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TROISIÈME SECTION

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— 330 —recommander une détention de plus d'une année, à moins que,dans des cas exceptionnels, la soif alcoolique ne soit si fortequ'aucune détention courte ou prolongée ne puisse donner unespoir à l'ivrogne. L'état physique et mental de l'individu doitêtre le critère sur lequel il importe de s'appuyer pour signerson certificat de libération.Dans les établissements de détention, il est encore uneautre question importante et d'un haut intérêt. Etant donné quechez un bon tiers des ivrognes l'usage de l'alcool est un symptômed'une affection mentale, congénitale ou contractée, et que lescrimes sont souvent la première manifestation d'un dérangementcérébral dont la boisson n'est qu'un symptôme et dissimulele véritable état, les établissements de détention pourivrognes criminels ont souvent fourni l'occasion de découvrir-de graves affections mentales qui avaient été longtemps masquéespar l'alcoolisme. L'ivrognerie est fréquemment un indicede folie, dont les symptômes essentiels se manifestent euxmêmesdès que l'alcool est supprimé dans les maisons dedétention. Ces symptômes ont été caractérisés par des troublesdans la mémoire, des illusions, des hallucinations de l'ouïe,la défiance, des désordres divers dans les organes des senset du mouvement, la parole hésitante, des défauts de jugementet un changement absolu dans le caractère et la conduitede l'ivrogne. Quand un ivrogne criminel est interné4ans un établissement de détention, on constate généralement"chez lui un état mental si confus qu'il est incapable de raisonneret d'agir d'une manière naturelle; il n'a aucune conscienced'un crime commis. Le cerveau est affaibli et ne peut fonctionnernormalement, parce qu'il est sous l'empire de fausses impressionset ne distingue qu'imparfaitement le bien du mal. Laréclusion dans ces établissements révèle souvent le véritableétat du sujet. On ne peut donc être très surpris de constatersi souvent chez l'ivrogne criminel un symptôme bien prononcéde névrose et une prédisposition à l'instabilité mentale avecun faible jugement dû aux effets dépressifs et paralysants dela boisson sur les centres nerveux. L'ivrognerie est une dégénérescencequi masque et dissimule souvent l'aliénation mentale-et les misères qui s'y rattachent. 80 °/o au moins des ivrognes— 331 -sont nés avec un cerveau anormal et sont les descendantsd'ivrognes, d'aliénés, d'épileptiques, de parents faibles d'esprit;/0% au moins des crimes commis peuvent être attribués directementou indirectement à l'alcoolisme.Etant donné, pour l'ivrogne criminel, un établissement dedétention où les règles que nous avons mentionnées sont strictementappliquées pendant un laps de temps dont nous avonsindiqué les limites, il ne serait pas nécessaire de compléterla discipline pénitentiaire de ces établissements par un traitementmédical spécial. La période pendant laquelle les ivrognescriminels sont soumis à l'observation et aux règles disciplinairesde la maison de réclusion a amélioré dans une tellemesure leur état physique et mental (sauf dans les cas exceptionnelscités plus haut) qu'un traitement médical spécial oud'autres mesures disciplinaires sont superflues. Les établissementsde détention pour ivrognes criminels ont déjà fait jusqu'icileurs preuves et passé leur stage pratique; or, on peutles envisager comme étant dignes d'être soutenus et encouragés.'Après de nombreuses années d'études et d'observationssur l'important sujet qui nous occupe, employé comme je lesuis dans le plus grand des pénitenciers de l'Etat du Canada,celui de Kingston, où sont internés aussi, cela se comprend,un grand nombre d'ivrognes criminels, dès qu'ils ont été jugés(il n'y a pas pour eux d'autres établissements de détention auCanada), je suis en mesure de dire que la seule méthode detraitement à appliquer à l'ivrogne criminel consiste à le placerdans un établissement où il puisse jouir d'une bonne nourriture,d'une vie régulière, de lectures saines, d'un travail convenable;on peut constater, parfois au bout de peu de temps,un changement complet et favorable dans l'état du sujet. Onle sort du milieu où il vivait et il respire un autre air. Lesrésultats des observations que j'ai pu faire sur de nombreuxindividus confiés à mes soins ont été tels qu'on pouvait lesdésirer pendant leur détention. Ils sont devenus plus enjoués,plus dispos et ils envisagent, semble-t-il, que leur détention aété pour eux l'événement le plus heureux qui pût leur arriver.Ils donnent souvent la preuve qu'ils ont pris de bonnes résolutionspour l'avenir en changeant de genre de vie après leur

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