Pour voir l'appel... - Association française de science politique

Axe 3 : L’électeur en milieu ruralL’objet de cet axe est de s’interroger sur la façon dont sont vécues les élections municipales –du côté des électeurs cette fois-ci – en milieu rural. L’hyper-connaissance des candidats et la trèsgrande proximité qui existe dans ces micro-territoires produisent des situations paradoxales surlesquelles il nous paraît intéressant de s’arrêter. En effet, les municipales, organisées à une aussipetite échelle, tendent à créer une situation quasi idéale de choix puisque l’électeur rural est enprésence d’une information presque parfaite : il dispose d’éléments sur les prétendants à la mairie(dont certains peuvent relever de rumeur) et il peut « juger sur pièce » la politique conduite parl’équipe sortante.Cependant, la faible distance qui sépare électeurs et élus paraît, en même temps, être de nature àbrouiller les repères et à atténuer – voire à faire disparaître – la distinction entre les sphères privéeset publiques. Dès lors, quels sont les éléments pris en compte par les électeurs au moment duchoix ? Comment gèrent-ils la surabondance d’informations ? Quelle place accordent-ils auxrivalités personnelles (passées ou présentes) ?Depuis plusieurs années maintenant, la population des villages tend à se redessiner ; la haussedu prix de l’immobilier ainsi qu’un certain attrait pour le retour à la nature conduisent de nombreuxurbains à venir s’installer en zone rurale. Comment ces nouveaux habitants sont-ils socialisés auxaffaires communales ? Comment l’histoire du village, sa mémoire collective leur sont-ellestransmises, et avec quels effets sur le vote ? Plus généralement, les « néo-ruraux » participent-ilsactivement à la politique villageoise ou le conseil municipal reste-t-il occupé par des « natifs » ? Neserait-il pas pertinent de chercher à dépasser l’opposition « néo-ruraux/natifs » afin de voir si elle nerecouvre pas une autre ligne de partage entre ceux qui verraient leur position au sein du village seconforter (en étant élu par exemple, en apparaissant comme l’un des « notables ») et ceux qui seconsidéreraient, par comparaison, comme plus fragilisés ?Axe 4 : La figure du maire ruralLe mythe du maire-amateur est amplement diffusé dans les communes rurales et fait écho à unerhétorique de l’apolitisme (Kesselman, 1967). Habitant du village comme les autres, le maire ruralserait une personne de bonne volonté, soucieuse de l’intérêt collectif mais personnellementdésintéressée. Cette représentation est cependant loin de répondre aux exigences posées par unesociologie du maire rural. Ce dernier continue de se distinguer du reste de la classe politiquefrançaise : plus « notabilisé », plus agriculteur, etc. Mais quels sont les effets des évolutions qui onttouché le monde rural au cours des dernières décennies (exode rural, diminution du nombred’exploitants agricoles, installation de citadins, rurbanisation) ? Assiste-t-on à un éclatement et àune recomposition de la figure traditionnelle du maire rural ? Représentants d’intérêts économiquesterritorialisés, élus influents disposant de relais politiques importants ou militants NIMBY, lesmaires mobilisent différents types de ressources pour établir leur éligibilité (Abélès, 1989). Laconstruction d’une légitimité à représenter emprunte-t-elle des canaux spécifiques en milieu rural ?Est-il possible de déceler, derrière la rhétorique apolitique des maires ruraux et à travers l’action deces derniers, des orientations idéologiques et partisanes, y compris dans le cas des maires sansétiquette (Becquart-Leclercq, 1976) ? En même temps qu’il se distingue, l’élu doit ressembler à lapopulation locale, encore plus, sans doute, en milieu rural, où l’interconnaissance est de mise.Comment les maires ruraux gèrent-ils ce double rapport de distinction/assimilation ?Au-delà des rapports de face-à-face entre l’élu et les citoyens, on peut s’interroger surl’insertion de ces derniers dans les réseaux partisans et/ou notabiliaires. Cette insertion implique-tellenécessairement une « mise sous tutelle » ? Quelle est la place du cumul des mandats électoraux3

Coulomb P., Delorme H., Hervieu B., Jollivet M., Lacombe P. (dir.), Les Agriculteurs et lapolitique, Paris, Presses de la FNSP, 1990Dolez B., Laurent A. (dir.), Le Vote des villes. Les élections municipales des 11 et 18 mars 2001,Paris, Presses de Sciences Po, 2002Drouin V., Fantassins de la République. Nos 500 000 conseillers municipaux, Paris, Autrement,2006Faure A., « Les maires ruraux. De la gestion des symboles à la symbolique gestionnaire »,Politix, « La politique en campagnes », vol. 4, n°15, 1991Fauvet J., Mendras H. (dir.), Les Paysans et la politique dans la France contemporaine, Paris,Armand Colin, 1958Fontaine J., Le Bart C. (dir.), Le Métier d’élu local, Paris, L’Harmattan, 1994Garraud P., Profession : homme politique. La carrière politique des maires urbains, Paris,L’Harmattan, 1989Gaxie D., Lehingue P., Enjeux municipaux : la constitution des enjeux politiques dans uneélection municipale, PUF, 1984.Grémion P., Le Pouvoir périphérique. Bureaucrates et notables dans le système politiquefrançais, Paris, Seuil, 1976Kesselman M., The Ambiguous Consensus: A Study of Local Government in France, New York,A. Knopf, 1967Lagroye J., Lehingue P., Sawicki F. (dir.), Mobilisations électorales. Le cas des électionsmunicipales de 2001, Paris, PUF, 2005Le Bart C., Lefebvre R. (dir.), La Proximité en politique : usages, rhétoriques, pratiques, Rennes,PUR, 2005Le Bart C., Les Maires, sociologie d'un rôle, Villeneuve d’Ascq, Septentrion, 2003Mischi J., Structuration et désagrégation du communisme français (1920-2002). Usages sociauxdu parti et travail partisan en milieu populaire, thèse pour le doctorat d’études politiques del’EHESS, 2002Nay O., « La politique des bons offices. L’élu, l’action publique et le territoire », in Lagroye J.(dir.), La Politisation, Paris, Belin, 2003Nevers J.-Y., « Entre consensus et conflits, la configuration des compétitions aux électionsmunicipales dans les communes rurales », Revue Française de Sociologie, n°33, 1992Peres H., « Espace communal et identité collective dans une petite commune des landes »,communication au colloque « Politiques des territoires », Bordeaux, 19-22 octobre 1994Pierru E., Vignon S., « Le Vote FN en milieu rural », communication au colloque « Sociabilité etpolitique en milieu rural », Rennes, 24, 25 et 26 mai 2005Politix, « Le temps des mairies », vol. 14, n°53, 2001Politix, « La parité en pratiques », vol. 15, n°60, 2003Purseigle F., Les Sillons de l'engagement. Jeunes agriculteurs et action collective, Paris,L’Harmattan-INJEP, 2004Tavernier Y., Gervais M., Servolin C. (dir.), L’Univers politique des paysans dans la Francecontemporaine, Paris, Presses de la FNSP, 1972Treille E., « Battre la campagne. Pratiques politiques et mobilisations électorales encirconscriptions rurale », communication au colloque « Sociabilité et politique en milieurural », Rennes, 24, 25 et 26 mai 2005Vignon S., « La dynamique des marchés électoraux périphériques : le cas des communes rurales dela Somme », in Lagroye J. et alii (dir.), Mobilisations électorales. Le cas des électionsmunicipales de 2001, Paris, PUF, 20055