Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne

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Voyage à Pékinles Chinois on obtient plus facilement ce que l’on désire avec dusang-froid, et en prenant un ton ferme et résolu, que par lacondescendance et trop d’empressement. En Chine, les gens de laclasse inférieure sont extrêmement fiers et hautains envers lesétrangers ; mais aussitôt qu’on leur oppose une volonté ferme, ilscèdent, et même deviennent complaisants.Le toussoulakhtchi vint nous dire qu’il nous quitterait dans dixjours, quand nous serions parvenus aux limites du pays desKhalkha. Il n’avait pas l’espoir de retourner bientôt à l’Ourga nichez lui, parce qu’il était obligé, d’après l’ancien usage, de fairel’inspection de la frontière mongole qui confine avec la Russie.Quatre toussoulakhtchi sont employés à cette besogne, qui serépète tous les ans. Idam nous offrit de se charger de nos lettrespour la Russie, en nous priant de ne pas parler de politique, parexemple de la mort de l’empereur, etc.Notre station était à quelques pas seulement du mont Chibétou(forteresse). Les deux branches de cette montagne sont composéesde silex pyromaques. On y trouve deux puits, dont l’eau est claireet douce. De l’autre côté de la montagne s’élèvent deux rochers degranit, semblables aux ruines d’une muraille. La partie méridionaledu bras le plus long qui se dirige à l’est, est p1.179 couverte enplusieurs endroits de quartz blanc et de spath couleur cerise.Le djanghiu, homme très obligeant, qui nous accompagnaitdepuis Boumbatou et Boro-khoudjir, stations situées dans leKhochoun du dzassak Djonòn, étant venu me voir, me conta de cesfables qui circulent parmi le peuple. Il m’assura qu’on trouve encoreactuellement sur le mont Darkhàn, l’enclume de Tchinghiz-khan ;elle est faite d’un métal particulier, appelé boùryn, qui a lespropriétés du fer et du cuivre, c’est-à-dire qu’il est à la fois dur etflexible. Il ajouta qu’à l’est du mont Tòno (dont j’ai déjà parlé), surles bords du Kheroulun, il y a un tòno, ou tuyau de cheminée, quiest celle de la iourte où demeurait Tchinghiz pendant sa jeunesse.C’est en mémoire de ce héros que Djonòn envoie chaque année ses130

Voyage à Pékinoffrandes sur le mont Tòno. Le koung (comte) Akhaï, dans lespossessions duquel sont situées les stations de Chibétou et deCharà-choròtou, lui offre les siens sur le mont Darkhàn.Le 7 octobre, à huit heures du matin, Idam vint chez moi avecun bonnet garni de zibeline et orné d’un bouton. Le deuil pris àl’occasion de la mort de l’empereur, était fini. Toutes les personnesqui en avaient le droit mirent un bouton à leur bonnet, suivant leurrang. Le deuil des Mandchous et des Chinois dure cent jours, ainsique je l’ai dit plus haut.A quatre heures après midi, nous vîmes passer devant nous unamban qui revenait de Péking. Il allait chez les Ouriankhaïoccidentaux, où il commandait sept kochoun. Il voyageait dans unbeau chariot chinois tiré par un chameau ; sa suite nombreuse étaitmontée sur des chameaux. Trois Mongols de sa suite eurent lacuriosité de visiter notre camp. Il nous dirent que l’amban avait étémandé de son campement, situé au pied de l’Altaï, pour assister àla chasse de l’empereur (Mouràn-où abà 1 en mongol). Mais, parordre suprême, la chasse n’avait pas eu lieu cet été. Les Mongols nevoulurent pas nous en dire la raison ; nous savions déjà que la mortde Kia khing avait fait cesser, pour quelque temps, tous lesdivertissements des seigneurs chinois. L’amban allait à l’Ourga,pour recevoir la bénédiction du khoutoukhtou.Les Ouriankhaï forment une branche de la nation mongole 2 ;ces nomades habitent au p1.181 nord-ouest du Khalkha, et au sud del’Altaï. Une partie de ces peuples passe, en été, au nord de cesmonts, et s’avance sur le territoire russe ; elle paie tribut à laRussie et à la Chine.1 Pour cette chasse, on commande annuellement, indépendamment desMandchous, dix mille Mongols, dont chacun doit amener au moins trois chevaux.L’empereur de la Chine prend part à ce divertissement, qui dure environ quatremois, jusqu’après la moitié de l’automne. Il ressemble plutôt à une expéditionmilitaire qu’à une chasse.2 Ici l’auteur se trompe : les Ouriankhaï sont de pauvres tribus samoièdes et turquesqui habitent les pays situés sur le Ieniseï supérieur et ses affluents. On les appellecommunément les Soïoutes chinois. Voy. Asia polyglotta, pag. 146 et 224. Kl.131

<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> Pékinles Chinois on obti<strong>en</strong>t plus facilem<strong>en</strong>t ce que l’on désire avec dusang-froid, <strong>et</strong> <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant un ton ferme <strong>et</strong> résolu, que par <strong>la</strong>condesc<strong>en</strong>dance <strong>et</strong> trop d’empressem<strong>en</strong>t. En <strong>Chine</strong>, les g<strong>en</strong>s de <strong>la</strong>c<strong>la</strong>sse inférieure sont extrêmem<strong>en</strong>t fiers <strong>et</strong> hautains <strong>en</strong>vers lesétrangers ; mais aussitôt qu’on leur oppose une volonté ferme, ilscèd<strong>en</strong>t, <strong>et</strong> même devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t comp<strong>la</strong>isants.Le toussou<strong>la</strong>khtchi vint nous dire qu’il nous quitterait dans dixjours, quand nous serions parv<strong>en</strong>us aux limites du pays desKhalkha. Il n’avait pas l’espoir de r<strong>et</strong>ourner bi<strong>en</strong>tôt <strong>à</strong> l’Ourga nichez lui, parce qu’il était obligé, d’après l’anci<strong>en</strong> usage, de fairel’inspection de <strong>la</strong> frontière mongole qui confine avec <strong>la</strong> Russie.Quatre toussou<strong>la</strong>khtchi sont employés <strong>à</strong> c<strong>et</strong>te besogne, qui serépète tous les ans. Idam nous offrit de se charger de nos l<strong>et</strong>trespour <strong>la</strong> Russie, <strong>en</strong> nous priant de ne pas parler de politique, parexemple de <strong>la</strong> mort de l’empereur, <strong>et</strong>c.Notre station était <strong>à</strong> quelques pas seulem<strong>en</strong>t du mont Chibétou(forteresse). Les deux branches de c<strong>et</strong>te montagne sont composéesde silex pyromaques. On y trouve deux puits, dont l’eau est c<strong>la</strong>ire<strong>et</strong> douce. De l’autre côté de <strong>la</strong> montagne s’élèv<strong>en</strong>t deux rochers degranit, semb<strong>la</strong>bles aux ruines d’une muraille. La partie méridionaledu bras le plus long qui se dirige <strong>à</strong> l’est, est p1.179 couverte <strong>en</strong>plusieurs <strong>en</strong>droits de quartz b<strong>la</strong>nc <strong>et</strong> de spath couleur cerise.Le djanghiu, homme très obligeant, qui nous accompagnaitdepuis Boumbatou <strong>et</strong> Boro-khoudjir, stations situées dans leKhochoun du dzassak Djonòn, étant v<strong>en</strong>u me voir, me conta de cesfables qui circul<strong>en</strong>t parmi le peuple. Il m’assura qu’on trouve <strong>en</strong>coreactuellem<strong>en</strong>t sur le mont Darkh<strong>à</strong>n, l’<strong>en</strong>clume de Tchinghiz-khan ;elle est faite d’un métal particulier, appelé boùryn, qui a lespropriétés du fer <strong>et</strong> du cuivre, c’est-<strong>à</strong>-dire qu’il est <strong>à</strong> <strong>la</strong> fois dur <strong>et</strong>flexible. Il ajouta qu’<strong>à</strong> l’est du mont Tòno (dont j’ai déj<strong>à</strong> parlé), surles bords du Kheroulun, il y a un tòno, ou tuyau de cheminée, quiest celle de <strong>la</strong> iourte où demeurait Tchinghiz p<strong>en</strong>dant sa jeunesse.C’est <strong>en</strong> mémoire de ce héros que Djonòn <strong>en</strong>voie chaque année ses130

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