— 326 —échange d'un engagement écrit d'abstinence totale. Cela peutfaire sourire, mais cela devient une matière fort grave quandon considère qu'un juge de la qualité de M. Pollard et dequelques autres, a pu, grâce à son seul effort, maintenir ainsidans la voie du bien, 95 % des délinquants.Nous attirerons également l'attention sur l'excellente méthodeprophylactique qui devient de plus en vogue en Allemagne,sous le nom de Trinkerversorgung, et qui confie auxmunicipalités elles-mêmes le patronage des buveurs et l'initiativede toutes les institutions capables non seulement d'éloignerles gens de l'alcool, mais encore et surtout de les soignerquand ils sont alcoolisés (mesures de police, organisationd'asiles de buveurs, subventions, protection officielle des sociétésd'abstinence, etc., etc.).<strong>TROISIÈME</strong> <strong>SECTION</strong>QUATRIÈME QUESTIONL'expérience de plus de dix années faite en certains payspossédant des établissements spéciaux avec détention de longuedurée (2 ou 3 ans) pour ivrognes criminels, même récidivistes,a-t-elle réussi ou non?Faut-il compléter le traitement spécial pénitentiaire appliquédans ces établissements par des traitements médicaux spéciaux?RAPPORTPRÉSENTÉ PARM. le D R DANIEL PHELAN,Médecin-chirurgien du pénitencier d'Etat, à Kingston, Canada.Malheureusement pour les criminels nés de parents adonnésà la boisson, de même que pour ceux qui ont pris l'habitudede boire, leur force de résistance est si affaiblie qu'aucun établissementspécial ne les guérira. Cette faiblesse de l'ascendantest déjà transmise par celui-ci à l'enfant, et le résultat se manifestesouvent par les tendances criminelles de l'enfant. Cen'est que durant la dernière période décennale que l'on a vouéà cette question toute l'attention qu'elle mérite, et les résultatsobtenus jusqu'ici ont été encourageants. La contrainte avec
— 328 —abstinence de boissons alcooliques et une vie hygiénique régulièresont les facteurs principaux desquels dépend le succèsdu traitement, ainsi qne la guéiïson même de cette catégoried'individus. L'ivrogne criminel est ou bien ' un criminel parinstinct, par hérédité ou par une mauvaise éducation, et dansce cas l'ivrognerie est un simple symptôme de sa dégénérescenceantérieure, ou bien il est criminel par suite de l'usagecontinuel de boissons alcooliques qui détruisent son sens moralet son empire sur lui-même. Dans les deux cas, c'est un typede criminel abject, parfois brutal, mais généralement lâche etservile. Ces deux catégories devraient être privées de la libertépar sentence spéciale et internées dans des établissementsad hoc, où la discipline militaire, une surveillance hygiéniqueet un travail pratique peuvent constituer une partie du traitementà appliquer. L'expérience tend à démontrer que c'estdans les établissements de détention qu'on peut le mieux étudier l'ivrogne criminel, aux divers points de vue de sa constitutionphysique, de ses antécédents, de son caractère, de sonâge, de son endurance corporelle et de son ancien genre devie. L'habitude du travail peut être utilisée pour ses heureuxeffets sur le métabolisme du corps, en même temps que pourdévelopper l'attention, rendre la confiance et donner aux penséeset aux sentiments une bonne et saine direction. Toutepersonne qui étudie la matière reconnaît qu'un certain nombred'ivrognes criminels peuvent être définitivement corrigés etdevenir des citoyens utiles.Les nombreuses observations faites dans les établissementspour ivrognes criminels ont démontré que ceux qui sont d'origineaméricaine peuvent se corriger plus sûrement que ceuxqui sont nés à l'étranger, uniquement par suite des conditionsphysiques respectives des criminels. A l'étranger, le type criminelest plus abject, et, en raison des habitudes alcooliquesdes ascendants, cette classe manque d'une certaine vigueuret d'intelligence, ce qui permet moins d'espérer une guérison.Les résultats obtenus jusqu'ici dans les établissements dedétention pour ivrognes criminels montrent que la guérison aété obtenue dans bien des cas. En prison, où d'habitude ungrand nombre de délinquants sont internés pour crimes dus à— 329 —l'alcoolisme, la grande quantité d'eau consommée par cettecatégorie de criminels et qui leur est donnée comme médecineoupour étancher leur soif a généralement pour effet de provoquerla guérison dans un grand nombre de cas en se conformantsimplement aux principes les plus avancés de la sciencemoderne, c'est-à-dire en facilitant l'élimination par des moyenshydrothérapiques qui sont le remède souverain; et quand cesmesures sont complétées par le travail, la diète régulière etquelques récréations habituant l'ivrogne à un meilleur genrede vie, les résultats ont été en général satisfaisants et ontparu aboutir à un succès. Il est vrai que ces individus sortentde l'établissement dans lesquels ils ont été internés deux outrois ans et qu'on les perd de vue pour la plupart. On peutconstater néanmoins que, grâce au changement apporté à leurmode de vivre pendant qu'ils étaient détenus, ainsi qu'auxhabitudes très régulières qu'ils ont prises dans l'établissement,,ils ont usé avec plus de modération des boissons alcooliqueset qu'en raison de leur guérison corporelle, ils ont manifestéune plus grande force de résistance contre leur faiblesseantérieure. De bonnes résolutions prises dans des conditionsaussifavorables ne sont pas toujours vaines, en tant que l'habitudedu travail domine, que les compagnies fréquentéesdemeurent respectables et que le milieu dans lequel ils viventest sain.Les observations faites tendent à démontrer qu'un internementd'une année dans un établissement de détention suffiraitpour un individu adonné à la boisson, car, s'il ne peut être nicorrigé, ni amélioré dans ce laps de temps, on en peut conclure,sans crainte de se tromper, que la cure n'est guèrepossible. Une détention de deux ou trois ans, fixée d'avancepar la sentence, a généralement une influence démoralisante ;elle décourage le délinquant, et, dans la plupart des cas, unepériode prolongée d'une vie semblable a pour effet de rendreà la société un homme qui n'est bon à rien ; le but désiré estainsi manqué. S'il s'agit d'un crime capital, une détentionbeaucoup plus courte serait suffisante pour qu'on puisse formulerraisonnablement des conclusions exactes au point devuede l'état mental de l'ivrogne. En conséquence, on ne peut