Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

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Voyage à PékinAyant traversé une cour pavée en briques, nous entrâmes dansle temple principal, où les lama font leurs prières. En hiver, ils n’yviennent pas à cause du froid. Des drapeaux, des tambours et deskhadaks sont suspendus à des colonnes en bois ; les murs sontdécorés d’étoffes en soie avec des dessins représentant les saintsles plus révérés. Vis-à-vis de la porte, près du mur du nord, onvoyait de grandes idoles en cuivre ; les places réservées auxpremiers lama, sont des espèces de fauteuils avec des coussinsrecouverts en satin jaune. Des tapis en feutre sont étalés sur le solpour les prêtres inférieurs.Tout est fort propre et en bon état ; à quelque distance de cetemple, est un autre petit bâtiment ; au fond, contre le murseptentrional, s’élève l’idole dorée de Bouddha.Ce temple est orné, comme le premier, d’une grande quantité dekhadaks. Une grande table, avec des plats remplis de beurre et demillet ou chiré, est devant l’idole. Elle est destinée aux principalescérémonies du service. Les prêtres mongols, hindous et chinois,supposent que le p1.200 sang des créatures vivantes ne plaît pas auxdieux, parce qu’ils ont horreur de la destruction. Ces tablesremplacent donc les autels sanglants des peuples occidentaux qui lessouillent même assez souvent par des sacrifices humains : barbariequi prouve la férocité de leurs prêtres. Nous vîmes sur la tableplusieurs tasses de cuivre doré avec de l’eau gelée et du thé, un platde millet, et, près de la table, un éventail fait d’une queue de paon.Dans le troisième bâtiment, qui était au fond de la cour, onconserve, dans des armoires en bois, le Gandjoùr, ouvrage quirenferme la loi de Bouddha ; il est composé de cent huit volumes ;cinquante-quatre sont rangés du côté droit du temple, et cinquantequatredu côté gauche. Chaque volume contient environ millepages. Près des idoles en cuivre se trouve le Iom, livre composé deseize volumes. Ces deux ouvrages sont écrits en tibétain, etenveloppés dans des couvertures très riches.Un petit édifice est près de ce dernier ; il était vide.144

Voyage à PékinCes temples ont été érigés par les ancêtres du toussoulakhtchiDemit, qui habitèrent longtemps ces lieux. Le grand-prêtre est lejeune khoubilgan, qui réside à l’Ourga pour son éducation.A cinq heures du soir, nous eûmes la visite de Demit ; il étaitrichement vêtu ; son frère le lama, p1.201 le jeune Demit, son filscadet âgé de six ans, et une suite nombreuse l’accompagnaient. Ilportait sur son bonnet d’hiver, bordé en castor, une double plumede paon de cinq verchoks de long, avec un seul œil, marque dedistinction qu’il avait reçue de l’empereur défunt. Je voulus leremercier de sa complaisance à nous fournir de bons chameaux,mais il ne cessait de me répéter : Tymè morî nadà khamà oughé,c’est-à-dire : Je n’ai rien à faire avec les chameaux et les chevaux ;cela regarde mon fils et mon frère, il termineront tout. Il m’assuraqu’il m’aimait comme un fils, comme un ami. Il flairait de temps entemps la tête de son fils cadet : cette marque de tendressepaternelle remplace les baisers, chez les Mongols. Il était fier de saplume de paon, etc. Sa visite dura près d’une heure.17 octobre. — La nuit fut chaude ; l’argal qui brûlait dans notreiourte, y avait causé une épaisse fumée, qui nous éveilla vers deuxheures du matin, et faillit nous étouffer, car notre iourte étaitparfaitement close pour nous garantir du froid. Un autreinconvénient nous empêcha de dormir : parmi les chameaux reçusen échange, il y avait une femelle qu’on avait séparée de son petit.Cette pauvre bête faisait entendre continuellement des crisplaintifs. Sa douleur dura encore cinq jours. J’ai vu de grosseslarmes couler de ses yeux.p1.202On fit halte à la station de Dourbàn Deritoù (quatrecoussins). (20 verstes. )La route est en partie unie et en partie coupée de montées assezroides. Le sol était, en plusieurs endroits, couvert de petits caillouxaigus qui incommodaient beaucoup nos chevaux et nos chameaux.Nous vîmes plus de cent de ces animaux, beaucoup de chevaux et145

<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> PékinCes temples ont été érigés par les ancêtres du toussou<strong>la</strong>khtchiDemit, qui habitèr<strong>en</strong>t longtemps ces lieux. Le grand-prêtre est lejeune khoubilgan, qui réside <strong>à</strong> l’Ourga pour son éducation.A cinq heures du soir, nous eûmes <strong>la</strong> visite de Demit ; il étaitrichem<strong>en</strong>t vêtu ; son frère le <strong>la</strong>ma, p1.201 le jeune Demit, son filscad<strong>et</strong> âgé de six ans, <strong>et</strong> une suite nombreuse l’accompagnai<strong>en</strong>t. Ilportait sur son bonn<strong>et</strong> d’hiver, bordé <strong>en</strong> castor, une double plumede paon de cinq verchoks de long, avec un seul œil, marque dedistinction qu’il avait reçue de l’empereur défunt. Je voulus leremercier de sa comp<strong>la</strong>isance <strong>à</strong> nous fournir de bons chameaux,mais il ne cessait de me répéter : Tymè morî nad<strong>à</strong> kham<strong>à</strong> oughé,c’est-<strong>à</strong>-dire : Je n’ai ri<strong>en</strong> <strong>à</strong> faire avec les chameaux <strong>et</strong> les chevaux ;ce<strong>la</strong> regarde mon fils <strong>et</strong> mon frère, il termineront tout. Il m’assuraqu’il m’aimait comme un fils, comme un ami. Il f<strong>la</strong>irait de temps <strong>en</strong>temps <strong>la</strong> tête de son fils cad<strong>et</strong> : c<strong>et</strong>te marque de t<strong>en</strong>dressepaternelle remp<strong>la</strong>ce les baisers, chez les Mongols. Il était fier de saplume de paon, <strong>et</strong>c. Sa visite dura près d’une heure.17 octobre. — La nuit fut chaude ; l’argal qui brû<strong>la</strong>it dans notreiourte, y avait causé une épaisse fumée, qui nous éveil<strong>la</strong> vers deuxheures du matin, <strong>et</strong> faillit nous étouffer, car notre iourte étaitparfaitem<strong>en</strong>t close pour nous garantir du froid. Un autreinconvéni<strong>en</strong>t nous empêcha de dormir : parmi les chameaux reçus<strong>en</strong> échange, il y avait une femelle qu’on avait séparée de son p<strong>et</strong>it.C<strong>et</strong>te pauvre bête faisait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre continuellem<strong>en</strong>t des crisp<strong>la</strong>intifs. Sa douleur dura <strong>en</strong>core cinq jours. J’ai vu de grosses<strong>la</strong>rmes couler de ses yeux.p1.202On fit halte <strong>à</strong> <strong>la</strong> station de Dourb<strong>à</strong>n Deritoù (quatrecoussins). (20 verstes. )La route est <strong>en</strong> partie unie <strong>et</strong> <strong>en</strong> partie coupée de montées assezroides. Le sol était, <strong>en</strong> plusieurs <strong>en</strong>droits, couvert de p<strong>et</strong>its caillouxaigus qui incommodai<strong>en</strong>t beaucoup nos chevaux <strong>et</strong> nos chameaux.Nous vîmes plus de c<strong>en</strong>t de ces animaux, beaucoup de chevaux <strong>et</strong>145

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