khassàk font partie del’empire. Il n’y a chez eux ni villes, ni maisons, ouhabitations fixes ; ils ne cultivent pas la terre. Des iourtesde feutre tiennent lieu de maisons. Ces hommes sontnomades, et se contentent d’élever du bétail. Leur paysest coupé de vallées et de montagnes peu élevées qui leuroffrent d’excellents pâturages. Il est d’une assez grandeétendue. Ils sont nombreux et riches en p1.217 bétail.Quelques-uns possèdent jusqu’à dix mille vaches etchevaux ; quant aux moutons, ils n’en connaissent pas lenombre. Ils sont robustes, leurs mœurs sont grossières etsauvages. L’usage veut que la femme passe d’un frère àl’autre. A seize ans, les jeunes gens reçoivent unecertaine quantité de bétail, et doivent pourvoir euxmêmesà leur existence. Les jours de fêtes, ils mangent laviande des chameaux, des bœufs, des chevaux et desmoutons. Le koumys leur tient lieu d’eau-de-vie. Ils seservent habituellement de vaisselle de bois ; les riches enont de cuivre et d’étain. Ils mettent un luxe extraordinairedans leurs habits, tellement qu’en été, aux jours de fêtes,1 Extrait du Si yu wen kian lou.2 Khassàk est le nom que les Chinois donnent aux Kirghiz.3 Dans l’original chinois, ce mot est bien écrit Ablaï, mais le traducteur russe avoulu le corriger en mettant Abdoulla. En général, toutes les traductions duchinois, données dans cet ouvrage, sont incorrectes. Kl.4 En recevant l’almanach de Péking, un prince étranger se déclare vassal del’empire.155