Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne
Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne
Voyage à Pékinprincipal khan de la Mongolie, et que l’âme du premierkhoutoukhtou mongol s’était incarnée dans le corps de Djabdzun.D’un autre côté, le Dzassakhtou khan prétendit que son filsGaldan 1 , qui était aussi p1.151 khoutoukhtou, méritait d’être choisiparce qu’il était inspiré par le Bourkhan Maha-gallan 2 , qui étaitbien supérieur au Boddi-sado Darnatou 3 , habitant le corps du frèredu Touchétou-khan Lobdzang. On prit le parti de se réunir pourrésoudre cette question importante, mais le Touchétou-khan nevoulut pas attendre aussi longtemps. Il fit trancher la tête à un dessujets du Dzassaktou-khan, auquel il envoya le corps attaché à laqueue d’un cheval, en lui déclarant qu’il n’avait pas d’autresnouvelles à lui envoyer à l’avenir. Alors, le khoutoukhtou Galdanalla au Tibet. Il avait passé sa première jeunesse auprès du Dalaïlama,et tenait un rang distingué parmi les lama ; il pria le Dalaïlamade priver son rival de la dignité sacerdotale. Le Dalaï-lama luifit une réponse entortillée, et finit par s’en p1.152 rapporter à ce qu’ildéciderait lui-même. Galdan se déclara khan, et prit le titre deBochokhtou, qui jusqu’alors n’avait appartenu qu’aux descendantsde Tchinghiz-khan. Il arma l’aimak de son père, et commença,contre le Touchétou-khan, une guerre terrible. On ne parle encorequ’avec effroi des scènes de carnage qui désolèrent la Mongolie. Lenom seul de Galdan inspirait la terreur ; tout fuyait ; plusieursmilliers de Khalkha moururent de faim et de misère. Le Touchétou-1 Ici s’offre une contradiction sur la descendance de Galdan. On le regardegénéralement comme le fils de Batour Khoung taidzi (Kontaicha), souverain desŒloet ou Dzoungar, qui, dans le temps que les Russes étendirent leurs conquêtesdans la Sibérie méridionale, eut des relations avec la cour de Moscou. La proximitédu pays du Dzassakhtou khan et de la principauté des Dzoungar, peut facilementavoir donné lieu à cette confusion.2 L’idole de ce bourkhàn est de couleur bleue, noire et blanche. Il a trois yeux etsix mains ; son visage est terrible et flamboyant. Quelquefois on le représentemonté sur un éléphant, ou sur un monstre humain qui a une tête d’éléphant. Oncroit que sa demeure est dans les eaux ; d’autres prétendent qu’il habite les forêtsimpénétrables qui se trouvent dans la partie sud-est du monde, et qu’on appelleSerigoun Tchitcherlik.3 Les Boddi sado (Bodhisatwa) sont des personnages saints, dont le rang n’égalepas celui des bourkhan. Ils naissent pour le bonheur du genre humain, et pour lesalut des âmes. Celui dont il est question ici est représenté ordinairement avec huitbras et beaucoup de visages ; il est légèrement vêtu et n’a rien de hideux.112
Voyage à Pékinkhan et son frère le khoutoukhtou, obligés de s’enfuir, n’eurentd’autre moyen de se soustraire à une mort certaine, que d’implorerla protection des Mandchoux qui régnaient en Chine. Lekhoutoukhtou alla trouver l’empereur à Péking, pour conclure letraité par lequel il le reconnaissait pour son souverain. Il fut reçuavec beaucoup d’égards. Les troupes chinoises, envoyées ausecours du Touchétou-khan, étaient, en grande partie, composéesd’habitants de la Daourie et d’une portion de la Mongolie,nouvellement incorporées à l’empire chinois. Galdan fut vaincu, et,fatigué de combats, il se retira en Dzoungarie.L’empereur Khang hi ne se montra si zélé et si empressé àsecourir le Touchétou-khan, que parce qu’il entrait dans ses plansde s’emparer de toute la Mongolie. Pour mieux assurer le succèsde la guerre qui allait commencer, il se mit à la tête p1.153 de lagrande armée, et la conduisit contre Galdan. L’expérience fitbientôt connaître combien l’un de ces deux ennemis l’emportaitsur l’autre dans l’art de la guerre. Autant l’empereur agissaitavec une habileté qui manifestait la sagesse de ses dispositions,autant, au contraire, Bochokhtou-khan montrait d’ignorance dansles siennes. Les troupes de l’empereur, supérieures par leurnombre et par leur artillerie, ne tardèrent pas à disperser lesŒlœt et à les mettre en fuite. Galdan, ne pouvant plus s’opposeraux Chinois, ne songea qu’à rallier le reste de ses soldats, maisl’ennemi lui coupa partout la retraite ; à peine était-il arrivé aumont Tereldji, qu’il fut atteint par Fiangou, général en chefmandchou, qui le battit complètement au mois de juin 1696. Lesfemmes et les enfants de Galdan, ainsi qu’un grand nombre dechefs œlœt, tombèrent au pouvoir du vainqueur. Khang hi, sousle titre de protecteur des khan des Khalkha, les soumitentièrement à sa volonté. Galdan, abattu par ses pertessuccessives, privé de ses possessions, outragé par le peu desoldats qui lui restaient, tomba dans un désespoir auquel il nesurvécut pas longtemps. Il mourut l’année suivante à la suite113
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<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> Pékinprincipal khan de <strong>la</strong> <strong>Mongolie</strong>, <strong>et</strong> que l’âme du premierkhoutoukhtou mongol s’était incarnée dans le corps de Djabdzun.D’un autre côté, le Dzassakhtou khan prét<strong>en</strong>dit que son filsGaldan 1 , qui était aussi p1.151 khoutoukhtou, méritait d’être choisiparce qu’il était inspiré par le Bourkhan Maha-gal<strong>la</strong>n 2 , qui étaitbi<strong>en</strong> supérieur au Boddi-sado Darnatou 3 , habitant le corps du frèredu Touchétou-khan Lobdzang. On prit le parti de se réunir pourrésoudre c<strong>et</strong>te question importante, mais le Touchétou-khan nevoulut pas att<strong>en</strong>dre aussi longtemps. Il fit trancher <strong>la</strong> tête <strong>à</strong> un dessuj<strong>et</strong>s du Dzassaktou-khan, auquel il <strong>en</strong>voya le corps attaché <strong>à</strong> <strong>la</strong>queue d’un cheval, <strong>en</strong> lui déc<strong>la</strong>rant qu’il n’avait pas d’autresnouvelles <strong>à</strong> lui <strong>en</strong>voyer <strong>à</strong> l’av<strong>en</strong>ir. Alors, le khoutoukhtou Galdanal<strong>la</strong> au Tib<strong>et</strong>. Il avait passé sa première jeunesse auprès du Da<strong>la</strong>ï<strong>la</strong>ma,<strong>et</strong> t<strong>en</strong>ait un rang distingué parmi les <strong>la</strong>ma ; il pria le Da<strong>la</strong>ï<strong>la</strong>made priver son rival de <strong>la</strong> dignité sacerdotale. Le Da<strong>la</strong>ï-<strong>la</strong>ma luifit une réponse <strong>en</strong>tortillée, <strong>et</strong> finit par s’<strong>en</strong> p1.152 rapporter <strong>à</strong> ce qu’ildéciderait lui-même. Galdan se déc<strong>la</strong>ra khan, <strong>et</strong> prit le titre deBochokhtou, qui jusqu’alors n’avait appart<strong>en</strong>u qu’aux desc<strong>en</strong>dantsde Tchinghiz-khan. Il arma l’aimak de son père, <strong>et</strong> comm<strong>en</strong>ça,contre le Touchétou-khan, une guerre terrible. On ne parle <strong>en</strong>corequ’avec effroi des scènes de carnage qui désolèr<strong>en</strong>t <strong>la</strong> <strong>Mongolie</strong>. L<strong>en</strong>om seul de Galdan inspirait <strong>la</strong> terreur ; tout fuyait ; plusieursmilliers de Khalkha mourur<strong>en</strong>t de faim <strong>et</strong> de misère. Le Touchétou-1 Ici s’offre une contradiction sur <strong>la</strong> desc<strong>en</strong>dance de Galdan. On le regardegénéralem<strong>en</strong>t comme le fils de Batour Khoung taidzi (Kontaicha), souverain desŒlo<strong>et</strong> ou Dzoungar, qui, dans le temps que les Russes ét<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t leurs conquêtesdans <strong>la</strong> Sibérie méridionale, eut des re<strong>la</strong>tions avec <strong>la</strong> cour de Moscou. La proximitédu pays du Dzassakhtou khan <strong>et</strong> de <strong>la</strong> principauté des Dzoungar, peut facilem<strong>en</strong>tavoir donné lieu <strong>à</strong> c<strong>et</strong>te confusion.2 L’idole de ce bourkh<strong>à</strong>n est de couleur bleue, noire <strong>et</strong> b<strong>la</strong>nche. Il a trois yeux <strong>et</strong>six mains ; son visage est terrible <strong>et</strong> f<strong>la</strong>mboyant. Quelquefois on le représ<strong>en</strong>temonté sur un éléphant, ou sur un monstre humain qui a une tête d’éléphant. Oncroit que sa demeure est dans les eaux ; d’autres prét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t qu’il habite les forêtsimpénétrables qui se trouv<strong>en</strong>t dans <strong>la</strong> partie sud-est du monde, <strong>et</strong> qu’on appelleSerigoun Tchitcherlik.3 Les Boddi sado (Bodhisatwa) sont des personnages saints, dont le rang n’égalepas celui des bourkhan. Ils naiss<strong>en</strong>t pour le bonheur du g<strong>en</strong>re humain, <strong>et</strong> pour lesalut des âmes. Celui dont il est question ici est représ<strong>en</strong>té ordinairem<strong>en</strong>t avec huitbras <strong>et</strong> beaucoup de visages ; il est légèrem<strong>en</strong>t vêtu <strong>et</strong> n’a ri<strong>en</strong> de hideux.112