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zootechnie - USP

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SERVIÇO DE BSL' T*-' 17 C'CUMENTAÇÂOFACULDAOE îii. Ci:':i, -A-[ERtriARIAE ZOG;:C;,.A DA <strong>USP</strong>


TRAITEDEZOOTECHNIE


Orléans. — Imp. P. PIGELET, ru» Saint-Étienno, 8.


BIBLIOTHÈQUEAGRICOLETRAITÉDEZOOTECHNIEPARANDRÉ SANSONPROFESSEUR DE ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE« L'ÉCOLE NATIONALE DE GRIGNONET A L'INSTITUT NATIONAL AGRONOMIQUETOME VZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE SPÉCIALESOVIDÉS ARIÉTINS ET CAPRINS, ET SUIDÉS PORCINS rJTroisième édition, revue et corrigée](3* tirage)it1i., , . ,'GRAFIASN» .u \ s .1 \Or\ÇÏ-:. ', • -F! J-'UTOM80PARISI )U i 'V "TLIBRAIRIE AGRICOLE DE LA MAISON RUSTIQUE26, «DE JACOB, 36189GSERVICO DE BIBLIOTECA E DOCUMENTAÇAOFACULDADE DE Wf.DICINA VETERINARIAE ZOOTECNIA OA <strong>USP</strong>


VITABLE DES MATIÈRES.Variétés flamande, algérienneet picarde 58Variété poitevine 59Race britannique 61Caractères spécifiques .. 61— zootechniquesgénéraux.. 02Aire géographique 62Variété Cottswold 63Variété du Buekinghamshire65Variété Cheviot 65llacedu bassin de la Loire. 66Caractères spécifiques .. 66— zootechniquesgénéraux .. 66Aire géographique 67Varioles berrichonnes... 71Variété solognoteIlVu iété comtoise 75Variété suisse 76Variété ardennaise 76Y.niété percheronne.... 77Variété bretonne 77Y.ii iété du pays de Galles. 78Race des l'yi niées 79Caractères spécifiques .. 79— zootechniquesgénéraux.. 79Aire géographique 80Variétés Lâcha et Cliurra 81Variétés basquaise etbéarnaise 81Variétés landaise et gasconne82Variété lauraguaise 83Variété des causses albigeoises8rVariété du Larzac 85Race mérine ou mérinos.. 88Caractères spécifiques.. 88Caractères zootechniquesgénéraux..Aire géographiqueVariété algérienneVariétés espagnolesVariétés du Itoussillon,de la Provence et del'ItalieVariété de NazVariétés de l'Allemagne,de l'Autriche-IIongiteet de la RussieVariété du Chàlillonnais.Variété de la Champagne.Variété du Soissonnais..Variété do la Bi ieVariété de la Beauce ...Variété de Mauchamp...Variété précoceRace de SyrieCaractères spécifiques.. .— zootechniquesgénéraux..Aire géographiqueVariétés chinoisesVariétés de la Perse etde l'ArabieVariétés de l'Asie-Mineureet de la Grèce.Variétés de Russie, deHongrie et des LtatsdanubiensVariété barbarineRace du SoudanCaractères spécifiques..— zootechniquesgénéraux..Aire géographiqueVariétés d'Afrique etd'AsieVariété maltaiseVariété bergamasque ...889199100101102104108109109111112113114119119119121122122123123124126126126127127128128CHAPITRE IV. — POPULATIONS OVINES MÉTISSES.Métis diverslbODishley-mérinos 131New-]


Aire géographique 143Variété des Alpes 141Variété des Pyrénées ... 115Variété du Poitou 146Race d'Asie 147Caractères spécifiques.. 147— zootechniquesgénéraux.. Ii7Aire géographique 148TABLE DES MATIÈRES.VIIVariété d'Angora 148Vaiiétéde Caehemyr... 1''"Variété tbibétaine J5JRace il Afrique 152Caractère» spécifiques .. 152— zootechniquesgénéraux.. 153Aire géographique 153Variété maltaise 153CHAPITRE VI. — PRODUCTION DES JEUNES OVIDÉSMéthodes de reproduction. 155Sélection zootechnique. .. 162Pratique de la reproduction 181Gestation 186Agnelage 187Allaitement 189Sevrage 195Maladies des agneaux 196Amputation de la queue .. 199Emasculation 199Régime des agneaux aprèsle sevrage 200CHAPITRE VII. — ADMINISTRATION DU TROUPEAU.Définition du troupeau.... 207Berger 207Chiens de berger 208Divisions du tioupeau 211Marques 214Registre du troupeau 217Logement du troupeau. ... 218Alimentation 224Pâturage 233Transhumance 242Hivernage 244Tonte 250Conditionnement des toisons252CHAPITRE VIII. — PRODUCTION DU LAIT.Lait de brebis 258Lait de chèvre 261Choix des laitières 263Conditions d'habitation.... 264Alimentation 265Traite des brebis et deschèvres 265CHAPITRE IX. — PRODUCTION SPÉCIALE DE LA VIANDE.Méthodes de production... 267Viande d'agneau ou de che-Treau de lait 268Viande d'agneau gris 271Viande de mouton 278Engraissement extensif... 284Engraissement intensif.... 288Vente des produits 301LIVRE H. — Suidés porcins.CHAPITRE PREMIER. — FONCTIONS ÉCONOMIQUES DES SUIDÉS.Énumération.303 I Condition économique desproduits 304


VIIITAULE DES MATIÈRES.CHAPITRE II. -Méthode pratique de déterminationspécifique 310Race asiatique 312Caractères spécifiques .. 312— zootechniquesgénéiaux. . 312Aire géographique 313Variétés 314Race celtique 314Caractères spécifiques.. 311— zootechniquesgénéraux. . 311Aii o géographique 315Vai i té cr louaise 317V.iiitlé mamelle 317Variété normande 318Variété bretonne 320Autres Mi iélés 320Bace ibérique 320Caractères spécifiques .. 320— zootechniquesgénéraux.. 320RACKSPORCINES.Aire géographique 321Variété napolitaine 322Vai iété toscan,! 323Variétés grccqje et maltaise.. 324Variétés austro-hongroiseset russes 324Variétés bressane etsuisse 324Variété lorraine 325Variétés du Quercy, duPérigord et du Limousin325Variétés gasconne et languedocienne326Variétés du Houssillon etde la Provence 327Variété béarnaise 327Variétés espagnoles etportugaises 327CHAPITRE III. — POPULATIONSMÉTISSES.Métis anglais 328Yorkshires 330New-I.eicesters 330Berkshiies 331Hampshires 332Essex 333Métis divers 334CHAPITRE IV. — PRODUCTION DES JEUNESSUIDÉS.Méthodes de reproduction. 336 ' Parlurition 3'r5Sélection zootechnique. . 338 Allaitement 346Pratique de la reproduction 311 i Sevrage , 318Accouplement 312 I Emasculation 350Gestation 3i3 ' Bouclement 351CHAPITRE V. — PRODUCTION SPÉCIALE DE LA CHAIR DE PORC.Méthodes de production. . 352 I Engraissement proprementHabitation 353 [ dit 361Alimentation 35i : Ladrerie et trichinose 303


ZOOTECHNIEOVIDES ET SUIDÉSLIVRE PREMIEROVIOÉS ARIÉTINS ETCAPRINSCHAPITRE PREMIERFONCTIONS ÉCONOMIQUES DES OVIDÉSÉnumération. — Comme les Bovidés, les Ovidés produisentde la viande et du lait; on les exploite en outrepour la laine, qui a été durant longtemps considéréecomme leur produit principal.Dans quelques circonstances et pour un certain nombrede leurs espèces, nombre relativement faible, le lait a laprépondérance. C'est le cas pour la plupart des espècescaprines, tandis que pour les autres la production laitièreest une petite exception.Chez les premières, la peau du jeune a une grandevaleur pour la ganterie, et le duvet de quelques-unes estv. 1


2 JONCTIONS ÉCONOMIQUES DES OVIDES.aussi très-estimé. Mais tout cela, considéré en général,n'a qu'une faible importance, par rapport à celle de laviande et de la laine, qui se consomment dans le mondepar millions de quintaux.On a cru longtemps qu'il y avait physiologiquement unantagonisme nécessaire entre les deux modes de production.Le plus grand nombre des auteurs, zootechnistesou économistes, admettent encore la distinction, chezles Ovidés, entre les bêtes à viande et les bêtes à laine,assignant à chacune des deux fonctions économiques sesconditions particulières d'exploitation,et voulant les spécialiserchez des races particulières.A quelque point de vue que l'on se place pour l'envisager,celte distinction ne peut plus supporter l'examenscientifique. Tout mouton, dans les pays civilisés, estnécessairement une bête à laine. La toison qu'il porte, etqui est un des attributs de sa caractéristique zootechnique,a une valeur variable selon son étendue et sespropriétés. Eu égard aux usages auxquels elle est propreindustriellement, cette valeur est plus ou moins grande ;mais dans tous les cas il est impossible de la négliger.Elle constitue, comme le lait des Bovidés, comme le travailmoteur de ceux-ci et des Équidés, le produit annuelde la machine animale en exploitation.Par la nature même des choses, il n'y a donc point chezles Ovidés ariétins d'individu qui ne soit à la fois producteurde laine et producteur de viande. Par cela seul qu'ilvit, il produit les deux, et il ne peut produire beaucoup deviande sans produire beaucoup de laine.On comprendrait difficilement que l'erreur fût si généralesur ce sujet, si l'un ne songeait que la science zootechniqueest encore toute jeune, et que la question estd'ailleurs obscurcie par des préjugés empiriques fortementenracinés, doublés de préjugés économiques nonmoins impérieux.Les esprits se sont habitués de longue date à considérerséparément la laine et la viande. De ce qu'il y a desespèces chez lesquelles la toison n'a et ne peut avoirqu'une faible valeur, tandis que chez u'autres elle en a


ÊNUMÊRATION. 8une grande; de ce que ces dernières ont été durant longtempsexploitées presque exclusivement pour leurstoisons, tandis que quelques-unes des autres, dansun pays qui passait pour très-avancé, l'étaient surtoutlui -r leur viande; de la constatation de ces faits, on a'•'"• 'ievuir conclure qu'il n'en pouvait point être autrement.I.L puis vint un moment où, sous l'influence des conjoncturescommerciales, une forte baisse se déclara surla valeur des laines. On vil alors considérer l'exploitationdes bêtes à laine comme impossible et préconiser, partous les moyens de propagande, exclusivement celle desbêtes ou des races dites à viande, empruntées à l'Angleterre.L'administration française, notamment, s'y employade tout son pouvoir.Heureusement, sa propagande n'eut guère de prise surnos producteurs de belles laines, dont l'industrie, on peutle dire justement, est une des gloires de la France, etl'un des éléments principaux de sa richesse. D'autresidées, plus pratiques, ont prévalu, et aujourd'hui le problèmese pose d'une façon tout à fait différente. Éclairéspar la science, un grand nombre de ces producteursi'ont résolu à des degrés divers (1). Avec le temps, tousy arriveront.La production de la laine et celle de la viande au maximumde valeur pour les deux sont reconnues possibles etmêmes faciles simultanément. Il est démontré que lesdeux fonctions économiques, inséparables d'ailleurs,comme nous l'avons déjà dit, peuvent et doivent êtreremplies en même lemp=. par un seul et même individu,au plus haut degré de rendement.Leur importance étant aussi de beaucoup prépondérantepar rapport à celle des autres que nous avons ôniimérées,et dont la condition économique se confond avec celle(1) A. SANSON, Recherches exfiPCime.nlaliiH sur la toison desmérinos précoces et, sur leur râleur rom/w prt>'/urleucs île cuiutle.Mémoire couronné par la Société ccnlr de d agriculture de France(concours du prix Béhaguej. Paris, 1875.S~


4 FONCTIONS ÉCONOMIQUES DE9 OVIDÉS.des mômes productions des Bovidés, nous nous borneronsà ce qui concerne ces deux fonctions.Condition économique de la production simultanéede la viande et de la laine. — Au point de vuedes débouchés généraux ouverts à '.a viande, il n'y apoint de distinction à faire entre les Ovidés et lesBovidés. Ln question est la même pour ies deux sortesde producteurs. Il n'y a donc point lieu de répéter ici ceque nous avons exposé déjà (t. IV, p. 3) ; il suffit d'y renvoyer.Seules les conditions spéciales de la concurrencedoivent être examinées, en faisant remarquer toutefoisqu'il s'agit plus de les mesurer que de les déterminer,car leur sens ne diffère point davantage. Pour des raisonsfaciles à comprendre, les pays importateurs et lespays exportateurs sont les mêmes dans les deux cas dela viande de Bovidés et de la viande d'Ovicés.Une remarque préalable.On croit superficiellement, sur la foi des statistiquesagricoles, dont l'exactitude, même approximative, laissetant à désirer, que dans les pays importateurs, et notammentdans le nôtre, la production ovine a subi depuis uncertain temps une diminution considérable. La passionpolitique s'y mêlant, beaucoup de personnes ont admiscela comme une vérité. Ce n'est qu'une illusion, due al'insuffisance d'information. L'exactitude des nombres desstatistiques comparées fût-elle incontestable (et il estbien loin d'en être ainsi), la conclusion tirée de leur comparaisonn'en serait pas plus légitime pour cela.Il est arrivé, par exemple, que les dénombrementsétaient faits une fois après la naissance des agneauxdans les troupeaux, puis, la fois suivante, avant cettenaissance; en sorte que, comptant dans le premiernombre total, ils ne comptaient plus dans le second; etainsi paraissait s'être produite, dans l'intervalle, uneénorme diminution de la population ovine. Il y a eucerles, dans ces derniers temps, réduction des troupeaux;l'observation le montre et le raisonnement l'expliquesans peine. Mais ce n'est pas le nombre seul des existences,au moment considéré, qui importe. Ce nombre


PRODUCTION DE LA VIANDE ET DE LA LAINE. 5pourrait rester invariable et même diminuer, et la productionnéanmoins devenir plus forte.Il suffirait, pour que cela fût, que le poids individuelaugmentât ou que les individus se renouvelassent plussouvent; que, par exemple, dans l'intervalle de cinq oude dix années qui sépare les deux statistiques, l'hectarede terre eût nourri 10 moutons de 50 kilogr. au lieu de12 de 40 kilogr. seulement, ou bien que ces 12 moutonsde 40 kilogr. se fussent renouvelés une fois au lieu derester les mêmes, ou deux fois au lieu d'une.Dans le premier cas, l'hectare eût produit, durant l'intervalleécoulé, 900 kilog. de moutons au lieu de 480 kilog. ;dans le second, 1,920 kilogr. au lieu de 9G0 kilogr. Si enmême temps il s'agit de moutons pesant chacun 50 kilogr.au lieu de 40, bien qu'ils ne soient plus qu'au nombre de•10 au lieu de 12. ce sera une production de 1,000 et de2,0X) kilogr., au lieu de 500 et de 1,000 kilogr. L'apparentepauvreté sera donc devenue de la richesse.Or, c'est précisément ce qui s'est passé chez nous, surtoutpour le plus fréquent renouvellement des individus.L'observation directe et compétente le met en évidence,soit dans les fermes, soit sur les marchés. Sur ces derniers,les vieux moutons sont devenus une petite exception.Quant à l'augmentation de poids, les progrès de laculture suffisent pour en rendre compte, sans qu'il soitHsoin d'insister. C'est du reste un fait incontesté. Il esta Imis par tout le monde que les petites races surtout ontgagné au moins 25 p. 100. En réduisant de 30 p. 100 seulementla durée des existences individuelles, cela ferait,en somme, un accroissement de 55 p. 100 pour la productiontotale. Or, les statistiques n'accusent pas une diminutionJe plus de 30 p. 100 dans la population.On en peut donc conclure, contrairement à une opiniontrop facilement admise, que la production ovine est aujourd'huichez nous plus forte qu'elle n'a jamais été, etque si nous constatons un accroissement des importations,il ne pourra pas être attribué justement à uneprétendue diminution correspondante de la productionnationale. Le fait certain est que la France produit aujour-


6 FONCTIONS ÉCONOMIQUES DES OVIDÉS.d'hui plus de viande de mouton et plus de laine qu'ellen'en a jamais produit.L'Angleterre importe annuellement 1,500,000 moutons,en nombre rond; la France, '2,000,000; la Suisse, 20,000;l'Autriche, 700,000.L'Allemagne en exporte environ 1,000,000; l'Italie,200,000; l'Algérie, 500,000; la Bussie, la Hongrie, la Boumanieet l'Empire ottoman fournissent le reste.On voit par laque les grands consommateurs de viandede mouton sont la France et l'Angleterre.Si maintenant on compare l'état des choses dans lesdeux pays, on constate (m'en Angleterre la productionparaît avoir atteint son maximum possible, tandis qu'ilest bien loin d'en être ainsi en France. Le champ ouvertau progrès est chez nous beaucoup plus étendu.Sur notre propre marché, les producteurs français onten face d'eux, pour l'avenir, des concurrents dont lesprincipaux sont situés très-loin de nos frontières et quidans l'état actuel des choses, n'interviennent que pourcombler le vide laissé par l'insuffisance de la productionnationale. La preuve nous en est fournie parce fait que lacourbe d'accroissement des prix est parallèle à celle del'importation, qu'elle détermine d'ailleurs.Si, par le développement de sa production, la France semettait en mesure de suffire à la demande de son propremarché, elle en éliminerait facilement les concurrentsétrangers, à cause de l'avantage que lui assure la moindredistance. Et alors le champ de la concurrence serait pourelle, comme pour les autres nations qui exportent, transportéen Angleterre.Sur ce nouveau marché, il est encore évident que l'avantagede la distance lui resterait. La marche des prix, ence pays, de 1851 à 1871 et de 1871 à 1881, permet de prévoir,même pour ce temps-là, un avenir assuré. La valeurde la livre de viande y a subi, en trente ans, une augmentationde 6 deniers 1/2 à 8 deniers.On sait que chez nous, comme en Prusse d'ailleurs,cette valeur a environ doublé depuis cinquante ans.Notre production nationale a donc devant elle, sous ce


PRODUCTION DE LA VIANDE ET DE LA LAINE. 7rapport, une marge énorme. Elle peut se développer sanscrainte de voir les débouchés lui manquer. La France neproduit que 40.5 moutons par kilomètre carré, tandis quela Grande-Bretagne en possède 131,i, la Prusse 56,3 etl'Irlande 52,7. Les conditions de son territoire ne lui opposentaucun obstacle. Elle peut conséquemment travailleren pleine sécurité. Plus elle produira de viande demouton, plus elle en pourra écouler à des prix avantageux.Nul n'est mieux placé qu'elle pour soutenir la concurrencesur le marché anglais, aussi bien que sur lemarché français.En ce qui concerne la production de la laine, la questionest plus complexe, le champ de la concurrence étantplus vaste. En raison de la facilité et du bas prix du transportde la marchandise, le marché des bines est un marchéuniversel, qui a, comme on sait, son principal siègeen Angleterre.Il nous faut, pour ap; rccier la situation, examiner deprès la condition Ccom: inique de ce marché. C'est ce quenous avons déjà fait ailleurs avec de grands détails (1).Il n'y a donc qu'à reproduire ici la substance de nos travauxantérieurs.Ilamill.jn


FONCTIONS ÉCONOMIQUES DKS OVIDÉS.Pays.Millionsdemoutons.Grande-Bretagne 34,1Australie 37,4Tasmanie 1,7Nouvelle-Zélande 8,4Cap de Bonne-Espéi ance.. 10,0Russie 45,3Suède 1,6Norwège1 >'Danemark 1,9Allemagne 25,3Hollande 1.0Belgique 0,6France 30,4Espagne 32,1Italie 11,0Autriche 16,6Suisse 0,4Grèce 2,5États-Unis d'Amérique.... 32,8Millionsdelivresde laineproduites.160,0152,26,12«,838,090,86,16,47,052,16,23,591,274,424,831,11,37,6177,0Valeurdelà laineenmille livressterling.7,99811,3364741,5642,5333,7772282253224,3302311313,4086,2021,0352,3315022214,105294,8 961,6 60,522Ce tableau est incomplet, car l'auteur n'y a fait figurerni la Hongrie ni l'Amérique méridionale, très-riches enmoutons appartenant à la catégorie des plus forts producteursde laine.Dès 1866, la Bôpublique Argentine en possédait déjà67,700,000. Il y en a aujourd'hui plus de 70,000,000, dont60,000,000 dans la seule province de Buenos-Ayres. LesEtats-Unis, de leur côté, en possédaient 33,002,400 en 1873.Ils en ont aujourd'hui plus de 35,000,000.On voit avec quelle rapidité s'accroît la populationovine des deux Amériques, dont les territoires en exploitationsont encore bien loin de couvrir toute la surface,tandis que chez nous cette population semble diminuer,de même qu'en Angleterre. Le phénomène a pour nousun intérêt tout spécial et autre que celui de la part que leNouveau-Monde peut prendre à la concurrence sur 1©


PRODUCTION DE LA VIANDE ET DE LA LAINE. 9marché des laines. Ce sont nos troupeaux français quiprincipalement fournissent les étalons à ceux des deuxAmériques. Leur extension ne peut donc qu'agrandirnotre débouché.Quoi qu'il en soit, il est curieux de voir quels ont étéles mouvements de la production dans les divers pays,depuis le commencement du siècle. Ce qui s'est passé surle marché universel de l'Angleterre, pour les importationset les provenances, va nous le montrer.Les valeurs du tableau ci-dessous sont exprimées enmillions de livres anglaises (avoir du poids), et non enlivres sterling :PROVENANCES.Périodes1801-1810.1811-1320.1821-1830.1631-1840.1841-1850.1851-1860.1861-1870.Australeet niersdu Sud.»0,10,85.623,74-3.4116,2Espagne.5.74.94.52,40.60.20.4Allemagne . Russie.0,33,617,424,315,09,87,1»0.30,53,74,66,413,4Autrespaysd'Europe.1,23,11,65,65,514,412,3Importatiortotale.7,212,024,841,649,479,2149,4Le développement énorme pris par le marché universelest ainsi rendu évident. En soixante années, l'importancedes transactions est passée de7,200,000livres àl49,400,000.Il est évident aussi que ce développement est dû, pourla plus grande part, à beaucoup près, à la production del'Australie et des pays des mers du Sud, qui était nulleau commencement de ce siècle.Il est évident enfin qu'il s'est fait au détriment de deuxseuls pays d'Europe, l'Espagne et l'Allemagne, dont lecontingent est allé diminuant sur le marché.Il nous reste à voir maintenant quel a été l'effet de cemouvement sur la marche des prix.Janke a relevé sur le marché de Breslau, qui est excellentpour mettre le phénomène en évidence, les prix àdater du moment oii les provenances coloniales ont commencéà faire sentir en Europe leur influence. Voici cev. i-


10 FONCTIONS ÉCONOMIQUES DES OVIDÉSqu'il a constaté, pour les diverses qualités de laine, désignéesd'après les habitudes du commerce.Les valeurs sont estimées en lhalers (3fr. 75),et l'unitéde poids est le quintal (Zentner = 100 livres de 467 gr).LA NEExlra-fine. Fine. Moyenne. Ordinjire.1836-1837 129 95 72 581861-1870 103 90 79 62Différences.... - 20 "/„ - 5 "/» + 10 n /o + 7 «/oOn voit que la concurrence des laines coloniales a faitbaisser de 20 et de 5 p. 100 les prix des sortes extra-fineet fine, tandis que ceux des sortes moyenne et ordinairehaussaient de 10 et de 7 p 100.Pour avoir des notions exactes sur ces faits, il fautsavoir que les quatre désignations s'appliquent seulementaux laines de mérinos, à l'exclusion de celles des autresraces qui par rapport à elles sont plus ou moins grossières.Il faut savoir aussi, comme nous le verrons plusloin, que dans les habitudes du commerce ces désignalionsportent plutôt sur la longueur et la régularité de lamèche de laine que sur le diamètre de ses brins. Tellelaine, qualifiée de moyenne ou ordinaire, peut avoir undiamètre de brin aussi petil que celui de telle autre, qualifiéede fine et même d'extra-fine ou de superfine.Ces considérations font que, dans l'état actuel deschoses, les nations européennes dont les moutons produisentsurtout des laines moyennes et ordinaires, que l'onappelle encore des laines intermédiaires, et qui étaientnommées, avant l'invention de la peigneuse mécanique,des laines à. peigne, par opposition aux laines à carde (enallemand Kammwolle et Tuclnvolle), sont les plus favorisées.Elles ont vu leur marchandise hausser sans cessede prix, tandis que celle des autres baissait.C'est le cas de la France, au sujet de laquelle il a étéaccumulé, il y a quelques années, les erreurs les pluscolossales, inspirées sur la question par l'esprit de parti.En fait, plus nos manufactures de tissus importent de


PRODUCTION DE LA VIANDE ET DE LA LAINE.lnines coloniales ou étrangères quelconques, pour les travailler,plus elles doivent mettre en œuvre les lainesfrançaises. L'emploi de celles-ci est directement proportionnelà celui des autres. C'est ce que savent tous ceuxqui sont au courant des modifications subies, dans cesderniers temps, par la fabrication des tissus, sous ladouble influence des changements de la mode et de l'outillage.Les étoffes lisses, dites de nouveauté, sont fabriquéesen quantités de plus en plus fortes, par rapport à cellesdes draps. Le lissage mécanique exige que les chaînessoient beaucoup plus solides que par le passé. Les lainesfranc lises, plus longues de mèche et plus nerveuses,sont de plus en plus recherchées et payées plus cher,pour la fabrication des plus belles qualités de ces étoffeslisses et pour la confection des chaînes dans le tissagede celles pour lesquelles les laines étrangères fournissentla trame. Aussi leur prix est-il le plus souvent trop élevépour qu'on puisse les employer dans la fabrication deset.(Tes de qualité ordinaire.Ce n'est pas là, évidemment, une condition défavorablepour les producteurs de ces laines. On voit dès lors qu'ilconvient de renoncer à parler justement de la concurrencedes laines coloniales, comme devant peser sur laproduction européenne d'une manière absolue. La véritableconcurrence, on le sait, a pour effet nécessaire defaire baisser le prix de la marchandise et tout au moinsde l'empêcher de hausser. Du moment que les lainesfrançaises se vendent toujours plus cher que les lainescoloniales, il est clair, d'après cela, qu'il n'y a point concurrenceentre elles. Ce sont des marchandises de sortedifférente. Les laines coloniales, il est vrai, ont renduimpossible avantageusement un certain mode d'exploitationdes moutons, qui est précisément celui que les circonstancesimposent aux pays d'outre-mer; mais ce moded'exploitation n'est plus à la hauteur de l'agricultureeuropéenne perfectionnée, où il y a pour la viande lesdébouchés que nous connaissons.Il se trouve que physiologiquement on ne peut pas dé-U


12 FONCTIONS ÉCONOMIQUES DES OVIDÉS.velopper, chez le mouton, l'aptitude à la production de laviande sans développer en même temps celle à la productionde la laine la plus estimée, de la laine qui esten hausse sur le marché. Il en résulte, comme une conséquencetout à fait nécessaire, que la condition économiquede la laine est étroitement liée à celle de laviande de mouton, et que, dans le premier sens commedans le second, le champ le plus vaste est ouvert à laproduction.Contrairement à une opinion encore souvent soutenuepar des purs économistes, qui ne sont point suffisammentéclairés sur la question, les producteurs de moulons n'ontnullement à opter entre la laine et la viande. Les deuxmarchandises sont l'objet de demandes également aclives,et elles rencontrent sur le marché des débouchés égalementavantageux, selon leur qualité. Ce n'est pas un problèmeéconomique d'une solution bien difficile qui sepose au sujet de la laine ; c'est un problème purementtechnique, dont nous aurons à faire connaître la solution.Celle-ci prouvera, une fois de plus, le peu de valeurpratique de la doctrine des fonctions animales spécialisées,et confirmera une fois de plus aussi celle de lafonction économique prédominante.Il faut reconnaître, toutefois, que dans tous les Étatsde l'Europe l'opinion contraire est celle qui compte àbeaucoup près le plus de partisans. Elle a encore été soutenue,avec beaucoup d'insistance et de nombreux argumentsà l'appui, à l'occasion de l'Exposition universellede Vienne, par l'économiste Laspayres, qui écrivait en seplaçant au point de vue allemand. Il importe donc de s'yarrêter.Après avoir, notamment, comparé les prix de la laine,du foin et de la viande sur le marché de Breslau, de 1816à 1865, Laspayres n'a pas hésité à conclure que les résultatsd'une telle comparaison commandent d'abandonner laproduction de la laine. Les circonstances économiques,dit-il. font une obligation de consacrer les matières premièresqui deviendraient ainsi disponibles à la productionde la viande.


PRODUCTION DE LA VIANDE ET DE LA LAINE. 13Les éleveurs de moutons de l'Allemagne ne veulent pascroire que leur étoile soit en décadence, et il les en blâmevertement. C'est en vain qu'ils espèrent la voir brillerd'un nouvel éclat. Leur espoir doit être déçu.Cependant ces objurgations économiques ne sont pointrestées sans qu'on leur opposât quelques bonnes raisons,même en Allemagne. Nous devons reproduire ici les principales,empruntées à un organe autorisé (1).Des vues de ce genre, dit l'auteur, ne peuvent pointnous étonner, venant d'une telle source, alors qu'ellessont partagées par des agriculteurs mêmes, non parmi lesplus autorisés, mais qui ne laissent pas d'exercer unecertaine influence. La production de la viande à la placede celle de la laine a été souvent préconisée. Cependantles éleveurs de moutons n'entendent que peu raison làdessus,en général. Introduire l'élevage des bêtes bovinesou celui des moutons à viar.de ic'est-à-dire des moulonsanglaisi à la place de l'élevage des bêtes à laine, c'estun conseil qui leur a souvent été donné. Encore bienmême qu'ils soient convaincus de la décroissance de leurétoile, ils s'otstinent à ne le point suivre. Il doit y avoir àcela d'autres raisons que celle de leur entêtement.Malheureusement, les plaines de l'Allemagne du Nordont été traitées par la nature en marâtre, sous le rapportdu sol et du climat. Grandes y sont les surfaces sablonneuses,que seule la persévérance de leurs habitants a puporter jusqu'à une exploitation rémunératrice Les bêtesà laine ont joué en cela un rôle important. Là, le sol estphysiquement pauvre, parce que le climat ne compensepoint, comme en beaucoup d'autres pays, ses propriétésdéfavorables. Il est chimiquement pauvre aussi, parceque les éléments nutritifs pour les végétaux y sont difficilementsolubles. Peu de denrées de vente y peuventprospérer, et parmi elles le seigle et la pomme de terretiennent les premières places. Les faibles rendementsqu'on en obtient ne sont rendus p issibles que par de(i) Neve l.andwirthschaftliche1873.Zeitung, de r'ùhling, décembre


14 FONCTIONS ÉCONOMIQUES DES OVIDÉS.fortes fumures avec les engrais animaux, avec le fumier.Par l'intervention de celui-ci, les propriétés physiques dusol sont heureusement modifiées, et les éléments nutritifsminéraux deviennent plus facilement solubles.L'amélioration de ce sol ne peut être obtenue que parl'accumulation d'une certaine quantité de matière organiquevégétale. L'abandon à l'état de pâturage, durant untemps variable, remplit en cela le rôle principal Les graminéeset autres plantes abandonnent au sol, par leursracines, des quantités importantes de celte matière organiquenécessaire â la fertilité. Durant leur végétation,elles dissolvent aussi les éléments nutritifs minérauxinaltaqués, tandis que leur nutrition esl, en outre, enrichiepar les déjections dos animaux qui les paissent etpar l'addition du fumier obtenu avec les pailles des récoltesde céréales, avec les plantes fourragères cultivéeset avec les résidus des pommes de terre.Un agent essentiel d'amélioration, pour les sols les pluslégers de cette espèce, est le Lupin, qui n'est pas seulementutile en les consolidant et en les enrichissant, maisencore en fournissant de la nourriture pour les moutons,notamment en hiver. Sans la jachère verte et le pâturage,l'exploitation de ces sols, du moins une exploitation rémunératrice,ne serait pas à espérer, quant à présent, àtrès peu d'exceptions près. Par là, ce mode d'exploitationest donc imposé.Les bêtes bovines ne peuvent pas utiliser de tels pâturages.Sur ce sujet, qui, du reste, ne peut pas être litigieux,Hoppe (1) s'est déjà exprimé de la manière suivante: « Des bêtes bovines exploitées pour le lait, pourl'élevage ou pour l'engraissement, ne sauraient être établiesutilement ailleurs que sur les fonds où les trèfles etles graminées fourragères deviennent, sous l'influence deconditions météorologiques favorables, assez hauts pourêtre fauchés. Ce n'est pas à dire que ces bêtes exigentnécessairement des herbes vigoureuses pour leur nourriture; mais lorsqu'il n'en est pas ainsi, elles souffrent1) Moegl. Annalcn, B.tnd. 19.


PRODUCTION DE LA VIANDE ET DE LA LAINE. 15infailliblement de la disette au pâturage, lorsque se manifesteune sécheresse de quelques jours. En ce cas, est-celà une alimentation avantageuse pour des bêles bovines?Un troupeau de vaches laitières donne un mauvais produitquand il est entretenu sur des pâturages de cette sorte.Mais là n'est pas encore le seul inconvénient qui résultede l'entretien des bêtes bovines sur des terres pauvres.Ces terres produisent des herbes vigoureuses tant qu'ellessont pénétrées par l'humidité atmosphérique, en mai eten juin. Dans les années ordinaires, les herbes ne repoussentpoint après les chaleurs inévitables et les sécheressesde juin et de juillet. En août et septembre, les chaumesde graminées sont les seuls aliments qui puissent prolongerla vie des bêtes bovines. Avec octobre arrive lanécessité pressante de commencer la nourriture d'hiver.Très vraie est, dans le cas, la proposition absolue deThunen, que les bêtes bovines ne donnent point de bénéfices.Tout autre se présente le compte à faire, quand lessols maigres et secs sont exploité? avec des moutons quisont indiqués par la nature, comme le seigle, le sarrasinet l'avoine. ^Ainsi en est-il aujourd'hui encore, à plus forte raison,depuis que la jachère est devenue plus utile par l'introductionde nouvelles plantes fourragères. En outre, il y aaussi un autre point à pren Ire en considération : c'estcelui du parcage, qui peut être effectué sans difficultéseulement par les moutons. Le parcage (on ne l'envisageici, bien entendu, qu'à ce point de vue spécial) épargne letransport del'engrais, ce qui, notamment pour leschampséloimés, n'est pas sans importance, les terres pauvresne pouvant pas supporter, pour leur culture, des frais trèsélevés.Ma - parmi les montons, les bètes à laine peuventseules ère utilisées ici. Les moutons spécialisés pour laviande exigent, comme les bètes bovines, constammentun riche et abondant pâturage, ainsi que peu d'espace àparcourir pour terminer leur repas. Les longues marches,les retours pour parquer, les fortes chaleurs de l'été etles froids du printemps et de l'automne ne sont point


16 FONCTIONS ÉCONOMIQUES DES OVIDÉS.des conditions que l'on doive rechercher pour les bêles aviande.Ayant, dit Guradze Hotlischowitz (l), à décider sur laquestion de préférence entre les moutons à viande et lesmoutons à laine, ou sur celle de la direction la meilleureà donner aux troupeaux pour des terres et des conditionséconomiques déterminées, il convient avant toul de considérerles deux genres d'alimentation cl de reproductionexigés, et de les comparer. L'aptitude au développementrapide, à la précocité, qui est l'apanage du soutbdown,ne va pas sans une alimentation constamment et régulièrementabondante autant que nutritive, surtout durant lajeunesse. Il est facile de le comprendre. Étant bien soigné,surtout durant l'allaitement, l'animal précoce utilise trèsbien les aliments et les paie avec usure. Dès sa premièreannée, il peut être engraissé et abattu. A dix-huit mois,il est apte à la reproduction. Cesontlàdes considérationsqui, comme facteurs économiques, témoignent hautementen sa faveur.Mais malheur à lui, si l'élevage en est entrepris dansune situation qui ne corresponde point à de telles exigences! Supposez que des soulhdowns doivent être entretenussur des fonds légers, avec une alimentation incertaine,avec des pâtures éloignées ; qu'ils soient conduitscomme nos mérinos ; qu'ils doivent chercher péniblementleur nourriture sur ces pâtures maigres et lointaines,dans un été analogue à celui de 1808, durant une longuepériode de sécheresse, le lupin n'étant pas encore mûrou faisant défaut, et les provisions d'hiver étant épuisées,que doivent alors devenir des moulons jeunes, précoces,à croissance rapide? Ils meurent ou restent au moinssans valeur, et, quand ils sont plus avancés en âge, ils ontperdu leur aptitude à l'engraissement.Peut-être, remarque l'auteur dont nous reproduisons lesjudicieuses appréciations, est-ce là pousser les choses àl'extrême; mais il n'en est pas moins vrai que l'aptitudedu southdown est due à un état de culture et de fertilité(1) Dans Landwirlh.


PRODUCTION DE LA VIANDE ET DE LA LAINE. 17avancées du sol, à une alimentation et à un mode d'entretienqui ne peuvent être réalisés dans toutes les situationséconomiques. Lors donc que nous disons que l'élevagedu southdown n'est approprié et ne sera lucratif quesur des sols et dans des conditions d'exploitation assurantdes pâturages en été, des aliments riches, fortementnutritifs en hiver, comme des tourteaux oléagineux, dessons, du bon foin, des fourrages hachés, des résidus defabrique, nous désignons ainsi toutes les circonstancesde la culture intensive d'un sol propre à produire letrèfle, actif et riche en humus; et par là sont exclus lessols sablonneux, siliceux, marécageux, froids, inactifs,avec leurs diverses variétés, qui interdisent plus ou moinsla culture intensive.Si nous avons toutefois à exploiter un sol léger, incertainpour le pâturage et l'alimentation, donnant de faiblesrendements de foin, des réccltes douteuses de trèfle,plutôt consacré à la culture des céréales et fournissantainsi de grandes quantités de pailles à utiliser ou d'alimentsvolumineux, il importera encore de laisser de côtéles troupeaux qui vivent à la bergerie, et alors ni lessouthdowns purs, ni les métis southdowns ne peuventconvenir. C'est le mérinos qui est le meilleur de tous lesmoutons, parce que seul il est exactement approprié auxconditions qui viennent d'être indiquées.Le southdown et le mérinos sont ici pris pour types,l'un de la bête à viande, l'autre de la bête à laine, parcequ'au demeurant c'est entre eux que la question se débatdans l'Allemagne du Nord, comme nous allons le \oir. Etnous y insistons, pour la raison que cette question, sousdes formes qui ne diffèrent guère et qui dérivent d'ailleursdes mêmes idées fondamentales, se débat de mêmeà peu près partout, et notamment chez nous. En France,toutefois, sa solution parait maintenant plus avancée quepartout ailleurs On n'y voit plus d'adversaires autorisésdes bêtes à laine.Il n'en est pas de même en Allemagne, où Setlegastpréconise avec ardeur la substitution générale des south«downs aux mérinos. Voici ce que lui a opposé à son tour


18 FONCTIONS ÉCONOMIQUES DES OVIDÉS.un agriculteur du grand duché de Tosen, Lehmann Kilsche(1), qui d'ailleurs élève concurremment les deux espècessur sa propriété.Il est, dit il, impraticable d'entretenir el d'élever, danstoute l'Allemagne, des moutons à viande : impraticabledans nos plaines du Nord, parce que celles-ci, dans leurplus grande étendue, ont un sol sablonneux peu propre àse couvrir d'herbes, parce que les pâturages sur ces solssont, pour ce motif, insuffisamment riches [jour les moutonsà viande, tandis qu'ils se prêtent très bien à nourrirle mouton mérinos. Celui qui a visité l'Angleterre et sesexploitations sera d'accord avec moi que les moutonsanglais sont pourvus là d'un pâturage si plantureux et sinutritif, que chez nous il en peut être assuré de tels auxbêtes bovines seulement, sur peu de propriétés particulièrementfavorisées de la nature ou cultivées à un trèshaut degré.Les moutons anglais importés chez nous, poursuit l'auteur,ne peuvent, d'après cela, y être bien nourris quepar un entretien constant à la bergerie, et les métis issusde nos races locales accoutumées à une maigre pitancedoivent nécessairement décliner quand ils ne reçoiventque la nourriture avec laquelle nos mérinos s'entretiennentencore dans un état d'exploitation satisfaisant.J'avertis donc sérieusement les agriculteurs qui ne peuventpas pousser très fortement à la culture des plantesfourragères, parce qu'ils en sont empêchés par la légèretéde leur sol ou par les autres conditions économiques, dene point accepter la proposition de M. le conseiller privéSettegast, et je leur recommande de faire utiliser, aprèscomme devant, leurs pâturages par les moutons mérinos,ceux-ci, je le répète, pouvant se suffire avec une maigrepitance, tandis que les moutons à viande ont besoin d'unebonne et abondante nourriture.Se fondant à son tour sur les mêmes raisons, le rédacteurde la gazette de Fuhling est allé encore plus loin eta conclu que l'exploitation des bêtes à laine est pour son(lj Landvj. Ztg. f. d. Grossherzogthum Posen.


PRODUCTION DE LA VIANDtC ET DK LA LAINE. 19pays une nécessité inéluctable. La prospérité de l'Allemagnedu Nord et l'état florissant de son industrie sontdus, pour une grande partie, d'après lui, à l'exploitationlucrative de son sol maigre au moyen de ces bêtes àlaine, à laquelle s'est jointe la culture de la pomme deterre et sa transformation en alcool. Cela explique facilementque la baisse du prix de la laine, qui a rendu l'entretiendes troupeaux moins rémunérateur, ait agi profondémentsur l'agriculture allemande. L'influence deviendraitd'autant plus compréhensible que ce prix baisseraitdavantage. A la vérité, on croit que la baisse a atteintson maximum, pour la raison que la production colonialene peut plus guère augmenter et que, d'un autre coté, laconsommation doit aller s'élevant durant longtempsencore, comme dans les dix dernières années. Mais onn a aucune donnée solide pour servir de base à une telleespérance, selon notre auteur, et il croirait plutôt, pourson compte, à une moindre consommation dans l'avenirqu'à une plus forte II est cependant permis de penserque les conditions de bien-être des populations n'irontpoint diminuant, et qu'en conséquence le progrès à cetégard se manifestera par une plus grande consommationdes «issus de laine, qui est l'une de ses formes.Quant à la production, s'ilestvrai que l'Australie sembleavoir ai teint la limite de sa puissance sous ce rapport, onne peut pas méconnaître que l'Amérique méridionale etle Cap sent encore loin d'en être arrivés là. La Russie, enoutre, qui aujourd'hui produit environ un million de quintauxmétriques de laine, pèsera sur le marché avec desquantités considérablement plus grandes, dans un tempsqui n'est pas éloigné.Ces motifs réunis font que l'auteur ne pense point qu'ily ait à compter, dans l'avenir, sur une améliorationdurable du prix de la laine. Au sujet de la viande demouton, il se demande si les hauts prix actuels resterontstalionnaires ou s'ils s'élèveront encore davantage, ainsique cela a été bien des fois prétendu. N'admettant pointla perspective d'un progrès ultérieur de la prospéritépublique (on sait ce que nou« en pensous de notre côté),


20 FONCTIONS ÉCONOMIQUES DES OVIDÉS.il ne compte pas du tout sur une hausse plus grande. Seplaçant au point de vue allemand, il fait intervenir l'importationdes viandes fumées de l'Amérique du Nord, quiest déjà considérable, et les efforts qui ont été déjà faitspour trouver des méthodes de conservation qui rendrontpossible le transport en Europe des viandes de l'Amériqueméridionale. En y joignant la Russie, qui attend seulementque ses cbemins de fer soient terminés pour pouvoirtransporter, de l'intérieur à ses frontières et à ses ports,de la viande et du bétail, on est conduit à conclure, selonlui, que la production allemande en particulier ne pourramanquer d'être paralysée.Conséquemment, (ant que les plaines de l'AIlemagnodu Nord devront être consacrées, en raison de leur solmaigre, à IVni.ielien des bêtes à laine, les prix nepourront que baisser de plus en plus. Mais, malgré cela,le conseil de produire de la viande au lieu de laine,donné dans de tels termes vagues et généraux, ne peutpoint être suivi par les agriculteurs. 11 faudrait qu'avecce conseil on donnât aussi en môme temps le procédépour exploiter avantageusement les sols maigres dont ils'agit.Nous avons reproduit tout au long les argumentationsqu'on vient de lire, parce qu'elles ne s'appliquent pointseulement à la région de l'Europe en vue de laquelleelles ont été écrites. Elles sont également valables pourles parties méridionales de la France, pour l'Espagne,pour l'Italie, qui comptent beaucoup de sols dans desconditions analogues. 11 faut toutefois faire observer quela production des laines fines (car ce n'est que d'ellesqu'il s'agit ici) n'est point imposée à titre de résignationseulement à ceux qui exploitent de tels sols, el que cellede la viande de mouton ne leur est point interdite, commeon le pense généralement, en posant la question à la manièreque nous venons de voir.Il est permis à de purs économistes, qui ne sont pointobligés d'être au courant de la science, zootechnique, deposer cette question ainsi. Par une pure fiction, ils séparentles deux sortes de marchandises, et ils admettent


PRODUCTION DE LA VIANDE ET DÉ LA LAINE.qu'il existe des machines distinctes pour les produire.Nous avons vu plus haut ce qu'il convient dépenser au sujetd'une telle séparation. Tant que les agriculteurs, sur lafoi de l'antagonisme qu'on croyait exister entre l'aptitudeà la production de la laine fine et celle au développementprécoce et à la bonne conformation pour la viande sur unseul et même individu, ont pu prêter attention aux raisonnementsde ces purs économistes, il leur était permisaussi d'opter entre la production de l'une ou de l'autremarchandise.Mais aujourd'hui, dans l'état de la science, et dans tousles cas, sans exception autre que celle des contrées quisont trop éloignées de tout débouché pour la viande,l'exploitation des troupeaux de moutons doit être envisagéetout autrement. Ces troupeaux ont, avant tout,pour fonction de transformer en viande les aliments qu'ilsconsomment. De cette viande ils produisent plus oumoins, selon leur aptitude et selon les conditions danslesquelles Ils sont nourris ; mais leur laine n'est et ne doitêtre toujours qu'un produit accessoire, dont l'importanceest du reste directement proportionnelle à celle du produitessentiel, c'est-à-dire de la viande.Cela est réalisable, comme nous le montrerons, danstoutes les conditions, aussi bien sur les sols maigres quesur les sols de la plus grande fertilité. Il n'y a, dans laréalisation, que des différences de degré. A quelque prixque se vende la laine, le bénéfice de sa production, lavaleur donnée par elle aux aliments dont elle est la transformation,dépendent toujours du parti qui a été tiré dessujets exploités d'abord en leur qualité de producteursde viande.C'est là une notion nouvelle, qui subsisterait mêmeindépendamment de celle de l'absence d'antagonismephysiologique entre l'abondance et la finesse de la toisonet l'aptitude au développement précoce du corps. Quoiqu'il advienne par conséquent au sujet des conjoncturesdu marché universel de la laine, que les prix doiventhausser ou baisser encore, cela ne changera rien auxcmditions de la concurrence entre les producteurs de2i


02 FONCTIONS ÉCONOMIQUES DES OVIDÉS.l'Europe moyenne et occidentale et ceux de l'Australie etde l'Amérique. Les premiers conserveront toujours l'avantagede pouvoir écouler plus facilement leur viande demouton à des prix rémunérateurs, el en conséquenceils tireront de leurs troupeaux un plus fort rendement,malgré la supériorité admise des frais de production.La perspective ouverte à l'exploitation des bêtes àlaineen Europe est donc en réalité toute différente de celle qui,depuis 1840, a été envisagée par la presque unanimité deceux qui se sont occupés de la question, qu'ils fussentpurs économistes, agronomes ou agriculteurs. Les unsn'ont cessé de recommander aux agriculteurs européensl'abandon de la production de la laine, à cause de la prétendueimpossibilité de lutler contre la concurrence coloniale; les autres, ne voyant pas de moyens d'exploiterleur sol autrement que par l'intermédiaire des moutons àlaine fine, ont demandé avec insistance aux pouvoirspublics une protection douanière contre cette concurrence;quelques-uns enfin se sont laissé séduire par lasolution intermédiaire qui fut conçue et présentée dès ledébut de la crise par Yvart, et qui consistait à modifier laqualité des laines en augmentant l'aptitude à la productionde la viande, par une opération de croisement sur laquellenous aurons à nous expliquer.En France, il est permis de dire maintenant que cettenouvelle perspective est clairement vue par la majoritédes producteurs. Ainsi que nous aurons à le constater endécrivant la principale race des bêtes à laine fine, ladirection imprimée depuis une vingtaine d'années àl'exploitation des troupeaux se conforme de plus en plusà la Rûlion qui vient d'être dégagée. Et il ne serait paspossible de contester, avec des preuves à l'appui, quecette nouvelle direction l'ait conduite à un état de prospéritéqui rend absolument vaine toute propagande contraire.Les producteurs y restent sourds, et depuis lors,les races considérées comme exclusivement propres à laproduction de la viande ont plutôt perdu que gagné duterrain, surtout dans les régions peuplées par celle qui,


PRODUCTION DE LA VIANDE Et DE LA LAINE. 53de son côté, est considérée comme principalement propreà la production de la laine.La libre concurrence subsiste, et ses conditions necessent point de s'améliorer en faveur des producteurseuropéens dont la pratique s'inspire des enseignementsde la science. Pour eux, le présent est donc bon, en définitive,et l'avenir, au double point de vue de la laine etde la viande, n'ouvre que des perspectives favorables àleurs entreprises. Ils peuvent conséquemment les fonderet travailler en pleine sécurité.A tous égards la condition économique est plus favorablepour les producteurs européens, et pour les françaisen particulier, que pour ceux d'où ire-mer. Pour s'enassurer, du reste, il suffit de se mettre au courant de cequi se publie sur ce sujet dans les pays dont on s'estappliqué à leur faire un épouvantai!, dans un intérêt quin'est certes point le leur. Les publications périodiquesdes colonies anglaises et celles des républiques de laConfédération argentine, notamment, sont fort instructivesen ce sens. On est bien loin d'y considérer la situationcomme meilleure que la nôtre, et surtout d'admettrecette plaisanterie tant de fois répétée chez nous avec unsérieux vraiment comique, que dans les vastes solitudesde-l'Australie et de la Plata les toisons s'obtiennent sansfrais. Les possesseurs de troupeaux s'ingénient, jusqu'àprésent sans succès, pour en diminuer le prix de revient,à tirer comme nous parti de la viande de leurs moutons,et ils introduisent pour cela de plus en plus des béliersde notre variété de mérinos précoces. En France, laviande paye et au delà tous les frais d'entretien, la toisonest un bénéfice net. En Australie et en Amérique, cettedernière, qui est, sauf le suif, le seul produit, doit lessupporter tous ou à peu près. Elle est donc au contraireobtenue plus chèrement. Les producteurs étrangers lesavent bien et ne manquent pas de le dire; mais nosprotectionnistes l'ignorent, apparemment, ou du moinsils ont quelque intérêt à faire croire qu'il en est autrement.En admettant donc même qu'il y eût concurrence réelle


04 FONCTIONS ÉCONOMIQUES DÈS OVIDES.entre les laines coloniales et les laines européennes, lala lutte tournerait encore en notre faveur, puisque nouspourrions mieux que nos concurrents supporter la baissedes prix.Condition économique de la production du lait.— Chez les Ovidés ariétins, la production du lait a uneimportance relativement faible. Il n'y a que de rares variétésqui soient exploitées en vue de celle production.Nous en ferons connaître la condition économique en lesdécrivant. Il ne conviendrait point de généraliser à leursujet. Pour les Ovidés caprins, il en est tout autrement.Chez ceux-ci, c'est le lait qui est le produit principal, dumoins en Europe et en Afrique.Le lait de chèvre, sous sa forme naturelle, n'est point,comme celui de vache, l'objet d'un grand commerce. Iln'entre que pour de très faibles proportions dans la consommationdes villes. Les produits extraits de ce lait, le.beurre et le fromage, ne prennent non plus qu'une trèsfaible part dans les transactions nationales ou internationales.C'est ce qui fait sans doule que les Ovidés caprinsont peu attiré l'attention des auteurs, sous le rapportde leur importance économique, et qu'on ne s'enoccupe guère habituellement que pour en dire du mal, àcause des dégâts qu'ils sont accusés d'occasionner auxcultures.L'idée dominante à leur sujet était naguère bien expriméepar l'auteur d'un mémoire sur la production animalede la Corse, dans lequel la statistique accuse l'existencede 190,000 chèvres contre 255,000 moutons. Après avoirdéploré que leur nombre fût si grand, cet auteur ajoutait: Nous ne nous étendons pas davantage sur cetteespèce domestique, dont l'utilité est même aujourd'huifort restreinte et dont l'influence, en tant que produits,sur l'avenir du pays, peut être considérée comme nulle. »On ne saurait trop s'élever contre une telle idée, répanduepar l'enseignement placé trop souvent à un pointde vue exclusif et absolu. Pour être appréciées à leurjuste valeur, les fonctions économiques des Ovidés caprinsne peuvent pas se séparer des conditions dans


CONDITION ÉCONOMIQUE DE LA PRODUCTION DU LAIT. 25lesquelles ces fonctions s'exercent. Eu égard à ces conditions,il n'y en a point de plus utiles. Elles appartiennentà un système de culture particulier, imposé par lescirconstances naturelles. On arrive aux conclusionsles plus fausses, quand on néglige de tenir compte decette considération. Et c'est à quoi sont conduits lesauteurs qui oublient ce qu'il y a toujours de relatif dansles problèmes comme celui que nous examinons en cemoment.En faisant, par exemple, la comptabilité d'une chèvreriedu Mont-d'Or lyonnais, composée de 24 têtes, Martegoutea établi que son produit annuel, formé de 48 chevreaux etde 14,4' 0 litres de lait ou 13,872 fromages valant 20 centimesl'un, s'élevait à 2.918 fr. 40. Evaluant, d'une façonarbitraire pour quelques parties, notamment pour l'alimentation,les dépenses occasionnées par cette chèvrerieà 1.898 fr. 40, il restait un produit net ou bénéfice de1,020 fr., soit 42 fr. 50 par tète. Or, en admettant pourchacune une valeur de 40 fr., ce qui est sans doute exagéré,voià donc un capital agricole dont le revenu est au tauxde 100 p. 100. En connaît-on beaucoup d'autres qui puissentlui être comparés ?Les chèvres, il est vrai, appartiennent aux systèmes deculture les plus pauvres, aux terres qui ne peuvent pasêtre ensemencées, soit à cause de leur qualité, soit àcause de leur situation ou de leur altitude. Elles subsistentlà où les moulons ne trouveraient point leur existence,sur les pentes escarpées et rocheuses, ou sur les sommetsinaccessibles où ne poissent que des plantes ligneusesqu'elles utilisent. Partout ailleurs on ne les exploite qu'enpetit nombre. Elles n'y seraient pas à leur place. Maisdans un tel milieu, leurs fonctions économiques sont précieuses,et elles n'ont point de concurrents pour fournirdes éléments de subsistance aux populations pauvres etrares qui habitent les mômes lieux.Le bétail de la culture intensive et même de la cultureextensive ne mérite pas seul d'être prix en considérationpar la <strong>zootechnie</strong>. Celui du système pastoral, imposé parles circonstances naturelles dans beaucoup de régions de


26 FONCTIONS ÉCONOMIQUES DES OVIDÉS.notre continent, ne peut point être négligé. Quand on faitla somme des services qu'il rend, on voit tout de suitequelle est son importance. Que de populations humainesdisparaîtraient, décimées par la famine, si elles étaienttout à coup privées du lait et de la viande qui leur sontfournis par les chèvres ! Ce lait n'est point pour elles unobjet de commerce ; mais en est-il moins précieux pourcela, du moment qu'il assure leur subsistance?Les chèvres se prêtent en outre à des opérations demise en valeur progressive des terrains pauvres, dontnous avons connu, dans les landes de Gascogne, unexemple remarquable. Il s'agit d'un domaine en partieplanté de pins, sur lequel les moutons ne trouvaient pointde quoi subsister. Pour se procurer l'engrais nécessaireà la fertilisation de la partie en culture, l'exploitant, ingénieurdistingué, eut l'idée d'y introduire un nombreuxtroupeau de chèvres tirées des Pyrénées. Les chèvrestrouvèrent facilement à se nourrir sur le sol des forêts depins. Rentrées durant la nuit à la ferme, leurs déjectionsfurent recueillies et servirent à la fabrication du fumier àl'aide duquel purent être entreprises des cultures fourragèreset des créations de pâturages qui, ensuite, servirentà l'entretien des moutons. Ce qui aurait été impossiblesans les chèvres fut ainsi réalisé avec facilité à l'aidede leur concours. Elles préparèrent l'établissement de cequ'on peut nommer une ferme à moutons, ou mieux uneusine agricole pour la fabrication de la laine et de la\iande de mouton.On voit donc que les Ovidés caprins sont bien loin demériter la sorte de réprobation et tout au moins le peud'estime dont ils sont iVojet, dans le monde .agricole quise croit progressif. Leur valeur économique, pour n'êtrepas à mettre au même rang que celle des Ovidés ariétins,n'en est pas moins très grande. Le tort est de comparerces deux valeurs. Elles ne sont point comparables. Lespremiers sont le bétail des pâtres alpestres et des petitscultivateurs de terrains pauvres; les seconds s'élèventjusqu'au sommet de la culture la plus intensive. Le mériteincomparable des premiers est de mettre en valeur des


CONDITION ÉCONOMIQUE DE LA PRODUCTION DU LAIT. 27matières végétales auprès desquelles les autres mourraientd'inanition.A ce titre, il n'y a point, parmi les herbivores domestiques,de machines à plus grand rendement. Elles metlent en valeur des terres et même des cimes abruptesqui, sans elles, ne produiraient rien du tout. Elles sortle seul bélail de nombreuses populations des pays demontagnes, dont l'existence serait impossible sans kirconcours. Mais l'on se tromperait si l'on croyait que 1rsservices des chèvres se bornent à ces conditions misérables,sur lesquelles les agronomes ne portent point leurattention, dans la crainte sans doute de déroger. Il y aen France, notamment, telle région relativement riche etpeuplée d'un nombreux bétail, où, réparties par deux oupar quatre chez les peius cultivateurs, elles forment, ensomme, un effectif considérable et contribuent puissammentau bien-être des ménages. Partout leur mérite estle même : il consiste à se nourrir d'aliments que seuleselles peuvent utiliser; en sorte que leur produit est toutprofit.Pour contester ce mérite, on exagère leurs déprédations,en insistanl sur leur goût pour les jeunes poussesdes arbres. Ce goût est certain ; mais on y pare facilementpar une garde attentive que font, sans frais, le«enfants des petits cultiva- s.


23 RACES OVINES BRACHYCÉPHALES.CHAPITRE IIRACES OVINES BRACllYCÉl'IIAL'ESMéthode pratique de détermination spécifique.— Chez tous les Ovidés, qu'ils soient ariétins ou caprins,l'indice céphalique approximatif se détermine avec lamême facilité que chez les liquidés et par le même procédé.Les formes de la boîte crânienne sont ici de mêmevisibles et faciles à limiter. En outre,les différences entreles deux types crûniologiques sonl très nettes. La distanceentre la base de l'oreille et l'angle externe de l'œildonne le diamètre longitudinal; celle entre les deuxoreilles, ou l'épaisseur de la nuque, donne le transversal.Chez les sujets purs, ces deux distances diffèrent toujoursbeaucoup, et en tout cas assez pour qu'il n'y ait pasd'erreur possible, à la simple vue.Les formes frontales, la situation, le mode d'insertion,la direction et la forme des chevilles osseuses des cornes,quand elles existent, la saillie plus ou moins grande desarcades sourcilières, sont caractéristiques.Pour le reste, il en est comme chez les deux autresgenres que nous avons déjà vus. Ce sont les formes dessus-naseaux, des lacrymaux, avec leur dépression pourle larmier, des grands et des petits 6us-maxillaires quifournissent les caractères, ainsi que l'aspect du profil etcelui de la face dans son ensemble.L'angle facial, déterminé par la situation du trou occipital,étant ici toujours moins obtus que chez les autresgenres, est encore plus facilement caractéristique. Cetangle, qui commande le port de la tête, se forme à l'intersectionde deux lignes dont l'une passe par le centre


MÉTHODE PRATIQUE DE DÉTERMINATION SPÉCIFIQUE. 29du trou occipital et l'autre est tangente aux sus-naseaux,comme on le voit sur la figure 1 (a b c).En somme, on peut dire que la détermination spécifiquedes Ovidés n'offre aucune difficulté pratique réelle.V,lle est beaucoup plus commode que celle des Bovidés,.ui'iout en ce qui concerne le classement d'après le typecéphalique.Entre le groupe des Ovidés ariétins, que nous demandonsla permissionde désignersimplement parle titre de racesovines pourabréger, et celuides Ovidés caprins,que nous Iappellerons racesFig ^ _ Âr,^£ UrU . ^ f0vi(1,caprines, le passageest tellement ménagé qu'il faut y regarder de près,ainsi que nous le verrons, pour établir la distinclion. Celajustifie peu l'opinion généralement admise, qui fait de cesdeux groupes de ruminants deux genres différents,opinionque nous avons déjà discutée au double point de vuea..atomique et physiologique (t II, p. 143 et 228). Cependant,en considérant ces deux groupes dans leur ensemble,il est facile de voir qu'ils présentent des différencesdu même ordre que celles qui permettent de distinguerles chevaux des ânes, les taureaux des zébus oudes buffles.Il est curieux de constater non seulement le peu d'importancedes caractères distinctifs sur lesquels les naturalistesciassificateurs se sont appuyés pour admettre lesdeux genres de ruminants dont il s'agit, mais encore l'absenced'exactitude de la plupart d'entre eux.Ainsi, les deux principaux de ces caractères sont laprésence des cornes en spirale et l'absence du canalbifiexe chez les brebis, et l'inverse chez les chèvres. Or,il es' manifeste que les chèvres d'Orient ont les cornes enspirï .à, et personne n'ignore plus que le canal bifiexe sev, 2.


30 RACE GERMANIQUE.rencontre chez les brebis. On sait aussi que quelque >unes des espèces, parmi ces dernières, n'ont point leur,;cornes contournées en spirale.Le seul caractère vraiment propre aux chèvres, qui serencontre chez toutes les espèces caprines, c'est la brièvetéde leur queue. Il n'en est point ainsi pour la barbedu menton : l'une des espèces en est dépourvue.En vérité, il n'y a pas là de quoi fonder un genre naturel,si cela suffit, avec quelques autres particularités superficielles,pour diviser le genre ovis en deux groupesd'espèces, afin de facilitei le; descriptions et les étudeszootechniques : celui des Ovidés ariétins et celui desOvidés caprins.Tout le monde, du reste, est de cet avis, même ceuxqui n'osent point rompre avec les habitudes prises et quicroiraient commettre un sacrilège en s'écartant delà lignetracée par Cuvier.Mais on a demandé pourquoi les chèvres seraient rangéesdans le genre Ovis plutôt que les brebis dans l'anciengenre Capra. La raison d'euphonie suffirait, au besoin,pour justifier la préférence accordée. Il y en a toutefoisune autre, péremptoire : c'est que les espèces ovinessont beaucoup plus nombreuses que les caprines.RACE GERMANIQUE (O. A. germanica).Caractères spécifiques. — Front large; chevillesosseuses généralement absentes et remplacées par defortes dépressions des frontaux ; arcades orbitaires trèssaillantes;petite dépression au niveau de la racine dunez. Sus-naseaux faiblement arqués, à partir de leur tierssupérieur environ, réunis en ogive au niveau des lacrymaux.Larmier profond. Grands sus-maxillaires déprimés;petits sus-maxillaires à branches peu arquées, formantune arcade incisive petite. Angle facial très-obtus;face triangulaire à base large, relativement courte (fig. 2).Caractères zootechniques généraux. — Taillegrande (0» 70 à 0 m 80). Tele toujours chauve, souventmarquée de taches ou de plaques noires ou rousses sur


AIME GÉOGRAPHIQUE. 31un fond blanc, surtout aux oreilles ou autour des yeux.Oreilles de longueur moyenne, horizontales et parfois unpeu tombantes. Membreslongs, peu musclés, cuisseplate, conséquemment faiblesgigols. peu épais. Toisongrossière à brins très-longs(longueur jusqu'à C'« 30, diamètre0 a


32 RACE GEBMANIQUF.sur les provinces rhénanes, et jusque dans la Basse-Alsace et le Luxembourg.Loin de là, sur le littoral britannique, dans les comtésde Lincoln et de Leicester, il existe depuis un tempsimmémorial une colonie de cette race, dont l'histoiremoderne est fort intéressante. Nul doute qu'elle n'y aitété implantée par les invasions, comme les races chevalineet bovine d'origine germanique dont nous avonsdéjà constaté la présence sur les mêmes lieux.Il y a eu, depuis un siècle, de fréquents retours d'Angleterrevers l'Allemagne; mais rien n'autorise à penserque le transport primitif se soit opéré dans ce sens là.Larace est bien d'origine gemianique et non point britanniqueEn Angleterre, elle est évidemment d'importationsaxonne. Toute discussion pour le démontrer serait superflue.C'est l'évidence même.Elle présente des variétés allemandes et des variétésanglaises, dont les dernières sont les plus importantes.Variétés allemandes. — En leur pays, les moulonsde la race germanique sont connus sous le nom de weslphaliens,franconiens, bavarois, wurtenbergeois. Maintenantsurtout, dans chaque État allemand, ils sont désignéspar les épithêtes de Zaubclschaf et de Landschaf(race locale, race du pays).fois ces divers noms, ils présentent peu de différences,qui ne portent guère que sur la taille et le poids, dépendantdes conditions de fertilité du sol. Ils sont en généra'grands, hauts sur jambes, fortement osseux, et marquésde taches noires aux oreilles ou à la face. On les peutbien étudier à Paris, au marché de la Villelle, car il nese passe guère de semaine sans qu'il en soit amené plusieursmilliers sur ce marché, à l'approvisionnementduquel ils contribuent pour une forte part.Quelques troupeaux, en Westphalie notamment, sontl'objet de soins de reproduction et d'alimentation qui sereconnaissent à une meilleure conformation. Les sujetsen ont le corps plus ample et les membres moins longs.Ils atteignent un plus fort poids et un rendement plusélevé. La saveur de la viande n'est pas plus fine, mais


VARIÉTÉ LEICESTER, DITE DISHLEY. 83celle-ci est moins difficile à mâcher et à digérer. On lesdistingue facilement par là des rhénans, des franconienset des wurtenbergeois, qui, eux, sont cependant de taillemoins élevée, tandis que les franconiens et les rhénanssont plus çrands.En général, ils ont de 0"» 65 à 0"° 70, et ils pèsent vifsde 40 à 50 kilogr., plus dans les vallées et les plainesfertiles que sur le massif montagneux formé par laSouabe, la Thuringe et l'Eichsfeld. Leur laine, longue deOm 15 à 0» 20, est droite, grossière, rude, et n'est pointemployée dans les fabriques d'étoffes de draperie.Variété Leicester, dite Dishley. — C'est sur cettevariété qu'a été appliquée pour la première fois la méthoded'amélioration conçue par le génie de Bakewe). L'illustreéleveur opérait dans le comté de Leicester, à Dishley-Grange. De là le nom de race de Dishley, donné de sontemps aux sujets issus de son troupeau. En peu detemps il amena la variété ovine dont il disposait à un teldegré de perfection, sous le rapport des formes corporelles,de la précocité du développement et de l'aptitudeà s'engraisser, que bientôt sa renommée remplit les troisroyaumes et que les éleveurs vinrent de partout se disputerà de hauts prix la location de ses béliers.Avant 1755, celte variété, bien qu'elle vécût sous unclimat uniformément doux et sur un sol fertile, étaithaute sur jambes, à s palette volumineux et d'un développementtardif. En 1700, la transformation imposéec..aitdéjà telle que Bakewel put inaugurer son industriede location, alors tout à fait nouvelle.Les commencements en furent modestes, d'après ceque rapporte David Low. Les premières enchères ne prodnsirent pas plus de 20 à 25 fr. par tète. Mais, charpieannée, il y eut hausse, si bien qu'en 1786 l'éleveur deDishley-Grange se faisait par là un revenu annuel de1,000 souverains ou 25,000 fr., qui fut porté trois ansaprès au-dessus de 170,000 fr. En 1789, trois béliers atteignirentensemble 1,200 souverains ou 30,000 fr. Alorstous les troupeaux du comté étaient transformés, et laréputation de la variété l'avait fait étendre à toute l'An-


34 RACE GERMANIQUE.gleterre. Mais, depuis, elle a progressivement perdubeaucoup de terrain, remplacée, vers le nord-ouest, surles sols sains, par l'une des variétés d'une autre racedont la viande est de meilleure qualité.Des légendes se sont établies sur la méthode suiviepar Bakewel pour améliorer son troupeau. On a préteniiuqu'il en faisait un secret, et aussi que par l'abus de laconsanguinité il avait rendu ses animaux cachectiques.L'imitation universelle dont ses pratiques ont été bientôtl'objet en Angleterre, comme on l'a déjà vu pour cequi concerne les Bovidés et comme on le verra pour lesOvidés, rend inadmissibles l'une et l'autre des assertionsrecueillies et propagées par David Low. Il est évidentque Bakewel avait communiqué son prétendu secret aumoins à Charles Colling.Telle qu'elle se présente aujourd'hui, la variété se distinguepar son col court, sa poitrine ample, ses lombeslarges, ses hanches écartées, sa croupe courte et droite,pourvue d'une épaisse couche de graisse sous-cutanée,faisant saillie au-dessus de la pointe des fesses et surles côtés, au-dessus de cuisses ou gigots un peu minces.Les membres sont relativement longs, l'animal étantde grande taille, mais leurs os n'ont qu'un faible volume.La tête est aussi relativement petite, le squelette étantpartout aminci. La disposition de la graisse en couchesous-cutanée épaisse, sorte de panicule graisseux, remarquablesurtout chez cette variété, donne à l'ensembledu corps l'aspect d'un parallélipipède, dont la face supérieureest surtout plane et un peu relevée vers la base dela queue, où la couche de graisse est normalement plusépaisse.Cette disposition, signalée pour la première fois parYvart, croyons-nous, qui en a fait connaître les inconvénientsphysiologiques en lui attribuant avec juste raisonla difficulté qu'éprouve le mouton leicester à supporterles étés chauds, cette disposition a donné naissance àune esthétique ovine contre laquelle on ne saurait tropse mettre en garde. Les formes qu'elle engendre, notammentla largeur et la longueur apparentes du plan supé-


VARIÉTÉ DB LINCOLN. 35rieur du corps, n'attestent nullement un grand développementdes parties qui, chez le mouton, donnent la plusforte proportion de viande de premier choix. Amaigrispar une nourriture insuffisante, les dishleys deviennentd'une laideur particulièrement remarquable.On s'est appliqué, par une sélection persévérante, âéliminer toute tache noire de la face et des membres, ilne reste plus que des petites taches rousses, à peineperceptibles dans la plupart des cas.La toison est formée de laine longue, grossière et rude,en mèches pointues et pendantes, peu serrées. Elle estabsente à la nuque, surtout chez les béliers, parfois ausi/au ventre et toujours aux membres. Les brins atteignenvjusqu'à Om 25 de longueur et même davantage. Leur diamètreva de Omm 033 à O^m 43. C'est le type de ce qu'enAngleterre on appelle les laines longues. Ces brins sontlégèrement ondulés, et chez quelques su ets les mèchesqu'ils forment ont une certaine douceur et une certaineforée. Les to.son; pèsent de 3 kilo?, à Hk .V: eLes leicesters posent vifs jusqu'à 100 kilogr. et au delà.Ils rendent de C0 à 05 kilogr. d'une viande de qualitétrès médiocre, surchargée de graisse et sentant souventie suif. Chez des suj-.-'s qui avaient obtenu le prix d'honneurau concours général de 1*M et qui pesaient enmoyenne 55 kil., le rendement en viande nette fut de65p. 100; mais sur 017 gr. que pesait leur sixième côtelette,il y avait 4iô '--e. de grosse et seulement 37 gr. denoix, dont lf ; gr 175 de matière azotée. Dans la graisse, iln'y avait que 4-5 d'acide oléique p. 100Ils s'accommodent mal de la chaleur et de la sécheresse;mais en revanche ils résistent beaucoup mieux qued'autres à un certain degré d'humidité atmosphérique, àl'égard duquel le pays natal de leur variété leur a faitacquérir l'accoutumance. En Angleterre, ils vivent, presqueconstamment dehors, dans les herbages ou dans h schamps de turneps, dans une atmosphère brumeuse.Les leicesters ont été introduits un peu partout enEurope, mais notamment en France et en Allemagne, àcause de leur précocité et de leur fort poids. Us ne s'y


dORACE GERMANIQUE.sont toutefois guère répandus, malgré une active propagandeadministrative. Chez nous surtout, on compteraitfacilement les troupeaux qui en sont composés, et le peuqu'il y en a sont de petits troupeaux, qui ne se trouventd'ailleurs point dans les régions à moutons. Ils n'ont aucunechance de se répandre davantage. En Angleterremême leur viande se vend toujours aux prix les plus bas,et ils ne subsistent que sur les terres qui n'en peuventpoint nourrir d'autres.Variété de Lincoln. — Dans les comtés voisins deNottingham et de Lincoln, celui-ci borné par la mer, larace germanique a acquis un développement plus grand.Actuellement, le mouton lincoln ne diffère en réalité duleicester que par sa taille plus élevée, par ses dimensionsplus fortes. C'est un leicester amplifié. Sa conformationest d'ailleurs semblable.La variété de Lincoln produit une laine très-longue,qui est estimée pour la fabrication des étoffes anglaisesdites alpaga. Ses toisons sont relativement lourdes. Ellespèsent environ 6 kilogr.Mais c'est surtout comme machine à produire de fortesquantités de viande que cette variété, d'ailleurs aussiprécoce que celle de Leicester, est exploitée dans sonfertile comté. Peut-être encore plus grossière et d'unesaveur suiffeuse plus accentuée, cette viande n'est pointfaite pour les palais délicats. Elle ne convient guère quepour les classes populaires de l'Angleterre, pour lesquellesla quantité a plus d'importance que la qualité.Les moutons lincolns se sont beaucoup répandus ences derniers temps dans les Pays-Bas, où l'on fabriquede la viande pour le marché de Londres. Dans presquetous les polders du Noortholland, de Zuidholland et de laZélande, on en rencontre des troupeaux plus ou moinsnombreux, suivant l'importance des cultures. A Wilhelmina-polder,notamment, dans le sud Beveland, il y en aplus de 2,000.Les béliers ne pèsent pas moins de 120 kilogrs


AIRE GÉOGRAPHIQUE. 37RACE DES PAYS-BAS (O. A. Batavica).Caractères spécifiques. — Front large et un peubombé; pas de chevilles osseuses; arcades sourcilièrespeu saillantes; point de dépression à la racine du nez.Sus-naseaux très-peu arqués, en voûte plein cintre, sansdépression au niveau de la connexion avec le lacrymal etle grand sus-maxillaire. Larmier peu profond. Petils susmaxillairesà branche peu arquée, formant une arcadeincisive petite. Angle facial presque droit; face triangulaire,allongée (fig. 3).Caractères zootechniques généraux. — Taille deO" 65 à 0°> 70; tète relativement forte, avec des oreillescourtes, larges et horizontales, sans aucune tache noireou rousse. Corps ample et relativementbas sur jambes. Toisoncouvrant la nuque et s'étendantjusqu'aux joues, mais absenteau ventre et sur les membres»en mèches pointues, à brinsmoins longs et moins grossiersque ceux de la race germanique— Tvpf. r)e la race desP.é.s-B»=,(diamètre inférieur à 0 mm O'n,mais de même seulement unpeu onduleux et de nuance vitreuse.Peau épaisse, sans pigment,peu riche en follicules laineux et en glandesgrasses. Chair grossière et d'un goût peu délicat. Tempéramentrésistant facilement à l'humidité. Aptitude àl'engraissement facile.Aire géographique. — La race habite actuellementdes deux côtés du détroit du Pas-de-Calais, surtout enZélande hollandaise et dans l'île de Texel, et dans lescomtés de Kent et de Sussex, particulièrement sur l'ancienmaraic de Bornney (finmmy-Mnrtsh), aujourd'hui desséché.On trouve aussi rie ses représentants isolés le longdes côtes de Normandie.Leur présence sur ''es cèles s'explique par un fait bis -v.- 3


38 RACE DES PAYS-BAS.torique. En 1819, un M. Wollaston en importa un troupeau dans les environs de Dieppe. Cette importation futsuivie de plusieurs autres, faites par une société d'éleveursconduite surtout par un M. Galbois (1).Il parait probable que son berceau a été sur quelquepoint des Pays-Bas, voisin de ce qui est présentementles bouches de la Meuse et les bouches de l'Escaut. C'estd'après cette probabilité que son nom lui a été donné, enconsidérant qu'elle s'est étendue au sud-est de l'Angleterreavant la séparation.La population n'en est pas nombreuse, et les deux partiesréunies de son aire géographique n'embrassentqu'une petite surface. La concurrence des races voisinestend du reste de plus en plus à la restreindre. Son étuden'a donc qu'un faible intérêt. Aussi ne nous étendronsnousguère sur la description de ses variétés, qui sontd'ailleurs en petit nombre.Variétés hollandaises. — On en admet deux : l'unequi vit sur les digues de la Zélande et qui est dite zélandaise; l'autre, entretenue surtout dans l'île de Texel, etque l'on trouve répandue par petits groupes sur diverspoints de la Hollande septentrionale.Contrairement à ce qui s'observe partout ailleurs enNéerlande, la production ovine prédomine dans l'île deTexel sur la production bovine. En Zelande, surtout dansle sud Beveland, nous avons déjà eu l'occasion de direqu'il exist.e un troupeau de plus de 2,000 moutons. Uncinquième environ de ce troupeau est formé par desmères de variété zélandaise et leurs produits métis deLincoln, qui s'entretiennent sur les pâturages des digues.Ces sujets de variété hollandaise sont de la taillemoyenne de leur race et pèsent vifs de 70 à 80 kilogr.,quand ils sont gras. Ils ne sont point précoces; leursquelette est grossier, et leur viande est de qualitétrès-médiocre. 11 en est de même, bien entendu, quant àleurs toisons, dont la -odeur est faible et n'entre que(\) TEssi E a ; Rapport a la Société royale et centrale d'anrirultuce.Ib26.


VARIÉTÉ NfcW-KKNT. 39pour une toufe petite part dans les profits de leur exploitation.Variété New-Kent. — Jusqu'au commencement dece siècle, les moutons du comté de Kent, connus sous lenom de race de Romney-ilarsh, étaient des animaux àfort squelette, hauts sur jambes, mal conformés, pourla plupart pourvus de cornes, et d'un développementtardif.C'est alors que sir Richard Goord, de Coleshil, dans cecomté, entreprit d'en constituer un troupeau doué de laprécocité acquise déjà aux leicesters et des formes perfectionnéesdont Bakewel avait mis le modèle sous lesyeux des éleveurs anglais. Il y parvint bientôt à l'aide dela méthode qui avait réussi à celui-ci, et ses produits, quine différaient des leicesters que par leurs caractèresspécifiques et par quelques particularités de lainage, serépandirent sous le nom de race new-kent.Sir Richard Goord véi-.ut jusque vers 1844. Il est mortplus qu'octogénaire, avec la réputation d'un éleveur depremier ordre.Malingié, qui s'était épris de cette prétendue race,en a donné la description suivante (1), un peu enthousiaste:« La race de New-Kent, c'est-à-dire la nouvelle race duKent, apurée et perfectionnée par sir Richard Goord, n'apas, quoi qu'on ait pu dire, une seule goutte de sangdishley dans les veines. Elle est de même taille que cettedernière; les formes sont absolument les mêmes, ainsique sa précocité et son aptitude à l'engraissement. Lorsqu'ona vu, manié et comparé un grand nombre de sujetsde l'une et de l'autre race, en vie et tondus, en s'appliquantà trouver entre eux quelque différence, on arrive àconstater que le cylindre du new-kent est peut-être unpeu plus allongé, en moyenne, que celui du dishley, cequi est plutôt un avantage qu'une infériorité. Lorsque lesanimaux sont abattus, l'on trouve que le dishley, en gôné-(1) MALINGIÉ, Considérations surr les bètes à laine ou rniiieu duXIX" siècle, p. 27» Paris, librairie agricole, 1851.


40 RACE DES PAYS-BAS.rai, est plus trompeur que le new-kent, ce dernier ayant,sous les mêmes apparences extérieures, plus de suif àl'intérieur que son devancier. Sa chair, dans le comté deKent, où la comparaison peut être faite partout, est préféréepar les consommateurs comme plus fine et n'ayantpas le goût de suif reproché souvent aux dishleys. Enfinla supériorité de la race s'établit surtout par les toisons,qui sont plus fines (moins grossières vaudrait mieux),plus égales, plus fermées que celles des dishleys.Quant à la faculté qu'auraient les animaux de Goord derésister mieux que ceux de Bakewel à la chaleur et à lamarche, il n'en est rien ; les uns comme les autresexigent la fraîcheur, le repos, la bonne nourriture, pourdonner les résultats qu'on attend d'eux. Le new-kentn'est pas plus taillé que le dishley pour la locomotion etla transhumance... »La variété de New-Kent n'a plus depuis longtemps enAngleterre aucune vogue. Yvart en avait introduit un petittroupeau dans les bergeries nationales françaises, enmême temps que les dishleys. Il renonça bientôt à sapropagation. Malingié, à la même époque, fit une semblableintroduction à sa ferme de la Charmoise (Loir-et-Cher) et poussa l'opération plus loin, mais sans succès.Il a raconté lui-même sa déconvenue, l'attribuant à desinfluences extrinsèques, dans des termes qui sont biende nature à faire douter de son sens pratique.( Les sacrifices inhérents à un pareil troupeau, longtempscontinués sans compensation, devinrent, dit-il,impossibles à un père de famille. Après huit années depersévérance, dont les trois dernières furent passées àattendre justice, et une conduite plus digne d'hommesqui se respectent et qui cherchent loyalement la vérité,force fut au pot de terre de céder au pot de fer. Le propriétairedu troupeau new-kent de la Charmoise, qui avaitconsacré à l'importation de ce précieux moyen d'améliorationtant de voyages, d'études, de peines et de dépenses,qui, à l'aide de soins inouïs, était parvenu à lemaintenir avec l'intégralité de ses caractères sous leclimat du centre de la France et au milieu de circons-


VARIÉTÉ NEW-KENT. 41tances ennemies, cet éleveur malheureux eut la douleurd'annoncer au ministre que ce troupeau lui devenait désormaistrop lourd à entretenir, et qu'il était obligé de lesacrifier (1). tNous avons aujourd'hui d'autres notions sur le progrèszootechnique. Nous considérons que, dans le domainedes innovations, on le sert à force de profits et non pointà force de sacrifices. L'exemple de ces profits est la seulebonne propagande. Il n'est pas désirable que ceux qui seruinent soient encouragés, par des subventions, à entraînerles autres dans une telle voie.On croit généralement qu'après la déconvenue de Malingié,les new-kent ont disparu de notre pays. C'est uneerreur. Il en existe, dans le département de la Nièvre,deux petits troupeaux, que leurs propriétaires ont introduitsen les prenant pour des dishleys. Les deux éleveursdistingués dont il s'agit se montrent convaincus qu'ilsont amélioré le type de ceux-ci en diminuant la longueurde ses jambes. Les connaissances cràniologiques leureussent évité une illusion et des prétentions d'ailleurspardonnables.RACE DES DUNES (O. A. hibernica).Caractères spécifiques. — Front large et plat; absencegénérale de chevilles osseuses; arcades orbitairessaillantes. Sus-naseaux à peine arqués vers leur partiemoyenne, en voûte plein cintre, sans saillie ni dépressionau niveau de leur connexion avec les frontaux. Lacrymalsans dépression; larmier peu profond. Grand susmaxillairenon déprimé avec épine très-saillante. Branchesdu petit sus-maxillaire faiblement arquées, formant unearcade incisive petite. Angle facial presque droit; facecourte, triangulaire, à base large (fig. 4).Caractères zootechniques généraux. — La tailles'élève jusqu'à 0 70, mais elle est plus généralementd'environ OGÛ. Presque toute la race étant, améliorée, à(1) MALINGIÉ, Considérations, etc., toc. cit.., p. 31.


42 RAGE DES DUNES.des degrés divers dans le sens de la précocité, la conformationest généralement régulière, avec le squelette fin,les membres courts et le corps ample, fortement musclés.Le poids vif des mâles va de 80 à 100 kilogr.; celuides femelles de 00 à 80 kilogr.Chez tous les sujets de la race, la peau est, sur tout lecorps, plus ou moins pigmentée, depuis la teinle ardoiséejusqu'à la teinte noire; elle l'est toujours sur la face etsur les membres, où les poils sont noirs d'un ton plusou moins vif, parfois rougeàtre lorsque la peau s'estamincie et affinée au dernier degré. Les oreilles sontpetites et ordinairement presque dressées.La toison s'avance le plus souvent jusque sur le frontet sur les joues, encadrant laface. Elle couvre le ventre etFig. 4. — Type fie la race desdunes.descend jusqu'aux genoux etaux jarrets. Formée de laine àbrins frisés irrégulièrement, enmèches plus ou moins courtes,d'un tassé variable, ainsi quele diamètre du brin, qui n'estcependant pas inférieur à0" ,m 02,elle appartient à la catégorie dece qu'on appelle vulgairementles laines courtes. La longueurde mèche varie beaucoup. La nuance de la laine est d'unblanc grisâtre. Les toisons noires ne se montrent plusque très-exceptionnellement. En général, le brin manquede résistance à la traction.Cette race s'accommode facilement aux sols maigres,mais elle ne peut point supporter l'humidité. Elle a enoutre une grande susceptibilité de la pituitaire, et elleest très-sujette au coryza.Dans son état actuel, c'est la plus apte à l'engraissementde toutes les races ovines, considérée dans son ensemble.Elle est remarquable par la finesse et la saveuragréable de sa chair. Sa graisse a un goût et une odeurqui ne rappellent en rien ceux du suif de mouton.Aire géographique. — Les côtes sud de l'Angleterre,


AIRE GÉOGRAPHIQUE. 43dans les comtés de Sussex, de Hamp et de Dorset, sontpourvues de dunes calcaires sur lesquelles poussent desherbes fines et savoureuses, d'une forte valeur nutritive.De temps immémorial on y a constaté l'existence de lapopulation ovine que nous étudions, et à laquelle on adonné, pour ce motif, le nom de ces dunes du Sud (Southdown).Là, sans aucun doute, a été le berceau de la race. Delà elle s'est étendue vers le nord-ouest sur les sols analogues,dans les comtés de Surrey, d'Oxford, de Worcester,de Shrop et jusque sur les hautes terres de l'Ecosse,de même que sur les terres accessibles du pays deGalles et de l'Irlande.La grande réputation acquise en ce siècle par quelquesunesde ses variétés l'a fait introduire sur le continentdans les principaux États de l'Europe, notamment enFrance et en Allemagne, où elle compte maintenant destroupeaux assez nombreux, mais disséminés. Elle n'aencore nulle part conquis des régions entières, commenous le verrons pour une autre aussi introduite. Il fautconstater toutefois que parmi celles d'importation anglaise,c'est la race la plus répandue sur le continentet celle dont les chances d'extension sont les plusgrandes.En Angleterre, son aire géographique tend à gagneraussi dans toutes les diteo'ions. Elle refoule notammentvers l'est et le nord-est la race du Kent. Il est probableque dans le centre e le finira par s'emparer de toutes lesterres suffisamment assainies, chassant devant elle lavariété de Leicester.C'est eu égard à celle-ci, sans aucun doute, que l'unede ses variétés les plus volumineuses et les plus lourdesa présentement la vogue dans les concours annuels de laSociété royale d'agriculture d'Angleterre, vo-rue qui n'apas toujours été interprétée chez nous d'une façon bienexacte, ainsi que nous le verrons.Parmi les variétés admises dans la race fies dunes,quelques-unes sont plutôt nominales que réelles. Nuus nepouvons cependant pas nous dispenser de les passer


44 RACE DES DUNES.toutes en revue, ne fût-ce que pour ne point rompre avecles habitudes du langage.Variété Southdown.—Cette variété est unedecellesqui s'éloignent le moins du type naturel de la race. Elletire son nom, comme nous l'avons déjà dit, de celui descollines calcaires qui, depuis le comté de Sussex, s étendentde l'est à l'ouest sur une longueur de 80 à 100 kilomètreset une largeur de 6 à 8.Dans les exploitations agricoles situées au pied de cesdunes du sud, la production ovine est l'industrie principale.On n'estime pas à moins de huit à neuf cent millele nombre des moutons entretenus durant l'hiver dansles bergeries de ces exploitations et qui, pendant lasaison d'été, broutent l'herbe fine et savoureuse desdunes.Jusqu'à la fin du siècle dernier, on comptait, parmi cesmoutons de petite taille, très-rustiques et très-sobres, etdont le poids vif ne dépassait guère 25 à 30 kilogrammes,bon nombre d'individus à toison noire. La plupart desmâles avaient la tête pourvue de fortes cornes, le coulong et mince, la poitrine étroite, la croupe courte etavalée, les membres relativement longs. Les sujets nepouvaient guère être engraissés avant l'âge de trois àquatre ans. La toison, peu tassée et en mèches courtes,ne dépassait point le poids de l k 500. La variété tirait saprincipale valeur du goût très-fin de sa viande, qui contrastaitsingulièrement avec celui de la chair des grandset gros moutons des comtés du centre et de l'est.Vers 1780, John Elmann entreprit de modifier les formeset les aptitudes de la variété de Southdown, en lui appliquantla méthode d'amélioration inaugurée par Bakewel.Pendant près de cinquante ans il fut à Glynde, près deLewes, le fournisseur de béliers perfectionnés, et enquelque sorte l'instituteur de ses confrères dans l'art del'éleveur.Nous avons mesuré trois échantillons de laine provenantde son troupeau, et qui font partie de la collectionde Grignon. L'un a un diamètre de 0" im 016 et les deuxautres de 0 m 023, soit en moyenne 0mm 02. Le brin, dans


VARIÉTÉ SOUTHDOWN. 45tous les trois, manque de résistance et de douceur, ce quiest le cas des laines de Southdown en général.Ce fut principalement Jonas Webb, de Brabaham, dontla réputation est devenue européenne, qui lui succéda, etqui, durant une longue carrière, amena les southdownsau point où nous les voyons aujourd'hui, c'est-à-dire àl'idéal de perfection que l'on pouvait rêver pour les formeset pour la précocité chez les bêtes ovines.Il serait en effet difficile de rien imaginer de mieuxdans le genre. Aucune autre variété ovine ne surpassecelle des southdowns d'aujourd'hui pour l'ampleur ducorps, unie à la finesse du squelette. Ayant plutôt perduque gagné en taille u> 65 chez les mâles etOm 55 à On» 60chez les femelles), elle atteint maintenant facilement despoids vifs de 80 à 100 kilogr. chez les mâles, dès l'âge dedouze à quinze mois, de 60 à 70 kilogr. chez les femelles.Son reniement en viande nette n'est jamais guère moindrede 60 p. 100, et il va souvent au delà.Trois moutons southdowns de neuf mois, pesant enmoyenne 60 kib, primés au concours général de 1881, ontrendu 68.72 de viande nette p. 100. Leur sixième côtelettepesait 447 gr., dont 292 gr. de graisse et 25 gr. seulementde noix, contenant 20 p. 100 de matière azotée et 17 degraisse, dans laquelle il y avait 59 p. 100 d'acide oléique.Trois autres de vingt et un mois, pesant 86 kib, du concoursde 1882, ont rendu 70.38. Leur sixième côtelettepesait 793 gr., dont 33 gr. de noix, contenant 23gr 85 dematière azotée et 23sr 67 de graisse p. 100. Dans cettegraisse, il y avait 45 p. 100 d'acide oléique et 55 d'acideconcret. Sur les marchés de Londres, la viande de southdownest toujours celle qui se vend aux [dus hauts prix.Le poids de la toison ne varie qu'entre l k 500 et 3 kilogr.On ne peut pas dire toutefois que dans ces nouvellesconditions la variété southdown ail conservé sa rusticitéprimitive. L'assertion en a été souvent énoncée, mais pardes enthousiastes irréfléchis. Certes, même telle qu'elleest devenue, elle est mieux en mesure qu'aucune autredes variétés anglaises améliorées et précoces de s'accommoderaux situations médiocres. Où les autres suc-«. 3.


46 RACE DES DUNES.comberaient, elle subsiste encore, mais en soutenant unelutte pénible, qu'il n'est jamais sage de lui faire engager.Partout elle se montre notamment d'une susceptibilitéexcessive pour le coryza. Il est certain que Jonas Webbest allé, en ce qui la concerne, jusqu'à l'exagération, enaffaiblissant outre mesure son tempérament, et qu'il eûtmieux valu rester un peu en deçà.Les animaux extraordinairement perfectionnés que luiet ses émules, au premier rang desquels il faut placerlord YValsingham, exposaient dans les concours, ont faitacquérir dans ces derniers temps à la variété une vogueénorme, à la suite de laquelle elle a été introduite unpeu partout, non seulement en Angleterre, mais encoresur le continent.Nous avons maintenant en France des éleveurs desouthdowns qui ne le cèdent point à ceux des îles Britanniques.Leurs bergeries sont prospères et justement renommées.Il y avait en effet une place à prendre cheznous pour celte excellente variété qui s'y est répandue,mais cependant pas autant qu'on aurait pu le croire deprime-abord, tandis que celle de Leicester perdait aucontraire du terrain.En Allemagne, des efforts peu pratiques sont faits pourla propager. Mais comme il s'agit là de la substituer aumérinos, contre lequel il ne lui est pas possible de lutteravantageusement, ces efforts doivent échouer. Ils ontcontre eux tous les éleveurs éclairés et sachant calculer.Chez nous, on s'est bien gardé de tenter sérieusementune entreprise aussi folle. Tout le monde cependant n'apas été à l'abri de l'engouement. Des tentatives malcombinées ont été faites; mais le bon sens français a eubientôt le dessus, et l'extension des southdowns se produitmaintenant dans les milieux qui lui sont propices etque nous verrons en décrivant les variétés qu'ils tendentà remplacer.Variétés Hampshiredown et Oxfordshiredown.— Nous réunissons ici ces deux variétés, qui ne diffèrentvraiment pas, et qui ne se distinguent de celle de South-


VARÏÈ1É. SH 0P3IHPE OA'V. 47down que par un peu plus de taille et par me moindrefinesse. Ce sont des. variétés moins perfectionnées et habitantdes milieux plus fertiles, où il ne s'est d'ailleurspas trouvé de grands éleveurs comme Elmann et commeJonas Webb.Les hampshiredowns, les oxfordshiredowns, de mêmeque les norfolkdowns et les westdowns, que l'on distingueencore parmi les moutons à tète et à jambes noires del'Angleterre, ne sont en général que des southdowns médiocreset grandis, à membres plus longs et moins fins,à cou plus allongé et à tète plus forte. Il n'y a pas lieude s'y arrêter davantage. On en voit figurer quelquesunsdans nos concours français, introduits par des agriculteursamateurs, qui paraissent se préoccuper surtoutde faire autrement que les autres. Il eût mieux valu leslaisser dans leur pays.Là, ils ont une valeur qui s'accuse par la faveur dontils sont l'objet sur les marchés, par rapport aux autresmoutons anglais des races à tête blanche. Leur viandes'y vend toujours quelques deniers de plus par livre. Ilsviennent, dans l'échelle des prix, immédiatement aprèsles southdowns.Variété Shropshiredown. — La variété du comté deShrop, qui est arrivée récemment à la réputation en Angletere,à cause des beaux sujets exposés dans les concoursde la Société royale, ne diffère de celle de Southdownque par un plus grand développement (taille 0 m 70chez le bélier, 0m 65 chez la brebis) et par une toison àbrins moins fins (diamètre 0mm 03) et moins courts, maisplus résistants. Elle en est à vrai dire une forte amplification.Les béliers pèsent jusqu'à 120 et 130 kilogr. à quinzemois, les brebis jusqu'à 80 et 100 kilogr. Il y a, sous cerapport, peu de différence entre eux et les leicesters. Ilssont tout aussi précoces que les southdowns et souventmême davantage.Leurs toisons, moins ânes, pèsent de 3 à 4 kilogr.Ce qui les caractérise surtout, c'est qu'ils ont la tèteplus forte,la face pflKBrttpniiellement un peu plus longue' §Ù


48 RACE DES DUNES.et les membres grossiers. Leur chair est aussi beaucoupmoins fine et d'une saveur moins agréable.Quelle que puisse être la régularité de la conformation,la variété shropshire n'est donc, en fin de compte, pasautre chose que celle de Southdown grossie. Par rapportà elle, c'est dans sa race une variété grossière. Elle nes'en distingue pas autrement.On comprend qu'en Angleterre la question de préférenceait pu se poser entre cette variété de la race desdunes, grandement améliorée, et celle de Leiscester, pourles régions saines qui produisent de gros moutons. Évidemment,celte dernière ne peut plus supporter la comparaisonà son avantage, du moment surtout que la viandede shropshire, comme celle des autres variétés dela même race, se vend plus Cher sur les marchés anglais.La vogue des shropshires s'explique en ce cas et se justifie,mais non pas au point d'admettre, comme on l'aprétendu, qu'ils sont absolument préférés aux southdowns.Ceux-ci restent en possession de leur supériorité,attestée par le prix plus élevé de leur viande.Sur le continent, où il s'agirait d'entrer, d'une part, enconcurrence avec nos excellents mérinos, et d'autre partavec les races aptes à subir sans dommage un certaindegré d'humidité du sol, il est évident qu'il n'y a utilementaucune place à prendre pour eux. L'idée de lesintroduire en France, née d'une anglomanie invétérée,n'était donc point pratique. Aucun éleveur sérieux nepourra consentir à se laisser entraîner dans une voie aubout de laquelle serait l'échec certain. Il en a été entretenu,durant quelques années, un petit troupeau à l'écolede Grignon. On a dû y renoncer.Variété Black-Faced. — Cette variété n'a qu'uneimportance locale, mais grande toutefois, pour la raisonque seule elle peut supporter le rude climat des hautesterres de l'Ecosse où elle vit.Le mouton à face noire, que personne n'avait jamaisencore rattaché à la race des dunes, à laquelle il appartientcependant d'une manière évidente, représente cetterace dans son état primitif. Il a la tête ornée de cornes


VARIÉTÉS BLACK-FACED. 49volumineuses, même chez les femelles, et il atteint despoids vifs de 40 à 80 kilogr., quand il a été élevé et préparéen vue des concours. Sur les Highlands, il ne dépassepas 40 kilogr. Ses formes sont un peu anguleuses,et sa toison est grossière et longue, ce qui est dû auxtourmentes hivernales auxquelles il est exposé, vivantconstamment dehors. Il ne nous intéresse qu'au point devue de l'histoire naturelle de sa race.RACE DU PLATEAU CENTRAL (O. A. arvernensis).Caractères spécifiques. — Front large et un peubombé, avec des chevilles osseuses à base étroite, minceset contournées en spirale serrée, toujours absentes chezla femelle. Arcades orbitairespeu saillantes. Faible dépressionau niveau de la suturefronto-nasale. Sus-naseauxpresque droits, en ogive, déprimésau niveau de leur connexionavec le lacrymal et legrand sus-maxillaire. Lacrymal Fig. 5. — Type de la race dusaillant, avec larmier peu pro- plateau centraLfond. Grand sus-maxillaire saillantà l'épine zygomalique. Petit sus-maxillaire faiblementarqué, avec une arcade incisive petite. Angle facial presquedroit; face courte, triangulaire, à base large (fig. 5).Caractères zootechniques généraux. — Taillevariable, mais le plus souvent très-petite, descendantjusqu'à 0m 40 et ne dépassant guère 0 m 60. C'est la pluspetite de toutes les races françaises. Elle a le squelettefin, avec des masses musculaires bien développées et desmembres courts.Toison en mèches pointues, formées de brins courtset frisés, d'un diamètre toujours au-dessus de 0mm02, secset cassants, s'étendant jusque sur la nuque, sous leventre et sur les membres, au niveau des genoux et desjarrets, généralement blanche, mais souvent noire, brunemi musse.


50 RACE DU PLATEAU CENTRAL.Les sujets de cette race s'engraissent facilement, etleur chair délicate est remarquable par sa saveur fine etagréable. Leur tempérament est très-rustique.Aire géographique. — La race du plateau central,comme l'indique son nom, occupe la partie de la Franceanciennement habitée par les Arvernes et comprenantaujourd'hui les départements du Cantal et du Puy-de-Dôme, de la Corrèze, de la Creuse, de la Haute-Vienne,parties de la Charente et de la Charente-Inférieure, do la"Vienne et des Deux-Sèvres, c'est-à-dire les anciennesprovinces d'Auvergne, de Limousin, de la Marche et del'Angoumois.Il serait, difficile de dire au juste où a été son berceau,mais les probabilités sont pour qu'il se soit trouvé plutôtvers l'ouest que vers l'est de l'aire actuelle. Indépendammentde ce que les formations à la faune desquelles lesOvidés appartiennent y sont plus communes et plusétendues, le sens actuel de l'extension y est en outreplus conforme. Il doit être sur les versants calcaires occidentauxdu plateau central.En examinant cette race sur l'étendue de son airegéographique, au point de vue des relations qui peuventexister entre les variations qui s'y présentent et les conditionsde milieu qu'on y observe, on est frappé d'unphénomène sur lequel nous avons depuis longtempsappelé l'attention au point de vue de la loi d'accommodation.Partant de Guéret, par exemple, pour aller à Saint-Jean-d'Angély, par Eellao, Confolens et Ruffec, et parcourantainsi les départements de la Creuse, de la Haute-Vienne, de la Charente et de la Charente-Inférieure, sil'on trace une courbe de la taille des moulons et aussiune courbe de la richesse du sol en calcaire, ces deuxcourbes seront exactement superposables et égalementascendantes. Celle de la taille aura son point de départà une hauteur de 0 m 35 àOm 40, et son point d'arrivée à lahauteur de 0


VARIÉTÉ MARCHOISE. 51part il n'y a de" race plus complètement abandonnée auxseules influences naturelles.Ses variétés n'offrent guère d'autres caractères dlstinctifs.Variété auvergnate. — Les moutons sont peu nombreuxen Auvergne. Les fonds des grandes cuvettes demontagnes étant imperméables et fréquemment tourbeux,ils y contractent facilement la cachexie aqueuse. C'esttout à fait exceptionnel que leur foie n'héberge point desdistomes. Aussi la population est-elle formée pour laplus grande partie par des individus non point nés enAuvergne, mais venus du centre de l'aire géographiquede la race, au commencement de la belle saison, pours'y engraisser et être ensuite expédiés vers les marchésde Paris et de Lyon.Il n'y a donc guère, à proprement parler, une variétéauvergnate, si ce n'est sur les confins de la Corrèze etdu Lot.Cette variété est de taille moyenne entre les deuxextrêmes de la race, c'est-à-dire qu'elle est haute deO" 45 à O» 50, à poitrine étroite, à membres fins, à coulong et mince, souvent de couleur noire ou rousse, maispresque toujours, quand elle est de toison blanche, marquéede taches noires ou rousses à la face et auxmembres.Les moutons auvergnats pèsent rarement plus de30 kilogr. vifs. Leurs gigots sont petits et allongés, etleur.chair a une saveur un peu fade, due à leur état cachectiqueà un degré quelconque.Ils figurent en grand nombre sur le marché de La Villette,mais toujours mélangés avec une autre race quenous décrirons plus loin et qui habile l'Auvergne aveceux.Ils ne produisent à chaque tonte pas plusde750grammesd'une laine sèche et grossière, qui n'a qu'une très-faiblevaleur commerciale.Variété marchoise. — Dans la Creuse, les bêtesovines forment la pilns forte part de la population animale.Les troupeaux n'y comptent pas beaucoup de têtes,


52 RACE DU PLATEAU CENTRAL.mais ils sont très-nombreux, et les individus qui lescomposent sont d'une rusticité à toute épreuve, habituésqu'ils sont à vivre sur les plus maigres pâtures.La variété qu'ils forment dans la race du plateau cenlralse distingue par son état inculte, par sa taille exiguë(0 ,n 40 au plus), par la présence des cornes, même chezles mâles émasculés, par la forte proportion des toisonsnoires et des sujets à face et à membres tachés de noirou de roux foncé, quand la toison est seulement d'unblanc grisâtre.Cette variété est cependant remarquable par les formescorrectes de son corps, par l'épaisseur de ses petitsgigots, par la brièveté et la finesse de ses membres.Son poids vif ne dépasse guère 'JOà'25 kilogr. Engraissée,elle arrive au poids de 30 kilogr., et elle rend de 15 à18 kilogr. d'une viande justement renommée pour sasaveur fine et délicate.Les toisons ne pèsent pas plus de 600 grammes.Variété limousine. — Cette variété se confond avecla précédente dans la Corrèze, une partie de la Haute-Vienne et de la Charente (l'arrondissement de Confolens);mais, dans le nord de la Charente, dans la Vienne,dans les Deux-Sèvres et la Charente-Inférieure, où ellevit au milieu d'une autre race, elle prend des caractèresdifférentiels, tirés d'abord de sa taille moins petite et dela blancheur constante de sa toison, ainsi que de l'absencedes taches noires ou rousses sur la face et lesmembres.C'est elle qui arrive, vers la limite ouest de l'aire géographique,à la taille de 0 60, après avoir passé par tousles intermédiaires, à partir de 0 rn 40, qui sont la hauteurmoyenne de la variété nmidioise. Elle se distingue doncsurtout de sa voisine par la toison. Comme chez cette dernière,les formes sont correctes, les membres relativementcourts et fins.Le poids vif va jusqu'à 40 kilogr., du côté de l'ouest. EnLimousin, il ne dépasse point 30 kilogr., et la qualité dela viande est là bien meilleure.Lorsque les sujets n'ont pas beaucoup dépassé l'à r 'e


VARIÉTÉ LIMOUSINE. 53adulte et qu'ils ont été bien engraissés, ce à quoi ils seprêtent avec une grande facilité, cette viande a un goûtqui ne le cède à aucune autre.Les moutons du Limousin sont expédiés en grandnombre à Paris, comme ceux de la Marche, et leurs petitsgigots y sont très-estimés.Ils ne donnent pas plus de 500 à 700 grammes de laine.Depuis une quarantaine d'années, ces moutons ont étégrandement améliorés et leur valeur commerciale a plusbue doublé. Des tentatives ont été faites, dans la Haute-Vienne surtout, pour les remplacer par des southdowns.Elles n'ont jusqu'à présent pas abouti, et il y a lieu decroire que ces derniers resteront entre les mains desquelques grands propriétaires qui les ont introduils. Lavariété supporte, en effet, facilement leur concurrence,à cause de sa-rusticité et de l'excellente qualité de sachair, mais surtout à cause d'une appropriation plus géjanaleau système de culture des métairies limousines.


54 RACE DU DANEMARK.CHAPITRE 111RACES OVINES DOLICHOCÉPHALES.RACE DU DANEMARK (0 A.ingevonesis).Caractères spécifiques. — Front étroit, chevillesosseuses à base elliptique, peu épaisses, courtes et contournéesen spirale serrée, souvent absentes chez lemâle et toujours chez la femelle iarcades orbitaires très-saillantes;forte dépression à la racinedu nez. Sus-naseaux fortementcurvilignes depuis la suturefronto-nasale jusqu'à leur pointe,unis en voûte ogivale. Lacrymalpeu déprimé, à larmier peuFig. C. — Type de la racedu Danemark.profond. Grand sus-maxillaireà épine zygomatique fortementsaillante. Petit sus-maxillaire à branche très-arquée endehors, formant une arcade incisive grande. Angle facialobtus; face allongée, elliptique (fig. 6).Caractères zootechniques généraux — Taille trèsvariable,depuis O 1 " 70 jusqu'à 0 ,N 80 et au-dessus, avecdes membres toujours longs. Tète volumineuse; oreilleslongues et pendantes; physionomie stupide; cou long etmince; corps étroit, croupe courte et inclinée; queuebeaucoup moins longue que celle rie tontes les autresespèces ovines. Chez colles-ci, elle descend toujours audessousdu jarret; dans la race en question, Hic se terminetoujours au-dessus, ce qui lui a l'ait donner en alle-


AIRE GÉOGRAPHIQUE.mand le nom de Kurzchtoaenzige Schaf (mouton à courtequeue).La toison, formée d'une laine frisée, à brins relativementcourts et grossiers (0 mnj 03 de diamètre au moins),descend rarement plus bas que le milieu du corps, représentantainsi une sorte de manteau. La plus grande partiedu col, la moitié inférieure de la poitrine et de l'abdomen,les membres tout entiers, jusqu'aux épaules et auxcuisses, la queue, en sont le plus souvent dépourvus etse montrent couverts de poils plus ou moins grossiersou droits. 11 est exceptionnel que le corps entier soitpourvu de laine, et, en ce cas, elle est toujours absentesous la poitrine et sous le ventre.Les brebis font ordinairement deux agneaux.Dans cette race, le tempérament est robuste. Elle s'accommodeà toutes les situations et ne redoute point l'humiditédu climat.La chair est grossière et d'une saveur peu délicate.Aire géographique. — La race du Danemark setrouve encore aujourd'hui sur de vastes étendues deterritoire. Elle existe dans tout le nord de l'Europe, enRussie, en Suède, en Norvvège. en Islande, en Jutland,dans le nord-ouest de l'Allemagne, dans les îles écossaises,en Irlande, en France et, dit-on, jusqu'enEspagne. En France, elle n'occupe que de petites étendues,où elle a été évidemment transportée à desépoques historiques dont nous avons eu déjà par deuxfois l'occasion de parler, à propos d'un semblable transportde bètes chevalines. Ces étendues sont situées enFlandre et Artois et en Poitou, où les Hollandais appeléspar Sully ont effectué les dessèchements que noussavons.Dans les parties de l'extrême nord de son aire géographique,la race vit le plus souvent en pleine liberté,presque sans aucun rapport avec l'homme. On lui donnela chasse pour tondre les bêles une fois par an. Un peuplus bas, elle vit sur les bruyères, dnns des conditionsun peu moins sauvages, par exemple en Ecosse, enNorwège, en Suède et en Russie, mais encore bien pau-5f


56 RACE DU DANEMARK.vrement et exposée à de rudes intempéries, obligée souventde gratter la neige pour trouver sa nourriture. Enfin,plus bas encore, en Danemark, elle est depuis un tempsimmémorial à l'état domestique complet. Viborg, et Linnélui-même, nous ont laissé sur son genre d'existence desdétails intéressants, qui conviendraient tout à fait pourdécrire sa situation actuelle dans bon nombre de districtsde la Russie, de la Pologne et de la Galicie. Celte existenceest meilleure dans les bruyères du Hanovre, où dureste la race va en diminuant, à mesure que le pays s'améliore.Il n'est pas probable qu'elle soit originaire de l'extrêmenord. Tout porte à penser qu'elle s'y est étendue, partantdu sud de la Scandinavie, habité à l'époque romaine parles Ingewons. De là le nom spécifique que nous lui avonsdonné. Son extension naturelle s'est faite aussi dans lesautres directions, où, depuis que la civilisation a pris unautre cours, elle perd sans cesse du terrain.Nous ne pouvons pas songer à nous occuper ici endétail des variétés nombreuses qui se sont formées danstous les pays du Nord plus haut énumérées. Cela n'auraitpour la <strong>zootechnie</strong> européenne qu'un faible intérêt. Ilfaut se borner aux indications sommaires que comportel'histoire naturelle de la race, en réunissant toutes cesvariétés sous une rubrique commune, pour ne décrire endétail que celles qui nous toucneni plus directement.Variété des landes du Nord. — Nous comprenonsdans cette variété non seulement la population de laSuède, du Danemark, du Hanovre, que les Allemandsnomment Haideschnucke, parce qu'elle vit le plus ordinairementsur les bruyères, mais encore celle des hautesterres de l'Ecosse, vivant à côté des Blaek-Faced, etcelle des friches de l'Irlande, en un mot toutes les tribusde la race habitant les terres incultes de son aire géographique.Dans la plupart des cas, le revenu qu'on en tire consisteen 500 à 700 grammes de laine par tête et par an,et il y a des localités où ce n'est point par la tonte, maisbien par l'arrachage, qu'on en fait la récolte. Mais comme


VARIÉTÉ DE POLDERS. 57les tètes sont nombreuses et le pays incapable de produireautre chose, celui-ci n'en est pas moins ainsi misen valeur. On peut le demander aux lords de Sutherland,par exemple, depuis l'expulsion de leurs malheureuxtenanciers et le remplacement de ceux-ci par cesmoutons de bruyères, qui bravent les rudes hiversécossais.Par la taille, la variété tient le milieu entre le minimumet le maximum indiqués pour la race. Elle aussi a lesjambes longues, ce qui la rend bonne marcheuse et luipermet de traverser les marécages et les champs deneige. Sa toison est longue et épaisse, relativement. Dansle nord de l'Europe, on l'enduit souvent avec un mélangede graisse et d'huile de baleine, comme préservatif de lapeau contre les intempéries auxquelles l'expose son genrede vie, et qui n'y occasionnent pas moins une très-fortemortalité.En outre de sa laine, d'une très-faible valeur, on lecomprend bien, elle produit une viande qui a quelqueressemblance avec la venaison.Dire qu'elle est sobre et rustique serait superflu; maisses conditions d'existence sont telles, presque partout,qu'elle paie à la mortalité un large tribut. Elle va disparaissantdes régions sableuses du Hanovre et aussi duDanemark, à mesure que le progrès agricole s'y étend.On ne la rencontre plus, au nord-est, qu'en Russie, enPologne et en Galicie. Elle a disparu de la Poméranie, duMecklenbourg et de la Silésie depuis la fin du siècledernier. C'est elle qui formait tous les troupeaux de cesrégions avant l'introduction des mérinos en Allemagne.Variété des Polders. — Dans les marches de l'Allemagnedu Nord et dans les polders du nord-est des Pays-Bas, la race danoise a acquis de la taille et un plus granddéveloppement. La variété qui s'y est formée et qui vitlà en petits troupeaux, des restes que laissent dans lesherbages les populations chevaline et bovine, se mélangevers le sud avec celle des moutons rhénans, appartenantà la race germanique. Celle-ci la remplace de plus enplus, comme dans les landes de la Westphalie et du


58 nACK DU DANEMARK.Hanovre, à cause de sa toison plus abondante et de sonossature moins forle.Elle aura sans doule avant longtempscomplètement disparu.Pour les personnes qui ne sont pas au courant desdétails de sa morphologie spécifique, elle est toutefoisencore reconnaissable, au milieu de ces populations mélangées,à la moindre longueur de sa queue. On la distinguefacilement, par exemple, parmi les moulons qui,sous l'épithète commune d'allemands, sont amenés de laWestphalie par les voies ferrées au marché deLa Villette,à Paris. 11 serait d'ailleurs sans grand intérêt de nous yarrêter plus longuement.Variétés flamande, artésienne et picarde. — Cestrois variétés sont en réalité purement nominales. A peiney observe-t-on des variations de taille, dépendantes de lafertilité des milieux et se joignant par des transitions insensibles.Elles habitent les Flandres belge et française,et, en dehors de ces provinces, jusqu'à l'embouchurede la Somme et à la rive droile de l'Oise, c'est-à-dire,en France, les départements du Nord, du Pas-de-Calais,de la Somme, une partie du département de l'Aisne, comprenantles arrondissements de Saint-Quenlin et de Vervins,et, dans l'Oise, les arrondissements de Beauvais etde Compiègne.Elles y ont été souvent croisées, surtout avec la variétéanglaise de Leicester, et aussi parfois avec des métis decette variété et du mérinos, qui se produisaient à la bergerienationale de Haut-Tingry, dans le Pas-de-Calais.Dès le siècle dernier, peu avant la Révolution, en 1774,il avait été introduit déjà dans les environs de Boulogne,par MM. Delporte, un troupeau de moutons anglais, dontil serait difficile de déterminer exactement le type d'aprèsce qu'en dit la Feuille du Cultivateur, mais qui étaient,d'après Tessier (1), de la variété du Kent.Comme d'usage, on admet dans la région que nousvenons de délimiter une race flamande, parmi laquelled'agricul­(i) TESSIER, Rapport à la Société royale et centraleture, 1828.


VARIÉTÉ POITEVINE. 59on distingue même les moutons cambraisiens ; une raceartésienne un peu moins haute sur jambes et mieux conformée,et une race picarde qui n'en diffère point enréalité. De celle-ci on sépare, sous le nom de moutonsvermandois, les sujets qui se trouvent aux environs deSaint-Quentin.Toutes les populations ainsi nommées ont la toisongrossière, dure, en général jarreuse, en mèches longues,pointues, peu tassées, absente en arrière des coudes etau ventre.Leur taille varie, mais elle est toujours grande. Latête est grosse, avec les oreilles longues et pendantes,le cou long et mince, la poitrine étroite, à côtes peuarquées, à garrot élevé ; la croupe et les cuisses sont assezbien musclées, mais le flanc est grand, le ventre volumineux,et les membres sont longs, grossiers et souventmal d'aplomb.L'achèvement du squelette est tardif; mais cependantles variétés en question s'engraissent avec facilité, etelles sont renommées pour leur grande fécondité.La plupart des défauts que nous venons de metlre enévidence s'atténuent en général dans la variété artésienne,mieux soignée que les autres, et aussi plus nombreuse.Le poids vif des moutons atteint de 60 à 90 kilogr., etmême au delà, dans quelques cas»exceplionnels. Le rendementen viande nette, calculé d'après des observationsrecueillies sur cinquante animaux gras, a été en moyennede 50 p. 100. Pour le suif, il a été de 14,72, ce qui indiqueune forte propension à l'engraissement. Mais la viande,d'une contexture grossière, manque de saveur.Les toisons n'ont qu'une faible valeur, leur laine appartenantà la catégorie des plus grossières (diamètre 0 m '"036)et des plus rudes.Variété poitevine. — Cette variété habite les départementsdes Deux-Sèvres, do la Vendée, de la Vienne enpartie, de la Charente-Inférieure et de la Charente aussipartiellement. Elle s'étend vers le nord-ouest jusqu'enMaine-et-Loire et dans la Loire-Inférieure.


60 RACE DU DANEMARK.Sa race a été évidemment introduite là, venant dunord, lors du dessèchement des marais vendéens,commenous l'avons déjà dit, et la variété se mêle sur beaucoupde points avec celle de la race du plateau central, quenous y avons signalée et décrite précédemment.Elle s'y montre disséminée en petits troupeaux, quin'atteignent qu'exceptionnellement le nombre de cent etne dépassent pas généralement ceux de vingt à trentetêtes. Ces troupeaux vivent sur les chaumes herbeux dela Plaine et du Bocage, ou les pâtures de laGàtine, gardéspar des bergères accompagnées d'au moins un chien,plus propre à aboyer aux passants qu'à surveiller lesmoutons.En quelques localités du sud de la région, dans le départementde laCharente notamment, pays naguère exclusivementvignoble, les petits ménages entretenaient unou deux de ces moutons, de grande taille, que la ménagèreconduisait en laisse pour paître l'herbe des chemins.Depuis les ravages du phylloxéra, leur nombre abeaucoup augmenté, ainsi du reste que dans les autresparties des Charentes.Ces dispositions tiennent à l'extrême division de lapropriété. La somme des petits troupeaux n'en donnepas moins une population ovine considérable, qui fournitau marché de Paris, chaque année, un grand nombre demoutons gras, vers la fin de l'automne, leur engraissements'effectuant sur les chaumes, entre la moisson et lasaison des labours.Chez la variété poitevine, la taille se maintient entreOm 70 et 0>" 75 Elle dépasse même cette dernière hauteurdans quelques béliers de la Vendée. La tête est toujoursgrosse, parfois marquée de petites taches brunes ourousses. Le col est très-long, mince et à bord supérieurconcave, la tête étant portée haute, ce qui donne à l'individuune attitude singulièrement stupide. La poitrine estétroite, serrée en arrière des coudes, à côtes courtes etpeu arquées. Les épaules sont plates; le garrot est mince,le dos droit, les lombes sont souvent étroites et longues.La croupe, ordinairement courte, est avalée et peu mus-


VARIÉTÉ POITEVINE. 61clée, ainsi que la cuisse. Le» membres sont forts etlongs, très-agiles, ce qui fait que les moutons poitevinssont grands marcheurs, comme du reste tous les animauxhauts sur jambes. Ils ont le caractère très-ombrageux,le tempérament vigoureux, sont grands mangeurset d'un développement tardif. Les brebis font ordinairementdeux agneaux.La toison, peu étendue, laisse généralement à découvertle ventre et toute la hauteur des membres; souventmême elle s'arrête à la pointe de l'épaule et sur le corpsau niveau d'une ligne partant de là pour aller à la pointede la fesse. Toute la moitié inférieure du col en est demême dépourvue, et où elle existe, elle est fortementmélangée de jarre. Les brins (diamètre 0 mm 03G) en sontfrisés, peu nombreux par millimètre carré, peu pourvus desuint, peu élastiques, en mèches pointues et peu longues.Aussi le poids n'en dépassejamais2>


62 RACE BRITANNIQUE.Fig. 7. — Type de la racebritannique.arcades orbitaires peu saillantes. Absence de dépressionà la racine du nez. Sus-naseaux curvilignes en arc à trèscourteflèche, réunis en ogive et sans dépression latérale-Lacrymal non déprimé, à larmier peu profond. Grandsus-maxillaire à surface convexe, peu saillant à l'épinezygomatique. Petit sus-maxillaire à branche fortementarquée, formant une arcade incisivegrande. Angle facial obtus;face allongée, elliptique(fig. 7).Caractères zootechniquesgénéraux. — Taille très-grande(0« 70 à 0»> 80). Tête forle, àoreilles courtes, à museau large,émoussé, à bouche grande, àlèvres épaisses Corps volumineux.Membres forts, bien d'aplombet relativement courts.Toison d'un blanc mat remarquable, à brins longs,lisses et doux, mais à fort diamètre (O 1 » 03 au moins),formant des mèches bouclées, s'élendant jusque sous leventre et jusque sur le front en une sorte de toupet, maisnon sur les membres.La race est améliorée dans son ensemble, sous le rapportde la précocité, mais elle a conservé encore un certaindegré de rusticité.Elle produit de fortes quantités de viande, dont la qualitéest plus estimée que celle des autres grandes racrsou variétés à tête blanche de l'Angleterre. S.i laine a aussiplus de faveur.Aire géographique. — De temps immémorial, lescollines du comté de Glocesler, au sud-ouest de l'Angleterre,étaient, habitées par des moutons de celte race,abrités en hiver sous des cabanes réunies en grandnombre, pour les préserver contre les intempéries dudistrict pastoral dont il s'agit. En dehors de ce district onne les trouve nulle part sans qu'il soit possible do rattacherleur présence à une introduction historiquement connue.Le berceau de la race est donc bien évidemment là.


•ARIÈTÉ COTTSWOLD. 63Aujourd'hui, on la rencontre dans la plupart des fermesdes comtés de Willt, d'Hereford, d'Oxford, de Worcester,de Glamorgan, de Sommerset, de Buckingham, et plus àl'est sur les hauteurs du Norfolk, au nord sur celles duNorthumberland, sur les monts Cheviots.Son aire géographique actuelle est donc assez irrégulièreet interrompue par des populations qui nous sontdéjà connues. Il est facile de voir, en consultant la cartephysique des îles Britanniques", que le caractère proprede cette aire est d'être formée par des collines analoguesà celles du Glocestershire, où se place le berceau de larace.Dans ces derniers temps, la principale variété de cellecia été introduite sur le continent, comme du reste toutesles variétés améliorées de l'Angleterre, sous l'influencede l'engouement empirique dont elles ont été l'objet. Ellene s'y est guère répandue, surtout en France, où le bonsens des cultivateurs peu enclins aux innovations irréfléchiesrésiste volontiers et ne se laisse convaincre quepar les démonstrations financières. Nous n'en connaissonschez nous présentement aucun troupeau de quelqueimportance. Les tentatives pour en constituer ont touteséchoué. '» -Il n'en est pas de même en Allemagne, où l'anglomanie,plus récente, a davantage flori, sous l'influence desprincipaux coryphées de la <strong>zootechnie</strong>.Les variétés de la race britannique sont peu nombreuses.On n'en compte pas plus de trois, que nousdevons décrire sommairement.Variété Cottswold. — Cette variété a son centre deproduction sur le berceau "même de la race, dans lecomté de Glocesler. Elle doit son nom à l'ancien moded'existence qui lui est attribué, et qui consistait en ceque les troupe: ux étaient abrités, durant la nuit, dansdes cabanes rustiques formant des agglomérations surde certains points (colt's wold, camp de cabanes, littéralement).Ln< collines du comté sont peuplées de nombreux troupeaux.Il en sort chaque année environ 3,500 béliers,


64 RACE BRITANNIQUE.vendus aux enchères publiques, pour aller faire la luttedans les troupeaux des aulres comtés indiqués plus haut.Ces béliers alteignent des prix très-élevés.Avanl que l'influence de Bakewel se fût fait sentir, lesmoulons des collines du Glocestershire n'étaient réputésque pour la blancheur et la finesse relative de leur laine(diamètre 0""» 03). Cambden, un écrivain du commencementdu XVI e siècle, en signale les nombreux troupeauxcomme fournissant de la laine d'une blancheur éclatante,de très-belle qualité, très-recherchée des nations étrangères.Il ajoute que ces moutons ont le cou long et lecorps carré (1).Les cottswolds actuels ont conservé cette même laine,mais leur conformation générale a été grandement modifiée,comme celle de tous les autres moutons anglais. Ilsont encore le col un peu moins court que celui des leicesters,par exemple, mais il a beaucoup perdu de salongueur primitive. Les épaules sont fortement musclées;le garrot est large et bas, la poitrine ample et profonde,à côtes bien arquées, la ligne dorsale un peu relevée; leslombes sont larges, les hanches écartées; la croupe estlongue mais pointue, et les gigots sont minces, eu égardà la taille, qui est généralement grande.Engraissés, les moutons cottswolds atteignent communémentle poids vif de 80 kilogr. Quatre lots de ces moutonsfiguraient au concours international de Poissy,en 1862. L'un, composé de cinq sujets âgés seulement deneuf mois et quinze jours, pesait en totalité 532 kilogr.,soit en moyenne 106 k 400 par tête. Un autre, dont lescinq individus étaient âgés de vingt-un mois, ne pesaitque 457 kilogr., ou 91 k 400 par tôle. Les deux autres, âgésde dix mois et dix mois et quinze jours, ont piesé 387 kil.et 486 kilogr., ce qui met les moyennes individuelles à77k 400 et 97k 200.Étant donné qu'il s'agissait là d'animaux de concours,et par conséquent très-perfeclionnés et d'un engraissementexagéré, on voit que le poids moyen de la variété(1) Cambden's Brilannia, p. 2'23.


VARIÉTÉ CHGVIOT. 65ne doit guère s'éloigner de 80 kilogr., comme nous venonsde le dire.La viande en est plus savoureuse que celle des leicesters.Les toisons pèsent de 5 à 6 kilogr.La principale qualité attribuée à la Variété cottswoldest de s'accommoder facilement à toutes les conditions declimat et de nourriture. Elle prospère, a-t-on dit, sur sonpauvre sol des collines du comté de Glocester, et en mêmetemps elle « supporte très-bien les riches pâturages duLeicester et du Buckinghamshire, car on en demandetous les ans des quantités considérables pour ces comtés.»Cela veut dire qu'elle ne se montre pas trop susceptibleà l'influence de l'humidité, bien qu'elle soit originaired'un lieu sec.Variété du Buckinghamshire. — Le mouton buckinghamest au cottswold ce que le lincoln est au leicester :c'en est une amplification, due à un milieu plus fertile.Les importations de la variété du comté de Glocesterdans celui de Buckingham sont d'ailleurs très-fréquentes.Les individus introduits jeunes deviennent plus volumineuxque s'ils s'étaient développés sur leurs collinesnatales, et ils acquièrent des poids plus forts, qui vontjusqu'à 120 kilogr. et au delà. De même pour ceux quinaissent sur place.On voit qu'il n'y a pas lieu d'insisler sur la descriptiond'une variété dont la réputation ne dépasse d'ailleurspoint les limites du comté où elle se produit.Variété Cheviot. — Celle-ci tire son nom d'un despoints les plus élevés de la petite chaîne de montagnesdu Northumberland, des monts Cheviots, en Ecosse. Ellevit côte à côte avec la variété black-faced de la race desdunes, venue, comme elle, du sud de l'Angleterre, pourdisputer le terrain au mouton des bruyères du nord, quenous avons décrit.C'est une variété petite, relativement à la taille moyennede sa race, mais de formes plus arrondies que celles dublack-faced. Elle habite et met en valeur les hautes terresles moins infertiles de l'Ecosse, fournissant au marché de4.


G6RACE DU BASSIN DE LA LOIRE.Londres un fort contingent de viande d'un goût plusestimé que celui des gros moutons des variétés anglaisesprécoces qui vivent dans les champs de turneps. C'estune variété exclusivement pastorale, dont la laine estaussi meilleure que celle des black-faced.Le mouton cheviot pèse vif de 35 à 49 kilogr. Il donneannuellement une toison de 1 kilogr. à 4£500.RACE DU BASSIN DE LA LOIRE (O. A. ligeriensis).Caractères spécifiques. — Front étroit, incurvé en. tous sens et sans chevilles osseuses, avec des arcadesorbitaires, effacées; faible dépressionà la racine du nez.Sus-naseaux faiblement curvilignes,unis en ogive,.avec fortedépression latérale au niveaude leur connexion avec le lacrymalet le grand sus-maxillaire également déprimé, à épinezygomatique peu saillante. PetitPig, s — Type de la race dubassin de la Loire.sus-maxillaire à branche trèspeuarquée, formant une arcadeincisive petite. Angle facialpresqife droit; face étroite, tranchante, très-allongée,triangulaire, à base étroite (fig. 8).Caractères zootechniques généraux. •- Taille trèsvariable,entre 0 40 et 0 70. Squelette généralement fin.Oreilles courtes et obliques, cou long et mince, poitrinepeu ample, mais à côtes bien arquées; épaules et cuissesbien musclées ; membres courts.Tête tantôt entièrement blanche, tantôt parsemée depetites taches brunes ou rousses, ainsi que les membres,tantôt entièrement rousse, de même que ceux-ci. Toisonà brins frisés, courts, d'un tassé variable, en mèches leplus souvent égales, ne dépassant point la nuque, etabsente sous le ventre et aux membres.Chair fine et d'une saveur exquise, très-tendre, et s'ensrraissantavec facilité.


AÏRE GÉOGRAPHIQUE. 67Aire géographique. — La race occupe présentement,d'une manière continue, les grandes plaines du Berri etde la Sologne, formant la partie centrale du bassin de laLoire, et comprenant les départements de l'Indre, duCher, une partie de celui d'Indre-et-Loire, la totalité decelui de Loir-et-Cher et une partie de celui du Loiret, puiselle s'étend jusqu'à l'Allier, à la Nièvre et à Saône-et-Loire.Ces plaines contiennent des parties encore humides etmalsaines, couvertes d'étangs et de brandes, sur lesbords de la Sauldre, du Cher et de l'Indre. Ces partiesont été beaucoup plus étendues qu'elles ne le sont présentement,et certes elles disparaîtront entièrement avantpeu, sous l'influence du progrès agricole. Dépourvues decalcaire, elles ont été assainies par le dessèchement etpar l'apport de la marne, puis mises en culture ou plantéesen bois. Au nord ouest de Châteauroux, sur lesconfins du département d'Indre-et-Loire, c'est la Brenne;plus vers le nord, dans Loir-et-Cher, le long du cours dela Sauldre et de celui du Beuvron, dans l'arrondissementde Romorantin, c'est la Sologne, qui s'étend jusque dansl'arrondissement de Gien (Loiret).On la trouve, en outre, du côté de l'est, dans le Jurafrançais et dans le Jura suisse; vers le nord-est, dans lesArdennes françaises et belges ; vers le nord-ouest, onconstate sa présence dans l'ancien Perche et dans leslandes de Bretagne; enfin jusque de l'autre côté de laManche, dans les montagnes du pays de Galles.Ces petites populations ainsi disséminées sur des pointssi divers et si éloignés, pour quelques-uns du moins, deceux occupés par la principale, mettent en évidence unfait fa' ile à saisir, surtout quand on songe à l'histoirezooiechnique de notre pays. Il est évident, d'après cela,q e l'aire géographique actuelle de la race du bassin dela Loire ne présente plus que des portions de ce qu'ellea été. et que l'envahissement d'une autre race l'a diviséeainsi. Cette race nous est bien connue. Nous montreronsclairement le phénomène en la décrivant. Partout où elles'esi établie, l'anci une pnpid.iiton a di.--p.iiu, ne pouvantse défendre contre l'envahissemf nt.


66 RACK DU BASSIN DE LA LOIRE.Nous n'ignorons pas non plus le motif de sa persistancesur les divers points indiqués. Il sera de même signaléen son lieu. Pour l'instant, il convient de nous en tenir àconstater qu'il fut un temps où l'aire géographique de larace dont nous nous occupons était parfaitement continueet incomparablement plus étendue qu'elle ne l'estmaintenant. Elle comprenait, en outre des territoires indiqués,toute la Bourgogne, toute la Champagne, toute laBrie et le Soissonnais, et toute la Beauce, c'est-à-diretoute la partie de la France située au-dessus de la Loirequi pouvait nourrir des moutons, hormis la région humideet fertile où se sont étendues, en sens inverse, la racedanoise et celle des Pays-Bas.Il est clair que ces groupes ainsi séparés du principalsont des témoins de l'ancienne extension de la race dubassin de la Loire, qui, jusqu'à la fin du siècle dernier,était peut-être la plus nombreuse et la plus importantede l'Europe. Elle avait du reste alors une grande réputation.Selon l'usage, on donnait aux populations desdiverses provinces qu'elle occupait des noms locaux, quisont encore conservés pour celles qui subsistent. Levulgaire distingue encore de prétendues races eomloise,suisse, ardennaise, percheronne, bretonne, etc. EnAngleterre, celle du Pays de Galles est appelée WelshMountain.Une anecdote montrera jusqu'à quel point l'identité decelle-ci est frappante En 1880, nous visitions, avec nosélèves de l'Institut agronomique, le concours internationalde la Société royale d'agriculture d'Angleterre, àKilburn. Quelques-uns d'entre eux étant allés vers lesparcs de l'exhibition ovine, alors que nous étions encoreà examiner celle des bovidés, vinrent nous annoncerqu'il y avait, dans cette exhibition, des moutons berrichons.Vérification faite, il se trouva que nos jeunes gensne s'étaient, en effet, point trompés quant à la déterminationdu type spécifique de ces moutons, mais le cataloguenous apprit qu'ils étaient inscrits, sans doute justement,sous le nom anglais donné plus haut. Cela montre,6oit dit en passant, l'efficacité de la méthode crûniolo-


AIRE GÉOGRAPHIQUE. 69gigue, en même temps que son utilité pratique, tout enconstatant que notre race du bassin de la Loire s'est biencertainement étendue jusqu'aux lies Britanniques, en yperdant son nom comme dans les autres parties extrêmesde son ancienne aire géographique. La même chose nousest arrivée en Suisse avec nos élèves de Grignon.Mais, néanmoins, les moutons du Berri avaient anciennementune notoriété qui dépassait de beaucoup leslimites de leur province et même celles de la portionprincipale de leur aire géographique actuelle, comprenant,comme nous l'avons déjà dit, toute la partie centralede la France au-dessus de la Loire.C'est bien évidemment dans cette portion que se trouvele berceau de la race. On ne peut le chercher que surquelque point du versant nord du plateau central, auxenvirons de la vallée Noire illustrée par George Sand, oùse rencontrent encore pour elle les meilleures conditionsd'existence, aux environs de Crevant, et où commencece qu'on nomme la Champagne du Berri, s'étendant versChàteauroux, Issoudun et Bourges.De ce berceau, elle s'est irradiée, selon sa loi naturelle,dans toutes les directions. Mais, vers le sud, elle aété promptement arrêtée par celle du plateau central,avec laquelle elle s'est trouvée en concurrence sur lesterritoires qui forment aujourd'hui les départements dela Vienne, de la Haute-Vienne, de la Creuse et de l'Allier.De tous les autres côtés elle avait le champ absolumentlibre jusqu'à l'extrême nord de l'ancienne Gaule, n'ayantà lutter pour l'existence contre aucune autre race autochtone.Aussi occupa-t-elle tous les pays propres à luifournir sa subsistance, s'accommodant, par raison detempérament, à toutes les conditions, depuis les plusriches jusqu'aux plus misérables, jusqu'au moment oùelle fut dépossédée sur les parties que nous verrons parla race des mérinos introduite d'Espagne, de proposdélibéré. Dans son ancienne extension, elle n'a été arrêtéevers l'est que par les hautes montagnes de la Suisse;vers le nord-est que par la concurrence de la race germanique;vers le nord que par celle de la race danoise et


70 ftAC* Wfyutèixt- DK LA. HOIM.celle de la race des Pays-Bas-, vers le nord-ouest et l'ouestque par la mer. Nous-avons vu que de Bretagne elle apoussé une pointe dans le pays de Galles, à la rencontrede la race des Dunes.Sa lutte récente contre les mérinos a été, comme nousle verrons, générale. Là où elle n'a point succombé et oùelle est restée, par conséquent, en possession de ses territoires,elle en porte encore des traces. Elle a dû jessuccès uniquement aux conditions climatériques, quifinalement ont eu raison de son adversaire, redoutablepar la supériorité de sa valeur économique. Partout oùcelui-ci a pu s'accommoder, cette supériorité lui a donnéla victoire. La racfe du bassin de la Loire a été dépossédéeentièrement. C'est ce qui est arrivé en Beauceetdansune partie de l'Orléanais, en Brie, en Soissonnais, enChampagne et dans la plus grande partie de la Bourgogne,sur les coteaux et les plateaux calcaires del'oolithe.Depuis une trentaine d'années elle a subi de nouveaude nombreuses attaques, de la part de la race des Dunes,en vue de lui substituer la variété southdown de celle-ci.Ces attaques ont eu des fortunes bien diverses. Au débuton aurait pu croire que, cette fois, c'en était fait d'elle,el que décidément elle disparaîtrait au moins de l'ancienBerri. Mais le premier engouement pour la race anglaisepassé, engouement d'ailleurs compréhensible à cause desmérites éminents de celte race, on ne tarda guère às'apercevoir que le succès ne serait pas plus acquis àcelle-ci qu'à l'autre, pour des raisons d'un autre ordre,mais non moins impérieuses.Aujourd'hui l'on constate que les southdowns, dansle entre do la France, perdent plutôt du terrain qu'ilsn'en gagnent, en tant qu'il s'agisse de se substituer complètementà la race locale. Ils se sont établis solidementet brillamment même sur quelques points restreints. Ilsy jouent un rôle important, que nous verrons en décri-,vant l'opération fructueuse à laquelle ils sont employés;'mais loin de faire conclu ronce à nuira ace. ils lui ont aucontraire, par cela même, faii acquérir de nouvelles


VARIETES BERRICHONNES.forcesvèn provoquant sa propre amélioration. Ses qualitésnaturelles incontestables, jointes à cette amélioration'même amenée par le progrès des connaissances, paraissentdevoir assurer sa survivance définitive; car si sadestinée avait été de disparaître, les southdowns étaientseuls capables de lui porter les derniers coups. .Or présentementelle est, dans son aire telle que les mérinos lalujupnt laissée, plus nombreuse et plus prospère quejamais.Si nous nous en rapportions tout à fait aux habitudeslocales, il y faudrait reconnaître et décrire de nombreusesvariétés. Nous nous bornerons à celles qui sont vraimentutiles à connaître, insistant seulement "^ir les principalespour ne nous arrêter aux autres que d'une manièresommaire.Variétés berrichonnes. — En Berri, l'on distinguequatre sortes de moutons : ceux de la vallée Noire, donton fait volontiers une prétendue race de Crevant; ceux deChampagne, ceux de Boischaud et ceux de Brenne oumoutons brennous. Il y a entre eux, en vérité, des différencespratiques suffi santés pour qu'il y ait lieu de les distinguer.Toutefois ils n'en sont pas moins tous berrichons.La variété de Crevant se trouve aux environs de LaChâtre et notamment de la petite bourgade à laquelle elledoit son nom. Les conditions locales y sont favorables àla production ovine et elle y est depuis longtemps l'objetde soins particuliers. On y compte beaucoup de troupeauxentretenus en vue de la production des béliers, qui sontdemandés pour l'amélioration des autres troupeaux duBerri.Cette variété se distingue par une taille relativementélevée (0» 65 à 0 m 70), par un corps ample et correctementconformé, avec des membres courts. La tôle et lesmembres sont toujours dépourvus de taches rousses ouknçires. La toison, étendue et tassée, est constammentblanche. Elle ne pèse guère au-dessous de 3 kilogr. Le'"poids vif des moutons va souvent jusqu'à 50 kilogr.En ces derniers temps, il a été plusieurs fois constataqtfe-Côrtaïns éleveurs de Crevant, pour se procurer de»


72 RACE DU RASSIN DE LA LO'.RK.6uccès dans les concours de la région, faisaient lutterleurs brebis par des béliers supposés dishleys, provenantdes troupeaux de la Nièvre dont nous avons parlé et quiappartiennent à la variété new-kent de la race des Pays-Bas. Les métis new-kent berrichons, reconnus par lejury, ont été disqualifiés. Ces croisements clandestinsn'en ont pas moins altéré la pureté de quelques-uns destroupeaux de Crevant et nui à la qualité de la chair desmoutons qu'ils produisent. On doit se tenir en gardecontre les béliers métis ainsi obtenus et ne point se laisserséduire par l'amélioration de leurs formes.La variété de Champagne habite les plaines calcaires deChàteauroux, d'Issoudun, de Bourges, et s'étend versl'Auxerrois et la Champagne proprement dite. Les meilleursse vendent aux foires de Levroux et de Brion. Ilshabitent les environs de ces localités.Leur taille va de Om 50 à 0 m 60. Ils ont la tête fine, lefront couvert de laine, la face et les membres constammentdépourvus de taches. Leur conformation est bonne.Le col est court; les épaules sont musclées; la poitrineest moyennement ample; les reins et la croupesont larges.La toison est en mèches courtes, ondulées, portantsouvent la trace d'un ancien croisement avec le mérinos,accusée par plus de finesse du brin (diamètre 0 mm 02 à0mm 025), et par la régularité de ses ondulations rapprochées.Les moutons de cette variété ne pèsent guère au delàde 30 kilogr. en moyenne. Leur toison pèse environ2 kilogr., mais c'est elle qui, parmi 'outes les berrichonnes,est de la meilleure qualité.La variété de Boischawl, dont les centres de productionsont aux environs de Dun-le-floy et de Châteauncuf, dansle Cher, entre Bourges et Saint-Amand, s'étend jusquedans la Nièvre et dans Saône-et-Loire. Elle est plusgrande et plus lourde que la précédente, surtout dansces deux derniers départements. La toison est moinsfine que colle des berrichons de Champagne. Dureste elle n'est qu'une amplification de celle de Charn-


•AR|BTES BERRICHONNES.7âpagne. Les moutons y atteignent jusqu'au poids de 40 à50 kilogr. ,-La variété de Brenne, de beaucoup inférieure aux troisautres, sous tous les rapports, habite les environs deMézières et de Valençay. Elle est petite, généralementmal conformée, à toison rare et sèche (diamètre 0 mm 025).La face et les membres sont le plus souvent marqués detaches rousses. Cette variété forme le passage entre lesberrichons et les solognots de la race, tenant peut-êtremême plus des derniers que des premiers, surtout par letempérament, moins robuste que celui des autres précédemmentdécrites.En somme, on voit que les variétés berrichonnes représententla race dans les meilleures conditions et que l'unedes principales, parmi leurs particularités distinctives,consiste dans le soin qui est pris d'en éliminer les tachesbrunes ou rousses de la face et des membres. Ajoutonsque la laine en est toujours blanche, souvent fine, et queleur tempérament est robuste, vigoureux, rustique.Ces variétés fournissent en grand nombre des moutonsaux pays à betteraves, pour en utiliser les résidus parl'engraissement. On les rencontre en abondance dans larégion des distilleries et des sucreries de Seine-et-Oise,de Seine-et-Marne, de l'Oise, de l'Aisne, de la Somme etmême du Pas-de-Calais. Engraissés, ils pèsent de 35 à40 kilogr., selon leur provenance, mais généralementplus près du premier poids que du dernier. Le commundes berrichons en bon état donne un poids vif moyen de28 à 30 kilogr. Gras, ils rendent au moins 50 p. 100 d*uneviande de saveur très-délicate. La réputation de leurspetits gigots si musclés, si dodus, à manche fin, est àParis faite depuis longtemps.Le poids des toisons atteint


74 RACE DU BASSIN DE LA LOIRE,que les autres. Aux yeux de ceux qui les pratiquent,ils ont l'avantage de ne pas faire perdre à la variétésa face et ses membres blancs, tout en améliorant laconformation du corps des individus qui en résultent.Ces individus sont d'ailleurs faciles à reconnaître aumélange de caractères spécifiques qu'ils présentent leplus souvent.Les métis southdowns, eux, sont en outre facilementreconnaissables à la teinte au moins grise de leur face etde leurs membres. Il ne semble pas y avoir beaucoupde tendance à en augmenter le nombre dans la populationberrichonne même. Ce qui paraît devoir s'augmenter,c'est une opération que nous aurons à décrire plus loin,et qui consiste à fabriquer, pour les livrer à la boucherie,des jeunes métis southdown-berrichons du premierdegré.Variété solognote. — Depuis Valençay jusqu'à Gien,en passant par Bomorantin, dans des étendues variablesde chaque côté de la ligne ainsi tracée, la populationovine est formée par la variété de Sologne, qu'on appellevulgairement race solognote.Par sa taille et par ses formes, elle ressemble complètementà celle des districts pauvres du Berri, comme laBrenne, par exemple, avec laquelle elle se continue dureste sans transition ; mais elle en est nettement distinctepar sa laine moins blanche, parfois d'un gris roussâtre,toujours plus rude et moins tassée, et surtout par la couleurde sa tète et de ses membres, constamment roussesur toute leur étendue.Autant, en Berri, dans la Champagne, le Boischaud etla vallée Noire, on met de soin à éliminer de la reproductionles sujets tachés à la face et aux membres, autant,en Sologne, on attache de prix à reproduire la tête et lesmembres roux. C'est le signe de la pureté.Le mouton solognot est rustique. Il résiste dans desconditions d'alimentation et d'humidité du sol où toutautre succomberait. Il héberge presque toujours desdouves hépathiques en nombre plus ou moins abondant,mais il offre une grande résistance à la cachexie aqueuse.


VARIÉTÉ COMTOISE. 75Si anémique qu'il soit, un bon régime alimentaire le remetbientôt sur pied, puis l'engraisse assez vite.Sa taille varie comme la pauvreté du milieu dans lequelil se développe. Au centre de la Sologne, il est très-petit(0'« 40 environ); il grandit sur les bords du Cher et àmesure qu'il s'approche du val de la Loire. Là il atteintdeOm 55 àOm 60. Il s'étend jusque dans le Gâtinais, auxenvirons de Montargis,de Pithiviers et de Fontainebleau.Son poids vif varie de 15 à 30 kilogr. Celui de sa toisonne dépasse guère l k 500.Un éleveur, qu'il est bon de nommer, M. Lefebvre, deSaint-Florent (Loiret), a donné depuis longtemps la mesurede ce qui peut être obtenu de la variété solognote,en la soumettant aux bonnes méthodes d'alimentationet de reproduction II expose chaque année, dans les con.cours de la région, des sujets mâles et femelles qui, parl'ampleur du corps, par la régularité de la conformationet par la précocité, ne le cèdent en rien aux plus perfectionnés.Trois de ces moutons solognots améliorés, ayant obtenuun premier prix au concours général de Paris en 1881,pesaient, à l'âge de vingt-un mois,85 kilogr. en moyenne.Ils ont rendu 60 p. 100 de viande nette. Leur sixièmecôtelette pesait tfïi gr., dont 273 gr. de gras et 29 gr. denoix. Dans celle-ci, il y avait pour 100, en matière azotée,20 gr., et en graisse 17 gr., soit 37 gr. de matière sèche.La graisse contenait 65 d'acide oléique pour 100.Bien que les solognots et les berrichons appartiennentà une seule et môrne race, qu'ils aient par conséquent lamême origine et les mêmes caractères morphologiques,ils sont bien loin d'avoir la même constitution physiologique.La longue accoutumance à des milieux très-différents,l'un sec et l'autre humide, les a doués de tempéramentstrès-éloignés, qui rendent leur accouplement peususceptible de bons résuit;.ts. Sous ce rapport, il y a peude races dans lesquelles se rencontrent des variétésaussi divergentes, au point de vue pratique. Elles n'onten réalité de commun que le type de leur squelette.Variété comtoise. — Cette variété se trouve, en


76 RAÛK DÛ BASSIN DE LA LOIRE.population peu nombreuse, sur les hauteurs du Jurafrançais, dans les environs d'Arbois, de Dôle, de Poligny,dans les départements du Doubs et de la Haute-Saône etjusque dans celui des Vosges. Elle est, en général, assezmisérable, de petite taille, avec un long cou maigre, unepoitrine étroite et des membres relativement longs. Lapeau pigmentée sur toute son étendue, avec les poils etla laine de couleur rousse, brune ou noire, y est larègle.Elle vit en petits troupeaux fort rares et d'une trèsfaiblevaleur, ne servant qu'à la consommation locale etfournissant aux petits ménages la laine dont ils ontbesoin.Variété suisse. — La seule différence qu'il y ait entrecelle-ci et la comtoise, c'est que celte dernière habite leJura français, tandis que l'autre paît sur le Jura suisse,dans les cantons de Berne, de Fribourg et de Neuchâtel.Elle y est encore peut-être plus rare. Du reste, la distinctionentre les deux pays étant purement politique,commeon sait, et les conditions d'existence restant les mêmes,il n'y avait point de raison pour que les populationsovines, de même race, différassent, pas plus que lesSuisses romans ne diffèrent, d'ailleurs, de nos bravesFrancs-Comtois.Variété ardenriaise. — Sur toutes les parties pauvresde nos Ardennes françaises, jusque dans l'arrondissementde Vervins et sur la partie nord de celui de Laon,dans l'Aisne, le long de la frontière belge, et aussi dansl'Ardenne de Belgique et ses environs immédiats, versVerviers, Liège et Namur, la population ovine appartientà notre race du bassin de la Loire. On l'y considère, bienentendu, comme formant des races particulières et locales.Elle est de petite taille (40 à 50 centimètres) et de corpulencemince, de conformation peu régulière, avec un longcou, mais à juste titre renommée en son pays pour labonne saveur de sa chair et pour sa rusticité. Les tachesrousses ou noires à la face et aux membres y sont communes,ainsi que les toisons brunes; celles-ci,cependant,ne forment point la règle. On rencontre, dans les


VARIÉTÉ BRETONNE. 77Ardennes, des troupeaux relativement bons et nombreux,exclusivement composés de moutons à toisonsblanche ou tout au plus grisâtre. On les confondrait facilementavec ceux de quelques parties de la Champagnedu Berri, et ils se confondaient certainement, avant l'invasiondes mérinos, avec ceux de la Champagne proprementdite, dont ils étaient les voisins immédiats.Variété percheronne. — Sur les coteaux cultivés duPerche, depuis Vendôme jusqu'au delà de Mortagne, enpassant par Saint-Calais et Nogent-le-Rotrou, l'on rencontreen petits troupeaux une population ovine à peinediscontinue avec celle de la Sologne, de même type naturelqu'elle, mais en différant autant par ses caractèreszootechniques que par son tempérament. Elle forme bienune variété distincte. Par sa taille et par ses formes, ellese rapprocherait plutôt de la variété berrichonne du Boischaud,ainsi que par sa couleur, qui est constammentblanche, à peine tachée de roux parfois à la face et auxmembres. Généralement elle atteint 0 m 70 et les moutonsqu'elle fournit pèsent jusqu'à 40 et 50 kilogr. Elle n'estpas assez nombreuse pour produire au delà de la viandenécessaire à la consommation des villes de sa région,mais elle y suffit. On sait du reste que la prospérité decelle-ci se tire moins de la culture que de l'exploitationdes herbes pour la production des poulains.Variété bretonne. — Les landes de Bretagne, dansles départements d'Ille-et-Vilaine, de la Loire-Inférieure,du Morbihan, ont nourri de temps immémorial une populationovine misérable, de très-petite taille (0 m 40 àO m 50),au corps mince avec un long cou, et de couleur généralementbrune ou noire et tout au moins grise, dont lestoisons ne servaient et ne servent encore qu'aux besoinsdes petits ménages, auxquels elles épargnent les frais deteinture. Cette variété bretonne ressemble à s'y méprendreà celles de la Comté et de la Suisse. Sa chair aplutôt les caractères de la venaison que ceux de la viandeengraissée de mouton. Sa laine, dont chaque individu nefournit guère plus de 500 à 600 gr , est sèche et rude,fortement mélangée de poils rigides et droits. C'est à


78 RACE DU BASSIN DE LA LOIRE.coup sûr l'une des variétés les plus inférieures de la race,et l'on ne trouve nulle part, à notre connaissance, sa descriptiondans les ouvrages spéciaux. Elle n'a attiré l'attentiond'aucun auteur. Sa valeur générale est en effetnulle.Toutefois, après le défrichement des landes de Grandjouan,M. Rieffel, l'un des premiers partisans du systèmede la culture améliorante, et aussi de l'introduction desanimaux anglais, pour justifier sa tentative d'améliorationpar les béliers southdowns, en fit ressortir les défauts.La dernière tâche était facile. Quant à l'aulre, ilnous parait que les southdowns n'ont guère, sinon pasdu tout, franchi les limites de l'exploilation à laquelle futà juste titre donné le nom de Riefelland. Et dans celteexploitation, nous n'avons pas à dire ici ce qu'ils sontdevenus.Misérable a élé de tout temps la variété brelonne de larace du bassin de la Loire, misérable elle est restée.Variété du pays de Galles. — Il y a longtemps déjàque, pour la première fois, on a raconté que les lordsanglais, voulant se donner le plaisir de manger un bongigot de mouton, bien savoureux, faisaient pour cela unvoyage dans le pays de Galles. En constatant le fait, onne savail point que les moutons de ce pays étaient detout point semblables à nos petits berrichons. La qualitéde leur chair était attribuée à celle des pâturages surlesquels ils vivent. L'anecdote relative aux Welah mountaindu concours international de Kilburn, qu'on a lueprécédemment, montre jusqu'à l'évidence leur parfaiteressemblance. Elle suffit à caractériser la variété ainsidésignée en Angleterre, et dont l'importance généralen'est, d'ailleurs, pas assez grande pour que nous nousétendions davantage sur sa description.Les Anglais, certes, s'ils lisent ceci, ne voudront pasadmettre que cette variété vient de chez nous. L'orgueilanglais ne s'en accommoderait point, et il est d'ailleursencouragé par noire anglomanie; mais la cràniologie ledémontre et l'ethnogénie des Gallois l'expliquerait aubesoin sans difficulté. On peut donc le tenir pour certain.


CARACTÈRES ZOOTECHNIQUES GÉNÉRAUX. 79RACE DES PYRÉNÉES (O. A. iberica).Caractères spécifiques. — Front étroit, à chevillesosseuses à base peu large, en spirale très-allongée et àpointe effilée, dirigée en bas et en arrière, à arcades orbitairessaillantes, sans aucune dépression à la racine dunez. Sus-naseaux fortement curvilignes sortants, unis enogive. Lacrymal déprimé, à larmier profond. Grand susmaxillairedéprimé le long de sa connexion avec le susnasal,à épine zygomatique saillante. Petit sus-maxillairefortement arqué en dehors, formant une arcadeincisive grande.Angle facialobtus.Profil fortementbusquéà partir desorbites ; faceétroite, tranchanteet allongée(fig. 9).Caractèreszootechni-.ques générauxTailleFi 2 9 ' ~~ T yP e de la race des Pyrénées.variable, s'élevantjusqu'à 0 m 80, en moyenne de 0 rn 70. Tête relativementforte, à museau mousse, à lèvres fortes et àbouche grande, parfois dépourvue de cornes, mais le plussouvent en étant ornée, même chez les femelles. Cescornes, de grosseur moyenne, présentant de longs sillonstransversaux, sont en spirale très-allongée, à pointeeffilée et dirigée en arrière et en bas, le long du cou.Les oreilles, de longueur moyenne, sont pendantes. Lecol est long. Le corps, mince, est haut monlé sur desmembres forts.La tête et les membres, dépourvus de laine, sont ordinairementmarqués de taches jaunes, rousses ou brunes.


80 RACE DES PYRÉNÉES.Chez les sujets purs, la toison, qui s'étend jusque sur lefront, sous le ventre el au niveau du genou et du jarret,est en mèches pointues et bouclées, formées de brinslongs, faiblement ondulés, d'un fort diamètre (0""» 035 aumoins), et ordinairement d'une blancheur éclatante, maisrude au toucher.La race, de tempérament robuste, est très-féconde ; lesbrebis font deux agneaux et leur aplitude laitière esttrôs-développée. Sur plusieurs poinls elles sont exploitéespour leur lait.La qualité de la chair est estimée. Sa saveur estagréable.Aire géographique. — Cette race habite les hautesvallées des Pyrénées, sur le versant espagnol ainsi quesur le versant français. C'est là que se trouve son berceau.Elle s'est étendue aux bassins de l'Adour et de laGaronne, pour remonter ensuite vers le nord-est jusquesur le plateau de Levezou, la causse de Severac, lesmonts du Rouergue, s'arrêter aux monts d'Aubrac et aucours du Lot, vers le nord. "Vers l'est, c'est la montagneNoire qui limite son aire.Cette aire, qui comprend des terrains variés, tantôtcalcaires et tantôt argilo-siliceux, formant des vallées,des plaines, des collines et des plateaux, embrasse laNavarre espagnole, les départements des Basses et desHautes-Pyrénées, de l'Ariège, des Landes, du Gers, de laHaute-Garonne et de l'Aude en partie, du Tarn, del'Aveyron, de la Lozère en partie aussi, de Tarn-et-Garonne, et enfin des portions de ceux du Lot et de Lotet-Garonne.On voit qu'elle est assez étendue.Il n'est pas surprenant que, sur un territoire si varié,la race ait subi de nombreuses modifications. Quelquesuneslui ont été imprimées par d'anciens croisements.Toutes ont fait admettre l'existence de plusieurs racesdistinctes, là où il n'y en a réellement qu'une seule.C'est ainsi qu'on catalogue encore officiellement unerace du Larzac qui vit sur le plateau élevé de ce nom,appartenant à l'Aveyron et à la Lozère, où se produit le


VARIÉTÉS BASQUAISE ET BÉARNAISE. 81fromage de Roquefort ; une race lauraguaise, habitant lavaste plaine qui s'étend de Toulouse à Castelnaudary,dite plaine du Lauraguais ; des races béarnaise, basquaise,landaise, agenaise, gasconne, ariègeoise, etc.Dans ces dernières parties de l'aire géographique, iln'y a même pas autant de variétés réelles que de prétenduesraces admises.Nous nous bornerons, en ce qui les concerne, & desdescriptions sommaires, en commençant par celles del'Espagne.Variétés lâcha et churra. — En Espagne, on donneces noms à deux populations ovines des hautes valléesde la Navarre et des provinces basques, exploitées avecl'incurie qui caractérise les habitants de ces provinces dunord de l'Espagne. Elles y vivent en petits troupeaux,constamment dehors durant la belle saison, et fournissantleur lait pour l'alimentation des paysans etleur laine pour la confection des vêtements de la famille.Elles passent pour être très-réfractaires à la cachexieaqueuse. En dehors de la Navarre on les exploite aunord-est et à l'est de l'Espagne, sur les parties fertilesdes provinces de Barcelone et de Valence, où elles fournissentla subsistance aux populations de ces provincesriches et bien cultivées.Variétés basquaise et béarnaise. — Il n'y a icid'autre différence que celle des lieux habités.Sur tout le versant nord ou français des Pyrénées,depuis le golfe de Gascogne jusqu'au golfe de Lion, dansle pays basque des Basses-Pyrénées, le Béarn et lesHautes-Pyrénées, dans les Pyrénées ariégeoises et lesPyrénées-Orientales, de nombreux troupeaux parfaitementsemblables entre eux passent l'été sur les pâturagesdes montagnes, pour hiverner dans la plaine.En réalité, les petites variations de taille qui se présententdans cette population ovine pyrénéenne, aussibien à l'une qu'à l'autre des extrémités de la chaîne,comme sur les points intermédiaires, ne sauraient justifierla distinction, admise par les usages locaux. Partoutv. 5.


82 RACE DE8 PYRÉNÉES.es caractères essentiels sont les mêmes, ainsi du resteque le mode d'existence.Celui-ci est le système pastoral dans toute sa pureté.Les troupeaux sont entièrement sous la direction depâtres vivant isolés dans la montagne, occupés à tricoterde la laine et à traire leurs brebis; ils se reproduisenttout à fait comme bon leur semble, dans les conditionsvoisines de celles des premiers temps de la civilisation.La taille se maintient ordinairement entre0 60 et0 70,mais atteint parfois O" 1 80. La tête, forte, est ordinairementpourvue de cornes, même chez les femelles, et souventtachée de roux ou de brun.Il y a une disproportion entre le train antérieur et letrain postérieur. La poitrine, peu profonde, est étroite,avec des membres thoraciques longs et rapprochés. Lesmembres postérieurs sont au contraire écartés, surtoutchez les femelles. La toison est parfois grisâtre ou rousse,mais ordinairement d'une grande blancheur, surtout dansle Béarn. Les ouvrages en tricot qu'on y exécute avec lalaine de la variété locale et qui se vendent surtout dansles nombreuses stations balnéaires du pays, à Biarritz, àLuchon,à Cauterets, à Bagnères, etc., sont bien connus.Cette toison est en mèches peu tassées et bouclées, unpeu rudes au toucher.Les brebis font généralement deux agneaux au moins,et leurs mamelles, fortement développées, sont trèsactives.Le poids vif va de 35 à 40 kilogr. La chair est fine etd'une saveur agréable, mais d'un engraissement lent,le développement étant tardif.Les toisons pèsent entre l k 500 et 3 kilogr.Variétés landaise et gasconne. — En passant deshautes vallées pyrénéennes dans la plaine des Landes, etsurtout dans les exploitations agricoles des coteaux dela Gascogne, la race a perdu ses cornes et a pris un peuplus d'ampleur de corps. C'est la conséquence de la vieplus domestique.Les variétés qui s'y sont formées ne diffèrent guère desprécédentes par la taille, non plus que par le lainage;


VARIÉTÉ LAURAGUAISE. 83mais elles atteignent en général un poids vif plus élevé,surtout dans les parties dés Landes cultivées de longuedate, dans les parties les plus fertiles de la Gascogne,voisines de l'Agenais.Des individus gras, exposés à Bordeaux, ont rendu àl'âge de 18 mois 40 kilogr. de viande nette, ce qui faisait56,8 p. 100 de leur poids vif; d'autres, âgés de 15 à18 mois, en ont rendu 38 kilogr., faisant 68,8 p. 100 dupoids vif.Il est visible qu'il s'agissait là de sujets améliorés,donnant la mesure de ce qui peut être obtenu de la variétégasconne soumise à un bon régime. Sous l'influence dece même régime, la toison augmente aussi de poids etconséquemment de valeur.Variété lauraguaise. — Dans la plaine du Lauraguais,comprise entre Toulouse et Castelnaudary, surles départements de la Haute-Garonne et de l'Aude,où les troupeaux sont nombreux, la race des Pyrénéesa été anciennement croisée avec le mérinos. C'étaitalors que d'Étigny, intendant de Béarn, introduisit d'Espagnedes béliers en Boussillon, vers 1750, et depuis,avec ceux de l'ancienne bergerie nationale de Perpignan.Ces troupeaux en conservent encore la trace, maisseulement dans leur toison, qui diffère complètement decelle des variétés déjà décrites.La taille est généralement d'environ 0 m 60 à 0m 65. Latête est toujours dépourvue de cornes. Le corps est relativementample, mais il y a disproportion entre le trainpostérieur et l'antérieur, toujours moins développé et unpeu étroit.La toison, en mèches régulières et non pointues ordinairement,à brins fins (diamètre 0 mn > 025 au plus), dontles ondulations sont rapprochées, s'étend jusque sur lefront et sur les joues, mais non sur les membres.Les brebis ont l'aptitude laitière au degré qui est généraldans leur race. Les moutons pèsent de 35 à 40 kilogr. ;les toisons, 3kil.La variété lauraguaise s'est répandue dans la plusgrande partie du bassin de la Garonne. On la trouve jus-


84 RACE DES PYRÉNÉES.que dans le Gers, le Lot-et-Garonne, leTarn-et-Garonne;mais elle est surtout nombreuse dans les parties planesde la Haute-Garonne, de l'Aude et de l'Ariège.A plusieurs reprises, elle a été l'objet, dans ces dernierstemps, de tentatives de croisement avec les variétésanglaises et leurs métis, notamment avec le dishley». 'lenew-kent, le dishley-mérinos et le southdown.Toutes ces tentatives, faites par des esprits plus spéculatifsque pratiques, ont plus ou moins échoué devantles conditions de climat et de système de culture. Ellesn'ont eu que les succès éphémères des concours, qui netiennent aucun compte des résultats financiers".Variété des causses albigeoises. — On donne lenom de causses à de vastes plateaux calcaires, parfoisbordés de falaises, dont quelques-uns sont grandiosespar leur aspect nu et désolé. Ces plateaux s'étendent surles départements du Tarn, de l'Aveyron et de la Lozère.Ils nourrissent de nombreux troupeaux de moutonsauxquels on donne vulgairement, dans notre sud-est, lenom de caussinards. Ceux-ci forment la variété descausses de la race des Pyrénées, dont ils ont, bienentendu, tous les caractères spécifiques. On les qualifieaussi quelquefois d'albigeois.Cette variété des causses ou albigeoise diffère de lalauraguaise par sa taille et par les caractères de sa toison.Elle est grande et elle le doit surtout à la longueurde ses membres, par conséquent bonne marcheuse. Lapoitrine y est ordinairement un peu étroite et manquantde profondeur, la tête forte et tout l'ensemble du squelettegrossier. La toison, souvent tachée, est peu étendueet à brins grossiers, sans aucune trace des anciensmélanges avec le mérinos. Elle a ainsi peu de valeur.Du reste, dans l'exploitation des troupeaux, sur lescausses, on s'est peu occupé du lainage. La variété fournit,chaque année, des sujets qui vont paître les herbesdes montagnes de l'Auvergne, pour être livrés ensuiteaux marchés de Paris et de Lyon ; puis d'autres qui,après avoir parcouru les garrigues du Gard et de l'Héraultdurant la belle saison, s'engraissent en automne à


VARIÉTÉ 00 LARZAC. 85la bergerie en consommant des marcs de raisins, concurremmentavec ceux d'une autre variété venant de laProvence.. Les montons caussinards, renommés pour leur rusticité,fournissent, après leur engraissement, une viandees^néepour sa saveur. Il y aurait grand intérêt à améliorerleur conformation.Variété du Larzac. — Sur le Larzac, entre Saint-Affrique, Milhau, Florac et Lodève, dans les départementsde l'Aveyron, de la Lozère et le nord de celui de l'Hérault,dans une région où se trouvent les célèbres caves deBoquefort, il s'est formé une variété nettement distinctede celle des autres causses, qui vient d'être décrite, à lafois par ses formes et par ses aptitudes tout à fait remarquables.Elle offre un des exemples les plus frappantsde ce que peuvent la gymnastique fonctionnelle et unesélection persévérante. A ce titre surtout, son histoireest fort instructive.Dans la variété du Larzac, qui est quelquefois appeléerace laitière, la taille se maintient entre 0 50 et0 60,avec une longueur de corps de l m à i m 25, ce qui montreque les membres ont été raccourcis. La tête est toujoursdépourvue de cornes. Le cou est court et gros, avec unfanon ; la poitrine est un peu étroite, mais les reins et lacroupe sont toujours larges, surtout chez la brebis, oùils prennent le plus souvent une ampleur extraordinaire.Chez celle-ci, les mamelles, toujours volumineuses etbien conformées, se développent tellement dans quelquescas qu'elles rendent la marche difficile. C'est danscette variété que Tayon (1) a particulièrement remarquéla présence fréquente de quatre mamelons ouverts, dontles moins volumineux sont ordinairement antérieurs. Il acru à tort que la disposition lui était propre et qu'on ydevait voir un effet de la gymnastique fonctionnelle. Daubentonavait déjà signalé cette disposition d'une manièregénérale, et nous l'avons nous-même constatée depuischez des brebis dishley et dishley-mérinos. Il n'en reste(1) Comptes-Rendus, t. XC, 4880, p. 930.


86 RACE DES PYRÉNÉES.pas moins à Tayon le mérite d'y avoir rappelé l'attention.La toison, fine et conséquemment tassée, est étendue.Elle se rapproche souvent, par la forme de ses mècheset par les caractères de ses brins, de celle du mérinos.On en verra tout à l'heure la raison. Son poids atteintjusqu'à 3kilogr. et ne descend guère au-dessous de2i


VARIÉTÉ DU LARZAC. 87séries et les fabriques de ganterie de Milhau et deMeyrueis.Dans ces conditions, le produit brut annuel en argentd'une brebis du Larzac n'atteint pas moins de 28 à 30 fr.Il est allé, dans quelques cas, jusqu'à 48 fr., dont 37 fr. 40pour le fromage, 5 fr. 40 pour la laine et 5 fr. 20 pourl'agneau. On voit par là combien la variété est précieuse.Dans le courant de ce siècle, elle s'est grandementaméliorée sous tous les rapports. A l'égard de l'aptitudeà la lactation, il a été établi qu'avant l'introduction et lagénéralisation de la culture du sainfoin, le lait de 9ou 10 brebis était nécessaire pour obtenir 40 kilogr. defromage par an, ce qui faisait moins de 5 kilogr. par tête.La meilleure alimentation a aussi corrigé les formes quiétaient auparavant celles de la variété albigeoise ou descausses. Des béliers mérinos, provenant des bergeriesimpériales de la région, furent introduits pour améliorerles toisons, et l'on signale surtout les importations faites,vers 1809, par le général Solignac. Les croisements quifurent ainsi faits alors n'ont point laissé de traces dansles formes corporelles, mais, comme dans le cas de lavariété lauraguaise et dans beaucoup d'autres, il n'en apas été de même pour les toisons. Celles-ci, on l'a vu,conservent encore le plus souvent quelques-uns des caractèresde la laine du mérinos.Mais ce qui a, sans contredit, le plus puissamment contribuéau développement des aptitudes de cette variété,c'est l'institution à la Cavalerie (Aveyron), au centre duLarzac, d'un concours annuel dont le programme a étéétabli d'après les idées les plus pratiques. A ce concours,dont le premier a eu lieu en 1855, les exposantssont tenus de faire figurer au moins les deux tiers de leurtroupeau, et de produire l'état authentique de leurs livraisonsde fromage aux caves de Roquefort. On y compta,en 1855, un total de 1,500 têtes. Le nombre des sujetsexposés s'est accru rapidement et, maintenant, il dépassele plus souvent 12,000. On y juge donc les troupeaux etnon pas seulement, comme dans les autres concoursd'animaux, quelques sujets choisis et exceptionnels.


88 RACE MÊRINK OU MÉRINOS.Institué et organisé par le comice de la Cavalerie, sousle patronage de la Société centrale d'agriculture del'Aveyron, ce concours a exercé l'influence la plus heureuse,en stimulant l'activité des éleveurs dans le sens dela triple amélioration simultanée des formes, de la toisonet de l'aptitude laitière des brebis. Le comice a parfaitementcompris que tout cela pouvait être réalisé en mêmetemps par l'alimentation et par la sélection des reproducteurs,et il a exclu, avec une résolution inébranlable,toute idée de croisement quelconque. Il tient par dessustout à la conservation de la pureté de race dans la variétédu Larzac, et les résultats, constatés d'année en annéepar le jury du concours sous la forme la moins contestable,qui est celle du produit obtenu par la vente dufromage, de la laine et de la viande d'agneau ou debrebis, ne peuvent que l'engager à persévérer dans lavoie suivie.IUCE MÉRINE ou MÉRINOS (O. A. africana).Caractères spécifiques. — Front un peu incurvéd'un côté à l'autre, avec chevilles osseuses à base large,triangulaire, en spirale plus ou moins serrée à deuxtours, à extrémité libre mousse et aplatie en lame, portantsur leur bord supérieur un sillon longitudinal profond,le plus souvent absentes chez la femelle, parfoisaussi maintenant chez le mâle; arcades orbitaires effacées;très-faible dépression au niveau de la racine dunez. Sus-naseaux faiblement arqués dans le sens longitudinal,unis en voûte plein cintre très-régulière, aussilarges à leur extrémité libre qu'à leur base, sans aucunedépression au niveau de leur connexion avec le lacrymalet le grand sus-maxillaire. Grand sus-maxillaire égalementconvexe, à épine zygomatique peu saillante. Petitsus-maxillaire à branche fortement arquée en dehors,formant une arcade incisive large. Angle facial presquedroit; face allongée, ovale (fig. 10 et 11).Caractères zootechniques généraux.—Taille trèsvariable,depuis 0 m 50 jusqu'à 0 80 et au-dessus. Tête,


CARACTÈRES ZOOTECHNIQUES GÉNÉRAUX.généralement forte, portant presque toujours, chez lemâle, des cornes volumineuses, longues, en spirale plusou moins rapprochée, à deux tours au moins, contour-tfcFig. 10. — Type de la race mérinos.Fig. 11. — Mérinos sans cornes.nant l'oreille courte et horizontale, avec sillon profondsur leur bord supérieur et plis transversaux très-nombreux,se terminant en lame plus ou moins mousse. Peaude la face présentantle plus souvent desplis transversaux surle nez du mâle. Lèvres |épaisses, bouche # grande,museau large etmousse.Squelette grossier;membres forts et souventlongs par rapportau volume du corps, etprésentant, quant aux Ipostérieurs, une dispo- Isition tout à fait spé-Fig. 12. - Membre cial epostérieur dOvidé(f lg .\"-j 2 et 13 ,'en général.Fig. 13 — Membrepostérieur de mérinos.Cette disposition consisteen ce que l'articulationdu jarret, plus large que dans aucune autrerace, et aussi celle du boulet, écartent les tendons fjé-


90 RACE MÉRINE OU MÉRINOS.chisseurs de la face postérieure du métatarsien principal,ce qui élargit la région du canon, et donne à la stationdu membre un aspect particulier et absolument caractéristique.Toison très-étendue, couvrant toujours le front, lesjoues, et s'élendant parfois sur toute la surface de lapeau, jusqu'au bout du nez et jusqu'au niveau des onglons,en mèches plus ou moins tassées, perpendiculaires aup'.an du corps, formées de brins à ondulations régulières,égales et rapprochées, dites en zig-zag, de nuance variableentre le blanc jaunâtre et le jaune citrin, très-onctueux,dont le nombre va jusqu'à 80 par millimètre carré,leur diamètre ne dépassant point 0 m 03 et descendantjusqu'à 0 m 01.La toison normale de la race mérinos ne peut être confondueavec aucune autre, à cause surtout, de la régularitédes ondulations de ses brins et de la forme parallélipipédiquedes mèches qu'ils forment Le nombre desfollicules laineux présents par millimètre carré delà peaucommande le diamètre des brins, attendu que les gainesde ces follicules sont toutes tangentes les unes aux autres.AV. v. Nathusius (1) a établi que leur génératrice est unespirale et que si, à sa sortie, le brin pouvait se développerlibrement, il prendrait ainsi la forme d'un tire-bouchon,comme cela se voit, par exemple, dans certaines chevelureshumaines et aussi dans certaines toisons moinstassées. Mais le contact des follicules entre eux fait quechacun se trouve, sinon comprimé, du moins maintenuentre deux plans parallèles, qui s'opposent au développementde la courbe normale. Ils obligent ainsi le brin àévoluer dans le plan, transformant la spirale en une lignebrisée, à inflexions régulières et opposées.La peau normale du mérinos, si riche en follicules laineux,présente aussi de nombreux plis, surtout dans larégion du cou, où ils portent en français le nom vulgaire(1) W. v. NATHUSIUS, Bas Wollfiaar des Schafs in hislologisc.herund technischer Reziehung mit vecgleichender Berûcksiclitigunganderer Haar und der Haut. Berlin, Wiegand und Hempel, 1866.


AIRS GÉOGRAPHIQUE. 91de cravates. Son étendue dépasse de beaucoup ce qui estnécessaire pour revêtir le corps.La culture delà race a multiplié.restreint ou fait disparaîtretout à fait ces plis, comme elle a aussi beaucoupmodifié la conformation primitive, qui se présente maintenantavec de nombreuses variations.L'aptitude prédominante de la race considérée en généralest la production de la laine. Sous le rapport de laquantité aussi bien que de la qualité, pour la finesse, ladouceur et la résistance, elle n'a pas à cet égard derivale. Avec les plus faibles poids vifs, la toison ne pèsepas moins de 1 kilogr. en moyenne; avec les plus forts,elle dépasse 6 kilogr.La chair a communément une saveur très-forte et désagréable,qu'on appelle goût de suint, ce qui fait que lesmérinos sont en général peu estimés comme animauxcomestibles. Naturellement leur squelette est volumineuxet leur croissance tardive.Leur tempérament ne comporte qu'une très-faible tolérancepour l'humidité de l'atmosphère. Ils sont aussiparticulièrement susceptibles aux conditions sous l'influencedesquelles se développe l'affection charbonneusedésignée par le nom vulgaire de sang de rate.Aire géographique. — On pourrait presque direqu'actuellement il existe des mérinos dans toutes lescontrées du monde. Il 3*en trouve de nombreux troupeauxaussi bien dans le nouveau continent que dansl'ancien. Leur race est à coup sûr la plus prospère detoutes celles qui sont des objets d'exploitation, et la pluscosmopolite.Sa population se nombre par centaines de millions detêtes, et elle est en voie constante d'extension. La seuleRépublique Argentine en compte déjà de 70,000,000à 80,000,000, les États-Unis d'Amérique environ 40,000,000,l'Australie et les autres possessions anglaises de l'Océanieenviron 45,000,000, le cap de Bonne-Espérance 10,000,000,la Russie et la Hongrie ensemble 40,000,000 à peu près,l'Allemagne et la France 25,000,000, l'Espagne environ5,000,000, etc.


92 RACE MÉRINE OU MÉRINOS.Si cette grande extension de la race des mérinos n'étaitun fait contemporain, en quelque sorte, on serait vraimentbien embarrassé pour déterminer, sur une airegéographique aussi vaste, le point qui a pu être son berceau;mais l'histoire nous en est bien connue. Noussavons pertinemment que, jusqu'au milieu du derniersiècle, il n'y avait des mérinos qu'en Espagne et dansquelques parties des États barbaresques. Dans toute laseconde moitié de ce siècle, ils n'ont été désignés enFrance que sous le nom de bêtes à laine d'Espagne. Celuide mérinos, que les Allemands écrivent merino, appartientà la langue espagnole et signifie proprement : errant.Quelques personnes voudraient le faire dériver du nomd'une tribu algérienne, la tribu des Bcni-Mcrin, habitantune région de la province de Constantine où se trouventaussi des moutons de la même race. Mais il semble plusprobable que les deux dérivent seulement de la mêmeracine arabe et ont été appliqués au même fait, la tribuhumaine étant errante comme la race ovine.La première idée qui se présente à l'esprit, c'est quecette race a dû être introduite en Espagne parles Maures,lors de leur conquête. Mais ce que les auteurs latinsdisent de la beauté des étoffes fabriquées en Andalousiefait présumer qu'elle y existait déjà sous la dominationromaine. Assurément, la conquête mauresque n'a pu quela faire prospérer, comme tout le reste des industriesibériques qu'elle avait portées à un si haut degré de perfectionnement.De nouvelles introductions de sujets tirésdes États barbaresques ont pu être faites. Un auteur dusiècle dernier (1) dit que le successeur d'Alphonse XI('355), D. Pedre IV, fit venir d'Afrique nombre de bonsbéliers et de brebis, qui furent répartis duns la Caslille,et d'où sont sortis les troupeaux ambulants de l'Espagne.Peu importe ; dans tous les cas, la race n'en appartiendraitpas moins à ce qu'en zoologie générale on nomme leil) Joseph-Etienne MICHEL, administrateur du département desBoijLhei-du-Bhône. Essai sur le commerce des bêles à laine, in-8de 03 pages. — Aix, 1792.


Wlà GÉôfîRAPBiOtJE. 93centre hispanique, comprenant à la fois le nord de l'Afriqueet la partie du midi de l'Europe qui en est aujourd'huiséparée par le détroit de Gibraltar, c'est-à-dire le bassinde la Méditerranée.Du reste, par ce qu'ils disent des laines de la Lybie etdes moutons qui les produisaient, les auteurs de l'antiquiténous montrent bien que ces moutons ne pouvaientêtre que des mérinos. La race de ceux-ci est donc biencertainement originaire de nord-est de l'Afrique. De là lenom spécifique préféré.Dans les vallées et les plaines anciennement si fertilesqu'arrosent le Tageet le Guadalquivir, en Andalousie, enEstramadure, en Nouvelle-Castille, la race a été l'objet deplus de soins que dans le nord de l'Afrique; elle s'y estaméliorée, tandis qu'elle périclitait sur son lieu d'origine,par l'incurie des nomades qui l'exploitaient. Et ainsi s'estperdue, durant longtemps, la notion de cette origine, aubénéfice de l'Espagne.Dès le XVII e siècle, sous l'administration de Colbert,quelques béliers espagnols furent introduits en Roussillon,pour améliorer la laine des troupeaux de cetteprovince française. C'est la première trace qu'on trouve,dans l'histoire de France, d'introductions de ce genre.Vers le milieu du siècle suivant, d'Étigny, intendant deBéarn, dont nous avons déjà parlé, en fit de nouvelles.Les premières études de Daubenton sur les lainesfines, qui datent de 17C6, portent à penser que dès lorsles troupeaux du Roussillon étaient composés de mérinosà peu près purs. Daubenton soutenait (1) qu'il suffisaitde bien choisir des reproducteurs dans ces troupeauxet de les soumettre à un certain régime, dont lapartie principale consistait à les faire vivre constammentdehors, dans un parc, pour en obtenir des laines aussifines que celles d'Espagne. Il en faisait pratiquer luimêmel'essai dans son domaine de Montbard, en Bourgogne,et à plusieurs reprises les laines de son propre(1) DAUBENTON, Instructions pour les bergers et pour les propriétairesde troupeaux, in-8», Paris.


01 RACE MÉRINE OU MÉRINOS.troupeau ont été jugées propres à justifier sa prétention.Il est évident aujourd'hui qu'un tel fait ne peut pas s'expliquerautrement qu'en admettant que les bêtes venuesdu Roussillon étaient au moins des métisses de mérinosà un degré avancé.En 1776, Turgot avait fait venir d'Espagne un troupeaude mérinos, dont une partie fut confiée à Daubenton, etles autres au marquis de Barbançois, en Berri, à MM. Dupinet de Trudaine (1). Seuls, les animaux de Daubentonont prospéré et se sont répandus. Ils ont été la souchedes mérinos actuels de la Bourgogne, notamment du Chàtillonnais.Leursuccès, dû principalementà l'habileté persévérantedu savant naturaliste compatriote et collaborateurde Buflbn, attira fortement l'attention des hommesqui préparaient alors notre grande Révolution, et le mouvementgagna la cour elle-même, qui résolut de fonder,à l'imitation de Daubenton, un troupeau de mérinos dansl'un des domaines royaux.En 1786, dix ans après, sous le ministère de Galonné,Louis XVI chargea son ambassadeur à la cour d'Espagne,de la Vauguyon, de négocier l'affaire et d'obtenir du roison beau-frère la permission de choisir les éléments dece troupeau et de leur faire passer la frontière. La demandefut accueillie favorablement, et l'ambassadeurdonna commission à deux Espagnols, dom Ramira etAndré-Gilles Hernans, de faire le choix dans les Cavagnes.Le 15 juin 1786 partirent de Ségovie, à destination deRambouillet, 342 brebis et 42 béliers. Le 12 octobre suivant,366 animaux en tout arrivaient au domaine. Enroute, il y avait eu nécessairement des naissances et desmorts.(1) TESSIER, Histoire de l'introduction et de la propagation desmérinos en France (ouvrage posthume). [Mémoires publiés par laSociété royale et centrale d'agriculture. Paris, Bouehard-Huzard,1838.] — Tessier dit d'abord que M. de Trudaine plaça ses mérinosdans sa terre de Montigny, en Brie, puis de l'autre côté de la page,il les lui fait placer en sa terre de Bourgogne. (V. p. 281 et 282.)


AIRE GÉOGRAPHIQUE. 95telle fut l'origine du célèbre troupeau de Rambouillet,qui, avec les importations faites plus tard par quelquesparticuliers, a été la souche de tous ceux qui existentmaintenant dans la moitié septentrionale de la France,hormis la Bourgogne et la Champagne.A l'instigation de Daubenton, de Tessier et de Gilbert,qui avaient pris en main avec une grande ardeur la causede l'extension des mérinos, un traité de paix conclu sousle Directoire (1) imposait à l'Espagne l'obligation delaisser sortir d'Espagne 4,000 brebis et 1,000 béliersmérinos.D'abord cette clause ne put être qu'incomplètementexécutée; mais, sous le Consulat (en l'an VIII de la République),Gilbert fut envoyé en Espagne pour faire desacquisitions. Il en ramena, à plusieurs reprises, desbrebis et des béliers qui servirent à fonder en grandnombre des bergeries nationales, et aussi le troupeauprivé de Tessier. Ces bergeries furent établies à La Malmaison,à Perpignan, à Arles, à Saint-Genêt, à Champagnelleprès Clermont-Ferrand, à Saint-Georges-de-Ronains près Villefranche (Rhône), à Ober-Emmel prèsTrêves, au château de Palan près Aix-la-Chapelle, auchâteau de Clermont près Nantes, et à Cère près deMont-de-Marsan. Donc, en tout, dix ajoutées à celle deRambouillet (2). On ne visait à rien de moins que la substitutioncomplète des mérinos à toutes les races ovinesfrançaises.La plupart de ces bergeries n'eurent qu'une existenceéphémère : les conditions climatériques, se jouant detoute volonté despotique, en firent bientôt justice. Leurslieux d'établissement avaient été choisis seulement envue de mettre à la portée des manufactures de draps leslaines qu'elles devaient employer. Seules, celles d'Arleset de Perpignan, situées en des milieux favorables, sub-(1) Le traité de Bàle du 2-2 juillet 1795 (4 thermidor an III). Laclause relative à la sortie des mérinos était secrète.(2) TESSIEB, Instruction sur les bêtes à laine, etc. Paris, Imprimerieimpériale, 1810.


06 RACE MÉRINTE OU MÉRINOS.sistèrent plus longtemps. La dernière, établie en 1800,exista jusqu'en 1842. Elle comptait, lors de sa fondation,344 brebis et 16 béliers, choisis en Espagne par Gilbert.Il ne reste plus à présent que celle de Rambouillet, quireçut, durant le premier empire, de nouveaux renforts.Mais, en outre, une société privée s'était fondée en1798, pour bénéficier de la clause du traité de Bàle. Ellefit pour son compte et pour celui de plusieurs particuliersdes introductions de brebis et de béliers.C'est des sources ainsi indiquées qu'émanent les mérinosfrançais, dont la population se partage entre troisrégions nettement distinctes, deux situées au nord etune au sud. Des deux premières, l'une comprend la Bourgogneet la Champagne; l'autre la Beauce, la Brie etle Soissonnais; la troisième embrasse le Roussillon et laProvence.Les troupeaux y sont abusivement distingués en mérinoset métis mérinos, parce que ces derniers ont étéformés par le croisement continu, par la méthode qu'onnommait alors celle des troupeaux de progression, tandisque les deux souches des autres, paternelle et maternelle,sont venues directement d'Espagne. On sait maintenantqu'il n'y a plus depuis longtemps aucune différence entreeux. Il serait donc bon de renoncer à la distinctionabusive qui met le trouble dans une chose très-claire enréalité.Enfin, mentionnons, pour l'histoire, les petites importationsfaites en 1798 dans le pays de Gex et aux environsde Genève, et dont il n'est plus question aujourd'hui,bien que durant longtemps elles aient eu une réputation,à cause de la finesse de leur laine. Le troupeau deNaz avait été fondé par Girod (de l'Ain), un des principauxactionnaires de la société formée en 1798 pour importerdes mérinos, en vertu de la clause du traité de Bàle.C'est seulement de 1778(1) que date la première introductiondes mérinos en Allemagne. Des brebis et des béliers,achetés en Espagne, dans le troupeau de la com-(1) SETTEGAST, Die Thierzucht, 4° édit., p. 115.


AIR» GEOGRAPHIQUE. 99tesse Cuenza, formèrent alors le premier noyau des .bergeriesde l'Électeur de Saxe. Ils ont été la souche de cequi est appelé la race électorale.Settegast prétend que ce n'étaient point des mérinosespagnols pur sang, mais bien des métis assez mal choisis.C'est to, de sa part, une de ces affirmations sanspreuve, donvil se montre toujours si prodigue, pour soutenirse»th€ses préconçues?Du reste, on peut juger facilementde la valeur de celle dont il s'agit ici, en considérantque l'auteur est au nombre de ceux qui qualijient demétis les sujets issus de l'accouplement d'un bélier électoralavec une brebis negretli, ou inversement. Partantdelà, il n'a pas de peine à établir que bien peu de troupeauxde mérinos allemands ont une origine pure, carpour cela il faudrait que leur arbre généalogique necomptât aucun individu provenant de reproducteurs tirésde deux troupeaux espagnols différents. La coutumeétant en Espagne, où la notion de race se confond aveccelle de famille, comme en Italie, d'admettre autant deraces qu'il y a d'éleveurs et de leur donner les noms deceux-ci, sur de telles bases la controverse n'est, en effet,pas difficile à soutenir.Mais il est à peine besoin de faire remarquer combiencela est peu sérieux. Les mérinos électoraux de la Saxeet de la Silésie, où la souche a poussé ses rejetons, lesnegrettis du Mecklenbourg, introduits depuis, ne sont quedes variétés de la race mérine, ayant toutes une origineespagnole commune, de même que ceux appelés rambouilletspar les Allemands.L'Allemagne du Nord s'est peuplée de ces mérinosprogressivement, comme la France, par l'intermédiairedes bergeries de Kuchelna et de Moeglin surtout, et leplus souvent par le croisement continu de l'ancienne populationlocale, appartenant, ainsi que nous l'avons vu, àla race des bruyères ou race du Danemark.On prétend que les premiers mérinos introduits dansl'Allemagne du Sud, en Wurltenberg.et dont dérivent tousles troupeaux actuels de cet État, provenaient, pour laprincipale partie, d'un achat fait m Bgg? r Non. Si le t'aite


98 RACE MÉRINE 00 MÉRINOS.est vrai, il a dû vraisemblablement se produire sous l'influencedes écrits de Daubenton. Quoi qu'il en soit, depuislors de nombreuses importations de béliers lires desmeilleurs troupeaux de l'Allemagne du Nord et de laFrance n'ont pu manquer d'y rétablir la pureté, en admettantqu'elle eût été douteuse à l'origine.En 1793, le comte Graneri, ministre de la cour de Savoie,obtint de celle d'Espagne et introduisit en Piémont150 brebis et béliers mérinos de Ségovie. En 1799, oncomptait déjà dans le nord de la péninsule 6,000 moutonsà laine fine, dont plus de 2,000 de pure race et le restecomposé de métis. Ainsi l'Italie a été peuplée de sesmérinos.C'est, comme nous l'avons vu, vers la fin de la premièremoitié de ce siècle que les possessions anglaises des mersdu sud ont commencé à se peupler de mérinos, ainsi quela Russie méridionale et la Hongrie. Parle rapide accroissementdes quantités de laine jetées sur le marché universel,on a pu juger de l'allure de leur extension. Lepeuplement du Cap date de la même époque, mais celuides deux Amériques est plus récent.Les souches de ces nouvelles populations américainesont été tirées principalement de lrance, et ce sont surtoutmaintenant les troupeaux français qui les entretiennent,en raison de leur supériorité reconnue. Cellesde la Hongrie et de la Russie méridionale viennent primitivementde l'Allemagne, mais elles tendent de plus enplus à se retremper, elles aussi, à la source française.En résumé, l'histoire de l'extension énorme de la racedes mérinos, l'une des plus cosmopolites parmi les racesanimales, celle dont l'aire géographique est sans contreditla plus vasle parmi les races ovines, cette histoire esttrès-simple. Jusque dans la seconde moitié duXVIIl e siècle,elle est restée dans le bassin méditerranéen, où se trouveson berceau. A partir de ce moment, sous l'impulsion desécrits de Daubenton, elle en est sortie pour se répandreen France et en Allemagne, puis dans les autres partiesde l'Europe centrale et méridionale qu'elle occupe aujou^d'hui, en Pologne, en Autriche, en Hongrie, en


VARIÉTÉ ALGÉRIENNE. 99Russie, puis en Océanie, au Cap et dans les deux Amériques.On comprendra que dans une aire si étendue et comportantdes conditions d'existence si diverses, puisqu'elleembrasse les deux hémisphères, il se soit formé de nombreusesvariétés. Nous ne les décrirons point toutes,mais seulement les principales, celles qui ont un intérêtdirect pour nous. Il faudra même que ce soit sommairement,pour la plupart, en nous bornant à indiquer lesdifférences essentielles, au point de vue pratique, portantsurtout sur la taille et sur les caractères de la toison.Variété algérienne. — Ce qu'étaient les mérinosalgériens avant la conquête française, nous ne le savonsque très-peu. On s'en fait une idée en songeant à l'incuriedes Arabes pour leurs troupeaux.Pendant les premiers temps de l'occupation, la lutteconstante pour étendre la domination ou pour réprimerles écarts des tribus insoumises ne laissait pas le loisirde s'en occuper.Sous le gouvernement général du maréchal Randon etsous l'influence de Bernis, vétérinaire principal distinguéde l'armée, une première bergerie fut fondée à Laghouat,pour fournir des béliers amélioraleurs aux troupeauxindigènes de la province. Les souches de cette bergerieavaient été sagement empruntées à la Provence. Plustard, d'autres idées moins pratiques prévalurent, et l'on yintroduisit des animaux de Rambouillet, sous prétextequ'ils étaient plus beaux que les premiers. L'entreprisene pouvait manquer d'échouer. Elle échoua, et l'améliorationde la variété subit un retard. L'échec cependantéclaira ceux qui l'avaient tentée.Maintenant, on est revenu aux idées plus justes deBernis. La bergerie expérimentale a été transféréed'abord à Ben-Chicao, puis à Moudjebeur, et elle est peupléede mérinos de petite taille, accoutumés au climatméridional et qui prospèrent en exerçant autour d'euxleur influence.Il est certain que les mérinos algériens ont un grandavenir et que le mieux est, pour notre colonie, d'en


100 RACE MÉRINE OU MÉRINOS.étendre le plus possible la production et l'exploitation.Leur viande a, en France, un débouché assuré, et leurstoisons ont une valeur de beaucoup supérieure à celleque peuvent atteindre les toisons des autres variétésovines de l'Algérie.Les mérinos algériens ont en moyenne une taille deOn» 55 à 0"' 60. Leur tête est forte et pourvue de longuescornes. Leur col est long; leur corps manque d'ampleur;ils onl de larges plis à la peau du cou. Ils pèsent vifs de40 à 50 kilogr. Le poids de leur toison ne dépasse guère3 kilogr. Le diamètre des brins de cette toison atteint leplus souvent jusqu'à 0 mni 025. Avec le temps et une bonnedirection, la variété s'améliorera certainement.Variétés espagnoles. — L'ancienne réputation desmérinos d'Espagne est bien ternie. Les éleveurs desautres parties de l'Europe onl depuis longtemps désap- v.pris le nom des Cavagnes célèbres, au commencement ^Ode ce siècle, de VEscurial, d'Infant ado, etc. Les Allemands ^seuls ont conservé celui de Negrctti. Les modifications vheureuses subies par les descendants ont fait tort à leurssouches, qui ne peuvent plus soutenir la concurrence.Elles ont un genre de vie qui le rend facilemenl compréhensible.Vivant, durant l'hiver, dans les plaines del'Andalousie, de l'Estramadure et de la Nouvelle-Castille,dès que commencent les chaleurs du printemps les troupeauxsont mis en route pour gagner les hauteurs duroyaume de Léon et de la Vieille-Castille, où ils passei.tl'été. C'est ce qu'on appelle la transhumance, en français.Le voyage dure d'un mois à six semaines, pour ail. rcomme pour revenir, et c'est pendant l'aller que h smoutons sont tondus. Sur le parcours, il y a des établissementsspéciaux, appelés csquileos, pourvus du personnelnécessaire pour tondre en un jour un troupeau demille têtes.Les mérinos espagnols sont de petite taille et d'uneconformation peu régulière. Ils ont les jambes relativementlongues, comme tout animal marcheur. La toisonest en mèches courtes et la peau fortement plissée. Cettetoison ne pèse guère plus d'un kilogramme.


VARIÉTÉS DO ROUSSItLON, DE PBOVENCE ET D'ITALIE. 101L'importance de la production espagnole a beaucoupdiminué depuis le commencement du siècle, puisque soncontingent sur le marché universel des laines a passé de5,7 à 0,4. Cependant quelques grands propriétaires del'Andalousie ont, en ces derniers temps, fait le nécessairepour améliorer leurs troupeaux. Sous la direction de plusieursde nos élèves, ceux-ci ont été affranchis du régimeancien de la transhumance, mieux nourris et plus régulièrement,et ont acquis par là des formes meilleures,plus de poids et plus de laine de qualité plus en rapportavec les nouveaux besoins.Variétés du Roussillon, de la Provence et del'Italie. — Ces variétés ont de grandes analogies parlesformes et par le genre d'existence avec celles de l'Espagne.Ces analogies existent d'ailleurs dans le climat.Là aussi le régime de la transhumance est obligatoire.Les troupeaux français occupent, durant la saison tempérée,les terres voisines des rivages de la Méditerranée.Dès que les fortes chaleurs menacent de se faire sentir,ils émigrent vers les Alpes, voyageant de l'ouest à l'est,pour y passer la saison d'été, durant laquelle ils ne trouveraientpas à se nourrir dans les plaines du Roussillon,du Bas-Languedoc et de la Provence. Ceux de l'Italie, quihabitent la Pouille, transhument sur les Apennins.Il n'y a d'exception que pour de petites populationsvoisines de la montagne Noire, à l'ouest de la région,très-petites aussi de taille, et qui sont connues sous lenom de mérinos des Corbicres. Les troupeaux de ce contrefortdes Pyrénées restent en toute saison sur les hauteursqu'ils habitent.Le centre principal de la région ici considérée est dansles environs d'Arles, où se trouve la plaine de la Crau,qui est située sur la rive gauche du Rhône. C'est pourquoiles mérinos de Provence sont aussi connus «ous lenom de mérinos de la Crau.Cette région comprend les départements des Pyrénées-Orientales, de l'Aude, de l'Hérault, du Gard, de Vaucluse,des Bouches-du-Iihûne, des Basses-Alpes, du Var et desAlpes-Maritimes. Elle s'étend aussi un peu au nord deV. 6.


102 RACE MÉRINE OU MÉRINOS.l'Italie, où se trouvent quelques troupeaux de mérinos.On sait comment la race s'y est établie, surtout parl'intermédiaire des anciennes bergeries nationales dePerpignan et d'Arles, dont les souches provenaient directementd'Espagne.Les conditions de milieu n'étaient point favorables à ceque se produisissent de grandes modifications dans letype introduit. Aussi les mérinos du sud-est de la Franceet de l'Italie sont-ils ceux qui, comme nous l'avons déjàdit, s'éloignent le moins des espagnols. Ils sont de mêmede petite taille, à longues jambes, à corps peu ample, àpeau plissée au cou. Leur toison est en mèches courtes,d'un tassé variable, plus fort en Provence qu'en Roussillon,surtout dans les Corbières, à brins d'un diamètreplus voisin, en général, de 0 nim 03 que de 0""" 02, et nepesant guère au-dessus de 3 kilogr. chez les sujets lesplus lourds de leur variété, dont le poids vif ne dépassepoint 40 kilogr.Dans quelques troupeaux des environs d'Arles, mieuxsoignés que les autres, reproduits avec une sélection plusattenlive, les formes corporelles sont meilleures, les toisonsplus homogènes et plus fines. Les sujets ont lesmembres moins longs, relativement au volume du corps;le col est aussi moins allongé et la tête moins forte. Ilssont par conséquent améliorés, par rapport à l'ensemblede la variété.Le défaut général, dans la région, est de considérer lesmérinos comme exclusivement producteurs de laine, et àce litre de les laisser vivre trop longtemps. C'est ce quia fait que certains agriculteurs, se croyant progressifs,ont commis la faute de leur substituer des southdownspurs ou croisés, en vue de produire de la viande, plusdemandée. Les tentatives de ce genre n'ont point eu desuccès réel.Variété de Naz. — La variété de Naz n'a jamais guèreconsisté qu'en un troupeau fondé en 1798 par Girod (del'Ain), dans la localité du pays de Gex qui porte le mêmenom. Girod était au nombre des principaux actionnaires


VARIÉTÉ DE NAZ. 103de la société qui se forma, comme nous l'avons déjà dit,pour profiter de la clause secrète du traité de Bàle, enimportant des mérinos d'Espagne. Il en prit pour sonpropre compte un lot, qu'il installa sur son domaine deNaz, situé en terres peu fertiles, et dans lequel la reproductionfut soignée en vue d'obtenir le maximum de finessede la laine.L'œuvre a été continuée par son fils, le général Girod(de l'Ain). Le troupeau subsistait encore récemmentavec la plupart de ses anciennes qualités; mais depuislongtemps les circonstances ne sont plus favorables à lasorte de laine qu'il produit, et peu à peu sa réputations'est perdue.On ne parle plus maintenant de la prétendue race de Nazautrement qu'à un point de vue historique, et, à ce pointde vue, il s'en conserve, dans l'annexe de la bergerie deRambouillet, un petit groupe.Les mérinos de cette variété se distinguent par leurtaille, appartenant aux plus petites, et par leur toisonformée de mèches très-courtes et composées de brinstrès-tassés, dont le diamètre ne dépasse guère 0mm 015.Ils ont donné lieu à bien des dissertations erronées, àl'égard de l'influence supposée d'une alimentation parcimonieusesur la finesse de la laine. L'analyse expérimentalea montré depuis que cette finesse doit être attribuéeà un tout autre motif.Pour donner une idée de la notion qui a longtemps étégénérale à ce sujet, il suffira de citer le passage suivantdu rapport fait en 1838 à la Société royale et centraled'agriculture de Paris, par Soulange-Bodin, son vicesecrétaire,sur les travaux de cette Société depuis sadernière séance publique :« Vous avez été informés aussi, dit l'auteur, par leministre lui-même, de la suite de l'essai de croisemententrepris encore à l'École royale d'AJfort, entre la race deNaz et celle de Rambouillet. Il résulte des premièresobservations : 1° que l'abondance de nourriture a eu unetrès-grande influence sur le développement de la taille,mais que l'emploi du petit bélier de Naz n'a point été un


104 RACE MÉRINE OU MÉRINOS.obstacle à oe développement; 2° qu'à Naz, ou la nourriturea été moins abondante, les progrès de l'améliorationsous le rapport de la finesse ont été plus remarquables,mais que la taille et le poids des extraits sontrestés fort au-dessous de ce qu'ils sont à Rambouillet. Cedernier résultat confirme aussi pleinement ce qu'on savaitdéjà, c'est-à-dire que les femelles de grande race, transportéesdans des pays pauvres de pâturage, ne coivserventplus, dans leurs extraits, la taille élevée queleur race avait primitivement acquise dans de plus richespacages (1). »Variétés de l'Allemagne, de l'Autriche-Hongrieet de la Russie. — En Allemagne, où la laine a étédepuis le siècle dernier l'objet d'une grande attention, oùil y a en grand nombre des éleveurs distingués possédantdes troupeaux de souche (Stammheerden), et oùenfin on attache à ce qu'on nomme la laine noble (Edelwolle)une grande importance, on distingue maintenanttrois sortes de mérinos, considérés comme appartenant àautant de races particulières.Il y a la race électorale, qui se trouve en Saxe royale etprussienne (province de Saxe), en Silésie, dans le duchéde Posen, en Bohême, etc.; la race Negrelti, répandue enMecklenbourg et en Poméranie, en Hongrie et en Russieméridionale; et la race Rambouillet, que l'on rencontreun peu partout dans ces divers pays.Les deux premières sortes ou variétés sont issues desimportations faites directement d'Espagne, au siècledernier, dans les conditions que nous avons dites. Ladernière, ainsi que son nom l'indique, provient de béliersachetés en France, à partir du moment où la concurrencecoloniale a fait sentir la nécessité de changer la directionimprimée jusque-là aux troupeaux, de produire des toisonsà mèches moins courtes, en même temps que desmoutons d'un plus fort poids.Le nom adopté n'implique point que les béliers importésproviennent tous de notre bergerie nationale. Les Alle-


VARIÉTÉS D'ALLEMAGNE, D'AUTRICHE ET DE RUSSIE. 105mands appellent rambouillets tous les mérinos françaisde nos régions septentrionales, pour mieux dire tous nosmérinos d'un fort poids, à toison lourde, en mècheslongues.Ces mérinos, dit rambouillets, de l'Allemagne, se sontrépandus et se répandent encore, surtout dans les partiesfertiles du Mecklenbourg et de la province prussiennede Saxe. Il y a de fortes raisons pour qu'ils y prennentk~c Vx^g?V^ 'vÊ^jÙMÊr:Fit;. 14. - Bélier mtrino'- de vririétt- i'lecto:a a.£une extension de plus en plus grande et que le débouchéainsi ouvert aux troupeaux français aille croissant. Niiisne les décrirons point en ce moment, devant leur consacrerplus loin des articles particuliers.La vanété électorale (fig. 14) est de petite taille (O 1 " 40à 0 m 50). Quelques éleveurs allemands lui conserventencore son ancien nom espagnol d'Escurial, venant dece que les premiers sujets introduits en Saxe prove-


106 RACE MÉRINE OU MÉRINOS.naient du troupeau royal d'Espagne, entretenu au domainede ce nom.Elle a, comme on le voit, la tête relativement peu volumineuse,le cou long, la poitrine étroite, la croupe courteet très-oblique, le corps peu ample.Les plis de la peau sont très-peu développés. C'est àpeine s'il y en a quelques-uns au col. La toison, quis'étend peu sur la face et sur les membres, est très-homogène,très-tassée, en mèches courtes (de 0 m 025 à 0 m 04)formées de brins à ondulations régulières très-rapprochées,et dont le diamètre varie entre 0' nm 01 et 0 023,d'après les mensurations exécutées par W.v.Nathusius(l),très-douce, le suint en étant très-fluide.Son poids varie entre 2 et 3 kilogr., pour des poids vifsde 25 à 35 kilogr.Cette variété ne répondant plus, par ses aptitudes, auxnouveaux besoins du commerce, a perdu beaucoup de sonancienne valeur. Aussi va-t-elle disparaissant, remplacée,soit par les métis southdowns, soit par les rambouillets,pour nous servir de l'expression allemande.La variété Negretti (fig. 15), que l'on nommait encoreanciennement Infantado, se distingue au premier coupd'ceil par les nombreux plis que sa peau présente surtoutes les parties du corps. Celui-ci est aussi plus trapu,plus près de terre, relativement plus court. Les individusont un aspect plus robuste, plus vigoureux. Leur tête estplus forte. Leur toison, plus étendue, couvre la plusgrande partie de la face et descend ordinairement sur lesmembres jusqu'aux onglons. Elle est égalemenl tassée,mais en mèches un peu moins courtes, dont les brins sontmoins fins et pourvus d'un suint gluant fortement coloréqui, en se concrétant au sommet des mèches, donne à lasurface de la toison une nuance noirâtre.Le negretti est d'un poids vif plus élevé que celui del'électoral. Ce poids ne descend guère au-dessous de35 kilogr., et va jusqu'à 40 et au delà.La toison ne pèse pas moins de 4 kilogr., mais elle(1) Das Wollhaar, etc., toc. cit.


VARIÉTÉS D'ALLEMAGNE, D'AUTRICHE ET DE RUSSIE. 107perd au lavage plus que celle de l'autre variété. Des documentsprécis, recueillis à Kapuvar, en Hongrie, par unde nos élèves de l'Institut agronomique, M. Kayser, établissentque la perte est de 45 p. 100.Il y a en Allemagne une tendance très-prononcée àpréférer la variété negretti à l'électorale, depuis la dépréciationsubie par les laines courtes, dites extra-fines ousuperfines (superelectu en Allemagne;, à cause de sonplus fort poids. Bon nombre de troupeaux y sont maintenantformés de ce qu'on nomme l'électoral-negretti, résultantde l'accouplement des deux variétés.C'est un acheminement vers une autre tendance, qui semanifeste aussi de plus en plus en faveur du rambouillet.En Mecklenbourg et en Poméranie, il y a déjà beaucoupde rambouillel-negrettis. En Silésie, sous l'influence


108 RACE MÉRINE OU MÉRINOS.de Settegast, qui en a donné l'exemple à l'Académie deProskau, on commet la faute de croiser plutôt les mérinosavec le southdown, opération maladroite, contre laquelles'élèvent les zootechnistes et les éleveurs les plus éclairésde la Prusse.C'est la variété negretti qui s'est surtout répandue enAutriche, en Hongrie et en Russie méridionale, commeplus rustique, plus robuste et moins éloignée par lesqualités de sa toison des conditions actuelles du marchéuniversel.Les moutons negrettis hongrois et russes arrivent ennombre considérable chaque année sur le marché de LaVillette, à Paris. Ils sont reconnaissables à première vueà la couleur foncée que donne, à la surface de leur toison,la terre noire de leur pays.Variété du Ghâtillonnais. — Les mérinos françaisde la Bourgogne sont désignés sous le nom de variété duChâlillonnais, parce que c'est sur les coteaux qui entourentla petite ville de Châtillon, au nord du départementde la Côte-d'Or, que se trouvent les meilleurs troupeaux,les troupeaux de souche, de ces mérinos. C'est là quevont cherch:r leurs béliers les éleveurs de l'arrondissementde Tonnerre, dans l'Yonne, et ceux des arrondissementsde l'Aube et de la Haute-Marne.Cela fait que dans tout le district bourguignon ainsidélimité (qui, seul, par ses terres élevées et saines, peutse prêtera l'entretien des mérinos, les parties basses ethumides les faisant succombera la cachexie), leurs caractèressont parfaitement uniformes et les constituent àl'état de variété bien distincte.Cette variété bourguignonne du Chàtillonnais est detaille moyenne (0 00 à O" 1 05); elle est relativement bassesur jambes et remarquable par l'ampleur de son corps,le faible volume de son squelette et la correction de sesformes, due à l'ampleur de la poitrine, des lombes et dela croupe. On sait qu'elle est issue, pour la plus grandepartie, du troupeau de Daubenton établi à Montbard, au•siècle dernier. C'est dans les troupeaux du Chàtillonnais*tic î'on trouve le plus fréquemment des béliers sans


VARIÉTÉ r>u SOTSSOVNAIS. 109cornes. Les éleveurs s'appliquent presque tous à produireun certain nombre de ces béliers, qui leur sont demandésplus que partout ailleurs.La peau ne présente que de faibles plis au cou, quitendent à disparaître de plus en plus. La toison, moyennementtassée, mais très-homogène, est en mèches de0 m 07 à 0 m 09 de longueur, dont les brins, doux et résistants,ont un diamètre de 0" 015 à 0 mm d26.Les moutons atteignent un poids vif moyen de 40 à50 kilogr.Les toisons pèsent en moyenne de 4 à 5 kilogr.Variété de la Champagne. — Cette variété habiteles départements de l'Aube (partie nord), de la Marne, dela Hante-Marne et des Ardennes. Sur certains points ellediffère peu de celle de la Bourgogne; mais dans sonensemble, notamment sur les terres crayeuses, elle estde plus petite taille.Du reste, c'est le même type de conformation et detoison, les béliers qui font la lutte dans les troupeauxchampenois étant le plus souvent empruntés au Chàtillonnais.Il n'y a donc pas lieu d'entrer dans des détails descriptifsqui seraient superflus. Il suffit de dire que le vraimérinos champenois est seulement plus petit et d'unmoindre poids que le bourguignon, et qu'en Champagneles troupeaux sont en général moins bien soignés qu'enBourgogne, les circonstances y étant moins favorables etles bons éleveurs moins nombreux.Les conditions d'existence étant du reste très-variéesdans la région, il y a des différences assez sensibles dansle développement des mérinos champenois. Ceux desenvirons de Reims, par exemple, sont plus petits queceux de la Haute-Marne et ceux de l'Aube, qui se rapprochentdavantage des bourguignons. Ils ne pèsent guèreplus de 35 à 40 kilogr. et ne donnent que 4 kilogr. detoison.Variété du Soissonnais. — La moitié sud du départementde l'Aisne, comprenant une partie de l'arrondissementde Laon et entièrement ceux de Soissons et deV. 7


110 RACE MÉRINE 00 MÉRINOS.Château-Thierry, et la partie est du département del'Oise, forment une petite région peuplée de mérinos dontles caractères zootechniques sont assez distincts depuislongtemps pour en faire une réelle variété parmi la populationfrançaise de la race. A l'est de son territoire, cettevariété se confond progressivement avec celle de laChampagne, par des dégradations successives de taille,au sud, avec celle de la Brie, par des modifications de latoison.Les troupeaux de souche qui fournissent des béliers àtous les autres, dans cette région, habitent les collinesde l'arrondissement de Soissons, particulièrement lescantons de Neuilly-Saint-Front et d'Oulchy-le-Chàteau.C'est pourquoi l'usage s'est établi de longue date dedonner le nom de mérinos du Soissonnais aux moutons dela région.Plusieurs de ces troupeaux datent des premières introductionsfaites en France des mérinos d'Espagne. Ils onteu pour premiers ascendants des brebis et des béliersespagnols. Leurs toisons sont depuis longtemps renomméespour la longueur des mèches, la douceur et la résistanceou l'élasticité des brins, ce qu'en langage vulgaireon nomme le nerf.Jusqu'à ces dernières années, les mérinos du Soissonnais,qui sont de forte stature (0»' 80 au moins), à squelettevolumineux, avaient la tète énorme, pourvue, chezle mâle, de cornes longues, à double spire écartée, le coulong, dont la peau montrait de larges plis. Maintenantils ont généralement la tête moins forte, et les plis de lapeau du col ne se montrent plus qu'exceptionnellement.Les éleveurs s'attachent avec un grand soin à les fairedisparaître.C'est par cette particularité de l'absence des plis, devenantde plus en plus générale et se joignant à la brièvetédu cou, que se caractérise surtout la variété du Soissonnais,parmi celles qui l'avoisinent et qui sont comme ellede gronde taille. Elle en constitue le caractère le plusfrappant, mais ce n'est pas le seul. Il est venu s'ajouterà ceux de la toison, anciennement connus, et parmi les-


,VARIÉTÉ DE LA BRIE. 111quels se place au premier rang la longueur de mèche,qui surpasse tout ce que nous avons vu jusqu'à présent.D'après les nombreuses mensurations que nous enavons faites, cette longueur va jusqu'à 0 m 12 et ne descendpas au-dessous de 0 m 08. Les brins étendus atteignentjusqu'à0 19. Leur diamètre descend jusqu'à O 11 "" OH(pas plus que la plus fine laine électorale), et i e dépassepas 0 ni| « 025; il se maintient généralement au-dessousde Omm 02.Les toisons comptent donc au nombre des plus tassées.Elles sont très-étendues, et malgré l'absence des plis dela peau, leur poids moyen dépasse 6 kilogr.Le poids vif moyen des brebis est de 65 kilogr. ; celuides béliers est de 90 à 100 kilogr. ; celui des moutons de70 kilogr. La qualité de leur viande a perdu la plus grandepartie des défauts qu'on reproche ajuste titre à celle desanciens mérinos. Il s'en engraisse chaque année, pour lemarché de Paris, de grandes quantités avec les pulpesdes sucreries, nombreuses dans le département del'Aisne.Variété de la Brie. — Les mérinos du plateau calcairede la Brie, qui sont de même taille que ceux duMoissonnais, sauf vers les points où ils se confondentavec ceux de la Champagne, du côté de l'est, s'en distinguentpar une conformation moins régulière, un colplus long et par la présence plus générale des plis oucravates. Ceux-ci ne sont cependant pas très-accentués.Ils sont un peu plus hauts sur jambes, et leur corps estmoins ample.Leurs toisons, souvent plus étendues sur la face et surles membres, sont moins tassées et en mèches moinslongues. Elles sont aussi moins homogènes et moins nerveuses.On y constate plus souvent un mélange de jarre,ce qui fait qu'elles sont moins estimées.D'après nos mensurations, la longueur de mèche nedépasse pas 0 m 0^5, et elle descend jusqu'à 0'» 07. Le pluspetit diamètre de brin est O""" 019, et le plus grand vajusqu'à Omm f/258.Le poids vif moyen des brebis est de 60 à 65 ki'iogr.,


112 RACE MÉRINE OU MÉRINOS.celui des béliers de 90 à 100 kilogr., celui des moutonsde 70 kilogr.Le poids moyen des toisons est de 5 kilogr.Les troupeaux de la Brie fournissent aussi de grandesquantités de viande au marché de Paris, mais cetteviande est de qualité inférieure à celle du Soissonnais. Ilsétaient aussi beaucoup plus décimés par le sang de rate,avant la découverte de la vertu préservatrice de la vaccination.Aussi a-t-on bien des fois cherché à les remplacer,soit par des mélis anglais, soit par des anglaispurs, notamment par des southdowns; mais les entreprisesde ce genre n'ont jamais pu encore se généraliser.Variété de la Beauce. — De tous les mérinos denotre région septentrionale, ceux de, la Beauce sontincontestablement les moins bons, sous tous les rapports.Dans leur district, qui comprend, comme on sait, laplus grande partie du département d'Eure-et-Loir, unepartie de l'Eure et les arrondissements d'Étampes et deRambouilet, dans celui de Seine-et-Oise, il y a certesquelques troupeaux remarquables, exploités en vue del'exportation des béliers(sans parler du troupeau nationalde Rambouillet, qui est d'ailleurs maintenant dans lemôme cas); mais la généralité est au moins médiocre,sous tous les rapports. Aussi est-ce là que les éleveursse sont le moins appliqués à perfectionner leur variétéet qu'ils ont le plus souvent recours à des croisementsanglais.Le mérinos beauceron est celui qui atteint la taille la plusélevée (au delà de 0 m 80). Il a les jambes longues et volumineuses,la tête très-forte, le cou long, le corps mince,le flanc grand, la croupe courte et très-oblique. Sa peau,épaisse, est plissée sur tout le corps, mais surtout au col,où elle présente de larges cravates pendantes. Grand marcheuret grand mangeur, il est d'un développement tardif,et sa chair a un goût de suint très-prononcé.La toison, très-étendue, descend le plus ordinairementjusqu'au bout du nez et jusqu'aux onglons. Tous lesefforts des éleveurs ont convergé vers cette direction. Ils


VARIÉTÉ DE MAUCHAMP. 113ont cru augmenter par là et par la multiplicité des plis dela peau la production de la laine.En général peu tassées, les mèches ne dépassent pasen longueur 0 m 08, et elles sont chargées d'un suint épaisqui les rend peu douces au toucher. Nous n'avons pastrouvé de brins dont le diamètre fût inférieur à 0"»» 023, etce JX provenant du troupeau de Rambouillet, que nousavons mesurés, avaient 0 n >m 0275 et 0 mm 0258. Dans lestroupeaux communs de la Beauce, il y a une forte proportionde jarre.Le poids vif moyen des brebis de Beauce est de 70 kilogr.; celui des béliers de 100 à 120 kilogr., celui desmoutons de 75 kilogr.; mais ces derniers ne rendent,qu'une faible proportion de viande nette et s'engraissentmal, en élaborant surtout du suif.Le poids moyen des toisons est de 5 kilogr.Le département d'Eure-et-Loir marque la limite extrêmed'extension possible de la race des mérinos du côté del'ouest. De nombreuses tentatives ont été faites pour l'introduireau delà de cette limite, sous le climat océanien;elles ont toujours échoué : les troupeaux ont toujours étédécimés par la cachexie aqueuse.En Beauce, bien plus encore qu'en Brie, les mérinos,avant la pratique de la vaccination, succombaient engrand nombre à la maladie qui a reçu là précisément sonnom de sang de rate, et que les Allemands appellentMilzbrand. Cette maladie appartient au groupe des affectionsdites charbonneuses. Le sang, en ce cas, est virulent.Inoculé à l'homme, il produit la pustule maligne,dont les cas y étaient chaque année fort nombreux.C'était un véritable fléau pour les troupeaux communsde mérinos dans presque toutes les régions qu'ils habitent.Variété de Mauchamp. — Nous avons tracé sommairement(t. II, p. 44 et 70), d'après Yvart, l'histoire dela formation de la variété des mérinos


114 RACE MÉRINE OU MÉRINOS.l'État français, et conservé dans une annexe de la bergeriede Rambouillet. Il avait élô d'abord placé àLahayevaux, dans les Vosges, puis transféré à Gevrollcs,dans la Côte-d'Or, et enfin en dernier lieu aux Chambois,dans la Haute-Saône.On a vu que la variété fut créée dans une ferme de lapartie pauvre du département de l'Aisne, la ferme deMauchamp, près de Berry-au-Bac, par M. Graux, aumoyen d'un unique bélier né accidentellement avec unetoison soyeuse, en 1827. Les sujets de cette variété sontde taille moyenne, avec un squelette fort et la tête toujoursdépourvue de cornes; mais ils sont seulement caractériséspar leur toison en mèches pointues et tombantesdont les brins, à éclat soyeux, ne présentent que de faiblesondulations, avec de fréquents retours, plus ou moinsaccentués toutefois, vers le caractère commun de la race.La propagande administrative a été impuissante à larépandre, à cause de son absence d'utilité pratique, lalaine soyeuse qu'elle produit n'ayant point trouvé d'emploiindustriel spécial. Cette propagande a d'ailleurs cessédepuis longtemps. L'administration ne met plus en venteaucun des béliers qu'elle continue de produire en petitnombre.Variété précoce. — Dans tous les districts de la régionseptentrionale des mérinos français, en Bourgogne,en Champagne, en Brie, en Soissonnais et même enBeauce, il existe maintenant un certain nombre de troupeauxdont les sujets se distinguent non seulement parleur bonne conformation, analogue à celle des variétésanglaises perfectionnées, mais encore par la précocitéplus ou moins grande de leur développement. Sous cedernier rapport, bon nombre d'entre eux ne le cèdent enrien aux southdowns, aux leicesters, etc. Comme eux, ilsont leurs premières incisives permanentes à la fin de lapremière année de leur vie.Le fait a été vérifié bien des fois, et nous en avonsdonné des preuves en nous occupant de la théorie de laprécocité (t. II, p. 302). Ces preuves étaient empruntéesau Soissonnais et au Chàtillonnais, où les mérinos pré-


VARIÉTÉ PRÉCOCE. 115coces sont le plus nombreux, les éleveurs des deuxdistricts étant sans contredit parmi les plus avancés denotre pays.Ceux-ci, on peut le prétendre sans forfanterie, ont prisdepuis longtemps la tête dans la production des mérinos,en vue des nouvelles conditions du marché.Un grand nombre de preuves du même genre avaientété auparavant consignées dans le mémoire spécial quenous avons publié en 1875 (1), et antérieurement dans unautre plus général (2).Dans la première édition du Livre de la ferme, publiéeen 1862, nous avions appelé l'attention sur la possibilitéd'améliorer les mérinos au point de vue de la productionde la viande, en indiquant la voie à suivre pour y parvenir.Depuis lors, nous n'avons pas cessé de lutter, dansla presse agricole, contre la propagande qui avait pourbut de les faire remplacer par des moutons anglais, sousprétexte que la production de la laine fine ne pouvaitplusêtre rémunératrice.Nos enseignements persévérants ne sont point restésstériles, et dès 180G, nous pouvions constater publiquement(3) les premiers résultats obtenus, puis mettreensuite sous les yeux de la Société centrale d'agriculturede France les pièces probantes de la précocité des mérinostraités par la méthode enseignée par nous et suiviepar un nombre de plus en plus grand d'éleveurs fiançais.Aujourd'hui, le fait est acquis pour quiconque a prisla peine de l'observer ou d'examiner les preuves qui enont été fournies. Il s'est montré éclatant surtout à l'Expositionuniverselle de Paris, en 1878, mais encore bien(1) A. SANSON, Recherches expérimentales sur la toison desmérinos pjrécoces et sur leur valeur comme producteurs deviande. Mérn lire couronné par la .Société centrale d'agriculture deFrance (prix Béhague). Paris, veuve Bouchard-Huzard, 1875.(2) A. SANSÛN, Mémoire sur la théorie du développement précocedes animaux domesti.yu.es, avec 2 pi. lilhogr. (Journal deVanatomie et de la physiologie, fie Ch. BOBlN'. Février 1872.)('•'>) A. SANSÛ», Le mérinos amélioré. (La Culture, du 1 er juillet1866.)


116 RACÉ MÉIUNK OU MÈH1NOS.plus au Concours général d'animaux gras de 1883, où leprix d'honneur des bandes a été remporté, pour la premièrefois, par des jeunes mérinos de Brie âgés de dixseptmois, luttant contre des southdowns. Pour quiconqueest au courant des préventions habituelles en faveur desanimaux anglais, le fait paraîtra des plus significatifs.L'existence de la nouvelle variété des mérinos précocesne peut plus faire doute, et elle est du reste admise maintenantpar tout le monde.Cette nouvelle variété participe, dans une certainemesure, des caractères de celles au milieu desquelleseile s'est formée, soit pour la taille, soit pour la toison.Le mérinos précoce de la bourgogne ou de la Champagne,par exemple, n'est pas aussi grand que celui de laBrie, du Soissonnais ou de la Beauce. Ce dernier n'a pasla laine aussi nerveuse que celui du Soissonnais.Ce qui caractérise la variété, c'est d'abord la réductionde la longueur et du volume des membres, du volume dela tête et de la longueur du cou, la disparition des plis dela peau, par rapport à ce quetoul cela se montre chez lesindividus communs de l'ancienne variété qui a été améliorée,et l'amplification du volume du corps, avec desformes plus correctes (fig. 1G) ; puis l'évolution plusprompte du système dentaire. Ce sont en un mot les attribulsdela précocité, tels qu'ils nous sont connus cheztoutes les races animales comestibles.Les mérinos précoces, dans le même temps et avec lamême alimentation, produisent autant de viande que lesleicesters ou les southdowns, selon qu'ils appartiennentaux variétés de grande taille ou de taille moyenne. Seulementcette viande est de qualité bien meilleure que cellede leicester et au moins aussi bonne que celle de southdown.Ce qui, chez le mérinos commun et tardif, est undéfaut très-grave, la saveur excessive de la chair, estdevenu, chez le mérinos précoce, à chair tendre et juteuse,un précieux avantage, étant réduit à de justes proportions.Trois brebis du Soissonnais, premier prix du concoursgénéral de 1881, âgées de quarante mois et pesant en


VARIÉTÉ PnÉCOCE.117moyenne 89 kilogr., ont rendu 62 92 de viande nette p. 100.Leur sixième côtelette a pesé 480 gr. avec 203 gr. de graset 33 gr. de noix, contenant 28.075 de matière sèche, dont22.175 de protéine et 5.000 de graisse p. 100. La graisseV.7 '


USRACE MÉRINE OU MÉRINOS.contenait 72 d'acide oléique p. 100. Trois moutons de laBrie, premier prix du même concours en 1882, âgés deseize mois seulement et pesant en moyenne 76 kilogr.,ont rendu 64.91 de viande nette p. 100. Leur sixième côtelettepesait 604 gr. avec 96 gr. de grais?e seulement et31 gr. de noix. Celle-ci contenait 44.320 de matière sèchep. 100, dont 24.165 de protéine et 20.155 de graisse avec45 d'acide oléique p. 100. Sur le lot de 15 jeunes sujets dedix-sept mois, ayant obtenu le prix d'honneur des bandesen 1883, la côtelette examinée pesait 412 gr.pour un poidsvif de 80 k 600; elle ne contenait que 225 gr. de graisseavec 35 gr. de noix. Celle-ci a dosé 34.24 de matière sèchep. 100 dont 20.70 de protéine et 13.54 de graisse avec 68d'acide oléique p. 100.En comparant ces divers nombres avec ceux consignésprécédemment pour les leicesters ou les southdowns, onverra que, pour la valeur comestible, les mérinos précocesne sont point inférieurs aux animaux anglais. Il n'ya sur ce sujet aucune contestation, parmi les gourmetsqui ont eu l'occasion de déguster leur viande.La toison des mérinos précoces ne diffère de celle desmérinos tardifs de même souche que par un plus fortpoids, dû à la fois aune plus grande étendue, déterminéepar l'augmentation de surface du corps, et à une plusgrande longueur des brins. Le diamètre de ceux-ci, dépendantde la constitution anatomique de la peau, et nonpoint de la plus ou moins grande rapidité du développementcorporel, n'a point varié.Parmi les soixante échantillons de laines de mérinosfrançaises et coloniales que nous avons mesurées comparativement(1), c'est un provenant d'une brebis soissonnaise,pourvue de quatre dents permanentes à dixhuitmois et pesant 86 kilogr., par conséquent précoce,qui nous a donné le plus faible diamètre = 0mm 014. Ilavait 0 ,n 095 de longueur de mèche et 0 m 130 de longueurde brin étendu.Les béliers précoces ont conservé leurs cornes ou ils(i) Mémoire cité, p. 34 et suiv.


CARACTÈRES ZOOTECHNIQUES GÉNÉRAUX. 119les ont perdues, comme ceux des variétés anglaises, à lavolonté de leur éleveur. On sait que cela dépend de cellevolonté. Chez les mérinos mêmes, la variété de Mauchamp,dépourvue de cornes, l'a montré depuis longtemps.Seulement, les mérinos sans cornes étant engénéral moins estimés, dans l'état actuel des idées, ilsrestent encore à l'état d'exception dans les troupeaux desujets précoces. Les éleveurs n'en produisent en quelquesorte que sur commande, ou pour montrer qu'ils sont enmesure de satisfaire à cet égard les désirs qui pourraientleur être manifestés.RACE DE SYRIE (O. A.asialica).Caractères spécifiques. — Front plat avec chevillesosseuses à base elliptique, éloignées l'une de l'autre,dirigées obliquement d'avant en arrière et contournéesen spirale très-allongée, parfois divisées en deux ou t''oisfragments diversement dirigés, en telle sorte qu'il payaity avoir quatre, cinq, et jusqu'à six cornes frontales; leurbord supérieur est plus oumoins obtus et le bord inférieurtranchant; arcades orbilairessaillantes ; petite dépressionau niveau de la«c-^Tracine du nez. Sus-naseaux/faiblement arqués longiludinalement.unis en voûte unpeu ogivale, moins largesvers leur pointe. Lacrymalun peu déprimé, larmier peuFia. 17.Typr- de la race deS'vrie.profond. Grand sus-maxillaire déprimé au niveau de saconnexion avec le sus-nasal, à épine zyuornatique saillante.Petit sus-rnaxillaire à branches peu arquées, formantune arcade incisive petite. Angle facial presquedroit; face allongée, elliptique (fig. 17;.Caractères zootechniques généraux. La racede Syrie est de taille variable, mais toujours relativementgrande (0 m 70 h 0"> 80). C'est la seule chez laquelle su


120 RACE DE SYRIE.montre la multiplicité des cornes, qui vientd'être signalée,résultant de la division des chevilles osseuses normales,Ce mode de production du phénomène est rendu évidentpar les cas assez fréquents dans lesquels la division, dèsla base, reste incomplète et où la corne est alors seulementfourchue ou simplement sillonnée selon sa longueur.Elle est remarquable en outre, dans le plusgrand nombre des cas, par une particularité qui lui estexclusivement propre et qui l'avait fait considérer partous les zoologistes comme constituant une espècedistincte parmi les Ovidés, à laquelle Desmarels adonné le nom d'O. lalicauda. Elle a été nommée aussiO. steutopyga.Cette particularité consiste en la présence, de chaquecôté de la base de la queue, toujours peu longue, demasses adipeuses plus ou moins développées, qui parfoissont tellement volumineuses et pendantes, qu'elles formentà la partie postérieure du corps une sorte de trèfle,dont la queue serait le pied; d'autres fois elles sont trèspeuprononcées ou tout à fait absentes.Dans l'un comme dans l'autre des cas, le nom adoptépar Desmarets est mal choisi, car la queue n'est nullementélargie, mais seulement noyée entre les deuxmasses adipeuses, qui ne sont que des exagérations d'unphénomène constant chez tous les moutons qui s'engraissent,à savoir la formation du maniement appelé bord ouabord chez les Bovidés.Ces exagérations, dans la race asiatique, sont vraisemblablementdues aux alternatives de diselle amenées parla sécheresse dans les conditions climatériques où ellevil le plus souvent. Ce qui tendrait à le faire admettre,c'est que les masses adipeuses ne se forment pluslorsque depuis un certain nombre de générations larace habite des localités où ces alternatives ne se présententpoint.La toison laineuse, parfois mélangée d'une forte proportionde poils grossiers de longueur variable, souslesquels elle forme une sorte de duvet tantôt lin, tantôtgrossier aussi, parfois tout à fait absente et remplacée


AIRS GÉOGRAPHIQUE. 121par ces poils, est entièrement blanche, ou noire, ourousse, ou grise, ainsi que les poils. Souvent les poils dela face et des membres sont noirs, fortement pigmentéscomme la peau, tandis que la toison est rousse; dansd'autres cas, le tout est d'un roux de nuance vive. Toujoursla toison, à brins le plus souvent d'un fort diamètre,est en mèches pointues et fortement bouclées.Cette race fournit des moutons dont la chair est d'untrès-bon goût, quand ils ont vécu dans de bonnes conditionset ont été bien engraissés, ce à quoi ils ont unepropension accentuée. Les brebis sont très-fécondes :elles font ordinairement deux agneaux, qui sur certainspoints sont le principal objet de l'exploitation, pour fournirla fourrure nommée astrakan. Les toisons ont d'ailleursune faible valeur, n'étant propres qu'à la confectiondes étoffes très-grossières, et ordinairement mal conditionnées.Aire géographique. — La race occupe une étendueénorme de terrain, en Asie, en Afrique et en Europe,depuis les bords de la mer de Chine jusque sur ceux dela Méditerranée, au sud-est de la France, en passant parla Perse, la Syrie, l'Arabie, l'Egypte, les anciens Étatsbarbaresques et les îles de la Méditerranée, Malte, laSardaigne, etc., d'une part, et d'autre part en s'étendantjusqu'en Russie, en Hongrie et dans les États du Danube,en passant par les provinces d'Asie et d'Europe de l'EmpireOttoman.Sur celte vaste étendue, la race est connue sous desnoms très-divers, et presque partout, hormis en Chine,où le Chou-King indique la date de son introduction, ainsique celle de plusieurs autres espèces animales, elle estconsidérée à tort comme autochtone.Cependant la Bible met hors de doute qu'elle est originairede Syrie, et. les sculptures assyriennes, qui représententson type, en témoignent d'une façon certaine.Évidemment, ce sont des troupeaux de cetle race queJacob gardait chez son beau-père Laban, et c'est sur ellequ'il a usé de son stratagème pour s'en assurer la possession.


122 RACE DE SYRIE.De Syrie, où se trouvaient pour elle les meilleures conditionsd'existence, elle s'est étendue dans les diversesdirections, n'en rencontrant aucune autre qui pût lui faireobstacle, sauf dans le nord de l'Afrique, où elle dut partagerle terrain avec la race mérine, précédemmentdécrite, et une autre que nous décrirons plus loin. Aussis'y est-elle répandue principalement sur le littoral où laplace lui était moins disputée.Des nombreuses variétés que compte la race asiatique,une seule nous intéresse directement, au point de vuepratique : c'est celle des anciens États barbaresques,exploitée actuellement dans notre colonie algérienne etdans le sud-est de la France.Nous indiquerons seulement .es autres d'une façontrès-sommaire, en parcourant l'aire géographique d'Orienten Occident, afin que la zoologie de la race soit complète.Variétés chinoises. — Comme tous les animaux del'Empire du milieu, les moutons chinois ont été (rès-cultivés.La race y a perdu ses cornes, et elle a acquis unetoison très-fine, à brins longs et doux, d'une blancheuréclatante. Une variété, dite yungti, y a même perdu sesoreilles, dont elle ne conserve que des rudiments.Quelques individus de ces variétés très-fécondes ontété introduits en Europe, surtout dans les jardins zoologiques,à titre de curiosité. Une tentative a même été faiteen France pour exploiter celle à laine fine sur une échelleassez étendue. Nous en avons vu, dans une ferme deSeine-et-Marne, un troupeau qui ne comptait pas moinsde 1,800 têtes. Ce troupeau a depuis disparu, n'ayant pointdonné de hons résultats. Il était le seul de son origine.Variétés de la Perse et de l'Arabie. — Les moutonspersans sont très-hauts sur jambes, minces de corps, àcroupe très-oblique et pourvus au maximum de ces massesadipeuses en forme de trèfle dont nous avons parlé. Leurtête est, chez les mâles, pourvue de cornes. Elle est leplus souvent, ainsi que les jambes, à peau pigmentéecomme celle du reste du corps, et couverte de poils noir^ou roux de nuance plus ou moins vive.


VARIÉTÉS DE RUSSIE, DE HONGRIE ET DU DANUBE. 123La toison, rare au cou et ne s'étendant ni sur le ventreni sur la queue, est grossière, fortement mélangée dejarre et rousse, parfois d'un gris sale.La viande, sèche, a un goût de gibier qui exige de fortsassaisonnements. Elle n'est du reste guère mangée parles Persans et n'a qu'une faible valeur.Une autre variété, connue sous le nom de mouton del'Yèmen, se trouve en Arabie. Elle se distingue par lafinesse de sa laine, à laquelle on a trouvé une certaineanalogie avec celle du mérinos de Mauchamp. Cette variétéforme les troupeaux des tribus nomades qui parcourentla partie fertile de la péninsule arabique.Variété de l'Asie-Mineure et de la Grèce. — EnSyrie, en Arménie, en Anatolie, en Grèce, les moutonsressemblent beaucoup à ceux de la Perse; seulementceux de l'Anatolie ont la toison moins grossière, moinsmélangée de poils; les masses adipeuses des fesses sontaussi moins volumineuses et parfois même tout à faitabsentes, tandis que chez ceux de l'Arménie, la queue semontre parfois tellement volumineuse qu'ils ne peuventpas la porter et qu'on est obligé de la leur faire traînersur un petit chariot. Là aussi ce sont surtout les peauxd'agneaux qui sont utilisées comme fourrures dites astrakan.En ces derniers temps, des spéculateurs ont importéde ces moutons sur les marchés d'approvisionnement del'Europe. Ils n'y ont pas eu de succès.Variétés de Russie, de Hongrie et des Étatsdanubiens. — Dans le Caucase et dans les steppes dela Russie méridionale, depuis Astrakan jusqu'au Dnieper,la population ovine ne diffère guère non plus de celle dela Perse. A mesure qu'on s'avance vers l'Occident, elleperd de ses masses adipeuses, et la toison devient plusgrise. En Russie, elle est surtout cultivée pour la peau,servant à confectionner les pelisses des paysans.La variété de Hongrie est connue sous le nom dezackc.l.Elle cède de plus en plus la place au mérinos. Elle sedistingue par le grand allongement ordinaire des spiresde ses cornes, dirigées sur le côté el en haut. Parfois


124 RACE DE SYRIE.elles se divisent dès la base, comme nous l'avons vu,et paraissent ainsi au nombre de quatre. La toison estgrossière, et le plus souvent mélangée de blanc et denoir. Les poils y prédominent.La variété danubienne, qui se trouve en Roumanie, enSerbie, en Roumélie, en Bulgarie, en Bosnie, en Herzégovineet jusqu'en Dalmatie, esl connue sous le nom derace valaque. Elle a les cornes en spirale ordinairementmoins allongée, les jambes moins longues, la queue libreet touffue. La tète et les membres sont généralementbruns.La toison, blanche ou brune, est en mèches très-longues,mélangées de poils, parfois d'une finesse relative.Beaucoup de moutons de cette variété sont engraissésen Autriche. Il en est fréquemment expédié au marchéde Paris, venant directement de la Russie, mais plutôt dela Roumanie.Variété barbarine. — Cette variété habite le littoralalgérien, depuis la Calle jusqu'àOran, en remontantvers l'Aurôs et l'Atlas. On latrouve aussi jusque dans laHaute-Egypte et en Ahyssinie,où elle n'a pour nousI qu'un intérêt purement zoo-| logique. Ellehabiteégalenient, 18. — Mouton barbarin a quelque peu le littoral ducornes divisées. golfe de Um^ ou ej le a ûi&importée déjà depuis longtemps.Les individus à cornes divisées (fig. 18) y sontcommuns, surtout dans le sud de l'Algérie.Dans notre colonie, où la population ovine est trèsnombreusechez les indigènes, elle est désignée par desnoms très-divers, qui sont le plus souvent ceux des tribus.Elle ne présente pas partout les masses adipeuses, etsa conformation subit beaucoup de variations, suivant leslieux qu'elle habite et les soins dont elle est l'objet. Danscertains cas, elle est absolument dépourvue de toison etn'a que du poil; dans d'autres, au contraire, son corps


VARIÉTÉ BARBARINK. 125est entièrement couvert de laina en mèches longues etpointues, vrillées, formées de brins d'un fort diamètre etd'une certaine blancheur. La tête et les membres, en cecas, montrent souvent des poils noirs ou bruns par placespigmentées plus ou moins larges. Souvent aussi la toisonest brune ou rousse.Elle s'est étendue jusqu'en Savoie et jusque dans lesdéparlements de la Drôme et de l'Isère, en Dauphiné.Dans les derniers départements,elle a acquis des qualitésprolifiques et laitières remarquables, surtout aux environsd'un petit village du nom de Sahune, dans l'arrondissementde Montélimart.On la trouve sous les mêmes formescorporelles dans la plupart des arrondissements de Vaucluse,où elle est exploitée principalement pour la productiondes agneaux de lait. Là elle est désignée parle nom de race de Sahune.En Provence et en Bas-Languedoc, cette variété a toujoursde la laine plus ou moins mélangée de jarre.Tayon (1) a constaté, dans des troupeaux de l'Héraultcomposés de métis de barbarins et de larzacs, qu'ungrand nombre de brebis avaient quatre trayons ouverts,les supplémentaires, ou plus petits, étant antérieurs.(Voy. race des Pyrénées.)En Algérie, elle est maintenant assez souvent croiséeavec le mérinos, surtout dans les provinces d'Alger etd'Oran.Les colons algériens engraissent un grand nombre demoutons barbarins, qu'ils expédient chaque semaine àMarseille et souvent jusqu'à Paris. L'exportation s'en estélevée, dans ces derniers temps, jusqu'à environ 500,000par année.Ces moutons sont aussi engraissés dans l'Hérault etdans le Gard avec des marcs de raisins.Ils atteignent un poids vif de 40 à 50 kilogr., et ils fournissentde 20 à 25 kilogr. d'une viande dont la qualité,quand elle est bien grasse, est assez bonne. Sa saveur estagréable.(1) C. R. t. XC, p. «J0. (19 avril 1880.


126 RACE DU SOUDAN.Les toisons ne donnent guère plus de 2 kilogr. de laine.Cette laine a grandement besoin d'être améliorée.RACE DU SOUDAN (O. A.sodanica).Caractères spécifiques. — Front étroit et très-fortementincurvé dans le sens longitudinal, à arcades orbitaireseffacées et toujours dépourvu de chevilles osseuses.Sus-naseaux continuant lacourbe frontale, sans aucunedépression, à la racine dunez, unis en ogive et trèsfortementbusqués. Lacrymaldéprimé, à larmier profond.Grand sus-maxillairedéprimé au niveau de sesFi,;, in - T..,.e u ia race du connexions avec le sus-nasal,Soudan. à épine zygomatique saillante.Petit sus-maxillaire àbranches peu arquées, formant une arcade incisive petite.Angle facial très ouvert; face mince, tranchante et courte(fig- 19).Caractères zootechniques généraux. — Tailletrès-grande (jusqu'à 1 mètre et au-dessus) ; membrestrès-longs et forts, avec une poitrine peu profonde etmince, un corps grêle, une croupe courte et très-oblique.Oreilles longues, larges, épaisses et toujours pendantesde chaque côté de la tète, qui a ainsi, avec la forte courburede son profil, une physionomie peu agréable. Queuecourte et ne portant que des poils.Lorsqu'il y a une toison, elle s'étend sur tout le corps,sur les membres jusqu'au jarret et au genou, et surla tête jusqu'au bout du nez.Les caractères de cette toison sont très-variables.Chez certains sujets, elle est complètement absente etremplacée par des poils. C'est ce qui a lieu dans leSoudan et dans le Souf saharien (1), où il est très-difficile,(1) SOUVIGNY, Recueil de mémoires et observations sur Chygiène


VARIÉTÉS D'AFRIQUE «T D'ASIE. 127à distance, de savoir si l'on a affaire à une chèvre ou aun mouton, la race en question formant bien véritablementle passage entre les deux groupes d'Ovidés, commenous le verrons plus loin.La peau est toujours plus ou moins pigmentée, soitdans toute son étendue, soit seulement par places à la•tôte, aux oreilles et aux membres. Sur ces places, lespoils sont noirs ou d'un roux vif, qui est aussi souvent lanuance des productions pileuses de tout le corps.La race est féconde, et les brebis ont généralement lesmamelles très-aclives. A l'état cultivé, les moutons donnentune viande un peu grossière, mais d'une saveurassez agréable.Aire géographique. — La race ayant des représentantsdans le Soudan et dans l'Afrique centrale, chez lesTouaregs et chez les peuplades nègres du cours duNiger, en Egypte, en Perse, en Asie-Mineure et enGrèce, où elle s'est mélangée avec la race asiatique, enfinà Malte et en Italie, la détermination de son berceaun'est pas difficileIl est évident qu'elle n'a pas pu passer d'Asie ou d'Europedans l'Afrique centrale. Les mouvements de populationshumaines que l'histoire nous enseigne ne se sontpoint produits en ce sens-là. Au contraire, on comprendsans difficulté que, passant du Soudan en Egypte, par leseul fait de son extension naturelle, elle ait été ensuiteintroduite successivement en Perse, en Asie-Mineure,en Grèce et en Italie. C'est la marche connue de lacivilisation. Le Soudan a donc été évidemment sonberceau.Elle n'existe réellement à l'état de pureté que dansl'Afrique centrale, à Malte et en Italie. Sa véritable airegéographique actuelle ne comprend donc que ces payset se trouve ainsi en plusieurs portions. Partout ailleurselle se confond avec celle de la race asiatique.Variétés d'Afrique et d'Asie. — De ses variétéset la médecine vétérinaire militaire,d'hvçiène hippique,publié par la commission


128 RACE DU SOUDAN.africaines et asiatiques nous ne décrirons aucune enparticulier. Les dernières se confondent, d'ailleurs, aupoint de vue zootechnique, avec celles de l'autre raceparmi lesquelles elles vivent, et dont nous avons donnéprécédemment un aperçu. Elles se croisent sans cesseensemble, dans le sud de l'Algérie comme en Perse, enSyrie et en Asie-Mineure.Dans les troupeaux venus de la Perse, qui ont en cesderniers temps figuré sur les marchés d'approvisionnementde l'Europe occidentale, où ils n'ont du reste obtenuqu'un succès de curiosité, les deux types se montraientà peu près en proportions égales. Bon nombre de sujetsétaient des métis, participant à la fois des caractèreszoologiques et zootechniques de ces deux types. Les unsmontraient la plupart des caractères spécifiques de larace du Soudan, avec la stéatopygie de l'asiatique; lesautres, dépourvus de celle-ci, n'avaient d'ailleurs rienautre de la race du Soudan. Tous avaient la taille moyenneet le corps amaigri, ne donnant qu'une viande de mauvaisequalité. Ils étaient généralement de couleur bruneou rousse et dépourvus de laine.Variété maltaise. —Nous signalerons la variété maltaiseseulement par sa grande fécondité et par son aptitudelaitière très-développée, qui est l'objet principal deson exploitation, dans l'île de Malte. Elle n'a pour l'Europeaucune importance pratique.Variété bergamasque. — Connue en Italie sous lenom de Razza biellese bergamasca, elle est très-répandueen Lombardie et en Piémont, pour mieux dire dans toutel'Italie septentrionale.Les sujets de cette variété sont toujours de haute taille,avec des jambes longues, à fortes articulations. Ils nemesurent pas moins de O" 1 84 en hauteur et en longueur.Ils ont la tête forte, couverte sur le front et sur les joues,souvent même jusqu'au bout du nez, d'une laine courte etserrée. Le col est long et présente une dépression à sajonction avec le garrot. Le corps est cylindrique, mais àpoitrine le plus souvent peu profonde. Il est couvert d'unetoison à brins frisés, de moyenne finesse, en mèches peu


VARIÉTÉ BERGAMASQUE. 129longues, qui s'étend sous le ventre et jusqu'au genou etau jarret, mais non sur la queue ordinairement. Cette toisonest toujours blanche.Les bêtes bergamasques sont très-agiles et fortes marcheuses.Leur mode d'entretien comporte la transhumance.Elles ont des stations hivernales dans la plaineet des stations estivales sur les hauteurs, sur les Alpespennines et maritimes Leur tempérament est robuste :elles sont rarement cachectiques.Les agneaux atteignent en peu de mois un grand développementet s'engraissent en un temps relativementcourt. Tayon a constaté qu'ils atteignent le poids de12 kilogr. toujours en moins de trente jours. A l'âge de18 à 24 mois, les moutons ont un poids vif de 130 à140 kilogr.Un grand nombre de ces moutons sont expédiés enFrance, où ils figurent sur les marchés d'approvisionnementde Marseille, de Lyon et de Paris, sous le nom demoutons italiens ou piémontais. Il en va aussi en Allemagne,chez les engraisseurs.Les brebis, qui font toujours deux agneaux, ont unetrès-forte aptitude laitière.On a en Italie l'habitude fâcheuse de tondre leur lainadeux fois par an.Sur divers points, notamment en Lombardie, de grandsefforts sont faits pour améliorer la variété en réduisantla longueur des membres, le volume du squelette, et enamplifiant les dimensions corporelles par le développementdes masses musculaires. En un mot, on cherche àlui faire acquérir les attributs de la précocité. Les éleveursitaliens ont à lutter pour cela contre la propagandeinconsidérée des fonctionnaires du gouvernement, qui,atteints de l'anglomanie au plus haut degré, veulent absolumentsubstituer les animaux anglais à ceux depuislongtemps acclimatés dans leur pays, et qui poursuiventleur idée peu pratique sans aucun souci des nombreusesdéceptions auxquelles elle a déjà conduit.


130 POPULATIONS OVINES MÉTISSES.CHAPITRE IVPOPULATIONS OVINES MÉTISSES.Métis divers. — Chez les Ovidés comme chez lesBovidés, il s'opère sur les confins des aires géographiquesdes races, et aussi dans leur intérieur, des croisementsfortuits ou seulement passagers, qui donnent naissanceà des populations métisses de toute sorte.Ces populations, bien qu'elles soient très-nombreusessur l'ancien continent, n'ont pas en elles-mêmes assezd'importance pour qu'il y ait lieu de les décrire en particulier.Nous les avons indiquées dans les chapitres précédents,à l'occasion de chacune des variétés passées enrevue.Elles se reconnaissent facilement, dans la pratique, àl'aide de la méthode de détermination déjà exposée àpropos des métis d'Équidés et de Bovidés, et qu'il seraitsurabondant de détailler ici de nouveau. Étant connus lescaractères spécifiques de chacune des races ovines, il estclair que la présence simultanée, dans une même familleou chez un seul et même individu, de caractères appartenantà deux au moins de ces races, suffira pour attesterla qualité de métis. Toutefois il y a ici une particularitéqui doit être signalée, et qui rend plus facile que dans lesautres genres la distinction entre les métis et les sujetspurs. Par cela seul que les Ovidés vivent toujours entroupeaux plus ou moins nombreux, on est immédiatementfrappé par les dissemblances qui se présentent toujoursdans ce cas entre les individus de même origine.L'homogénéité des caractères, soit zoologiques, soit zootechniques,qui est l'attribut nécessaire de la pureté derace, fait complètement défaut, et son absence ne peut


DISHLEY-MÉRINOS. 131échapper à première vue, pour peu qu'on soit observateur.Mais parmi les groupes de métis existants, il en estquelques-uns qui ont été créés de propos délibéré etavec la prétention d'en faire des types uniformes et distincts,réalisant une sorte de fusion des qualités de leurstypes naturels ascendants. Il en a déjà été parlé (t. II,p. 57 etsuiv.) à l'occasion de la loi de reversion et commepreuve expérimentale de sa réalité, en même temps quecomme exemple du mode de fonctionnement de cette loi.Nous devons les décrire en détail, à cause de l'importancequi leur est accordée. C'est seulement en France,à notre connaissance, qu'une telle idée s'est présentée eta été poursuivie dans l'exécution. Nulle part ailleurssemblable utopie n'a laissé de trace, pour ce qui concerneles populations ovines.L'un de ces groupes, le plus nombreux, est connu sousle nom de race dishley-mérinos, l'autre sous celui de racede la Charmoise. Les catalogues officiels de nos concoursles admettent encore sous ces noms.Dishley-mérinos. — Vers 1840, au moment où atteignaitsa plus grande acuité la crise amenée dans le commercedes laines fines par l'arrivée des toisons australiennessur le marché anglais, l'idée de tronsformer lesmérinos producteurs de ces laines en moutons capablesde fournir plus de viande s'empara de plusieurs esprits.La doctrine dominante du temps devait nécessairementconduire à demander la transformation au croisement. Onne savait alors rien des méthodes qui nous sont devenuesdepuis familières. On ne comptait que sur les reproducteurspour améliorer les populations animales.Les moutons anglais de Leicester, dits dishley, étaientà ce moment les plus en vogue, et du reste à peu près lesseuls qui fussent bien connus en France. On songea toutde suite adonner aux brebis mérinos des béliers dishley,afin que leurs produits, réunissant les aptitudes des deuxraces, eussent avec une toison intermédiaire une meilleureconformation et une précocité suffisamment grande.A l'instigation et sous la direction d'Yvart, alors depuis


132 POPULATIONS OVINES MÉTISSES.peu inspecteur général des bergeries, et dans celle fonctionsuccesseur immédiat de Tessier, l'administrationfrançaise se mit à l'œuvre. Des opérations de croisement,suivies de métissage, furent entreprises et poursuiviesdans le troupeau de mérinos que l'État entretenait alors àla ferme de Charentonneau, voisine de l'École vétérinaired'Alfort, et bientôt on mit en vente, à cette école, desbéliers dishley-mérinos, sous la qualification de raced'Alfort.Plus tard, le siège de ces opérations fut transféré dansune bergerie spéciale, siluéeà Monlcavrel,dans le départementdu Pas-de-Calais. Cette bergerie occupa ensuite laferme de Haut-Tingry, dans le même département. L'opérations'y continua jusqu'en 1879, époque à laquelle labergerie fut supprimée par mesure budgétaire, et letroupeau transféré à l'École de Grignon. L'administrationn'a pas cessé toutefois de mettre en vente chaque annéeune quinzaine des béliers qu'elle produit. Il faut ajouterqu'aux enchères publiques ces béliers atteignent toujoursdes prix élevés.Yvart était un observateur trop sagace, un esprit tropfin et trop sensé, pour ne s'être pas aperçu bientôt qu'ils'était mis à la poursuite d'une chimère physiologique etn'avoir point renoncé de bonne heure à créer le type intermédiairefixe dont au début il avait fait son idéal. Il n'ajamais écrit nulle part la confession de sa désillusion;mais tous ceux qui ont eu l'avantage de l'approcher et derecevoir ses précieux conseils d'homme expérimentéentre tous savent à quoi s'en tenir à cet égard.Il ne leur a point laissé ignorer que le premier il avaitobservé les effets inévitables du fonctionnement de la loide reversion, et que, pour arriver à produire une faibleproportion de sujets réunissant les conditions cherchées,il fallait nécessairement opérer de fréquents retours alternatifsaux types purs, en éliminant bon nombre de nonvaleurs.Toujours est-il que nulle part non plus on netrouverait, sous la responsabilité d'Yvart, l'affirmation dela constance ou fixité de caractères des métis dishleymérinos.Si donc il n'en a pas moins persisté dans son


DISHLEY-MÈIUNOS. 133idée de la production, aux frais de l'État, des métisdishley-mérinos, c'est pour d'autres motifs dont nousn'avons pas à nous occuper ici.D'autres, ayant fait la même entreprise à peu près enmême temps que lui, ont été moins réservés et moinsdiscrets. Ils n'ont pas hésité à énoncer la prétentiond'avoir créé une race. Ils ont affirmé et ils affirmentencore, à l'encontre de toutes les preuves contraires quileur ont été opposées, la fixité de cette prétendue race,attestant ainsi jusqu'à quel point ils sont capables de sefaire des illusions, ou bien jusqu'à quel point ils ignorentles conditions scientifiques d'une telle fixité.Comme leur bonne foi ne peut point être mise en doute,ils n'ont jamais caché les résultats de leurs opérations.Or, quiconque a pu voir ces résultats d'un œil compétents'est aperçu qu'ils témoignent purement et simplementde la variation désordonnée, aussi bien sous le rapportde la qualité des toisons que sous celui des caractèresspécifiques, ainsi que le montrent les figures 20, 21, 22et 23, que nous reproduisons ici. Il suffira de les compareraux figures 24 et 25, pour constater les faits dereversion individuelle qui ruinent complètement la prétentionénoncée.Dans la comparaison, on verra que les figures 21 et 22se rattachent à l'espèce germanique du Leicester (fig. 24),et les figures 20 et 23 à l'espèce africaine du mérinos(fig- 25).La reversion ainsi rendue évidente pour ce qui concerneles caractères spécifiques ou zoologiques, en variationdésordonnée, ne l'est pas moins à l'égard des caractèreszootechniques. Et ceci réfutera suffisammentcertaines objections aussi superficielles qu'inconsidérées.Nous avons fait jusqu'à présent mesurer sous nos yeuxpar nos élèves, à titre d'exercice, le diamètre de brin de109 échantillons des toisons du troupeau dishley-mérinosde l'École de Grignon. Sur ce nombre, un seul avait20 millièmes de millimètre, 21 avaient 25 millièmes, 32avaient 30 millièmes, 34 avaient 35 millièmes, 18 avaient40 millièmes et 3 avaient 45 millièmes. Donc 22 seulement,8


134 POPULATIONS OVINES MÉTISSES.ig. 20. — Bélier dishley-mérinos,du troupeau de M. Pluchet.(Teisiné d'après nature parM. Mégnin, au Concours de\ ersailles, en 18G5 )Flu'. 21. — Brebis dishley-mérinos,du troupeau de M Pluchet.(Dessinée d api e nature parM. Mégnin, au Concoure deVersailles, en 1865.)jg. 22. — Bélier dishley-mérinos,du troupeau de M. Pluchet.


DISHLEY-MÉRINOS. 1356ur 109, étaient de la laine de mérinos; tous les autres serattachaient à la laine de dishley plus ou moins grossière,et ils en avaient du reste à l'oeil nu tous les caractères.Un éleveur habile, dont nous pouvons citer le nomparce qu'il n'est plus de ce monde, et qui lui aussi avaitpoursuivi la même chimère durant un certain temps, confessaitvolontiers, dans les dernières années de sa vie,qu'il avait perdu vingt ans de peines et de soins assiduspour aboutir à un but qu'il eût pu atteindre tout de suiteautrement.Le regrettable Pilât, que l'exemple d'Yvart avait entraînéà élever des dishley-mérinos, auxquels son habiletévalut le nom de race de Brebières, était arrivé finalement,d'éliminations en éliminations, pour atteindre l'uniformité,à se créer purement et simplement un troupeau dedishleys. Il s'était fait une réputation justement méritéed'engraisseur hors ligne, à laquelle il tenait avec raison;mais nous pouvons attester qu'il n'eût jamais osé soutenirdevant personne capable de discuter avec lui son affirmation,que son troupeau était composé d'autre chose qued'individus de pur type leicester.Les dishley-mérinos, créés en vue de la transformationcomplète des troupeaux de mérinos, ne forment plusaujourd'hui qu'une population assez restreinte. On comptefacilement en France les troupeaux qui en sont composés,et qui se rencontrent pour la plupart en dehors des districlspeuplés de mérinos, sur quelques points de laChampagne, de la Picardie et de la Beauce. Il y a plutôttendance à leur diminution qu'à leur augmentation. Ilssont surtout entre les mains des agriculteurs qui recherchentles distinctions distribuées dans les concours régionaux,plutôt que les résultats financiers. C'est ce qui,principalement, explique les hauts prix auxquels sevendent, aux enchères, les béliers produits par l'administration.Ils sont toujours dépourvus de cornes et leur conformationgénérale es» celle des purs dishleys. Aussi, en tantqu'animaux producteurs de viande, les dishley-mérinos


13GPOPULATIONS OVINES MÉTISSES.n'en diffèrent-ils point. Ils atteignent les mêmes poids vifs,variables comme les conditions de milieu dans lesquellesils sont produits. Leur valeur individuelle, à cet égard,n'est point contestable. Elle dépend de l'habileté person-.nelle des éleveurs, qui généralement n'est point contestablenon plus.Trois brebis du concours général de 1882, âgées de 34à 35 mois, venant d'Eure-et-Loir, ont pesé en moyenne108k 333. Elles ont rendu 71.07 de viande nette p. 100. Leursixième côtelette a pesé 678 gr. dont 432 gr.de graisse etautres déchets culinaires. Il n'en restait que 186 gr. demangeable, soil 27.5 p. 100. La noix contenait 30.23 dematière sèche p. 100, dont 22 de protéine et 8 de graisse.Dans celle-ci il y avait 42 d'acide oléique p. 100 ; son pointde fusion était à 46° 5,ce qui indique une forte proportiond'acide stéarique.La toison, chez le dishley-mérinos, a toujours une valeurinférieure, à poids vif égal de l'animal qui la porte, àcelle du pur mérinos. Le poids de cette toison n'est jamaisaussi élevé, et sa qualité est toujours moins bonne, commeon l'a vu nettement plus haut.En conséquence, étant donné que la régularité de conformationet la précocité, si grandes qu'on les supposechez les dishley-mérinos, ne surpassent point celles despurs mérinos de la variété précoce, et en laissant de côtéla question dévaluation désordonnée, qui ne serait cependantpoint négligeable, il est évident qu'au double pointde vue de la production de la viande et de la productionde la laine, les métis en question n'ont aucune place utileà prendre en économie rurale, depuis l'existence de cettevariété. Ils lui sont évidemment inférieurs sous tous lesrapports, quand on se place au point de vue pratique.Les mérinos précoces produisent plus de laine de plusgrande valeur et autant de viande de meilleure qualité. Ilssont donc plus avantageux à exploiter.New-kent-berrichons de la Charmoise. — Malingié,le créateur de la famille métisse à laquelle il adonné lui-même modestement le nom de race de laCharmoise (du nom de la ferme qu'il cultivait, dans le


NEW-KBNT-BERRICHONS DE LA CHARMOISE. 137département de Loir-et-Cher), en a écrit l'histoire détaillée(1).«.b'un côté, dit-il, nous trouvions des béliers parmi lesmeilleurs et les plus beaux mâles de la race new-kentrégénérée par sir Richard Goord; de l'autre, il est, enFrance, une foule de localités limitrophes de provincesqui possèdent des races bien caractérisées de bètes àlaine, localités où. il est facile de trouver des brebis participantde l'une et de l'autre race. Ainsi, pour en citerdes exemples et aborder la question d'une manière pratique,on rencontre, sur les limites du Berri et de laSologne, des bêtes ovines, issues d'alliances entre lesdeux races bien tranchées, qui se sont conservées dansces deux provinces : on peut choisir, parmi ces animaux,les moins défectueux, ceux qui se rapprochent le plus ouplutôt qui s'éloignent le moins du type que l'on a l'intentionde reproduire; on les allie avec d'autres animaux demême espèce, choisis également le moins mal possible,sur les confins de la Beauce et de la Touraine, et quiparticipent des races tourangelle et mérinos natives deces contrées, et auxquelles ils doivent leur existence. Ilrésulte de ce mélange des extraits participant des quatreraces solognote, berrichonne, tourangelle et mérine,n'ayant aucun caractère prononcé, sans fixilé, sans grandmérite intrinsèque, mais conservant l'avantage des bêtesfaites à notre climat et à nos circonstances, et n'apportantdésormais, dans l'importante formation des animauxde la race nouvelle à constituer, qu'une influence annihiléeen quelque sorte par la division elle-même des élémentsdont elle se compose.« Qu'


138 POPULATIONS OVINES MÉTISSES.geau et mérinos, lesquels, perdus individuellement dansla masse de sang anglais, et entièrement absorbés parlui, mélangés d'ailleurs récemment entre eux, disparaissentpresque entièrement, pour ne laisser plus paraîtreque le type améliorateur. L'influence de ce type est tellementprononcée et prédominante, que tous les extraitsobtenus se ressemblent d'une manière frappante, au pointque les Anglais eux-mêmes les prennent pour des animauxappartenant à une race pure de leur pays. Mais, cequi est plus probant encore, en alliant entre eux lesmâles et les femelles résultés de cette combinaison, onreproduit des sujets absolument semblables à leursascendants immédiats, sans retour prononcé aux anciennesraces françaises, auxquelles les éléments primitifsde la mère brebis ont été demandés. Tout au plus s'enreproduit-il quelque léger souvenir, sensible à l'œil leplus exercé. Ces souvenirs, d'ailleurs, disparaissent enles éloignant soigneusement du troupeau, c'est-à-dire enne livrant pas à la reproduction les mâles et les femelleschez lesquels on les a remarqués. Ceci s'appelle fixer unerace, en lui donnant de jour en jour la faculté plus prononcéede se reproduire d'une manière parfaitement identique,et avec des caractères bien tranchés.« Tel a été tout notre secret, secret toutefois dont nousn'avons fait mystère à personne, et que nous avons dé- !voilé dans chacune des déclarations qui sont demandéeslors des divers concours de Poissy et de Versailles (1). » *Il serait maintenant tout à fait superflu de s'attarder à 'relever la singulière théorie qui a servi de base à l'opérationde Malingié. Pour quiconque a quelque notion deslois de l'hérédité, elle ne supporte pas l'examen, bienqu'elle n'ait cependant point manqué d'un certain succèsdans le public étranger aux études physiologiques expérimentales.En ce qui concerne l'assertion relative à la fixité desmétis en question, il suffira de jeter les yeux sur lesfigures 26, 27, 28 et 29, que nous reproduisons aussi,(1) Op. cit., p 40.


NEW-KENT-BERRICHONS DE LA CHARMOISE. 439comme les précédentes, et de les comparer avec lesFig. 20. — Bélier du troupeau dela Cliarmoise, 1" prix de la3" catégorie au Concours deNevers, en 1851. (Revenu autype new-kent.)Fig. 27. — Brebis du troupeau dela Charmoise, 1" prix de la3' catégurie, au Concours deTours, en 1856. (Revenue autype new-kent.)Fig. .8. — Bélier du troupeau dela Charmoise, 1" prix de la3 # caiégorie au Concours deB:ois, en lr58. (Revenu au typeberrichon )Fig. 29. — Brebis du troupeau dela Charmoise, 1" prix de la3' catégorie au Concours deBlois, en 1858. (Revenue au typeberrichon )figures 30 et 31, représentant les types new-kent et berrichon,pour la réduire tout de suite à sa valeur.


140 POPULATIONS OVINES MÉTISSES.En admettant que les phénomènes de la reversion, évidentsicicomme dans le cas précédent du dishley-mérinos,ne se fussent point produits, de l'aveu même de l'auteur(qui n'a visé sans doute que les caractères corporels etd'aptitude), les sujets de sa prétendue race de la Charmoisene seraient que de purs new-kent impatronisés enFrance par un moyen excessivement détourné, compliquéet coûteux, dont il a du reste payé les frais d'une manièredouloureuse pour sa famille.C'est ce qui l'a conduit à des récriminations injustes,dont nous avons déjà eu l'occasion de parler.En fait, à part la question de variabilité, les individusréussis auxquels on donne encore la désignation abusivede race de la Charmoise n'ont pas d'autres caractèreszootechniques généraux que ceux déjà décrits dans l'articleconsacré à lu variété du comté de Kent, de la racedes Pays-Bas. Il nous suffira donc, pour les faire connaître,de renvoyer à cet article (p. 39), et pour fairejuger de leur valeur pratique, à notre point de vue français,de renvoyer de même à ce que nous avons dit aussiprécédemment, au sujet des autres essais d'introductionde cette race en France.Ce serait vraiment se donner un soin superflu de combattreencore aujourd'hui la prétention que Mulingié aformulée en ces termes dans le résumé de son ouvrage :« L'expérience a prouvé que la race créée à la Charmoise,sous l'influence de cette pensée, réunit toutes les qualitésexigées des bètes à laine, pour les besoins de l'époque,qualités ôminentes de boucherie, laine de peigne fine etlongue, toison fermée. »Les besoins de l'époque sont parfaitement satisfaits,aussi bien en l'absence des new-kent berrichons que desdishley-mérinos.Du reste, l'œuvre peu pratique de Mulingié, continuéedurant un certain temps après sa mort par sa famille, adû être abandonnée. Le troupeau de la Charmoise futdispersé, et il n'en existe plus, dans le centre de la France,aucun autre de quelque importance. On voit seulement,de temps à autre, figurer dans les concours quelques


NEW-KENT-BERRICHONS DE LA CHARMOISE. 141sujets qualifiés de charmoises et qui ont tous les caractèresde médiocres new-kent, toujours exposés par lesmêmes éleveurs peu connus du public.Parmi les agriculteurs français, des idées comme cellesqui avaient présidé à la formation de ce troupeau ne pouvaientprévaloir. Notre nation aime surtout les chosessimples et claires. Elles avaient chance de donner matièreà des articles de journaux, de la part de certains espritsplus spéculatifs que pratiques, d'atlirer un certain nombredes personnes qui recherchent plus la notoriété des concoursd'animaux que les résultats financiers d'une exploitationagricole sérieuse, mais non point de servir de baseà l'un de ces progrès comme en a fait constater cheznous l'introduction des mérinos, par exemple, ou à unmoindre degré celle des southdowns.Eu égard à la prétention de leur auteur, qui n'était pasmoindre cependant que de faire disparaître complètementces mêmes mérinos pour les remplacer par la prétenduenouvelle race, on se demande ce qu'il y a de plus étonnantdans cette affaire, ou de l'aberration physiologiqueou de l'aberration économique, la première étant toutefoisplus excusable que la seconde, de la part d'un simpleagriculteur, qui avait du reste commis la faute, payéechèrement, de vouloir introduire sur les terres pauvresde la Sologne le système de culture du département duNord, son pays natal.Quant à la fortune qu'a eue sa singulière théorie del'affolement des races par les croisements multiples, dontil a été question plus haut, elle s'explique par ce fait quel'illustre Biot, son voisin de campagne, qu'il avait su intéresserà son œuvre et surtout à ses griefs contre l'administrationde l'agriculture d'alors, l'a exposée et ainsipatronnée dans un article du Journal des savants.Cette œuvre, évidemment, ne nuira point à la mémoiredu savant physicien; mais, à coup sûr, elle ne peut rienajouter à son illustration. Elle est imputable seulementà son désir de redresser ce qu'il a cru être une iniustice,et à ce que son incompétence spéciale lui a tuwladmettre l'erreur comme étant la vérité.


142 RACE D'EUROPE.CHAPITRE VHA CF. SCAPRINESRACE D'EUROPE (O. C. europœa).Caractères spécifiques. — Crâne brachycéphale.Front excavé, à chevilles osseuses d'abord parallèles,puis arquées en arrièreen spirale très-allongée,à deux bords tranchantset à face anléroinlernecurviligne sortantedans le senstransversal; parfois absenteschez la femelle.Arcades orbilaires saillantes.Sus-naseauxcourts, larges, déprimésà leur connexionavec les frontaux, unisen voûte surbaissée.Lacrymal sans dépression,dépourvu de larmier.Grand sus-maxillairenon déprimé, àépine zygomalique saillante.Petit sus-maxillairefortement arqué,Fig. 32. — Type de la race d'Europe.formant une arcade incisivelarge. Angle facial presque droit. Profil curvilignerentrant. Face triangulaire à base large (fig. 32).


AIRE GÉOGRAPHIQUE.Caractères zootechniques généraux. — Taillegrande (Om 80 au moins). Tète forte, parfois sans cornes ;cou long et mince ; corps étroit, à dos tranchant, à croupecourte et inclinée ; qu~ue courte et relevée ; membreslongs ; mamelles pendantes, à mamelons allongés, volumineuxà leur base, dirigés verticalement et non pointdivergents, comme chez la brebis; pied sans canal bifiexe;poils toujours longs, grossiers, non mélangés de duvet,de couleur brune plus ou moins foncée ou grise; barbeau menton.La chèvre d'Europe fait toujours deux petits qui sontappelés chevreaux, cabris ou biquets quand ils sont mâles,chevrettes, cabres ou biques quand ils sont femelles. Elleest généralement bonne laitière.Le mâle ou bouc exhale une odeur particulière trésforte,très-pénétrante et très-désagréable, qui empêched'en tirer aucun autre parti que celui de la fécondationdes chèvres.La chair de celles-ci conserve une partie, mais fortaffaiblie, de celte odeur. Elle n'est consommée que parles populations très-pauvres. Celle des jeunes est au contraireconsommée par tout le monde, sa saveur étantseulement un peu plus accentuée que celle de la chaird'agneau.Le lait a aussi une odeur et une saveur fortes, rappelantun peu l'odeur du bouc.La race est très-rustique et d'humeur vagabonde.Aire géographique. — L'opinion la plus répandue,parmi les zoologistes, fait dériver les chèvres domestiquesen Europe de l'espèce Capra œgagrus, ou jEgagre, sauvngedans les montagnes delà Perse et de l'Asie-Mineure,avec laquelle elles ont en effet une grande analogie. Lavérité est cependant que cette analogie ne suffit pointpour établir l'identité, qui serait nécessaire comme fondementde cette opinion. C. europœa est une espèce naturelle,comme C. œgagrus en est une autre, et chacune ason origine propre, comme ses caractères cràniologiquesparticuliers.Dans l'état actuel de la science, de telles explications,itô


144 RACK D'EUROPE.dépourvues de toute sanction expérimentale, ne sont plusadmissibles. Il ne surfit pas d'avoir constaté historiquementque la domestication des animaux, comme la civilisationhumaine, a marché d'Orient en Occident, et qu'elleest partie de l'Asie, pour que l'origine asiatique de toutesnos espèces domestiques de l'Europe centrale et occidentalene laisse plus aucun doute. Il est certain d'ailleursque nulle part il n'existe plus aucun représentant sauvagede l'une quelconque de nos espèces domestiques.Sans discuter ici la question avec des détails que necomporterait point notre cadre, nous nous bornerons àdire que toutes les considérations fondées sur la loi desaires géographiques conduisent à placer le berceau de larace des chèvres de l'Europe sur les Alpes, et non pointen Asie.De là, les représentants de celte race se sont étendus àtoute l'Europe, principalement sur les hauteurs, pourutiliser les pâturages inaccessibles aux moutons, surtoutà cause de la rapidité de leurs pentes, mais aussi surd'autres lieux de moindre altitude, où les chèvres fournissentle lait qu'on ne pourrait pas obtenir des vaches.On les trouve partout disséminées, individuellement oupar petits groupes, sur les montagnes de l'Europe méridionale,en Roumanie, en Serbie, en Turquie, en Grèce,en Autriche, en Suisse, en Italie, en Espagne. En France,des groupes nombreux se trouvent seulement au-dessousde la Loire, dans les localités montueuses des Alpes et duLyonnais, des Pyrénées, et dans l'ancienne province dePoitou.Nous décrirons seulement les trois variélés qui correspondentà ces localités.Variété des Alpes.— Cette variété est principalementexploitée dans l'Isère et dans le Mont-d'Or lyonnais, maison la rencontre aussi en Suisse, en Tyrol, dans les Alpesitaliennes et françaises, dans les Apennins, et surtout enCorse, où l'on en compte environ 'M,000 têtes. Elle s'étendaussi jusque dans les Balkans et en Grèce.Dans le Mont-d'Or, elle ne vit point en troupeaux, mais'ri^n en stabulation, chez les petits cultivateurs qui la


VARIÉTÉ DES PYRÉNÊKS. 145nourrissent abondamment avec des fourrages de légumineuses,des feuilles de chou, des pampres pressés et fermentes,du marc de raisin, des racines, des tubercules,des farines, du son, des graines de foin, mélangés avecdes eaux grasses de vaisselle.Martegoute, qui en a publié une monographie, dit queles chèvres du Mont-d'Or ainsi traitées donnent enmoyenne'2 litres de lait par jour pendant neuf mois. Ducompte déjà cité qu'il a fait d'une chèvrerie de 24 têtes,dont la valeur individuelle est estimée de 20 à 30 fr., ilrésulte un total de recettes de 2,918 fr. 48, en chevreauxet lait sous forme de fromage, et un total le dépenses de1,898 fr. 40, soit un bénéfice de 1,020 fr. ou 42 fr. 50 partête, par conséquent de près de 200 p. 100 du capitalengagé, en négligeant la valeur de la main-d'œuvre. Il n'ya pas beaucoup d'entreprises zootechniques pouvantdonner un tel rendement.La chèvre des Alpes fournit aussi la plus grande partiedu lait qui sert à la fabrication des fromages renommésde Saint-Marcellin et de Sassenage, dans l'Isère, et dontla valeur annuelle n'est pas portée à moins d'un millionde francs (1).On saisit par là quelle est l'importance économique desa variété, à laquelle les auteurs de <strong>zootechnie</strong> qui voientles choses à vol d'oiseau ne se montrent guère disposésà prêter leur attention, absorbés qu'ils sont par lesbeautés absolues des moutons anglais. Ceux-ci pourtantferaient triste figure là où les chèvres dont il s'agit donnentde tels produits, en transformant et utilisant desaliments qui sans elles resteraient sans valeur.Les caractères distinctifs de la variété, d'ailleurs peuaccentués, sont la présence constante des cornes et laprédominance du pelage d'un brun roux, souvent mélangéde gris. Elle présente de grandes variations de taille,selon les localités que l'on considère sur son aire étendue;mais il n'y a pas d'intérêt à s'y arrêter.Variété des Pyi énées. — Celle ci se distingue par(1) POUBIAU, La Laiterie, 2« édit., p. 351.v 0


14GRACE lA.UROPK.son pelage constamment brun. Elle aussi a toujours descornes. La taille moyenne y est inférieure à celle de lavariété alpine.On la trouve sur les deux versants de la chaîne desPyrénées, dans les provinces espagnoles et dans nosdépartements français, mais ici surtout dans celui desBasses-Pyrénées, sur la partie occidentale de cettechaîne.Au lieu d'être exploitée comme celle des Alpes, elle viten grands troupeaux, sous la conduite de chevriers basqueset béarnais, et sur les plus hauts sommets de lachaîne des Pyrénées, durant la saison d'été. En hiver, cestroupeaux descendent dans les vallées. On en rencontrejusque dans les landes de Gascogne.Son lait ne sert point à fabriquer des fromages enrenom : il est seulement utilisé pour l'alimentation despopulations pyrénéennes.Ce sont aussi des troupeaux de même sorte qui fournissentla plus forte part du lait consommé dansles villesdu Sud-Ouest. On les rencontre sur les places ou dansles rues de ces villes, à la disposition des consommateurs,qui font traire les chèvres en leur présence.Ces troupeaux viennent même jusqu'à Paris pour yremplir la même fonction, sous la conduite de leurschevriers, reconnaissables à leur béret, et qui appellentles clients au son du chalumeau pyrénéen.Les chèvres de cette variété sont d'une docilité remarquable.Variété du Poitou. — Dans cette variété, la tailledépasse toujours 0 m x(). Les cornes sont le plus souventabsenles chez les femelles, et même aussi chez les mâles.Le pelage est tantôt brun, tantôt gris et tantôt blanc. Lestrois sortes se partagent la population, en proportions àpeu près égales.Dans le Poitou, les chèvres ne vivent point en troupeaux; elles sont entretenues isolément ou par petitsgroupes de deux à cinq, souvent avec des moutons, etconduites en laisse au pâturage, afin d'éviter leurs déprédationssur les jeunes végétaux ligneux dont elles sont


CAHACTÈUS ZOOTECHNIQUES GÉNÉRAUX. 147irès-triandes. Elles y sont exploitées principalement parles petits cultivateurs et par les métayers pour leurs chevreauxet pour leur lait.Une bonne chèvre poitevine, ne consommant guère quece qu'elle trouve dehors, produit en moyenne de 10 à12 litres de lait par semaine, qui rendent environ 2 kilog.de fromage.La variété se trouve surtout dans le Bocage poitevin,qui s'étend sur les départements de la Vienne, des Deux-Sèvres et de la Charente-Inférieure. La destruction duvignoble par le phylloxéra l'a fait beaucoup multiplierdans ce dernier département, en même temps que lesautres sortes de bétail.RACE D'ASIE (O. C. asiatica).Caractères spécifiques. — Crâne dolichocéphale.Front faiblement incurvé d'un côté à l'autre, à chevillesosseuses dirigées obliquement en arrière, aplaties etcontournées en spirale allongée; souvent absentes ; arcadesorbitaires effacées. Sus-naseaux rectilignes, sansdépression à la racine du nez, en voûte plein-cintre.Lacrimaux à surface curviligne, sans larmier. Grands susmaxillairesans dépression le long de leur connexionavec le sus-nasal, à épine zygomatique saillante. Petitsus-maxillaire à branches arquées, formant une arcadeincisive grande. Angle facial droit. Profil rectiligne. Faceelliptique, allongée (fig. 33).Caractères zootechniques généraux. — Taillepetite f0» n 60 à O^ 70). Poils longs, abondants, de couleurtantôt blanche, tantôt noirâtre, bleuâtre, jaunâtre outachetée, en mèches seulement ondulées ou vrillées,couvrant tout le corps et jusqu'à la partie moyenne desmembres.Sous ces poils, il existe un duvet fin et soyeux égalementabondant, qui est connu sous le nom fie cachemire,et dont la récolte esl le principal objet de l'exploitation dela race pour la fabr/ ;ation des étoffes précieuses diteschâles de l'Inde.


148 RACE D*ASlE.Pas de barbe au menton.Aire géographique. — La patrie de la chèvre asiatiqueest dans l'Himalaya. Elle s'étend au Pundjab, aunord de l'IIindoustan et au sud du Tbibet.Les naturalistes en ont fait deux espèces auxquelles ilsont donné les noms de C. lanigera et de C. thibetana, ense fondanl sur les caractères superficiels, qui n'ont aucunevaleur spécifique. Il n'y en a réellement qu'une, qui seprésente sous plusieurs variétés, dans les diverses partiesde son aire géographique.Ces variétés ne nous intéressent qu'au point de vue del'histoire naturelle, attendu que, transportées en dehorsde l'Asie centrale ou orientale, notamment dans notreEurope occidentale, elles perdent leur valeur en perdantleur duvet. Plusieurs tentatives faites à diverses époquesl'ont démontré péremptoirement.Cependant la chèvre asiatique vit très-bien sous notreclimat. On renconire souvent des individus de son espèce,non seulement dans les ménageries et les jardins zoologiquesde l'Europe, mais encore dans les appartementsdes villes, où elle est préférée à cause de sa propreté, desa gentillesse et de sa familiarité.Elle est en effet d'humeur beaucoup moins vagabondeque celle de la chèvre d'Europe. Fréquemment elle figuredans les attelages des petites voilures d'enfants qui circulentsur les promenades et les allées des jardinspublics.Nous indiquerons seulement ses trois variétés asiatiques,qui sont celles d'Angora, de Cachemire et duThibet.Variété d'Angora. — C'est la plus petite des troisvariétés. La taille ne dépasse pas 0 m 60. Son poil esttoujours d'une blancheur éclatante et en longues mèchesfrisées ou plutôt bouclées. Ce poil est lui-même une sortede laine ou de duvet, d'une finesse moyenne, à peinemélangé de brins grossiers ou de poils véritables. Iltombe par la mue annuelle du printemps, et sa récolteest ainsi rendue facile, n'étant point retenu par les poilagrossiers.


VARIÉTÉ D'ANGORA. 149La chèvre d'Angora est toujours munie de cornes plusou moins longues, mais constamment minces et contournéesen spirale (fig 33), ce qui, soit dit en passant, montre


150 RACE D'ASIE.le peu de valeur de l'un des caractères admis comme dis»tinctifs du prétendu genre Capra.Variété de Cachemyr. — Cette variété se trouvesurtout clans la magnifique vallée dont elleporle le nom,située, comme on sait, dans le Pundjab. Elle se distinguede la précédente par l'absence constante des cornes, parune taille un peu moins petite (0 m 65 à 0 m 70), par sa têterelativement fine, mais surtout par l'abondance de sespoils longs et à peine flexueux (fig. 34), qui cachent entièrementle duvet, beaucoup moins abondant, mais toujoursplus fin que chez la chèvre d'Angora.Ce duvet mue au printemps comme chez cette dernière,mais il est retenu sous les poils grossiers. C'estpourquoi, dans le Cachemyr, pour le récolter, on peigneles chèvres tous les deux jours, durant la saison de la mue.Variété thibétaine. — Par ses formes, la chèvre duThibet diffère peu de celle de Cachemyr. Son duvet estseulement moins fin. Les châles du Thibet sont moinssouples et moins estimés que ceux de l'Inde, fabriquésexclusivement avec le duvet de Cachemyr, dont ils portentdu reste aussi le nom. On dit indifféremment uncachemire ou un châle de l'Inde.Nous avons dit plus haut que des tentatives avaient étéfaites à plusieurs reprises pour acclimater et exploiter enEurope les trois variétés qu'on vient de décrire, afin defaire concurrence à la fabrication hindoue.La première, due à Huzard, date de 1818.En 1819, Jaubert et Ternaux en importèrentun troupeaunombreux. L'échec fut complet.En 1854, la Société zoologique d'acclimatalion introduisitde nouveau dans les Alpes et dans le Jura 76 chèvresd'Angora, qu'elle avait importées à grands frais, plus 16de Cachemyr,que le maréchal Vaillant avait reçues d'Abdel-Kaderen cadeau. Quelque soin qu'on en ait puprendre, sous la direction des inspecteurs de la Société,aucune de ces chèvres asiatiques n'a pu fournir autrechose que du lait, des chevreaux et des peaux, commecelles d'Europe.


VARIÉTÉ THIBÉTAINE. 151La ville de Lille en entrelient, dans son jardin public,un petit troupeau qui lui a été légué par Rameau avec uneforte somme. L'entretien de ce troupeau est une deicharges du legs.


152 RACE D AFRIQUE.RACE D'AFRIQUE (0. C. africana).Caractères spécifiques. — Crâne dolichocéphale.Front incurvé dans les deux sens, transversal et longitudinal,toujours dépourvu de chevilles osseuses, avec arcadesorbitaires peu saillantes. Sus-naseaux couris etfortement courbes, unis en ogive, sans dépression à laracine du nez. Lacrymal déprimé, avec larmier peu profond.Grand sus-maxillaire déprimé le long de sa con-Fig 35. - Type de la rare d'Afrique. - (Chi-vre de Xul.ie, dessinée d'aprèsnature a la incna-erie du Muséum d'histoire naturelle de Paris.;nexion avec le sus-nasal, à épine zygomatique saillantePetit sus-maxillaire à branches très-courtes, arquées,formant une arcade incisive petite. Angle facial aigu, profiltrès-curviligne; face courte, tranchante, triangulaire, àbase étroite (fig. 35).Ces caractères sont, comme on peut s'en assurer par lacomparaison, très-vuisins de ceux d'0.,1, sodanicu([>.UX)).


VARIÉTÉ MALTAISE. 153Il en sera de même pour les caractères zootechniquesgénéraux, ainsi qu'on va le voir. Les deux espèces sontdonc immédiatement voisines dans leur genre et formentle passage ou la transition entre les deux groupes desOvidés ariétins et des Ovidés caprins.Caractères zootechniques généraux. — Taillepetite (0œ60à0a> 65). Tête relativement petite, avec desoreilles larges, longues et pendantes le long des joues.Col long et mince, dressé, avec dépression en avant dugarrot saillant. Corps mince et membres longs et tins.Pied pourvu du canal bifiexe. Mamelles globuleuses, àmamelons courts et petits. Poils ras, de couleur plus oumoins foncée généralement.A distance, l'espèce se distingue difficilement de celledu mouton du Soudan, qui a souvent été confondue avecelle par les voyageurs, dans le centre de l'Afrique. Ellen'en diffère en effet bien nettement que par sa queue pluscourte et toujours relevée.Aire géographique. — Il n'y a pas de doute sur lapatrie originaire de la chèvre africaine. Tout le monde laplace en Nubie. Son aire géographique naturelle confinedonc avec celle du mouton du Soudan, dont nous venonsde parler, et qui s'en rapproche tant par ses caractèreszoologiques et zootechniques.De la Nubie, la race s'est étendue à la Haute-Egypte età l'Abyssinie, puis à la Basse-Egypte, et de là elle a ététransportée dans les États barbaresques et jusqu'àMalte.Des variétés reconnues dans cette race, celles del'Egypte, de la Nubie et de l'Afrique centrale n'offrent aucunintérêt zootechnique. Nous ne les décrirons doncpoint. Il n'en est pas de même pour celle de Malte.Variété maltaise. — Cette variété atteint le maximumde la taille de sa race (0 m 65). A part cela, ses caractèresn'ont rien de particulier, si ce n'est le grand développementde l'aptitude laitière, dû sans doute à l'influencedu climat marin. La variété maltaise est exploitée beaucoupen Algérie comme laitière. A ce titre elle nous intéressedirectement.


154 RACE D'AFBIQUE.Elle y est d'autant plus précieuse qu'il est plus difficile,dans notre colonie, d'obtenir du lait de vache. Certaineschèvres maltaises, bien nourries, donnent jusqu'à trois et'quatre litres de lait par jour. Eu égard à ce qu'elles consomment,ce sont des machines à très-fort rendement,dont l'exploitation est on ne peut plus lucrative. Aussicette exploitation prend-elle de plus en plus de dévelop-'pement en Algérie. En France, on en rencontre parfois^dans les villes, mais à l'état tout à fait isolé.Après avoir décrit les espèces caprines, nous pouvonsmaintenant montrer plus clairement encore jusqu'à quelpoint est justifiée notre détermination de comprendre lesbrebis et les chèvres dans un seul et même genre naturel.Rappelons d'abord que les prétendus caractères distinctifsadmis par les zoologistes sont : 1° L'absence des ;cornes en spirale, chez les chèvres; 2* l'absence du lar--mier ; 3» l'absence du canal bifiexe; 4° l'absence desmamelles globuleuses. Or, on vient de voir que les cornesde la chèvre d'Asie sont en spirale bien accentuée; quechez la chèvre d'Afrique, le larmier et le canal bifiexe sontprésents et que les mamelles sont globuleuses.Celle-ci, d'après cela, marque donc le passage entre lesOvidés ariétins et les caprins par l'analogie de sescaractères spécifiques avec ceux de la race ovine duSoudan, mais aussi par la forme de ses pieds et de sesmamelles.


MÉTHODES DE REPRODUCTION. 155CHAPITRE VIPRODUCTION DES JEUNES OVIDÉiMéthodes de reproduction. — Il y a chez les Ovidésariétins une qualité de première importance, dont l'extensiondans la population dépend exclusivement de l'hérédité.Aucune des méthodes de gymnastique fonctionnellene peut, par son application, la développer à aucun degré.Elle est purement individuelle et reste, durant toute lavie de l'individu, telle qu'il l'a héritée de ses parents.Nous voulons parler du nombre des follicules laineuxque contient la peau. Ce nombre, par unité de superficiecutanée, est proportionnel au diamètre des follicules ou,si l'on veut, le diamètre de ceux-ci est proportionnel àleur nombre, leurs parois étant toujours tangentes ou encontact avec les voisines.Le diamètre du brin de laine étant commandé par celuide la gaine qui en est la filière, il s'ensuit que la finessede la laine composant la toison, et conséquemment lenombre des brins par millimètre carré de peau, déterminantce qu'on nomme le tassé, la forme des mèches etautres qualités dont nous verrons plus loin la valeur, toutcela est uniquemenl héréditaire, ainsi du reste que ce quiconcerne les autres propriétés de la peau, dont l'utilitén'est pas moindre.Ce fait montre que les méthodes de reproduction, chezles Ovidés, sont à prendre en olus grande considérationque chez les autres animaux comestibles, bien que l'existenceindividuelle y doive se prolonger encore moins, entant que producteurs de viande.A ce dernier titre, l'intervention de l'hérédité est toujoursutile, mais n'est jamais indispensable, non plus qu*»


156 PRODUCTION DES JEUNES OVIDÉS.chez les Bovidés, comme nous l'avons vu. Dans tous lescas, son rôle est secondaire, el lorsque son influence resteseule, elle s'annule.Au point de vue de la production de la laine, l'héréditéest seule efficace. Les toisons ne s'améliorent point sansson concours, quant à leur finesse.Or, comme il n'y a aucun cas dans lequel leur améliorationpuisse être négligée sans inconvénient, ainsi quenous l'avons établi, contrairement à l'opinion de prétendusprogressistes, il en faut conclure que l'examen desméthodes eu question, à l'égard de leur application auxOvidés, importe surtout au point de vue de la productionde la laine et doit être dominé par ce point de vue,celui de la production de la viande ne venant qu'au secondrang.En cela, nous ne sommes pas d'accord avec le plusgrand nombre des auteurs récents, français et étrangers.On l'a déjà vu dans le premier chapitre du présent volume,au sujet de l'étude des fonctions économiques desOvidés.Il ne peut pas y avoir là pour nous un motif d'hésitation,du moment que la réalité des choses est évidemmentde notre côté, du moment que nous avons fait voir,par la description des populations ovines actuelles,l'incontestable compatibilité de l'existence au maximum,sur un seul et même individu, de la double aptitude àproduire de la laine fine et de La viande de premier choix.En considération de ce qui précède, il convient encoreici de poser comme règle l'application de la méthode naturellede reproduction, ou méthode de sélection zoologique )dont l'effet est, comme nous le savons, de conserver lesraces à leur état de pureté. Ses avantages sont incontestables,dans le plus grand nombre des cas.Le seul inconvénient que l'application de cette méthodepuisse avoir est de ne rien changer aux choses existantes.Actuellement, il n'y a plus en Europe aucune race ovinequi ne contienne une ou plusieurs variétés améliorées,dont on puisse faire sélection zootechnique, en vued'aug*menter la puissance productive des autres.


MÉTHODES DE REPRODUCTION. 157Pour lever les doutes que cet énoncé pourrait soulever,il suffira de se reporter à nos descriptions.On doit donc admettre la sélection zoologique, ou lareproduction entre sujets de même race, comme la méthodela plus généralement et la plus utilement applicable.En cela les Ovidés ne diffèrent point des autres genresdéjà passés en revue. Le progrès consiste à lui adjoindrela sélection zoolechnique, pratiquée avec la plus grandecompétence possible, non à la remplacer.A cet égard, les éleveurs de mérinos donnent, danstoute l'Europe, un exemple bon à suivre. Au lieu de selaisser impressionner par la propagande exclusive et inconsidéréequi est faite en faveur des animaux anglais,ils étendent de plus en plus le domaine de la race qu'ilsexploitent, en améliorant son aptitude préchu^e. Lenombre de ceux qui agissent autrement forme une infimeminorité, comme nous l'avons vu.Là est en effet le véritable progrès.Parmi les autres méthodes, seule celle de croisementpeut trouver son application utile, dans quelques casspéciaux et exceptionnels. Celle de métissage n'a ici aucuneplace à prendre.Il est douteux qu'en France le croisement continu ait àfonctionner désormais sur une grande échelle, dans legenre de ce qui a eu lieu, par exemple, au commencementde ce siècle, pour la propagation des mérinos.Peut-être verrons-nous les southdowns s'étendre ainsidans le Centre, éliminant de proche en proche une partie,sinon la totalité, de la race du bassin de la Loire, à mesureque le système de culture s'y améliorera, surtout parl'assainissement du sol. Nous en doutons toutefois, pourles raisons déjà dites.Peut-être sur les terrains secs, en dehors des régionsoccupées aujourd'hui par les mérinos, quelques troupeauxseront-ils de même progressivement transformés, par voiede croisement continu, avec les mêmes béliers southdowns.Ceci est plus probable et serait, en tout cas, plusdésirable.En France, il en existe déjà un certain nombre disse*


PRODUCTION DES JEUNES OVIDÉS.minés. La chose est possible, et elle est praticable, à lacondition d'être bien conduite, dans tous les cas où lesystème de culture particulier se montre de beaucoup enavance sur le système général, et où la variété locale ades aptitudes naturelles médiocres ou mauvaises, et nepeut être améliorée promptement par aucune autre variétéde la même race.Mais en ce qui concerne les mérinos, aucune variétéeuropéenne quelconque, ni anglaise, ni française, ni allemande,n'étant supérieure en précocité à leur variétéprécoce, et aucune ne leur étant égale sous le rapportdes toisons, il est évident qu'il n'y a point pour euxd'opération de croisement qui puisse être utile. Celles quise poursuivent en quelques rares localités, soit avec lesleicesters, soit avec les southdowns, en France et enAllemagne, font fausse route. Il n'en est point donl lesrésultats financiers soient comparables à ceux que procurela reproduction pure des mérinos précoces (1).A Proskau, où l'on produisait des métis southdownsmérinos,le poids moyen des agneaux sevrés était de17 k 500; dans le duché de Posen, M. Laszczynski, avecdes brebis de même variété et des béliers mérinos précocesdu Soissonnais, a obtenu des agneaux pesant, à unan,60kil. en moyenne.Un exemple de l'application de la méthode de croisementindustriel aux Ovidés peut être cité ici. Il sera plusdémonstratif que toute dissertation sur le sujet.Cet exemple, suivi par un nombre de plus en plusgrand d'agriculteurs, est celui donné par M. de Béhagueà sa ferme de Dampierre (Loiret), maintenant connue del'Europe entière par les résultats financiers si remarquablesauxquels son exploitation a conduit (2).(1) A. SANSON, Recherches expérimentales sur la toison, etc.,loc. cit.(2) BARRAL, L'œuvre agricole de M. de Béliagae, compte-rendud'une visite faite par une délégation de la Société centrale d'agriculturede France sur le domaine de Dampierre, TOL in-18. Paria,Masson, 1875.


MÉTHODES DE REPRODUCTION. 159•Attentif à se tenir au courant des progrès de la science,non seulement parla lecture, mais surtout par des relayonsavec les savants, qui facilitent les applications pratiquesde leurs découvertes, M. de Béhague ne pouvaitmanquer d'être frappé de la justesse des vues que Baudement,le premier en France, formula sur les avantagesde la méthode du croisement industriel, appliquée àl'exploitation des Ovidés. Voici d'abord ce qu'en dit Barral(p. 65), dans le compte-rendu dont l'indication bibliographiquevient d'être donnée :« De même que pour l'espèce bovine, M. de Béhague aprocédé par la voie expérimentale, appliquée avec lalenteur nécessaire pour avoir des résultats certains, ence qui concerne les troupeaux d'espèce ovine. Les circonstancescommerciales devaient surtout être prisesen grande considération pour arrêter la détermination àsuivre.Aux moutons solognots qui occupaient primitivementle sol de son domaine, et qui sont, par eux-mêmes, demédiocres animaux à tous les points de vue, il a substituéd'abord des mérinos. Plus tard, l'avilissement du prixdes laines fines, d'une part, et l'élévation de celui de laviande, l'engagèrent à améliorer les produits de ses troupeauxdans le sens de la boucherie. Sur les conseils denotre regretté confrère, M. Yvart, il tenta d'abord descroisements entre solognots et dishleys, mais il n'en obtintpas de bons résultats financiers, il réussit mieuxavec le croisement southdown-berrichon, et il s'arrêta àsa production. Pour l'obtenir, il entretient, d'une part, desbrebis berrichonnes; d'autre part, il a un petit troupeausouthdown pur pour la production des mâles. Les agneauxcroisés obtenus sont engraissés pour être livrés à la boucherie.« La finesse de la chair des berrichons, dit-il dans« ses Considérations sur la vie rurale, s'allie on ne peut< mieux à celle des southdowns; la rusticité de cette< précieuse petite race en rend l'entretien facile; elle est« sobre et se nourrit très-bien au râtelier; sa conformattion se prêle parfaitement à ce croisement; elle est« basse sur pattes; sa poitrine est développée; elle est


60 PRODUCTION DES JEUNES OVIDÉS.« d'une garde facile; sa laine est fine et de bonne qua-« lité; tout, enfin, lui a valu la préférence sur toutes les« races essayées dans les croisemenls divers. »« M. de Béhague envoie à la boucherie tous les animauxmâles et femelles nés du croisement; l'expérience lui aprouvé que les brebis croisées sont d'un entretien plusdifficile que celui des brebis berrichonncs.il ne conservedonc pas les femelles croisées et ne fait reproduire queles brebis berrichonnes; il leur demande trois agneaux,et il les livre à la boucherie vers l'âge de six ans.a Le nombre des brebis berrichonnes entretenues surles trois exploitations, en vue de l'engraissement desagneaux, est de douze à quinze cents. Ces brebis sontachetées, en général, aux foires de Lorris, de Gien et duBerri. L'ensemble des brebis berrichonnes forme quatretroupeaux placés sous la direction d'un berger différent;chaque troupeau de mères parque tout l'été; il y a, enoutre, un troupeau de brebis de réforme ou d'engrais. Aumoment de notre visite, on comptait douze cents brebisportières et cent vingt brebis de réforme. Ces brebis sontengraissées quand elles ont donné trois agneaux, et ellessont vendues clans de bonnes conditions.« Les croisements soulhdown-berriohons de M. de Béhagueont obtenu des prix dans les concours régionaux,dans les catégories des croisements, notamment : àAuxerre en 1859, à Orléans en 1861, à Nevers en 1863, àBlois en 1867. En outre, le premier prix de bandes pourles petites races françaises pures ou croisées entre elleset le premier prix pour les croisements southdown-berrichonsont été remportés en 1870 et en 1874, aux concoursnationaux d'animaux gras du palais des Champs-Elysées, à Paris. »On ne peut se dispenser de faire remarquer en passantla dérision qui résulte de renoncé de ces derniers faits,à l'égard des programmes de nos concours régionaux,tels qu'ils sont encore aujourd'hui rédigés. On y voit eneffet recevuir des prix, en qualité de reproducteurs, dessujets obtenus dans une exploitation dont le principe fondamentalest qu'ils ne doivent point être admis à se


MÉTHODES DE REPRODUCTION. 161reproduire. Cela montre simplement que ceux qui rédigentces programmes sont bien moins éclairés queM. de Béhague sur les bases scientifiques de la reproductiondes animaux.Mais il va sans dire que pour l'éminent agriculteur deDampierre les prix décernés dans ces concours n'étaientqu'un bien petit accessoire. Nous verrons pi us loin, àpropos de la production de la viande, le coté financier deses opérations en ce genre. C'est ce côté qu'il n'a jamaisperdu de vue et qui doit être toujours présent à l'espritde tout entrepreneur de production animale. Pour l'instant,il faut s'en tenir à la mêthude en elle-même et constaterque le cas de M. de Béhague, pour si remarquablequ'il puisse être, en raison de la grande habileté pratiquede son auteur, n'est cependant que l'un des modes d'applicationde cette méthode.En effet, d'autres races que celle du bassin de la Loireet celle des dunes, et d'autres localiu's que celles duc ntre de la France, se prêtent à de semblables opérations.Il n y en a guère, il est vrai, qui y soient appropriéesà un aussi haut degré Mais dans un grand nombrede situations, où le système de culture adopté dans laferme tranche par son •Hat d'avancement sur celui généralementsuivi dans les environs, une période de transitionest nécessaire pour passer des troupeaux locaux àdes troupeaux améliorés, et alors l'emploi du croisementindustriel doit précéder durant un temps celui du croisementcontinu, en attendant l'amélioration des conditionsgénérales.En tout cas, il convient d'ajouter que la méthode n'estutilement praticable que par les éleveurs habiles, douésen même temps à un degré suffisant des aptitudes industrielleet commerciale.Car, pour réussir dans son application, il ne suffit pointde posséder l'habileté technique nécessaire pour conduiredans le moins de temps possible à l'élimination complètede la race local* 3 , en mesurant toujours exactement ledegré d'aptitude des métis obtenus d'après l'état d'avancementde la culture; il faut, en outre, assurer à ceux-ci


162 PRODUCTION DES JEUNES OVIDÉS.un débouché avantageux, savoir bien acheter les mèreset les vendre elles-mêmes avec profit.Nous y reviendrons à propos de la production spécialede la viande de moulon.Il faut répéter en terminant que la méthode de métissagen'a rien à faire dans la reproduction des Ovidés. Lespopulations métisses qui existent doivent être purementet simplement ramenées au plus apte des types qui ontcontribué à les former, au moyen du croisement continudes brebis métisses avec des béliers de ce type. Celas'applique notamment aux brebis dishley-mérinos, quidoivent être accouplées avec des béliers mérinos de lavariété précoce, dans tous les troupeaux habitanl l'unedes régions des mérinos, comme ceux de la Beauce, dela Brie, etc. Dans ces nouvelles conditions elles donnerontcertainement plus de revenu, puisque, comme nousl'avons vu, avec la môme alimentation, on en obtiendraautant de viande et plus de laine d'un prix plus élevé.Quant aux new-kent-berrichons, le plus sage est deles abandonner, leur population n'étant nulle part asseznombreuse pour qu'il y ait lieu de s'en préoccuper.Aucune autre population métisse ne vaut la peine qu'onprendrait pour y faire fonctionner en un sens déterminéla loi de reversion. Il sera dans tous les cas plus simpleet plus prompt de la ramener à la pureté par l'emploicontinu de béliers appartenant à la meilleure des racesqui ont contribué à la former.Sélection zootechnique. — Les bases de la sélection,ici comme pour les Bovidés, sont dans l'aptitude à remplirles fonctions économiques, et nullement ailleurs. Leplus bel animal, dans chacune des races et dans chacunedes variétés de sa race, est celui qui est capable de fournirà la fois la plus forte proportion de viande réputée dela première catégorie, et la plus forte quantité de la lainela plus estimée dans le commerce.Ce sont donc les habitudes du commerce qui font loi.Ce ne peut être utilement une esthétique quelconque,ou des conventions artificielles comme celles que l'on


SÉLECTION ZOOTECHNIQUE. 163rencontre encore dans les traités mêmes les plus récentssur les formes comparées des animaux (1).Il n'y a nullement lieu de distinguer, comme on l'a faitjusqu'à présent, entre le « mouton à viande » et let mouton à laine, » sous le rapport des formes corporelles.La distinction en pareil cas n a rien de pratique,par la raison qu'en réalité tout mouton doit être à la foisexploité pour sa laine et pour sa viande, comme nousl'avons établi. Elle est en outre une complication plusque superflue, dont les inconvénients frapperont toutesprit attentif, à la simple lecture des ouvrages où elleest adoptée.On va voir que, sur ce sujet, la science simplifie le problèmeposé à la pratique, et qu'une foule de notions empiriquespeuvent être sans inconvénient laissées de côté.L'objet de la production ovine est d'obtenir des individuschez lesquels les parties non comestibles ou d'une faiblevaleur commerciale soient réduites au minimum, au bénéficede celles qui sont les plus estimées dans le commercede la boucherie. Il est aussi, en même temps, que lestoisons de ces individus soient les plus lourdes, eu égardà la variété considérée. En d'autres termes, il s'agit deporter au maximum le rendement ou le poids nel individuelen viande comestible, c'esl-à-dire le poids utileOn sait que cela se réalise chez les sujets dont le squeletteest réduit aux plus faibles proportions, avec le poidsvif le plus élevé, et qui ont consequemment le corps leplus ample et le plus long, sur les membres les moinslongs, avec la tête la plus fine et le cou le plus court. Lafigure 36 en donne un bon spécimen, en la comparant àla figure 37 représentant un autre sujet de la même race.Cet énoncé formule les conditions de la plus belle conformation,chez les Ovidés, de celle qui comporte l'ampleurde poitrine, la largeur des lombes cl de la croupe,l'épaisseur de cuisse ou de gigot, qui font le parfait moutonde boucherie, réserve faite de la qualité ahsolue delà(1) Notamment dans SKTTF.GAST, Die Thierzucht., IV. VeraleichendesExtérieur.


164 PRODUCTION DES JEUNES OVIDÉS.viande. Il les formule, mais il ne les détermine point. Iln'en donne qu'une notion vague. La pratique exige plusde précision. La science doit lui fournir un critérium certainet facile à appliquer.


SELECTION ZOOTECHNIQUE. 165Ce critérium existe, et il est fort simple. Il se tire de lafigure qui représente la base de sustentation du corps,c'est-à-dire de la figure quadrangulaire dont chaque aigleest occupé par l'un des pieds, lorsque l'animal pose normalementau repos.D'abord, pour que la conformation soit bonne, cettefigure doit être un parallélogramme rectangle, et non pasun trapèze.Fig. 37. — Type de mauvaise conformation.Dans le premier cas, les deux parties antérieure et postérieuredu corps ont les mêmes dimensions en largeur;ni la poitrine ni la croupe ne peuvent être qualifiéesd'étroites, l'une par rapport à l'autre. Dans le second,c'est la poitrine ou la croupe qui est étroite, selon que leplus petit côté de la figure est antérieur ou postérieur.Mais s'il suffit à la conformation régulière que la basede sustentation soit un rectangle, cette conformation est


166 PRODUCTION DES JEUNE &. OVIDÉS.d'autant meilleure que les deux petits celés de ce rectangleont plus d'étendue par rapport aux grands. Oncomprend bien que leur grandeur proportionnelle donne àla fois la mesure de l'ampleur de la poitrine et de la largeurdes lombes.Celte grandeur ne doit pas èlre moindre que le tiersdu grand eôlé; la distance comprise entre les deux piedsantérieurs ou postérieurs ne doit pas être comprise plusde trois fois entre le pied antérieur et le postérieur dubipède latéral.Il y a encore toutefois à considérer, en outre del'écartenienl des membres, l'épaisseur des gigots qui aune importance capitale. Ceus-ci sont parfois minces etconséquemment peu lourds, avec une base de sustentationirréprochable. C'est d'ordinaire le cas chez k-sdishleys, par exemple. Pour l'apprécier facilement, ilsuffit de mesurer la distance du sol au sommet de l'angiode jonction des deux cuisses. Plus ce sommet est situéhaut., plus, par conséquent, l'angle est aigu, moins lesgigots sont épais (fig. >; et 3!.i).Si l'on joint à cola, que les parties libres des membresne sauraient jamais cire trop courtes ni trop mincesjquele col non plus ne saurait jamais être trop court, ni la


SÉLECTION ZOOTECHNIQUE. 167tête trop petUé/o*n aura par là une idée nette des formescorporelles parfaites du mouton envisagé au point de vuezootechnique; car à ce compte tout sera dans les meilleuresconditions, et il sera superflu de se préoccuper desdispositions des petites régions du corps considéréesen particulier, comme on les enseigne encore empiriquement.Avec une grande ampleur du corps, avec des membreset un col courts, on ne voit point de garrot saillant, deflanc grand, ni d'autres défectuosités sur lesquelles l'atentionest arrêtée, sans aucune utilité, dans les ouvragesspéciaux. Le dos pourra être fléchi, le ventre volumineux,comme cela se voil chez les sujets forts mangeursarrivés à un certain âge, chez les béliers surtout.Il n'y a pas là d'autre inconvénient que celui d'être disgracieuxà l'œil, qui n'est pas un inconvénient pratiquepour les gens éclairés, attendu qu'il ne réduit en aucunefaçon le rendement.Pas plus aux Ovidés qu'aux Bovidés la prétendue formeparallépipédique n'est pratiquement applicable. La surfaceà peu près plane el élargie jusqu'aux hanches desmoutons anglais améliorés est due à la présence sous lapeau de la couche de graisse plus ou moins épaisse quin'a aucune valeur comestible et ne peut que fausser lanotion utile des formes véritablement belles. Celles-ci dépendentseulement du grand développement des massesmusculaires, avec lequel le corps est cylindrique. Pours'en convaincre, il suffit d'avoir l'occasion de voir desmoutons anglais amaigris tout à coup par un régime alimentaireinsuffisant et ainsi privés du revêtement graisseuxqui amplifie leur corps. Sans cela, il suffirait au besoinde se reporter aux résultats de l'analyse que nousavons faite de leur viande, comestible en si faible proportion.Leurs formes, tant vantées par l'anglomanie, ne réalisentdonc point le véritable type de la belle conformationovine, surtout celles du dishley et des autres variétésde la même race.Ces formes corporelles ainsi indiquées et appréciéessont celles qui conviennent pour tous les Ovidés ariétins


168 PRODUCTION DES JF.UNES OVIDÉS.et caprins, quel que soit le but de leur exploitation. Cesont celles qui, en même temps, assurent la plus forteproportion de matière comestible et la plus grande étenduede toison, parce qu'elles ont pour conséquence néces"saire la plus grande surface de corps et ainsi la plusgrande étendue de peau.Il serait sans doute superflu d'entreprendre de le démontrer.On a vu que les mérinos précoces du Soissonnais,par exemple, dont la peau est dépourvue de plis,donnent des toisons d'un kilogramme plus lourdes quecelles des mérinos de la Beauce, de taille plus élevée, etdont la peau est pourvue de nombreux plis. Des mesuresprécises et comparatives des peaux de ces deux sortesde mérinos l'ont d'aillé rs confirmé.En ce qui concerne les reproducteurs, il va sans direque l'examen des formes corporelles doit s'étendre, làcomme toujours, aux organes sexuels. Le pénis et lestesticules, chez le bélier et chez le bouc, la vulve chez labrebis et chez la chèvre, seront examinés avec soin, pours'assurer qu'ils sont normaux et peuvent remplir leurfonction convenablement.Dans les variétés très-perfectionnées, il arrive assezsouvent qu'avec une conformation irréprochable desorganes sexuels externes, les béliers se montrent impuissantsou inféconds. Ordinairement ils ont, en ce cas, unetendance prononcée à la mollesse de tempérament et àl'engraissement exagéré. Il convient d'exiger toujours dubélier qu'il soit vigoureux et ardent. C'est la première deses qualités, car sans elle toutes les autres demeureraientstériles. Avant de l'accepter, il faut donc la mettreà l'épreuve.Les mamelles de la femelle qui n'a pas encore eu degestation peuvent être appréciées, quant à leur étendueprobable, par l'écartement des mamelons; chez lesaulres, leur volume et leur souplesse, ainsi que les plisde la peau, indiquent leur activité, dont l'importance n'estpas moindre ici que partout ailleurs pour la fonctionmaternelle La présence de quatre mamelons est toujoursun bon signe.


SÉLB.CT10N ZOOTECHNIQUE. 169La présence ou l'absence des cornes frontales chez lesmâles est un avantage ou un inconvénient, selon les conditionsdans lesquelles se fait la production. On ne peutpas résoudre la question d'une manière absolue, contrairementà ce qui est souvent affirmé par des auteurs insuffisammentattentifs.Dans les troupeaux mérinos exploités pour la locationou la vente des béliers, par exemple, l'absence des cornesserait dans le plus grand nombre des cas, quant à présent,un grave inconvénient, à cause de l'état de l'opinionà leur sujet. Peu d'éleveurs de mérinos consentiraient àlouer ou à acheter des béliers sans cornes, et aucunsûrement n'en voudrait parmi ceux de l'Amérique duSud.Certes, il y a erreur sur le sujet, de la part de cesacheteurs; mais il convient de s'y conformer jusqu'à cequ'elle ait disparu, et de ne produire des mérinos sanscornes que pour le petit nombre des personnes qui endemandent, en attendant que la notion de l'inutilité desappendices frontaux, maintenant acquise à tout le mondepour ce qui concerne les variétés anglaises, ait faitle même chemin dans les esprits au sujet des mérinos.A l'égard de la toison, dans l'état actuel de la science,l'examen en vue de la sélection peut être beaucoup simplifié,en laissant de côté bon nombre de caractèresempiriques empruntés aux habiludes du commerce deslaines.C'est le principal avantage des recherches scientifiques,de donner aux choses plus de précision. Sur le sujet enquestion, elles sont aujourd'hui fort avancées, et ellesont conduit à des résultats qui permettent de donnerdes indications d'une valeur incontestable, à la placedes notions vagues dont on disposait auparavant Lesprincipales sont dues à Wilh. v. Nathusius (1). Nous lesavons nous-même vérifiées et complétées sur quelquespoints.(1) W. v. NA1HUSIU8, Dos Wollhaar, etc., toc. ctfc


170 PRODUCTION DES JKUNh'S OVIDÉS.La peau des Ovidés porte deux sortes de productionspileuses :1* Des poils grossiers, roides, que Daubenton a désignéssous le nom de jarre;'2° Des poils relativement lins, souples, plus ou moinsonduleux, qui constituent la laine.Nous les avons déjà définis (t. I, p. 381)).Les poils grossiers ou jarre se trouvent isolément surla face et sur les membres; la laine, mélangée ou nonde jarre en proportions très-variables, occupe le corps,en s'élendant plus ou moins sur les membres, et constituela toison.Seule la laine ayant une valeur commerciale, il est claird'abord que, dans tous les cas possibles, la toison préférablesera celle qui couvrira la plus grande surface depeau, attendu que son poids total sera ainsi plus élevé.L'idéal, c'est que la toison s'étende jusqu'au bout dunez et jusqu'aux onglons, en couvrant toute la surfaceinférieure de l'abdomen. Il ne se réalise guère que dansune seule race, dans celle des mérinos. Dans les autres,le choix doit porter sur les sujets qui s'en éloignent lemoins ou s'en rapprochent le plus, selon l'état général dela race ou de la variété.Normalement, les qualités de la toison ne sont pointles mêmes sur toutes les régions du corps. Elles sonttoujours meilleures ou, plus exactement, supérieures surquelques-unes, inférieures sur les autres, toujours lesmêmes.La figure 38 indique ces régions par des numéros correspondantaux degrés de valeur, le n* 1 marquant la supériorité.On y voit que les meilleures parties de la toisonse trouvent sur l'épaule et sur la partie supérieure du corps,de chaque côté de l'épine dorsale, jusqu'à l'extrémité deslombes; viennent ensuite celles des parois latérales dela poitrine et de l'abdomen, et de la base du cou; enfin,celles du reste du cou, de la base de la queue, de la faceexterne de la cuisse et de la paroi inférieure de la poitrine.Pour apprécier sûrement la qualité générale de la toison,il convient donc de l'examiner plutôt à l'une des


SÉLECTION ZOOTECHNIQUE. 171places portant le n° 3, contrairement à ce qui se pratiquele plus souvent. Si, par exemple, elle se montre là dépourvuede jarre, il est certain que nulle part ailleurs onn'en trouvera.C'est à ces places, et notamment à celle de la base dela queue et au-dessous, à la face externe de la cuisse,dans ce que les marchands de laine appellent les basFi,'. 3>. — In lic.it-.n 'ha qaaDfc-; r] ; lalri" tj;,n'-- I , l


172 PRODUCTION DES JICUNES OVIDÉS.L'ensemble de la toison est composé de m cgroupes de brins de formes variables, selon la variétéovine considérée. Dans la technique courante, on attachela plus grande importance à ces formes, et l'on se sertpour les désigner d'expressions qui onl les inconvénientsde manquer de précision, d'être une sorte d'argot demétier et d'avoir été imaginées en vue d'une seule sortede toisons. On ne s'en sert guère, en effet, qu'à l'égarddes mérinos.C'est ainsi qu'on a admis la mèche courte et la mèchelongue ou haute, la mèche cylindrique, la mèche carrée, lamèche conique, la mèche pointue, la mèche serrée, la mèchelâche, la mèche brouillée ou emmêlée.La présence respective de ces diverses sortes de mèchedonne les toisons fermées, ouvertes ou mécheuses, tassées,creuses, vrillées, brouillées ou emmêlées, etc.Tout cela dépend de deux qualités seulement et doitêtre remplacé par deux notions précises, qui sont desnotions de nombre et de grandeur, par conséquent mesurablesà des étalons connus de tout le monde et d'un usagegénéral.Quelques-uns de ces anciens termes empiriques sontd'ailleurs contradictoires avec la réalité actuelle, commenous le verrons tout à l'heure.Mais avant de nous occuper de l'analyse de la toison,en prenant pour base les notions scientifiques, il convientd'indiquer la meilleure manière de s'y prendre pour préleverl'échantillon sur lequel doit être fait l'examen avecla plus grande commodité.Il importe avant tout de procéder de façon à ne nuireque le moins possible à cette toison.L'animal est pour cela d'abord saisi d'une main par l'unde ses jarrets ; puis, de l'autre, on ramène sa tète de façonà ce que le cou soit maintenu sous le bras, entre la poitrineet celui-ci. L'avant-bras et la main restant libres de lasorte, le mouton se sent captif et ne fait plus aucun effortpour s'échapper. On peut dès lors lâcher le jarret d'abordsaisi. Les deux mains deviennent libres ainsi, et l'on peuts'en servir pour écarter les mèches de la toison, pour


SÉLECTION ZOOTECHNIQUE. 173l'ouvrir, comme on dit, à la place choisie. Cette place peutêtre à l'épaule s'il s'agit de faire valoir la toison; maisen vue de la sélection, il vaut mieux que ce soit ailleurs.Il n'y a plus ensuite qu'à isoler avec soin une petitemèche, à la tenir solidement d'une main par son extrémitélibre, puis à introduire l'index ou le médius de l'autrejusqu'à sa base et à tirer brusquement sur celle-ci,à l'aide de ce doigt recourbé, pour l'arracher. Cela fait,on referme la toison et il n'y paraît rien. Le sujet peutalors être laissé libre et la mèche examinée à loisir.Les deux notions précises qui rendent compte des qualitésdiverses de la toison exprimées par le langage empiriquesont celles de l'égalité de longueur des brins composantles mèches et de leur nombre par millimètre carréde la peau.Les brins de longueur égale forment des mèches cylindriquesou carrées, selon qu'ils sont nombreux, en toutcas une toison régulière ou homogène, ce qui seul est important.Quand ils sont inégaux en longueur, ils formentdes mèches coniques ou pointues et une toison plus oumoins ouverte, suivant leur nombre ou le tassé.Ij'homogénèitëou la régularité, résultant de l'égalité delongueur et de direction des brins, est la qualité à rechercherdans la constitution des mèches. Le reste dépenddes autres propriétés de ces brins, sur lesquelles nousavons maintenant à nous expliquer, propre-tés qui occupentle premier rang par ordre d'importance.D'abord, le diamètre moyen des brins, qui décide de cequ'on nomme la finesse.Cette finesse est évidemment relative.Les auteurs, adoptant les habitudes empiriques, n'ontà cet égard encore songé qu'aux toisons de mérinos, et ilsen ont admis des superflues ou extrafines, des fines, desordinaires et des intermédiaires.Leurs divisions ne sont même pas toujours fondées surla notion du diamètre. Il y faut renoncer décidément,pour adopter une base d'appréciation [dus scientifique etconscquernment plus pratique.10.


174 PRODUCTION DES JEUNES OVIDÉS.Nous avons vu, en décrivant les races, que dans l'ensemblede celles-ci le diamètre de la laine varie de O»"» 01jusqu'à 0»"» 05 et même au delà. Nous avons vu aussique, dans chaque race, il y a un minimum et un maximum.D'après cela, pour faciliter les appréciations pratiques,on peut admettre trois catégories pour classer les laines.Dans la première catégorie se rangent celles qui ontmoins de 0 nnn 03 de diamètre et seront appelées lainesfines.Dans la deuxième, celles qui ont de 0"»» 03 à 0"»» 04, etqui sont les laines communes.Dans la troisième, celles qui ont au-dessus de 0« 04,dites laines grossières.Théoriquement, la sélection doit avoir pour objet, danschacune de ces trois catégories, et quelle que soit la race,de préférer les sujets donl la laine se rapproche le plusdu diamètre minimum.Le mieux serait, en pratique, de mesurer ce diamètreavec précision. L'usage du micromètre n'est en vérité paschose difficile, et il faul espérer que celui du microscopese répandra parmi les agriculteurs autres que ceux dontl'éducation se fait dans nos écoles.En tout cas, quelques courtes leçons suffiront pour semettre au courant de tous les détails de l'opération (1).Mais avec un peu d'habitude on arrive à distinguer(1) Nous devons cependant indiquer ici les principaux, en vuedes lecteurs qui sont au courant du maniement du microscope. Lapréparation consiste a saisir avec une petite loulette de cire jaunemalaxée entre les doigts l'une des extrémités du brin de laine, et àla fixer solidement sur l'un des bords de la lame de verre, puis àsaisir de même l'autre avec une seconde Loulette semblable. Quandon le tient, on fait subir au brin deux ou trois torsions sur luimême;on le tend ensuite, et on le fixe sur le bord opposé enappuyant sur la boulette de cire. Le brin ainsi préparé est placé surla platine du microscope, et mis au point de manière à pouvoircompter le nombre de divisions du Tnicrornètre oculaire qu'ilrecouvre II ne reste plus qu'à tenir compte du grossissementpour avoir le diamètre réel, qu'il est bon de mesurer à plusieursplaces, afin de se faire une idée nette sur la régularité du brin.Des grossissements de 200 à 250 sont suffisants.


SÉLECTION ZOOTECHNIQUE. 175assez facilement à l'oeil nu, surtout par comparaison, lesbrins plus fins des moins fins, en les plaçant sur un fondde couleur sombre, par exemple sur la manche de sonvêtement. On arrive même, avec un peu d'exercice, à estimerainsi très-approximativement le diamètre réel dechaque brin. Les bons éleveurs de mérinos, par exemple,ne se trompent guère sur la finesse comparative des brinsde laine, non plus que sur ce qui concerne Yégalité dubrin, qui s'entend de sa forme parfaitement cylindrique oude l'égalité de diamètre dans toute sa longueur.Cette dernière qualité, l'égalité du brin, est essentielle,parce qu'elle indique une pousse régulière, une constitutionhomogène du brin, et par conséquent une ténacitéégale de la substance laineuse, dans toutes ses parties.Bien ne peut, chez un individu donné, augmenter lediamètre normal du brin qui dépend, comme nous lesavons, de celui de la gaine du follicule laineux ; mais cediamètre peut être diminué par un ralentissement de laproduction des cellules épi dermiques, dû à une nutritionamoinirie, soit par l'alimentation insuffisante, soit parun état pathologique quelconque.L'épuisement produit chez la brebis par une lactationprolori-rée s'accompagne souvent du phénomène ainsiexpliqué. La laine qui pousse sous son influence a unmoindre diamètre et moins de force, parce qu'elle estmoins dense. Elle est connue sous le nom de laine à deuxbouts, sans doute parce que l'affaiblissement se montredans sa partie moyenne.On conçoit, d'après cela, que l'égalité du brin n'est unequalité réelle que quand ce brin a son diamètre normal.Il peut être uniformément amoindri par la continuité descirconstances que nous venons de voir. Et c'est ainsiqu'on a cru trouver une relation entre l'alimentation parcimonieuseet la production de la laine dite superfine, demême qu'une relation aussi entre l'alimentation uniformémentabondante et le grossissement des brins.Nous avons démontré l'erreur de la dernière supposition,admise par tous nos devanciers. Quant à l'amoindrissementégal ou continu du diamètre, dû à ce que la


176 PRODUCTION DES JEUNES OVIDES.gaine ou filière n'est pas remplie, par le fait de l'insuffisancede la substance laineuse, il s'accompagne toujoursdu défaut de ténacité. Ce défaut s'appelle, en technique,la faiblesse du brin, ou encore le manque de nerf. Cela veutdire que le brin se rompt sous la moindre traction.Le nerf, la force, l'élasticité, d'après les expressions dela technique vulgaire, sont en effet une seule et mêmechose, qui est en réalité la résistance que le brin opposeà la rupture, sous l'effort de traction qu'il subit dans lesens de sa longueur.Cette résistance se mesure avec précision par despoids. On a construit des pelits instruments spéciauxpour l'évaluer. Us figurent dans nos musées, mais leurvaleur pratique est nulle ou à peu près, la propriété enquestion étant facile à constater par la simple tractionavec les mains. Elle dépend d'ailleurs d'une autre, appréciablesans difficulté par le toucher, et qui est la douceur.La douceur se perçoit en palpanl la mèche de laine entrele pouce et l'index. Elle correspond à la sensation quedonne un corps bien imprégné de l'huile la plus fine etla mieux épurée.Toute laine douce est nécessairement forte, nerveuse,élastique, c'est-à-dire qu'elle ne se brise pas facilementsous l'action de la peigneuse mécanique maintenantemployée dans les fabriques, et qu'elle laisse peu deMousse ou de déchet.La relation qui existe entre la douceur et la force dubrin est facile à comprendre. Elle se réfère à une propriétégénérale des matières organiques azotées, dont lacohésion diminue à mesure qu'elles se dessèchent. Enséchant, elles deviennent cassantes. La substance laineuseest fortement hygroscopique, comme toutes lesproductions épidermiques. On a profité de cette propriétépour construire l'hygromètre à cheveu, connu detout le monde. A plus forte raison s'imprègne-t-elle desmatières grasses fluides.La force de lu laine dépend par-dessus tout de la. qualitédu suint qui l'imprègne.Le suint le plus onctueux, le plus doux au toucher, est


SÉLECTION ZOOTECHNIQUE. 177nécessairement le plus fluide, celui qui pénètre le mieuxdans les interstices que laissent entre eux les élémentsconstituants de la substance laineuse, celui qui conséquemmentaugmente le plus la résistance ou la ténacité dubrin.On sait que le suint est le produit de sécrétion desglandes sudoripares et des glandes grasses de la peau.La composition de ses matières grasses est très-variable,ainsi que l'ont montré les longues recherches deChevreul. Elles sont en puerai formées de stéarine, depalmitine, d'oléine, en proportions très-diverses, et lepoint de fusion de leur mélange est très-différent. Dansdes recherches exécutées à Tharand, il a varié de W" C. à42° 5, en raison de la proportion d'oléine qu'il contenait.L'oléine est fluide à la température ordinaire.D'un autre côté, la proportion de suint tolal varie aussibeaucoup, comme sa qualité, non seulement selon lesraces, mais encore dans la même race selon les variétéset les individus Elsner von G*ono\v a trouvé ries écartscompris entre 20>9 et 71),la p. 100. Stoeckhardt, qui aétudié au même point de vue des laines de mouton desbruyères du Nord, de southdown-franeonien, de southdownmérinos et de mérinos, a trouvé ces écarts comprisentre 7 et 40,6 p. 100.Le suint abondant et très-fluide, riche par conséquent enoléine, rend la laine douce et forte ou nerveuse. C'est leplus à rechercher.Le suint abondant et pâteux, riche en stéarine et palmitine,la rend rude, poisseuse ou g uante, moins forte, parcequ'il peut moins facilement pénétrer sa substance.Le suint pieu abondant, quelle que soit sa qualité, maissurtout quand il est pauvre en oléine, la rend sèche etcassante.Le plus fluide a ordinairement une nuance plus oumoins jaunâtre ; le moins fluide, une nuance blanche onvitreuse.On voit donc, p>ar ce qui précède, que le toucher suffitpour faire apprécier le degré de nerf, d'élasticité ou deforce de la laine. La plus douce est nécessairement la


178 PRODUCTION DES JEUNES OVIDÉS.plus résistante; la plus rude ou la plus sèche, la pluscassante.Les brins de laine ont généralement une direction onduleuse,qui dépend de la génératrice de la gaine de leurbulbe. Ceux dont les ondulations sont plus ou moinsrapprochées sont appelés frisés; les autres sont dits lissesou flexueux.On a cru durant longtemps qu'il y avait un rapport nécessaireentre la longueur totale du brin et le nombredes inflexions ou courbes de frisure, d'où la synonymieencore usitée entre les termes de laine courte et lainefrisée, laine à carde et laine à draperie (Tuclnvolle, enallemand), et ceux de laine longue et laine lisse, laine àpeigne (Kamwolle).On a cru aussi fermement que le nombre des courbesde frisure par unité de longueur, ou le rapprochement desangles, était proportionnellement plus grand à mesurede la diminution du diamètre du brin, d'où l'on auraitpu juger de la finesse par la frisure. Des instruments ontété construits en Allemagne pour en mesurer le rapport,et les auteurs ne manquent pas de les décrire, comme sice rapport était réel et par conséquent nécessaire.W. v. Nalhusius d'abord, par ses vérifications précisesau microscope, et nous ensuite, avons fait voir qu'il n'enest rien.Le diamètre du brin dépend de la section de la gaînedu bulbe et la frisure de sa génératrice, qui sont l'une etl'autre des attributs individuels. La longueur du brin dépendde l'activité nutritive et de l'abondance régulière del'alimentation.Les brins plus longs n'ont proportionnellement ni plusni moins de courbes que les plus courts; ceux dont lediamètre est le plus petit, ni plus ni moins que ceux dontil est le plus grand, lorsqu'il s'agit d'une race à lainefrisée. Les auteurs allemands ont, sur ce point commesur beaucoup d'autres, généralisé abusivement ce qu'ilsobservaient dans quelques cas tout à fait particuliersoù le rapport en question semblait en effet exisOrsonmoiedans la variété électorale.


SÉLECTION 200TECHNIQUE. 170À égalité de toutes les autres qualités, les brins lesplus longs sont toujours préférables. Ce sont les plusestimés par les fabricants d'étoffes de laine. Us accordentune plus-value aux toisons qui les présentent. En mêmetemps que celles-ci sont plus lourdes, elles ont donc uneplus grande valeur par unité de poids.Indépendamment de toute forme du brin, il y a deslaines courtes et des laines longues, et dans chaque sortece sont les plus longues mèches,les plus douces,les plustassées et les plus homogènes, celles qui contiennent leplus grand nombre de brins, et par conséquent dont lesbrins sont les plus fins, qui doivent être l'objet de lasélection, ainsi que les toisons qui contiennent le plusgrand nombre de mèches ou sont les plus étendues.L'intensité de la traction nécessaire pour arracher unemèche comme nous l'avons expliqué plus haut donne lamesure de l'état constitutionnel de l'animal, et par là unbon indice au sujet des qualités principales de sa laine.Chez les sujets souffrants ou mal nourris, dont la laine apeu de force, la mèche se laisse arracher facilement. C'estle contraire pour les autres.Dans toutes les races, à égalité de finesse des brins oude tassé et d'étendue sur les diverses parties du corps,les toisons des individus les plus précoces sont toujoursles plus lourdes, pour la double raison que les brins ensont plus longs et que la surface couverte de laine estplus grande, à cause de l'augmentation des dimensionslinéaires du corps.C'est ce que nous avons prouvé en mesurant comparativementdes peaux de mérinos de même poids vif, dontles uns appartenaient à une variété commune ou tardiveet les autres à la variété précoce. Le poids moyen destoisons de la Beauce n'est que de 5 kilogr., tandis quecelui des troupeaux précoces du Soissonnais est fie 6 kil.Cependant les mérinos de la Beauce sont les plusplissés des mérinos français, ainsi que leur descriptionl'a établi.Les éleveurs de mérinos, les Allemands surtout, qui nese préoccupent que d'arriver à la réalisation de ce qu'ils


480 PRODUCTION Dfc.S JEUNtS OVIDÉS.appellent un type de luine, choisissent leurs reproducteursen s'inspirant de l'ancienne doctrine de l'appareillement.Ils classent leurs brebis d'après le caractère dela toison, afin de les accoupler avec des béliers en présentantune de caractère opposé. Aux L.ebis à mèchecourte, ils donnent les béliers à mèche relativementlongue, et inversement. De même pour la finesse et larégularité des brins et pour la qualité du suint; de mêmeaussi pour ce qui concerne les formes du corps.L'état actuel de la science fait voir qu'en ce cas commedans tous les autres relevant des lois de l'hérédité, cetteancienne doctrine ne peut point suffire pour arriver sûrementau but visé. Le plus sûr et le plus efficace est dese rapprocher le plus possible du fonctionnement de laloi des semblables, en renonçant à compter sur ce qu'ona nommé les béliers correcteurs, pour atteindre toujoursce but.Étant connu que les toisons à mèche longue, composéede brins de la plus grande finesse, sont maintenant lesplus estimées, il convient d'écarter de la reproductiontout bélier dont la toison ne présente point ces caractères,et autant que possible aussi toute brebis, quelles quesoient d'ailleurs ses qualités de conformation. Sur cellescion peut agir par l'alimentation; sur celles de la toison,non.Il faut donc réformer les mères dont les toisons sontdites à mèche courte ou insuffisamment fines, à mesurequ'elles peuvent être remplacées par des jeunes à toisonmeilleure, au lieu de compter sur l'influence des bélierspour corriger, chez les produits, la transmission de leurdéfaut.On sait fort bien maintenant que les produits n'héritentpas nécessairement de leurs deux reproducteurs par partieségales, et qu'ils peuvent tout aussi bien hériterexclusivement de leur mère que de leur père.En principe, la sélection doit être toujours bilatérale.Elle ne peut rester unilatérale que quand il est absolumentimpossible de faire autremenl. au début des entre»prises d'amélioration.


PRATIQUE DE LA REPRODUCTION.Enfin, l'attention doit encore être attirée sur un faitqui n'avait point échappé aux auteurs de l'antiquité. Aristote,Virgile, Pline, Varron, Columelle, etc., l'ont tousmentionné. Ce fait concerne les béliers qui, par cela seulqu'ils ont, à la face interne des lèvres, à la langue ou surun point quelconque de la muqueuse buccale, une tachenoire, pigmentée, si blanche, si dépourvue de pigmentque puisse être leur peau, procréent cependant souventdes agneaux à toison noire ou tout au moins tachetée (1).Surtout chez les variétés à toison estimée, il importedonc, dans l'examen des reproducteurs, et particulièrementdans celui des béliers, de ne pas négliger l'explorationde la bouche à ce point de vue, afin d'éliminer ceuxqui sont ainsi tachés. De graves mécomptes sont survenus,à notre connaissance, à des éleveurs de mérinos, parsuite d'une telle négligence.Pratique de la reproduction. — On a donné, chezles Ovidés, le nom de lutle à l'accouplement, qui est connusous celui de monte chez les Bovidés et les Équidés.Ici comme toujours, chez les animaux, l'accouplementn'a lieu que quand les femelles sont en rut ou en chaleur(selon l'expression vulgaire). Autrement elles ne souffrentpoint l'approche du mâle.Cet état de rut se manifeste chez elles à des époquespériodiques, à partir de l'âge de huit à dix mois; et sielles ne sont point fécondées, il se reproduit tous lesquinze à vingt jours, après avoir duré de vingt-quatre àtrente-six heures.Il s'accuse par de l'agitation, de l'inquiétude, des bêlementscontinuels, une diminution de l'appétit, la turgescencede la vulve et une activité plus grande des glandesvaginales, dont le produit de sécrétion exhale une odeur18i(1) Ainsi que Piètrement l'a déjà fait remarquer, en discutant lavaleur des termes suh hriyim... venu';, de Pline, il est infiniment probableque Jacob n'ignorait point le f-i11, et que c'est de ce fait qu'ils'est servi pour arriver à s'approprier les ti oupcaux de son beau-pèreLaban, plutôt que de l.i prétendue influence des baguettes de coudriermises dans les auges où venaient s abreuver les brebis pleines.V. 11


182 PRODUCTION DES JEUNFS OVIDÉS.particulière, que le flair du bélier ne manque point de luifaire reconnaître.Les brebis qui ont agnelé n'entrent en rut de nouveauqu'après le sevrage de leur agneau, c'est-à-dire quandleurs mamelles ne fonctionnent plus.Le bélier, lui, est toujours prêt à faire la lutte. L'odeurdont nous venons de parler suffit pour le metlre en rut.ila généralement, sous ce rapport, une grande capacité. Oncite un bélier mérinos du trour eau de Rambouillet qui,s'étant introduit parmi les brebis, en avait fécondésoixante en une seule nuit ; mais cela aurait, pour êtreadmis, besoin de confirmation.En tout cas, il est certain qu'un mâle vigoureux etdans la force de l'âge peut sans trop s'épuiser en féconderbeaucoup durant une saison de lutte, qui est d'environsix semaines.Les nombres indiqués par les différents auteurs qui sesont occupés du sujet varient entre trente et cent. Ilsdépendent de diverses circonstances, dont les principalessont l'âge du bélier et le mode d'après lequel se fait lalutte.Le plus important est que les accouplements soientefficaces, que toutes les brebis du troupeau fassent desagneaux; mais il convient aussi que la puissance héréditairedu mâle soit dans les meilleures conditions pourse manifester, son rôle étant le plus souvent celui d'unaméliorateur. Il doit donc autant que possible conserversa pleine vigueur jusqu'à la fin de la lutte, et pour cela nepoint s'épuiser dès le commencement.Dans les variétés précoces, le bélier peut lutter dèsl'âge de douze à quinze mois et, à cet âge, s'accoupler unefois par jour sans inconvénient. A la lutte suivante,quand il est âgé de deux ans révolus, il peut de mêmes'accoupler deux fois, et même trois fois par jour.Dans ces mêmes variétés, les jeunes femelles peuventet doivent être luttées dès qu'elles sont antenaises, versl'âge de quinze mois. Cela n'a pour elles aucun inconvénienttechnique,et l'avantage économique en est évident.Cependant presque tous les éleveurs ont le tort d'attendre


PRATIQUE DE LA Ri-.PRODUCTiON. 183qu'elles aient atteint l'âge de deux ans, et même celui detrente mois, qui est voisin de celui auquel elles devraientquitter le troupeau pour aller à la boucherie, comme nousle verrons plus loin.Si la lutte est dirigée de façon à ce que chaque brebisne puisse être luttée qu'une seule fois dans les vingtquatreheures, et alors qu'elle est bien décidément enchaleur, auquel cas elle a toutes les chances pour êtrefécondée, cela fait une quarantaine de brebis pour lejeunebélier et de quatre-vingts à cent pour l'adulte. Dans cecas, la proportion des brebis qui font des agneaux vajusqu'à 95 p. 100 et au delà, tandis que dans le cas contraireelle s'abaisse au moins à 80 le plus souvent.Le mode qui permet d'atteindre ces nombres, sansfatiguer ou épuiser les béliers, est celui qui est connusous le nom impropre de lutte en main. Il consiste à conduireles brebis dans le compartiment qu'occupe le bélier,à mesure qu'elles deviennent en chaleur, et seulementlorsque les signes en sont bien manifestes, puis à lesretirer dès que l'accouplement a eu lieu.Ce mode de lutte est incomparablement préférable àcelui de la lutte libre, dans lequel les béliers, mis dansle troupeau des mères, s'accouplent à volonté avec ellesdès la première manifestation du rut. Il arrive alorsforcément que l'accouplement a lieu plusieurs fois desuite avec les mêmes brebis. Aussi, à la fin de la lutte,les béliers sont-ils épuisés, bien qu'une forte proportionde brebis aient échappé à la fécondation.Il y a une sorte de mode mixte, qui consiste à mettrechaque bélier avec un groupe de brebis choisies ou non,dans une vue d'amélioration déterminée, et à laisser demême la lutte se faire en liberté. Ce mode a pour le mâleles inconvénients du précédent. C'est ce| endant celui quiest le plus pratiqué dans les troupeaux de mérinos conduitsavec soin. 11 vaudrait mieux l'abandonner lui aussi.Quel que soit le mode adopté, le moyen le plus commodepour reconnaître l'état de rut, chez les brebis, estde les faire essayer par un bélier de peu de valeur, maisardent, muni d'un tablier de toile qui lui enveloppe le


184 PRODUCTION DES JEUNES OVIDÉS.corps et le met ainsi dans l'impossibilité d'accomplirl'acte de l'accouplement. Par ses provocations, ce bélierboute en train signale les brebis disposées à s'accoupler,à mesure qu'elles deviennent en chaleur.L'époque ou la saison de la lutte est déterminée par desconsidérations qui dépendent uniquement du momentreconnu comme étant le plus favorable pour la naissancedes agneaux II serait bien difficile de poser sur celades règles absolues. Les habitudes locales, le but industrielspécial de l'exploitation, les conjonctures commerciales,déterminent le choix.L'observation montre qu'en fait, dans les troupeauxeuropéens gouvernés dans tous leurs détails, les agneauxnaissent au printemps, en été et en hiver.On connaît donc l'agnelage de printemps, l'agnelaged'élé et l'agnelage d'hiver.Dans le premier, les naissances ont lieu en février etmars;Dans le deuxième, en juin ;Dans le troisième, en décembre et janvier.Il y a, bien entendu, beaucoup de variantes. Nous connaissonsdes troupeaux de mérinos où les naissancesd'hiver commencent en octobre et môme en septembre.On sait que la durée de la gestation, chez les brebis,est d'environ cinq mois ou 150 jours. Nous avons recueillides données précises sur 62 brebis du troupeau southdownde l'École de Grignon. Sur ce nombre de 62 mères,1 a porté 139 jours, 2 ont porté 141 jours, 3 durant142 jours, 11 durant 143 jours, 10 durant 144 jours, 7 durant145 jours, 6 durant 146 jours, 5 durant 147 jours, 7 durant148 jours, 3 durant 149 jours; 1 a porté durant151 jours, 1 durantl57jours; 2ont porté durant 158jours,2 durant 159 jours, et enfin 1 a porté durant 162 jours. Ilsemble donc arriver le plus souvent que la gestation duremoins de 150 chez les southdowns.Les observations de H. v. Nathusius(l) paraissent avoir(1) H. v. NATHUSIUS, Vorlraege uber Vichzucht und Rassenkenntniss.Erster Theil, p. 9y. Berlin, 1872.


PRATIQUE DE LA REPRODUCTION. 185établi que chez les variétés précoces la durée de la gestationest un peu moins longue que chez les autres. De cesobservations il est résulté que les brebis mérinos ontporté en moyenne 150.3jours ; les southdowns, 144,2jours;les southdowns-mérinos demi-sang, 146,3 jours; les 3/4southdown, 145,5 jours; les 7/8 southdown, 144,2 jours.On peut donc considérer 150 jours comme le terme leplus général.En conséquence, quand on a adopté l'agnelage de printemps,la lutte doit commencer en septembre; en janvierpour l'agnelage d'été, et en juillet pour l'agnelaged'hiver.Les conditions climatériques locales peuvent influer surle choix de l'époque pour l'agnelage, autant que les autresconsidérations. En général, il est bon que les brebisnourrices aient à leur disposition de jeunes herbes, quifavorisent le plus leur lactation, et c'est ce qui doit fairepréférer l'agnelage d'été, quand il n'y a pas d'autresraisons dominantes en faveur de ceux de printemps oud'hiver.Dans les troupeaux de mérinos, c'est ce dernier qui estle plus pratiqué jusqu'à présent, à cause sans doute deshabitudes de transhumance et de parcage, qui exigentque les agneaux soient assez développés, au momentvoulu, pour pouvoir suivre le troupeau. Ces considérations-làperdent de plus en plus de leur valeur, à mesureque le progrès se fait dans l'administration de cestroupeaux. Il y a lieu d'espérer qu'elles ne tarderontpoint à être laissées tout à fait de côté, pour faire placeaux autres dont il a été parlé et qui sont plus importantes.L'époque habituelle de la lutte ne se change point sansquelque difficulté II faut passer de celte époque à la nouvellepar des transitions ménagées, en avançant plutôtqu'en retardant l'accouplement. La manifestation deschaleurs est provoquée, chez les jeunes brebis les plusvigoureuses et les mieux développées, par une alimentationplus riche et un peu excitante, et par la présenced'un bélier ardent muni d'un tablier.


186 PRODUCTION DES JEUNES OVIDE».Chaque année, le nombre de ces brebis plus tôt prêtesaugmente ; les retardataires sont réformées à mesurequ'on peut les remplacer, et bientôt le changement totalest opéré.Il est moins difficile, on le comprend, de passer de lalutte de janvier à celle de septembre ou de celle-ci à cellede juillet, que de cette dernière à la lutte de janvier. Maisen somme, avec du temps, il est loisible d'opérer toutesles modifications désirées. Il est permis de dire quela naissance des agneaux peut être fixée au mieux desintérêts.Gestation. — La conduite des mères en gestation estchose très-simple. Elle consiste à écarter toutes lescauses d'avorlement. L'essentiel est qu'elles soient toujourstraitées avec douceur, soustraites aux attaques deschiens turbulents ou Irop zélés, logées à l'aise, et qu'ellesn'aient point de longues marches à faire pour aller aupâturage.Les entrées et les sorties par les portes de la bergerie,surtout vers les derniers temps de la gestation, occasionnentsouvent des heurts dangereux. Les brebis s'y pressenten se présentant plusieurs à la fois. C'est pour celaqu'il importe particulièrement de construire ces portes,dans les bergeries de mères, selon la forme que nousavons recommandée en général (t. I, p. 305). De la sorte,le passage étant rétréci par rapport à l'écarlement desmontants, il n'est pas possible que le ventre des brebissoit pressé contre ceux-ci. Elles ne peuvent donc pas seblesser.L'alimentalion des brebis pleines est ce qui mérite leplus d'attention, au point de vue où nous sommes placésen ce moment. C'est elle qui a la plus grande influence6ur le résultat immédiat de la gestation.Les pâturages les plus sains doivent leur être réservés,et à la bergerie leur ration sera toujours composée d'alimentsriches et de facile digestion. Les fourrages grossiers,trop volumineux, ceux surtout qui'sont altérés pardes moisissures ou par une fermentation quelconque, leursont toujours nuisibles. Il en est de même de ceux qui,


AGNELAGE. 187sont trop excitants. Elles ont par-dessus tout besoin d'êtrecalmes et de digérer sans difficulté des aliments qui lesnourrissent au maximum.Ces aliments doivent toujours être distribués dans leursrâteliers durant qu'elles sont en dehors de la bergerie,de fagon à ce qu'elles les y trouvent en rentrant. Du reste,nous nous en occuperons plus loin en détail, au chapitrede l'Administration du troupeau.Agnelage. — Les signes de la parturition prochainesont les mêmes chez les brebis que chez les autresfemelles. Comme d'ailleurs on sait fort bien le moment oùl'agnelage devra commencer dans le troupeau (nous avonsvu que c'est au plus tôt vers le 140 e jour après le commencementde la lutte), on prendra ses précautions enconséquence.Elles consistent d'abord à nettoyer à fond les compartimentsde la bergerie habités par les mères et à lespourvoir d'une litière abondante et fraîche, puis à se tenirprêt nuit et jour pour une surveillance attentive, afin d'êtreen mesure de porter secours aux mères qui en auraientbesoin ; enfin à disposer de petites séparations pour lesy loger et les soustraire ainsi aux importunités desautres, en cas de part laborieux.Si l'agnelage se fait dans une saison froide, il convientde clore toutes les ouvertures de la bergerie, afin demaintenir à son intérieur une température douce. Lesrefroidissements sont toujours nuisibles aux femelles quelconquesqui viennent de mettre bas.Les parturitions difficiles ou anormales sont, chez lesbrebis, une très-minime exception. Lorsqu'elles se présentent,les bergers habiles savent le nécessaire pour yparer. Ainsi que nous le verrons plus loin, pour celacomme pour le reste, l'important est de bien choisir sonberger. Il n'y a donc pas lieu d'entrer ici dans de grandsdétails. Cependant, nous ne pouvons point nous dispenserde donner quelques indications.Comme la brebis agnèle presque toujours sans difficulté,ainsi qu'on vient de le dire, il ne faut jamais sehâter de venir â SOU aide lorsque le travail ne paraît point


188 PRODUCTION DES JEUNES OVIDÉS.marcher aussi vite que de coutume. C'est seulement quandon a acquis la conviction qu'elle n'accoucherait point touteseule qu'il y a lieu d'intervenir.En ce cas, ou bien les efforts expulsifs se continuentsans ralentissement, ou ils se ralentissent, ou ils cessenttout à fait.Si, se continuant avec la même intensité ou avec unralentissement, la présentation est cependant régulière,il convient d'aider la mère en exerçant sur les membresde l'agneau sortant de la vulve des tractions modérées etsynergiques avec ses propres efforts d'expulsion, de manièreà rendre ceux-ci plus efficaces.Un tel cas se montre ordinairement lorsque le volumede l'agneau est un peu disproportionné avec la capacitédu détroit du bassin. Il importe alors de ne pas attendreque les forces de la mère se soient épuisées en vainsefforts pour lui faire franchir ce détroit. Le soin à prendreest de ne point exercer de tractions brusques, trop violenteset à contre-temps, qui risqueraient de déchirerses organes ou d'arracher les membres de l'agneau. Il fautl'aider seulement, non la suppléer.Si, avec cette même présentation régulière, ses propresefforts expulsifs ont tout à fait cessé, on provoquera leurretour en relevant ses forces par l'administration d'unbreuvage de vin ou de cidre chaud, avec une infusion deRue (Ruta graveolens) ou d'ergot de seigle à faible dosesi l'atonie est très-grande; puis, lorsque les effortsauront reparu, on l'aidera comme tout à l'heure par destractions.Si la présentation est vicieuse, la première chose àfaire est de la rétablir dans ses conditions normales, enrepoussant l'agneau vers le fond de la matrice et en ramenantla partie qui est en mauvaise position, soit la tête,soit l'un ou l'autre membre, ou les deux à la fois.Dans l'impossibilité de faire la version, il ne reste plusqu'à sacrifier l'agneau pour sauver la mère, en extrayantcet agneau par fragments.La brebis qui a eu ainsi une parturition laborieuse ouanormale doit être ensuite l'objet de soins particuliers,


ALLAITEMENT 189dans un compartiment isolé de la bergerie. Il la faut tenirchaudement à la diète et ne lui donner que des boissonstièdes et farineuses.A l'égard de toutes celles qui ont agnelé, il convient deveiller sur leur délivrance complète, qui s'opère d'ailleursen général avec la plus grande facilité. Il importe ausside s'assurer si elles ont au degré suffisant l'instinct de lamaternité, et si elles 6e laissent facilement téter par leuragneau, pour lequel le premier lait de la mère est lemeilleur aliment.Dans les troupeaux bien administrés, chaque agneau,aussitôt après sa naissance, est pourvu d'un numérod'ordre écrit ou frappé sur une petite plaque de bois oude métal attachée autour de son cou avec un cordon. Cenuméro est le même que celui de sa mère.Allaitement — L'importance d'un allaitement copieuxest encore plus grande chez les Ovidés que chez lesautres genres d'animaux que nous avons déjà vus, pour laraison que la durée de leur vie est plus courte et qu'ilssont sans contredit, proportionnellement, les plus fortsproducteurs de viande.Sous ce rapport, l'influence du régime de leur premièrejeunesse est décisive.Des expériences directes de Wilckens (1) l'ont montré.Il a d'abord nourri deux agneaux, dont un mérinos etl'autre southdown-mérinos, le premier avec du lait duranttrente jours, et le second avec des aliments solidesà partir de la deuxième semaine; puis il les a lues letrentième jour et a mesuré comparativement leur poidsvif, leur poids net et la capacité relative des divers compartimentsde leur estomac. Il a constaté les résultatssuivants :(1) Journal fur landwirth$çhaft, de Henneberg, 1865, p. 448.11.


190 PRODUCTION DES JEUNES OVIDÉS.Agneau allaité. Agneau nourrid'aliments solides.^oids vif.17,50 livres. 20,50 livres.Poids net 10,40 » 10,96 »Rapport du poids net au poids vif. 59% 53%Panse 32(3« 1832"Réseau 10« 206"Feuillet et caillette CiO 803"Rapport de la caillette à la panse. 1 : 0,51 1 : 2,28Rapport de la caillette au réseau.. 1 : 0,03 1 : 0,26L'ensemble de la caillette et du feuillet de l'agneauallaité est à celui de l'agneau nourri d'aliments solidesdans le rapport de 1 : 4,'25, tandis que la panse du premierest à celle du second comme. 1 : 5,00. La constitutionanatomique de l'estomac, chez les deux agneaux,présentait aussi une grande différence, quant aux organesd'absorption. Les villosiiôs de la panse du dernier étaientlongues de 4 millimètres ; à la grande courbure en particulierelles avaient de 2,5 à 3 millimètres, tandis que lesplus longues, dans celle de l'agneau allaité, ne dépassaientpas 1 millimètre. La hauteur des alvéoles, dans leréseau, mesurait chez le premier 1 millimètre au plus,tandis qu'elle atteignait chez l'autre jusqu'à 1,5 millimètre.Les lames du feuillet, à la plus grande courbure,avaient une hauteur de 15 à 17 millimètres chezcelui-ci, et seulement de 12 millimètres chez l'agneau delait. La hauteur des plis de la caillette de ce dernier mesurait,à sa plus grande courbure, de 7 à 12 millimètres.Cet organe, chez l'agneau nourri exclusivement de lait,avait une surface d'absorption considérablement plusgrande que celle de la caillette de l'agneau nourri d'alimentssolides.Deux autres agneaux, tous les deux southdown-mérinos,furent ensuite nourris, l'un pendant quatre-vingt-cinqjours avec du lait exclusivement, l'autre durant trois moisavec de l'herbe de prairie, du foin et de la paille, en outredu lait de sa mère. On les abattit le même jour. Voici lesrésultats comparatifs de leur examen :


ALLAITEMENT. 191Agneau le lait Agneau nounid'aliments solides.Poids vif au jour de l'abattage... 11950 gr. 11950 gr.Poidsnet 6450. 5290»Rapport du poids net au poids brut. 54 % 44 •/•Les parties isolées ont pesé :Peau 1570gr. 1485gr.Tête 675 » 680 sViscères thoraciques 405 » 330 •Viscères abdominaux ensemble.... 2120 i 3515 »Agneau de lait. Agneau nourrid'aliments solides.Foie et vésicule biliaire 219 gr. 209 gr.Estomac entier 210 » 330 »Panse et réseau 1010" 3110"Feuillet et caillette 615» 590»Vésicule biliaire 0,05 1»Proportion du feuillet et de la cailletteà la panse et au réseau.... 1 :1,7 1 : 5,3Longueur de l'intestin grêle 16 m 53 2151Longueur du cœcum 0,15 0,22Longueur du gros colon 0,35 0,67Longueur du petit colon 2,62 3,58Longueur de l'intestin entier 19,65 26,04Longueur de la laine à la base de laqueue 0,027 0,019Poids de l'humérus, du radius et ducubitus séchés à l'air 453 r 7 47s r 6Dont:Substance organique 47,2 % 44,7 %Chaui 28,5 Ï9,4Acide phosphorique 22,7 23,8La supériorité des agneaux nourris exclusivement delait sur les autres est évidente.De son côté, M. de Béhague a observé en grand queles agneaux les plus fortement allaités sont toujoursceux qui, à la fin de leur première année, atteignant,à nourriture égale, les plus forts poids.Il n'est donc point douteux que l'une des principalesconditions de succès, dans la production des jeunesOndes, dépend de l'aptitude laitière des mères, de leurSERVIC0 DE BIBUOTECA E D0CUMENTAÇÀ0ÎACULDADE PE WEWC1M VlTUtiNÀTOAJlA.UâP


192 PRODUCTION DES JEUNES OVIDÉS.bonne alimentation durant qu'elles sont nourrices, etconséquemmentdu copieux allaitement des agneaux.Dans la pratique vulgaire et empirique, on considèregénéralement comme un avantage d'exploiter des mèresqui font habituellement deux agneaux. On croit que leprofit du troupeau est en raison directe du nombre deceux-ci. C'esl là une erreur fondamentale, qui n'est d'ailleurspartagée par personne, parmi les éleveurs éclairés.Une brebis peut bien élever deux agneaux (l'expériencele montre surabondamment), en ce sens qu'ils vivent tousles deux et arrivent à l'âge adulte ; mais pour une mêmeconsommation d'aliments, ces deux individus ne produisentpas, dans le même temps, une quantité de matièrecomestible aussi forte que celle fournie par un seul quiaurait consommé tout le lait de sa mère.Aussi est-il plus économique, en présence des parturitionsdoubles ou triples, comme il s'en présente danstoutes les races en une certaine proportion, quand on n'apas de nourrices disponibles ou de moyens d'allaitementartificiels, de sacrifier les agneaux les plus faibles pourn'en conserver qu'un par brebis, plutôt que de les éleveravec un allaitement insuffisant.Il y a toutefois à la règle qui vient d'être posée uneexception à signaler. Elle se rapporte aux troupeauxexploités spécialement en vue de la production desagneaux de lait, vendus pour la consommalion à l'âge detrois à quatre semaines,comme c'est le cas, par exemple,dans le sud-est de la France. En ce cas, il y a naturellementavantage à conserver tous les agneaux et àexploiter de préférence les brebis qui en font le plus.Elles peuvent toujours en nourrir deux sans inconvénientdurant un temps si court, et le produit du troupeau estalors doublé. Nous nous en occuperons plus loin spécialement.Pour les troupeaux de souche, produisant des béliers,M. Dutertre, alors directeur de l'École de Grignon, a faitconstruire un biberon que nous allons décrire et qui ajusqu'à présent parfaitement réussi, à notre connaissance,partout où il a été convenablement employé.


ALLAITEMENT. 193Dans le troupeau de l'École, les jeunes béliers southdownsélevés à l'aide de ce biberon pesaient, à quinzemois, le même poids que ceux qui avaient tété leur mère.11 consiste en une boite en ferblanc (fig. 39) longue de1 mètre, à section triangulaire dont la base a O» 16. A lapartie moyenne de sa paroi supérieure est un couvercle àcharnières qui est ici représenté ouvert. Cette boite estcontenue dans une enveloppe en bois blanc, en forme defr ur /..Il iilerr.cn' artificiel des agneau::.châsse, ouverte supérieurement dans toute son étendue,et dont la paroi antérieure esl moins haute que la postérieure.Celle-ci est munie de deux portants en fer quiembrassent aussi le fond.Sur la face interne de la paroi antérieure de la boîte enferblanc sont soudés cinq tubes recourbés en cou decygne, dont l'extrémité inférieure s'ouvre au fond angulaire.L'extrémité supérieure de chacun de ces tubes,également ouverte, se dirige horizontalement en avant.


194 PRODUCTION DES JEUNES OVIDÉS.Ils sont tous munis d'un mamelon en caoutchouc qui lescoiffe et qui traverse le centre d'une pièce en cuir faisantoffice de coussin, portée par une planchette mobile complétantla paroi antérieure de la boite en bois.Cet appareil étant suspendu à la hauteur convenablepar des crochets qui passent par les trous des portants,et rempli de lait de vache à la température normale ducorps (35 à 40° C), les agneaux y tettent comme ils feraientà la mamelle.La seule précaution à prendre est de l'entretenir dansle plus grand état de propreté, en le lavant soigneusementà l'eau tiède aussitôt que les agneaux ont fini detéter. 11 faut n'y laisser séjourner aucune parcelle de lait,qui pourrait s'aigrir. Le nettoyage en est considérablementfacilité par sa forme.A Grignon, les agneaux y buvaient quatre fois par jour.Au début, leur consommation journalière atteignait de50 à 75 centilitres; elle arrivait ensuite progressivementjusqu'à 2 litres par tête. Ils recevaient, bien entendu,toute la quantité qu'ils se montraient capables d'ingérer.Il est possible, par ce moyen très-bien imaginé et d'unemploi facile, de conserver les plus beaux agneaux parmiles doubles ou jumeaux et de les élever, encore bienqu'il n'y aurait point, dans le troupeau, de nourrices disponibles,ayant perdu leur propre agneau. Il permet ausside donner un supplément de lait à ceux dont la nourriceserait insuffisante, ce qui a, comme nous le savons, uneinfluence très-heureuse sur leur avenir.La surveillance attentive de l'allaitement est en effet unedes parties les plus importantes de la tâche du berger.Non seulement il doit veiller à ce que les nourrices soientalimentées de façon à ce que leurs mamelles puissentfonctionner activement, mais encore à ce qu'elles ne soientpoint tourmentées.Le mieux est pour cela de régler le nombre journalierde tétées, qui ne doit pas dépasser quatre. La chose estfacile lorsque les mères peuvent aller au pâturage qui,étant bon, est ce qui favorise au plus haut degré la sécrétiondu lait. S'il n'est pas assez riche, on y ajoute à la


SEVRAGE. 195bergerie une ration d'aliments concentrés, sous forme deféverolle, de lentillon, de bisaille, ou de son de froment,de germes de malt, etc.Les agneaux restent à la bergerie durant que leursmères paissent, et ils tettent à la rentrée de celles-ci.Quand l'allaitement a lieu durant la saison d'hiver, alorsque les herbes de pâturage sont remplacées par les racinescharnues ou les provendes humides, on le règle enmaintenant les agneaux dans des compartiments séparés,qui sont ouverts à des heures fixes, afin qu'ils puissentaller avec leurs mères. On construit pour cela maintenantdes cloisons mobiles en fer qui sont très-commodes.Elles sont pourvues de petites portes à rouleaux, parlesquelles les agneaux peuvent passer, mais non lesbrebis.Sevrage. — Nous avons vu (t. II, p. 314) qu'il n'y a pointd'individus précoces parmi ceux dont l'allaitement estinsuffisant, le sevrage prématuré ou brusque. On saitaussi que la réalisation de la précocité doit être le butessentiel de la production des jeunes Ovidés. Nous nereviendrons donc point surcessujets.il suffira d'indiquerles conditions d'exécution pratique du sevrage.11 a été dit que celui-ci est hâtif ou prématuré lorsquel'allaitement exclusif a duré moins de trois mois. Que defois il mérite d'être qualifié ainsi! C'est sous prétexte deménager les mères que les agneaux sont en général sevréssi tôt.Le calcul est économiquement tout àfaitfaux.Les mèresdans la force de l'âge et bien nourries ne sont point fatiguéespar un allaitement réglé. En tout cas, la plus-valuedes agneaux allaités suffisamment compenserait bien audelà de la fatigue des mères.Mais celles-ci ne sont épuisées que quand leur régimealimentaire n'est pas satisfaisant. Or, c'est ce qui ne doitpoint sejytésenter dans un troupeau bien conduit. Lesnourries* y reçoivent assez d'aliments pour suffire à lafols à une abondante sécrétion de lait et à leur entretienen bon état, afin qu'elles puissent être facilement engraissées,Si! y a Hep, après le sevrage de leurs agneaux, et


196 PRODUCTION DES JEUNES OVIDÉS.afin aussi qu'elles donnent des toisons lourdes et nerveuses.Ce n'est donc pas avant le commencement du quatrièmemois que le sevrage peut commencer sans inconvénient,dans les troupeaux administrés en vue du maximum deprofit.Alors on ne laisse plus aller avec leur mère les agneauxque trois fois par jour, et on leur distribue, dans les compartimentsqu'ils habitent, une petite ration d'un mélangetrès-humecté de son de froment et de tourteau, ou de tousautres aliments concentrés et très-divisés, qu'il est possiblede se procurer aux meilleures conditions, et dont ladose est réglée d'après leur appétit. Ce mélange doit êtrecomposé de façon à ce que sa relation ne soit pas moinsétroite que 1 : 2,5. Cela dure ainsi une quinzaine dejours, au bout desquels la porte de leur habitation n'estplus ouverte que deux fois, en doublant au moins laration d'aliments végétaux et en variant sa composition.Vers la fin de la deuxième quinzaine, on commence àjoindre à ceux-ci des herbes jeunes et tendres, graminéesou légumineuses, puis on ne les laisse plus téter qu'uneseule fois par jour durant la troisième, en augmentant laration de fourrage, qui peut être composée de regaintendre et bien récollé ou de foin de première qualité.Enfin lorsqu'arrive la quatrième et dernière, ils ne vontplus avec leur mère d'abord qu'une fois tous les deuxjours, puis tous les trois jours, puis pas du tout.Leur sevrage est complet. Ils se sont progressivementhabitués à la nourriture végétale. Leur croissance s'estcontinuée sans temps d'arrêt. Ils n'ont subi aucun troubledigestif.Tant que durent l'allaitement et le sevrage, les agneaux,qui ne doivent point sortir avec leurs mères, sont logésdans des bergeries assez spacieuses pour qu'ils puissenty prendre librement les ébats dont ils ont besoin. Cellesciseront en communication avec un hangar ou avec unparc ou une pelouse. Les jeunes animaux se trouventtoujours bien des espaces aérés.Maladies des agneaux. — Les accidents patholo-


MALADIES DES AGNEAUX. 197giques observés chez les agneaux durant l'allaitementsont toujours dus aux mauvaises conditions dans lesquellesse trouvent les mères nourrices. Quand le régimealimentaire de ces dernières est bon, régulier, contenantsuffisamment d'eau et constitué, comme nous le verronsplus loin en nous occupant de l'administration du troupeau,avec une relation nutritive en rapport avec leurâge, les agneaux viennent bien, augmentent régulièrementde poids et ne sont point malades, à part lesaccidents individuels inévitables, qui sont du ressort duvétérinaire. Ceux dont nous devons nous occuper icisont au nombre de trois. Ce sont : 1° Le muguet; 2° ladiarrhée; 3° ce que les bergers appellent la goutte oules gouttes ; 4° le tournis.Le muguet se caractérise par la présence sur la muqueusede la langue, des joues et du palais, d'une végétationde filaments blancs qui semblent feutrés, et qui nesont pas autre chosequ'un champignon parasite analogue àcelui de la vigne connu sous le nom d'oidium. Le champignondu mu guet est le Sacharomyces albicans II se développesur les agneaux insuffisamment nourris, qu'il met bientôt,en se multipliant, dans l'impossibilité de téter et qu'ilfait ainsi mourir d'inanition, si l'on ne s'empresse de ledétruire. Jamais on ne l'observe dans les troupeaux dontles mères, étant elles-mêmes convenablement nourries,allaitent suffisamment leurs agneaux, en quantité et enqualité.On détruit le cryptogame du muguet en badigeonnant lamuqueuse buccale avec un tampon ou une sorte de pinceaude linge ou d'étoupe imprégné d'eau acidulée avec del'acide chlorhydrique et édulcorée avec du miel (quelquesgouttes d'acide par litre d'eau suffisent). Mais ce qui importeplus encore, c'est d'agir sur les mères nourrices enleur donnant une alimentation plus riche qui leur permettrade mieux allaiter les agneaux.La diarrhée, surtout celle que les bergers appellentdiarrhée grise à cause de la couleur des déjections, est leplus souvent mortelle. Il importe donc par-dessus tout deprévenir son .apparition. Elle est à peu près toujours,


198 PRODUCTION DES JEUNES OVIDÉS.sinon toujours, due à l'excès de richesse du lait maternelen éléments solides, produit par une alimentation à la foisriche et sèche. Nous indiquerons dans le chapitre suivant\ la meilleure constitution de la ration journalière desmères pour l'éviter. Elle ne sévit point sur les agneauxdont les nourrices vont au pâturage. C'est la meilleurepreuve à l'appui du mode de production que nous lui attribuons.Quant au traitement curatif des agneaux atteints,l'expérience montre qu'il ne réussit guère et que conséquemmentil est peu pratique de l'entreprendre.La goutte, qui se caractérise par une altération des articulationset qui est une sorte de rachitisme ou de scrofule,paraît due à la mauvaise qualité du lait maternel.Toujours est-il qu'on ne l'observe point dans les troupeauxdont les mères consomment des aliments réputésde bonne qualité. La question est d'ailleurs trop compliquéeet encore trop obscure pour que nous y insistionsici.Quant au tournis, dû à la présence, dans l'encéphale del'agneau, d'un nombre variable de vésicules du Cœnuruscerebralis, qui n'est qu'une des phases du développementd'un ver rubanaire ou Tœnia vivant dans l'intestin duchien, c'est en veillant sur ce dernier qu'on en préservele troupeau. Nos connaissances actuelles sur l'histoirenaturelle de cet helminthe ont réduit à leur valeur toutesles suppositions faites antérieurement sur l'étiologie dutournis, si préjudiciable aux Ovidés.Le chien expulse avec ses excréments les germes contenusdans les anneaux du tœnia. Les agneaux ingèrentles embryons avec leurs aliments. Ces embryons traversentla membrane intestinale et vont se fixer, par la voiedes vaisseaux sanguins, dans la substance cérébrale, oùils se développent en cœnure, jusqu'à ce que, ingérés àleur tour en cet état par le chien ou le loup qui mange latête du mouton, ils se développent dans son intestin sousleur forme parfaite de tœnia.Le double enseignement pratique qu'il y a lieu de tirerde ces connaissances expérimentalement acquises, c'estd'abord qu'il ne faut point donner aux chiens la tête des


ÉMASCULATION. 199agneaux atteints ou suspects de tournis, et ensuite queles chiens de berger ou de ferme soupçonnés d'hébergerdes helminthes doivent être traités pour les en débarrasser.C'est le seul moyen d'en préserver les troupeaux.Amputation de la queue. — C'est durant l'allaitementque se pratique la petite opération de l'amputationde la queue. Elle est usitée dans tous les troupeaux bienconduits, pour débarrasser les animaux d'un appendiceéconomiquement inutile, ne produisant ni bonne viandeni bonne laine, et qui peut salir la toison. Sonavantage est surtout évident pour les brebis, dont ellefacilite beaucoup l'accouplement en laissant la vulve àdécouvert, ce qui évite au bélier, dans la lutte, des effortsinutiles. A tous égards, elle n'a que des avantages et ilest très-désirable de la voir se généraliser.Quinze jours ou irois semaines après la naissance del'agneau, avec un couteau bien affilé ou des ciseaux, onincise tout ce qui excède une longueur de quatre à cinqcentimètres, à partir de la base. La petite plaie qui enrésulte se cicatrise ensuite toute seule.En l'absence de la queue, les formes des paTties postérieuresdu corps se jugent bien mieux, étant facilementvisibles. Eu égard à sa valeur commerciale, d'ailleurs, laqueue paie mal ses matériaux de construction.Émasculation. — Toutes les considérations que nousavons fait valoir en faveur de Pémasculation hâtive desËquidés et des Bovidés sont encore plus impérieusespour ce qui concerne les Ovidés, pour lesquels il ne peutpas être question de puissance mécanique.Quand elle est pratiquée dès que les testicules sontaccessibles, la castration est une opération aussi bénigneque possible chez les agneaux, et des plus simplescomme procédé. Il suffit, après avoir fait aux bourses unepetite incision, d'en faire sortir les testicules l'un aprèsl'autre et de rompre leur cordon en le déchirant sans tiraillement.La plaie se cicatrise ensuite sans difficulté.Les autres procédés du fouettage, des casscaux, du bistournage,etc., exposés et discutés dans les traités de


200 PRODUCTION DES JEUNES OVIDÉS.chirurgie vétérinaire et qui ont les préférences de leursauteurs, habituellement, ne sont applicables qu'aux mâlesplus âgés, qu'il vaut mieux ne point émasculer et vendretels qu'ils sont. Les souffrances occasionnées par l'opérationet par ses suites leur font perdre en poids plus quela différence de valeur commerciale qu'on se propose d'enobtenir.Du reste, le meilleur procédé de castration des agneaux,parce qu'il est le plus simple, le moins coûteux et le plusinoffensif, est celui que pratiquent la plupart des bergersavec leurs dents incisives. Jamais nous ne l'avons vu êtresuivi d'accidents.Régime des agneaux après le sevrage. — Nousavons vu que le but pratique de l'exploitation des Ovidésest d'en obtenir à la fois de la viande et de la laine, maisprincipalement de la viande.Nous savons, en thèse générale, que ce but est atteintdans des condilions d'autant plus économiques qu'il l'esten moins de temps, c'est-à-dire que la durée est moinsgrande entre le moment de la naissance de l'animalet celui de son abattage, à quantité égale de viandeproduite.D'un autre côté, il est acquis à la science expérimentaleque la machine animale est d'autant plus puissante pourtransformer ses aliments en produits comestibles, queson organisme est plus jeune, et que parmi les machinesanimales celle dont nous nous occupons en ce momentest la plus puissante de toules.Ces considérations conduisent à conclure que le maximumde précocité est le but immédiat à viser toujours,dans le régime des agneaux, quel que puisse être l'objetde leur exploitation, qu'il s'agisse d'élever des reproducteursou de produire des neutres pour la boucherie. 11 ya lieu toujours de leur faire atteindre à douze mois lemaximum de poids, qu'ils doivent ou non être poussésplus loin.Pour le régime alimeniaire des jeunes animaux, le bonpâturage sain et riche est ce qui réalise le plus sûrementla relation nutritive de 1 : 3, la plus convenable jusqu'à


RÉGIME DES AONEAUX APRÈS LE SEVRAGE. 201l'âge d'un au, et dans les nielle nés condilions de digestibilité.En l'absence de pâturage, les jeunes pousses delégumineuses avant leur floraison, qui sont riches et trèsdigestibles,sont ce qu'il y a de mieux. Nous nous étendronsen détail plus loin sur ce sujet.Il faut s'élever ici d'abord contre l'introduction del'avoine dans la ration des jeunes Ovidés. Il y a pour celatrois raisons péremptoires, que nous devons répéter, àrencontre d'une pratique trop répandue parmi les éleveursqui passent pour les plus avancés :1° L'avoine excite inutilement et même préjudicieusementles agneaux, qui doivent rester aussi calmes quepossible, pour profiter au maximum de leur alimentation;2° Elle est un des aliments les plus faiblement concentrés;3° Elle est parmi ceux qui ont la plus grande valeurcommerciale, à cause du débouché qui lui est ouvert pourl'alimentation des chevaux de l'industrie.Les meilleurs consommateurs, parmi les Ovidés, ne lapaient pas à la moitié de cette valeur. Ainsi, d'après ledernier compte que nous avons fail établir par nos élèvespour les jeunes béliers southdowns de la bergerie deGrignon, ces béliers n'avaient payé l'avoine consomméepar eux qu'à raison de 9 fr. 90 les 100 kilogr. Le prix desféveroles qui étaient également entrées dans leursrations ressortait au contraire à22 fr. 91. Les deux valeursont été, bien entendu, calculées d'après les mêmes bases,qui sont celles indiquées dans cet ouvrage (t. I, p. 270).Au point de vue économique, il est donc évident qu'il ya grand avantage à préférer, dans l'alimentation desjeunes Ovidés, à l'avoine les autres aliments plus fortementconcentrés, et notamment la féverole, comme nousl'avons fait voir depuis longtemps (1).An point de vue physiologique, l'action excitante del'avoine ne peut être utile que pour les béliers qui font lalutte ou qu'on y prépare, ou pour les brebis chez lesquelles(1) Journal de l'agriculture de BARR/LL, t. I, de 1875, p. 255.


202 PRODUCtlON DES JEUNES OVIDÉS.il y a lieu de provoquer l'apparition des chaleurs. Il faut laréserver pour eux. Quant aux agneaux sevrés, ils auraientplutôt besoin d'être calmés que d'être excités. Ils n'ontque trop de propension à sauler les uns sur les autres età se déranger mutuellement.Le calcul des rations en tant pour cent de poids vif n'aici, pas plus que pour les autres jeunes animaux, aucunebase pratique possible.D'après les normes de Grouven, ce serait en substancesèche 2,95, dont 0,421 de protéine, 0,088 de matièresgrasses et 1,379 d'hydrates de carbone, pour la rationjournalière nécessaire et suffisante.D'après celles d'Emile Wolff, ce serait 2,1 de substancesèche, dont 0,17 de protéine, et 1,03 de matières grasseset extractifs.D'après celles de Settegast, les choses seraient pluscompliquées. Il distingue entre les bêtes à laine et lesbètes à viande, et parmi les bêtes à laine entre les mérinoslégers du type électoral et les lourds des typesnegretti et rambouillet. Dans chacune des catégories ilconsidère les agneaux de 3 à 6 mois, et ceux de 6 mois à12 mois, et il fixe pour chaque cas des quantités commecelles de Grouven et de Wolff.Toutes ces complications sont parfaitement superflues.Si les nombres donnés indiquaient un minimum pour lesquantités à distribuer aux animaux ou à mettre à leurdisposition, ils seraient à peine acceptables, à titre depoints de repère pour la pratique. Mais les auteurs entendentbien que ces animaux ainsi alimentés sont suffisammentnourris, et que le surplus serait du gaspillage. Lesdistinctions de Settegast le montrent clairement. Ils ontla prétention d'avoir déterminé le besoin journalier(Taeglicher Bedarf) de la machine animale en substancesèche, protéine, malières grasses et hydrates de carbone.Le dernier ouvrage d'Emile Wolff (1) ne laisse aucun douteà cet égard.(1) Ernil WOLFF, Die Ernaehrung de.r 'zndwirthschafllichenNutzth'ere. vol- tir. in-8°, Berlin, 1876.


RÉGIME DES AGNEAUX APUÈS LE SEVRAGE. 203La vérité est que chaque jeune individu, dont les besoinset l'appétit sont on ne peut plus variables, ainsi quel'aptitude digeslive, comme nous l'avons montré (t. II,p. 91 et suiv.), doit rerevoir toute la quantité de matièrealimentaire bien composée et constituée qu'il se montrecapable d'ingérer dans les vingt-quatre heures. Ici encore,celui qui en consomme et en utilise par conséquent leplus doit être considéré comme la meilleure machine enexploitation.Le principe fondamental est que les jeunes animauxproduisent constamment en raison de ce qu'ils consomment,pourvu qu'il y ait concordance entre la relationnutritive de leur ration et leur propre coefficientdigestif. La règle de conduite à suivre est donc de lesalimenter toujours au maximum, dont eux seuls peuventêtre juges et que seuls ils indiquent en se montrantrepus.Cela vaut pour le pâturage comme pour l'alimentationdistribuée à la bergerie. Us ne sont restés assez longtempsdehors que quand leur panse est pleine et qu'ils semontrent disposés à se coucher pour ruminer.A ce propos nous ferons remarquer que les moutonsrégulièrement bien nourris, qui reçoivent à manger aurâtelier durant la nuit, se météorisent rarement au pâturage,même sur les trèfles et les luzernes. Il est plus saged'insister sur la valeur préservatrice d'une telle précautionque sur les remèdes à opposer au météorisme desmoutons, dont le seul sûrement efficace, toutefois, est laponction de la panse.La ration, dans la première année, doit avoir une constitutiontoujours égale à celle des jeunes herbes de pâturage,par conséquent la relation =1:3.Voici un spécimen de cette ration pour l'alimentationà la bergerie et calculée pour 1 kilogramme de substancesèche :


204 PRODUCTION DES JEUNES OVIDÉS.Substance*ecne.Proléino.0^080 Foin de pré 0MJ72 0 0070,250 Foin de Luzerne 0,212 0,0360,170 Betteraves 0,062 0,00(50,250 Paille d'avoine 0,218 0,0060,340 Féverole 0,290 0,0800,170 Son de froment 0,146 0,0231^260 1^000 0M58„ , ,. M A 158Belation nutritive =z ..... »,. r=—M N A 26 + 473M'Iic'rpsH'ItlïiS sil MI*;IVili.r0M1020,0070,00030,0050,0060,00601-0203_ 13~Exlrael'on.i7'i!|"


RÉGIME DES AGNEAUX APRÈS LE SKVBAGE. 205Les dishleys-mérinosel les dishleys recevaient la mêmeration, sauf des proportions un peu plus fortes de féveroleset de tourteau de lin. Au lieu de 3C0 gr. de féverolesel de 130 gr. de tourteau, il y avait pour les derniers370 gr. des unes et 140 gr. de l'autre; pour lespremiers 380 gr. et 150 gr.La ration des dishleys-mérinosétait donc enrichie de 20 gr. de féveroles et de 20 gr. detourteau en plus que celle des southdowns ; celle desdishleys, de 10 gr. seulement de chacun. On ne peut sedispenser d'y voir la preuve d'une prédilection, d'ailleurspeu raisonnée, du régisseur de la bergerie pour lesdishley-mérinos; car il n'y a aucun motif scientifique pourjustifier une telle différence, surtout en constatant que laration des southdowns est elle-même déjà d'une richesseexcessive, sa relation étant plus étroite que 1 : 3.On y remarquera aussi la persistance du préjugé relatifà l'avoine, qui a l'inconvénient d'augmenter fortement lesfrais de production, mais en revanche l'avantage démettresous les yeux des élèves la démonstration évidente del'excitation nuisible qu'elle détermine chez les agneauxqui la consomment, et qui se manifeste par une agitationpresque constante.Il importe que l'aliment concentré ne soit pas fourniexclusivement par le son de froment, trop riche en matièresminérales. Consommé en forte quantité, cet alimenta l'inconvénient de provoquer la formation de graviersd;ms la vessie, et de déterminer des rétentions d'urinemortelles. Nous en avons observé des exemples dans plusieurstroupeaux améliorés.De la ration composée d'après le type indiqué plushaut il sera distribué, encore une fois, toutes les quantitésque les animaux se montreront disposés à manger.Si le nombre des individus à nourrir est tel qu'ils doiventconsommer deux cents fois la ration, il suffira, pour conserverla relation nutritive en obtenant ces quantitéstotales, de multiplier par 200 chacun de ses composants.On aura ainsi, pour la ration journalière du troupeau,l k x 200 = 200 kil. de matière sèche alimentaire etl k 260 x 200 = 252 kil. de matière humide.•. 12


206 PRODUCTION DES JEUNES OVIDÉS.Lorsque les agneaux ont franchi leur première année,qu'ils sont devenus amenais, leur régime alimentaire nediffère que par la modification à faire subir à la relationnulritive de la ration.Celle-ci passe de 1 : 3 à 1 : 4, devenant ainsi moinsétroite ou moins serrée, ou moins riche en protéine. Lesaliments adjuvants augmentent proportionnellement plusque les concentrés dans la ration, les sujets étant moinsaptes à utiliser ceux-ci. C'est du reste la relation qui convienttant que dure leur vie, encore bien qu'elle se prolongeraitau delà de l'état adulte, ce qui ne doit êtrequ'exceptionnel, comme nous le verrons plus loin.Du reste nous reviendrons swr ce sujet, ainsi que sur cequi concerne l'habitation des jeunes Ovidés, dans le chapitresuivant, en traitant de l'administration du troupeau,dont cela fait partie.>


BBR0I1I. 207CHAPITRE VIIADMINISTRATION DU TROUPF.AUDéfinition du troupeau. — Un troupeau n'est passeulement la réunion d'un nombre quelconque d'Ovidés.Dans le sens zootechnique, il comporte une compositiondéterminée d'éléments essentiels, sans quoi cette réunionn'est plus qu'une troupe. Ces éléments seront indiquésplus loin en détail. Pour l'instant, le troupeau serasuffisamment défini en disant que c'est un groupe plus oumoins nombreux de familles ovines.Berger. — Le premier point et le plus important del'administration du troupeau est celui qui se rapporte auchoix du berger. Le succès ou l'échec des entreprisesdépend de lui pour la plus forte part, sinon pour la totalité.Nous connaissons en France des troupeaux de mérinosdont le revenu brut annuel ne s'élève pas à moins de50,000 fr., par la location ou la vente des béliers, la ventedes toisons, etc. On voit la valeur d'un tel capital, confiéaux soins d'un seul homme dont l'incurie ou la malhonnêtetépeuvent le faire péricliter, comme sa probité et sonhabileté le font prospérer. Avec la même étendue et lamême qualité de pâturage, par exemple, tel berger maintiendrason troupeau toujours en bon état, tandis qu'avectel autre, moins capable ou moins soigneux, on le verradépérir.L'habileté du berger dépend de son intelligence et deses connaissances acquises par un apprentissage suffisammentlong et bien dirigé. Celui-ci n'est toutefois efficaceque s'il n'a eu qu'à développer des aptitudes naturelles,dont la plus précieuse est le goût des moutons, laprédilection pour s'en occuper, une sorte de sympathie


208 ADMINISTRATION DU THOUPEAU.pour eux et l'amour-propre en tout ce qui concerne leurréussite. Les écoles de bergers, si bien dirigées qu'ellessoient, ne donnent point cela. Les connaissances spécialesle mettent en valeur, mais elles ne sauraient lesuppléer. 11 faut donc se préoccuper tout d'abord desaptitudes.La probité du berger dépend de son caractère. Le mieuxest de lui éviter autant que possible les tentations d'yfaillir, en établissant une complète solidarité d'intérêlsentre lui et le propriétaire du troupeau. La vertu est sansdoute une belle chose ; mais la sagesse pratique, dans lavie, consiste à ne lui fournir que le moins possible lesoccasions de s'exercer. A l'égard du berger, rien n'estplus facile que de ne la point mettre à l'épreuve. Il suffitpour cela de stipuler à son profit une part sur tous lesproduits, en outre de son salaire fixe. Son propre intérêtest ainsi garant de son activité et de son attention à remplirses devoirs. Du reste, il faut dire que l'importauceduservice confié au berger d'un troupeau de grande valeurlui donne, dans les exploitations agricoles, une situationqu'en général il tient à conserver.Le berger occupe ordinairement avec lui un ou plusieursaides, dont il a la direction et dont il est bon de lui laisserle choix. Cela assure sur eux son autorité, qui est tout àfait nécessaire pour la bonne exécution du service.Quant à ses vêtements et à son mobilier ou son outillage,il serait superflu et même puéril d'en parler ici. Celapouvait être utile au siècle dernier et se trouve conséquemrnentbien à sa place dans les écrits de Daubenton,de Tessier et de leurs contemporains. Mais on ne comprendplus que les auteurs récents aient cru bon de lescopier sur ce sujet. Les bergers en savent là-dessus aumoins aussi long que nous. Ce n'est point là de la <strong>zootechnie</strong>,et cela ne concerne pas le propriétaire du troupeau,qui n'a qu'à bien choisir son berger dans les paysde grands troupeaux, où ils sont plus ou moins nombreux,ou en s'adressant, pour la France, à l'école deRambouillet.Chiens de berger. — entreprendre de conduire en


CHIENS DE DERGER. 209bon ordre une troupe de moutons sans le concours d'unou de plusieurs chiens connaissant le métier, selon l'effectifde cette troupe, serait chose impossible. La bêteovine a l'intelligence particulièrement obtuse. Elle n'estpoint méchante, mais elle ne comprend rien et n'obéitqu'à ses instincts ou à la crainte que lui inspire lechien.Le contraste est énorme entre elle et celui-ci, en général,et dans le genre chien l'espèce qui, en France, fournitles gardiens de troupeaux, se fait remarquer par uneintelligence vraiment supérieure.Les bergers des environs de Paris donnent à demi-voixou sur le ton de la conversation des ordres à leurs chiens,ou leur font des recommandations dont l'exécution ponctuellesuppose de leur part un raisonnement complet,précédé d'appréciations individuelles dans lesquelles ilsne se trompent guère. Bon nombre d'entre eux agissentmême à propos, de leur propre mouvement, et font lapolice du troupeau d'une manière irréprochable. Il estsurtout curieux de les voir se partager les attributions,quand ils sont plusieurs. Les philosophes spiritualistesqui dénient toute intelligence aux animaux pour ne leurreconnaître que ce qu'ils appellent des instincts gagneraientbeaucoup à observer ces chiens. Ils s'apercevraientfacilement que la plupart d'entre eux se montrent plusinlelligents, surtout plus sagaces, que beaucoup d'hommesde leur connaissance.Les aptitudes qui se manifestent ainsi sont héréditairesdans la variété des chiens de la Brie, dont nous donnons(fig. 40) un spécimen qui nous dispensera de toute description.Les auteurs répètent, d'après Daubenton, une séried'indications pour opérer le dressage des chiens de berger.Il est au moins douteux que l'efficacité de ces indicationsait jamais été vérifiée par personne. A notre connaissance,seuls les chiens de la Brie deviennent, soustous les rapports, de bons gardiens de troupeaux, et leseul moyen d'apprend'u aux jeunes leur métier, c'est deles uu'frc en apprentissage avec un vieux, qu* le leurv. 12.


210 ADMINISTRATION DU TROUPEAU.enseigne en son langage plus expressif et plus facilementcompréhensible que le nôtre.En sorte que, pour se procurer un bon chien, le mieuxest de s'adresser à un berger des environs de Paris,parmi ceux qui s'occupent d'en élever. Il va lieu de ne


DIVISIONS DU TROUPEAU. 211point lésiner sur le prix, eu égard aux services que ceschiens-là sont capables de rendre.En outre des chiens de berger, il y a aussi les chiensde garde, nécessaires dans les régions où les troupeauxdoivent être défendus contre les attaques des loups. Ceuxlàsont de forts mâtins, auxquels leurs instincts de combatet un solide collier armé de pointes sont suffisants pourqu'ils remplissent leur fonction.Divisions du troupeau — On administre des troupeauxde deux sortes, ou en d'autres termes il y a deuxsortes d'entreprises de production des jeunes Ovidés. Laproduction de la laine est commune aux deux ; mais dansl'une le produit principal est: constitué par des béliers àvendre ou à louer pour la lutte, dans l'autre par des individusémasculés ou moutons et des brebis à vendre auxengraisseurs ou au commerce de la boucherie, aprèsles avoir soi-même engraissés.Les troupeaux administrés ou conduits selon le premiermode sont ceux que chez nous, dans la région septentrionaledes mérinos, on nomme des c< établissements debéliers, « et en Allemagne des t troupeaux de souche »(Stammheerden).On n'y livre à la boucherie que les sujets réformés àcause de leur âge avancé ou à cause de leur mauvaiseconformation. Ces troupeaux forment nécessairement desexceptions.Les autres sont en général administrés contrairementà la loi économique fondamentale que nous avons poséeà la base de toute production animale. Une des réformesles plus urgentes à réaliser est de les y conformer, pouren porter les produits au maximum, comme nous allonsle montrer.Les sujets dont se compose un troupeau portent desnoms différents, suivant leur sexe ou leur âge.Les mâles faisant la lutte sont les béliers. Les femellesen état de se reproduire sont appelés brebis mères ouportières, selon les localités. Les jeunes de l'année sontles agneaux et les agnelles, qui forment deux catégories :celle des agneaux de lait et celle des agneaux gris ou


212 ADMINISTRATION DU TROUPEAU.gandins, qui sont les agneaux sevrés. Dans leur deuxièmeannée, ils prennent les noms d'antenais ou antenaises età'antenois ou antenoises. Les mâles émasculés portent lenom de moutons.Pour qu'il n'y ait dans le troupeau, quel que soit legenre d'entreprise, que des individus créateurs de capital,il ne doit être composé que de béliers et de mèresn'ayant pas encore dépassé l'âge adulte, des antenais,béliers ou moutons, des antenaises et des agneaux etagnelles.Tout sujet qui n'a pas quitté le troupeau à l'état d'antenaisou à celui d'agneau doit en être éliminé dès qu'ilest devenu adulte, aussitôt qu'il ne peut plus acquérir dela valeur en augmentant de poids, ou dès que sa croissanceest terminée, sauf, bien entendu, les exceptionsqui portent sur quelques béliers d'élite, pouvant exercerleur influence héréditaire au point de vue surtout de latoison.Ce principe a pour conséquence que chaque brebis nefait pas plus de deux fois des agneaux et qu'elle estluttée pour la première fois, au plus tard, vers l'âge dequinze mois quand elle est précoce, de vingt à vingtquatremois dans le cas contraire, ou quand elle a quatredents d'adulte.Il a pour conséquence aussi qu'il s'établit dans le groupedes mères un renouvellement régulier annuel, en vertuduquel, dans le cas de précocité, ce groupe est toujourscomposé pour moitié à peu près de brebis antenaises etpour moitié de brebis de deux ans révolus.Cela entraine donc la nécessité de vendre chaque annéetoutes les brebis qui ont déjà fait et nourri deux agneaux,et de les remplacer par autant d'antenaises, correctionfaite des proportions, d'après l'effectif de ces dernières,subordonné aux chances de répartition des sexes dansles naissances et de mortalité.Cela veut dire que le renouvellement doit être le plusfort possible, en maintenant le troupeau à son effectifnormal, et que les brebis ne doivent faire qu'exceptionnellementun troisième agneau.


DIVISIONS DU TROUPEAU. 213De cette façon, aux produils ordinaires du troupeaus'ajoute celui de la vente des brebis, non pas réforméeset d'une valeur diminuée, comme de coutume, mais arrivéesà leur plus-value. Le nombre annuel des toisons n'apas changé, puisque l'effectif du troupeau reste le même,et leur valeur est plus grande, puisqu'on sait que la lainedes vieilles mères est dépréciée. Celui des agneaux n'apas changé non plus, puisque le nombre des mères estresté constant.Dans un tel mode d'administration, les produits ou lesrevenus annuels du troupeau se composent toujours detoisons et de viande, sous forme de brebis, plus de béliersou de viande, sous forme d'agneaux ou de moutons, suivantqu'il s'agit de l'un ou de l'autre des deux modes d'entrepriseénoncés plus haut.Dans les conditions actuellement les plus générales, cesproduits sont diminués, dans tous les cas, de l'amortissementnécessaire pour couvrir ladépréeialion que subissentles brebis en vieillissant, el de ce qui eût été encaissépar le fait de leur vente au moment où elles avaientatteint leur maximum de valeur.Pour bien faire comprendre l'avantage de la pratiquerecommandée, prenons comme exemple un troupeaucomptant 100 brebis, et faisons-les renouveler en huitans, d'une part, en trois ans au plus de l'autre. Dans lesdeux cas, le nombre des toisons à vendre chaque annéerestera toujours le même, et les comptes s'établiront dela manière suivante, pour les sommes encaissées, provenantà la fois des toisons, des brebis et des agneaux vendus.Le nombre de ceux-ci sera, bien entendu, moinsgrand dans le cas du renouvellement triennal des mères,à cause des agnelles qui devront être conservées pourremplacer les brebis livrées au marché.Premiercas.100 toisons f500 kil. laine en suint à 2 fr. 40 le kil j. 1,200 fr. »12,5 lu el.is reforn,M-s À 4-> fr. l'une 502 fr. oui>2 agneaux gris, à 35 fr. I un 2.870 fr. »Tolal 4,632 fr 50


ADMINISTRATION DU TROUPEAU.Deuxième cas.,nn . • .. 1,200 fr.100 toisons ,'ur.Kfr33,3 jeunes brebis à 60 fr. l'uneî ' a ,r -62 agneaui gris, à 35 fr. l'un • 2,1'° fr -Total5,368 fr.L'alimentation consommée annuellement par cent brebiset par leurs agneaux, que nous comptons au nombre de95, aura fait entrer en caisse, dans le premier cas, unevaleur de 4,632 fr. 50, et dans le second une de 5,368 fr.C'est donc, au bénéfice du mode d'exploitation que nousrecommandons, une différence de 735 fr.A la bergerie, les diverses catégories résultant desdivisions établies doivent être logées séparément. Lesnécessités de l'alimentation, encore plus que celles d'unsarvice bien ordonné, en l'ont une obligation. On sait queles coefficients digestifs diffèrent selon les âges. Laration des mères ne peut pas être convenablement constituéecomme celle des amenais, celle-ci comme celle desagneaux sevrés.Par les moyens que nous avons indiqués (t. I, p. 305),la bergerie sera donc partagée en autant de compartimentsqu'il y a de divisions dans le troupeau, plus un aumoins pour faciliter le service du nettoyage et celui delàdistribution de la nourriture, comme nous le verrons plusloin.Les râteliers bien construits et mobiles, comme ceuxqui sont employés à la bergerie de l'école de Grignon,par exemple, fournissent le meilleur mode de division encompartiments, parce qu'ils permettent d'étendre ou derestreindre ceux-ci à volonté, selon le nombre des individusà loger.Marques. — Un bon berger connaît tous les individusde son troupeau et les distingue à première vue, de façonà pouvoir attribuer sans hésitation chacun à la catégorieà laquelle il appartient. Mais il faut encore que ces individuspuissent être désignés, que les ordres qui les con-


MARQUES. 215cernent puissent être donnés à distance et exécutés sanschances d'erreur.Tout le monde est d'accord pour admettre que le meilleurmoyen de désignation est un numéro d'ordre.Le numérotage est par conséquent universellementadopté. Il s'applique à l'oreille et de deux façons : ou bienpar des chiffres tatoués, ou par des signes conventionnels,qui sont des entailles ei des trous. Les premierssont pratiqués à l'aide d'une pince spéciale (fig. 41), lesFig. 41. — Pince à tatouer pour le nurnorvtage des moutons.F g V2. — E iifoi te-pifece pour le numérotage île.-, moutonsseconds à l'aide d'un emporte-pièce (fig. f vi\. On se procurefacilement ces pinces citez les fabricants d'instrumentsde chirurgie vétérinaire, à Paris.Les chiffres tatoués ont le double inconvénient d'êtrebeaucoup moins facilement lisibles et d'une applicationtrès-compliquée, d'exiger de l'encre et tout un appareilinstrumental délicat. Ils exigent, pour être lus, qu'onsaisisse l'animal, qu'on l'arrête et qu'on lui étale l'oreille,ce qui n'est oas toujours commode, le dérange et prend


216 AOMINISTRATION DU THOUPEAU.au moins du temps. Les entailles, au contraire, se voienttout de suite, même à distance, se lisent sans difficultéde tpi'on possède la clé de leur valeur, et se pratiquentrapidement avec un seul instrument.Celte clé peut varier au gré de chacun. Elle a unegrande analogie avec celle des marques usitées pour lejeu de piquet. Voici (fig. 43) celle qui est atloptée pour let oupeau de l'École de Grignon. Elle permet d'atteindrejusqu'à des nombres plus que suffisants pour tous lescas. On voit que lesentailles du bord supérieurde l'oreillegauche représententles imités ; celles duFig. 'Ci. — Valeurs des marques aux oreilles.bord inférieur, lesdizaines; celle de lapointe, qui est toujoursseule, vautcinq unités. A l'oreilledroite, les entaillesdu bord supérieurreprésententles centaines; celles de l'inférieur valent cinq cents chacune;celle de la pointe vaut cinquanle, et un trou danscette même oreille vaut mille.Le numérotage permet aussi de marquer les divisionsdu troupeau. Il suffit pour cela de le partager en séries.Ainsi, tous les numéros de la même série appartiennentà la même division. Et comme chaque année il se produitdes vacances dans chaque série, quand on suit le moded'exploitation que nous préconisons, cela entraîne dansles séries un roulement régulier.Ce système de séries de numéros nous parait préférableaux marques en lettres ou en chiffres appliquées sur latoison avec de la peinture. Celles-ci ont l'inconvénientd'altérer toujours quelque peu la toison, ce qui est à considérerpour les bètes à laine fine.Le iiiimi'i'ol.'iLM' s'applique aux agneaux après leursevrage, alors qi'ils prennent une place déterminée dans


REGISTRE DU TROUPEAU. 217le troupeau. Jusqu'à ce moment, ainsi que nous l'avonsdéjà dit, chacun d'eux a porté au cou le numéro de samère écrit sur une petite plaque de bois ou de métal, quilui a été attachée aussitôt après sa naissance.Registre du troupeau.—Tout individu faisant partiedu troupeau doit être immatriculé sur un registre spécial,avec indication des particularités qui peuvent faire jugerde sa valeur comme reproducteur, de façon à ce qu'enconsultant ce registre on puisse être renseigné, non seulementsur ses qualités individuelles, mais encore surson atavisme. Avec un tel registre bien tenu, le propriétairedu troupeau pourrait combiner ses opérations etdonner ses ordres au berger, sans sorlir de son cabinet,celui-ci fût-il situé à une longue distance de la bergerie,à la ville par exemple.Les registres matricules ont été institués d'abord enAllemagne, pour les troupeaux de mérinos, et particulièrementen vue de l'amélioration des toisons. Il y alieu maintenant de les simplifier beaucoup, en tenantcompte des progrès réalisés par la science dans la technique.Plutôt que des détails descriptifs, un modèle fera biencomprendre les indications utiles à consigner sur le registredu troupeau. Nous donnons d'autre part ce modèle,sauf rectifications ou additions suggérées par les cas particuliers.Les plus utiles de ces indications sont celles qui concernentles qualités liérédiiau'es sur lesquelles la gymnastiquefonctionnelle n'a aucune action, par conséquentcelles qui se rapportent à la toison.Au sujet de leur formule, on se reportera, bien entendu,aux détails donnés précédemment sur la sélection zootechniquepour l'attribut en question. On ne saurait lesexprimer avec trop de précision. C'est pourquoi il convientde renoncer a l'emploi des locutions du langage del'empirisme, dont le sens [jurement conventionnel peutêtre mal interprété. Ainsi, mèche longue, nn-thc courte,brin fin, brin luperjin, etc., sont des termes dont la signi.ncation n'a rien de nettement déterminé, tandis que lesv. 13


218 ADMINISTRATION DU TROUPEAU.mesures métriques ont nécessairement la même significationpour tout le mondeLe nombre dos colonnes, et conséquemment celui desrubriques, peut être augmenté ou diminué, suivant les circonstancesdans lesquelles le troupeau est exploité. Ilsera plus grand, par exemple, dans le cas où la productiondu lait se joindra à celles de la laine et de la viande,et où il y aura lieu dès lors de tenir compte particulièrementde l'aptitude laitière pour la faire développer deplus en plus par la sélection des reproducteurs.A l'égard des appréciations pour lesquelles il n'y apoint de commune mesure, métrique ou autre, on pourraadopter, pour son usage, des signes conventionnels. Ilsera bon toutefois d'en consigner une définition approximativeen tête du registre, afin que l'histoire du troupeaune soit point perdue pour les successeurs entre les mainsde qui ce registre pourrait tomber.L'indicalion du résultat des pesées mensuelles est unede celles auxquelles il y a lieu d'accorder la plus grandeimportance. C'est elle qui fournit le meilleur contrôle dela conduite journalière du troupeau et qui est le critériumle plus sûr de la marche de son amélioration. On ne sauraitl'exiger trop rigoureusement.Les agneaux n'étant immatriculés qu'au moment deleur marque, ils sont inscrits d'abord sur un registrespécial, dit livre des agneaux, qui porte le numéro de lamère, celui du père, la date de la lutte, la date de la naissance,le sexe de l'agneau. Le numéro de celui-ci étantprovisoirement celui de sa mère, comme nous le savons,il n'y a pas lieu de l'indiquer. Les indications sont ensuitetranscrites sur le registre lors de l'immatriculationdéfinitive.Logement du troupeau. — La construction des bergeriesconcerne les architectes qui s'occupent spécialementdes bâtiments ruraux. On pourrait donc renvoyer àleurs ouvrages pour cette partie de l'administration destroupeaux. Mais en prenant connaissance de ces ouvrages,il est facile de s'apercevoir que leurs auteurs auraienteux-mêmes grandement besoin d'indications. Nous devons


Observations.*ni*dnoJi ry sii-io* *l sp ;;PK•0|im e inb joi[oq np „^'9\\x\\ aiaiinAï'l B[ ?p SKQ1 IJtHÏUÏUJJati «3-4T5UIi'.iu 9•-i.ru 'j1~".„:.„r c "1 >;|1( •••j? " »\ ••;•- »l L'-.t. li*;u } ! ii pi[ -»p »|f(J•»«Sïjnauieuu »n


220 ADMINISTRATION DU TROUPEAU.donc exposer ici les exigences à la fois hygiéniques etzootechniques auxquelles il s'agit de salisfaire, pour prépareraux Ovidés le logement le plus convenable, durantle temps qu'ils ne peuvent point être gardés en plein air,dans les exploitations agricoles. Le régime exclusivementpastoral devient de plus en plus exceptionnel dansnos régions. L'exploitation perfectionnée des troupeaux,surtout quand ils ont un fort effectif, exige impérieusementpour eux un logement à l'intérieur de la ferme,encore bien que l'inclémence du climat n'en ferait pasune obligation, pour leur assurer un abri durant la mauvaisesaison.Ce n'est pas précisément contre le froid que cet abrileur est nécessaire. Protégés par leur toison, les moutonssupportent, sans en souffrir, des températures assezbasses. Il est rare que, dans nos climats tempérés, àmoins de grands froids exceptionnellement persistants,ou durant l'agnelage, ils en soient incommodés. Lesgrandes pluies, au contraire, leur sont toujours nuisibles,mais moins à la santé qu'à la fonction économique, àcause des altérations qu'elles peuvent occasionner dansle lainage. Par contre, ils sont tous, sans exception,extraordinairement sensibles à la chaleur. Dès que latempérature extérieure dépasse une certaine limite, lagêne qu'ils en éprouvent s'accuse par une respiration précipitée,qui devient bientôt haletante, el cela d'autantplus qu'ils sont davantage perfectionnés dans le sens del'aptitude à l'engraissement ou que leur toison est plusétendue et plus tassée. Naturellement, les Ovidés viventsur les lieux élevés, où l'atmosphère est pure et fraîche.Ils se sont, dans l'état domestique, accommodés jusqu'àun certain point à l'existence des plaines ; mais ils n'ypeuvent conserver à peu près toute leur vigueur qu'à lacondition d'y trouver la fraîcheur atmosphérique qui leurest impérieusement nécessaire.Cette considération domine toute l'hygiène des habitationsqu'on leur prépare, soit pour les abriter contre lesintempéries, soit pour faciliter leur alimentation, ce qui,au point de vue zoolechnique, est encore plus important.


LOGEMENT DU TROUPEAU. 221La première condition de bonne disposition pour unebergerie est donc que sa construction so't telle qu'ellepuisse être suffisamment aérée. Les anciens hygiénisteset la plupart de ceux du temps présent, se fondant surles idées admises au sujet de la fonction respiratoire,envisagent le sujet en se préoccupant surtout d'assureraux êtres vivants la quantité d'oxygène ou d'air respirablequ'ils croient indispensable pour le bon entretiende cette fonction. Ils calculent en mètres cubes la capacitédu local, en dessous de laquelle il y aurait selon euxinsuffisance.Il est connu aujourd'hui, depuis les études de Pettenkoferet celles de Max Maerker, que dans toute habitation,si restreinte qu'elle soit, la quantité d'oxygène est toujourssuffisante pour les besoins respiratoires du sang,en vertu du renouvellement qui s'en opère sans cesse autravers des parois plus ou moins perméables. Il est constatéaussi que quelle que soit la capacité du local et conséquemmentla pureté de son atmosphère, il devientgênant pour la respiration, surtout pour celle des moutons,dès que la température de cette atmosphère dépasseune certaine limite, voisine de 18" centigrades.Là est donc le problème essentiel dans la dispositiondes bergeries. Elles doivent être construites de façon àce que leur température puisse être facilement maintenue,dans la saison chaude, au-dessous de cette limite, etaussi à ce que, dans la saison froide, elle ne s'abaissepoint trop. Non pas que la température basse puisse êtreréellement nuisible à la santé, comme nous l'avons vuplus haut; mai» parce que le froid, en activant les échangesnutritifs, accroît en pure perte les frais d'entretien. Atous les points de vue, la bonne température des bergeries,comme celle de toutes les autres habitations desanimaux, est comprise entre 12° et15° centigrades.Deux dispositions se prêtent, à des degrés divers, lemieux à la réalisation de cette condition. L'une consisteà loger les moutons sous des hangars pourvus, du côtéouvert, d'un mur élevé seulement à la hauteur d'appui etdans lequel sont percées les portes d'entrée. L'orienta-


222 ADMINISTRATION DU TROUPEAU,tion est choisie de façon à ce que l'ouverture ne soitpoint du côté d'où viennent les vents régnants habituels,non plus que les longs rayonnements solaires. De lasorte, la température ne s'élève jamais trop à l'intérieurde l'habitation. On en peut voir un bon spécimen à Villars(Nièvre), dans l'exploitation de M. de Bouille, où setrouve, comme on sait, un troupeau d'élite composé desoulhdowns.L'autre disposition, encore meilleure, à notre avis,mais plus coûteuse, combine la bergerie ouvette ainsiavec la bergerie fermée. C'est celle qui a été adoptée àl'École de Grignon. Du côté nord, la bergerie est flanquéede hangars ouverts à tous les vents et communiquantavec elle par des portes. Hormis dans les temps les plusfroids et durant l'agnelage, ces portes restent ouverteset les animaux, quand ils (''prouvent le besoin de serafraîchir, les franchissent pour aller se mettre à l'airlibre. De cette façon, ils ne sont jamais sérieusementincommodés, ni par la chaleur ni par le froid. Lorsqu'il ya lieu de les maintenir vers le maximum de températureindiqué, les portes sont fermées, et au besoin les fenêtresaussi ; dans le cas contraire, tout reste ouvert; et en lesobservant attentivement on s'aperçoit bien que ce n'estpoint par pur caprice qu'ils habitent de préférence tantôtla bergerie et tantôt le hangar.Sur la forme à donner aux portes, nous avons eu l'occasionde nous expliquer à propos des mères en gestation,en vue desquelles il y a lieu surtout de prendre desprécautions. LPS fenêtres, nécessaires pour l'aération quidoit chaque jour, mais particulièrement au moment dunettoyage de la bergerie, faire évacuer les gaz odorantsqui incommodent les animaux et altèrent souvent leurstoisons, seront nombreuses plutôt que grandes et situéesaussi haut que possible, près du plafond qui ne sauraitêtre trop élevé. Il est, en outre, toujours bon que la bergeriesoit bien éclairée. La lumière y doit pénétrer largementpar les fenêtres, mais d?. même par les portes, placéesen regard de colles qui ouvrent sur le hangar et quià cet effet seront à claire-voie.


tooKvorr DU TROUPEAU. 238L'étendue superficielle de l'aire de la bergerie dépend,bien entendu, non seulement du nombre de sujets à loger,mais encore de la race ou plutôt de la variété à laquelleils appartiennent, c'est-à-dire de leur taille et de leurvolume. Le problème est qu'ils puissent tous s'y reposerà l'aise. En tout cas, un véritable troupeau, comptant uneforte proportion de mères, exige plus de place qu'unetroupe de moutons de même effectif. Au minimum, cetteaire ne peut guère descendre au-dessous de 0 m 50 carréspar tête. Il faut ensuite tenir compte du courant de mangeoirenécessaire pour que tous les individus puissentprendre à l'aise leur nourriture, et qui dépend, lui aussi,du volume de ceg individus. De 0» 25 à O* 30 sont suffisantspour les petites variétés; il en faut jusqu'à 0'" 40pour les plus grandes. On doit tenir compte de l'espaceque prennent les râteliers, d'après ces bases, dans lecalcul de l'étendue totale à donner à la bergerie.Ces râteliers avec leur mangeoire peuvent être fixes etplacés le long des murailles de la bergerie ; mais là n'estpas, à coup sûr, la meilleure disposition. Il est absolumentnécessaire que la bergerie soit divisée en plusieurscompartiments, afin que chaque catégorie du troupeausoit logée à part. L'alimentation ne pe il pas être la mêmepour les mères, par exemple, pour les agneaux gris etpour les amenais. Les agneaux de lait ne peuvent pasvivre avec ces derniers, pas plus que les agneaux béliersne peuvent vivre ni avec leurs mères ni avec leurs sœurs.Le meilleur moyen, le moyen le plus pratique pour établirces compartiments, est de se servir des râteliers enles rendant mobiles. Cela permet d'élargir ou de rétrécirles compartiments, d'en augmenter ou d'en diminuer lenombre, selon les besoins et à volonté. Il est bon aussidepouvoir les élever à mesure que la couche de furnicrou de litière s'épaissit, sur l'aire. Dans les bergeries bienaérées, comme on vient de le voir, il n'y a que des avantagesà ne pas enlever souvent le fumier, pourvu qu'ilsoit recouvert de litière propre chaque fois que cela estnécessaire, afin que les toisons ne soient point souilléespar les déjections.


224 ADMINISTRATION DU TROUPEAU.On a proposé et construit plusieurs formes de ces râteliersmobiles. La meilleure, à notre avis, est celle quiest usitée à la bergerie de l'École de Grignon. Elle est lameilleure parce que, remplissant parfaitement son officepour former les séparations, elle a en outre l'avantage demettre les toisons sûrement à l'abri contre la chule desdébris de fourrage et des poussières. Il ne nous appartientpoint de la décrire ici. Nous devons nous borner à lasignaler, en indiquant où ceux qui voudraient la fairecopier pourront s'adresser pour l'étudier. Il est permisde s'étonner de n'en point trouver la description dans lestraités les plus récents sur les constructions rurales.Peut-être l'abstention des auteurs a-t-elle pour causeun prix de revient élevé. Mais notre rôle à nous ne seraitpoint de nous arrêter à cette considération, en raison del'évidente supériorité zootechnique que nous lui reconnaissons.Alimentation. — L'empirisme a accumulé, sur ce quiconcerne l'alimentation des troupeaux de moutons, lesrésultats les plus singuliers, en cherchant à calculer lesrapports numériques entre les aliments consommés etles produits obtenus.Thaer, Pabst, Block, Weckherlin, Rohde et autres, ontcherché à déterminer, par exemple, la quantité de foinnécessaire pour produire un kilogramme de laine. Weckherlinfixe cette quantité à 42 kilogr. ; Rohde à 40. Blockdistingue entre la laine fine et la laine commune ; il faudrait,d'après lui, 38 kilogr. de foin pour produire 1 kilog.de la première et seulement de 18 à 20 pour 1 de la seconde.Selon Pabst, la production du kilogramme de lainefine (electa) exigerait 47 kilogr. de foin, celle du kilogrammede laine commune seulement 26 kilog. D'après Thaer,25 kilogr. de bon foin seraient suffisants pour obtenir lekilogramme de la lai ne la plus fine.De tels nombres, s'ils étaient piris au sérieux (et il nemanque pas d'auteurs qui les ont répétés sans commentaire),conduiraient à d'étranges conclusions.D'abord, ainsi que nous l'avons fait remarquer depuislongtemps, il en faudrait conclure théoriquement qu'il


ALIMENTATION. 225entre plus de substance ou de matière dans un kilogrammede laine fine que dans un kilogramme de laine commune,ou inversement, ce qui serait absurde. Les auteurs empiriquesque nous venons de citer n'ont pas aperçu cetteconséquence singulière de leurs raisonnements, qui eûtsuffi, s'ils y avaient songé, pour mettre en évidence àleurs yeux le vice radical de la méthode de recherchequ'ils avaient suivie.Il faut supposer que dans leurs essais comparatifs ils'agissait toujours de la même qualilé de foin, par conséquentde la même quantité de substance sèche alimentaireet digestible. Dès lors on ne comprendrait plus quele diamètre des brins de laine produits avec cette substanceeût de l'influence sur sa transformation.Du reste, nous pouvons montrer comment l'illusions'est produite, en résumant notamment les recherches deRohde, déjà citées par Lefour (1).lia opéré sur trois lots de moutons, choisis dans desconditions aussi égales que possible et nourris du1er juin 1850 au l' r mai 1855 avec des rations différentes,représentant pour le premier lot 1,35 en foin du poids vifdes animaux, ou 2,80 pour 100 ; pour le deuxième, 1/29 ou3,8 pour 100; pour le troisième, 1/23 ou 4,3 pour 100.Ces lots, tondus le 1" mai 1851, ont produit :Laine Laine Laine d^grais éeen ?uml. lav*.e. a l'eiher.l'r lot il-li 10 -l'k 1O202« lot 29.13 V.îM\ 12,113* lot 33,20 20,12 14, IX)En calculant le rapport, entre les aliments consommés etla laine produite, l'auteur estarrivéaux résultats suivants :Poid^ t\i foin Poid< de foincoii-ommé coii-oinmfepour 1 kil dt: laine pour 1 kil.


226 ADMINISTBATION DU TROUPEAU.Ainsi l'on voit par là simplement que, dans la recherchede Rohde, la quantité de substance laineuse obtenue n'apas été proportionnelle à la quantité de substance alimentaireconsommée, qu'il n'y a eu aucun rapport nécessaireenlre les deux substances. On voit aussi que dans larecherche le problème de ce rapport n'était d'aucunefaçon posé et que la conclusion tirée n'est non plus d'aucunefaçon contenue dans les résultats.Cette conclusion, que répète Lefour, se formule, selonlui, de la manière suivante : « Il résulterait de là, dit-il,que la proportion de 2 à 2,8 pour 100 serait le chiffre dela ration la plus convenable pour les moutons élevés particulièrementdans le but de la laine et auxquels on nedemande que ce produit, ce qui, pour un mouton ordinairede 40 kilogr., constitue une ration de 1 kilogr. à1 kilogr. 20 par tête et par jour.Il n'y a point, nous le savons, de moutons qui doiventêtre ainsi élevés particulièrement en vue de la laine etauxquels on ne demande que ce produit. Il n'est pas possiblede séparer la production de la laine de celle delàviande. Les troupeaux dont i'adminislration a pour baseune telle séparation sont des troupeaux mal administrés.Les résultats qui viennent d'être cités le font voir euxmêmesde la manière la plus évidente. Ils montrent qu'audelà d'un certain taux d'alimentation, en dehors de touteconsidération de composition de la nourriture, sur laquellenous allons revenir, les aliments consommés sont perduspour la production, puisque le produit n'augmente pointproportionnellement. Or il serait facile de prouver que ladétermination précise de ce taux est impossible dans lapratique.Il faudrait, en effet, bien se garder de prendre au sérieuxles proportions de 2 à 2,8 pour 100 du poids vifindiquées tout à l'heure, d'après fiobde, encore bien queces proportions ne seraient poinl établies sur un étalonabsolument dépourvu de fixité. Avec nos connaissancesactuelles, l'appréciation des propriétés alimentaires dessubstances végétales en valeur de foin ne peut plus êtreadmise.


ALIMENTATION. 227On sait, en eflet, que cette valeur est elle-même essentiellementvariable, qu'il y a des foins de toutes lesrichesses et par conséquent de toutes les valeurs nutritives,parce qu'ils présentent les degrés de digestibilitéles plus divers. On sait aussi qu'il n'y a point de rapportsd'équivalence possibles entre le foin et les autres alimentsd'ordre différent. Les affirmations contraires ne s'appuientsur aucune démonstration expérimentale et sont contreditespar tous les résultats précis de l'expérimentationscientifique.En laissant de côté cette difficulté, pour adopter lesbases de calcul maintenant admises par tous les auteursau courant de la science, on n'arrive point à des résultatsplus pratiques. Les chimistes agricoles de l'Allemagnese sont donné beaucoup de peine pour essayer de déterminerce que nous nommons la ration d'entretien (Beharrungsfutler)du mouton. Henneberg (1), notamment, s'estlivré à cet égard à de nombreux calculs. Il en a été demême d'Emile Wolff (2).D'après le premier, pour fournir suffisamment à l'entretiendu corps des moutons adultes, à l'exclusion de lacroissance de la toison, il aurait fallu, dans les cas considéréspar lui, pour 1,000 de poids vif, en moyenne 2 deprotéine (matières azotées) et 12,7 de matières non azotées.Les écarts entre les résultats de sept expériences,pour des années différentes, se sont montrés de 1,7 à 2,3et de 11,3 à 15,2. Ils suffisent pour que de tels résultatsne puissent point être utilisés dans la pratique, encorebien qu'il y aurait lieu de se poser de semblables problèmes.La production journalière de la laine par 1,000 de poidsvif a été, en moyenne de ces sept expériences, avec l'alimentationd'entretien, seulement de 0,141. Hennebrrf; enconclut que la croissance de lalaine n'est pas nécessairementinfluencée lorsque l'animal perd de son poids, maisque cependant elle subit un temps d'arrêt dès que l'amai-(1) HENNEBERG, Neue Beitraege, etc., 1871, p. 208(2) Emile WOLF, Die Ernaehrung, etc., toc. cit., p. 420.


228 ADMINISTRATION DU TROUPEAUgrissement dépasse une certaine limite. On le comprendsans peine.Emile Wolff conclut, de son côté, d'une expérience analogueexécutée à Ilohenhein sur des moutons wurltenbergeoismétis de mérinos, âgés de trois à quatre ans,que pour suffire à l'entretien de tels moutons il faut, par1,000 de poids vif, une ration journalière contenant à peuprès 1,5 de protéine digestible et 12 d'éléments nonazotés, avec 21 à 25 de substance sèche totale.Le même auteur a voulu aussi étudier la croissance dela laine sous l'influence de diverses sortes d'alimentation.Au commencement de sa recherche, deux moutons de lamême race et dans le même état corporel ont ététondus.En comparant le résultat de la tonte, admis commereprésentant la moyenne du poids de laine de tous lesanimaux, aux poids trouvés à la fin de l'expérience, onest arrivé aux résultats suivants, pour les quantités produitespar chacun des lots de 6 moutons sur lesquelsavait porté la recherche :Du 18 mai au 21 mai de l'année i il m iv vsuivante (368 jours) 27,16 25,78 27,65 29,49 26,78Du2janvierau 21 mai (121 jours) 7,71 6,33 8,20 10,4 7,33Composition de la toison :Humidité, o/ 0 io,3 9,5 10,0 10,2 9,8Matières grasses, "/„ 23,8 25,9 25,5 23,2 26,3Laine pure, % 65,9 64,6 6i,7 66,6 63,9D'après ces nombres, une alimentation riche en azote,composée de foin de pré et de fèves concassées, consomméepar les lots III et IV, aurait fait produire enquatre mois plus de laine que l'alimentation composée depaille et de betteraves, et consommée par les lots I et II ;mais, d'un autre côté, la production laineuse du lot V,dont l'alimentation était absolument insuffisante, auraitété aussi élevée qu'avec cette même alimentation d'entretien.D'où l'auteur conclut que chez le mouton nourriparcimonieusement, c'est avant tout la production de la


ALIMENTATION. 229substance laineuse et du suint qui a lieu, et que quandles éléments ne s'en trouvent pas en quantité suffisantedans l'alimentation, ils sont empruntés à la masse desorganes de l'animal.Il est trop facile de voir que dans toutes les expériencesde ce genre, les résultats ne peuvent manquer d'êtreinfluencés, d'une part, en raison du coefficient de digestibilitédes aliments composant la ration, d'autre part,en raison du coefficient de digestion de l'animal nourri.Les follicules laineux et les glandes grasses de la peauont une aptitude déterminée pour la production de lasubstance laineuse et du suint. Dans les limites de cetteaptitude, ils fonctionnent tant que le sang leur fournit desmatériaux, et celui-ci les leur fournit en proportion de cequ'il reçoit par l'alimentation. S'il y a excédant, le surplusprofite à l'accroissement du corps, en s'accumulant dansle tissu conjonctif.La conclusion pratique de cela, c'est que la recherchedu quantum auquel peut être réduite l'alimentation dutroupeau, afin de l'exploiter dans les condilions les pluséconomiques, est purement oiseuse. Nous pouvons allerplus loin et dire que cette recherche est en oppositionavec les donnés générales de la <strong>zootechnie</strong> moderne, quidéfendent d'envisager la production de la laine indépendammentde celle de la viande. Si les savants allemandsse sont posé un tel problème, et si des auteurs françaisse sont laissé entraîner à leur suite, c'est qu'ils n'ontpoint compris les véritables fonctions économiques desmachines animales en question.La notion exacte de ces fonctions économiques, telleque nous l'avons développée dans le premier chapitre dece volume, a pour corollaire cette autre nolion, relative àl'alimentation des troupeaux : que dans toutes les conditionspossibles leur meilleure administration n'est assuréeque par une nutrition au maximum de tous les individusqui les composent, quel que soit leur âge ou à quelquedivision du troupeau qu'ils appartiennent. Ils n'arriventau maximum de produit ou de profit que par là. Économiserla nourriture, ce n'est point l'épargner, c'est lui


230 ADMINISTRATION DU TROUPEAU.faire produire son plus grand effet utile, autrement ditlui faire atteindre son maximum de digestibilîte.Du reste, si les recherche* des savants allemands,relatives à la détermination du quantum suffisant delàration journalière pour la production de la laine, ont eupour base une erreur économique, celle des empiriquesdont nous avons parlé en commençant sont en outreentachées d'une confusion. De plus, elles sont contradictoires.Nous avons vu que les uns attribuent la plus fortedépense en foin à la laine fine, les autres à la laine communeou ordinaire ; qu'entre les quantités nécessairespour produire le kilogramme de laine il y a de très-fortsécarts. Tandis que Pabst, par exemple, fixe à 47 kilogr.la quantité exigée pour la production du kilogramme delaine fine, Thaer admet que 25 kilogr. sont suffisants.De telles dissidences ne seraient point possibles entreles solutions individuelles d'un même problème poséscientifiquement. Elles ne peuvent tenir qu'à l'absence dedéfinition de ce problème. Les auteurs ont évidemmentconfondu le problème physiologique de la croissance dela laine, ou de son élaboration par les follicules delàpeau, avec le problème économique de l'entretien desdiverses sortes de moutons mérinos. Ils ont confondul'aptitude digestive avec l'aptitude de la peau. Les unsont opéré sur des mérinos negrettis, les autres sur desélectoraux, dont les puissances digestives sont, commenous le savons, très-différentes. Rien de surprenant à ceque les résultats aient, différé, à ce que les alimentsn'aient pas été utilisés au même degré.On trouvera l'explication scientifique de ces faits dansles résultats des expériences de Krocker, que nous avonsdéjà cités. Ils montrent que les mêmes aliments sontutilisés par l'électoral dans la mesure de 9,7, et par lenegretti danc; celle de 3,17 seulement, tandis qu'ils lesont dans celles de 10,1 ! par le southdown-mérinos etde 12. 2 parle southdown pur. La quantité de laine produitepar un poids vif déterminé de chacune de ces sortesde moutons restant la même ou peu différente, il est clair


ALÎMWJTATIOM. 231• •Kque celle des negrettis paraîtrait avoir exigé une quantitéd'aliments au moins"trois fois aussi forte.Ce n'est donc point ainsi que les questions d'alimentationdes troupeaux peuvent être utilement posées. Lesconnaissances expérimentales acquises à la science surle fonctionnement de l'appareil digestif, chez les Ovidéscomme chez les autres genres d'animaux, ont des applicationsde tous les instants, et elles doivent être toujoursprésentes à l'esprit de l'administrateur d'un troupeau.Mais c'est à un tout autre point de vue qu'il faut les envisager.Pas plus ici qu'ailleurs elles n'ont la valeur absolueque les chimistes agricoles se montrent trop disposés àleur accorder. Leur plus grande utilité est précisémentde fournir des éléments certains pour la déterminationdes conditions dans lesquelles l'exploitation des troupeauxdoit atteindre son plus grand effet utile. Elles expliquentles faits empiriquement constatés et fournissentles rectifications que quelques-uns d'entre eux comportent.Comme toujours, il est évident que les Ovidés, audouble point de vue de la production de la laine et decelle de la viande, qui se présente dans tous les cas, nepeuvent que gagner à être nourris au maximum, soit aupâturage, soit à la bergerie. Le troupeau étant bienadministré, plus ils mangent, plus ils produisent. Poureux aussi l'appétit est la seule norme pratique de l'alimentation.Dans presque toutes les contrées de l'Europe, onobserve des régions où le bétail est principalement constituépar les moutons. On les appelle, pour ce motif,« régions ameutons. » En France, les plaines delà Beauceet celles du Berri el de la Champagne, les plateaux de laBrie et du Sois-onnais, en Allemagne les plaines duNord, sont dans ce cas depuis un temps immémorial. Cen'e^t pas sans raison. Le système de culture de cesrégions est tel que, durant longtemps, seuls parmi lesanimaux domestiques, les Ovidés ont pu y subsister, etque maintenant encore ils sont incontestablement lesmeilleurs consommateurs des végétaux que leur sol semontre apte à produire.


232 ADMINISTRATION DU TflOUPBAU.En nous occupant des fonctions économiques, nousavons cité sur ce sujet de6 appréciations compétentes,relatives aux plaines de l'Allemagne du Nord, et fait voirl'importance de ces sortes de considérations, qui échappentsouvent à ceux qui, sans y être suffisamment préparéspar des études générales, écrivent sur les sujetsqui nous occupent. En France, il serait facile de citer descas d'agriculteurs qui, pour avoir voulu, dans nos régionsà moutons, comme en Champagne, par exemple, changerleur système de culture sous prélexte de progrès, ont vule produit net de leur exploitation considérablementbaisser. Ils l'ont attribué aux circonstances économiquesqui, à coup sûr, n'y étaient pour rien.Certes, les Ovidés peuvent être nourris et par conséquentexploités à peu près partout, leurs produits étantde ceux qui se transportent facilement au loin. Mais pouren tirer le meilleur parti, il est essentiel que leur moded'exploitation soit en rapport avec le système de culturequ'imposent les circonstances agricoles et économiques.Ce mode d'exploitation ne peut être le même dans la cultureintensive et dans la culture extensive, sur les solsriches et sur les sols relativement pauvres. Les alimentsproduits par les premiers doivent être utilisés autrementque ceux produits par les seconds. Sans cela, les effortsde la culture intensive, les frais qu'elle occasionne, neseraient point suffisamment rémunérés.L'entretien des troupeaux, dans le sens exact du mot,c'est-à-dire l'exploitation des Ovidés par leur reproduction,ne convient qu'au système de la culture extensive.Il en est ainsi parce que cet entretien est suffisammentlucratif à la condition seulement que les sujets dont secomposent ces troupeaux puissent trouver au pâturagela plus grande partie de leur alimentation. Ils utilisentainsi des herbes qui, sans eux, resteraient sans emploi,ne pouvant être consommées par aucune autre espèceanimale, soit à cause de la brièveté de leurs pousses,soit à cause de leur faible quantité. Les lèvres fines etles dents du mouton atteignent les herbes les plus ténues.On est surpris de voir subsister de nombreux troupeaux


PATURAGE. 233sur des espaces qui, au premier coup d'œil, semblentabsolument nus. Eux seuls peuvent les mettre en valeur.Dans la Crau d'Arles, par exemple, où de loin on n'aperçoitguère que des cailloux roulés, quel autre genre d'animauxpourrait trouver sa subsistance?Le pâturage des surfaces herbues « non fauchables »,selon l'expression de l'ancienne économie rurale,est doncla base fondamentale de l'alimentation du troupeau bienadministré.Dans les conditions les moins favorables, qui sont cellesdu régime pastoral, il la constitue exclusivement. Lesproduits de ce troupeau déterminent tout seuls le revenudu sol. Dans celles de la culture extensive, comportantun mélange de pâtures naturelles ou jachères, de pâturagescultivés, de fourrages et d'aliments concentrés,parmi lesquels le lupin, le seigle, la féverole, sont lesprincipaux, l'alimentation, plus régulière et plus abondante,permet de porter l'exploitation à son plus hautdegré, d'entretenir un plus fort poids vif d'animaux parunité de surface, et d'élever ainsi le revenu du sol.Mais dans tous ces cas ce n'est pas moins la consommationdes plantes vertes sur pied qui reste l'alimentationessentielle. Les cultures ont pour objet de la faire durerle plus longtemps possible el de pourvoir en outre auxbesoins du troupeau durant la saison d'hiver, en l'absencede toute végétation suffisante.Le règlement de son alimentation d'hiver, à la bergerie,est fondé sur les notions que nous avons déjà fait connaître,à l'occasion du régime qui convient, pour lesjeunes sujets. Nous y reviendrons, pour indiquer, enmême temps que la composition des rations convenablespour les mères et pour les béliers, les modes de distributiondes aliments à, toutes les divisions du troupeau.Pâturage. —Il faut d'abord nous occuper de l'exploitationdes pâturages. Nous ne saurions mieux faire qued'emprunter à Lefour (1) les détails qu'il a donnés sur cesujet.(1) LEFOUR, Le mouton, lor. cit., p. 2i9.


284 ADMINISTRATION DU TROUPEAU.c Ceux, dit-il, qui conviennent aux moutons sont, engénéral, les pâturages élevés, à herbe courte, sur terrainsec et imperméable, tel qu'un terrain sablonneux, sabloargileux,bien égoutté, calcaire, pierreux.« Les pâtures où le mouton réussit rarement sontcelles des vallées ou terrains bas, imperméables, plusou moins humides ou marécageux, à sous-sol imperméable.« Sous le rapport géologique, les pâtures où le moutonparaît mieux se plaire sont celles qui reposent sur lessols crayeux de la Champagne ; les grands plateaux oucollines de l'oolithe, tels qu'on en rencontre dans la Côted'Or,la Haute-Marne, les Vosges ; les grandes causses ouplateaux calcaires de l'Aveyron, du Lot; les calcairesalpins des départements de l'Isère, des Hautes et Basses-Alpes, etc. ; quelques plaines à sous-sol calcaire, tellesque la Beauce, le Gàtinais, etc.« Les pâturages naturels à moutons varient de valeurdans une assez grande limite; ceux du dernier rang nepeuvent plus même être utilisés souvent que par deschèvres. Telles sont certaines cimes abruptes des Hautes-Alpes, des Pyrénées, de l'Ardèche, de l'Hérault, etc. ; laplaine pierreuse de l'Auroc et les coteaux des Alpinesrentrent dans cette catégorie.« Viennent ensuite les pâturages des landes, qui, dansle Midi, prennent le nom de garrigues, et se composentde broussailles, de chênes kermès, de romarin, lavande,etc., et dans le centre est de la France de bruyères, degenêts épineux. Cette classe de pâtures est inférieure,du reste, pour la salubrité, aux garrigues, essentiellementfavorables aux moutons, mais dont la valeur estsingulièrement réduite par la chaleur du climat. Les boislurment un médiocre pâturage pour les moutons, surtoutquand lls sont très-couverts et remplis de broussailles;esi TrJuln ; auvaise qualité, et la laine des toisonsnue oh,, p, 153 S"épineS - Les bois d ' arhres ver^ telsque pns et sapins, convenablement amenais fournissentcependant des ressources utiles au ' patu-


PATURAGE. 235c Nous plaçons ensuite les pâtures de montagne, descausses, les pâturages de l'Isère et des Alpes; à un degrésupérieur viennent les pâtures naturelles que le moutontrouve dans quelques friches qui subsistent encore dansla Bourgogne, la Champagne, etc. Enfin, les prairiesnaturelles, plus spécialement consacrées à l'espèce bovine,reçoivent également, comme dans la Normandie, leCharolais, des moutons pour y être engraissés (commenous le verrons plus loin et ce qui est un tout autre moded'exploitation).« A l'automne ou dans le premier printemps, on faitquelquefois passer les moutons sur les prairies, soitaprès la coupe des regains, soit avant que l'herbe commenceà entrer en pleine végétation. Le pâturage d'automnedes prairies ou des herbages par les moutons neparaît pas nuisible lorsqu'on ne les fait pas brouter tropau vif; le tassement même du sol par le piétinementproduit un effet salutaire ; mais il n'en est pas de mêmedu déprimage ou de la pâture par les moutons au printempsqui, suivant que l'année est plus ou moins humideou sèche, que le pâturage est plus ou moins prolongé,peut amener une diminution sérieuse dans le produit dela fauchaison.« Le nombre de moutons que peut supporter un pâturage,par hectare, dépend de la nature de ce pâturage,de sa fertilité, de l'espèce qu'on veut y mettre, du butqu'on se propose d'atteindre dans la spéculation, du moded'aménagement, tels que l'entrée en pâture, la divisionen enclos successivement occupas, etc. Il est donc difficilede déterminer à priori le nombre de montons qu'onmettra sur un pâturage; on a d'ailleurs, à cet égard, desdonnées locales fournies par l'expérience; s'il s'agissaitde calculer certains pâturages temporaires, tels que :jachères, chaumes, regains, etc., on trouverait la mêmeincertitude ; on peut toutefois, pour établir ses prévisions,baser ses calculs sur le renflement présumé du pâturageen valeur de foin. : (Nous avons faii remarquer, à proposde l'exploitation des herbages par l'engraissement desbœufs (t. IV), combien une telle base est fautive, le


236 ADMINISTRATION DU TROUPEAU.rendement en matières nutritives d'un pâturage étantnécessairement de beaucoup plus élevé que son rendementen foin, à cause de la plus grande richesse et de laplus grande digestibilité des jeunes herbes.) « On déterminede la même manière l'espèce de moutons qu on ypeut (l'auteur cité dit qu'on y veut) mettre et la nourriturejournalière qui sera nécessaire à chaque animal, suivantle but qu'on se propose dans son entretien ; on spécifiealors le nombre de moutons qu'on peut mettre, soit pendanttoute la saison, soit pendant un certain temps.Weckherlin donne comme modèle de ce genre de calculune expérience faite à Hohenheim. Les pâturages à livreraux moutons se composaient de 24 hectares de gazonartificiel dont le rendement était estimé à 6 quintaux defoin, soit 144 quintaux ; de 140 hectares de chaumes etjachères, estimés 2 quintaux et demi pour la jachère et59 kilogr. pour les chaumes, soit 420 quintaux ; de 3 hectares5 de verger, chemins à gazons, de 27 quintaux, ci74.50 quintaux ; de 42 hectares de prairies sur pâture auprintemps, à 4 quintaux par hectare, ci 168 quintaux;25 hectares de chemins, cours, fossés, etc., dont la moitiéseulement comme pâturage naturel, soit 12 hectares 5 à150 kilogr., ci 187 quintaux.« En calculant à raison de 2 livres de foin par tête pendantdeux cent dix jours que dure ordinairement chaqueannée la saison de pâture, on aura pour chaque mouton-10 kilogr., nombre par lequel on divisera les 1,297 kilogr.,ce qui donnera 018. »Ce serait donc, d'après la manière de calculer de Weckherlin,GIS moutons qui pourraient être nourris sur lesétendues de pâtura-,, énumérées. Mais il faut bien prendregarde que si ses évaluations de la puissance productivede ces étendues sont justes, ce que nous ne sommespoint en mesure de contrôler, il n'en peut pas être decX e UJel de„?nr, ' a q " Ûtilf ''aUrihl "'' e a cl ' a q"e ^dividu.dei" do n "I -fr 1 6tre'âval, "- c ainsi 'No " s en avonsbet e,a 1 Tt vv "" '' aiS °" S 'A " " a l "^ comme à laprofitàw;profitable. I!I,fautique ne " ,a chaque!'° n a "individu maXimums'y1*remplisse est •"» Plusla


PATURAGE. 237panse deux fois par jour, en y séjournant environ troisheures chaque fois.Conséquemment, le calcul ne peut avoir pour baeeexacte que des pesées exécutées sur une dizaine d'individusdes tailles extrêmes, avant leur départ pourle pâturage et à leur retour, quand ils sont bien repus.La différence des poids donnera la moyenne de leur consommationjournalière en herbe par tête, en doublantcjtte différence et en divisant la somme par 10.L'évaluation du poids d'herbe que peut fournir un bonpâturage est plus difficile, car elle dépend beaucoup de lafaçon dont ce pâturage est exploité et aménagé. Elle dépendaussi de la façon dont le berger le fait consommeren conduisant son troupeau.« Un bon aménagement du pâturage, poursuit Lefour,peut en augmenter beaucoup les ressources; on devra,par exemple, ne pas trop le surcharger et lui laisser desintervalles de repos, afin que l'herbe reprenne plus devigueur ; on choisira dans ce but les moments où on peutprofiter d'autres ressources. Il est bon d'avoir en réserveun pâturage suffisamment garni d'herbes pour qu'ilpuisse, par exemple, en cas de mauvais temps, permettreaux moulons de se rassasier promptement pour êtreramenés à la bergerie ; on ne doit pas cependant abuserde ces pâturages et y laisser trop souvent le troupeau,dont les excréments finiraient par le fumer au delà detoute mesure, et y détermineraient une végétation tropluxuriante, peu favorable au mouton et peu recherchéepar lui.« La répartition des "bètes du troupeau en divers lotsauxquels on attribue différents pâturages, suivant leurnature, est très-importante. Cetle répartition se fait ordinairementd'après les principes suivants : les agneauxdoivent avoir la meilleure herbe, celle d'une digestionplus facile les béliers et les mères, ayant .1 fournir à lafois à la reproduction et à la croissance de la laine, recevrontune nourriture moins délicate, mais relativementaussi abondante et substantielle. Les moulons qu'onentretient seulement pour la laine (l'auteur était à cet


»38 ADMINISTRATION DU TROUPEAU.égard dans les anciennes idées, comme on voit) serontmoins exigeants ; néanmoins, la nourriture devra êtresuffisante et salubre...« D'après ces principes, les pâturages qu'on donnera àces différentes classes se différencieront de la manièresuivante :« 1° Aux agneaux, les pâtures les plus rapprochées,ayant une herbe courte et épaisse, d'une digestion facile;ces prairies doivent encore être situées sur un sol sain,pas trop sec cependant; 2° pour les béliers et les mères,on conservera un pâturage rapproché et assez riche etsalubre, pour les mères surtout ; 3° les agneaux gris etles antenais pourront être envoyés sur les prairies passablesassez éloignées, sur terrain sec, ayant une herbecourte et nourrissante; on y mettra également les moutonsqui auraient besoin de se refaire ; 4» les moins bonspâturages et les plus éloignés de l'habitation serontréservés pour les moutons qui ne sont pas à l'état d'engrais;enfin, les pâtures grasses, humides, peuvent êtrelivrées à des moutons d'engrais et à des brebis qui n'ontpas porté.« Le nombre des animaux à répartir dans chaque troupeaupour être confiés à un berger doit être tel que lesanimaux puissent être facilement conduits et surveillés,puissent en même temps pâturer à l'aise sans trop piétinerle pâturage. Lorsqu'on doit passer dans des cheminsétroits, au milieu de champs difficiles à garder, lestroupes seront moins nombreuses; elles seront égalementen rapport avec l'étendue des pâturages, à moins queceux-ci ne soient enclos et ne réclament pas la présenced un berger. Les troupes doivent s'élever à un certainchiffre pour économiser les frais de garde; sous ce rapport,on les fait descendre rarement, dans la grande cul-5^OAT^ 8 0 1 ' ' !e iM llMcs > CL nn n e dépasse pas 400à 500 II ne peut être ici question des pelit.es troupes de8 à 10 bêles ; on en rencontre quelquefois, conduites parles enfants, dans les pays de propriétés morcelées:cest un élevage misérable dont nous ne devons pas nousoccuper. »


PATUIUGK. 239On ne peut pourtant pas se dispenser de faire remarquerque notre auteur parle ici un peu légèrement de ceprétendu élevage misérable qui, dans certaines de nosrégions, fournit chaque année des milliers de moutons &la consommation, et qui, à ce titre, ne peut pas êtrenégligé. H y a tout avantage, aussi bien pour la nationque pour les possesseurs de ces petites troupes, à ce quecelles-ci soient conduites selon les enseignements de lascience. Le seul inconvénient qu'elles aient, inconvénientinévitable étant donné l'état de la propriété, c'est d'entraînerde grands frais de garde, qui sont d'ailleurs plusapparents que réels dans beaucoup de cas.f L'époque du pâturage varie évidemment suivant leclimat. Dans le sud de l'Europe, les moutons ne rentrentque très-peu de temps à la bergerie : il en est de mêmedes contrées plus au nord, mais à température hivernaleplus douce, comme l'Angleterre, dont les races souffrentmoins d'ailleurs que le mérinos de l'influence de l'humidité.Dans le centre et le nord de la France et de l'Allemagne,l'hivernage des moutons est plus prolongé.t Pendant les belles journées d'hiver, on laisse sortirtes moutons pendant quelques heures, mais ce n'est qu'auprintemps qu'on commence sérieusement la pâture.L'herbe nouvelle, encore aqueuse, convient peu au mouton,le nourrit moins ; il y a donc de l'avantage à attendrequ'elle ait pris un peu plus de consistance ; d'un autrecôté, en commençant le pâturage trop têt, on s'expose àvoir survenir la température d'hiver, ce qui force à remettrele mouton au fourrage sec, qu'il refuse quelquefois.f Dans les plaines du centre et du nord de la France,le pâturage commence quelquefois en mars, mais plusfréquemment en avril.t Lorsqu'on commence de bonne heure, on donne auxmoutons du fourrage sec à la bergerie avant leur sortie;l'estomac du mouton éprouve ainsi moins d'inconvénientspar l'ingestion d'une herbe fraîche et quelquefois humide;c'est du reste le moyen de passer insensiblementde la nourriture verte à la nourriture sèche.


240 ADMINISTRATION DU THOUPÏAU.« Le pâturage se prolonge, suivant les localités, jusqu'aumilieu et même à la fin de novembre; sa durée setrouve ainsi, dans les régions tempérées de la France etde l'Allemagne, de 170 à 180 jours.« Les moutons et les brebis qui n'ont pas porté, ainsique les troupeaux communs, peuvent supporter un pâturageplus prolongé. Des considérations particulières,telles que les regains, des fanes de betteraves ou denavets, des navets même à utiliser sur place, déterminentquelquefois une prolongation du pâturage, surtoutquand les ressources fourragères sont minimes.« C'est surtout pour la conduite du troupeau au pâturageque le concours d'un berger capable est essentiel;lui seul peut profiter des ressources du pâturage et lesrépartir avec soin, évitant, suivant la température et l'étatde l'atmosphère, les endroits nuisibles soit par l'humidité,soit par la nature et l'exubérance des plantes quis y trouvent; choisissant, au contraire, les parties sainesdans les temps humides, il ménage l'herbe et limite lesespaces sur lesquels peuvent s'étendre les moulons, leurfait d'abord tondre de plus près les parties broutées avantde les faire entrer dans l'herbe fraîche. Il a égalementsoin de tenir ces animaux suffisamment écartés. Il sait àquelle heure il doit les rentrer à la bergerie, quand ildoit les conduire en des endroits plus ou moins éloignés.Il sait éviter la poussière des chemins, qui salit, dessècheet dégraisse la laine, en même temps qu'elle fait souffrirle mouton ; il évite avec le même soin les terrains ferrugineux,marécageux, tourbeux, insalubres, quand ils sonthumides, et qui nuisent, quand ils sont secs, à la laine,par la poussière noire qu'ils y déposent.« Le berger doit disposer les choses de manière à pouvoir,pendant la saison chaude, faire reposer ses moutonsde dix à onze heures du malin, et vers trois à quatreheures de l'après-midi. Quand l'éloignemenl de la bergeriene permet pas d'y rentrer, il place ses moulons à l'ombre,sous un abri ou sous un groupe d'arbres. Dans les pâturageséloignés, il esl possible d'établir à peu de frais deshangars-bergeries qu'on utilise pour cet objet. »


PATURAGE. 241Il arrive aussi que pour faire consommer sur place lesfourrages verts cultivés pour la nourriture du troupeau elqui appartiennent ordinairement à la famille des légumineuses,on transporte sur le champ des râteliers spécialementconstruits à cet effet et montés sur des piedscroisés. Le fourrage fauché à mesure est déposé dans cesrâteliers, ce qui est plus commode et moins dispendieuxque de le transporter à la bergerie. Avec le trèfle, parexemple, on évite ainsi, en outre, les accidents de météorisme,fréquents lorsque les moutons le paissent surpied, surtout le matin et après qu'il a été chauffé par lesoleil, ou quand le berger n'a pas suffisamment surveillésa consommation.Un préjugé général fait attribuer à certaines plantes,qui se trouvent dans les pâturages à fond humide, uneinfluence nuisible. On les accuse de communiquer auxmoutons la maladie connue sous le nom de pourriture oucachexie aqueuse, dont l'existence est caractérisée extérieurementpar la pâleur et l'infiltration des conjonctives,parfois par la présence d'un œdème sous la gorge, et intérieurementpar celle d'un nombre plus ou moins grandde douves hépatiques (JJistoma heputica) dans les canauxbiliaires du foie.Ces plantes, dont les noms vulgaires varient selon leslocalités, appartiennent, pour la plupart, au genre renoncule.Leurs feuilles ont des formes fort analogues à cellesde l'helminthe hébergé par le mouton. C'est ce qui advnnélieu au préjugé.La vérité est qu'ici, comme dans le cas du tournis, ils'agit d'une affection parasitaire et que les embryons duparasite, du distome hépatique, vivent dans l'humiditédes fonds sur lesquels poussent elles-mêmes les plantesen question. Les moutons, en y paissant, les ingèrentavec les herbes, et ils se développent ensuite à leursdépens, au lieu d'élection où doit s'accomplir la nouvellephase de leur existence. La cachexie est la conséquencede ce développement, et non point de l'humidité du pâturage,pas plus que de la consommation des renoncules,que les moutons n'attaquent d'ailleurs point.T. U


242 ADMINISTRATION DU TROUPEAU.Du reste, l'explication du phénomène, conforme auxdonnées de la science, ne change rien aux conséquencespratiques du fait. Les pâturages dont il s'agit n'en doiventpas moins être évités, pour mettre les moutons àl'abri de la maladie.Lorsque celte maladie existe à un faible degré, ce quiindique que le nombre des douves hébergées est encorepeu considérable, le meilleur moyen d'y remédier (on nepeut songer à la guérir radicalement, les douves ne pouvantpas être tuées) est de soumettre les moutons à unrégime alimentaire fortement nutritif, à l'aide d'alimentsconcentrés. Ce régime fournit à la fois de quoi suffire àl'entretien des parasites et reconstituer le sang, ainsi queM. de Béhague l'a montré à Dampierre sur un grandnombre de sujets, en mettant en état d'être livrées à laboucherie des brebis cachectiques achetées à vil prix.L'aliment concentré qu'il leur faisait consommer de préférenceest le tourteau de colza.Sur les pâturages secs mêmes, on observe parfois lessévices d'une affection analogue, mais non identique,ayant elle aussi comme l'une de ses conséquences la chutede la laine et tout au moins l'affaiblissement considérablede sa ténacité. C'est une anémie véritable résultant d'unécart trop grand entre la valeur nutritive des herbes etles besoins digestifs des animaux. L'introduction desgrosses variétés anglaises sur les sols calcaires du centrede la France en a fourni des exemples. La descendancedes sujets ne tarde pas à y devenir anémique et à êtreenvahie par les parasites.Pour finir sur ce qui concerne l'administration destroupeaux au régime du pâturage, il nous reste à examinerla valeur d'un système d'exploitalion diversementapprécié, et un peu légèrement condamné, à notre avis,par des empiriques qui se croient volontiers progressistes.Transhumance. — Dans les régions méridionales del'Europe, ou les étés sont chauds et secs, suspendant lavégétation des herbes, en Espagne, en Italie, dans le sudouestet le sud-est de la France, à un certain moment,


TRANSHUMANCE. 243on fait êmigrer les troupeaux des plaines brûlées versles lieux élevés. C'est ce qu'on nomme le système de latranshumance, dont nous avons déjà parlé, en décrivantles variétés ovines qui y sont soumises. Les propriétairesde la plaine acquièrent de ceux de la montagne, moyennantune redevance déterminée et fixée par tête, le droitde pâturage pour leurs moutons, durant la saison d'été.Cette pratique est condamnée à deux points de vue :d'abord à celui des inconvénients graves qu'elle entraîneraitpour les montagnes, à l'égard de l'influence queleur gazonnement aurait sur les inondations, en retenantles eaux ; ensuite au point de vue de l'amélioration destroupeaux eux-mêmes et de l'agriculture des plaines, quiserait incompatible avec un tel régime.Nous n'avons pas à nous placer ici en face de la questiondu gazonnement des montagnes, qui n'est point duressort de la <strong>zootechnie</strong>. Toutefois, on ne peut se dispenserde remarquer que la conservation des gazonsn'est nullement incompatible avec le pâturage des moutons.Ce n'est qu'une affaire de bon aménagement, surles pentes comme en plaine.Mais laissant de côté cette considération pour n'envisagerque la question zootechnique, et même en y joignantla question agricole dans les pays méridionaux,quand on constate le taux de la redevance exigée par têtede mouton pour la durée de la saison de pâturage enmontagne, en le rapprochant de l'écart qui existe entre lavaleur commerciale des bètes au départ et après leurretour, il n'est pas possible de méconnaître que la transhumancedes troupeaux est une bonne opération. Pour lajuger autrement, il faut se référer à un critérium qui n'arien de pratique.Sans doute il y a incompatibilité entre cette opérationet l'entretien des troupeaux dits améliorés, composés devariétés précoces. Les longues marches qu'elle exige neconviennent point à ces variétés. Mais est-ce que leséjour sur les plaines brûlées leur conviendrait davantage?Dans de telles condilions, il ne s'agit, point d'opter entrela transhumance et l'entretien des moutons perfectionnés,


244 ADMINISTRATION DU TROUPEAU.comme on parait le croire et ainsi (pie bon nombre d'espritsinsuffisamment éclairés en ont fait la triste expérience; l'option se présente entre la transhumance etl'exploitation d'un troupeau quelconque, entre le profitcertain et important et la complète abstention.En de tels termes, tant qu'il y aura des pâturages demontagne à louer dans les Alpes, dans les Apennins etdans les Pyrénées, en France, en Italie et en Espagne,les agricultures des plaines voisines feront donc bien d'yenvoyer, durant la saison d'été, les moutons qu'ilsseraient hors d'état d'entretenir sans cela. Ils y trouventun moyen de faire valoir des capitaux qui autrement resteraientinaclifs ou péricliteraient, comme c'est le caspour ceux qui sont engagés sous forme de moutons perfectionnés,conformément aux conseils des adversairesdogmatiques de la transhumance. Le compte de caissecomparatif de deux opérations conduites suivant les deuxsystèmes est tout à fait démonstratif et c'est lui qui,comme nous le savons, doit être juge en dernier ressort.Sans doute il vaut mieux, quand on le peut, se mettreen mesure de nourrir son troupeau sur place durant lasaison chaude, par des cultures appropriées, pour éviterde le faire transhumer. Mais le peut-on partout? Là estla question. Et en outre faudrait-il systématiquementlaisser les pâturages de montagne inutilisés?Hivernage. — L'alimenlation d'hiver, à la bergerie,est généralement insuffisante dans la pratique des administrateursde troupeau. On croit que le problème économiqueconsiste, en ce qui la concerne, à hiverner cetroupeau de la manière la plus parcimonieuse, en lemaintenant tout juste envie. Les idées des auteurs allemands,que nous avons vues plus haut, sembleraientjustifier une telle manière d'agir. Même pour les sujetsqui ont dépassé l'âge adulte, et dont il ne doit plus resteraucun dans le troupeau bien administré, comme nous lesavons, le calcul est faux. Pour les autres, la simplealimentation d'entretien détermine un temps d'arrêt dansle développement, qui est en opposition avec le but del'exploitalion.


HIVERNAGE. 245L'une des maladies les plus terribles qui sévissent surles moutons, le sang de rate, qui fait tant de ravages surles mérinos en particulier, en France et en Allemagne,parait se manifester principalement sous l'influence de labrusque transition de l'alimentation copieuse d'été, succédantà une alimentation d'hiver parcimonieuse.Les recherches récentes de pathologie expérimentale,celles de Pasteur notamment, ont fait admettre que lesmaladies dites charbonneuses de nos anciens auteurs, àl'ordre desquelles appartient le sang de rate des moutonsde la Beauce, de la Brie et d'ailleurs, le Milzbrand deCÎUX des plaines sableuses de l'Allemagne du Nord, sontdues à la présence dans le sang de bactéridies en abondance,dont les germes seraient puisés dans le sol.Il n'en est pas moins certain que le sang de rate nesévit point, sur les troupeaux qui, durant l'hiver, ont étérégulièrement nourris avec un mélange d'aliments humides,tels que les betteraves, les pulpes, les topinambours,et de fourrages sec^. On ne l'observe que sur ceuxqui, après avoir souffert d'un hivernage mesquin, aprèsavoir vécu de privations, avec des pailles ou des fourragesgrossiers, secs et peu nutritifs, se sont remontés au pâturagedurant quelques mois. C'est vers le milieu de l'été,au moment de- grandes chaleurs, que la maladie se manifesteavec le plus d'intensité, qu elle fut le plus de victimes.Et alors, le meilleur moyen do l'arrêter, c'est defaire émigrer le troupeau vers ries lieux humides, où sévild'habitude la cachexie aqueuse, dont 1 antagonisme avecle sang de rate est. notoire.Il y aurait là, à défaut, d'autre, un motif suffisant pourfiire renoncer à l'alimentation parcimonieuse d'hiver.Mais ce motif n'est ni le plus général ni le plus puissant.Celui qui domine est la nécessité, pour que le troupeausoit administré conformément, à la. saine, doctrine zootechnique,de procurer aux jeunes mères, qui en constituentla grande majorité, un développement n'" f utîer. Nous savonsque ce qui importe avant tout, Oms l'exploitationdes animaux, c'est, rie gacner sur le temps. Il faut, que lepoids vif maximum auquel peuvent atteindre, dans chaque


246 ADMINISTRATION DU TROUPEAU.race, les sujets de chacune de ses variétés, soit réalisédans le plus court délai possible. Lorsque cette variétéest bien appropriée aux lieux et aux circonstances économiques,les frais qu'il faut faire pour cela sont toujoursconvenablement rémunérés. Ce sont des dépenses productivesau premier chef.Les aliments qui permettent d'atteindre le but, deconstituer les rations d'hiver de telle sorte que leur relationnutritive en porte le coefficient moyen de digestibilitéau maximum, sont très-variés. Ils s'approprient à toutesles situations dans lesquelles l'exploitation des troupeauxest à sa place, conformément aux indications donnéesplus haut. Partout on peut satisfaire aux deux conditionsessentielles, qui sont : l°une relation nutritive = 1 : 4 et2» une humidité d'au moins GO p. 100.Cette dernière condition se réalise par l'introducliondans la ration des betteraves, des carottes, des navets,des pommes de terre, des topinambours, dont la cultureest possible partout, pour l'une ou pour l'autre de cesplantes. Même en leur absence, le but peut encore êtreatteint en faisant entrer dans la ration une quantité déterminéed'un son quelconque, délayé dans l'eau.Les racines ou tubercules, coupés en tranches minces,sont mélangés avec des balles, des siliques ou des paillesfinement hachées.Les fourrages grossiers ou adjuvants sont fournis parles trèfles, la paille de lupin, les pailles de pois, de vesce,de féverole, d'avoine, d'orge, etc.Les aliments concentrés, quand ils sont nécessairespour réaliser la relation nutritive convenable, sont fournispar les semences des plantes à la culture desquelles lesol en exploitation se prête le mieux, et sous le bénéficedes remarques que nous avons déjà faites à leur sujet(p. 100).La ration des béliers, hors la saison de la lutte, ne diffèrepoint de celte des mères. Quant à celle des agneauxsevrés et do= jeunes amenais des deux sexes, nous enavons donné (p. 204) un spécimen, qui peut servir de basemême pour une relation nutritive moins étroite, en for-


•1TEHNA0E. 247çant un peu la proportion des aliments grossiers. A l'égardde ceux-ci, leur choix dépend des cultures auxquellesles terres de l'exploitation se prêtent le mieux.Il ne nous appartient pas de les indiquer. Il en est demême pour les aliments concentrés ; mais nous pouvons,à cette occasion encore, recommander l'importation aussilarge que possible des tourteaux oléagineux exotiques,dont les avantages ont été exposés d'une manière générale.Voici du reste, comme exemple, la composition de laration que recevaient, durant l'hiver de 1883-1884, lesbrebis et antenaises south lowns. dishleys et dishleymérinosdu troupeau de l'École de Grignon :0*500 Sainfoin1,250 Betteraves1,250 Car-Oes0.250 Menue paille0,500 Bisaille pus pr.sj.Mil -re.. . o.-r-o0.17»;0.21 i.... U.ii'irroture.M f!f,6n.Oilo,u]6O.uU0.003M.r>»»r


248 ADMINISTRATION DU TROUPEAU.Quant au calcul de quotité par tête, nous n'avons pas àrevenir sur ce que nous avons déjà dit. On sait que de laration journalière constituée d'après les bases qui viennentd'être posées, les animaux doivent recevoir tout cequ'ils se montrent capables de consommer. Cela ne peutêtre déterminé que par le tâtonnement. On n'est sûr qu'ilssont assez nourris que quand ils font des petits restes.A cette occasion, il faut appeler l'attention sur lanécessitéde nettoyer avec soin les crèches après chaque repas.La malpropreté fait perdre une partie des aliments etdiminue l'appétit des animaux. Les moutons y sont encoreplus sensibles que les autres. Ils se dégoûtent facilementet refusent avec persistance les aliments dont le goût neleur plaît pas ou est même seulement nouveau pour eux.Aussi convient-il de prendre des précautions pour leshabituer insensiblement aux aliments nouveaux. On yarrive en mélangeant ceux-ci avec ceux qu'ils doiventremplacer, en proportion d'abord petite, puis progressivementde plus en plus forte, jusqu'à substitution complète.C'est d'ailleurs un principe général, comme on sait, dene jamais opérer aucun changement brusque dans l'alimentation.On se reportera, pour cela comme pour lereste de ce qui concerne l'alimentation, aux indicationsantérieurement données (t. I, p. '225 et suiv.).Les aliments doivent être distribués dans les crècheset dans les râteliers, toujours en l'absence des animaux.Quand ils sont présents, ils gênent le service en se précipitantet rendent la distribution nécessairement inégale,ce qui fait qu'un certain nombre d'entre eux pâtissent.C'est pourquoi l'existence d'un compartiment vide aumoins est nécessaire dans toute bergerie, pour que ladistribution y puisse commencer, dans la saison où iln'est pas possible de meure le troupeau dehors.La ration est divisée en trois repas au moins. Le matinon donne les aliments humides et une portion des fourragesgrossiers ; le tantôt, les aliments concentrés ; lesoir, le reste des fourrages grossiers.Daae le cas où le pâturage fournit la partie principale


HIVERNAGE. 249de la ration, l'alimentation à la bergerie ne comportequ'une distribution d'aliments grossiers, le matin et lesoir, soit de paille d'avoine, soit de paille de féverole oude pois, etc.La quantité d'eau à mettre par tête à la disposition desmoutons, pour la boisson, varie suivant, le poids vif individuelet suivant le degré d'humidité des aliments. Ellene peut être déterminée que par le tâtonnement. Ils n'enprennent d'ailleurs qu'à leur s. if. On compron 1 mal qu'unauteur expérimenté, après avoir essayé de fixer desquantités, ait ajouté : « Il est toujours essentiel de ne pasdépasser la proportion d'eau ci-dessus indiquée pour lesanimaux autres que des bêtes d'engrais, si on vent é\iterla cacnexie. » C'est la présence des douves dans le foieou l'alimentation insuffisamment ri-lie et non point l'eaudes boissons prise en excès (en admettant que cet excèspuisse se faire observer) qui produit la cachexie.Cette eau est mise clans de grands vases peu profonds,en fonte autant que possible, sur l'aire de chacun descompartiments de la bergerie, à la disposition des bêles,afin qu'elles puissent s'y désaltérer à volonté.Il doit y avoir aussi à leur disposition une pierre plusou moins volumineuse de sel gemme qu'elles puissentlécher quand cela leur convient. Le mieux estde la placerdans une sorte de petite hotte à jour, suspendue à lamuraille. On observe facilement que les moutons, à certainsjours, se montrent, très-friands de sel, tandis qu'ilsn'y touchent point à de certains autres. Cela dépendprincipalement de la composition de leur ration. On adonc tort de faire entrer systématiquement une certainedose de sel dans celle-ci. Il est de beaucoup préférablede s'en rapporter sur ce point à leur instinct. C'est, plusconforme, du reste, à la théorie des actions condimentaires.Les troupeaux dont l'alimentation est administréecomme nous venons de l'exposer, et durant la saisond'«été et durant la saison d'hiver, sont incontestablementceux qui donnent les plus grands profits, parce que msont ceux qui, dans toutes les situations, produisent, a i.a


250 ADMINISTRATION DU TROUPEAU.fois les plus fortes sommes annuelles de laine et depoids vif, pour la même consommation d'aliments.Ainsi que nous l'avons déjà dit, leur effectif reste lemême et par conséquent le nombre de leurs toisons ;mais le poids individuel de celles-ci est plus grand,étant à la fois proportionnel à la nourriture et au poidsvif des sujets qui les portent. Ce poids vif maximum estatteint en trois ans au lieu de l'être en quatre ou cinq,avec environ 500 rations journalières d'hiver au lieu de650 à 800. Que la valeur de chacune de ces rations soitaugmentée d'environ un tiers, nous supposons, il resteratoujours au moins le bénéfice de 210 rations d'été prisesau pâturage, en laissant de côté toutes les autres considérations(pie nous avons déjà fait valoir.C'est là, en cITot, le minimum de profit, ou d'économiequ'assure le mode d'administration recommandé commeétant réalisable dans toutes les conditions et avec toutesles races ovines. Il va sans dire que ce profit est proportionnelaux aptitudes des machines exploitées, conséquemmentau capital que la situation permet d'engager.Mais il appartient aux esprits pratiques de ne pointméconnaître que les aptitudes de ces machines doiventêtre elles-mêmes proportionnées à la puissance productivedu sol, et que si le perfectionnement de leur exploitationest à la portée de tout le monde, il n'en est demême ni pour leur choix, ni pour leur propre perfection.Tonte. — En certains pays, notamment en Italie, l'usageexiste de tondre les bêtes à laine deux fois par an.Des auteurs sérieux ont discuté sur la question desavoir si la quantité totale de substance laineuse ainsiobtenue en deux tontes est ou non supérieure à celle quefournit une tonte unique.Celte question peut être intéressante au point de vuede la physiologie du follicule laineux. W. von Nalhusiusl'a résolue expérimentalement en montrant, sur des mérinosde la variété électorale, que la laine de deux ans depousse avait tout juste le double de la le rigueur de celledune année. L'opinion, d'ailleurs très-répandue, que lacoupe fréquente des productions pileuses excite l'activité


TONTE. 254de leurs follicules, n'est donc qu'un pur préjugé. Dans lapratique, et eu égard à la valeur des toisons, elle n'estpas discutable, étant donné que cette valeur se tire maintenantprincipalement delà longueur des brins.Il y aurait par conséquent plutôt avantage à retarder latonte et à laisser la laine croître durant plus longtemps,si d'autres considérations n'intervenaient pour décider dumoment où la toison doit être enlevée.Ce sont du reste ces considérations qui vraisemblablementont fait établir l'usage de la double tonte dans lespays méridionaux. Un moment arrive où, sous l'influencede la température, la toison fatigue considérablementl'animal qui la porte. On lui procure un véritable bienêtreen l'en débarrassant.C'est sans nul doute en vue de les soulager ainsi queles moutons de Bergame sont tondus deux fois, leur lainen'ayant d'ailleurs qu'une faible valeur intrinsèque, quelleque soit sa longueur.Pour les toisons précieuses, comme celles des mérinos,la perte serait évidente. Il y a donc lieu d'en faire larécolte quand elles ont atteint leur maximum de valeurpossible, ce qui arrive après une année de croissance.D'où il suit qu'en combinant ensemble le point de vueéconomique et le point de vue hygiénique, on est conduità adopter la tonte annuelle comme étant la seule pratique,dans les troupeaux exploités à la fois pour la laineet pour la viande.On choisit, pour la première tonte, l'époque à laquelleil y a le moins de chances d'intempéries durables, afinque les animaux tondus ne soient point exposés aux refroidissements.Cette époque varie selon les localités, comme les climats.Pour les conditions les plus communes en France,c'est dans le mois de juin qu'elle se présente, .''lus tôt, ilsurvient fréquemment des abaissements subits de température,qui exposent les bêtes tondues à contracter desaffections de poitrine mortelles. Plus tard, les luisonslongues et épaisses les font beaucoup souffrir de la chaleuret les exposent à devenir anémiques.


252 ADMINISTRATION DU TROUPEAU.11 convient de bien éludier ces conditions diverses,pour les cas particuliers, et de ne point se laisser dominerpar des considérations absolues.Naguère il aurait fallu discuter sur le choix des instrumentspréférables pour pratiquer la tonte et se prononcerentre l'emploi des ciseaux et celui des forces. Aujourd'hui,une telle discussion est devenue oiseuse, depuisqu'on possède divers modèles de tondeuses, dont la moinsbonne leur est infiniment préférable, en raison de ce que :1° ses lames ne peuvent pas atteindre la peau pour lablesser ; 2» la coupe a toujours lieu à la même hauteur ;3° enfin l'opération est beaucoup plus rapidement achevée.Mais l'exéculion de cette opération est du ressort dumétier de tondeur ; elle n'est point zootechnique ; nousn'avons par conséquent pointa nous en occuper ici.Conditionnement des toisons. — Le conditionnementdes toisons a une influence notable sur leur valeurcommerciale. A qualité égale, les mieux conditionnées sevendent toujours le plus cher. Ce conditionnement a doncune importance considérable dans l'administration dutroupeau. 11 concerne leur propreté et leur triage.Ce qui fera vraisemblablement toujours l'inférioritéabsolue des laines coloniales, par rapport à nos laineseuropéennes de môme espèce, c'est la présence, inévitabledans les toisons, de ces fruits de luzerne hérissésde pointes (Mcdicogo apiculuta, [liante très-abondantedans les pâturages de l'Australie,de la Plala, duCap, etc.),qui s'y introduisent durant le séjour des moutons aupâturage et que la peigneuse seule en peut détacher.La pratique agricole du parcage, généralement usitéedans les reliions septentrionales des mérinos, exerce surle conditionnement des toisons une influence fâcheuse.Les auteurs zootechnis»les ont coutume de la décrireminutieusement, comme si elle était du ressort de la<strong>zootechnie</strong>. Son but est la fumure des champs, purementet simplement; son objet, de faire séjourner durant lanuit le troupeau sur le sol à des places déterminées, afinqu'il y dépose ses déjections.


CONDITIONNEMENT DES TOISONS. 253Il n'y a là rien de zootechnique, et nous n'avons à nousen occuper que pour mettre en évidence les inconvénientsd'une telle pratique à l'égard de notre propre objet.Que cette pratique soit avantageuse au point de vuepurement agricole, c'est ce qu'il ne nous appartient pointde discuter. Il suffit de constater que le séjour ainsirépété et prolongé des animaux sur la terre labourée etameublie a pour effet inévitable d'introduire dans leurtoison une proportion plus ou moins forte de petits fragmentsde cette terre, qui se mélangent au suint et l'altèrent.Cela diminue non seulement la propreté de la laine,mais encore sa qualité intrinsèque, et en abaisse la valeurcommerciale.Il y a donc lieu de condamner sans hésitation la pratiquedu parcage, au point de vue zootechnique, et non passeulement eu égard au bon conditionnement des toisons.Cette pratique n'est guère compatible non plus avec unebonne administration du régime alimentaire. 11 est permisdépenser que le progrès agricole la fera disparaître.Il est dans les usages de certaines localités de fairesubir aux toisons, sur le corps des mérinos, un lavageavant de pratiquer la tonte. L'opération se nomme lavageà dos. Elle se pratique généralement à l'eau courante, etelle nécessite beaucoup de précautions, soit dans l'intérêtde la santé des bêtes, pour leur éviter des refroidissementsbrusques, soit en vue de la qualité de la laine,qu'une dessication trop rapide à l'air altère plus ou moins.Les laines lavées à dos se vendent de Mj à 90 p. 100 pluscher que les autres, dites laines tu suint. Elles ont perdude 30 à 40 p. 100 de leur poids.Cette opération, pour les troupeaux de moyenne importance,n'est facile qu'à la condition de se trouver à proximitéd'un cours d'eau suffisamment profond pour que lecorps des moutons y puisse être plongé tout eniier. Quandil faut conduire le troupeau un peu loin, cela, entraîned'assez grands embarras. Cn de nos anciens élèves (1; a(1) E. KAYstn, Journal de l'agriculture,


254 ADMINISTRATION DU TROUPEAU.décrit en détail un procédé suivi en Hongrie pour le lavageà dos d'un troupeau de mérinos de plusieurs milliers detètes. Ce procédé, dont il l'ait, ressortir les avantages,exige une installation coûteuse, qui le rendrait impraticablechez nous Elle consiste en deux canaux de lavage enmaçonnerie, à fond pavé, et ayant '2 mètres de profondeursur 2 mètres de largeur et 21 mètres de longueur.Ces deux canaux, situés parallèlement, sont séparés l'unde l'autre par un espace suffisamment larg • pour y placerun certain nombre de cuves pouvant contenir quatre bêlesà la fois. Ces cuves sont supportées par des traverses enbois. L'eau arrive dans les canaux, soit d'une rivière, soitd'un étang, au moyen d •, dérivation. Celle des cuvesest chauffée au moyen d'une locomobile qui lui envoie dela vapeur.Voici maintenant comment on procède au lavage :Les animaux sont d'abord placés dans un parc qui esten communication par un pont avec le premier canal. Amesure que chacun arrive à la tôle de celui-ci, deuxhommes le saisissent, le débarrassent des saletés grossièresqui peuvent être attachées à sa toison, puis lejettent à l'eau, s'il n'y veut pas sauter de son propremouvement. Une fois l'exemple donné, les autres suiventvolontiers, comme les moutons de Panurge. Le long ducanal et des deux côtés se trouvent, de deux en deux ouen trois mètres, des hommes armés de béquilles pourl'aire plonger les animaux ou les soutenir en cas debesoin, jusqu'à la sortie qui présente une petite pentepour l'écoulement de l'eau.Après qu'ils ont subi celte première trempe, on leslaisse reposer durant deux ou trois heures, soit sous unhangar, soit sur un pâturage, puis on leur fait prendre ladeuxième, et une demi-heure après celle-ci, la troisième.En sortant du canal, les animaux sont placés sous lehangar, et, de la, ils passent, à tour de rôle, dans lescuves, ofi chacun e>L Onu par deux hommes ayant del'eau jusqu'à mi-corps. Celle eau est chaude, et on y aajoute une décoction de Suponanu ou de ('•ypsophila, quil'ait l'office de savon. En faisant le tour de la cuve les


CONDITIOî>N£MENT DES TOI?ONS. 255hommes lavent, en les frottant avec les mains, d'abord latête, puis le cou, le dos, les côtes, le ventre et enfin lesjambes du mouton.Le second canal présente, sur le côté qui est opposéaux cuves, des bouches d'où l'eau claire sort en jet. Achaque bouche se trouvent deux hommes, plongés aussià mi-corps dans l'eau du canal, qui reçoivent les moutonsau sortir des cuves et qui les font tourner sous lejet pour débarrasser leur toison du savon et des impuretésqui peuvent y rester, après quoi ils ont à nager denouveau jusqu'à la sortie de ce second canal. Le lavageest terminé.L'opération qui vient d'être décrite sommairementimpose,.comme on peut facilement l'imaginer, de grandesfatigues aux animaux. On estime que 1 p. 100 d'entreeux, environ, y succombent. Malgré cela, étant donné queles frais qu'elle entraîne, pour l.ôlu têtes, ne dépassentpas 0 fr. 2u' par tête, en Comparant le prix qu'on obtienten Hongrie de la laine ainsi lavée à celui que les fabricantspayent pour la laine en suint, on arrive facilementà conclure qu'en fin de compte cette opération est trèsavantageuse,dans le cas particulier.Il serait cependant difficile de discuter convenablement,dans l'état actuel Je la sience, la question de savoirs'ily a lieu de recommander la généralisation du lavage àdos. Nous manquons pour cela de résultats comparatifs.En France, par exemple, tous les mérinos de la Bourgogneet de la Champagne sont lavés avant la tonte ; ceuxde la Brie, du Soissonnais et de la Beauce ne le sontpoint; leurs toisons sont vendues en suint. 11 serait intéressantde savoir de quel côté est l'avantage commercial,toute question de difficulté d'exécution mise de côté.Mais nous inclinons à penser qu'il y a encore mieux àfaire, pour se mettre aussi complètement que possible àl'abri des risques auxquels se trouve nécessairementexposé le producteur de toisons en face de son acheteur.Celui-ci achète chaque année la récolte d'un nombre plusou moins grand de producteurs, dont chacun ne vend quela sienne. Son expérience est en conséquence beaucoup


25f> ADMINISTRATION DO TROUPEAU.plus étendue, et ses appréciations sont plus sûres. Il nefait que ce métier-là.Dans la transaction, telle qu'elle se présente actuellement,les contractants ne sont donc point sur le piedd'égalité Qu'il s'agisse d'apprécier le rendement probablede la toison, soit en poids net, soit en morceaux des diversesqualités, toutes les chances sont pour que l'acheteurimpose ses appréciations au vendeur, du moins dansune forte mesure.Il n'y a qu'un moyen de l'éviter : c'est de renoncer àmettre en vente des toisons brutes, soit en suint, soitlavées à dos, et d'en opérer soi-même le conditionnementc complet, comme il se pratique dans les fabriques, de façonà se rendre un compte exact de la valeur réelle de samarchandise, au moyen de la balance qui est la communemesure à la portée de tous.Ce conditionnement consiste à trier d'abord, danschaque toison, les bas morceaux ou déchets, puis lesmorceaux de seconde qualité, pour en faire des lotsséparés, puis à faire subir à chaque lot un lavage suffisantpour que la laine puisse être considérée comme trèspropre.Dans de telles condilions, lors de la mise en vente, iln'y a plus d'erreur possible, ni sur la qualité moyenne,ni sur le rendement, et l'on peut établir des prix débattusséparément pour chacune des sortes.On objectjia sans doute la main-d'œuvre et les soinsqu'exige une telle façon de procéder. L'objection n'est pasde celles qui pourraient nous arrêter. Notre fonction est,en toute chose zootechnique, de rechercher et d'indiquerle mieux, ce qui donne les plus grands profits. 11 appartientaux praticiens de faire ou non le nécessaire pours'en assurer le bénéfice, selon leurs convenances particulièresou leurs possibilités spéciales.Il ne sera pas contesté, pensons-nous, que dans le casla plus-value de la marchandise soit supérieure aux fraisdu conditionnement recommandé. Cela suffit pour le justifier.Pour mettre en vente les toisons en suint, c'est-à-dire


CONDITIONNEMENT DES TOISONS. 257telles que le mouton les porte, on se contente, aprèsla tonte, de replier leurs bords, puis de les rouler et deles maintenir avec une ficelle. Ainsi roulées, elles sontonservées en tas dans un grenier ou tout autre localaéré, pour attendre le moment favorable, qui est celui del,i hausse ou tout au moins de l'établissement d'un coursliien décrié lue trop longue attente en fait nécessairementdiminuer le poids.


258 PRODUCTION DU LAIT.CHAPITRE VIIIPRODUCTION DU LA ITLait de brebis. — Chez les Ovidés ariétins, l'exploitationde l'aptitude laitière est en réalité exceptionnelle.Le lait de brebis n'est puère que dans quelques paysméridionaux consommé p. r les populations humaines,pour les besoins des pasteurs montagnards, qui en viventpresque exclusivement durant la saison d'été. Il n'est, ànotre connaissance, l'objet d'une exploitation industrielleimportante que dans la partie de la France habitée par lavariété du Larzac de la race des Pyrénées, pour Ut fabricationdes fromages de Roquefort Nous en avons déjàparlé en décrivant cette variété (p. 85). Il entre aussi pourune part (un dixième environ) (1) dans la fabrication desfromages de Saint-iMarcellin et de Sassenage (Isère).Ce mode d'exploitation des brebis, dans le Larzac,paraît remonter à la plus haute antiquité. Il a été l'objetd'études nombreuses, dont les auteurs sont cités parcelui auquel nous venons de renvoyer. La première, dueà Maruorelles, a paru en 1785. Chaptal, en 1787, s'en estaussi occupé. Dans le courant de ce siècle, Giroti deBuzareingues, Limousin-I.amollie, Roche Lubin, JulesBonhomme, et enfin le gérant de la Société des Cavesréunies de Roquefort, ont publié sur le sujet des détailscomplets, que Pouriau a résumés dans son intéressantemonographie.Nous n'avons point à revenir sur ce qui concerne avariété ovine exploitée là pour la production du lait. Ilsuffira de faire connaître sommairement la méthode(1) A.-F. POURIVU, La laiterie, 2' édit, p. 350.


I.AIT DE BREBIS. 259suivie et l'importance de la production qui, en raison deses conditions nécessaires, ne peut d'ailleurs guère êtreimitée.Durant longtemps, les brebis du Larzac ont été nourriesexclusivement par les pâtures naturelles du plateauqu'elles habitent. Elles étaient alors au nombre de50,000 environ. Depuis l'introduction de la culture desprairies dites artificielles, au commencement du siècle,ce nombre a subi une énorme augmentation : il est aujourd'huide 500,000 au moins. L'exploitation s'est étendue itout l'arrondissement de Suinle-AITrique, à une grandepartie de celui de Milhau, à une partie de celui de Lodève(Hérault), aux cantons de la C mourgue (Lozère), deTrêves (Gard) et à quelques-uns de ceux du Tarn. Onpense que son extension n'est pas près de s'arrêter.La raison en est dans Fi grande faveur qu'obtiennentles fromages rubriques avec le lait de ces brebis « Roquefortexporte aujourd'hui ses pro luits dans toute l'Europe,en Amérique, dans les colonies et même en Chine. »(Pouriau.)D'après ses renseignements, l'auteur évalue à 14 millions715,0.'0 fr. le [ r... luit annuel des bètes ovines ainsiexplorées, dont 5.7 Û.Ol'O fr. pour 4,100,000 kilogr. defromages frais, achetés aux producteurs au prix moyende 140 fr. les 100 kilog ; 1.25n,n ,n fr. pour 250,0:io agneauxvendus à la boucherie à raison de 5 fr. l'un ; 1,800,000 fr.pour 200,0(X) vieilles brebis ou moutons livrés à la boucherieau prix moyen de 21 fr. l'un ; e:, 2,025,000 fr. pour650,000 toisons vendues 4 fr. 50 1 une.Au seul énoncé de ce compte, on voit que la méthodede production suivie pourrait èire facilement amélioréepar une application simple des principes généraux delà<strong>zootechnie</strong> moderne. En décrivant la population ovine enquestion, nous avons con-tat.é qu'elle l'a déjà été sous unrapport. Le rendement annuel du lait par lèie s'est accruconsidérablement, en même temps que l'effroi il de cettepopulation, à la faveur de l'alimentation plus c .pnu-e etmeilleure, [dus riche, assurée par la culture des prairiesartificielles. Par ce seul fait, le rendement a plus que


200 PRODUCTION DU LAIT.doublé, puisque le lait de neuf brebis ne produisait auparavant que 40 kilogr. de fromage et que celui de quatresuffit maintenant pour en produire 50 kilogr.Mais il est évident que ce rendement serait encoreaugmenté, en moyenne, si les brebis laitières étaient plusfréquemment renouvelées dans les troupeaux, si ceux-cin'étaient jamais composés que de brebis n'ayant pointdéliassé l'âge de leur plus forte aptitude, si en un mot cesbrebis étaient réformées plus tôt qu'elles ne le sontactuellement.Le prix moyen de 2i fr. qu'on en obtient en les livrant,à la bouche: ie, dans la méthode présentement suivie,indique assez qu'elles ont perdu beaucoup de la valeurpar laquelle elles ont passé à un certain moment de leurexistence. On les qualifie de vieilles» brebis ; cela suffiraitpour le montrer. En fait, elles sont exploitées pourla laiterie jusqu'à complet épuisement.Il conviendrait de ne les conserver que jusqu'au momentoù leurs mamelles sont taries, après qu'elles ont fait troisfois des agneaux au plus. En les nourrissant convenablement,alors elles seraient en état d'être livrées à la boucherie,et l'on en obtiendrait un prix d'au moins un tiersen plus, soit 32 à .'15 fr. Pour une proludion laitière aumoins égale et même certainement plus forte, le bénéficede l'exploitation, sur les bases indiquées plus haut, seraitainsi accru de 1,000,000 fr. par an.En outre, en éliminant des troupeaux ces vieilles brebis,pour les remplacer par d'autres dans la force de l'âge, lepoids moyeu des toisons se trouverait par là seulementaussi augmenté d'au moins 25 p 100 On sait qu'en vieillissantles brebis perdent toujours une partie de plus enplus forte de leur laine. De ce chef, le produit des troupeauxserait encore augmenté d'une valeur d'environ450.000 fr , sans parler de l'amélioration dont la qualitéde ces toisons pourrait être l'objet, par une sélectionplus attentive des reproducteurs à ce point de vue, quiest le plus souvent laissé de côté pour la considérationexclusive de l'exploitation laitière. Nous avons vu cependantque de louables efforts sont faits pour arriver à l'a-


LAIT DE CHÈVRE. 261mêlioration de la production en ce sens. Il n'y a qu'à désirerde les voir se généraliser.La méthode actuelle de production du lait de brebis,dans la région où cette production a le plus d'importance,pourrait donc être considérablement améliorée, en secombinant à la fois avec celle de la laine et celle de laviande, conformément aux prescriptions que nous avonsdonnées pour la meilleure administration des troupeaux.Les bonifications qui viennent d'être calculées à un peuplus de 2 millions de francs, sur un produit annuel d'unpeu moins de 15 millions, ne représentent qu'un minimum,car il est clair que le nombre annuel de brebis àlivrer à la boucherie serait plus grand que celui admis, etlaquantité totale de lait profuite plus grande aussi.L'amélioration de la conformation et celle des toisonsne sont à aucun degré physiologiquement incompatiblesavec celle de l'activité des mamelles. Celle-ci en seraitplutôt une conséquence nécessaire, comme nous l'avonsétabli en thèse générale, et contrairement aux dissertationsde pure imagination qui ont été faites pour établirexactement un antagonisme naturel entre l'activité desmamelles et celle des follicules laineux de la peau.Lait de chèvre. — Si la laiterie est une exceptiondans l'exploitation des Ovidés ariétins, elle est non seulementla règle, mais au contraire presque exclusive danscelle des Ovidés caprins, du moins pour ceux de l'Europeet de l'Afrique. Les chèvres européennes et africaines nedonnent comme produit que leurs chevreaux et leur lait,ainsi que nous le savons. Seules, celles d'Asie fournissenten outre du duvetLa production du lait par les Ovidés concerne doncprincipalement, les chèvresCelte production est considérable par sa quantité, bienqu'elle n'ait pas beaucoup attiré, jusqu'à présent, l'attentiondes auteurs zootechmstes. Le nombre des populationsauxquelles elle fournit la part principale de leursubsistance est énorme. Le peu de cas qui en est faittient sans doute à ce que le lait de chèvre n'est pas ungrand objet de commerce et que les populations qui s'env. 15.


202 PRODUCTION DU LAIT.nourrissent sont au nombre des plus pauvres, commenous l'avons déjà fuit observer.Cependant, il convient de remarquer de nouveau queni la vache ni la brebis ne sont comparables à la chèvre,comme machines à transformer en lait h s matières végétales.Elle utilise de celle sorte des matières alimentairesdont les autres ne pourraient tirer aucun parti. Elle remplitses mamelles en vivant sur des pâturages qui leurseraient inaccessibles, ou en consommant des végétauxqu'on ne pourrait certainement point leur faire accepter.C'est ce dont nous avons donné des preuves incontestablesen décrivant (p. 142) les variétés de la chèvre d'Europe.Les méthodes de production du lait de chèvre sont aunombre de deux.Dans l'une, les chèvres sont exploitées au régime à peuprès constant du pâturage, sur les cimes élevées dessystèmes de montagnes, notamment dans les Pyrénées etdans les Alpes, en France, en Suisse, en Italie et ailleurs,et quelquefois aussi dans l'agriculture proprementdite, comme en Poitou.Dans l'autre, qui se pratique surtout par les petits cultivateursdes pays vignobles principalement, elles sontentretenues dans des chèvreries, avec des aliments préparéset des résidus de ménage qui sans elles ne recevraientaucun emploi. C'est le cas, par exemple, du Montd'Orlyonnais, dont nous avons eu déjà l'occasion deparler, et aussi des parties hautes du Dauphiné, où lelait de chèvre contribue, avec ceux de vache et de brebisà la fabrication des fromages de Saint-Marcellin, de Sussenageet de Septmoncel.11 a été donné précédemment un aperçu des conditionsavantageuses de celte dernière méthode de productionpar la citation de quelques résultats d'un compte empruntéà Martegoule. On a pu voir par là qu'elle est aunombre de celles qui rémunèrent au plus haut degré à lafois la main-d'œuvre et le capital engagé.De ce que son exploitation est une occupation de petitcultivateur, ou même de simple manouvrier ne disposant


CHOIX DES LAITIÈRES. 263que d'un très-faible capital, ce n'est pas une raison quipuisse justifier la sorte de dédain en laquelle la tiennentles auteurs zootechnistes, qui semblent croire que lesanimaux de la grande culture, et en particulier ceux del'Angleterre, sont seuls dignes de les occuper. Quand onfait le compte approximatif des services que ces animauxdédaignés, ce bétail du pauvre, rendent aux sociétés,pour peu qu'on ait l'esprit pratique, on revient bientôt àun sentiment plus exact de leur utilité et même de leuri nportance grande.Choix des laitières. — Pour la production du laitd'Ovide, il convient dans tous les cas de s'en tenir auxsujets de la race qui habile le pu\ s où l'opération doit sepoursuivre.A l'égard des brebis, l'innovation ne pourrait avoir quedes inconvénients. La varijté généralement exploitée esten possession d'une aptitude héréditaire qu'aucune autrene montrerait au même degré. Il y a lieu seulement des'attacher à réunir, chez ces sujets, à l'aptitude laitièrequi leur est propre, les qualités individuelles de conformationet de toison qui, sans nuire à cette aptitude, sontcapables d'augmenter leur valeur.C'est dire que les brelrs laitières doivent être en mêmetemps envisagées comme celb s qui ne le sont point, etque le troupeau dont elles font partie doit être d'ailleursexploité et conduit comme les autres. Au lieu d'allaiterleurs agneaux, elles sont pour la plupart soumises à latraite. Là est toute la différence.II faut donc, pour se guider dans Imir choix, se. reporterpurement et simplement à ce qui a été dit précédemment(p. 1 i2) au sujet de la sélcouon zootechnique des Ovidésen gére'ral.En ce qui concerne les chèvres, le mieux est aussiencore de choi-ir parmi celles du pays. La nécessitéd'agir ainsi, pour arriver au meilleur i--aillât, est mêmecertainement plus imo-Vic •-,


204 PRODUCTION DU LAIT.tourne toujours au détriment de leur aptitude productive.C'est ce que l'expérience a toujours montré, comme nousl'avons constaté en décrivant les races caprines.De ce que les chèvres maltaises, par exemple, se montrenten général, dans leur pays et en Algérie, plus Torieslaitières que les chèvres des Alpes, elles ont été plusieursfois préconisées par des auteurs inattentifs pour remplacercelles-ci dans notre climat. Ces auteurs n'ont pointpris garde que l'aptitude des chèvres maltaises est due àleurs conditions d'existence, et que, forcées de vivre sousl'influence de celles dans lesquelles il s'agirait de lestransporter, elles perdraient leur supériorité, pour s'accommoderà ces nouvelles conditions. Cette supérioritén'a en effet rien d'absolu.Il ne peut donc être pratiquement question que dechoisir, dans la population acclimatée, les plus forteslaitières, celles qui sont issues de mères connues pourleur rendement élevé ou qui ont les mamelles les mieuxconformées et les plus développées, en éliminant tout desuite celles qui se montrent mauvaises ou médiocres.Comme ici les mamelles sont tout ou à peu près toutdans l'exploitation, la viande de chèvre n'ayant qu'unefaible valeur, et comme aussi l'enlretien d'une laitière depremier ordre n'est pas plus difficile que celui d'unemauvaise ou médiocre, c'est exclusivement sur ces organesque doit porter l'attention, et c'est en fait ce qui atoujours lieu de la part des praticiens, qui ne se laissentguère troubler par la propagande des amateurs d'acclimatation.Conditions d'habitation. — Il n'y a rien qui soit particulieraux brebis laitières, au sujet de l'habitation. Letroupeau dentelles font partie est. logé comme les autres.Ses besoins hygiéniques ne diffèrent point. Nous n'avonspar conséquent rien à ajouter à ce qui a été déjà dit.Quant aux chèvres, on sait que l'existence vagabondeau dehors leur convient surtout. Elles ne sont pas difficilespour leur abri durant la nuit. Pourvu que cet abrisoit suffisamment clos du côté du vent, cela leur suffit. Ilne saurait d'ailleurs être trop bien aéré.


TRAITE DES BREBIS ET DES CHÈVRES. 265Alimentation. — Rien non plus de particulier ausujet de l'alimentation. Ce qui a été dit (p. 234) à proposdes brebis nourrices s'applique de tout point à celles quisont exploitées pour la laiterie, ainsi qu'aux chèvres. Ilsuffit conséquemment d'y renvoyer le lecteur. Autrementil faudrait se répéter, et cela serait sans aucune utilité.Il y a lieu toutefois d'insister sur la nécessité de nourrir,en toute saison, les brebis laitières avec des rations suffisammenthumides pour fournir au sang l'eau nécessaireau plus grand fonctionnement des mamelles. Il faut quel'alimentation d'hiver contienne autant d'eau qu'il y en adans les herbes de pâturage ou dans les fourrages verts.Traite des brebi3 et des chèvres. — Les résultatsdes recherches d'Emile Wolff, de Iîoedecker, de Struckmann,de W.cke, relatives à l'influence du nombre destraites par jour sur la quantité et la qualité du lait produit,bien que ces recherches aient porté sur des vaches, nepeuvent marquer d'être valables pour les brebis et leschèvres. La fonction des mamelles est la même dans tousles genres d'animaux mammifères.Nous avons r-'-sumé (t. IV, ch. vm) ces résultats, quimontrent que la quantité journalière du lait obtenu detrois trai;es est notablement plus grande que celle fourniepar deux traites seulement. Ils montrent aussi que celait est plus riche en beurre dans le premier cas que dansle second. Ils montrent enfin qu'aussi bien au point devue de la qualité que de la quantité, il y a grand intérêt àce que chaque fois la traite vide les mamelles aussi complètementque possible.Chez les brebis et les chèvres, comme chez les vaches,il y a donc avantage à opérer la traite trois fois par jouret complètement chaque fois. Et même l'avantage estencore plus sensible, du moins en ce qui concerne lesbrebis, à cause de leur nombre plus grand. La proportiondu surplus par tète restant la même, il est. clair que lesurplus total grandira comme l'eiïoriif du troupeau. Cequi, dans un district, peuplé de 20/fiO vaches, augmenterait.,à raison de 2 litres de plus par tête et par jour, laproduction totale de 40,000 litres, donnera, pour les 400 à


266 PRODUCTION DU LAIT.500,000 brebis du Larzac, à raison seulement de 0,2, unaccroissement de 80 à 100,000 litres, soit le double aumoins.On voit par là combien la recommandation est à considérer.


MÉTHODES DE PRODUCTION. 267CHAPITRE IXPRODFCTION SFÉ< IVLE DE LA VIANDEMéthodes de production. — Les consommateursdemandent maintenant trois sortes de viande d'Ovidés,dont les débouchés commerciaux sont de grandeurs différentes,mais néanmoins toujours certains.La première de ces sortes est celle de la viande d'agneauou de chevreau nourri exclusivement de lait, quise consomme principalement dans les pays méridionaux,dans les climats chauds, et dont le débouché est nécessairementle moins grand.La deuxième est celle d'agr.eau sevré, dit agneau grisdans le nord de la France, engraissé et abattu entre l'âgede huit et celui de onze à douze mois. Cette sorte deviande, introduite récemment dans la consommation, y abientôt pris une extension remarquable, surtout à Paris,où elle a été présentée pour la première fois, croyonsnous,comme un mets de luxe. Son introduction et sonacceptation sont dues à la grande habileté industrielle deM. de Béhague, l'un de nos plus grands éleveurs français.Pour lui assurer le débouché, M. de Béhague ne s'estpoint borné à l'offrir aux bouchers, en exposant ses produitssur le marché. Il a traité directement avec le principalmarchand de volailles et de gibier, en obtenant despremiers restaurants que leur carte en portât l'indication.En peu de temps, il ne lui fut plus possible de suffire àla demande, et bientôt les marchands de comestiblesdurent lui susciter des imitateurs, pour se mettre enmesure de satisfaire leur clientèle. Aujourd'hui, ce genrede production est môme sorti des limites primitives pour


268 PRODUCTION sptci LE n* LA VIANDE.entrer dans la grande cois m nation. La Prusse expédieen grand nombre sur le marché de La Villette des agneauxgris qui s'y vendent à des prix de faveur, moins élevéssans doute que ceux payés par les marchands de comestiblespour les produits français, car les prussiens sontde qualité inférieure, mais atteignant toujours quelquescentimes par kilogramme en sus des prix de la marchandisecourante.Enfin, la troisième sorte de viande d'Ovide consomméeest celle appelée viande de mouton, la plus importanted-i toutes, en réalité, par les quaniltés demandées. Onentend par l'i, il est à peine besoin de le dire, la viandearrivée à maturité, celle qui est fournie par les sujetsadultes ou près de le devenir, après qu'ils ont été engraissés.Nous avons vu la part considérable qu'elle prendà l'alimentation publique, et conséquemment le rôle quilui appartient en économie rurale, conséquemment aussil'attention dont elle doit être l'objet.Chacune des trois sortes de viande ainsi définies seproduit selon des méthodes particulières, que nous avonsà exposer. La production des deux premières se confondpresque entièrement, quant à sa technique, avec celle desjeunes Ovidés en général ; elle n'en diffère que par quelquesparticularités. La dernière, qui consiste seulement,comme dans le cas des Bovidés, dans l'accumulation de lagraisse aux lieux d'élection, ne comporte point de théoriespéciale. La graisse se forme et s'accumule, en d'autrestermes, l'engraissement se réalise, chez les Ovidés commechez tous les autres animaux, exactement dans les mêmesconditions. Il serait donc tout à fait superflu de répéterici la théorie de l'engraissement que nous avons exposéeailleurs déjà U. IV. p. aio K Les encaisseurs de moutonspourront s'y reporter. On doit se borner aux détails pratiquesdes opérations que comportent les méthodes deproduction spéciale des diverses sortes de viande dont ils agit.Viande d'agneau ou de chevreau de lait. - Enjrar.ee, celte viande se produit un Peu partout où desbrebis ou des chèvres sont entretenues, mais particuliè-


VIANDE D'AGNEAU OU DE CHEVREAU DE LAIT. 269rement dans les départements du sud-est et dans ceuxoù les brebis sont exploitées comme laitières. Dans laville d'Avignon, par exemple, il se consomme des quantitésénormes d'agneaux de lait; aussi dans cellessituées autour du Larzac, comme nous l'avons vu. Dansles Alpes françaises, notamment autour de Grenoble, ils'abat beaucoup de chevreaux. C'est pourquoi, dans cesrégions-là, l'industrie de la mégisserie et celle de la ganteriesont irès-développées. Il en est de même dansl'Asie mineure, pour la fourrure nommée Astrakan, qui,comme on sait, est faite de peau d'agneau.Dans notre sud-est, la production spéciale de la vianded'agneau se fait avec les brebis particulièrement prolifiqueset laitières des variétés dite barbarine de la raceasiatique et du Larzac de la race des Pyrénées. Nousavons vu, en décrivant la première, que dans quelqueslocalités de la Drôme, et particulièrement dans la communede Sahune, on s'applique à développer la doubleaptitude de ces brebis, en vue de l'industrie en question.Certains producteurs, dans le Gard notamment, pourobtenir de plus forts agneaux, ont introduit des béliersanglais, les uns des southdowns, les autres des shropshiredownsou des Leicesters, pour les croiser avec lesbrebis des Causses albigeoises ou du Larzac. Mais cesont là des exceptions tout à fait restreintes, dont lesavantages n'ont pas été assez saillants pour entraîner lamasse, en présence des frais considérables que ces introductionsexigent.Du reste, la production des agneaux de lait (c'est ainsiqu'on les nomme dans ce cas comme dans le cas général)ne doit différer en rien de ce que nous l'avons vue ennous occupant des jeunes Ovidés, si ce n'est que cesagneaux sont vendus pour la boucherie entre un mois etsix semaines après leur naissance, et qu'en ce cas chaquebrebis en peut sans inconvénient allaiter deux durant cetemps relativement court. Dès lors, il n'y a pas de motifpour suivre la pratique recommandée comme la meilleuredans les troupeaux d'élevage, et qui consiste à sacrifierle plus faible des agneaux jumeaux qui naissent. Bien au


270 PRODUCTION SPÉCIALE DE LA VIANDE.contraire, il y a lieu de rechercher de préférence lesbrebis qui en font toujours deux à la fois et de les leurlaisser allaiter. A six semaines, chacun ne pèse point lepoids auquel un seul, consommant tout le lait maternel,serait arrivé ; mais les deux ensemble pèsent davantageet ont conséquemment produit plus de viande. Le lait aacquis ainsi une plus grande utilité actuelle. L'avenir icin'importe point, puisqu'il n'existe pas.Qu'après la vente des agneaux pour la boucherie, le laitsoit ou non exploité comme nous l'avons vu dans le chapitreprécédent, c'est ce dont nous n'avons pas à nousoccuper présentement L'opération spéciale, au point, devue technique, a pour objet uniquement de fabriquer desagneaux qui, au moment où ils sont prélérés pur les consommateurs,atteignent le plus fort poids. Elle se réalisedans les meilleures conditions eu choisissant fis brebisqui font les plus gros et qui, étant bien nourries, lesallaitent le plus copieusement. Nous avons vu que cellesdu Larzac, par exemple, qui en livrent charpie année à laboucherie plus de 250,000, leur font atteindre une valeurqui, après quelques semaines, dépasse 5 francs partète.Tayon (1) a fait deux séries de recherches expérimentalesdans lesquelles il a déterminé le temps nécessaireet la quantité de lait consommée pour amenerles agneaux jusqu'au poids de 12 kilogr., selon leur origine.Il a opéré sur un grand nombre de sujets des diversesraces qu'il a sa disposition et des métis qui résultentde leur croisement. Les uns étaient de la variétébergamasque de la race du Soudan, d autres de la variétébarbarine de la race asiatique, d'autres de la variétédes causses de la race des Pyrénées d'autres de lavariété corse, d'autres des variétés southdown et shropshiredownde l'irlandaise, d'autres des variétés de Nazet de Bambouillet de la race mérinos. Comme métis ily avait des Bergame-Burbarin, des P.arbarin-Larzac, des(t) Le Progrès agricole et viticole, Journal d'agriculture méridionale.Montpellier, 18 i et 1885.


VIANDE D'AGNEAU GRIS. 271Corse-Larzac, des Rambouillet-Corse, des Corse-Soufhdown,et des Barbarin-Dishley-Caussenard.Le gain total, depuis la naissance jusqu'à l'abatage aupoids de 12 kilogr., environ, a varié entre G k 770 et 9'» 910.Le temps nécessaire pour atteindre le poids marchand aété au minimum de 23 jours et au maximum de 93 jours.L'accroissement maximum par jour a été de 331 gr., et leminimum de 105 gr. On a calculé qu'il fallait généra'ementde 4 à 5 litres de lait de brebis pour un accroissementde 1 kilogramme.L'examen détaillé des résultats montre que les influencesindividuelles interviennent autant que celles derace ou de variété. Peut-être même ont-elles plus d'importance.Cependant il semble que les agneaux de variétébergamasque aient toujours la prééminence, autant pourla rapidité du développement que pour le rendement enviande nette, qui dépend en grande partie de cette rapidité,à cause du faible poids proportionnel qu'atteignentles organes digestifs.Les chevreaux, beaucoup moins nombreux, sont surtoutestimés pour leur peau. Nous n'avons rien à en dire en particulier,leur v iande n'étant guère consommée dans les villes.Viande d'agneau gris. — La première condition,pour que la viande d'agneau gris présente les qualitésqui la font rechercher des consommateurs, c'est qu'ellesoit fournie par des sujets doués de la précocité. On nepeut donc pas la fabriquer avec des agneaux quelconques,appartenant à la première race venue. Il faut que leurrace, ou tout au moins l'une de celles qui concourent àleur fabrication, ait, en outre la faculté de donner de laviande parfaitement savoureuse. Sans la double condition,cette viande d'agneau gris reste fade et peu agréableà manger, partant, non acceptée. Elle n'atteint pas, à l'âgeconvenable, le degré d'évolution auquel ses propriétésorgan deptiques sont, à point, pour en faire une viandetendre comme celle d'agneau de lait, d'une saveur fine etseulement un peu moins accentuée que celle de la chairdes sujets adultes de la même race, toutes qualités quilui ont valu la faveur des gourmets.


272 PRODUCTION SPÉCIALE DE LA VIANDE.Dans l'état actuel des choses, les agneaux qui fournissentcette sorte de viande sont des southdowns purs, desmérinos précoces, des soutlidowns-berriehons et dessouthdowns-mérinos. Les premiers sont exploités en Angleterreet les derniers en Prusse. C'est avec les southdowns-berrichonsque M. de Béhague a inauguré en Francel'industrie en question, dans des condilions pratiquesque nous allons décrire en détail et qui ont eu de nombreuximitateurs dans la région peuplée de moutons berrichons.Les mérinos précoces et les southdowns-mérinossont venus après, en France et en Prusse, mais non pascomplètement suivant le môme mode d'exécution.Les uns et les autres se vendent généralement sur pied,comme les agneaux soiilhdowns en Angleterre, à des prixsupérieurs au Cours normal du marché, ainsi que nousl'avons déjà dit, mais non pas égaux toutefois à ceux dessoutlidowns-berriehons préparés comme nous Talionsvoir. C'est précisément dans leur préparation qu'éclatesurtout l'habileté industrielle de l'initiateur de ce genred'opérations, encore plus que dans les procédés techniquesde fabrication, dont la plupart étaient connus el enseignésavant lui, attendu que ce sont purement et simplementceux recommandés pour réaliser la précocité. Ilsont été suivis et appliqués avec la sûreté d'exécution d'unpraticien consommé, et sanctionnés par un succès constantet de plus en plus remarquable, à vrai dire ; maisla création incontestable se trouve dans les combinaisonséconomiques de l'opération, où l'on voit d'abordune application excellente du procédé de croisement industriel.L'opération consiste avant tout à acheter, au moment dela plus forte baisse sur le marché, des brebis berrichonnesjeunes, et à les faire lutter par des béliers southdownsbien choisis selon les principes de la sélection zuotechnique.Ces béliers sont achetés ou produits à la ferme,peu importe. Cela, dépend de l'étendue de celle-ci et desressources alimentaires dont elle dispose. Dans le casoù ces ressources ne dépassent point le nécessaire pourrépondre aux exigences du débouché ouvert aux agneaux,


VIANDE D'AGNEAU GRIS. 273il y a plus d'avantage à acheter les béliers qu'à les produiresoi-même.Les brebis betrichonnes, mieux nourries que dans lesconditions communes (car il est bien entendu que l'opérationse poursuit sur une ferme dont la culture est enprogrès), gagnent du poids en même temps qu'elles l'ontdes agneaux et les allaitent. Dès qu'elles ont atteint l'étatadulte, c'est-à-dire dès qu'elles n'ont plus de dents caduques,elles sont engraissées, puis vendues grasses, etremplacées par des jeunes. La plupart ont auparavantfait ainsi deux fois des agneaux, les autres une fois seulement.Cela dépend de l'âge auquel elles ont pu êlreAchetées.Delà sorte, il y a nécessairement un fort écart entreles prix d'achat et les prix de vente de ces brebis, écartdont la valeur s'inscrit au crédil de l'opéralion, à côté decelle des agneaux produits et vendus.Les raisons qui doivent assurer aux jeunes brebis berrichonnesla préférence sur celles des autres variétés dela même race, et notamment sur les solognotes,ont à peinebesoin d'être rappelées. Nous avons vu, en les décrivant,combien les premières l'emportent sur les autres par lasolidité de leur tempéramentet par la qualité de leur chair.Les agneaux soutlidowns-berriehons ainsi obtenus participenthéréditairement, dans des mesures variables,comme on sait, des caractères de leurs deux ascendants.Les uns sont plus, les autres moins aptes au développementhàlif; mais tous le sont plus que les purs berrichons.En tout cas, ce qui imporie au premier chef pourqu'ils réussissent bien, c'est que leur mère soit capablede les allaiter à satiété. Seules celles qui sont dans cecas doivent être admises à faire un second agneau; lesautres seront engraissées et vendues après le sevragedu premier, encore bien qu'elles n'auraient pas atteintl'état adulte. Avec elles, l'opéralion ne réussit jamaiscomplètement : leurs agneaux ne peuvent atteindre lemaximum de valeur. Ii n'y a pas lieu d'insister. Nousnous sommes expliqués amplement sur ce sujet, à proposde l'allaitement des agneaux en général.


274 PRODUCTION SPÉCIALE DE LA VIANDE.Cet allaitement, pour le cas particulier, ne diffère d'aucunefaçon, et il en est de même pour le sevrage. Nulledifférence non plus pour le régime général et pour lerégime alimentaire des agneaux sevrés, si ce n'est qu'icil'alimentation au maximum, en valeur nutritive et enquantité, ne peut comporter aucune atténuation. Ce sonttoujours les individus les plus fortement nourris quiréussissent le mieux et qui, à précocité égale héréditairement,atteignent le plus tôt le poids fixé pour la consommation.Pour régler cette alimentation, on devra doncse reporter au chapitre de la production des jeunesOvidés en général (p. 18:)).Mais nous devons ajouter, toutefois, qu'ici la qualité dela viande importe au moins tintant que sa quantité. Lesrations alimentaires ne doivent pas être composées seulementen vue de faire gagner du poids; il convient, enoutre, de se préoccuper beaucoup de n'y faire entreraucun aliment capable d'altérer la saveur de la chair. Lespulpes ou résidus de sucrerie ou de distillerie, les tourteauxde lin, de colza, de noix, ou d'autres graines oléagineusesfortement odorantes ou qui rancissent facilement, tousles aliments, en un mot, réputés à juste litre comme nuisiblesà la bonne saveur de la viande, doivent être exclus.Les bons foins de graminées ou de légumineuses, lescarottes, avec le mais, l'orge, l'avoine, les germes demalt, la féverole, et autres aliments concentrés jouissantau contraire d'une bonne réputation, seront préférés.On voudra bien remarquer que ce qui précède ne s'appliquepas seulement aux agneaux soulhdown-berriehons.L'allaitement et l'alimentation qui suit le sevrage, pourassurer à la viande les qualités indiquées, conviennent demême pour les southdowns purs, pour les mérinos précoceset pour les soulhdown-rnéi inos, .aussi bien quepour tous autres qui pourraient être exploités de la mêmefaçon. Les différences sont seulement dans le mode dereproduction. Dans des cas, il s'agit de produits précocespurs; dans d'au Tes, de métis. La précocité héréditaireest donc seule essentielle, à ce point de vue.Mais où ces difiérences s'accentuent, pour donner à


VIANDE D'AGNEAU GRIS. 275l'opération inaugurée en France une supériorité incontestfile, ce n'est pas seulement au sujet de la pratiqueusitée à l'égard des brebis, exploitées elles-mêmes pourla production de la viande, c'est en outre pour ce quiconcerne le mode de vente des agneaux.Nous avons vu que sur les marchés anglais, allemandet français, ces agneaux arrivent pour la plupart sur piedet sont vendus tels aux bouchers. L'innovation heureusea consisté à traiter au préalable avec un marchand decomestibles, en s'engageant à lui livrer régulièrement,chaque semaine, une certaine quantité de viande d'agneaugris prête pour la consommation, lequel s'engageait, deson côté, à l'accepter et à la payer un prix convenu. Dansces condilions, qui assurent à la marchandise un écoulementrégulier et permettent de la fabriquer avec sécurité,les agneaux sont abattus à la ferme, préparés commeils le seraient à l'échaudoir du 1 oucher ; leur viande estemballée avec soin, entourée de linges, dans des paniers,et expédiée par chemin de fer, ce qui nécessite, on lecomprend, que la ferme où se fait l'entreprise soit situéeà proximité d'une voie ferrée.Cela exige, bien entendu, une installation et un personnelqui entrainent des frais ; mais en songeant quetous les abats restent ainsi à la ferme et qu'en outre lesfrais de transport ne portent que sur la viande nette, ilest bien facile de comprendre que ces frais d'installationet de personnel sont plus que compensés. Du reste,M. de Béhague a publié (1) le compte de 100 agneauxtraités ainsi. Les faits vont montrer ce qu'il en est:« Les cent jeunes moulons sur lesquels portent nosexpériences, dit-il, étaient nés en mars ; j'ai commencé àles livrer à mon acheleur le 8 décembre : ils étaient âgésde neuf mois; ceux de la dernière livraison du 28 décembreavaient donc vingt jours de plus d'engraissement.t Malgré celte différence de vingt jours, le tableau(1) Bulletin de- siinces de la Société centrale d'agriculture deFrance, t. XXXV, p. 43, 1875.


276 PRODUCTION SPÉCIALE DE LA VIANDE.montre une diminution dans le poids et aussi dans le prixmoyen en argent, qui est, pour les moulons de la premièrelivraison, âgés de neuf mois, de 42 fr. 02, et seulementde 37 fr. 73 pour ceux de la dernière livraison ;différence, 2 fr. 29, bien qu'ils aient lotis été tenus auxmêmes régime et rations ; la différence est donc de2 fr. 29, auxquels il faut ajouter les vingt jours de nourritureen plus.« On ne doit pas attribuer ces résultats à d'autrescauses que celles-ci : la plus ou moins grande aptitude deces jeunes moutons à plus ou moins profiler de la ration,et, par conséquent, à leur précocité qui, elle, doit être attribuée,en grande partie, aux qualités laitières des mères.< Il résulte de mes observations que l'éleveur qui veutobtenir de la précocité, seul et unique moyen de produirede la viande à bon marché, doit, avant tout, choisir sisbéliers dans les familles laitières, et pousser, autant qu'ille peut, les mères à produire beaucoup de lait, fait considérableet qui a inllué sur toute la spéculation.« A chaque livraison, on a fait choix dans les centjeunes moutons, livrant chaque lois les plus gras et lesplus avancés, par conséquent les mieux conformés et lesplus aptes à prendre la graisse, et qui se sont trouvésaussi les plus forts. Les derniers ont naturellementété lesmoins bien disposés et les moins propres à assimileravec profit la ration ; si tous eussent été de la qualité despremiers, et qu'ils aient tous été vendus le 8 décembreau prix de 42 fr. 02, les cent moutons eussent produit4,2


VIANDE D'AGNEAU GRIS. 277c Une forte alimentation dans le jeune âge développe,chez l'élève, ses facultés d'absorption, et l'on remarqueque, généralement, les bètes fortement nourries dansleur jeune âge s'entretiennent mieux et tirent un meilleurprofit de la ration que les bètes élevées avec parcimonie.« De tout ceci il résulte que, pour produire à bonmarché, il faut obtenir une grande précocité, et que l'onne peut espérer y parvenir qu'en nourrissant fortementles mères pendant l'allaitement, et l'élève depuis le jourdu sevrage jusqu'à son départ pour la boucherie.• L'animal qui consommera le plus en moins de tempssera toujours celui qui présentera le plus fort profit àl'éleveur. >On voit comme l'habile praticien insiste sur les pointsdont nous avons théoriquement démontré l'importanceprépondérante, d'une manière plus générale.Mais l'intérêt de son compte est principalement dansles chiffres qu'il donne. Le prix de vente de ses moutonsfait ressortir, d'après leur poids, à 2 fr. 10, la valeur dukilogramme de viande nette. M. de Béhague a voulu, conformémentaux anciennes habitudes de la comptabilitéagricole, en déterminer le prix de revient. Donnant desvaleurs d'estimation aux aliments consommés et quiavaient été produits dans sa ferme, luzerne, trèfle, betteraves,seigle, petit blé, et les ajoutant à celles des alimentsachetés, mais et tourteaux de colza, il est arrivé àun prix de 0 fr. 1015 par jour et par tèle, pour l'alimentation.Il est plus correct de dire que les 39 fr. 99, prixmoyen des sujets produits et vendus, représentent lavaleur donnée aux denrées consommés par chaque individu,et les quantités de ces denrées étant connues, derépartir entre elles cette valeur, conformément à la méthoderecommandée par nous. De la sorte, on voit quela transformation en viande a été plus avantageuse quene l'eût été leur vente directe sur le marché.D'autres exemples, se rapportant à des mérinos précoces,leeueilhs sou en Bourgogne, soit, en Brie, maisdans lesquels les agneaux ont été vendus sur pied, depuisl'âge de dix mois jusqu'à celui de neuf nu i-, ne sontv. 16


278 PRODUCTION SPÉCIALE DE LA VIANDE.pis moins significatifs. Nous en avons publié depuislongtemps un entre autres, dans lequel il s'agissait ausside cent individus de neuf mois, vendus en moyenne58 1V. 70; mais ici il y avait S IV. 25 pour la toison, àraison de 3 IV. 30 le kilogramme île laine en suint. A parila valeur plus élevée de la laine, la différence de prixs'explique facilement par le plus fort poids qu'atteignent,au même âge, les mérinos précoces par rapport aux métissoulhdùwn-berrichons. On peut juger par lâdeceque valentles critiques relatives à la viande de mérinos.En définitive, on voit bien que la production de laviande d'agneau gris, par les procédés que nous venonsd'exposer, est une des opérations zooleelmiques les plusavantageuses qui se puissent entreprendre dans les régionsoù les Ovidés précoces peuvent être exploités. Eten terminant, nous ne pouvons nous dispenser de faireremarquer que dans celles actuellemenl peuplées de mérinos,comme la Prusse, il n'y a vraiment pas de raisonsni techniques ni économiques pour donner la préférenceà l'emploi des béliers soiilhdovvns sur celui de nos mérinosprécoces. Des essais faits avec ces derniers, notammentdans le duché de Posen, ont montré, à notreconnaissance, que les agneaux obtenus pèsent plus, aumôme âge, que les southdown-mérinos, et ont conséquemmentplus de valeur pour la boucherie, sans comptercelle de la laine, incontestablement plus élevée.Viande de mouton. — La production de la viande demouton s'entend, comme nous l'avons dit, d'une opérationtoule spéciale, complètement indépendante de ce qui concernel'entretien des troupeaux, et correspondant à dessystèmes de culture différents de celui qui comporte cetentrelien. L'opération consiste simplement à engraisserla chair des sujets arrivés à la maturité, brebis ou moutons,pour lui faire acquérir les finalités de la viande comestibleet augmenter ainsi sa valeur. Il ne s'agit passeulement de leur faire gagner du poids. Cela ne


VIANDE DE MOUTON. 279l'accumulation de la graisse. L'entreprise a pour objetimmédiat d'utiliser rapidement des substances alimentairesdisponibles, et elle est d'autant plus lucrativequ'elle dure moins longtemps, dans tous les cas. Sonsuccès dépend donc autant, et plus même, au point devue purement financier, du choix des sujets avec lesquelselle est faite, que des détails techniques de son exécution.En effet, ce qui importe par-dessus tout, comme nousl'avons déjà fait remarquer à propos de la production dela vianle de Bovidé, c'est de viser à la bonne qualité dela marchandise pro I ni te. Sur les marchés d'approvisionnement,les moutons gras de première qualité trouventtoujours acheteur aux cours les plus élevés. Non seulementils n'exigent pas plus de frais d'engraissement queles médiocres, mais il est évident, au contraire, qu'ils enexigent moins. Il y a donc avantage certain à n'opérer,autant que possible, que sur ceux qui, parleur origine oupar leur état actuel, se prêtent le mieux à faire atteindrele but ainsi in Jiqué.En certains cas, 1 opération d'engraissement se combineavec l'exploitation d'un troupeau. On engraisse, avant deles vendre, quand le moment est venu, les moutons produitssur la ferme et les brebis mères qui doivent quitterle troupeau, ayant acquis leur maximum de valeur, conformémentà la théorie économique que nous avons développée.Nous ne pensons pas que cette façon de procéder soitla meilleure. Les deux modes d'exploitation des Ovidésne correspondent point au même système de culture. Il ya plus d'avantage à diviser le travail et h vendre tout desuite, dans le troupeau bien administré;, les animaux àl'cngraisseur, plutôt que de les engraisser soi-même.D'un autre côté, le troupeau n'est pas à sa place dans lesystème de culture où se trouvent réunies les meilleuresconditions pour entreprendre l'engraissement des moutons,comme nous le verrons tout à l'heure.11 suit de là que les entreprises les mieux combinéesde production de la viande de mouton, définie plus haut,


280 PRODUCTION SPÉCIALE DE LA VIANDF.se font avec des sujets achetés sur le marché, dans debonnes conditions. Ce sont ces conditions qu'il faut d'abordexaminer et déterminer.Les caractères mêmes de cette viande, qui la distinguentde celle d'agneau gris, imposent l'obligation de n'opérerque sur des animaux arrivés à l'état adulte ou surle point de l'atteindre, c'est-à-dire n'ayant plus de dentsde lait, ou n'en conservant qu'une prèle à tomber. Auparavant,la chair n'est pas encore assez mûre. Elle n'a plusles qualités spéciales de celle d'agneau ; elle n'a pasacquis complètement celles de la chair de mouton proprementdite; elle manque toujours plus ou moins dudegré de saveur propre à chaque race. Elle ne peut jamaisatteindre ainsi la première qualité ou le premier choix.En outre, les sujets qui sont encore dans la période decroissance ne s'engraissent point aussi bien ni aussi facilementcpie les adultes; ils doivent utiliser une partie deleurs aliments pour achever leur squelette et leurs massesmusculaires Ils font de la chair plutôt que de la graisse ;ils gagnent du poids, non de la qualité. En ce cas, lepoids vif acheté n'acquiert, au moins durant la plusgrande partie de l'opération, que peu ou point de plusvalue.Mais on ne doit pas oublier non plus que les adultes,que les sujets pourvus de leur dentition permanente complète,perdent de leur puissance digeslive el de leur facilitéd'engraissement à mesure qu'ils avancent en âge.L'appétit va aussi chez eux diminuant. Conséquemment,il faut conclure (pie l'âge le plus favorable, pour les moutonsd'engrais, est celui qui se rapproche le plus ou s'éloignele moins de l'âge adulte. Le moment en est caractérisépar l'évolution aussi récente que possible des dernièresdents permanentes, par ce que les praticiensappellent la bouche fraîche. C'est alors que les alimentsconsommés sont le mieux utilisés, dans le sens de l'entrepriseindustrielle.Il va de soi, d'après nos connaissances générales, queles siqels précoces, ceux chez lesquels ce moment arriveplus tôt que chez les autres, sont préférables. Il est connu


VIANDE Dtt MOUTON. 281que leur coefficient de digestion est toujours plus élevé.Ils utilisent par conséquent davantage les matières premières,les aliments, et sont plus tôt gras, économisantainsi les frais d'entretien. La fabrication de la viande,avec eux, est moins coûteuse et dès lors plus lucrative.Sur le marché des animaux d'engrais il convient doncde préférer, au même état de développement, les sujetsappartenant aux variétés précoces, mais en tenant comptetoutefois des autres qualités, et notamment de celle quise rapporte à la saveur naturelle de la chair. Il n'y auraitpas à hésiter, par exemple, entre des southdowns et desleicesters également précoces. On sait que les premierssont toujours plus payés, par kilogramme de poids vif, àcause de la qualité supérieure de leur viande. Des berrichons,même non précoces, valent encore mieux que cesleicesters, pour le même motif, et à plus forte raison quedes flamands ou des picards, ou des mérinos communsde Beauce ou de Brie, dont la viande est à juste titre peuestimée.Ceci veut dire que dans l'achat des animaux il ne fautpoint perdre de vue le= qualités spéciales des races oudes variétés, telles que nous les avons indiquées en lesdécrivant, afin de donner autant que possible la préférenceaux meilleures. Maison ne peut pas méconnaîtreque, dans la pratique, les circonstances du marché s'opposentsouvent à ce que le mieux soit atteint. Quand cescirconstances sont telle- que la question se pose seulemententre l'abstention complète et une entreprise qui nepermet point d'atteindre la visée préférée, on est bienobligé de se contenter du possible. La nécessité commande.Mieux vaut encore un faible profit que l'absencede tout profit. Nous n'en devons pas moins indiquer lebut le plus désirable, en sachant fort bien qu'il ne peutpas toujours être atteint, à cause de l'état du marché.Celui qui le connaît bien, parmi les encaisseurs, est évidemmenttoutefois dans de meilleures conditions quecelui qui l'ignore. Du moins il ne néglige pas, par ignorance,les occasions d'y arriver qui peuvent se présenter.A l'égard des formes corporelles ou de la conformationT. «.


282 PRODUCTION SPÉCIALE DE LA VIANDE.à rechercher pour les sujets d'engrais, nous devons renvoyerpurement et simplement à l'article de la sélectionzooteclmique des Ovidés (p. 102). Celles qui ont été indiquéeslà n'ont pas eu d'autres bases, on voudra bien s'ensouvenir, que colles fournies par l'objet dont il s'agit ence moment, en raison de ce que la production de laviande est, chez les Ovidés, comme chez tous les animauxcomestibles, la fonction économique prédominante.Décrire ici de nouveau le tj pe de conformation le plusapproprié, dans toutes les races, à cette fonction, seraitdonc faire double emploi.Mais en outre des formes a recnercrier, il y a encore àconsidérer l'état individuel, accusant à la fois l'aptitudepour l'engraissement et le degré d'embonpoint, qui influentconsidérablement sur le résultat économique del'opéraLion, parce qu'ils en déterminent la durée. Il y a,chez les Ovidés comme chez les Bovidés, dans toutes lesraces, des individus tendres et des individus durs. Deplus, il y en a fréquemment, chez les premiers, dont l'étatde santé ou l'état constitutionnel laisse plus ou moins àdésirer. La cachexie qualifiée d'aqueuse on vulgairementde pourriture, qui est, comme on sait, une forme particulièred'anémie due le plus souvent à la présence de parasitesdans le foie ou ailleurs, s'y présente fréquemment.File s'accuse à l'extérieur par la pâleur delà muqueusede l'oeil, qui fait dire que les animaux n'ont pas de sang.Il ne faut donc jamais manquer d'examiner la conjonctive,pour s'assurer si elle est suffisamment rosée pourque l'existence de celte cachexie ne soit pas à craindre.Non seulement, quand elle existe, les animaux s'engraissentdifficilement et à grands frais, mais encore ils neproduisent jamais que de la viande de qualité inférieure.On peut, en connaissance de cause, entreprendre de lesengraisser, en les soumettant à un régime fortifiant,Comme l'a fait M. de Béhague, par exemple ; mais c'est àla condition de les obtenir à très-bas prix, bien inférieurà celui du cours actuel.Pour constater l'aptitude individuelle à l'engraissement,il faut explorer les maniements ou manier les sujets,


VIANDE DE MOUTON. 283chez les Ovidés comme chez les Bovidés. L'explorationéclaire aussi bien, d'ailleurs, sur la marche même de l'opération.Elle se pratique eu appliquant la main ouverted'abord sur le garrot, au niveau des épaules, puis sur leslombes, en appuyant et en cherchant à rapprocher lesdoigts du pouce. Cela permet d'apprécier la largeur desdeux régions et l'épaisseur des masses musculaires etgraisseuses existant sous la peu. Les plus larges et lesplus épaisses sont les meilleures. Les sujets tout à faitmaigres ont le garrot étroit et saillant, les extrémitéslibres des apophyses transverses des vertèbres lombairessont perceptibles immédiatement sous la peau. Ilne faut pas les acheter, surtout lorsque leur peau adhèreaux parties sous-jacentes par un tissu conjonctif rare etserré.Cet état du tissu conjonctif, qui indique sûrement l'absenced'aptitude à l'engrais-.sèment, se manifeste surtoutvers la base de la queue,sur la partie supérieure etlatérale de la croupe. Lorsquela peau, explorée encette région, comme le montrela figure 4t. ne s'yplisse pas facilement, ne s'ymontre pas épaisse, soupleet moelleuse, elle est. encoreplus adhérente partout ailleurs.C'est là, du reste, que lagraisse extérieure se déposeManiement de la croupe.d'abord et que le maniement permet de suivre les progrèsde l'engraissement. Les sujets chez lesquels ce maniementexiste déjà dans une proportion moyenne, étantà cet état, qu'on appelle ordinairement demi-gras, sontpréférables aux autres. L'opération est toujours [dus lucrativeavec eux qu'avec les individus tout, à fait, maigres,la première graisse étant la [dus coûteuse à obtenir. Enles payant plus cher, on fait donc une meilleure affaire.


28'tPtlODUCTION SPÉCIALE DE LA VIANDE.comme nous l'avons établi à propos de l'engraissementdes Bovidés. Avec un plus faible nombre de rations, onobtient un écart au moins aussi grand entre le prix d'achatet le prix de vente, parlant un bénéfice plus considérable.Lorsque l'engraisseur a l'avantage d'être doué de l'aptitudecommerciale, quand il est bon acheteur, il opèrelui-même ses achats sur les marchés des environs, surtoutsi ses opérations sont relativement restreintes et s'iln'a pas d'autres occupations plus impérieuses ; mais s'ila reconnu que cette aptitude lui manque, ou si son entreprised'engraissement comporte l'achat et la vente deplusieurs milliers de moutons dans le courant d'une campagne,ce qui implique une exploitation étendue où saprésence presque constante est nécessaire, mieux vautavoir recours aux bons offices d'un ou de plusieurs commissionnaires,auxquels il donne ses instructions et quilui fournissent les moulons dont il a besoin. Ceux-là,ayant intérêt à le bien servir pour conserver sa clientèle,savent trouver la marchandise qui convient, à des conditionsque favorise leur fréquentation habituelle des foireset des marchés. La commission qu'il faut leur payer nedépasse guère les frais de déplacement et de conduitequ'il faudrait faire pour se passer de leur concours, en ycomprenant surtout la valeur du temps que l'on utiliseailleurs.Ces choses réglées, il n'y a plus maintenant qu'à s'occuperde l'exécution technique de l'opération d'engraissement,qui comporte ici encore les deux modes extensifet intensif, ou en d'autres termes l'engraissement au pâturageet l'engraissement à la bergerie. Nous devons enexposer successivement les détails.Engraissement extensif — La viande produite parl'engraissement que nous nommons extensif est généralementla plus estimée des consommateurs. Au mêmedegré d'infiltration graisseuse et pour la même sorte desujets, sa saveur est plus agréable. Cela se manifestesurtout pour les moulons engraissés sur les pâturessituées non loin des bords de la mer, qu'on nomme préssalés. La réputation des moutons de pré salé est bien


ENGRAISSEMENT EXTENSIF. 285connue. La graisse formée par les herbes de ces pâturesa un goilt fin tout à fut particulier, auquel le sel de l'atmosphèremarine n est sans doute pas étranger; mais ilest probable que la qualité même de ces herbes y a laplus forte part. S'il n'en était pas ainsi, le même résultatpourrait être obtenu par l'addition d'une certaine quantitéde sel marin à la ration, dans toutes les autres conditions.Or, il n'en va pas de la sorte. Cette addition amélioreincontestablement la qualité de la viande, mais jamais aupoint de la rendre semblable à celle des véritables préssalés, si recherchés des gourmets.L'engraissement des moutons selon le mode extensifse pratique dans deux sortes de condilions, où le systèmede culture présente à utiliser des herbes ou des pâturesqui ne pourraient pas être mises en valeur autrement,du moins par leur transformation en matière animale.Dans les herluges propres à l'engraissement desBovidés, et même seulement à l'entretien des vacheslaitières ou du jeune bétail, comme ceuxde la Normandie,du Nivernais et du Charolais, de l'Auvergne, de la Hollande,etc., lorsque les bœufs ou les vaches ne trouventplus de quoi paître, à cause de leur mode de préhensiondes herbes sur pied, celles-ci sont encore assez longuespour que les chevaux puissent s'en nourrir. Aussi lesherbages bien aménagés sont d'abord consommés par lesbœufs ou par les vaches, selon leur qualité, puis par lesjuments ou par les poulains. Cela dépend des localités etdu genre de production bovine et chevaline.Après le passage des chevaux, qui tondent de plus prèsl'herbe, en raison de la mobilité de leurs lèvres etde la disposuion de leurs deux arcades de dentsincisives, les moutons trouvent encore facilement dequoi se remplir la panse. On sait qu'ils peuvent paîtreles herbes les plus courtes. Aussi les herbagers bienavisés ne manquent-ils point de les utiliser pour tirer,jusqu'à la fin rie l'arrière-saison, tout le parti possiblede leur pro ludion fourragère. Au moment convenable,qui arrive généralement vers la fin de l'été, ils achètentune troupe de moutons proportionnelle à la quantité


286 PRODUCTION SPÉCIALE DE LA VIANDE.d'herbes dont ils disposent, à partir de ce moment, etles leur font consommer de manière à ce qu'ils soientgras lorsque viennent les grands froids et les fortes intempéries.La seule difficulté de l'opération est de bien mesurerle nombre de ces moutons d'après la quantité d'herbedisponible, de manière à ce que l'alimentation journalièreatteigne toujours le maximum. On sait que là est lacondition fondamentale de toute entreprise d'engraissementbien conduite. Ici, la nature même des alimentsleur assure une digestibilité élevée, surtout quand ils'agit d'herbages riches. Il suffit donc, pour atteindre lebut dans le temps voulu, que les animaux puissent satisfairecomplètement leur appétit. Leur nombre, pour qu'ilen soit ainsi, dépend à la fois des ressources enherbes et de leur poids vif individuel. Les appréciationsexactes, sous ces divers rapports, ne sont pas précisémentfaciles. On n'y arrive que par l'expérience et letâtonnement, mais d'autant plus loi qu'on est plus éclairépar les connaissances théoriques exposées ici. En toutcas, mieux vaut rester en deçà que d'aller au delà dunombre convenable. Bans le premier cas, il y a perled'herbe, évidemment, puisque toute celle disponible n'estpas utilisée; mais dans le second tout est sûrementmanqué, parce que les animaux ne sont pas gras : ils sesont seulement entretenus et leur valeur commerciale n'aque peu ou point augmenté.Il va de soi que le succès dépend aussi de l'aptitudeindividuelle de ces animaux ; mais ceci l'étant point particulierau mode d'engraissement en question, nous n'avonspas à nous y ariêter. Cela concerne le choix desmoutons d'engrais en général, dont nous nous sommesoccupés [i recède m ment.L'autre sorte de conditions se présente dans les paysoii domine la culture fies céréales, et où surtout il est,difficile de lutter, par les cultures et les façons préparatoires,contre les herbes dites adventives. Après iamoisson, il reste des chaumes herbeux qui, dans c?- r -taines localités de notre connaissance, comme en Poitou,


ENGRAISSEMENT EXTENSIF.2S7par exemple, offrent des pâtures vraiment riches, étanlcomposées de minette pour une forte part. Sur cescnaumes, où se trouvent aussi bon nombre d'épis de bléayant échappé au glanage, les moutons s'engraissent avecune grande facilité, enlrele moment qui suit la moissonet celui des labours d'automne. Tous ou presque tousceux qui viennent du Poitou sur le marché de La Villetie,à l'arrière-saison, ont été engraissés ainsi.La question, examinée tout à l'heure, du nombre d'individusà mettre à l'engrais par unité de superficie herbeuse,se pose ici également. Elle ne peut pas êlrerésolue d'autre façon. Il faut, ici comme là, que les individustrouvent à manger à satiété. Moins il leur faut,pour cela, parcourir d'espace, mieux cela vaut. Ils sontplus tôt et plus complètement gras, ce qui augmentedavantage leur valeur et diminue leurs frais de production.Mais toutefois il y a des cas, pour les herbages commepour les chaumes, où malgré toutes les précautionsprises, et sous le rapport du bon choix des sujets et souscelui de la proportionalité de leur poids vif et de leurBombre avec la quantité d'herbes disponibles, l'engraissementcomplet ne peut pas être réalisé dans le tempsvoulu. Cela tient à ce que la qualité de ces herbes ne lepermet point. Leur relation nutritive n'est pas suffisammentétroite pour que la quantité qui en peut entrer dansl'estomac chaque jour fournisse à la digestion de quoiformer assez de graisse, une fois les besoins de l'entretiencouverts, pour que les animaux soient gras à la finde la saison.Dans ces conditions, l'entreprise utile consiste, non pasà fabriquer de la viande, puisqu'il n'est point possible delui faire acquérir la qualité marchande, mais bien à préparerles moutons pour l'engraissement intensif. On lesachète maigres, à bas prix par conséquent, et on lesremet en bon état ou parfois on les conduit jusqu'à cequ'ils puissent êlre qualifiés de demi-gras. Le poids vifqu'ils ont gagné leur assure une plus-value, qui représentela valeur donnée aux pâtures, et qui est dans tous


288 PRODUCTION SPÉCIALE DE LA VIANDE.les cas supérieure à celle qu'on en aurait tirée en \t*tenfouissant comme engrais pour la terre.Il importe donc de bien apprécier la puissance nutritivede ces pâtures de diverses sortes, .afin de réglerl'entreprise d'alimentation de façon à cequ'elle réussissetoujours, ainsi qu'il en a déjà été question, du reste, àpropos du régime du pâturage considéré en général. Oune mettra des moutons à l'engrais que surcelles qui sontassez riches pour les engraisser dans un délai convenable,qui ne doit pas dépasser cent à cent vingt jours ;sur les autres, on n'exploitera que des sujets ayantbesoin de se refaire, connue les brebis fatiguées par l'allaitementou les moulons qui ont été nourris afin de lesvendre ensuite en bon état aux engraisseurs qui commencentleurs opérations à l'entrée de l'hiver. Parmiceux-ci, il y en a qui disposent eux-mêmes de ces pâturesde médiocre qualité et qui peuvent ainsi combinerles deux genres d'opérations.Engraissement intensif. — L'engraissement desmoutons à la bergerie est une opération industrielle danstoute l'acception du mot, parce que toutes condilions enpeuventêtre réglées à volonté. Telle que cetle opéralion estgénéralement pratiquée, elle laisse à désirer par sa troplongue durée, due à la négligence ou à l'absence de connaissancede quelques-unes de ces conditions, parmilesquelles figure au premier rang celle de la compositiondes rations alimentaires qui, précisément, n'assurentpoint aux animaux une alimentation suffisamment intensive.Pour être bien conduite, il ne faut pas que sadurée dépasse quatre-vingt-dix à cent jours. Plus cettedurée est réduite, plus l'opération est lucrative.On sait que, théoriquement, il s'agit de faire former etaccumuler, dans l'organisme animal, la plus forte quantitépossible de graisse Nous l'avons exposé en détail àpropos de l'engraissement des Bovidés (t. IV, p. 237).Pour que la graisse se forme dans la plus forte proportion,il faut que l'animal adulte ingère, à chacun de sesrepas, la plus forte quantité possible de matière sècnenutritive, digestible au plus haut degré, et que ses repas


ENGRAISSEMENT INTENSIF. 289Journaliers soient le plus nombreux possible. Il convientdonc que l'appétit soit stimulé et que l'alimentation présentele maximum de richesse.Mais, en outre, si la graisse se détruisait à mesurequ'elle se forme, il va de soi qu'elle ne s'accumuleraitpoint à ses lieux d'élection et qu'en conséquence l'engraissementne se produirait point. Il faut donc, pourque le but soit atteint dans le minimum de temps, porterl'alimentation à la plus haute richesse et réduire la destructionde la graisse à ses plus faibles proportions. On lepeut sans difficulté en disposant convenablement lesdétails d'exécution de l'entreprise.L'idéal serait de ne faire cette entreprise qu'avec lessujets les plus aptes par leur âge et par leur précocité,comportant la meilleure conformation et les meilleuresqualités individuelles. Malheureusement, dans la pratique,on ne peut pas toujours se les procurer en nombre suffisant.On est souvent obligé, comme nous l'avons dit, dese contenter de ce qu'offre le marché. Il n'y a pas moyende s'abstenir.La raison en est que les entreprises d'engraissementse font principalement, pour ne pas dire exclusivement,dans des systèmes de culture qui meltent à la dispositionde l'agriculteur des matières alimentaires encombranteset dont il ne serait pas possible de tirer un bonparti autrement qu'en les faisant de la sorte consommerparles moutons, durant la saison d'hiver. C'est le cas,par exemple, où la betterave est cultivée pour la distillerieet la sucrerie, comme dans le nord de la France, enPrusse, en Autriche et ailleurs.Le traitement de la racine laisse en abondance despulpes, qu'il faut bien utiliser durant la campagne. L'engraissementdes moutons est un bon moyen pour cela.C'est le cas aussi, dans nos départetneris du sud-est,pour les marcs de raisins de ces pays vignobles. Pour cesmarcs surtout il n'y a point de consommateurs meilleursque les moutons. Et en outre que, comme les pulpes, ilsne peuvent pas être conservés longtemps sans inconvénient,quelque précaution qu'on prenne, ce ne serait, pas•.il


290 PRODUCTION SPÉCIALE DE LA VIANDE.plus d'ailleurs que les pulpes de betteraves, de } bonsaliments pour ce qu'on appelle vulgairement des animauxd'élevage. Comme base de la ration durant quelques moisseulement, leurs inconvénients sont négligeables, surtoutcorrigés par la forte addition d'aliments concentrés quecomportent les rations d'engraissement.Quand on a de ces matières alimentaires à faire consommer,aucun moyen n'est plus pratique, pour leurfaire acquérir le maximum de valeur dans le plus brefdélai, que d'avoir recours aux moutons à l'engrais. Lesplus aptes à l'engraissement sont à coup sûr toujourspréférables ; mais les moins aptes valent encore mieuxque les élèves, qui auraient beaucoup de chances dedevenir plus ou moins cachectiques, ainsi alimentés.Pour des opérations de ce genre, dont la durée nedépasse pas une saison, dans le cours de laquelle on peutaller, avec des sujets de choix, jusqu'à faire deux engraissements,c'est vraiment une faute d'établir des installationscoûteuses pour loger les animaux. Celte fauten'a pas toujours été évitée, à notre connaissance. Certainsagriculteurs se sont crus dans le progrès en faisantconstruire à grands frais des bergeries, sous la directiond'architectes spéciaux et conformément à ce qu'ils considéraientcomme étanl les règles de l'art.Ce qui est sage, en pareil cas, et par conséquent véritablemenlprogressif, c'est de réduire le loyer le pluspossible, afin d'accroître le profit. Quand il y a des hangarsdans la ferme, le mieux esl de les utiliser, en ayantsoin, si cela est nécessaire, de les clore du côté d'oùviennent les vents habituels ; et s'il n'y en a pas encore,il faut se borner à en faire construire qui, une fois lesopérations d'engraissement lerminées, peuvent serviraux autres usages. En y disposant convenablement desrâteliers mobiles, on les transforme au moment vouluen bergeries, de la façon que nous avons indiquée précédemment(p. 220), afin de faciliter la distribution et laconsommation des aliments, en logeant ensemble lesbètes de môme âge et qui ont sensiblement le mêmepoids vif. Dans ces conditions, elles mangent et se nour-


ENGRAISSEMENT INTENSIF. 291rissent mieux, ce qui est très-important pour le 6uccèsde l'opération.Avant de commencer celle-ci, et dès que les animauxse sont accoutumés à leur nouveau régime, c'est-à-diredans la huitaine de l'installation, il est bon de les tondre.Ils ont alors une toison de quatre à cinq mois au moins.C i n'est certes pas pour tirer parti de la laine, bien quesa valeur ne soit point négligeable, mais bien pour faciliterl'engraissement. L'observation empirique avait apprisaux bons engraisseurs l'influence de la tonte en ce sens.Des expériences de IL YVeiske (1) ont montré qu'elle agiten stimulant l'appétit, en faisant consommer plus d'alimentsdans l'unité de temps, ce qui est la chose capitalepour tout animal à l'engrais, l'important étant d'arriverle plus vite possible au but. Chez les sujets tondus, lanutrition est activée ; il y a un peu plus de pertes, maiscelles-ci sont beaucoup plus que couvertes par l'accroissementdes gains, et en définitive ces sujets tondus sontplus tôt gras que ceux qui conservent leur toison. Bienentendu, c'est à la condition que les précautions nécessairesaient été prises pour qu'ils n'aient point froid.Au sujet de l'alimentation des moutons à l'engrais intensif,nous reproduirons d'abord ici une série de faitsqui ont été publiés en Allemagne et qui auront l'avantagede nous fournir à la fois des exemples de rations tirésde la pratique et des moyens de montrer le défaut àéviter, en constatant les résultats obtenus. Ils ont été.recueillis dans la région des sucreries, aux environs deMagdebourg, par l'inspecteur Breimann (2).Les opérations, au nombre de huit, ont porté sur plusieursmilliers de moulons de diverses sortes. Elles sontnumérotées dans leur ordre chronologique. Nous en tra-(1) H. WeiSKE, Versuche ïtber den Einfluss des Schcercn beiSchafen auf die Ausnutzuny des Fullcrs sowie auf den Slickstoffumsatz.(Journal fur Landwirlhschafl, xivm Jalirg. DrillesHeft. p. 306.)(2) Fûhling's laniwirlhschtiftliclte Zeitung, xxu Jahrg, 12 Heft.,p. 942.


292 PRODUCTION SPÉCIALE DE LA VIANDE.duisons ci-après l'exposé, sans prendre la peine deconvertir les poids allemands en poids métriques, la conversionne pouvant avoir aucune utilité dans le cas particulier.1. — 521 moulons (mérinos), qui pesaient ensemble439 quintaux, ont été mis à la bergerie le 24 décembre etont reçu, à partir du 3 janvier, la nourriture suivante :Sulxiaoce n ...sèche.500 livres foin 428,5 41,02000 — pulpe pressée 600,0 30,02000 — pulpe non près ce 101,0 20,0400 — paille de froment 342,0 8,0Sommes 1175,5 105,0Il a été ainsi distribué par 1000 livresde poids vif 31,3 2,4Relation nutritive = 1 : 7,4Des moutons ci-dessus, 20 tôles ont pesé:ExlraclifsProteine non'azotes.206,5370,060,0120,8757,317,2Matièresgrasses.10,04,02,00,022,0Le3j.mvier. 3 février, i mar?. i 9 irars, il a été tondu 1 11 avril. 5 mai.1688 livres. 1789 1898 I 109 livres de laine. 1 1763 1771IL — 540 moutons ont été mis à la bergerie le 14 novembre, et ils ont reçu le 19 :3200 livres pulpe non pressée....1200 — pulpe pressée700 — paille de pois80 — tourteau d'arachide...130 — poi =230 - lupin600 — pailleSommes......Il a été donné avec cela, pour1000 livres de poids vif ...Substancesèche.160,0360,03J5,072,8111,4200,1511,22013,535,5Relation nutritive : = 1 : 3,9Protéine.32,021,645,531,5211,176,812,0251,54,4Extraclifnonazules.96,6222,0246,422,767,181.9181,0917,710,20,5'Malièieigrasses3.22,414,07,13,316,89,055,80,98


ENGRAISSEMENT INTENSIF.29bLe troupeau a été nourri dans trois bergeries, et 3 têtesde cl acune onl pesé :19 6 6 2* 15 15 8nov. dec j inv. j.nv, Tondu, fevr. mars. avr.Mc'rinos 256 258 280,5 293 36 de laine. 258 256 299H mbouillet.. 349 350 302 372 36 — — — —Mérinos 215 260 280 293 30 — 256 - —III. — 600 moutons =: 612 quintaux ont été installés le18 novembre et ont reçu le 23 :Sulxlance D ,..' 8 . 1 l..ii.'re,Protéine. non ^azotes.n120 livres tourteau d'arachide... 110,4 52,8 32,8i 10,0150 — fèves 127,5 38,25 67,5 3,01000 — pulpe non pressée... 88,4 17,0 51,0 1,71000 — pulpe pressée." 300,0 18.0 185,0 2,0800 — paille de fèves 664,0 81,0 26>,0 8,0800 — piille de froment 685,6 16,0 241,6 12,0Sommes 1075,9 223,65 815,94 36,7Il y a d'après cela pour 1000 liv. 32,3 3,7 13,8 0,6Relation nutritive : = 1 : 3,8.De cela 6 têtes (mérinos) onl pesé en livres :23 30 ld 28 U 25 21 8 2no\. nov. dec. C.éc. janv. j nv. fë»r. Tondit. iTMrp. nnrs.612 621 653 C62 083 694 735 42,4 de laine. 711 735IV. — 1,031 moutons (mérinos) = 901,90 quintaux deP'jids vifs ont, été installés le 6 novembre el ont reçu àpartir du 13 :Substance „ „„• Extraclifs• , Proléine. non..sèche. az|jl(if< eiaSMS.COOlivicsp'jille de pois 510,0 39,0 211,0 12,05000 — pulpe non pressée... 251,0 50,0 150 0 5,0200 — Ijurle.u de culzi. ... 170,0 50,6 67,0 18,0320 — pois 272,0 71,7 165,12 8,04000 — pulpe pres-ée. 1200,0 72,0 740,0 8,0100 — or^e concassée 60,6 9.5 85,0 2,52000 — paille 1700,0 60.0 050,0 28,0Sommes ...... 4108.6 358,8 '2008,12 81,5Pour 1000 livres, il y avait ainsi... 43,5 3,74 21,52 0,85Itelation nuti itive ; = I ; 6,


294 PUODUCTION SPÉCIALE DE LA VIANDE.20 têtes de ces moutons ont pesé :13 nov. 13 déc. 15 jii.Y. Ton IM. 7 f.n, 21 fév. 8 mars,1500 2089,5 2214 158 'c laine. 2100 2156 2192Va. — 1,500 moutons = 1,210 quintaux de poids vif ontété installés le 7 novembre, et ils ont reçu à partir du 12 :Ex,racllfjSubstance n ,,.Malièressèche.


Mérinos.Anglais.——ENGRAISSEMENT INTENSIF. 29512 nov.982808739655858Tondu.70,7 d e laine.42,8 —42,8 —42,8 —2déc.10198407700689001) tévr.110388175997016 dec.108688880170994625 févr.112793198510033" déc.11068888277109009 mars.1151961821101013janv.11148918337069179 avril.11871021880107227janv.114193287676196127 avril,—10699431127VI. — 578 moutons (méirnos) = 590 quintaux de poidsvif ont été installés le 28 novembre et ont reçu à partir du3 décembre :Extraclif-,, ...Sub=lanceM theressèclij.' Protéine. nonB grasses,360 livres pois 207.81200 — pulpe pressée 360,02000 — pulpe non pressée.... 104 001 0 — p elle de pois 511,21100 — paille 857,0Som nos 217u,5Sur 1000 livres, par conséquent.. 37,0Relation nutritive : =i 110 tôles ont pesé :80,0421,642,9510,039,020,0211,193,65,03 dec. 29 dec. Tondu. : >9 janv.917 livres. 1003 83,7 de laine. 947azote*.185,76 9,0222,0 2,i50,25 13 508,0 2,0211,2 12,0302.0 15,01039,21 53,917,0 0,928 fév. 23 mars.993 1039VII. — 576 moutons (mérinos) ont été installés le 28 novembreet ont reçu à partir du 3 décembre :200 livres tourteau 170,0 56,6 67,0 18 01200 — pulpe pressée 360,0 21,6 222,0 1,21200 — paill" 1028,4 24 0 302,4 18,0300 — p.ille df pois 257,1 19,5 105,6 0,0300 — paille de fèves 257,1 30,0 105,0 3,070OO - pulpe non pressée.... 208,0 40,0 120.0 4,0200 — levfb 171.0 51,0 90,0 4,0Sommes '2 i 51,6 243,3 1072,6 51,2Sur 1000 livres, il y avait 45,9 4,6 19,9 1,0Relation nutritive : = 1 : 4,5.


296 PRODUCTION SPÉCIALE D ', LA VIANDE.Les moutons ont été partagé; en deux moitiés, et dechaque moitié 6 têtes ont été pesées :3 décembre. 31 décembre. Tondu. 28 mars.658 livres. 699 36 livres de laine. 747452 — 480 36 - 529D'après cela, avec les quantités ci-après d'éléments nutritifson a obtenu les augmentations de poids suivantes:I.ILIII.IV.V„V/.VI.VII.Subst.sèche.31,335,532,343,546,331,237,045,9Troie.ne.2,404,403,703,744,503,433,604,60Extracl.nrn azol.17,2016,2013,8021,5219,7017,7617,0019,90Matièresgrasses.0,500,980,600.851,130,590,901,00Relationnutrilmî.1:7,41 : 3,9[ 1921 :3,8 2701 :6,0 2592811 : 4,6 11055041 : 5,4Augmeri taliontotale l'ar1000 li v res.167 Inres.( 309109! 5053G31 : 5,0 2i'5,7[ 1901 : 4,5 |1 242Aiiprin nlationpar jour sur100U livres.1,37 livres.2,152,62,2'2,272,291,92,173,033,012,181,821,052,1Ce dernier tableau permet de tirer des résultats desconclusions à peu près sûres, et qui sont les suivantes:Une ration composée comme I (1 : 7,4) n'est pas suffisante; on ne peut, avec une telle ration, conduire lesbètes qu'à un faible degré d'engraissement. Elle n'est pasen état de faire des animaux gras ou très gras D'un autrecôté, des rations tout à fait fortes, comme II t1 : 3,9),Va (1 : Afi) et VII (1 : 4,5), ne montrent point une productionplus élevée que celle de toutes les autres; par conséquent,la qualité de nourriture la plus avantageuse semontre dans les cas de IV (1 : G) et Vb (1 : 5,4).En outre se trouve de nouveau vérifié le fait que lesbètes précoces (Vb) surpassent de beaucoup les communespour l'aptitude à l'engraissement.Ces conclusions sont celles de l'auteur auquel nousavons emprunté l'exposé des faits précédents. Elles peu-


ENGRAISSEMENT INTENSIF. 297vent être exactes; mais toutefois il conviendrait, avant doles admettre définitivement, de discuter ces faits en seplaçant à plusieurs autres points de vue à l'égard desquelsles informations manquent. Pour si importante quesoit en effet la relation nutritive, en pareil cas, elle n'estpas seule à influer sur le résultat. L'aptitude individuelleet l'âge des sujets, notamment, ainsi que leur état initial,ont une part prépondérante dans les gains obtenus.De telles données sonl en effet capitales dans les opérationsd'engraissement intensif, aussi bien pour les Ovidésque pour les Bovidés. Il y a lieu d'être surpris de lesvoir méconnaître non pas seulement par les praticiens,mais même par ceux qui entreprennent des recherchesscientifiques sur le sujet (1) en laissant de côté toul àla fois ces données et celles concernant le rétrécissementnécessaire de la relation nutritive, ce qui enlèvetoute valeur aux résultats constatés.Quoi qu'il en soit, un défaut évident des opérations del'inspecteur Breimann, c'est l'uniformité constante del'alimentation, depuis le commencement jusqu'à la fin deces opérations Une telle façon de procéder n'est pointconforme aux prescriptions de la science, tant de foisconfirmées par la pratique, au sujet de cette nécessité deritrécir la relation nutritive, à mesure que l'engraissementapproche de sa fin.A cela près, par leur nombre et par leur importancenumérique, les exemples cités seront consultés utilementpour instituer des entreprises analogues dans toutes lesrjgion6 0u.il s'agit de mettre en valeur des résidus ded stillerie ou de sucrerie. Mais à la condition expresse,toutefois, de ne point les imiter servilement et de ne jamaisperdre de vue qu'à dater du moment où l'appétitdes animaux baisse, ce qui se montre par les restes qu'ilslaissent dans leur mangeoire, il y a lieu de faire subirala ration une modification. C'est par là que pèchent lesopérations des praticiens, en général. H faut que tout en(\) Mûvize' VIKT, Lludes sur IV.nfii jiL-cmrnt inti làjtf. — A analesde L'Institut national agronomique, n° 7, ti* année. 1881 -K2. p. b'J.V. IL


298 PRODUCTION SPÉCIALE DE LA VIANDE.ingérant un moindre volume d'aliments, ces animaux n'encontinuent pas moins d'être aussi fortement nourris, etmême qu'ils le soient davantage, si c'est possible. Onarrive sûrement au but en enrichissant la ration à la foisen matière sèche et en protéine, par le rétrécissement dela relation nutritive. Cela s'obtient par la diminution dela proportion des aliments grossiers, et l'augmentationde celle des aliments concentrés.Du resle, comme d'usage, nous allons donner ici quelquesmodèles de rations calculées pour 100 kilogr. dematière humide, dans lesquels pourront être opérées,d'après les bases posées en général (t. I, p. 2(32), toutesles substitutions commandées, soit par les aliments donton disposera, soit par la considération des cours commerciauxpour ceux qu'il faut toujours acheter.Matières p , ,.,Ration no i.8u , ' f Pro.éine. «»}«•"•» "Ta"'scciir.dansl'elher.< 8 -50*>000 Pulpe de betteravenon pressée 4^'tOO 0 k 850 0^050 2^55020,000 Paille de froment. 17,125 0,400 0,300 6,01520,000 Paille de fèves.... 16,500 2,025 0,200 6,70010,000Tourteau de coton. 9,000 2,360 0,610 3,200100^000 47^025 "5M335~ 1M90 T8H75D . ,. , ... M A 5,035 1Relation nutritive = =M N A 1,190 + 18,475 3,5Ration n" S.10^060 Foin de pré 8MI00 0H80 0M00 1^80072,000 Betteraves 24,480 0,880 0,080 6,7608,000 Balles d'avoine 6,840 0,260 0,100 1,9205,000 Tourteaux d'arachide. 4,610 1,460 0,560 1,2855,000 Son de froment 4,330 0,700 0,190 2,25010(KU0 48^260* 3^780 ÏMJ3ÏT 14K)15n , ,. . ... M A 3,780 1Relation nutritive = ' !_M N A 1,030 -f- 14,015 ~~ 4Ration n° 3.15^000 Foin de pré 12^000 0^720 0-150 2^70080,000 Marcs de raisin 23,910 2,980 1,820 13,6505,000 Tourteau de sésame.. 4,420 1,660 0,540 1,040100 010 4O»360 5^360 2^510 17*390Eelation nutritive =M A 5 ' a6 ° _1M N A. 2,510 -J- 17,390 ~ 3,7


ENGRAISSEMENT INTENSIF. 299Il serait sans doute superflu de répéter une fois déplusque les nombres adoptés pour calculer la relation et conséquemmentla valeur nutritive de ces rations sont desnombres moyens et que dans la réalité ils peuvent variercomme la richesse des denrées dont on dispose danschaque cas particulier. Il appartient, comme l'on sait, aupraticien de les corriger. On ne les indique ici qu'à titrede points de repère et pour fixer les idées.De chacune de ces rations ou de toute autre composéeavec des aliments plus riches ou moins riches en protéineet dont la quotité devra varier pour rétrécir aubesoin la relation à mesure qu'on observera une diminutionde l'appétit^ il sera toujours donné autant que lesanimaux se montreront disposés à en prendre, en ayantsoin, dans tous les cas, d'exciter sans cesse leur appétit,soit par l'addition du sel de cuisine, soit à l'aide de toutautre condiment qui leur plaira.Mais il n'est pas douteux que le meilleur, puisqu'il estle plus efficace et qu'il coûte le moins, c'est la scrupuleusepropreté des mangeoires, la multiplicité des repas,le bon ordre adopté pour la distribution des divers alimentscomposant la ration et la ponctualité dans lesmoments de cette distribution.Au premier repas de la journée, on donnera la plusforte portion des aliments grossiers seuls, comme lemélange de pulpe et de paille, par exemple ; au deuxième,on y ajoutera un peu de l'aliment concentré; au troisième,cet aliment concentré sera donné seul; au quatrième, lereste des aliments grossiers, qui sera achevé durant lanuit, et qui au besoin peut être lui-même divisé en deuxportions.Il est bon que les animaux aient toujours à leur disposition,dans la bergerie, de l'eau pour boire à volonté.Souvent ils cessent de manger parce qu'ils ont soif. Aprèsavoir bu quelques gorgées d'eau, ils reviennent à la mangeoirepour achever leur repas.Telles sont les recommandations que l'engraisseurattentif doit suivre ponctuellement, en observant avecsoin les prédilections que les sujets à l'engrais peuvent


300 PRODUCTION SPÉCIALE DE LA VIANDE.manifester, afin d'obtenir d'eux, en s'y conformant, qu'ilsmangent le plus possible. Les meilleurs mangeurs sonttoujours les premiers gras.Répétons encore ici que les normes déterminées d'avance,à la manière des Allemands, n'ont aucune valeurpratique. Du moment que la ration est digestible aumaximum, et par conséquent nutritive de même, il n'enpeut jamais être trop consommé. La graisse formée, quise traduit par le gain en poids vif et par l'amélioration dela qualité de la viande, saisissable aux maniements,représente dans tous les cas une fraction fixe de la matièresèche alimentaire ingérée, plus ou moins forte,selon l'aptitude individuelle. Cette fraction varie, commeon sait, de 1/8 à 1/12, soit de 0,125 à 0,0S3. Avec 1,200 gr.de substance sèche ingérés par 24 heures, le gain est,dans le premier cas, de 150 grammes, et dans le secondde 100 grammes. Avec 1,500 grammes, il est de 187 gr. 5ou de 125 gr. S'il faut, pour amener la chair du mouton àl'état de viande de première qualité, lui ajouter de 10à 12 kil. de poids vif, l'opération sera terminée en soixanteà quatre-vingts jours d'alimentation, dans le dernier cas ;il en faudra de quatre-vingts à cent au moins dans lepremier, tout le reste demeurant égal.Nous avons pu, de la sorte, réaliser pratiquement desrésultats encore bien meilleurs, puisqu'il nous est arrivéde faire gagner à des brebis mérinos précoces jusqu'à250 grammes en moyenne par jour.Le moment convenable pour arrêter l'opération estindiqué par les habitudes du marché, concernant l'étatd'engraissement au delà duquel la marchandise n'acquiertplus de valeur. C'est cet état qu'on appelle communémentcommercial et qui s'apprend par la fréquentation desacheteurs, en vue desquels il faut toujours travailler. Ily a une limite qu'on ne saurait déterminer d'une manièresuffisamment précise par la description, et au delà delaquelle la viande, qualifiée de trop grasse, est dépréciée.En outre qu'elle ne s'obtient qu'avec de plus grands fraiselle a donc moins de valeur réelle que celle qui est engraisséeà point. On n'en voit guère d'autre dans les cou-


ENGRAISSEMENT INTENSIF. 301cours d'animaux gras, où le but industriel est toujoursdépassé pour attirer davantage l'attention du publicincompétent, et en vertu de cet adage : Qui peut le pluspeut le moins.Répétons, en terminant, que ce qui importe avant tout,c'est d'atteindre ce but dans le moins de temps possible,afin de diminuer les frais d'alimentalion et d'accroîtreainsi proportionnellement le profit.Il est clair que la même valeur, créée avec 60 rationsjournalières, contenant chacune 1,500 grammes de substancesèche alimentaire, soit en toutGO x 1 k. 500 = 90 k.de cette substance sèche, donnera un bénéfice plus grandque si sa création en a exigé 80 ne contenant que 1,200 gr.,soit au total 80 X 1 k. 200 = 90 kilogr. Le bénéfice seraaugmenté de la valeur des 6 kilogr. de substance sèchealimentaire représentant la différence entre les deuxquantités d'aliments consommées. Sur 100 moutons engraissés,celte différence sera de la valeur, non négligeable,à coup sûr, de 600 kilogr. de substance sèchealimentaire. Admettons que la plus-value réalisée soit de12 francs par tête, cela fait ressortir à 0 fr. 20 la valeurdonnée à la ration journalière, dans le premier cas, et à0 fr. 15 seulement dans le second. Dès lors, le kilogrammede substance sèche alimentaire aura été payé sur le piedde 0 fr. 135 environ dans la première opération, et seulementde 0 fr. 125 dans l'autre. L'économie sera donc de600 x 0,135 = 81 francs pour 100 moutons engraissés,sans compter la valeur des vingt jours de temps gagné.Vente des produits. — On sait que maintenant, enFrance, le commerce des animaux gras sur pied, commecelui de la viande, est entièrement libre. 11 ne reste plusd'autre entrave que les droits de marché qui, dansquelques cis, pourraient être réduits; mais il est biendifficile d'espérer de les voir disparaître, à cause desressources financières qu'ils fournissent aux municipalités.Ce n'est pas le seul ni même le principal inconvénientqui doive engager les engraisseurs à faire des effortspour éviter de mettre leurs moutons gras en vente sur les


302 PRODUCTION SPÉCIALE DE LA VIANDE.marchés publics. Les risques et les frais du transport,mais surtout le risque de ne point trouver acheteur à descondilions convenables et d'être obligé ainsi de renvoyerla vente au marché suivant, doivent faire préférer toujoursla vente sur place ou à la bergerie. Ce dernier risqueest de beaucoup réduit par la bonne qualité des produits.Ceux-ci trouvent généralement acheteur quand ils sontbien engraissés. Mais le mieux est, dans tous les cas, dese faire une clientèle d'acheteurs qui viennent, au momentvoulu, demander la marchandise à la fabrique et sans qu'ilsoit besoin de la déplacer.Quoi qu'il en soit, les moutons devront toujours avoir étépesés avant d'entamer aucune négociation sur leur prix.Le vendeur aurait bien tort de s'en rapporter à ces évaluationsqui se font à l'estime, d'après le volume. L'acheteur,lui, est bien obligé de se contenter d'une appréciationapproximative, à moins qu'il n'achète au kilogrammede poids vif; mais le vendeur serait inexcusable de ne passavoir au juste ce que pèsent les animaux qu'il vend. Celaimplique que toute bergerie d'engraissement sera pourvued'une bascule suffisamment forte pour peser à la fois unedizaine de moutons au moins. Connaissant ainsi le poidsmoyen de ceux-ci, il se trouve dans des conditions bienmeilleures pour discuter leur prix et pour n'en exiger quela valeur réelle, au cours du moment, ce qui rend les transactionsbeaucoup plus faciles.Dans les grandes exploitations, où il s'engraisse, dansle cours de chaque campagne, plusieurs milliers de moutons,pour les vendre gras comme pour les acheter maigres,on est ordinairement obligé d'avoir recours auxcommissionnaires. L'important est, ainsi que nous l'avonsdéjà dit, de les bien choisir. Mais avec eux comme dansles relations directes avec les acheteurs, l'utilité des pesagespréalables s'impose toujours. Il faut savoir exactementce qu'on leur donne à vendre, en outre de l'avantagede savoir aussi contrôler, avec toute la précision exigibleen pareil cas, les opérations techniques de l'engraissement.


LIVRE IISUIDÉSPORCINSCHAPITRE PREMIERFONCTIONS ÉCONOMIQUES DES SUIDE'SÉnumération. — Les Suidés domestiques, vulgairementconnus sous les noms de cochons et de porcs, sontdes animaux exclusivement comestibles ou alimentaires.Durant leur vie, ils ne rendent aucun service autre quecelui de transformer leurs propres aliments pour notreusage ultérieur. Leur cadavre seul est utilisé.Mais la proportion de matières comestibles que fournitce cadavre est tellement grande, ces matières sont produitesavec une rapidité relative si remarquable et par latransformation de matières premières d'une si faible valeurcommerciale, pour la plupart, qu'on ne se trompepoint en considérant les cochons comme les plus importantsdes animaux domestiques. Bon nombredes alimentsqu'ils consomment resteraient sans eux absolument inutiliséset par conséquent sans valeur, et ces aliments serencontrent partout, étant des déchets de l'alimentationhumaine.Aussi trouve-t-on des traces irrécusables de la présencedu porc dans la vie domestique dès l'âge de la pierrepolie, aussitôt que les hommes ont cessé de vivre exclu-


304 FONCTIONS ÉCONOMIQUES DES SUIDÉS.sivement de leur chasse. Les restes des habitations lacustrescontiennent tous des ossements de Suidés.Encore à présent, ceux-ci fournissent, sur toute la surfacedu globe, la principale nourriture animale aux populations,dont bon nombre n'en consomment point d'autre.Nul animal domestique n'est d'un usage aussi général. Onle rencontre à tous les degrés de l'échelle sociale, auxquelsil s'accommode et se plie merveilleusement, depuisle plus petit ménage pauvre jusqu'à l'exploitation agricoleou industrielle la plus riche et la plus avancée, où il donnelieu à des modes divers de production.Pour analyser complètement la fonclion économique généraleque nous venons de caractériser, il convient d'yintroduire une distinction.Le porc fournit à la consommation à la fois de la chairet de la graisse, du lard, du saindoux et de la viande, enoutre des poils ou des soies de sa peau, qui sont employésdans l'industrie.Dans l'économie domestique, surtout dans celle des petitsménages ruraux, la viande proprement dite et le lard,ou cette couche de graisse située immédiatement sous lapeau et formant le panicule graisseux, se confondent etsont consommés simultanément sous forme de salé, delard séché ou fumé. Lorsque, au contraire, le porc passepar l'intermédiaire de l'industrie de la charcuterie, chacunedes parties de son cadavre a son emploi particulieret spécial.En tous cas, d'ailleurs, rien en lui ne reste inutilisé; iln'y a pour ainsi dire pas de déchet Les intestins, le sang,les viscères de toute sorte sont consommés ou employésà des usages industriels.Il y a là, pour l'exploitation des Suidés, des indicationsprécieuses, sur lesquelles l'attention des auteurs ne s'estpas suffisamment arrêtée, au point de vue des aptitudesà développer, selon le genre de débouché que rencontrela production.Condition économique des produits. — Lorsque lachair du porc doit être conservée par ]p.c procédés de salaisonou de dessication, lorsqu'elle doit servir à la labri-


CONDITION ÉCONOMIQUE DES PRODUITS. 305cation des jambons, l'excès de graisse qui l'accompagnedevient un empêchement grave. Lors même que la graissen'y est pas en excès, il suffit qu'elle manque de consistanceou que le lard manque de fermeté, selon l'expressiontechnique, pour qu'elle s'imprègne difficilement de selet subisse bientôt l'altération connue sous le nom de rancissement.Les sujets dont l'aptitude prédominante est d'accumulerde la graisse plutôt que de développer leurs masses musculairessont donc beaucoup moins que les autres propresaux usages économiques dont il s'agit, c'est-à-dire à lapréparation des conserves de viande de porc, et les ménagesruraux, instruits par l'expérience, les repoussentpour ce motif.Pour les préparations de la charcuterie, au contraire,dont les produits se consomment dans les villes à l'étatfrais, et dont le saindoux est un des plus appréciés et desplus chers relativement, les conditions peuvent être différentes.Ce qui importe avant tout pour le producteur, c'estde livrer au commerce, dans le moins de temps possible,la plus forte somme de poids vif, sans se préoccuper d'unrapport quelconque entre la chair et la graisse fabriquées.Les charcutiers de Paris préfèrent toutefois d'une manièreabsolue, nous nous en sommes assuré, les porcschez lesquels la proportion de graisse n'est pas excessive.En vue d'un tel débouché, l'industrie dont nous nous occuponsa ses coudées franches. Il n'y en a certainementpas d'autre, en <strong>zootechnie</strong>, qui puisse rivaliser avec ellepour la rapidité de la production. Nul animal, parmi lesdomestiques, n'a individuellement un développementaussi rapide, et nulle espèce ne jouit d'une plus grandefécondité. Nulle non plus ne peut mettre en valeur une alimentationaussi variée, car il n'y en a point qui soit omnivorecomme l'est celle du cochon, qui puisse comme elleconsommer à la fois des matières animales et des matièresvégétales, et les utiliser, ensemble ou séparément,à un aussi haut degré.


3 6 FONCTIONS ÉCONOMIQUES DES SUIDÉS.Ces considérations, qui ont été trop souvent laissées docôté, dominent l'industrie zoolechnique en question. Ellesmontrent que les conditions de progrès de cette industriene peuvent pas être envisagées d'une façon absolueet que, pour atteindre le but, qui est de réaliser le plusfort bénéfice possible, le choix des aptitudes à développerest commandé par l'un ou l'autre des débouchés ouvertsà la production, et en vue desquels il y a lieu de travailler.Lorsque les seuls acheteurs possibles sont les paysansqui nourrissent des cochons pour le saloir, afin d'avoirenprovision des morceaux de lard salé pour la soupe du dimanche,la production des variétés principalement aptesà l'élaboration de la graisse serait une faute, parce queces espèces ne sont point recherchées par de tels acheteurs,dont le système de culture ne se prête d'ailleurspoint à leur bon entretien.Cette faute a été souvent commise dans la plupart despays de l'Europe où sévit l'anglomanie, et il est fâcheuxd'avoir à dire qu'elle est partout encouragée par les administrationsgouvernementales qui ont l'intention de favoriserle progrès.Ces variétés ne sont avantageuses à produire que dansl cas où la proximité d'une grande ville, ou bien des communicationsfaciles avec un grand marché, permettent delivrer leurs produits au commerce qui traite avec les ebarciliers.Cependant, sur le marché de la Villelte, parexemple, elles se vendent toujours 0 fr.lOpar kilogrammemoins cher que les autres.Beaucoup d'écoles ont été faites dans les premierstemps de la propagande en faveur des cochons anglais.Les sectateurs irréfléchis du progrès ont ainsi produitde la marchandise qui ne trouvait point preneur, pouravoir négligé de tenir compte d'une notion pourtant toutà fait élémentaire. Ils n'ont ainsi fabriqué que des nonvaleurs,dans une industrie qui, lorsqu'elle travaille envue d'un débouché préalablement assuré, est incontestablementla plus lucrative de toutes.En effet, on ne peut pas admettre qu'une truie suffisam-


CONDITION ÉCONOMIQUE DES PRODIKS. 307ment prolifique produise moins de vingt cochonnets parannée. La valeur de ces cochonnets, au moment de lei rsevrage, varie beaucoup selon les circonstances commerciales,mais elle ne descend guère, dans les plus bascours, au-dessous de 10 fr. par tête, et elle atteint souventjusqu'à 25 fr.Admettons en moyenne 15 fr. pour celte valeur, afin dene point risquer d'exagérer. C'est donc un produit bruttotal de 300 fr. par année. Or, la valeur moyenne d'unejeune truie pouvant être tout de suite livrée à la reproduction,par conséquent âgée d'environ huit mois, ne dépassepas 80 à 100 fr.On voit que le capital engagé produit un revenu bruttriple de sa propre valeur.Voilà pour la production des jeunes. Envisageons maintenantle porc comme machine à transformer ses alimentsen matières comestibles peur l'homme.Il est acquis à l'expérience qu'avec une alimentationLien réglée, conformément aux données scientifiques, onpeut fabriquer, par lête de porc et par année, en moyenne150 kilogr de poids vif, correspondant à environ 135 kil.de matière comestible, d'une valeur de 1 fr. 05 le kilogr.au cours moyen actuel, ou au total de 222 fr. 75. Nousavons admis plus haut la valeur du jeune porc sevré à15 fr. Voilà donc un capital engagé qui, en une année, s'élèvepresque au carré.Et si l'on songe que, dans la majorité des cas, de telsrésultats sont obtenus avec des matières premières dontla valeur commerciale est très-faible ou nulle, comme l'estcelle par exemple des eaux grasses ou eaux de vaisselle,des débris de cuisine, etc., on ne pourra manquer de conclureque la condition économique des Suidés, comme machinesproductives, est une des meilleures qui se puissentimaginer, sinon la meilleure de toutes.En envisageant maintenant les débouchés ouverts, engénéral, aux produits de ces machines, on constate quedans l'état actuel des choses ils peuvent être considéréscomme illimités.Sans parler de la consommation intérieure, dont l'im-


308 FONCTIONS ÉCONOMIQUES DES SUIDÉS.portance est facile à concevoir, d'après ce que nous avonsdit de l'universalité de l'usage de la viande de porc, il suffira,pour en donner une idée, de consigner les chiffres desimportations anglaises.L'Angleterre importe par année seulement environ120,000 têtes de Suidés vivants, mais en outre plus de2,000,000 de quintaux de lard frais, près de 800,000 quintauxde jambons et plus de 300,000 quintaux de lard salé,dont la plus forte part lui vient d'Amérique.Il est clair que l'Angleterre offre aux nations européennesun débouché certain, en vue duquel celles quisont les plus favorisées sous le rapport de la distancepeuvent travailler sans crainte.En admettant donc que le débouché intérieur dût resterstationnaire chez nous, ce qui n'est nullement probable,vu l'accroissement constant de la population et des conditionsde bien-être de celle-ci, du moment que le grandfournisseur actuel de l'Angleterre est l'Amérique, notreproduction peut se développer dans une forte proportion,avec la certitude de lutter avantageusement contre un telconcurrent.Il y a en notre faveur la différence des frais qui existeentre la traversée de la Manche et celle de l'Océan Atlantique.C'est donc bien à tort qu'encore sur cet arlicle on chercheà effrayer les producteurs français de la concurrenceaméricaine. Sans doute les jambons et le lard américainsfigurent sur nos marchés. Ils y sont même l'objet d'ungrand commerce, de même que pour le saindoux. Pours'en assurer, il suffit de constater, en particulier, les arrivagesdu Havre. Mais est-ce à dire que la production françaiseen soit affectée? Est-ce qu'il en résulte une baissede ses prix et par suite une diminution de son importance?Nullement. L'examen des mercuriales, pour unesérie d'années, montre que la valeur de la viande de porcne cesse pas de hausser, comme celle de toutes les autres.Le prix des jeunes cochons, dans nos régions degrande production, comme la Normandie, le Maine et l'Anjou,subit souvent de fortes oscillations, qui tiennent aux


CONDITION ECONOMIQUE DES PRODUITS. 309variations des récoltes et particulièrement de celle despommes de terre. Toutefois ici encore nous marchons finalementvers la hausse et non pas vers la baisse.S'il en est ainsi, et ce n'est pas contestable, on doit conclureque l'accroissement de la consommation marche plusvite que celui de la production et qu'il n'y a conséquemmentpoint concurrence réelle. Le lard d'Amérique vientprendre une place qui sans lui resterail vide. Il ne dépendque de nos producteurs de l'occuper, s'ils ont pour celales ressources alimentaires nécessaires. Ils sont mieuxpiacés que les Américains pour s'emparer du marché français.


310 RACES PORCINES.CHAPITRE IIRACESPOltCINESMéthode pratique de détermination spécifique.— Chez les Suidés, l'indice céphalique approximatif eston ne peut plus facile à saisir, bien que les sinus frontauxcouvrent entièrement, comme chez les Bovidés, laboîte crânienne. Les espèces domestiques étant en outrepeu nombreuses, et les caractères des os de la face trèsdifférents,leur détermination ne laisse aucune prise à'erreur. Les distances de la base de l'oreille à l'angle externede l'œil et des deux bases des oreilles entre ellesprésentent des écarts assez grands pour que la brachycéphalieet la dolichocéphalie soient frappantes à premièrevue.Mais n'en fût-il pas ainsi, le profil de la têle suffirait.Des trois espèces que nous connaissons et que nous avonsclassées, deux ont ce profil formant un angle rentrantpresque droit, au niveau de la racine du nez; mais l'unea la face longue ou allongée, et l'autre l'a très-courte, fortementcamuse. La troisième a le profil en arc rentrant àcourte flèche et le groin petit, étroit.Sur les sujets vivants, il y a un caractère qui peut mêmedispenser de tout examen cràniologique : c'est celui quiest fourni par la forme des oreilles.Chez l'une des espèces, les oreilles sont élargies et tombantesde chaque côté de la face; chez l'autre, elles sontétroiles, allongées et dirigées plus ou moins horizontalementen avant; chez la dernière enfin, elles sont courtes,petites et dressées, comme chez le sanglier.Le rachis, chez les Suidés, présente aussi des différencesspécifiques dans le nombre de ses pièces, et c'est


MÉTHODE PRATIQUE DE DÉTERMINATION SPÉCIFIQUE. 311ce qui a permis, en outre des caractères cràniologiques,de résoudre la question controversée de l'origine des cochonsdomestiques (1).Cuvier (2), et la plupart des naturalistes après lui, considéraientles cochons comme provenant de la domesticationdu sanglier d'Europe (Sus scrofa, L). Is. GeoffroySainl-Hilaire (3) les faisait venir d'Asie « Nos sangliersd'Europe, dit-il, ne sont donc pas les pères des cochonsde l'Asie et de l'Egypte, et ce sont, au contraire, les cochonsd'Europe qui descendent des sangliers de l'Asie. »Ni l'une ni l'autre de ces deux opinions, pas plus quecelle du retour du porc au sanglier, en Amérique, admisepar Prilchard et par Roulin, ne peuvent être admises,maintenant qu'on sait, depuis nos recherches, que les cochonsdomestiques de l'Europe occidentale et méridionale,celui de l'Asie orientale et le sanglier d'Europe, n'ontpoint le même nombre de vertèbres.Comme il n'est pas permis de supposer qu'en devenantdomestique le sanglier aurait gagné en Europe une vertèbreet en aurait perdu une en Asie, on est forcé de conclureque toutes ces espèces de Suidés sont naturelles aumême titre et qu'elles ont eu des origines distinctes. Dureste, celle du sanglier d'Europe diffère des autres autantpar son crâne que par son ruchis, car au lieu d'avoircomme elles le profil plus ou moins angulaire rentrant,elle l'a tout à fait rectiligne.Nathusius (4), qui partage l'opinion de Cuvier, a donnéde ce fait une explication mécanique absolument inadmissible,même à titre de simple probabilité.ri) A. SANSON, Mémoire sur la prétendue transformation dusanglier en cochon domestique, C. R , t. LXI1I, p. 743-028, etJourrt. de l'anat. et de la pliys. de Ch. Robin, \" j mvier 18117.tï) CUVIER, Règne animal, t. I, l re édit., 1817, p. 235; 2° édit,18-.' i, p. 213.Ci) Is. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE, Hist. nat. gén. des règnesorgonigu.es, t. III, p. 82.(i) Herrn.inn von NATHUSIUS, Vorstudien fur Cescliichle undZuchl der Hauslhiere zunaechst am Scliweinschaedel. Berlin,Wiegand et Hem, el.


312 RACE ASIATIQUE.En supposant que l'état de domesticité qui, selon lui,aurait affranchi les cochons des efforts qu'ils devaient fairedans l'état sauvage pour fouiller le sol, suffit pour expliquerleur profil angulaire, il a évidemment dépassé la limitedes hypothèses permises. Il y a dans toute l'Europedes cochons domestiques dont l'existence, sous ce rapport,ne diffère guère de celle des sangliers Ils n'en ontpas moins conservé leur profil courbe ou angulaire, malgréla fréquente contraction des muscles qui s'attachent ausommet de leur tête. Nul besoin, après cela, de s'arrêterau rôle que Nathusius a gratuitemenl fait jouer à ces muscleschez le sanglier.RACE ASIATIQUE (S. asiaticus).Caractères spécifiques. — Crâne brachycéphale.Front large et plat, à bord supérieur épais et presque rectiligne.Sus-naseaux très-courts, larges, unis aux frontauxen formant un angle rentrant presque droit Rangées molairesdivergentes; arcadesincisives étroites. Profil dela tète anguleux rentrant.Face large, courte, Irès-I camuse (fig. 45).Caractères zootechniquesgénéraux — Tèterelativement petite, à groinlarge, à oreilles courtes,j étroites, aiguës et dressées.Col court et épais, se confondantavec les joues fortes etpendantes. Corps égalementFig. 45. — Type de la raceasiatique.court, cylindrique (la brièvetédu corps est due aumoindre nombre de vertèbres dorsales et lombaires quepossède l'espèce). Membres courts et peu volumineux,par conséquent taille toujours petite.Soies peu abondantes, souvent même rares, de couleurblanche, noire ou rousse, uniformément colorées ou de cou-


AIRE GÉOGRAPHIQUE 313leurs mélangées. Peau pigmentée ou non, niais l'étant leplus souvent à des degrés divers chez le type pur.Les cochons asiatiques ont le caractère éminemmentsociable et un appétit qui ne recule devant rien. En Chine,par exemple, ils vivent des débris répandus dans les ruesdes villes. Leur aptitude digestive est portée au plus hautdegré. Ils élaborent surtout de la graisse. Ils sont trèsprécoces.Aire géographique. — Les documents précis nousmanquent pour déterminer exactement le lieu de l'Asie oùse trouve le berceau de la race asiatique. Pratiquement,cela n'a du reste pas un grand intérêt.Depuis que sont établies des relations régulières entrel'Europe occidentale et l'Indo-Chine, nous savons seulementque cette race peuple surtout le Céleste Empire,l'Annam, le Tonkin, la Cochinchine, le royaume de Siam,et le Japon. Elle est aussi abondante dans les îles de laPolynésie, peut-être avec d'autres moins connues, parmiesquelles se trouve vraisemblablement celle du cochonmasqué (S. indicus), dont quelques sujets, sur l'originedesquels subsistent des doutes, ont été introduits enEurope dans ces derniers temps et se sont montrésremarquables par leur grande fécondité.Les cochons de la race asiatique introduits en Angleterreet en France au commencement de ce siècle provenaientde la Chine. Ils étaient connus sous les noms decochons chinois et de tonkins. C'est plus lard qu'on en a importéde Siam. On s'est aperçu que les siamois ne différaientpoint des chinois ou tonkins.Le Chou-King, antique livre de la Chine, établit,d'après Is Geoffroy Saint-Hilaire, que la domesticité ducochon dans l'extrême Orient date au moins de quaranteneufsiècles. Il esl probable qu'elle remonte bien plushaut, la civilisation chinoise étant beaucoup plus ancienneque cela.Quoi qu'il en soit, l'aire géographique actuelle de la raceen question parait embrasser tout l'extrême Orient ets'être étendue vers les îles plutôt que vers l'intérieur ducontinent asiatique, à cause sans doute de l'obstacle opvi


314 RACE CELTIQUE.posé par le mahomélisme, qui fait considérer le porccomme un animal immonde.En Europe, nous verrons plus loin le rôle que cette racea joué et à quel étal elle s'y trouve. C'est à ce point de vueseul, d'ailleurs, qu'elle nous intéresse, ses manières d'èlredans sa patrie naturelle ne pouvant être pour nous quedes objets de curiosité.Variétés. — Dans le vaste empire chinois, il doit existerévidemment un grand nombre de variétés de la raceasiatique. Les distinguer ne seiait d'aucun intérêt cheznous. En Europe occidentale, on n'en a jamais admis quetrois, une chinoise, souvent confondue aveu celle du Tutikin,une siamoise et une japonaise. Nous nous borneronsà les indiquer, leur description détaillée ne pouvant avoirici aucune utilité pratique. Ajoutons toutefois qu'elles ontle caractère commun d'une très-grande précocité et d'uneaptitude remarquable à transformer leurs aliments engraisse, avec une saveur de chair très-peu accentuée.RACE CELTIQUE (S. cellicus).Caractères spécifiques. Crâne brachycépbale.Front large et plat, à bord supérieur anguleux rentrant.Sus-naseaux très-longs,étroits, formant avec le frontalun angle rentrant obtusà la racine du nez. Rangéesmolaires très-peu divergentes;arcades incisives larges.Profil de la tête anguleuxrentrant. Face large ettrès-allongée (fig. 10).Caractères zootechniquesgénéraux. — Tète16. — Type de la race celtique. relativement forte, à groinlarge et épais, à oreilleslarges el tombantes le long des joues, couvrant les yeuxpetits. Cou long et mince. Corps très-allongé (c'est letype chez lequel le nombre des vertèbres dorsales et lom-


AIRE GÉOGRAPHIQUE. 315baires (1) est le plus grand) ; dos voussé, relativementétroit et souvent tranchant. Membres longs, volumineux,fortement musclés, et conséquemment taille grande. Soiesgrossières, abondantes, de couleur toujours d'un blancjaunâtre ou rougeàtre. Peau constamment dépourvue depigment, de nuance rosée.Les cochons celtiques sont forts marcheurs et faits principalementpour vivre de glands dans les forêts de chênesou pour fouiller la terre afin d'y trouver des tubercules.Ils élaborent plutôt de la chair que de la graisse, et cellechair est savoureuse. Leur lard est ferme et se conservebien, s'imprégnanl facilement de sel.En raison de leur grande taille et de la grande longueurde leur corps, quand ils sont bien traités, ils atteignentdes poids vifs considérables. Il n'est pas rare d'en rencontrerqui pèsent au delà de 300 kilogr.Leur corps a souvent plus de l^SO de long.Les femelles sont très prolifiques ; elles font souventau-dessus de douze petits. Leurs mamelles sont fréquemmentau nombre de seize et même de dix-huit.Aire géographique. — A l'état de familles établies delongue date, on ne rencontre le type naturel que nous venonsde décrire nulle part ailleurs que dans cette partiede l'Europe occidentale qui était anciennement connuesous le nom de Gaule celtique, et alors couverte de forêtssur la plus grande partie de son étendue.Sur les autres points de l'Europe, sa présence est accidentelle,et là, quand il se trouve mélangé avec l'un oul'autre ou les deux à la fois de ceux qui forment avec luile groupe des Suidés domestiques, l'époque de l'introductionde ceux-ci nous est parfaitement connue.De là son nom, ainsi tout à fait justifié. Il est évidentque les traditions de la Gaule, les chroniques gallo-romaineset mérovingiennes, dans lesquelles les granr"(1) Les lombaires sont au nombre de six, tandis qu'il n'y en aque cinq chez le sanglier. Certains an.t'omistcs en ont compté sept,mais ils ont manifestement pris, la dernière dois.ile, à cause de se*longues apophyses transverses, pour une lombaire.


316 BACE CELTIQUE.troupeaux de porcs jouent souvent un rôle considérable,se rapportent à la race en question.Si l'on juge du passé par le présent, c'est vers le nordouestqu'il faut placer le berceau de celle race. Elle s'estétendue de là vers le sud, jusqu'à l'embouchure de la Gironde,et un peu moins bas du côté du plateau central, oùelle a rencontré la concurrence d'une autre race. Vers lenord, où il n'y avait po ; nt d'obstacle, elle a gagné ce quiest aujourd'hui les îles Britanniques, alors non séparéesdu continent. Vers l'est, son extension ne peul plus êtremaintenant délimitée d'une façon nette, faute d'observationsprécises. Elle s'est étendue aussi à l'Italie septentrionaleet centrale.Toujours est-il qu'actuellement son aire géographiqueembrasse toute la partie de l'Europe occidentale et centralequi comprend environ la moitié septentrionale de laFrance, les îles Britanniques, la Belgique, la Hollande, laSuède et la Norwège, le Danemark, l'empire d'Allemagneet une partie de la Russie. Elle s'y montre à l'état pur,ou plus ou moins mélangée, par suite d'introductions duesaux anciennes occupations espagnoles ou à des croisementsrécents.Dans les îles Britanniques, qu'elle peuplait seule ausiècle dernier, son existence ne se manifeste plus guèreque par les phénomènes fréquents de réversion auxquelsson atavisme donne lieu dans les populations métissesqui l'ont remplacée. Mais l'histoire des introductions étantconnue, cet atavisme suffit pour attester l'envahissementdont elle a été l'objet, en rendant indubitable sa présenceantérieure.Maintenant, la race celtique n'existe réellement en force,à l'état de pureté, que dans un petit nombre de localitésde l'ouest et du nord-ouest de la France. Elle y est considéréecomme formant plusieurs prétendues races, qui sontla craonaise, la mancelle, la bretonne et la normande ouaugeronne.Bien que les variétés ainsi nommées soient plus nom:nales que réelles, surtout à présent, on peut les admettreet les décrire à part. Quant à la variété du Yorkshire,


VARIÉTÉ MANCELLE. 317nous la retrouverons à propos des populations métisses.Variété craonaise. — Cette variété tire son nom decelui de la petite ville de Craon, dans le département dela Mayenne, aux environs de laquelle elle atteint son plusgrand développement, y étant l'objet de soins très-attentifs.On la trouve répandue dans tout l'ouest central de laFrance, comprenant les départements de la Mayenne, deMaine-et-Loire, de la Loire-Inférieure, de la Vendée, desDeux-Sèvres, de la Charente-Inférieure et de la Charente.Craon est situé tout à fait au sud du département de laMayenne, dans l'arrondissement de Chàteau-Gontier, dansl'Anjou par conséquent. Aussi la variété est-elle aussi appeléeangevine.Elle se dislingue par son grand volume, par la longueuret l'épaisseur de son corps, la brièvelé relative de sesmembres et de sa tête. Depuis quelque temps elle a beaucoupgagné en précocilé, et il n'est pas rare de rencontrerdes individus qui, sous ce rapport, ne le cèdent guèreaux cochons anglais. Cependant, en général, la variétéest marcheuse. Ses membres sont fortement musclés.Elleproduit plus de chair que de graisse, et cette chair savoureuseest d'un goût très-fin. La charcuterie de Château-Gontier est à juste titre renommée.Les porcs craonais, quand ils ont été bien nourris dèsleur jeune âge, atteignent vers l'âge de douze à quinzemois des poids vifs qui varient de 150 à 250 kilogr. Nousen avons vu dépasser 300 kilogr. à dix-huit mois.Sur le marché de la Villetie, les porcs de cette variétésont toujours l'objet de la préférence des charcutiers, quiles payent volontiers, par kilogramme, 0 fr. 10 de plus queles autres, à cause de la qualité supérieure de leur viande.Variété mancelle. — Les différences entre les porcsmanceaux et les craonais sont bien faibles, s'il en existeréellement. Ils sont si voisins de localité, d'ailleurs, quecela n'est pas étonnant. Les désignations différentes admisesne sont vraiment dues qu'à la coutume invariablequ'on a, dans tous les pays, de donner aux populationsanimales le nom du pays qu'elles habitent. Nous s»»f ïv. 1»


318 RACE C LTiyUE.déjà signalé une « liste des races porcines mentionnées »dans un ouvrage spécial sur « le porc > et qui en contientquatre-vingt-douze. Toutes ne portent point des noms delocalité, mais la plupart.Pour notre compte, nous ne saurions distinguer les porcsappelés manceaux de ceux appelés craonais. Du reste,l'auteur de cet ouvrage (1) dit lui-même ceci : « En résumé,les animaux qui appartiennent aux races connuesdans les concours régionaux sous les noms de race angevine,race poitevine, race vendéenne, race angoumoise, racemancelle, ont souvent pour origine la race craonaise ; maisgénéralement ils sont bien inférieurs, sous tous les rapports,aux animaux qu'on élève dans les arrondissementsde Laval et de Chàteau-Gontier. »La vérité est qu'en fait les cochons du Maine se confondentavec ceux de l'Anjou, et qu'il en est de même aujourd'huipour ceux du bas Poitou.Sans doute, dans ces provinces, la population est moinsgénéralement pure et soignée moins attentivement quedans la Mayenne. On y rencontre plus de sujets portantdes traces d'un croisement anglais; mais il serait tout àfait impossible de distinguer des craonais ceux qui ne sontpoint dans ce cas ; et du reste les charcutiers de Paris neles estiment pas moins.Variété normande. — Les cochons de la Normandiesont, en général, moins bas sur jambes et un peu moinsmusclés que ceux du Maine et de l'Anjou. Leur ossatureest aussi un peu plus grossière. On leur donne des nomsdivers, toujours tirés de ceux des localités, en raison dela coutume déjà signalée. Ainsi on désigne des prétenduesraces cauchoise, cotentine, alençonnaisc, de Nouant,augeronne.C'est dans la vallée d'Auge, en réalité, que se trouventles plus beaux individus, les plus améliorés, les plus précoces.Dans cette vallée, tous les animaux sont plus abondammentnourris que partout ailleurs en Normandie.Rien ne peut mieux donner une idée des différences in-(l) Gustave HEUZÉ, Le porc, t" édit., p. 39.


VARIÉTÉ NORMANDE. 319dividuelles présentées par les porcs normands, à l'égardde leur amélioration, que la comparaison des rendementsfaite par Baudement, à la suite du concours de Poissy,en 1860. Entre deux sujets engraissés dans le départementde Seine-et-Oise, l'un pesait vif 250 k 500 et l'autre262 kilogr. La tête du premier a pesé 12 k 500 et celle dusecond 22 k 800. Dans le premier cas, le rapport du poidsde la tête au poids vif est 1 :20; dans le second, il est1:11,49. La différence est donc presque du simple audouble. Ce rapport implique celui qui existait nécessairemententre les deux squelettes.Toutefois, le rendement moyen des porcs sur lesquelsla comparaison a été faite, et qui étaient au nombre decinq, s'est élevé à 80,19 pour 100. Il s'agit, bien entendu,de la viande nette seulement.Une truie de variété normande, âgée de 10 mois, quiavait remporté le prix d'honneur au concours général d'animauxgras de 18S0, a été examinée d'après les nouvellesméthodes d'appréciation du rendement. Elle pesait 253 k.Sa chair contenait 29,85 de matière sèche p. 100, dont22,66 de protéine et 7,19 de graisse. Elle avait ainsi produitune moyenne de 843 gr. par jour.Un porc yorkshire de 9 mois 12 jours, du concoursde 1881, peut lui être comparé. Il pesait 231 kilogr. et sachair contenait seulement 27,525 de matière sèche p. 100,dont 23,975 de protéine et 3,550 de graisse. La moyennede produclion journalière n'était ainsi que de 819 gr. etla chair était muins riche. La supériorité est donc du côtéde la truie normande, sous le double rapport de la quantitéet de la qualité.Cette qualité, chez les normands, est toutefois moinsfine, moins savoureuse que chez les craonais. Le lard estmoins ferme et se sale moins bien, surtout chez ceux dela vallée d'Auge.Les truies normandes sont très-fécondes. Aussi l'industriede la production des gorets est-elle très-répandue enNormandie et donne-t-elle lieu à un commerce considérable.Indépendamment des jeunes cochons sevrés quepelte industrie fournit aux petits ménages de la Norman-


320 RACE IBÉRIQUE.die, comme c'est le cas dans la région de la variété craonaise,elle en produit encore pour les déparlements del'Oise, d'Eure-et-Loir, de Seine-et-Oise et de Seine-et-Marne, en un mot pour tous les environs de Paris.Variété bretonne. — Les porcs bretons ne diffèrentde ceux du Maine et de l'Anjou que par une moindre amélioration.Ils sont hauts sur jambes, ils ont la lète forteet le corps mince, à dos voussé. La variété est en rapportavec l'infériorité des conditions dans lesquelles elle vit.Autres variétés. — Des cordions de race celtique quise trouvent dans le nord de la France, en Belgique, enLorraine, dans le Luxembourg, en Allemagne, en Danemark,en Suède el dans le nord de la llussie, nous ne dironsrien ici, pas plus que de ceux de l'Italie, parce quepartout ils forment une minorité dans les populations etsont d'ailleurs forl mélangés. Nous y reviendrons à proposde la race avec laquelle ils se rencontrent dans ces populations.RACE IBÉRIQUE (S. ibericus).Fig. 47. — Type de la raceIbérique.Caractères spécifiques. — Crâne dolicocépbale.Fronl étroit et un peu déprimé, à bord supérieur saillant.Sus-naseaux étroits el demoyenne longueur, faiblementincurvés en contre-baset continuant à la racine dunez la courbe commencéepar la surface du front. Rangéesmolaires sensiblementparallèles; arcades incisivestrès-petites. Profil de la têtecurviligne rentrant en arcrégulier à très-courte llèche.Face étroite à sa base, allongéeet effilée (fig. 47).Caractères zootechniques généraux. — Tête peuforte, à groin petit, à oreilles étroiLes, allongées el dirigéesobliquement en avant, de bas en haut, presque hori-


AIRE GÉOGRAPHIQUE. 321zortales. Col court et de moyenne épaisseur. Corps delongueur moyenne, entre celles de la race celtique et deia race asiatique, cylindrique, à ligne dorsale droite. Memnresrelativement peu longs et fortement musclés, fessesarrondies.La peau est toujours fortement pigmentée, et les soies,assez rares, sont toujours noires. Quand il en est autrement,cela est dû à l'influence de croisements antérieurs.Chez les sujets purs, les soies sont au moins rousses ougrises.Les cochons de la race ibérique sont agiles et d'un tempéramentvigoureux, rustique. Cependant, ils sont, en général,forts mangeurs et doués d'une précocité relative.Ils atteignent en moyenne un poids vif de 150 kilogr. Ilssont plus aptes à produire de la chair que de la graisse,et cette chair a une saveur accentuée Leurs jambons sonttrès-eslimés.Les truies sont moins fécondes que celles de la race celtique; elles ne font guère plus de huit ou neuf petits, enmoyenne. Elles n'ont en général que dix mamelles.Aire géographique. — Actuellement, le type naturelqui vient d'être décrit se trouve dans toute l'Europe méridionale,en Espagne et en Portugal, dans les îles Baléares,en Italie, en Grèce, à Malle, dans les États du Danube,en Ihingrie, en Autriche et dans le midi de la France,depuis le versant sud du plateau central jusqu'à la mer etaux Pyrénées. Partout oit l'occupation espagnole s'est établie,dans l'ancien empire d'Allemagne, dans les Flandres,dans les provinces du Rhin, en Lorraine, dans la Franche-Comté, etc., on le rencontre de même.Mais là, comme sur les confins de son aire géographiquequi touchent immédiatement à celle de la race celtique, letype se présente sous un aspect différent. Sa couleur estentièrement d'un blanc jaunâtre, comme celle de sa voisine,ou le plus souvent d'un blanc marqué de larges tachesnoires. C'est en Italie, en Sicile, en Grèce et à Malteseulement, comme dans le sud de l'Espagne, que la racese montre uniformément de couleur noire.Ces circonstances rendent indubitable que cette race a


322 RACE IBÉRIQUEeu son berceau sur un point quelconque du centre hispanique.C'esl d'elle évidemment qu'il est tant question dansl'Odyssée, où il est montré que dans les temps homériquesles troupeaux de porcs étaient nombreux en Grèce. Ils l'étaientégalement au sud de l'Italie el en Sicile. Des recherchesde Strobel (1) il résulte que le crâne du S. ibericusse retrouve dans les stations préhistoriques de l'iLalieappelées Mariere ou Terramares. Les sujets de cette racey étaient dès lors nombreux. Ils le sont encore, et ils yont atteint le plus haut degré de leur perfectionnement.C'est pourquoi lord Western, au commencement de cesiècle, voyageant à Naples, fut frappé de ce perfectionnementet eut l'idée d'introduire en Angleterre des verratsnapolitains, pour améliorer la race de son pays.A partir de ce moment, celle en question fut désignéepar le nom de race napolitaine. On l'appelle en Allemagnerace romanique, d'après Nathusius.Nous avons préféré pour elle le qualificatif d'ibérique,déjà donné à la race bovine originaire de même du centrehispanique et peuplant les rivages de la Méditerranée,pour la raison qu'il est plus compréhensif et plus en rapportavec l'étendue de son aire géographique naturelle.Cette aire, en effet, embrasse tous les pays peuplés parles anciens Ibères, sauf ceux d'où elle a été expulsée parles prescriptions religieuses du Coran. Ailleurs, elle s'estrépandue en vertu de sa loi propre d'extension, ou elle aété introduite, soit par la conquête, soit par l'idée modernede perfectionnement.En somme, cela fait de grandes surfaces, de conditionsnaturelles et artificielles très-variées, et il en est résulténécessairement de nombreuses variétés, que nous ne décrironspoint toutes avec les mômes détails. Pour plusieurs,notre point de vue pratique nous commande denous en tenir à des indications sommaires.Variété napolitaine.— Cette variété a le corps régu-(1) PELCECRINO STUOBEL. Studio comparativo sut leschio delçmrco del Mariere (Eslrallo dagli Alli délia Socielà IlaliaKa discienzm naturali, vol. xxv, Milano, 1882).


VABIÉTÉ TOSCANE. 323iièrement cylindrique, la tète relativement peu volumineuseel les membres fins. Sa peau, uniformément pigmentée,est couverte de soies rares, fines et noires. Elle aune très-grande aptitude à l'engraissement, et elle atteintdes poids élevés.C'est incontestablement la meilleure de toutes les variétésde la race. Elle vit durant une grande partie del'année en liberté, dans la campagne de Naples.On la trouve du reste dans toute l'Italie centrale et méridionale,jusqu'en Sicile et dans les autres îles de la Méditerrannée,en Sardaigne, en Corse, dans les Baléares.Ses jambons sont excellents, surtout dans l'Emilie, auxenvirons de Parme et de Modène, où ils ont acquis unegrande réputation. Là, et aussi dans les Romagnes, cettevariété a été anciennement croisée avec la race celtique,et l'on y trouve bon nombre de sujets qui présentent descaractères de cette race, entre autres les grandes oreilleslarges et tombantes. Récemment on a eu le tort d'y introduiredes métis anglais, dont l'influence ne peut que nuireà la qualité des produits. Les zootechnisles italiens s'élèventtous, pour ce motif, contre leur introduction.Des résultats recueillis à Modène, sous la direction duprofesseur G. Tampelini, ont montré que pour des poidsvifs de 158 et de 119 kilogr., les sujets avaient 7 k 559 et6* 130 de tête. Ils ont rendu 83,437 et 83,107 en chair comestiblep. 100 de poids vif.Dans la campagne de Rome et dans les Apennins, ellea une moindre finesse et une plus grande rusticité. Sessoies sont rudes et parfois d'une nuance roussàtre. Elle yfournit de même une viande très-savoureuse, et elle s'engraissebien.Un de nos colons d'Algérie (1) a introduit la variété napolitaineaux environs de Bône dans une forêt de chêneslièges, en 1872. Elle y compte mainlenant environ 1,200 sujetsd'un excellent rapport.Variété toscane. — Dans les maremmes de l'ItalieI • A. BURE. Journal de l'Agriculture, de Banal, t. II de 187^p. 66


324 RACE IBÉRIQUE.centrale et dans les bois des anciens États du pape, lesporcs vivent à l'état demi-sauvage Aussi sont-ils moinsaméliorés que ceux de la Campagne romaine et presquefarouches. Ils sont hauts sur jambes, et leur corps estmoins épais, comme le comporte du reste leur genre devie.On vise maintenant à les améliorer, eux aussi, à l'aidedes verrats anglais introduits par l'établissement zootechniquede Reggio, appartenant à l'État.N'est-ce pas une véritable dérision de voir l'Italie, qui afourni le principal élément de l'amélioration des porcs del'Angleterre, faire elle-même de telles importations? C'estce que nous nommons en France l'anglomanie. Le gouvernementitalien, dans sa louable ardeur de régénération,en usl présentement atteint au plus haut degré.Variétés grecque et maltaise. — Dans les îles del'Archipel, les porcs ne diffèrent que très-peu de ceux del'Italie centrale et méridionale. Entre la variété grecque etla toscane, il n'y a rien que de nominal. Il serait doncsuperflu de s'y arrêter davantage.Variétés austro-hongroises et russes. — Le typeibérique s'est répandu en Dalmatie, en Serbie, en Autriche-Hongrie,en Bulgarie, en Roumanie et dans la Russieméridionale. Sa population est surtout nombreuse et remarquableen Hongrie, où elle est connue particulièrementsous le nom de race mangalikza.Celle-ci se distingue des variétés précédentes principalementpar la qualité et la nuance de ses soies. Ellessont abondâmes, fortes, frisées et d'un gris jaunâtre. Soncorps est épais, relativement bas sur jambes. Elle s'engraissefacilement, et sa chair est renommée pour lafinesse de sa saveur.Variétés bressane et suisse. — Entre les populationsdes deux côtés du Jura, de la Suisse et des départementsfrançais de la frontière, il n'y a que des différencesde nationalité. Sans donc nous arrêter à la variété suisse,très-répandue dans les chalets pour consommer les résidusde la fabrication frornagère, nous décrirons seulementla trançaise, dite bressane, qui se trouve non seule-


VARIÉTÉS DU QUERCV, D0 PÉRIGORD ET DU LIMOUSIN. 325ment en Bresse, mais encore dans toute l'étendue des départementsde l'Ain, de l'Isère, du Jura, du Rhône, deSaône-et-Loire, de la Haute-Saône et du Doubs, dans lesDombes, dans le Bugey, dans le Dauphiné, le Beaujolais,la Comté, le Maçonnais, le Charolais, et jusque dans leBourbonnais.Cette variété est parfois de couleur entièrement noire,comme le type naturel auquel elle appartient; mais le plussouvent la partie médiane de son corps est entourée parune grande bande blanche ou jaunâtre. La marque de couleurclaire, d'une étendue variable et parfois de figure irrégulière,est une trace certaine d'ancien mélange avec larace celtique, vraisemblablement dépossédée par l'extensionde l'ibérique vers le Nord, et surtout par son introductiondurant l'occupalion espagnole.On y constate aussi parfois le retour au type celtiquemanifesté par la présence des grandes oreilles larges ettombantes.La variété bressane a la tète relativement forte ; son dosest un peu voussé, et son corps, au lieu d'être cylindrique,est aplati; ses membres sont trop longs et souvent grossiers.Elle est vigoureuse, forte marcheuse et rustique,par conséquent tardive. Sa chair est en général grossière;mais en revanche,les truies sont fécondes et bonnes mères»Les porcs bressans atteignent des poids vifs très-divers,selon qu'ils vivent en liberté, comme dans la Dombe, ouqu'ils sont nourris à la porcherie. Ils ne dépassent guèrecependant 150 kilogr.Variété lorraine. — En Lorraine, comme en Alsaceet des deux côtés du Rhin, en Belgique, en Luxembourgel en Allemagne, la race ibérique forme une partie des populationsporcines, en mélange avec la celtique. Elle s'ymontre toutefois à peu près toujours de couleur uniformémentblanche, un peu haute sur jambes et mince de corps.Elle y est, comme on sait, nombreuse et fort estimée. Lelard et la charcuterie prennent en ces régions une partconsidérable à l'alimentation publique.Variétés du Quercy, du Périgord et du Limousin*— Nous réunissons dans un même article ces trois va-V. 19


S26RACE IBÉRIQUE.riétés, parce que la coutume de les distinguer entre ellesn'est point fondée sur des caractères vraiment différentiels.De même que les conditions d'existence ne présententque des nuances imperceptibles, de même les formeset les couleurs se confondent avec la plus grande facilité.Dans toute la grande région qui comprend les déparlementsdu Puy-de-Dôme, de la Haute-Loire, du Cantal, dela Lozère, de l'Aveyron, du Tarn el de Tarn-et-Garonne,du Lot, de la Dordogne, de la Corrèze, delà Haute-Vienneet de la Creuse, la production des porcs est très-abondante,beaucoup plus que ce qui est nécessaire pour laconsommation des habitants. Aussi celte région en exportet-ellebeaucoup, surtout vers le marché de Paris. Les châtaigniersy sonl nombreux, et ils fournissent leur principalealimentation.Il n'est pas rare de rencontrer des individus entièrementnoirs; mais le plus souvent le corps présente destaches blanches plus ou moins étendues; parfois mêmela tête seulement est noire. Il est tout à fait exceptionnelque le pigment soit complètement absent.On n'a pas besoin sans doute de faire remarquer queces particularités sont dues à l'influence de croisementsavec la race celtique, dont l'aire confine par le Poitou.Les variétés en question sont en général moins amélioréesque celles des régions plus méridionales. Leurs soiessont plus abondantes, plus grossières, et leur conformationest moins bonne. Elles sont marcheuses et peu précoces;mais cependant, lorsque le moment est venu, elless'engraissent avec facilité, et leur chair est de très-bonnequalité, fine et savoureuse, se salant fort bien.Toutefois, sur le marché de Paris, ils sont toujoursmoins estimés que ceux du Maine et de l'Anjou, de raceceltique. Les charcutiers le payent en moyenne 0 fr. 10 demoins par kilogramme.Des porcs de ces variétés, exposés dans les concours,ont pesé jusqu'à 284 kilogr. Leur poids n'est pas descenduau-dessous de 200 kilogr.Variétés gasconne et languedocienne. — Plushautes sur jambes, plus grossières, moins améliorées et


VARIÉTÉS ESPAGNOLES Et PORTUGAISES. 327plus tardives encore que les précédentes, ces variétés,qui habitent les départements des Landes, du Gers, deLot-et-Garonne, de la Haute-Garonne, de l'Ariège et del'Aude, n'en diffèrent point autrement. Le commun deséleveurs, ne travaillant que pour la consommation locale,ne sont pas excités à mieux faire.Variétés du Roussillon et de la Provence. —Celles-ci participent des variétés précédentes et de cellede la Bresse, descendue en Provence par la vallée duRhône. Leur importance, au point de vue général, n'estpas suffisante pour que nous allions, à leur sujet, au delàd'une simple indication.Variété béarnaise. — C'est cette variété qui fournitles jambons de Bayonne, dont la renommée est ancienne.Elle habile les deux départements des Hautes et Basses-Pyrénées, et les provinces espagnoles du Nord.De couleur blanche et noire, plutôt noire que blanchetoutefois, elle a le corps généralement mince et les membresun peu longs. Vivant le plus ordinairement dehors,elle est rustique et tardive. Son lard est peu épais et sachair savoureuse. C'est à cela surtout qu'est due la réputationde la charcuterie de Bayonne et d'Orthez.Variétés espagnoles et portugaises. — Entre lesvariétés espagnoles et les variélé italiennes, il n'y a,comme pour plusieurs autres que nous avons déjà vues,que la différence de nationalité. De même pour les portugaises.La description des unes s'appliquerait exactementaux autres. Elles ont les mêmes caractères zootechniques.La distinction n'est donc que nominale. Les condilionsd'existence étant identiques, les attributs ne pouvaientpoint différer.Cependant il faut dire que nous sommes loin d'être aussibien renseignés sur ce qui concerne les pooulations porcinesde la péninsule ibérique qu'à l'égard de celles del'Italie. Il n'y a pas encore, ni en Espagne ni en Portugal,des zootechnistes habitués à suivre les méthodes descriptivesmodernes, qui seules peuvent donner une idée exactede l'état des choses. On est réduit, pour en juger, à desdocuments fort imparfaits.


328 POPULATIONS MÉTISSES.CHAPITRE 111POPULATIONS MKTISSISMétis anylais. — Il n'y a plus depuis longtemps, dansles îles Britanniques, aucune race pure de Suidés. Chosecurieuse! en ce pays, où la conservation de la purelé desraces de tous les autres genres est élevée à la hauteurd'un dogme, elle a été universellement laissée de côté àl'égard de la race celtique qui, au commencement de cesiècle, le peuplait exclusivement.Des croisements avec la race asiatique, importée del'extrême Orient, et la race ibérique, importée de Naples,puis des métissages multipliés entre les sujets résultantde ces croisements, ont donné naissance à une complèteconfusion. Les prétendues races nouvelles ainsi créées,dont chacune recevait un nom nouveau, tiré soit de celuidu comté, soit de celui même de la ferme ou du petit districtoù la famille mélisse avait pris naissance, sont devenuessi nombreuses qu'on a fini bientôt par ne plus s'y reconnaîtredu tout.On admettait les races Berkshire, Coleshil, Hampshire,Essex blanche, Essex noire, Leicester, Middlessex, Oxford,Sussex blanche, Sussex noire, Yorksbire grande, Yorkshirepetite, Windsor, etc., etc.Le bon sens anglais voulut y mettre ordre en n'admettantplus, dans les concours de la Société royale, quedeux catégories, l'une pour ce qu'on appelle les grandesraces, l'autre pour les petites. L'expérience montra qu'iln'y avait point là non plus une condition de clarté suffisante.En effet, on vit alors figurer dans chacune de ces deuxcatégories les sujets les plus disparates, quoique de même


MÉTIS ANGLAIS. 329nom, et par conséquent de même origine. Par exemple,dans celle dite des grandes races, des surreys blancs, desyorkshires blancs, des berkshires noir et blanc, des manchestersblancs légèrement tachés de noir, des wobburnsblancs et des derby blancs; dans celle des petites, desleicesters blancs, des berkshires noir et blanc, des yorkshiresblancs, des cumberlands blancs, des windsorsblancs, des folkingtons blancs, des newleicesters blancs,des middlessex blancs, des essex noirs, des essex blancs,des busheys blancs, des chiceslers noirs, des notlinghamsblancs, des suffolks noirs, des hampslures noir et blanc.Il y avait donc, d'après cela, des yorkshires el desberkshires grands et des petits, des essex noirs et desblancs, etc. Il y avait surtout, parmi les grands el parmiles petits, parmi les blancs et parmi les noirs, des sujetsse rattachant à des types naturels tout à fait différents.Aussi a-t-on fini, en Angleterre, par renoncer à touteidée de catégorie el à ne juger que la valeur individuelledes reproducteurs d'après leur pedigree. C'est là qu'on enest maintenant. Ce qui n'empêche point que partout ailleursen Europe les anglomanes continuent de parlerdes races porcines anglaises et de se servir des anciensnoms pour les désigner. Les Anglais se sont convaincusqu'ils n'avaient réussi à créer aucune race de porcs. Ilss'en tiennent à la prétention d'avoir réalisé des machinesextrêmement puissantes pour la transformation rapide desaliments en chair et graisse, surtout en graisse.Certes, cette prétention est fondée, el la réputation deces machines est telle qu'elles se sont répandues partout,en France, en Hollande, en Belgique, en Allemagne, enAutriche et en Italie, pour améliorer l'aptitude des Suidésde ces divers pays. Elles y ont formé de nombreuses populationsmélisses, disséminées sur la surface de l'airegéographique de chacune des deux races européennes quenous avons décrites.Il serait sans utilité de passer une revue détaillée deces populations, qui ne diffèrent point sensiblement deleurs souches anglaises. Nous devons nous borner à décrirecelles qui, parmi ces dernières, ont une réputation


330 POPULATIONS MÉTISSES.et dont le nom est connu partout, en insistant sur leurcaractéristique, qui est la variation désordonnée qu'ellesmanifestent.Yorkshires. — La prétendue race d'Yorkshire a étéformée dans les comlés d'York, de Lincoln et de Lancaster,par l'accouplement des truies indigènes, appartenantà la race celtique, avec des verrats métis d'asiatique etd'ibérique, venant du Leiccslershire.Les porcs de ces comtés sont de grande, de moyenneou de petite taille, suivant qu'ils ont fait retour à l'une ouà l'autre de leurs trois races originelles. Ce sont les grandsqui montrent parfois les oreilles longues el. pendantes dutype celtique, mais ils ont ordinairement celles du typeibérique. Les petits ont toujours celles du type asiatique.Tous sont ordinairement de couleur blanche.Tous aussi sont très-précoces, et c'est eux qui, parmiles porcs anglais, atteignent les poids vifs les plus élevés.Ils ont les cuisses fortement charnues, qui produisent lesjambons d'York, si renommés.Un porc yorkshire âgé de 9 mois et 12 jours, exposé auconcours général de Paris en 1881, et qui pesait'131 kilogr.,a rendu 80 de viande nette p. 100. Sa chair contenait27,5.5 de matière sèche p. 100, dont 23,975 de protéine et3,550 seulement dégraisse. Une truie normande de 10 moisavait pesé, l'année précédente, 253 kilogr. et sa chair contenait29,85 de matière sèche, dont, 22,00 de protéine et7,19 de graisse. Elle était donc supérieure à la fois pourla quantité et pour la qualité de viande produite, lit chaquefuis que des comparaisons de ce genre sont faites, ellesconduisent au m une résultat ; ce qui n'empêche pis lesanglomanes de tous les pays de proclamer la supérioritédes cochons anglais, notamment des yorkshires, sur tousles autres.C'est, en effet, les grands vorkshires qui onl maintenantla vogue parmi eux, parce qu'ils l'ont aussi dansle sport des concours anglais.New-Leicesters. — Les métis du comté de Leicesterappartiennent au groupe des petits. Ils ont le corps courtet cylindrique, les membres d'une extrême finesse et


BERKSHIRES. 331d'une brièveté remarquable, peu propres à la marche.Leur peau, toujours dépourvue de pigment, ne porte quedes soies rares et fines.Sous tous ces rapports leur uniformité est grande, etelle est due au degré élevé de perfectionnement de la populationdans le sens de la précocité du développementet de l'aptitude à élaborer de la graisse. Les masses musculaires,formées de faisceaux très-fins, ont une pari très,faible au volume du corps. La graisse, au contraire, abondetellement que les yeux, et môme parfois le groin, disparaissentpresque comme noyés par les masses graisseusesdes joues et de la gorge.C'est que la souche indigène avait déjà subi, au siècledernier, l'influence de Bakewel et de sa méthode, lorsquesurvinrent les circonstances de reproduction auxquellesest due la population actuelle. Auparavant, on la connaissaitsous le nom de race de Dishley.Mais cette uniformité s'arrête aux caractères zootechniquessignalés. Sur 35 cochons leicesters ayant eu despremiers prix dans nos concours français, el dont les portraitssont reproduits dans les comptes-rendus de cesconcours, publiés par l'administration de l'agriculture,10 appartiennent au type naturel de la race asiatique, 20 àcelui de la race ibérique, et les 5 autres participent à lafois de l'un et de l'autre dans des proportions diverses.C'est, comme nous le savons, le cas de tous les groupesde métis se reproduisant entre eux, en vertu de la loi dereversion. Et les deux sens de cette reversion nous indiquentde la manière la plus claire les origines des codionsleicesters dans la production desquels on s'est attachéavec soin à éliminer la couleur noire.Chez ces cochons, la fécondité est faible. Les truiessont fréquemment stériles et les verrats inféconds.Des individus âgés de dix-huit mois ont pesé jusqu'à237 kilogr. vifs, et d'autres 198 kilogr. à treize mois.Les cochons de Windsor ne se distinguent point de ceuxque nous venons de décrire.Berkshires. — La formation des métis berkshires,auxquels on a fait, en France surtout, une grande réputa-


332 POPULATIONS MÉTISSES.tion, en les introduisant à l'ancienne école de Grignon, estdue à lord Barringtan et à M. Sherard, qui, au commencementde ce siècle, introduisirent dans le comté de Bcrkdes verrats siamois et cochinchinois, et des verrats napolitains.Ils s'appliquèrent à maintenir la couleur mélangéede noir et de blanc, surtout à la tête, que l'on considèrecomme caractéristique des berkshires.On ne peut refuser à ces cochons des qualités zootechniquesremarquables, telles que leur ruslicité relative etleur fécondité (la production moyenne des truies est deneuf petits à chaque portée), ruslicité et fécondité quenous avons pu constater directement durant plusieurs annéessur environ quatre-vingts truies mères.Mais tels qu'ils se présenlent maintenant, on y reconnaîtfacilement deux types très-différents, non pas seulementzoologiques (ce qui n'importerait guère pour lesméLis), mais zootechniques. L'un a le corps court, cylindrique,et les oreilles petites et dressées de l'asiatique.Il est pour l'ordinaire entièrement de couleur noire.L'autre a le corps allongé et les oreilles de l'ibérique. Ilnous a semblé, d'après ce que nous avons pu observer,que le premier de ces types tendrait à prédominer sur lesecond. Ce serait, croyons-nous, au détriment de l'anciennerenommée des cochons berkshires.Ceux-ci pouvant se plier, dans leur ensemble, à des circonstancesd'alimentation peu favorables, sont cependantbons mangeurs. Ils atteignent des poids très-élevés, maisvariables, suivant le type auquel ils ont fait retour.Les berkshires ont, comme les yorkshires avec lesquelsils se partagent à présent la faveur des anglomanes, l'inconvénientde fournir une chair trop peu savoureuse et unlard manquant de fermeté. Leur seul mérite, aux unscomme aux autres, est d'avoir des formes amples et unegrande précocité. Mais ce mérite ne leur est point particulier,ainsi qu'on l'a vu en lisant la description des racespures de l'Europe occidentale et méridionale.Hampshires. — Le comté de Hamp est limitrophe decelui de Berk. Les cochons dits hampshires ne différentdes berkshires que par un corps plus allongé, une plus


ESSEX. 333grande taille et une moindre amélioration. Cela soit dit engénéral, car les hampshires de tel éleveur se montrentsouvent meilleurs que les berkshires de tel autre. Les originessont les mêmes.Essex. — Il parait bien établi que c'est dans le comtéd'Essex qu'ont été faites les premières opérations relativesau croisement des truies indigènes par des verratsnapolitains. Lord Western passe pour avoir introduit, aucommencement de ce siècle, des sujets achetés en Italie,entre Naples et Salerne. Toujours est-il qu'on le reconnaîten Angleterre comme ayant créé la famille des porcsd'Essex améliorés (improved Essex), perfectionnée depuispar M. Fisher Hobbes, grand vainqueur dans les concoursde ces derniers temps.Les porcs ainsi améliorés dans le sud-est de l'Angleterrese sont répandus dans les comtés de Surrey, deSussex et d'Oxford. Ils sont généralement de couleur noireuniforme, et ils ont le corps court et cylindrique. On lesrange dans le groupe des petits.Comme aptitude, ils se confondent avec les précédents.Les mélanges entre eux sont d'ailleurs fréquents. Lesessex ont atteint à douze mois jusqu'au poids vif de224 kilogr.Nous ne dirons rien ici des prétendues races coleshill,middlessex, windsor, etc., qui, montrant la couleur blancheexclusive, se rattachent au groupe leicester, plus ancien,comme elles se rattacheraient à celui d'Essex si leur couleurétait noire. Dans l'état actuel, tout cela vaut ce quevaut l'éleveur, ainsi que les Anglais, avec leur sens pratique,ont fini par le comprendre. Le nom n'y fait rien.Sous les dénominations les plus diverses, le zoologistene peut trouver que les mêmes manifestations morphologiques,la chimère longtemps poursuivie et maintenantabandonnée de la fixation d'un type uniforme ayant toujoursfui.Chassée d'Angleterre, cette chimère s'est réfugiée enPrusse, en France et en Italie, où elle a trouvé de nouveauxpoursuivants, surtout en Prusse, et conséquemv.19.


334 POPULATIONS MÉTISSESment en Italie. On y est encore plus anglomane que lesAnglais.Mais toutefois, ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer,en Angleterre et sur le conlinent, la faveur abandonn' de plus en plus ce qu'on appelait naguère les petitesraces, c'est-à-dire les métis reproduisant surtout letype asiatique, pour s'attacher aux métis de grande tailleet de fort poids, que l'on croit plus productifs.Métis divers. — Les métis anglais que nous venonsde décrire ont été introduits à peu près partout en Europe,à cause de leur grande aptitude à la production dela graisse. On les y trouve chez la plupart des agriculteursprogressifs, en France, en Belgique, en Hollande, en Allemagne,en Autriche-Hongrie, en Italie, élevés à un étatque l'on croit être la purelé, ou bien croisés avec les femellesde la variété locale. Il en résulte de nombreusespopulations métisses qu'il suffit de signaler.Mais en outre, dans le nord-est de la France, dans lesprovinces orientales de la Belgique, dans le Luxembourget dans les provinces rhénanes de l'empire d'Allemagne,la population porcine est formée depuis plusieurs sièclespar des métis que l'on pourrait qualifier de celtibériques.En effet, on y trouve mélangés dans des proportions diversesles deux types celtique et ibérique, le plus souventtoutefois sous la couleur claire qui appartient au premier.Ces deux types se montrent parfois aussi sur desindividus distincts.Ainsi sont composées les populations des codions lorrains,des codions de M agence, des cochons de Wcslphalic,dont la réputation s'est répandue au loin. La charcuterie,dans ces régions, est une industrie de grande importance,comme du reste dans toute l'Allemagne, où les métisdont il s'agit ont également une extension considérable.Ils y forment la majeure partie des populations porcines.Leur origine est due, comme nous l'avons déjà dit, àl'influence espagnole, succédant à l'ancienne influencecarlovingienne.Il serait aussi fastidieux que superflu d'entreprendreune description détaillée de toules ces populations mé-


MÉTIS DIVERS. 335tisses formées ainsi d'ancienne date et d'ailleurs sansparti pris, dont nous avons signalé l'existence en décrivantles variétés de chacune des races qui ont contribuéà leur formation. Quiconque connaît la caractéristiquedes types naturels n'éprouvera aucune difficulté à déterminerleur qualité, précisément par le mélange decaractères qu'elles présentent. Qu'on les rencontre aunord, où peut-être les Romains et sûrement les Espagnolsont inlroduit la race ibérique, ou bien au sud, enItalie, où les envahisseurs gaulois ont introduit la raceceltique, partout elles seront facilement reconnues et facilementdistinguées des populations pures, caractériséespar leur uniformité de type. La variation désordonnéequ'elles montrent les dénonce à première vue.Après cela, il serait aussi sans intérêt pratique de décrireminutieusement leurs caractères zootechniques spéciaux,comme l'ont fait les auteurs empiriques dont nousavons parlé, en leur donnant des noms de race. L'uniformitéde régime à laquelle les porcs sont soumis partoutefface beaucoup les différences entre sujets de même origine.Bien hardi serait celui qui se croirait en mesure,par exemple, de distinguer un porc lorrain d'un alsacienou d'un mayençais ou d'un westphalien, un bressan d'uncomtois ou d'un vosgien, un modenais d'un parmesan,d'un piêmontais ou d'un lombard quelconque. Cela, dureste, n'aurait qu'un faible intérêt.


336 PRODUCTION DES JEUNES SUIDÉS.CHAPITRE IVPRODUCTION DES JEUNES SUIDÉSMéthode de reproduction. — La vie des porcs nedure que le moins possible, en général. Comme ils ne sontutilisés qu'après leur mort, plus tôt celle-ci peut arriverconvenablement, mieux cela vaut. Les influences héréditairesont en conséquence chez eux une importance nonnégligeable, mais relativement minime, eu égard à cellede l'alimentation, sauf pour ce qui concerne toutefois lescaractères morphologiques.A leur sujet, les auteurs empiriques se laissent entraîner,comme toujours, à une exagération fâcheuse, enconsidérant d'une façon trop exclusive l'influence de l'hérédité,à laquelle seule ils attribuent la puissance deperfectionnement.Obtenir, en un temps donné, une certaine quantité dechair et de graisse, voilà le but. L'essentiel est de trouverà la vendre aux meilleures conditions, après l'avoir obtenue,et c'est ce qui doit décider du choix de la méthodede reproduction, dans l'état actuel des choses. Nous voulonsdire que selon la visée de l'entreprise de productionde jeunes Suidés pour la consommation des villes ou pourcelle des campagnes, selon même les dispositions deshabitants de celles-ci, on peut reproduire ces Suidés ensélection zoologique, par croisement ou par métissage.Il reste encore des localités dans lesquelles les paysansne veulent à aucun prix acheter les jeunes cochons précoces,chez lesquels le développement de la graisse acquiertla prépondérance. Ils n'y trouvent point leur comptepour faire la soupe du ménage avec du lard salé.Dans ces localités, ce serait une faute de donner, par


MÉTHODE DE REPRODUCTION. 337exemple, des verrats anglais aux truies celtiques ou ibériquesdes variétés locales. D'une façon absolue, les jeunesengendrés par ces verrats deviendraient de plus puissantesmachines à transformer les aliments ; mais qu'importeleur supériorité absolue, puisqu'elles resteraientpour compte au fabricant? Le plus sage est donc de s'enabstenir et de fabriquer ce qui se vend.L'opération la plus lucrative étant, ici surtout, commenous l'avons établi, celle de la production des jeunesvendus aussitôt après le sevrage, le principal est que cesjeunes trouvent dans le commerce un écoulement facileet prompt. Ils ne le peuvent qu'à la condition d'être toutà fait dans le goût de la clientèle, sur laquelle on a bienrarement intérêt à tenter des réformes sous prétexte deprogrès. Il faut être à la piste de ses désirs pour semettre en mesure de les satisfaire au moment opporlun.Quand on a la prétention de lui faire violence, elle vousabandonne, et l'on reste seul pour admirer ses propresproduits.Du reste, il n'y a point là de condition d'inférioriléréelle pour le producteur. En supposant que les jeunescochons des variétés moins précoces se paient moins cherpar tête que ceux des autres, les truies de ces variétésétant plus fécondes, leur revenu annuel est au moins égal,sinon plus élevé.Lorsque l'entreprise consiste à faire naître les cochonspour les nourrir soi-même, jusqu'au moment de les livrergras au commerce de la charcuterie (ce qui n'est point lameilleure des entreprises), ou seulement pour les vendreà des éleveurs travaillant en vue du même débouché, ilest loisible, ou de reproduire entre eux les métis anglais,ou d'accoupler des verrats de ces métis soit avec les truiesceltiques, soit avec les ibériques, selon la facilité qu'on ade se procurer les unes ou les autres, ce qui dépend de lalocalité qu'on habite. Par ces moyens, on obtiendra peutêtre,pour le même temps, un plus fort poids de matièrescomestibles ; ce n'est pas certain toutefois, car nous avonsvu qu'il y a chez nous, par exemple, des sujets de purel'ace celtique dont l'aptitude n'est poinl inférieure à celle


338 PRODUCTION DES JEUNES SUIDÉS.des cochons anglais, la qualité de leur chair étant en outreincontestablement supérieure.Un métis yorkshire-limousin du concours général deParis en 1881 avait produit en 333 jours 242 kilogr. depoids vif, soit en moyenne726 gr. par jour. Un yorkshirenormanddu môme cor.coursen avait produit en 325 jours275 kilogr., soit 810 gr. par jour. La truie normande duconcours précédent, qui a été déjà citée, en avait en300 jours produit 253 kilogr. ou 843 gr. par jour, soit117 gr. de plus que l'yorkshire-limousin, et autant, à 3 gr;près, que le normand-yorkshire.Mais, en outre des considérations de débouché dontnous venons de parler, les sujets précoces anglais exigent,pour être utilisés, des conditions d'existence tout autresque celles qui suffisent | our les sujets des races européennespures, et sur lesquelles nous aurons à nous expliquerplus loin.Encore ici, nous devons donc conclure que dans la généralitédes cas, c'est la méthode de sélection zoologiqueou de reproduction naturelle qu'il convienlde recommander,réservant celles de croisement et de métissage pourles exceptions, contrairement à l'opinion prédominanteparmi les éleveurs qui se croient les plus avancés sur lavoie du progrès.Sélection zootechnique. — Les condilions de bonneconformation, chez les Suidés, ne sont point compliquées,la fonction économique n'étant point complexe. Il s'agitpurement et simplement de réunir ce qui peut porter lerendement au maximum.En tenant compte des caractères inhérents à chaquerace et des exigences du mode de la fonction économiquementionnées plus haut, il est clair que le plus beau cochonsera nécessairement celui dont le corps se montrerarelativement le plus allongé et le plus correctemenl élargi,le plus voisin du cylindre dans toute son étendue, depuisles épaules jusqu'aux cuisses et aux fesses, avec lesmembres les plus courts el les moins grossiers, le cou leplus court aussi et la tête la moins volumineuse (fig. 48).Il ne s'agit pas, bien entendu, de comparer la tête d'un


SÉLECTION ZOOTECHNIQUE. 339


340 PRODUCTION DES JEUNES SUIDÉS.celtique à celle d'un ibérique ou d'un asiatique. On saitque la première esl toujours un peu plus grosse. Il s'agitde prendre pour terme de comparaison le volume moyendans chaque race, et de donner la préférence aux sujetsqui se montrent au-dessous de la moyenne.On sait que cette réduction du volume de la tête estl'indice cerlain de la réduction totale du squelette. Elleentraine la brièveté du cou et celle des membres, avec unaccroissement proportionnel des masses musculaires etgraisseuses. On pourrait presque s'en tenir à sa considération,sans chances d'erreur dans la sélection des Suidés.Les sujets les plus précoces sont toujours ceux quila présentent au plus haut degré. C'est par là qu'on peutavoir la mesure de la précocité, eu égard à la limite danslaquelle les circonstances économiques commandent de setenir.Les soies les moins grossières ou les plus fines et lesplus rares sont également à rechercher. Quant à l'absencede la pigmentation ou à sa présence, cela dépend de lavariété à reproduire. Chez celles qui en sont habituellementdépourvues, on tient à leur conserver la pureté immaculée,et inversemenl chez les aulres. Cela n'a d'importanceque par les idées qu'on y attache, idées auxquellesle producteur doit néanmoins conformer sa conduite.La sélection du mâle ou verrat exige en outre l'examenattentif des organes sexuels. Dans les variétés précoces,les testicules subissent fréquemment des malformations,allant souvent jusqu'à la cryptorchidie. Il ne faut donc pasnégliger d'explorer la région des bourses pour y constaterleur présence en bon état. Le sujet seulement monorchidedoit êlre rejeté, pour la raison qu'il a de fortes chancesd'engendrer des cryptorchides et d'être au moins peu prolifique.Môme avec leurs deux testicules en apparence normaux,bon nombre de mâles de ces mêmes variétés ne montrentque peu ou point de propension à l'accouplement. Avantdonc de les accepter comme reproducteurs, il convienttoujours de les mettre à l'épreuve. En outre, parmi ceuxqui se montrent disposés à s'accoupler, bon nombre so,^


PRATIQUE DE L\ REPRODUCTION. 341inféconds. Leur infécondité est ordinairement la conséquenced'une propension excessive à l'engraissement, dueà la mollesse du tempérament. Il convient donc de resterà cet égard, pour les verrats, dans des limites modérées,afin qu'ils puissent sûrement remplir leur fonction.La qualité essentielle de la truie, après celle de la fécondité,qui ne peut être jugée que par l'expérience, maisqui est encore plus que chez le verrat influencée par l'aptitudeexcessive à l'engraissement, est celle de pouvoirbien allaiter ses jeunes. Elle doit avoir pour cela des mamellesen nombre suffisant et bien développées. Leurnombre normal est, comme on sait, variable selon lesespèces.Comme elles sont à la fois inguinales, abdominales etpectorales, ce nombre dépend de la longueur relative ducorps. Nous en avons vu jusqu'à neuf paires chez destruies celtiques. Chez les ibériques pures ou croisées, ildescend jusqu'à cinq paires. Dans tous les cas, plus il estgrand, mieux cela vaut. La truie pourvue de douze mamellesdoit être préférée à celle qui n'en a que dix, et àplus forte raison celle qui en a quatorze et au-dessus.Il faut réformer sans hésitation les truies qui ne laissentpas volontiers téter leurs gorets, celles qui en étouffentsous elles et surtout celles qui, étant voraces, montrentde la propension à les manger à mesure qu'ils naissent.Pratique de la reproduction. — Avant d'entreprendrela reproduction des porcs, l'éleveur doit assurer auxmères qu'il veut exploiter une installation convenable. Laporcherie d'élevage, comme on l'appelle, exige pour rendrele succès certain des conditions particulières, qu'il fautd'abord indiquer. Quand elles sont négligées, il s'ensuitdes accidents plus ou moins fréquents, qui entraînenttoujours des pertes.La première de ces conditions est que chacune destruies dispose d'un espnce suffisant pour se trouver toujoursà l'aise avec ses gorets, quel que soit leur nombre.Il en est ainsi quand sa loge a une longueur d'aire de 1 '"75à 2 mètres, sur l m 80 à 2 10 de largeur, et communique


342 PRODUCTION DES JEUNES SUIDÉS.avec une petite cour ou une sorte de parc, où elle peut àvolonté prendre l'air et se promener. Une série de logescontiguës et séparées les unes des autres par des cloisonsen briques, de la hauteur d'un mètre environ, dontl'antérieure, avec la porte el l'auge, à couvercle mobiledisposé comme nous l'avons indiqué en général (t. I,p. 308), est séparée du mur du bâtiment par un couloirpavé d'un mètre de largeur au moins, est ce qu'il y a demieux, pourvu que l'aire elle-même soit pavée ou cimentéeet que le bâtiment ait une hauteur de 3 mètres sousle toil bien joint.De cette façon, les mères n'ont pas froid en hiver, niIrop chaud en été; et si l'aire est toujours entretenue bienpropre, ainsi que les auges et le couloir, leur santé n'a jamaisà souffrir et leur fonction s'accomplil bien. Leur habitationpeut aussi êlre visitée sans qu'on en soit incommodépar de trop fortes odeurs.Le verrat ou les verrats, selon le nombre des mères etc onséquemmenl l'importance de la porcherie, occupent lesloges situées aux extrémités.En ce qui concerne l'alimentation, nous nous en occuperonsà propos de chacun des détails de la fonction, carelle doit varier comme ces détails et comme l'âge auquelils se présentent. Arrivons maintenant au premier de tous,à l'accouplement sexuel.Accouplement. — Les femelles de Suidé manifestentordinairement l'instinct génésique pour la première foisvers l'âge de huit mois A cet âge, elles peuvent être fécondéessans inconvénient et même avec avantage, à lacondition qu'elles soient suffisamment nourries. Leur premièreportée dépasse rarement six fœtus. Elle ne nuitpoint à leur développement, comme nous l'avons établi demême pour les femelles des autres genres. Il serait surabondantde recommencer la démonstration.Les signes du rut ne diffèrent point non plus. Ils semanifestent par de l'agitation, par la diminution del'appétit, par la turgescence et la rougeur des lèvres de lavulve.Lorsque l'instinct n'a pas été satisfait, les signes du rut


GESTATION. 343disparaissent après une durée de deux à trois jours, pourse montrer de nouveau périodiquement tous les dix-huità vingt jours.Les mâles, à partir de l'âge de huit mois aussi, quandils ont été bien nourris, sont aptes de même à s'accoupler.Ils peuvent, snns inconvénient dès lors, et durant quelquesmois, saillir trois truies par jour. Aux environs dedix-huit mois, ils peuvent aller jusqu'à cinq. Chez eux,l'instinct génésique est très développé. La salacité duverrat est bien connue. Elle est même proverbiale. Il n'ya donc guère lieu de craindre d'en abuser ; d'autant moinsqu'il n'y a pas ici à faire grand cas du préjudice qui pourrailen résulter pour l'individu lui-même.Le mode le plus convenable, pour le verrat, d'accomplirsa fonction est celai qui consiste à lui conduire la truiedans sa loge particulière ou dans une petite cour isolée,aileiumle à celle-ci. Presque aussitôt après l'introductiondu pénis, l'orgasme se fait sentir; mais, chez le verrat,l'ôjaculation est lente, et il doil rester durant quelquesminutes sur la femelle, pour que l'acte soit sûrement efficace.On en a vu rester ainsi accouplés durant un quartd'heure et même davantage. Il importe donc de ne pointle déranger.C'est pourquoi le mieux est de laisser ensemble le mâleet la femelle dans une tranquillité complète, durant aumoins une demi-heure.Gestation. — Chez la truie, la gestation dure environ120 jours ou quatre mois. Comme procédé mnémotechnique,on dit : 3 mois, 3 semaines, 3 jours; mais il estbien connu que la durée en est variable, selon les individus,entre de» limites qui s'écarienl d'une semaine en plusou en moins. Il convient toutefois de tenir compte du tempsmoyen, afin de faire opérer les accouplements au momentconvenable pour que les gorets naissent à l'époque la plusfavorable pour leur vente, après qu'ils auront été sevrés.Durant la gestation, deux choses sont à considérer :l u les soins à prendre pour que les mères portent leursfœtus jusq i'à ter.ne, et conséq .lemmerit n'.norieitl p int;2° l'alimentation qui leur convient, afin qu'elles se déve-


344 PRODUCTION DES JEUNES SUIDÉS.loppent elles-mêmes le plus possible, en même temps queces fœtus. Nous avons vu, en effet, qu'elles doivent devenirmères durant qu'elles sont encore dans leur périodede croissance, et conformément au principe général quenous avons posé; celle-ci achevée, leur fouet ion doit cesser,parce qu'elles ont acquis leur plus grande valeur commerciale.L'avortement est rare chez les truies. Les Suidés sontdes animaux rustiques, à moins qu'ils n'aient été affaiblispar l'exagération de ce qu'on nomme leur perfectionnement,ce dont on ne saurait trop se garder à l'égard desfemelles qui doivent se reproduire. Poussées à l'excès deprécocité et d'aptitude à l'engraissement, celles-ci, quandelles ne sont pas stériles, n'ont qu'une fécondité faible etprécaire, qui les empêche parfois de faire des gorets viables.En dehors de ce cas, pour éviter l'avortement, il n'ya pas d'autre précaution à prendre que de mettre la truieà l'abri des attaques des animaux turbulents, de pourvoirtoujours sa loge d'une bonne litière, et de veiller à ce queson alimentation ne contienne jamais aucune substancequi puisse être toxique pour les fœtus. De ce nombre sontles moisissures qui se développent sur les aliments altéréspar la fermentation putride, qu'on a souvent le tortde faire manger aux cochons. Ceux-ci n'en paraissent pashabituellement incommodés, surtout quand ils sont adultes,la dose n'étant point assez forte pour que l'actiontoxique se fasse sentir; mais il n'en peut être de mêmepour des fœtus contenus dans l'utérus maternel.Les truies en gestation ne doivent consommer que debons aliments, en quantité suffisante pour assurer un completdéveloppement à ces fœtus, et en outre suffire à leurpropre croissance. Leur alimentation spéciale, pour êlretout à fait convenable, sera plutôt riche qu'abondante ouvolumineuse. C'est par elles que les matières animales,comme les débris des abattoirs ou des équarrissages,peuvent aussi être utilisées, mais à la condition que cesmatières soient cuites et qu'elles n'entrent que pour uneproportion seulement dans la ration. En mélange avec 1rspommes de terre ou toui autre aliment végétal analogue,


PARTURITION. 345elles forment une alimentation excellente. D'abord la proportionpeut être de la moitié en poids, pour arriver progressivementau tiers, puis au quart, à mesure que la bêteavance en âge.Seules et à l'état crû, les matières animales ne nourrissentqu'imparfaitement les cochons, qui sont des omnivores.La chair et le lard de ceux qui en ont été exclusivementalimenlés ont une saveur détestable, comme cellede la chair de tout carnassier. Nous en pouvons témoignerpersonnellement, ayant durant quatre années, à l'écoled'Alfort, mangé de celte viande de porcs nourris avec lescadavres des amphithéâtres d'anatomie et de clinique.Mais de là à conclure, comme certaines personnes l'ontfuit, contre leur emploi dans l'alimentation des porcheries,il y a loin. Bien administrées ainsi que nous venons del'indiquer, elles enrichissent la ration et lui donnent laconstitution qui est la plus conforme aux besoins naturelsdes Suidés, et surtout des jeunes.En leur absence, les eaux grasses des cuisines mélangéesavec les pommes de terre el des aliments concentréscomme les sons d'orge, de seigle, de froment, assurentaussi une bonne alimentation.Dans les pays forestiers,les mères en gestation peuventêtre conduites à la glandée, et partout ailleurs sur les friches,pour y fouiller le sol contenant des racines et destubercules. Durant l'été, lorsque les pommes de terremanquent, on les peut nourriraussi avec de la luzerne oudu trèfle vert; mais ce n'est point ce qui leur convient lemieux. Ce ne sont pas des aliments assez riches pourelles, eu égard au volume qu'elles en peuvent introduiredans leur estomac.Quant aux quantités journalières de la ration, c'est,comme toujours,l'appétit qui en décide seul.Parturition. — Lorsque la truie sent approcher leterme de sa gestation, on la voit rassembler en un coin dela loge la paille de sa litière. Les porchers disent alorsqu'elle fail son lit pour accoucher, ce qui est la véritableexpression du fait. Il convient, dès que le signe se manifeste,de la pourvoir de paille fraîche en quantité suffi-


346 PRODUCTION DES JEUNES SUIDÉS.santé. Il n'y a plus ensuite qu'à la laisser tranquille, en lasurveillant toutefois.Il est très-exceptionnel que la parturition ne s'accomplissepoint normalement chez les truies. Une fois lepremier cochonnet expulsé, ainsi que son placenta,les autres suivent à de courts intervalles et le délivreentier.Il est bon d'enlever les petits à mesure, pour ne les redonnerà la mère qu'après sa délivrance complète. Avant,elle ne s'en occupe point, si ce n'est, parfois pour les dévorer,et il lui arrive de les étouffer sous son corps parinadvertance. Quand elle est délivrée, au contraire, l'instinctmaternel s'éveille chez elle, et si elle est vraimentbonne mère, il n'y a plus aucun danger.D'abord, toutefois, il convient de faire disparaître lapaille souillée par les eaux de l'amnios et le sang des placentas,et de la remplacer par de la fraîche, puis de compterle nombre des mamelles donnant du lait et celui desjeunes. En cas d'excédant de ces derniers, chacun ne pouvantpas avoir sa mamelle, le plus sage est de faire toutde suite le sacrifice de ceux qui sont en plus. Autrement,les plus forts s'empareraient des mamelles, ne laisseraientpoint téter les autres, qui seraient ainsi fatalement vouésà la mort par inanition. Mieux vaut donc tuer immédiatementles intrus trop faibles pour conquérir leur vie, àmoins qu'on ne dispose d'une autre truie ayant des mamellesdisponibles. Dès lors que les choses sont ainsi régléeset que chaque cochonnet a été mis une fois à sa mamelle,toul se maintient ensuite en ordre.Les seuls soins particuliers qu'exige la truie après saparturition se bornent à ne lui donner que des alimentset des boissons tièdes ou chauds pendant trois ou quatrejours.Allaitement. — Les cochonnets teltenl leur mère à volonté.Il n'y a qu'à prendre les soins nécessaires pour quecelle-ci soit bonne nourrice. Leur avenir en dépend, etaussi le résultat économique immédiat de l'opération. Leprix de vente est réglé d'après le volume atteint par lejeune cochon au sevrage. 11 est d'autant plus grand que


ALLAITEMENT. 347plus de bon lait a été bu par lui chaque jour durant sonallaitement.D'un aulre côté, toute truie mère doit faire au moinsdeux portées de jeunes par an, et conséquemment lesnourrir. Pour suffire à la sécrétion de si grandes quantitésde lait, il lui faut, encore plus que pendant la gestation,recevoir en abondance des aliments de bonne qualité.Nous allons indiquer quelques types de rations, en faisantvarier les aliments complémentaires :I. E IUÏ grassrs 6 kil.Farire Jorge 2Poi mes de terre cuites 412 kil.II. Petit lait2 kil.Ea ex grasses6 kil.Viande cuite 0 l 500Son 1Pommes de terre cuites 413i>500III. E inx grasses6 kil..Mais coin asié 1Carottes 3Topinambours cui's 414 kil.Les eaux grasses qui forment la base de ces trois typesde rations ont des richesses très variables; elles dépendentdu régime même des cuisines d'où elles proviennent,des débris de viande ou de légumes que celles-ci laissentdans les eaux de lavage de la vaisselle. 11 y a donc lieu deforcer ou de réduire la proportion d'aliment concentré,selon leur richesse, afin que la relation nutritive restetoujours suffisamment étroite. On sait que le lait de truieest très-riche en caséine. Pour qu'il soit produit en abondance,il faut donc que l'alimentation soit fortement azotée.Sans cela ce lait est clair el insuffisamment nutritifpour les cochonnets qui ne se développent pas bien.


348 PRODUCTION DES JEUNES SUIDÉS.Les quantités indiquées ici sont seulement proportionnelles.11 est entendu que des rations constiluées d'aprèsces types, les truies nourrices doivent recevoir tout cequ'elles peuvent manger, en ayant soin de le partager aumoins en trois repas.Dans certaines porcheries, les truies mères sont alimentées,durant la saison d'été, avec du trèfle vert ou dela luzerne, et les auteurs, en général, recommandent l'emploide ces aliments. Il n'est pas douteux qu'elles peuvents'en nourrir; mais les omnivores, n'utilisant que très-peula cellulose, sont les pires consommateurs pour de tellesmatières alimentaires, qu'il convient mieux de faire transformerpar les animaux herbivores.Sevrage. — On ne fait guère durer d'habitude l'allaitementdes gorets au delà de six semaines, deux mois auplus. Ce temps esl suffisant, surtout lorsque la portée estnombreuse. Plus prolongé, il épuiserait la nourrice, et lesgorets eux-mêmes pourraient souffrir d'une insuffisanced'alimentation.En outre, il ne suffit pas que les gorets soient biennourris, pour atteindre, au moment du sevrage, la plusgrande valeur possible; il faut aussi que la mère resteen bon état et se développe convenablement, étant encoreen période de croissance ou devant être engraissée aprèsqu'ils ont été sevrés.Pour préparer le sevrage, on commence, vers la fin dela troisième semaine, à donner une fois par jour du laitécrémé ou du petit lait aux gorets, dans de petites augescirculaires (fig. 49) mises à leur disposition. Ces auges ontl'avantage de leur permettre de boire sans se presser lesuns contre les autres. Pendant ce temps, la nourrice a étémise dehors pour se promener.Une semaine après, l'aliment supplémentaire est donnédeux fois, el l'on y ajoute un peu de farine d'orge pour enformer une bouillie très-claire.La cinquième semaine, les gorets demeurent séparésde leur mère durant la plus grande partie de la journéeavec leurs auges pleines; ils ne sont mis avec elle quedeux fois, pour téler. On augmente progressivement


RÉGIME APRÈS LE SEVRAGE. 349l'épaisseur de leur bouillie ou la quantité du petitlait.Dans la sixième semaine, ils ne tettent plus qu'une fois ;à la fin de celle-ci ils sont complètement séparés.Régime après le sevrage. — Alors ils font de trois'à cinq repas par jour, pour lesquels il n'y a plus qu'àaugmenter progressivement la ration, à mesure que letemps marche, en faisant varier sa composition, commenous l'indiquerons plus loin avec les détails nécessaires,au chapitre de la production spéciale de la chair de porc.Auge pour les gorets.Une fois sevrés, en effet, qu'ils doivent se développerpour se reproduire à l'âge convenable ou pour être engraissésquand leur développement est jugé suffisant, lesjeunes suidés suivent le même réirime.Ce régime est celui du parcours dans les forêts ou dansles champs, qui n'est, pas à préférer, mais qui s'imposeparfois, ou celui de l'alimentation exclusive à la porcherie.C'est de ce dernier que nous nous occuperons seulement,pour signaler en particulier une question sur laquelleil a été beaucoup discuté. Il s'agit, de l'emplo desdébris des clos d'équarrissage dans l'alimentation desv 20


350 PRODUCTION DES JEUNES SUIDÉS.porcs. Les uns ont préconisé cet emploi, en vue de la salubritépublique, comme le meilleur moyen de les fairedisparaître; les autres l'ont condamné d'une façon absolue,au nom de l'hygiène, à cause des maladies qui pourraientêtre transmises, par les porcs consommateurs desviandes provenant d'animaux morts, aux hommes qui senourriraient de leur chair.Dans les deux cas on a exagéré. D'abord, nul ne pourraitpenser aujourd'hui, à moins d'ignorer les principesles plus élémentaires de l'alimentation, à nourrir exclusivementavec des matières animales des porcs quelconques.On sait trop bien que cela communique à leurchair un goût détestable et rend leur lard impossible àconserver par la salaison II s'agit donc de savoir si cesmatières peuvent être avantageusement utilisées en entrantpour une part dans la ration alimentaire des porcs.Posée ainsi, la question se résout évidemment par l'affirmative,et il est bien certain que les meilleurs consommateursde ces viandes et débris d'équarrissage sontprécisément les jeunes cochons, depuis le moment deleur sevrage jusqu'à celui où ils sont a.rivés à l'âge convenablepour commencer leur engraissement. Dans cettepériode ue leur existence, il ne s'agit pour eux que de sedévelopper. Les matières animales convenablement préparéespar la cuisson et faisant partie d'une ralion bienconstituée, avec des pommes de terre ou tout autrealiment analogue, sont pour eux un aliment excellent, quifavorise au plus haut point leur développement. C'estpourquoi nous en parlons ici pour y appeler plus spécialementl'attention.Durant plusieurs années, nous avons vu, à l'écoled'Alfort, les porcs se nourrir des chairs et débris crusd'animaux morts même d'affections virulentes, sans qu'ilen soit résulté aucun inconvénient. A plus forte raison endoit-il être de même lorsque ces chairs et débris ontsubi la cuisson.Émasculation. — Chez les Suidés, les individus doJdeux sexes sont émasculôs. L'excision des testicules dumâle et des ovaires de la femelle, pratiquée durant l'allai-


HOUCL*MENT. 351tement ou aussitôt après le sevrage, est une opérationd'une bénignité extrême, que tous les porchers et tousles marchands de cochons savent pratiquer. En tout cas,il vaut mieux qu'elle soit pratiquée avant qu'après le sevrage,de façon à ce que les plaies puissenl être cicatriséesavant que le jeune animal quitte tout à fait samère.Nous n'avons pas à entrer ici dans les détails du manuelopératoire. Cela s'apprend en pratiquant sous la directiond'un maître.Il n'y a même rien à dire des soins que pourraient exigerles suites de l'opération. A moins d'accident tout àfait exceptionnel, ces suites sont nulles. Les plaies desbourses du mâle et celle du flanc de la femelle se cicatrisenttoutes seules, sans provoquer aucun mouvementfébrile. Cela passe inaperçu. Le péritoine des jeunestruies montre une remarquable tolérance.Bouclement. — Le cochon abandonné dehors à sesinstincts fouille le sol avec son groin pour y trouver destubercules ou des racines, et dérange ainsi les cultures.Afin de l'éviter, chez ceux qui doivent aller au champ,on a imaginé de passer dans l'épaisseur du bord supérieurdu groin une lame étroite de fer doux diversementdisposée. Lorsque cette armature heurte le sol ou unobjet solide quelconque, elle cause à l'animal une douleurqui le porte à ne pas insister.Cette petite «opération, peut-être un peu cruelle, estconnue sous le nom de boudément ou bouclage. Elle n'estni à recommander ni à proscrire d'une manière absolue.Elle n'est util** toutefois que pour les individus qui doiventaller chercher une partie, sinon la totalité de leurnourriture dans des champs qui pourraient avoir à souffrird'être fouillés plus ou moins profondément par legroin des cochons Dans le cas contraire elle est superflueou même nuisible: superflue pour ceux qui sontnourris à la porcherie ; nuisible quand il est nécessairede déterrer les tubercules ou les racines dans les frichesou dans les bois.


352 PRODUCTION SPÉCIALE DE LA CHAIR DF PORC.CHAPITRE VPRODUCTION SPÉCIALE DE LA Cil UR DF. rOHCMéthodes de production. — L'exploitation desporcs sevrés se prête à deux sortes d'opérations égalementlucratives, et dont le choix dépend des conditionsdans lesquelles se trouve celui qui veut l'entreprendre,particulièrement au point de vue des matières alimentairesdont il dispose et qu'il doit chercher à utiliser aumaximum.Comme annexe d'une laiterie plus ou moins importante,par exemple, soit pour la fabrication du beurre, soit pourcelle du fromage, laissant disponible du lait de beurreou du petit lait, des eaux de lavage, d'une féculerie laissantdes résidus, même d'une brasserie laissant des drèches,des germes de malt, des levures, et fournissant leseaux grasses et les débris de la cuisine d'un nombreuxpersonnel; dans ces cas et quelques autres analogues,l'entretien des jeunes porcs, depuis leur sevrage jusqu'aumoment où leur engraissement peut êlre commencé, estsans conlredit le moyen de donner aux matières alimentairesen question la valeur la plus élevée qu'elles puissentatteindre.Au sevrage, leur cours moyen est d'environ 15 fr. partête. Sept à huit mois après, selon le développementqu'ils ont pris, ils ne valent pas moins de CO à 80 fr. C'estdonc 45 à 65 fr. d'écart, représenlant la valeur desaliments, moins les frais généraux, qui ne sont pas bienélevés.Il ne serait pas difficile d'établir, notamment, que dansune brasserie la valeur donnée ainsi aux drôches, germ 3et levures, n'est pas loin de compenser le prix d'achat dumalt, si même elle ne se montre égale.


HABITATION. 353Dans la meunerie, où se produisent des sons en grandequantité, lorsqu'elle est annexe d'une exploitation agricolefournissant des pommes de terre, la situation convientmieux pour l'engraissement proprement dit. Celui-cis'entreprend en achetant les cochons vers l'âge d'un an,un peu plus tôt s'ils sont de variétés précoces, et en lesnourrissant jusqu'à ce que leur poids n'augmente plusque d'une très faible quantité journalière.Les deux méthodes de production sont bonnes, et il y ades cas dans lesquels elles peuvent être exploitéessuccessivement ou simultanément, en faisant passer lescochons de la porcherie d'élevage dans celle d'engraissement,lorsque le moment est venu.Quand il ne s'agit point d'une industrie, mais bien deproduire la viande et la graisse de porc nécessaires pourles besoins du ménage de la ferme, c'est le plus ordinairementainsi que les choses doivent se passer. Les petitsménages de cultivateurs, qui lous salent un porc chaqueannée, ne procèdent pas autrement.Nous allons exposer la technique des deux genres deproduction, en faisant remarquer qu'il n'y a point lieu derevenir ici sur le choix des sujets, que nous avons indiquéune fois pour toutes, le but étant toujours le même.Habitation. — Les jeunes cochons sevrés doiventêtre logés au moins deux ensemble. Il n'y a même pasd'inconvénient à ce qu'ils soient jusqu'à quatre durantquelques mois. Seuls, ils s'ennuient et mangent moinsbien. Or, comme il n'ont rien de mieux à faire que demanger, rien ne doit être négligé pour stimuler leurappétit. Plus ils sont forts mangeurs, meilleures machinesindustrielles ils sont.Les cochons à l'engrais, pour la même raison, sontmieux aussi logés deux par deux.Toutefois, il importe qu'ils soient à l'aise dans leurloge et que leurs aliments puissent être distribués sansles déranger. Cela s'obtient par la disposition de porcherieque nous avons recommandée précédemment, sauf ladifférence de dimensions de la loge.Pour 3 jeunes porcs, la loge aura 2 mètres de long surv. -0-


354 PRODUCTION SPÉCIALE DE LA CHAIR DE PORC.2 mètres de large, soit 4 mètres carrés d'aire ; pour 2 cochonsà l'engrais, lm80 de long sur 2 mètres de large, ou3m 60 carrés.Dans les loges doit régner la plus grande propreté, quiest nécessaire à la conservation de la santé, el conséquemmentde l'appétit. C'est une erreur de croire que lesporcs aiment la saleté et s'en trouvent bien. Ils recherchentseulement la fraîcheur en été, qui leur est indispensable.La chaleur, au-dessus d'une quinzaine dedegrés, leur est mortelle. Plutôt que de la souffrir, ils sevautrent partout, sans avoir égard à la saleté. C'est pourquoiil convient de tenir à leur disposition un bassin ouune petite mare d'eau propre où ils puissent se baigner,ainsi qu'une cour pour prendre leurs ébats, lorsque leurrégime ne comporte point qu'ils soient conduits auchamp.Pour les cochons à l'engrais, il n'en est plus ainsi.Ceux-ci doivent jouir de la plus grande tranquillité, passantle temps à manger et à dormir. La porcherie d'engraissementsera donc peu éclairée, quoique bien aéréepour pouvoir être tenue fraîche en été, et soustraite auxbruits du dehors.Alimentation. — Nous avons déjà donné quelques indicationssur l'alimentation des jeunes cochons immédiatementaprès leur sevrage. C'est une transition pour lerégime auquel ils sont soumis dans leur nouvelle condi"tion, et dont la composition dépend des circonstancesénoncées plus haut.La base de la ration varie selon ces circonstances. Ellen'est pas la même, on le comprend bien, dans une laiterieque dans une brasserie ou une féculerie. Lesaliments complémentaires et adjuvants peuvent aussivarier beaucoup. C'est l'avantage des connaissancesscientifiques sur l'alimentation de permettre précisémentd'arriver au même bnt par des chemins très-divers,en réalisant finalement toujours la même valeur nutritive.Au point où nous en sommes arrivés, il n'est plusnécessaire d'insister beaucoup là-dessus. A peine s'il


ALIMENTATION. 355sera besoin de donner quelques indications sommaires,appuyées sur un petit nombre d'exemples, sachant queles cochons mangent tout, matières végétales et matièresanimales, et que leur alimentation leur est d'autant plusprofitable qu'elle est plus mélangée des unes et des autres,el qu'elle a subi plus de préparations culinaires, division,cuisson, fermentation, etc. C'est pourquoi toute porcheriedoit être pourvue d'une cuisine y attenante, où se trouvedisposé un appareil à cuire les aliments, soil à feu nu,soit préférablement à la vapeur. On trouve dans le commercedes appareils divers de ce genre, dont nousn'avons pas à faire ici une étude comparative. Notre rôlese borne à en faire sentir la nécessité.E. Wolff il) a montré que les porcs utilisent les hannetonsdesséchés et conservés. Divers autres auteurs ontfait voir à plusieurs reprises qu'ils tirent bon parti de lafarine de viande (Fleischmdd), préparée à Eray-Bentos etqui se vend maintenant en Europe.La quantité d'expériences faites par J. Lehmann, Peters,Ileiden, Hellriegel, Henneberg, E. Wolff, avec lesrations les plus variées, est maintenant très-grande.Sans accorder aux normes qui en ont été déduiles plusde valeur qu'elles n'en méritent, on peut dire que lathéorie de l'alimentation des porcs est une des plusavancées.Comme base pour ce qui la concerne, nous consigneronsici les résultats d'une expérience comparative, danslaquelle nous avons déterminé la capacité digestive dedeux lots à peu près égaux de jeunes cochons berkshiresde l'école de Grignon, en faisant noter exactement lesaugmentations de poids vif obtenues avec deux sortesd'aliments complémentaires.Quatre jeunes porcs de môme portée, Agés de deuxmois et dix-huit jours, furent partagés en deux groupes,pesant l'un 8G k '200, et l'autre 79 k 400, qui consommèrentles rations suivantes :i.l; E WOJ.FF, Journ f. Landw., 1871, p. 268.


356 PRODUCTION SPÉCIALE DE LA CHAIR DE PORC1" GROUPE.Eaux grasses 13 k 7'25Pommes de terre cuites. 3,730Son de bornent 1,2752« GHOl'PK.Eaux grasses13'-7'25Pommes de terre cuites. 3,730Farine d'orge 1,700La farine d'orge contenait 12 p. 100 de protéine bruteet le son de froment 10 p. 100.De semaine en semaine, les deux groupes ont permutéprogressivement, à l'égard de l'aliment complémentaire,de façon à ce qu'à la fin des sept jours celui qui recevaitau commencement du son ne reçut plus que de la farined'orge, et réciproquement, jusqu'à la septième semaine,à la fin de laquelle tous les deux recevaient 14 kil. d'eauxgrasses et 4 kilogr. de pommes de terre, mais l'un 2 k 400de son, et l'autre 3 k 200 de farine d'orge.Durant ce temps, le premier groupe a augmenté de39k soo, le second de 31k (j40.Pendant une huitième semaine, les deux groupes ontreçu exactement les mêmes quantités de son et de farined'orge, c'est-à-dire pour chacun 3 k 200, et alors lesaugmentations de poids vif se. sont montrées égalesà 9 k 500; mais après une neuvième semaine, durantlaquelle il y avait eu encore permutation progressive desaliments concentrés, ce qui égalisait les conditions, lepremier groupe n'avait augmenté que de 4 k 500, tandisque le second augmentait de 9 kilogr., preuve d'une puissancedigestive plus grande de ce groupe.Enfin, dans une dernière semaine, où l'un était nourriexclusivement au son et l'autre à la farine d'orge, avecles eaux grasses et les pommes de terre, bien entendu,le premier a augmenté de 9 kilogr., et le second de9 k 500.On a dû inférer des résultats de cette recherche (1) quedans la ration au son, calculée d'après l'équivalent de lafarine d'orge en protéine brute, la relation nutritive étaittrop étroite, et qu'elle eût été améliorée par une additioncorrespondante de pommes de terre ou de tout antrealiment adjuvant riche en amidon.(1) A. SANSON, Journ. de l'agr., t. I de 1877, p. 491.


ALIMENTATION. 357Une recherche plus récente de Tchirwinsky (1), poursuiviedans des vues tout autres, tend à le rendre aumoins excessivement probable. Elle a montré que desjeunes cochons nourris exclusivement d'orge, dont larelation est = 1:5, digéraient 0,76 de la substance sèchetotale de leur ration, tandis qu'avec un mélange de cetteorge et de fécule, le même coefficient descendait à 0,67.Le premier étant évidemment un maximum, le rétrécissementde la relation ne peut que le diminuer.Quoi qu'il en soit, le calcul a montré que le kilogrammede poids vif obtenu avec le son ne coûtait que 63 centimes,tandis que celui dû à la farine d'orge coûtait 76 centimes.Il sera facile avec cela de discuier la valeur nutritivei;t économique de tous les autres aliments concentrésindiqués dans les tables comme propres à la nourrituredes cochons.Des nombreuses recherches exécutées en Allemagne,nous ne résumerons ici que celles de Heiden (2), parcequ'elles sont les plus significatives, surtout dans le sensque nous venons d'indiquer. Elles ont été faites à la stationde Pommritz, durant les années de 1868 à 1874.Les aliments expérimentés ont été les suivants :Eau. Prot'ine. Malicr t Ligneux. Exlractifsg 4-SfSnon f*z«>ict1869-70. Orge 16,76 9,76 2,05 3,55 65,18Peut lait .. 92,42 3.02 0,67 — 3,221870-71. Orge 41,4't 10,55 2,83 3,59 66,17Pétillait... 92,20 3,06 0,89 — 3,091871-72 Mai» H,o7 11,49 4,61 1,81 65 46Pois 13,41 22,36 1,91 5,74 50,04Petit bit... 91,74 3,27 0,90 3,26L'effet nutritif de ces divers aliments est exprimé parles nombres ci-après :(') N. TCIIIRV.'IN^KY, Die landvj. Vcrsuchs-Slationen, XXIX,Ed., 1883, p. 317-143.(2) E. HEIDEN, Jlalraeye zur Ernaelirung des Schweines, Hannovreet Leipzig. Erste Heft, 1876; zweites Heft, 1877.


358 PRODUCTION SPÉCIALE DE LA CHAIR DE PORC.Ace des animaux, f> men "Quantité nécessairepour produire_ - .ta "°. n . 50 kil. de poidsTif.journalière'au début, à la fin. par Ici*. ,, oK p etjl lait>A -10 " 8 ' Jour?. J..UI-5. Kil. Kil. Litres1808-69. Pois et petit lait. 125 3I5 0,418 213 3371871-72. — - 100 326 0.544 197 3571872-73. — — 121 290 0,547 179,5 4241868-69. Pois seuls 125 197 0,496 180,5 —1872-73. — 188 222 0,544 206,5 -B. Maïs1871-72. Maïs et petit lait. 61 349 0,556 150 392187-2-73. — — 61 229 0,553 116 4521873-74. - — 101 261 0,571 130,5 4381872-73. Maïs seul 187 221 0,526 237,5 -1873-74. — 232 365 0,364 254,5 —C. Orge.1808-69. Orge et petit lait. 125 353 0,536 212,5 2811869-70. — — 61 405 0,596 153 3711870-71. — — 60 355 0,571 164 4911873-74. — — 32 213 0,476 83 6081868-69. Orge seulement. 125 196 0,190 224 —1872-73. — — 2'5 280 0,335 378,5 —1873-74. - - 172 204 0,276 317,5 —Il résulte de ces recherches comparatives que le maïset l'orge ajoutés au petit lait se sont montrés les meilleursaliments pour l'accroissement des porcs, et quel'action du mais a été encore plus intense que celle del'orge. On y voit que celle des pois a été moindre, maiscependant encore favorable, et qu'elle n'a point été différente,qu'ils aient été consommés seuls délayés dansl'eau ou mélangés avec le petit lait, tandis qu'il n'en apas été ainsi pour le maïs et pour l'orge. L'effet nutritifde ceux-ci a diminué quand ils ont été donnés isolément,sous forme de pâte aqueuse claire.Ceia confirme pleinement ce que nous avons dit plushaut en comparant l'orge au son de froment, plus nuiett protéine et conséquemment d'une relation nutritiveplus étroite.


ALIMENTATION. 350A l'égard des âges différents des animaux d'expérience,les recherches de Heiden ont fait voir que l'effet nutritifle plus élevé s'est manifesté, pour le mélange de pois etde petit lait, entre 4 mois et 6 mois 15 jours ; à partir delà, il a été moindre ; pour le maïs et le petit lait, entre4 et 10 mois, par conséquent plus prolongé ; enfin, pouil'orge el le petit lait, entre 3 et 9 à 10 mois.Il en faut conclure qu'après ce temps la relation nutritivedoit êlre moins étroite.Du reste, l'auteur a résumé lui-même la substance deses recherches dans une série de propositions que nousallons reproduire.1. L'effet d'un aliment est différent selon l'âge ducochon.2. Les pommes de terre seules ne sont point pour lecochon un aliment approprié.3. Les pommes de terre et le petit lait agissent d'unemanière plus favorable, mais aussi le mélange ne peutpas être considéré comme une alimentation d'engraissement,en raison de la faible appétence que les animauxmontrent pour ce mélange.4. Le petit lait est en soi, à la vérité, un aliment absolumentconvenable et suffisant dans le jeune âge, mais ilne peut pas être regardé également plus tard commeun aliment complet d'engraissement. En raison de sateneur élevée en eau, il en faut faire consommer desmasses trop fortes pour atteindre la quantité de substancesèche nécessaire, ce qui occasionne des troublesdigestifs.5. L'élargissement de la relation nutritive des grains etdu petit lait par l'addition des pommes de terre s'estmontré très-favorable pour l'action de ce mélange alimentairesur l'augmentation du poids corporel, mais surtoutdans les derniers mois de l'engraissement.6. Les pois, le maïs et l'orge, en mélange exactementproportionnel avec le petit lait et les pommes de terre,conviennent au même degré, en sorte que les prix dumarché sont seuls décisifs pour l'emploi de l'un ou del'autre.


360 PRODUCTION SPÉCIALE DE LA CHAIR DE PORC.7. 11 est décidément fautif, au point de vue financier,d'engraisser les cochons trop longtemps et de se posercomme but un poids déterminé.8. Chez les cochons de la grande variété du Yorkshire,le mieux est, financièrement, de terminer l'engraissementà l'âge de dix mois, et au plus de onze mois.9. La race des cochons joue dans l'engraissement unrôle essentiel à l'égard de la mise en valeur des aliments.(Dans les recherches dont il s'agit, les grands yorkshiresont pris l'avantage sur les suffolks et les produits decroisement de ceux-ci avec eux.)10. Il ne peut pas être question, chez les cochons,d'une relation nutritive déterminée, dans le même sens,par exemple, que chez les Bovidés, où sont établies desrelations pour le jeune bétail, les vaches laitières et lesbêtes à l'engrais. Cénôralement, les relations nutritivespour l'alimentation des cochons dans chacune des catégoriesd'âge, telles qu'elles ont été indiquées jusqu'àprésent dans tous les ouvrages spéciaux, sont décidémentfausses, d'après ce qui vient d'être dit. Chez lescochons, il peut seulement être question de savoir enquelle relation les aliments principaux, comme les pois,l'orge, le maïs et autres, sont le mieux utilisés.11. A l'égard de l'engraissement, quand les prix dumarché ne sont pas extraordinaires pour les grains, ilpeut être commencé au mieux avec l'orge, donnée entièrependant les deux premières semaines, puis concasséejusqu'au cinquième mois. A partir du troisième mois, lemaïs concassé prend la place de l'orge, en mélange avecle petit lait, à raison de cinq litres par tête el par jour,jusqu'à la fin du septième mois. Le huitième mois, lespommes de terre interviennent dans la composition de laration avec le petit lait et l'un des grains sus-désignés.Avec les pommes de terre, le petit lait et le mais, la relationnutritive est = 1 : 5,6 — 7,5 ; avec l'orge, edeest = 1 : 6 - 8; avec les pois, au contraire, elleest = 1 : 2,4 — 3,5. A prix égal du marché , l'orge al'avantage sur le maïs ; si l'orge est plus chère, l'engraissementcommencera alors également avec du maïs.


ENGRAISSEMENT PROPREMENT DIT. 361L'auteur a étudié aussi l'influence du petit lait sur ladigeslibilité de l'aliment ingéré en même temps. Sesrecherches sur ce sujet l'ont conduit aux conclusionssuivantes :1. Le pétillait exerce sur la digestibilité des pois, dumaïs, de l'orge et des pommes de terre une influencefavorable.3. Chez tous ces aliments, cette influence favorabledu petit lait porte sur la grande digestibilité de la protéinebrute , et aussi chez la plupart sur les matièresgrasses, à l'exception des mélanges composés de pommesde terre, petit lait et orge, de pommes de terre etpetit lait seulement. La digestibilité du ligneux et deséléments extractifs non azotés a été exhaussée par lepetit lait dans tous les cas, à l'exception du mélange depois et petit lait. La même influence favorable s'est montréeaussi dans tous les cas sur la digestibilité des élémentsminéraux.3. Il suit de là que le petit lait doit avoir aussi influé,favorablement sur la digestibilité de la somme des élémentsnutritifs, c'est-à-dire sur la substance sèche totalede la ration, à l'exception du son de seigle.4. Le pe'if. lait a exercé la plus faible influence sur ladigestibilité du son ae seigle. Cela montre une fois deplus que ce son n'est point un aliment approprié pour lecochon.Engraissement proprement dit. — Les pommes deterre ne sont, bien entendu, pas seules convenables pourservir d'adjuvant, dans la composition de la ration desSuidés arrivés à l'âge indiqué plus haut (8 à 10 moispour les sujets précoces, 14 à 15 mois pour les autres),qui est celui où commence leur engraissement. Ellespeuvent être remplacées par les châtaignes, les topinambours,les citrouilles , etc., selon le pays dans lequell'opération se poursuit.Il est essentiel de ne pas oublier la démonstrationfournie par les expériences de Dudgeon et de Walkerau sujet de l'influence avantageuse de la cuisson de cesaliments. On sait qu'elle augmente leur digestibilité dans21


362 PRODUCTION SPÉCIALE DE LA CHAIR DE PORC.une forte proportion. Du reste elle est de pratique courante.Il ne sera donc point nécessaire d'y insister.C'est seulement dans la dernière période de l'engraissement,alors qu'il y a lieu de se préoccuper non passeulement de l'augmentation de poids, mais aussi del'amélioration de la qualité du lard, qu'il convient surtoutd'avoir égard au choix de l'aliment concentré.Il ne subsiste aucun doute au sujet de la supérioritéincontestable du maïs sous ce rapport. Le goût recherchédu lard qui se produit dans les pays où son grain est deculture courante en a témoigné depuis longtemps. Uneration de maïs donnée chaque jour durant le dernier moisde l'engraissement fait acquérir au porc un lard ferme,de belle couleur et d'une saveur agréable.Ajoutons enfin que l'augmentation moyenne journalièrede poids obtenue, à constitution égale de la ration alimentaire,dépend du poids inilial, gouvernant lui-même laquantité de matière sèche que l'individu peut ingérer dansles vingt-qualre heures.Il est commandé, ici comme toujours, d'arriver, partous les artifices possibles, à ce que cette quantitéatteigne son maximum. Mais elle est limitée par la capacitéde l'estomac.Il est clair que le sujet d'un poids initial de 200 kilogr.augmentera plus que celui de 100 kilogr. seulement. Desindications moyennes ne peuvent donc avoir aucunevaleur scientifique. Mais il semble toutefois avoir éléétabli que l'augmentation proportionnelle, chez les sujetsdes pelites variétés, est plus forte que chez ceux desgrandes. La question est complexe et aurait besoin d'êtrerevue. Toutefois, comme la qualité de la chair est généralementmeilleure chez les grandes que chez les pelites,où la graisse prédomine davantage, elles tendent deplus en plus à êlre préférées comme nous l'avons déjà dit.Elles se vendenl plus cher au kilogramme et sont finalementplus avantageuses à engraisser.Les cochons à l'engrais doivent être pesés souven*,afin d'arrêter l'opération au moment où l'augmentationjournalière de poids défient trop faible pour donner à la


LADRERIE ET TRICHINOSE. 363ration une valeur suffisante. En la prolongeant au delàde ce moment, les frais d'alimentation et autres seraienten pure perte.Ladrerie et trichinose. — L'écueil de la productionde la viande de porc est principalement dans l'existencede deux affections parasitaires caractérisées par la présence,dans le tissu conjonctif sous-cutané et sousmuqueuxet dans les muscles, principalement au voisinagedes tendons, de deux helminthes, dont l'un est le cisticerqueladrique (Cisticercus cellulosœ, Rud.), et l'autre latrichine (Trichina spiralis).Le premier de ces helminthes, assez commun partout,donne lieu à ce qui est connu de tout le monde sous lenom de ladrerie. Il manifeste d'abord sa présence sous lamuqueuse de la face inférieure de la partie libre de lalangue, le long du frein, sous forme de petites granulationssaillantes.Le second n'a encore été observé qu'en Allemagne eten Amérique et caractérise l'affection très-grave appeléetrichinose.Le cisticerque ladrique n'est qu'une des phases du développementdu Tœnia solium, dit ver solitaire de l'homme.L'homme mange du porc ladre. Dans son intestin, lecisticerque accomplit sa nouvelle phase et se développeen ver rubanaire.L'individu qui héberge le cestoïde expulse avec sesexcréments des proglottis de taenia. Le porc mange lesexcréments et les proglottis, et ceux-ci, dans son tissucellulaire, qui est leur lieu normal d'élection, se développenten cisticerques ladriques.La conclusion pratique de ces connaissances sur l'histoirenaturelle de l'helminthe en question, c'est que, pourpréserver les porcs de la ladrerie, il n'y a pas d'autremoyen que de les tenir proprement et de faire adopterpartout l'usage des lieux d'aisance. La maladie ne semontre guère que dans les localités pauvres où lesmoeurs des habilants laissent à désirer sous le rapportde la police de salubrité.Quant à la trichinose, la pathologie en a été très bien


SQiPRODUCTION SPÉCIALE DE LA CHAIR DE PORC.faite, et aussi l'histoire naturelle du parasite terribleauquel elle est due. Espérons que nous n'aurons pas enFrance l'occasion de l'observer.Il semble probable, dans l'état actuel de la science, queles porcs la contractent en mangeant les souris et lesrats qui habitent avec eux et qui hébergent eux-mêmesdes trichines. Le seul moyen de les en préserver seraitdonc ainsi d'éloigner les petits rongeurs de leurs habitations,par une bonne construction et une constante propretéde celles-ci, qui ont, d'ailleurs bien d'autres avantages,comme nous le savons, mais qui ne sont pointassez généralement observées. On croit trop que les cochonsn'ont pas à souffrir de la saleté.PIN DU TOME CINQUIEME ET DERNI?.'


AUTEURS CITESArlstote, 181.Bakewel, 33, 34, 39. 44,64 3:30.Barbjnçois (Marquisde), 94.Banal, 159.Bartïngtan 332.Bnudement, 159. 319.Béhague (de», 158. 191,242, 217.272, 275, 277,2*2Bernis. 99.Biot. 141.Block, 224.Bœdecker, 265.Bonhomme (Ju'e«), 258.Bouille Comte de), 221.Bure, 323.Breimann, 201, 297.Calonna, 94.Cambden, 64.Chaptal, 258.Chevreul, 177.Colbert, 93.Coling Ch.), 34.Columelle, 181.Cuenza [Comtesse), 96Cuvier, 30,311.Daubenton. 83, 93, 94,98. 108. 170. 206.Da\ id Low. 33, 34.Delporte, 5».Desrnarets, 120.Dud.'eon, 361.Du pin, 94.Dutertre, 192.Etmann (John), 44, 47.Elsner von Gronow,177.Etigny (D'i, 83, 93.Fishei Hobbes, 333.Fuhling, 18.Galbois, 38.Geoffroy- S'dnt-Hilaireu-tdo'r- ,311, 313Gilbert '.'5, 96Girod 'de l'Ami,96 102Girou de Buzareingues,258Goord (Richard ,39,137Graneri (Comte), 98.Graux, 144.Grouven, 202.Guradze Hotliscb.iwitz,16Hamilton, 7.Heiden, 359.Helbriegel, 355.Henneberg, 227.Hernans (André-Gilles),94Heuzé (Gustave), 318.Hoppe, 14.Huzard, 150.Jacob, 181.Janke, 9.Jaubert, 150.Kayser, 107, 253.Kiocker, 230.Laban, 181.Laspayres, 12.Laszczynski, 158.Lefebvie, 75.Lefour, 225, 233.Lehmann il.), 355.Lehmann Nitsche, 18.Limousin-Lamothe, 258Linné, 56.Malingié, 39. 40, 41,136, 13S, l'iO.Marcorelles, 258.Maercker Max , 221.Martegoute, 25, 145, 2G2Michel (Joseph-Etienne),92.Nathusius 'Henri, v.',181, 311,322.Nathusius iWilh v.),90, 106, 169, 178,250.Pabst, 224, 230.Pasteur, 245.Peters, 355.Pettenkofer, 221.Piètrement, 181.Pilât, 135.Pline, 180.Pouriau, 258»Pritschard, 311.Hameau, 151.Ramii'd iDuin), 94.Randon (Maréchal), 99.Riefl'el (Jutes), 78-Roche-Lubin, 258Rohde, 224.Roulin,3U.Sand (George), C9.Settegast, 17, 18, 96,97, 108, 202.Sherard, 332Solignac (Gi'néral), 87.Souiange-Bodin, 103.Stoeckh.udt, 177.Strohel, 222.Struckmann, 265.Sully, 55Sutherl.ind (Lord), 57.Tampelini, 324.Tayon,85,125,129, 270.Ternaux, 150Tessier, 38, 58, 94, 132.Thaer. 224. 230.Thunen, 15.Trudaine (De), 94.Turgot, 94.Vaillent iMaréchal), 150Varron, 181.Vauguyon (De la), 94.Viborg, 56.Virgile, 181.Yvart, 22, 34, 40, 113,131,135, 159.Walker, 301.Wal-hinghara (Lord),46.Webb (Jonas), 45, 46,47.Weckherlin, 224, 236.Weiske H ), 291.Western (Lord), 222,333.Wicke, 265.Wilckens (M.), 189.Wolir (Emile), 212, 227,265, 355.Wollaston, 38.FIN DE LA TABLB DES AUTEUKS CITES.21.


INDEXALPHABÉTIQUEAAccouplement des suidés. 342Administration du troupeau207/Egagre 143Alrique (race d'). Caractèresspécifiques 152— zootecimiq.ies généraux 153— aire géographique 153Agneaux (définition) 211— de lait tproduelion des;. 268— gris engraissés (productiondes) 271Agnelage (définition) 187— de printemps, d'été etd'hiver 184Agnelles (définition) 2I1Aides du berger 208Albigeoise (variété ovine). 84Alençonnaise (variété porcine)3I8Alfort (race ovine d') 132Algérienne (variété mérinos)gyAlimentation des jeunesovidés 200— du troupeau 224— des truies mères 314— des truies nourrices... 347— du verrat 344— des porcs à l'engrais... 305Allaitement naturel desovidés 189— artificiel des ovidés l!fâ— des suidés 3M>Allemandes (variétés mérinos)10i— variétés de la race germanique32Alpes (chèvre des) 144Aménagement du pâturage 237Amputation de la queue.. 199Angevine (variété porcine). 317Anglais (métis de porcs).. 328Angora (chèvre d") 148Angoumoise (variété porcine)318Antenais, antenaise (définitions)212Arabes (variétés ovines).. 122Ardennaise (variété ovine). 76Arles (variété mérinos d'). 101Artésienne (variété ovine). 58Asiatique (race porcine).Caractères spécifiques.. 312— zootechniques généraux 312— aire géographique 313— (race caprine), caractèresspécifiques 147— zootechniques généraux 147— aire géographique 148Asie-.\lineure(variété ovinedel') 123Augeronne (variété porcine)318Auvergnate (variété ovine). 51Avoine comme aliment desagneaux 201BBarbarine (variété ovine").. 124Basquaise (variété ovine). 81Bassin de la Loire traceovine du). CaractèresspécifiquesCG— zootechniques généraux Oit»— aire géographique C7Bavarois (moutons) 32Béarnaise (variété ovine).. 81— (variété porcine) 327Beauce (variété mérinos dela) 112Bélier (définition) 211Bergarnasque ( variétéovine). 128Berger 207


368 INDEX ALPHABÉTIQUE,Bergerie (aménagementde la) 218Berkshire (métis anglais). 331Berrichonnes (variétés ovines)71Biberon de Grignon 1931 iques '. 143Biquets 143liistournage des ovidés. . .. 199Biack-Faced (variété ovine) 48Boischaud (variété ovinedu) 72Bouc 143Bouclement des suidés .. . 35IBoute-en-train du troupeau 184Brachycéphales (races ovines)28Brebières (race ovine de). 135Brebis (définition) 211Brenne (moulons de la)... 73Bressane (variété porcine). 324Bretonne (variété ovine; . Tt— (variété porcine) 320Brie (variété mérinos de la) 111Biitannique (race ovine).Caractères spécifiques.. 61— zootei.hniques généraux 02— aire géographique 62Buckinghainshire (variétéovine du) 65tCabres 143Cabris 143Cachemyr (variété caprinede) .." 150Cachexie aqueuse24ICambraisiens (moutons).. 59Castration des ovidés .... 199Cauchoise (variété porcine) 318Caussenards (moutons) .. 84Causses (variété ovine des) 84Celtibériques (cochons)... 334Celtique (race porcine).Caractères spécifiques.. 314— zootechniques généraux 314— aire géographique 315Champagne (variété de la). 72— (variété mérinos de la). 109Chàtillonnais (variété mérinosdu) 108Charmoise (moutons métisdelà) 136Cbeviot (variété ovine).... 65Chèvre d'Europe 142Chevreau (définition) 143Chèvres (condition économique)24Chevrette (définition) 143Chiens de berger 208de garde 211Chinoises (variétés ovines). 122— (variétés porcines) 314Churra (variété ovine) .... 81Cisticerque ladrique 303Cochon (définition) 303— masqué 313Coleshil (cochon) 333Comtoise (vai iété ovine) .. 75Concurrence des laines coloniales12Condition économique dela laine 4— du lait d'ovidé 24— de la viande d'ovidé.... 4— de la viande de suidé... 304Conditionnement des toisons252Corbières (variété mérinosdes) 101Cornes frontales16'.)Correcteurs (béliers) 180Colentine (variété porcine). 3I8Cottswold (variété ovine).. 63Craonaise (variété porcine) 317Crau (variété mérinos de la) 101Crevant (variété ovine berrichonnede) 71DDanemark (race ovine du).Caractères spécifiques.. 54— zootechniques généraux 54— aire géographique 55Diarrhée des agneaux 197Dishley (variété ovine) ... 33Dishley-mérinos (métis)... 131Distorne hépatique 241Douceur de la laine 176Dolichocéphales (races ovines)55Douve hépatique 241Dunes (race ovine des).Caractères spécifiques.. 41— zootechniques généraux 41— aire géographique 4°EÉgalité du brin de laine .. 175


Égalité de la toison 173Elasticité de la laine 176Electorale (variété mérinos)105Emasculation des agneaux. 199— des gorels 35'iEmporte-pièce pour marquerles moutons 215Engraissement des ovilés. 278— extensif... . 2^4— intensif . 2K8— des porcs 36!Escurial (variété mérinosde 1') KO, 105Espagnoles (variétés porcines)327Esquileos 100Essex (cochons métis) .... 33.iEurope (race caprine d';.Caractères spécifiques . 142— zootechniques généraux 143— aire géographique 143IND1 X AL BADÉTIQUE. 369Hampshiredown (variétéovine; 46Hampshires (cochons métis)332Hangars-bergeries 221Hivernage des ovidés 244Hollandaises (variétés ovines)38Homogénéité de la toison. 173Hongrie (variété mérinosdelà) 104Hongroise (variété ovine). 123— (variété porcine) 324Ibérique (race porcine^,caractères spécifiques... 320— zootechniques généraux 320— aire géographique 321Infantado (variété mérinos)100, 106Italienne (variété mérinos) 101Faiblesse de la latnç Yi'-i,Finesse de la laine 173flamande (variété ovine).. 58Fonctions économiques desovidés 2— des suidés 303Force de la laine 170Fouettage des béliers.. .. 199Franconiens (moutons; ... 32Galles (variété ovine dupays de) 78Gandins (définition) 212Gasconne (vai iété ovine;.. 82— (variété porcine) 326Ce, m.inique irace ovine).Caractères spécifiques 30— zootechniques généraux 30— aire géographique 31Gestation de la brebis etde la chèvre 18(3— de la truie 343Goutte des agneaux 198Grèce (variété ovine de la). 123— (variété porcine) 321IIHabitation des ovidés 218— des suidés 341Japonaise (variété porcine) 314Jarre (définition) 170Lâcha (variété ovine) 81Ladrerie du porc. 303Laine (caractères de la). . . 170Lames étrangèi es (concurrencedes) 7Lait (condition économiquedu) 21— (production du) 258Landaise (variété ovine).. . 82Landes du Nord (variétéovine des) 50Languedocienne (variétéporcine) 326Larzac (variété ovine du). 85Lauraguaise (vai iété ovine) 83Lavage à dos des toisons.. 25MLeicester (variété ovine).. 33— (variété poieine) 330Limousine (variété ovine). 52— (variété porrinoi 3.'5Lincoln (variété ovine).... 30I ivre des agneaux 219Logement du troupeau.... 218— des truies mères 341


370 INDEX ALPHABÉTIQUE.Lorraine (variété porcine). 325— (porcs métis) 334Lutte 181Normes d'alimentation desovidés 224Numérotage des moutons. 215HMaladies des agneaux 196Maltaise (variété ovine)... 128— (variété caprine) 153— (variété porcine) 324Mancelle (variété porcine). 317Mangalitza(variété porcine) 321Maniements du mouton... 283Marchoise (variété ovine). 51Marques des ovidés 214Mauchamp (variété mérinosde) 113Mayence (cochons de) .... 334Mèches de laine (formesdiverses de) 172Mères (brebis) 211— (truies) 341Mérinos (race ovine).Caractères spécifiques.. 88— zootechniques généraux 88— aire géographique 91Mesurage de la laine aumicroscope 174Méthodes de production dulait 258— de la viande d'ovidés .. 267— de la chair de suidés.. 352Métis d'ovidés 13(1— de suidés 328Métis-mérinos tdéfinitionl. 96Middlessex (cochons métis) 333Moutons (définition) 212Muguet des agneam 197Napolitaine (variété porcine)322Naz (variété mérinos de).. 102Negretti (variété mérinos)100, 106Nerf de la laine 176New-kent variété ovine). 39New-kent-berrichons de laCharmoise 136New - leicester (cochonsmétis) 330Nonant (variété porcine de) 318Norfolkdown(variétéovine) 47Normande (variété porcine) 318Origine des chèvres domestiques143— des cochons domestiques311Oxl'ordsliiredown (variétéovine) 46Parcage 252Parturition de la truie.... 345Pâturage des moutons.. .. 233Pays-Bas (race ovine des;.Caractères spécifiques.. 37— zootechniques généraux 37— aire géographique 37Percheronne (variété ovi ne) 77Périgord (variété porcinedu) 325Perse (variétés ovines dela) 122Picarde (variété ovine) 58Pince à tatouer les moutons 215Plateau central (race ovinedu). Caractères spécifiques49— zootechniques généraux 49— aire géographique 50Poitevine (variété ovine).. 59— (variété caprine) 140Polders (variété ovine des). 57l'orc (définition) 303Portières (i^ebis) (définition)211Portugaise (variété porcine)327Pourriture du mouton.... 241Précoce (variété mérinos). 214Pré salé (mouton) 324Proglottis (Tu tœnia 198Provence (variété mérinosdelà) 101— (variété porcine) 327Pyrénées (race ovine desl.— Caractères spécifiques.. 79— zootechniques généraux 76— aire géographique 80— (variété caprine des).... 145


Quercy (variété porcine du) 325Baces caprines 142— ovines brachycéphales. 28— ovines dolichocéphales. 54— porcines 310Bambouillet (mérinos de). 112Bâtions de précocité 204— d'entretien 227— d'hiver 247— d'engraissement 298Bégime des agneaux sevrés 200— des jeunes cochons.... 349Hegistre des agneaux 219— du troupeau 217Beproductiondesovidés 155,181— des suidés 336,341Bhénans (moutons) 33Bomagnole (variété porcine;322Romney - Marsh (variétéovine) 39Roussillon (variété mérinosdu) 101— (variété porcine du) 327Russes (variétés ovines)... 123— (variétés porcines) 324Russie (variété mérinos de) 104SSahune (variété ovine de). 125Sang de rate 112, 244Sel dans la bergerie 249Sélection zootechnique desovidés 162— des suidés 338Sevrage des agneaux 195— des gorets 348Shropshiredown (variétéovine) 47Siamoise (variété porcine). 313Soissonnais (variété mérinosdu) 109Solognote (variété ovine).. 74Soudan (race ovine du).Caractères spécifiques. . 126— zootechniques généraux 126— aire géographique 127Southdown (variété ovine). 44Statistique des ovidés 4INDEX ALPHABÉTIQUE. 371Suint (définition) 176— (qualités du) 176Suisse (variété ovine) 76— (variété porcine) 324Syrie (race ovine de).Caractères spécifiques. - 119— zootechniques généraux 119— aire géographique 121Tœniadu chien (origine du) 190Texel (variété ovine du)... 38Thibétaine (variété caprine) 150Toison t examen de la).... 169— étendue 170— qualités aux diversesplaces 170— caractères 172Toisons (conditionnementdes) 252Tonkin (cochon) 313Tonte 250— influence sur l'engraissement291Toscane (variété porcine). 323Tournis 198Traite des brebis et deschèvres 265Transhumance 100, 242Triage des toisons 256Trichine 363Trichinose 363Troupeau. Définition 207— Composition... 211Troupeau de progression.. 96— de souche 211Valaque (variété ovine)... 123Vendéenne (variété porcine)318Vente des moutons gras.. 301— des toisons 256Vermandois (moutons).... 59Ver solitaire 363Viande d'ovidés (productionspéciale) 267Yemen (variété ovine de Y) 123Yorkshire (variété porcine) 330Yungti (mouton) 122


snZackel (mouton) 123Zélandaise (variété ovine). 38WWels mountain (variétéovine) 78INDEX ALPHABÉTIQUE.Westdown (variété ovine). 47Westphaliens (moulons).. 32— (cochons)., 334Windsor variété porcine). 33IWurtembergeois (moutons)32LWi F. EGCLW^ITAÇAOSERV1ÇO DE B1BLI \Q" r '-VETERK-FACULDADE CE ME'.J.Ci,'iAI;^1AE ZQOTECN1A OA <strong>USP</strong>FIN DE L'INDEX ALPHABÉTIQUE.


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.X\I} HvID: 5227Sysno: 1146848\Àutor: Sanson, AndréiFACULDADE DE MEDICINA VETERINÂRIAE ZOOTECNIA DA <strong>USP</strong>BIBLIOTFCAyYWv> * •?J


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