Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

chineancienne.fr
from chineancienne.fr More from this publisher
13.07.2015 Views

Voyage à PékinIl fut toujours notre défenseur auprès des guides chinois. Nous luidonnâmes une archine et demie de drap rouge pour un tsouboù(manteau), et trois archines de casimir de couleur cannelle pour unkhantadza (camisole mandchoue, sans manches). J’y ajoutai, commeun souvenir particulier, mon verre ardent et un gobelet. M.Razghildeïev l’aîné, qui l’avait connu auparavant, lui fit don d’unecuiller d’argent, d’une tasse en porcelaine et de deux peaux derenards. Idam refusa longtemps ces présents, qui lui semblaient leprix des services qu’il nous avait rendus. J’avoue que je n’ai plusrencontré, pendant mon voyage, de tels sentiments de délicatesseparmi les Chinois, et encore moins parmi les Mandchous. Son neveuet son domestique reçurent également des cadeaux.20 octobre. — Idam nous fit ses adieux. Je lui confiai les piècesofficielles que j’adressais au commissaire de la frontière, à Kiakhta.p1.209Notre caravane se reposa. Vers midi, il s’éleva de l’ouest,un vent impétueux, qui dura jusqu’à la nuit ; il remplit tout l’air desable, et manqua de renverser nos iourtes. Heureusement il nefaisait pas froid.21 octobre. — Le matin, le thermomètre était à huit degrés audessousde zéro ; le vent soufflait avec force du nord-ouest. Nouseûmes de la peine à charger nos chameaux.La station prochaine, Ouboùr oùdè (porte méridionale), lapremière sur le territoire des Sounit était éloignée de trente-cinqverstes.Avant notre départ, le bitkhéchi me pria de défendre à mes gensde tirer sur les corbeaux, ainsi qu’ils l’avaient fait l’avant-veille, ànotre arrivée à Erghî, prétendant que l’ouragan d’hier était la suite decet assassinat. Pour rassurer ce vieillard, on lui promit de ne plus tuerde corbeaux, quoiqu’ils fussent fort incommodes pour les chameaux,car lorsqu’ils apercevaient, de loin, du sang qui sortait des blessurescausées à ces animaux par le frottement des fardeaux, ils s’abattaient150

Voyage à Pékinaussitôt sur leur dos. Le vent continuait à souffler si fort, que nous nepouvions nous tenir à cheval. Je ne comprends rien à la remarque deRuysbroëck, en décembre 1253, quand il se trouvait à Kharakhoroum,à la cour de Mongo, grand khan des Mongol ; il pensa qu’ilserait impossible de vivre dans ces p1.210 contrées, si, pendant l’hiver,le vent y était aussi violent qu’en Europe, ou qu’en Hollandeseulement. Il dit qu’en Mongolie, le temps est doux jusqu’au moisd’avril ; alors les vents commencent à souffler 1 .Nous parcourûmes treize verstes en partant d’Erghî, sur unchemin uni et rarement coupé de collines sablonneuses. Sans lesfortes pluies de l’été précédent, tous ces lieux auraient été couvertsde sable ; nous trouvâmes au contraire de l’herbe partout. A septverstes d’Ouboùr Oùdè, nous rencontrâmes un lama qui venait dumont Mandal, avec huit chameaux chargés de peaux de moutonsnon tannées, qu’il allait échanger, contre d’autres marchandises, àDolon-nôor 2 , ville située à l’est de Khalgan. A trois verstes plusloin, nous p1.211 passâmes le petit ruisseau de Tchiptchi ; enapprochant du mont Argali, nous vîmes sur les hauteurs une troupede gazelles (djaïran) ; nous regrettâmes bien de n’avoir pas delévriers avec nous. Au reste, ces chiens auraient causé beaucoupd’étonnement à Péking, où l’on n’en voit que très rarement.Nous passâmes ensuite par une plaine sablonneuse, aprèslaquelle nous commençâmes à monter l’Argali. Ensuite, après avoirparcouru six verstes, dans un ravin profond, nous vîmes un grandharas de chevaux auprès d’un puits, et dans le voisinage une iourte1 Rubriquis ou Ruysbroëck, était venu à Karakorum, ville située sur l’Orkhonsupérieur, en traversant la Dzoungarie. Il a donc fait sa remarque avant d’entrerdans le pays que nous appelons actuellement Mongolie, et qui renferme la partieorientale du désert de Gobi. Ainsi on ne peut lui faire le reproche d’être inexact ;car il parle d’une contrée plus septentrionale et entièrement différente. Kl.2 Cette ville paraît être celle que nos cartes appellent Tchao naiman soumé khotò ;elle est située, d’après les observations des jésuites, 0° 11’ 50’’ long. O. de Péking,et 42° 25’ lat. N. sur le bord septentrional du Chang tou, près du confluent duNaratou boulak. Elle n’est éloignée du lac Dolon-nôor que de quatre à cinq lieues.Comme il y a plusieurs temples célèbres dans le voisinage de ce dernier, il estpossible qu’on y ait aussi établi une ville. Dans tous les cas, elle est, non pas àl’est, mais au nord-nord-est de Khalgan. Kl.151

<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> PékinIl fut toujours notre déf<strong>en</strong>seur auprès des guides chinois. Nous luidonnâmes une archine <strong>et</strong> demie de drap rouge pour un tsouboù(manteau), <strong>et</strong> trois archines de casimir de couleur cannelle pour unkhantadza (camisole mandchoue, sans manches). J’y ajoutai, commeun souv<strong>en</strong>ir particulier, mon verre ard<strong>en</strong>t <strong>et</strong> un gobel<strong>et</strong>. M.Razghildeïev l’aîné, qui l’avait connu auparavant, lui fit don d’unecuiller d’arg<strong>en</strong>t, d’une tasse <strong>en</strong> porce<strong>la</strong>ine <strong>et</strong> de deux peaux der<strong>en</strong>ards. Idam refusa longtemps ces prés<strong>en</strong>ts, qui lui semb<strong>la</strong>i<strong>en</strong>t leprix des services qu’il nous avait r<strong>en</strong>dus. J’avoue que je n’ai plusr<strong>en</strong>contré, p<strong>en</strong>dant mon voyage, de tels s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts de délicatesseparmi les Chinois, <strong>et</strong> <strong>en</strong>core moins parmi les Mandchous. Son neveu<strong>et</strong> son domestique reçur<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t des cadeaux.20 octobre. — Idam nous fit ses adieux. Je lui confiai les piècesofficielles que j’adressais au commissaire de <strong>la</strong> frontière, <strong>à</strong> Kiakhta.p1.209Notre caravane se reposa. Vers midi, il s’éleva de l’ouest,un v<strong>en</strong>t impétueux, qui dura jusqu’<strong>à</strong> <strong>la</strong> nuit ; il remplit tout l’air desable, <strong>et</strong> manqua de r<strong>en</strong>verser nos iourtes. Heureusem<strong>en</strong>t il nefaisait pas froid.21 octobre. — Le matin, le thermomètre était <strong>à</strong> huit degrés audessousde zéro ; le v<strong>en</strong>t souff<strong>la</strong>it avec force du nord-ouest. Nouseûmes de <strong>la</strong> peine <strong>à</strong> charger nos chameaux.La station prochaine, Ouboùr oùdè (porte méridionale), <strong>la</strong>première sur le territoire des Sounit était éloignée de tr<strong>en</strong>te-cinqverstes.Avant notre départ, le bitkhéchi me pria de déf<strong>en</strong>dre <strong>à</strong> mes g<strong>en</strong>sde tirer sur les corbeaux, ainsi qu’ils l’avai<strong>en</strong>t fait l’avant-veille, <strong>à</strong>notre arrivée <strong>à</strong> Erghî, prét<strong>en</strong>dant que l’ouragan d’hier était <strong>la</strong> suite dec<strong>et</strong> assassinat. Pour rassurer ce vieil<strong>la</strong>rd, on lui promit de ne plus tuerde corbeaux, quoiqu’ils fuss<strong>en</strong>t fort incommodes pour les chameaux,car lorsqu’ils apercevai<strong>en</strong>t, de loin, du sang qui sortait des blessurescausées <strong>à</strong> ces animaux par le frottem<strong>en</strong>t des fardeaux, ils s’abattai<strong>en</strong>t150

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!