Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne
Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et ... - Chine ancienne
Voyage à Pékincomte Golovkin refusa donc de se soumettre à un cérémonial pareil,et le festin n’eut pas lieu.Depuis ce moment, les négociations prirent une tournurefâcheuse, et les esprits s’aigrirent. Malgré quelques lueursd’espérance de voir terminer ces différents à l’amiable, l’ambassadefut congédiée, le 10 février, par une lettre venue de Péking. Ellerevint à Kiakhta dans les premiers jours de mars.Si, dans cette circonstance, les Chinois n’ont voulu céder enrien, quant au cérémonial, ils ne le pouvaient en effet pas d’aprèsleur manière de voir, puisque la Russie est depuis longtempscouchée sur la liste des États tributaires du céleste empire 1 .Modifier le cérémonial, d’après le p1.137 désir de l’ambassadeur,aurait été déroger pour eux, et jeter une défaveur nouvelle sur lerègne de Kia khing, déjà troublé par des révolutions sérieuses dansl’intérieur de la Chine.Ce fut en 1689 que les Mandchoux forcèrent les Russesd’abandonner le fort de Yaksa ou Albazin, qu’ils avaient construitsur la rive gauche de l’Amour, et de signer un traité défavorable àNertchinsk. Depuis cette époque, la cour de Péking est accoutuméede regarder les tsars comme des princes soumis à leur empire.Khang hi se vantait d’avoir humilié (kiang) les Russes ; il louait leursoumission, à l’occasion du secours qu’ils avaient refusé à sonennemi le Galdan des Euleut. Young tching les traita avec hauteur,ferma à leurs caravanes l’entrée de son empire, et insista fortementsur la fixation définitive des frontières, qui eut lieu en 1727. Sous le1 Tout ce qui concerne les ambassades des pays censés tributaires, est réglé dansle Hoei tian, ou dans le Code fondamental de l’empire. Dans celui de la dynastierégnante, on trouve un chapitre entier, qui traite de la manière de recevoir lesambassades russes. Il y est stipulé qu’on fournira journellement à l’ambassadeurun mouton, un vase de vin, une livre de thé, une cruche de lait, deux onces debeurre, deux poissons, deux tasses d’huile pour les veilleuses, une livre de chouxsalés, quatre onces de soya, quatre onces de vinaigre, une once de sel. — Tous lesneuf jours on lui envoie, de la table de l’empereur même, et comme une marqued’une grâce particulière, quatre plats et dix théières remplies de thé préparé à lamanière des Mandchoux. Aucun autre ambassadeur n’est traité avec une telledéférence. — Les vivres qu’on fournit à la suite de l’envoyé, sont aussi spécifiésdans le Hoei tian.102
Voyage à Pékinrègne de Khian loung, le gouvernement chinois suspendit, sous lesplus légers prétextes, le commerce de Kiakhta. En 1743, iltémoigna son mécontentement de ce que la Russie n’envoyait plusd’ambassades à Péking. La conduite du clergé russe, établi àPéking, celle des caravanes qui se p1.138 rendaient dans cettecapitale, et des désordres fréquents arrivés à la frontière, excitaientsouvent le mécontentement des Chinois ; mais il fut à son comblequand le sénat de Saint-Pétersbourg refusa formellement de leurlivrer Amoursana, prince des Dzoungar, qui s’était réfugié, en 1756,sur les terres de l’empire, d’après une invitation reçue, à ce qu’ilparaît, de la part du gouvernement russe. Heureusement pour laconservation de la paix entre les deux puissances, il mourut l’annéesuivante à Tobolsk, de la petite vérole. A cette époque, le sénatavait proposé l’envoi d’un ambassadeur chinois à Saint-Pétersbourget la libre navigation sur l’Amour. Khian loung rejeta cespropositions, et demanda impérieusement l’extradition des rebelles,Amoursana, et Che-Teng. Convaincus à la fin de la mort dupremier, les Chinois exigèrent que son corps leur fût livré ;cependant ils se contentèrent, en dernier lieu, qu’il leur fût montréà la frontière. En 1760, plusieurs lettres grossières furent adresséespar le Li fan yuan au sénat. Les querelles sur les affaires defrontière, de désertions et sur la non-livraison de Chereng,s’envenimèrent de plus en plus. On enferma à Péking le clergérusse, et les Chinois employèrent, dans leur correspondancediplomatique, des expressions plus choquantes que jamais. La courde Saint-Pétersbourg, qui tenait beaucoup trop à la conservation dela p1.139 bonne intelligence avec la Chine, et à la prospérité ducommerce de Kiakhta, renouvela, en 1762, sa proposition derecevoir dans sa capitale un envoyé du céleste empire. L’empereurde la Chine ne jugea pas convenable d’agréer cette demande, et laRussie prépara alors une ambassade pour Péking, qui cependantn’eut pas lieu. Néanmoins des fondés de pouvoir russes et chinoisse réunirent dans la même année à Kiakhta, pour aplanir toutes lesdifficultés et pour faire cesser les dissensions qui troublaient la103
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<strong>Voyage</strong> <strong>à</strong> Pékincomte Golovkin refusa donc de se soum<strong>et</strong>tre <strong>à</strong> un cérémonial pareil,<strong>et</strong> le festin n’eut pas lieu.Depuis ce mom<strong>en</strong>t, les négociations prir<strong>en</strong>t une tournurefâcheuse, <strong>et</strong> les esprits s’aigrir<strong>en</strong>t. Malgré quelques lueursd’espérance de voir terminer ces différ<strong>en</strong>ts <strong>à</strong> l’amiable, l’ambassadefut congédiée, le 10 février, par une l<strong>et</strong>tre v<strong>en</strong>ue de <strong>Péking</strong>. Ellerevint <strong>à</strong> Kiakhta dans les premiers jours de mars.Si, dans c<strong>et</strong>te circonstance, les Chinois n’ont voulu céder <strong>en</strong>ri<strong>en</strong>, quant au cérémonial, ils ne le pouvai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> pas d’aprèsleur manière de voir, puisque <strong>la</strong> Russie est depuis longtempscouchée sur <strong>la</strong> liste des États tributaires du céleste empire 1 .Modifier le cérémonial, d’après le p1.137 désir de l’ambassadeur,aurait été déroger pour eux, <strong>et</strong> j<strong>et</strong>er une défaveur nouvelle sur lerègne de Kia khing, déj<strong>à</strong> troublé par des révolutions sérieuses dansl’intérieur de <strong>la</strong> <strong>Chine</strong>.Ce fut <strong>en</strong> 1689 que les Mandchoux forcèr<strong>en</strong>t les Russesd’abandonner le fort de Yaksa ou Albazin, qu’ils avai<strong>en</strong>t construitsur <strong>la</strong> rive gauche de l’Amour, <strong>et</strong> de signer un traité défavorable <strong>à</strong>Nertchinsk. Depuis c<strong>et</strong>te époque, <strong>la</strong> cour de <strong>Péking</strong> est accoutuméede regarder les tsars comme des princes soumis <strong>à</strong> leur empire.Khang hi se vantait d’avoir humilié (kiang) les Russes ; il louait leursoumission, <strong>à</strong> l’occasion du secours qu’ils avai<strong>en</strong>t refusé <strong>à</strong> son<strong>en</strong>nemi le Galdan des Euleut. Young tching les traita avec hauteur,ferma <strong>à</strong> leurs caravanes l’<strong>en</strong>trée de son empire, <strong>et</strong> insista fortem<strong>en</strong>tsur <strong>la</strong> fixation définitive des frontières, qui eut lieu <strong>en</strong> 1727. Sous le1 Tout ce qui concerne les ambassades des pays c<strong>en</strong>sés tributaires, est réglé dansle Hoei tian, ou dans le Code fondam<strong>en</strong>tal de l’empire. Dans celui de <strong>la</strong> dynastierégnante, on trouve un chapitre <strong>en</strong>tier, qui traite de <strong>la</strong> manière de recevoir lesambassades russes. Il y est stipulé qu’on fournira journellem<strong>en</strong>t <strong>à</strong> l’ambassadeurun mouton, un vase de vin, une livre de thé, une cruche de <strong>la</strong>it, deux onces debeurre, deux poissons, deux tasses d’huile pour les veilleuses, une livre de chouxsalés, quatre onces de soya, quatre onces de vinaigre, une once de sel. — Tous lesneuf jours on lui <strong>en</strong>voie, de <strong>la</strong> table de l’empereur même, <strong>et</strong> comme une marqued’une grâce particulière, quatre p<strong>la</strong>ts <strong>et</strong> dix théières remplies de thé préparé <strong>à</strong> <strong>la</strong>manière des Mandchoux. Aucun autre ambassadeur n’est traité avec une telledéfér<strong>en</strong>ce. — Les vivres qu’on fournit <strong>à</strong> <strong>la</strong> suite de l’<strong>en</strong>voyé, sont aussi spécifiésdans le Hoei tian.102