Bienvenue ! - L'Aubier

L’attitude fédéraliste – un t©Denis de Rougemont by Erling Mandelmann«Der Mensch ist alsogleichzeitig frei und engagiert,gleichzeitig autonomund solidarisch.Er lebt in der Spannungzwischen diesen zweiPolen, dem besonderenund dem allgemeinen;zwischen den beidenVerantwortungen, seinereigenen Bestimmungund dem Gemeinwesengegenüber;zwischen diesen zweiunlösbar miteinanderverbundenen Lieben:derjenigen, die er sichselber und derjenigen,die er seinem Nächstenschuldet.»Il est un auteur neuchâtelois, (natifdu Val-de-Travers) qui nous atoujours été assez proche: c’estDenis de Rougemont (1906-1985).Ce philosophe et écrivain dont ondit qu’il fut l’un des grands penseursdu 20ème siècle, a fait sesétudes jusqu’à l’université, à Neuchâtel.Nous l’avons quasimenttous connu grâce à son livre «L’avenirest notre affaire». A L’Aubierlors d’un travail de groupe, nousavons découvert son «discours deMontreux» et avons été séduit parsa vision de l’homme et de la société.Ce texte, à nos yeux exceptionnel,nous avons décidé d’en fairel’un des événements de 2012, enle traduisant puis en l’éditant en 4langues dans le même volume.Denis de Rougemont a fait ce discoursalors qu’il revenait des Etats-Unis où il avait été quelque peuinvité à se rendre durant la 2èmeguerre mondiale car ses articlesdans la presse lausannoise enversle national-socialisme, embarrassaientles autorités de l’époque…Aux USA, il se fit beaucoup d’amisparmi les intellectuels français et ilhabita notamment quelque tempsavec St Exupéry! Il rentra en Suisseen 1947 et le jour de son arrivée,alors que ses valises n’étaientpas encore défaites, des amis luidemandèrent d’ouvrir par uneconférence le premier Congrèsde l’Union Européenne des Fédéralistesà Montreux. Il refusa toutd’abord arguant qu’il débarquait,mais le lendemain on lui envoyades émissaires plus tenaces et ilaccepta lorsqu’on lui eut décritqu’il n’aurait à parler qu’autourd’une table avec une trentaine depersonnes et sur un sujet qui étaitle sien par excellence: l’Europe.Lorsqu’il arriva le 27 août à Montreux,la rencontre avait lieu auPalais des Sports et il se trouvadevant un public innombrable. Surpris,il débuta son discours asseztimidement mais il le termina dansune triomphe!Et c’est ce discours, on pourraitaussi dire ce joyau, que nous avonstellement aimé. Pas seulementparce qu’il pourrait contribuerplus que jamais à la situation del’Europe actuelle mais surtout enraison de l’image de l’homme qu’ilsous-entend.Denis de Rougemont: «Si noussommes ici, c’est que nous savonsque l’homme est un être doublementresponsable: vis-à-vis de savocation propre et unique, d’unepart, et d’autre part vis-à-vis de lacommunauté au sein de laquelle savocation s’exerce. Aux individualistesnous rappelons donc que l’hommene peut se réaliser intégralementsans se trouver engagé du mêmecoup dans le complexe social. Et auxcollectivistes, nous rappelons queles conquêtes sociales ne sont riensi elles n’aboutissent pas à rendrechaque individu plus libre dansl’exercice de sa vocation. L’hommeest donc à la fois libre et engagé, àla fois autonome et solidaire. Il vitdans la tension entre ces deux pôles,le particulier et le général; entre cesdeux responsabilités, sa vocation etla cité; entre ces deux amours: celuiqu’il se doit à lui-même et celui qu’ildoit à son prochain – indissolubles.»Fort de ces considérations et debien d’autres encore, autant remarquables,Denis de Rougemontexplicita 6 principes qu’il voyaitcomme autant de clés pour quefonctionne un organisme fédéré.C’est l’image d’une société donton voudrait tout de suite faire partie,saine, simple et claire. Cetteimage, nous voulons la porter afinqu’elle devienne une image d’avenirpour le monde entier.Anita Grandjean