Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne
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Voyage à Pékinbonne intelligence entre les deux empires ; ils se séparèrent bientôtsans avoir rempli le but de leur mission. Le tribunal de Péking sepermit d’envoyer au sénat une réprimande très forte sur sonobstination et sur les affaires des frontières qui ne se terminaientpas. En 1763, M. Kropotov fut expédié à Péking, où il eut uneaudience de l’empereur ; cependant le Li fan yuan n’accepta passes propositions ; il revint en Russie sans avoir atteint le but pourlequel il était venu. L’année suivante, les Chinois firent cesserentièrement le commerce de Kiakhta, et envoyèrent une réponseinjurieuse aux propositions qu’on leur avait faites. Malgré cela ilsmontrèrent, en 1765, le désir de terminer à l’amiable toutes cesquerelles, nuisibles aux intérêts des deux empires, et proposèrentun congrès nouveau. Quoique ce dernier n’eut pas lieu, unarrangement p1.140 définitif fut fait à l’occasion de l’articlesupplémentaire que Kropotov ajouta à l’ancien traité de 1727.Ensuite de cela, le commerce de Kiakhta fut rouvert en 1768. Il futcependant interrompu de nouveau en 1785 à l’occasion dutransfuge Ouladzan, et resta fermé jusqu’en 1792.On voit par cet aperçu rapide que les relations entre la Russie etla Chine n’ont pas toujours été extrêmement amicales, et que ladernière de ces deux puissances s’arroge une espèce de suprématiesur la première, dont elle ignore vraisemblablement la force, quiparaît invisible dans l’orient de l’empire, tandis qu’elle est tout-àfaitconcentrée dans l’occident. Le refus d’un envoyé russe de sesoumettre au cérémonial d’usage, quand les ambassadeurs deroyaumes tributaires paraissent devant les fils du ciel, doitnaturellement effectuer son prompt renvoi. Si le comte Golovkinétait venu à la tête d’une armée, il aurait vraisemblablement mieuxréussi, que chargé simplement de compliments et de présents queles Chinois se plaisent d’appeler tribut. Dans le dernier cas, il étaitsûr de ne pas atteindre son but, sans avoir reçu de songouvernement la faculté d’exécuter les neuf prosternationsinévitables.104
Voyage à PékinC’est à tort que M. Timkovski croit pouvoir mettre en parallèle ladernière ambassade russe, avec celle des Anglais, sous la conduitede lord p1.141 Amherst, qui, en effet, fut aussi renvoyée, mais pourdes motifs tout-à-fait différents.L’Angleterre se trouve, envers la Chine, dans une positionbeaucoup plus favorable que l’empire des tsars. Jamais elle n’a étéforcée par les Chinois de leur céder un territoire qu’elle avaitoccupé, ni de signer un traité défavorable. Ses conquêtes dansl’Inde, quoique ostensiblement ignorées par la cour de Péking,doivent pourtant donner à penser au gouvernement du célesteempire, et il est probable qu’il n’a aucune envie de mesurer sesforces avec celles de la nation qui règne sur les mers, et qui aétendu ses possessions dans l’Inde, avec une rapidité si étonnantequ’elle se trouve actuellement limitrophe avec l’empire des Thaithsing.D’un autre côté, le génie mercantile et la saine politique del’Angleterre doivent rassurer les Chinois contre la crainte de se voirattaquer par cette puissance, puisqu’une rupture entre elle et laChine serait immédiatement suivie de la ruine totale du commerce deCanton, qui, pour les Anglais, est beaucoup plus profitable que lapossession d’une ou de deux provinces chinoises. L’occupation d’unepartie du territoire chinois, par les troupes de la Compagnie desIndes, loin de forcer la cour de Péking à traiter avec elle, provoqueraitinfailliblement un état de guerre perpétuel, qui doit nécessairementdétruire le p1.142 commerce d’un pays, qui n’a qu’une seule grandecommunication dans le canal impérial, que les deux partiesbelligérantes seront à même d’empêcher chacune de leur côté.Quant aux Chinois, ils ne rompront pas avec les Anglais, aussilongtemps que la dignité de l’empire le permettra ; car, nonseulement le commerce de Canton effectue un grand mouvementde fonds dans la plupart des provinces de la Chine, mais il procureaussi à l’empereur et à ses ministres un revenu considérable etassuré, tandis que celui de Kiakhta, qui excède rarement six105
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<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> Pékinbonne intellig<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre les deux empires ; ils se séparèr<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>tôtsans avoir rempli le but de leur mission. Le tribunal de <strong>Péking</strong> sepermit d’<strong>en</strong>voyer au sénat une réprimande très forte sur sonobstination <strong>et</strong> sur les affaires des frontières qui ne se terminai<strong>en</strong>tpas. En 1763, M. Kropotov fut expédié <strong>à</strong> <strong>Péking</strong>, où il eut uneaudi<strong>en</strong>ce de l’empereur ; cep<strong>en</strong>dant le Li fan yuan n’accepta passes propositions ; il revint <strong>en</strong> Russie sans avoir atteint le but pourlequel il était v<strong>en</strong>u. L’année suivante, les Chinois fir<strong>en</strong>t cesser<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t le commerce de Kiakhta, <strong>et</strong> <strong>en</strong>voyèr<strong>en</strong>t une réponseinjurieuse aux propositions qu’on leur avait faites. Malgré ce<strong>la</strong> ilsmontrèr<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> 1765, le désir de terminer <strong>à</strong> l’amiable toutes cesquerelles, nuisibles aux intérêts des deux empires, <strong>et</strong> proposèr<strong>en</strong>tun congrès nouveau. Quoique ce dernier n’eut pas lieu, unarrangem<strong>en</strong>t p1.140 définitif fut fait <strong>à</strong> l’occasion de l’articlesupplém<strong>en</strong>taire que Kropotov ajouta <strong>à</strong> l’anci<strong>en</strong> traité de 1727.Ensuite de ce<strong>la</strong>, le commerce de Kiakhta fut rouvert <strong>en</strong> 1768. Il futcep<strong>en</strong>dant interrompu de nouveau <strong>en</strong> 1785 <strong>à</strong> l’occasion dutransfuge Ou<strong>la</strong>dzan, <strong>et</strong> resta fermé jusqu’<strong>en</strong> 1792.On voit par c<strong>et</strong> aperçu rapide que les re<strong>la</strong>tions <strong>en</strong>tre <strong>la</strong> Russie <strong>et</strong><strong>la</strong> <strong>Chine</strong> n’ont pas toujours été extrêmem<strong>en</strong>t amicales, <strong>et</strong> que <strong>la</strong>dernière de ces deux puissances s’arroge une espèce de suprématiesur <strong>la</strong> première, dont elle ignore vraisemb<strong>la</strong>blem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> force, quiparaît invisible dans l’ori<strong>en</strong>t de l’empire, tandis qu’elle est tout-<strong>à</strong>faitconc<strong>en</strong>trée dans l’occid<strong>en</strong>t. Le refus d’un <strong>en</strong>voyé russe de sesoum<strong>et</strong>tre au cérémonial d’usage, quand les ambassadeurs deroyaumes tributaires paraiss<strong>en</strong>t devant les fils du ciel, doitnaturellem<strong>en</strong>t effectuer son prompt r<strong>en</strong>voi. Si le comte Golovkinétait v<strong>en</strong>u <strong>à</strong> <strong>la</strong> tête d’une armée, il aurait vraisemb<strong>la</strong>blem<strong>en</strong>t mieuxréussi, que chargé simplem<strong>en</strong>t de complim<strong>en</strong>ts <strong>et</strong> de prés<strong>en</strong>ts queles Chinois se p<strong>la</strong>is<strong>en</strong>t d’appeler tribut. Dans le dernier cas, il étaitsûr de ne pas atteindre son but, sans avoir reçu de songouvernem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> faculté d’exécuter les neuf prosternationsinévitables.104