deux nouvelles littéraires - Le mec de l'underground

suffisamment plein les burnes de se faire rouler dans la merde par l'autre naan au fromage, ils vont passer àl'acte. Là, je pense que les lascars viendront leur prêter main forte, pas vraiment par solidarité, plutôt pour faireles boutiques derrière eux. Ça va foutre un sacré bronx. Tu verras, fiston, qu'à ce moment là, ils vont en trouverde la thune pour calmer les miséreux qu'ils asphyxient depuis des plombes. Leur cumul des mandats, ils ytiennent, et quand ce sera à leur tour de serrer le sphincter, ils n'en auront plus rien à foutre de creuser encore ledéficit pour pas qu'on leur coupe la tête.À l'époque où je zonais aux Pays-Bas, on en avait rien à foutre de ces histoires de politique. J'aurais peut-être dûm'y intéresser davantage, je sais pas. Tout ce qu'on voulait, nous, c'était se défoncer la tête et niquer un peu.Surtout se défoncer en fait. On aurait voulu vraiment niquer, on aurait davantage léché les vitrines. J'ai jamaistrop aimé le quartier rouge. Trop de vicelards au centimètre carré, trop malsain comme ambiance. Je peux pasvraiment dire que je suis sentimental mais tout de même... En fait, je préfère ne pas payer et baiser une mortetoute sèche que lâcher de la thune pour une pute qui fait semblant de mouiller. Même quand plus tard dans lanuit, une grosse mama black fringuée comme une choriste des Wailers, a hurlé "It's free for you !", j'ai pas tilté.Il devait être tard, parce qu'il n'y avait plus personne dans les rues. Et elle devait être aussi bien stoned pour meproposer un truc comme ça. Un malentendu quoi. En plus, le pote qui n'était ni polack ni alcoolique, n'en pouvaitplus, et il fallait dare-dare aller le pieuter. Tous les cinq mètres, il posait sa galette sur le trottoir. Amsterdam, ça abeau être comme le paradis, ça reste une ville super clean, et les flics hollandais n'ont pas l'air de déconner. Je lesais, une fois on s'est retrouvé avec un sabot sur la caisse. Au moment d'aller payer la note, on en menait paslarge avec nos pupilles dilatées, notre shit dans les poches et notre accent français.Par contre, les putes pour se marrer, il fallait aller rue Varin à Liège. Depuis, ils ont rasé une bonne partie duquartier pour construire la nouvelle gare. Moi, qui ait connu cette rue, je t'assure que c'était le bon del. Fallait yaller tôt le matin, quand il y avait les grosses dames en lingerie qui tricotaient dans leur vitrine. Elles tapaient ladiscute entre elles, et en avaient rien à battre des queutards et autres frustrés du schboub, genre la lie del'humanité, tous les crevards et les pervers en treillis, qui après avoir essayé de brancher toute la noche, passaientlà mais que pour zieuter, parce qu'ils avaient l'air trop pérave pour pouvoir se payer même un cornet de frites.*Mon pote, on l'a ramené fissa à l'hôtel. Il commençait à plus arquer. En plus, il était du genre balèze, on auraitjamais réussi à le traîner. En arrivant à la réception, le taulier, un vrai gorille sous curare, nous a filé les clefs. Jesais pas ce qu'il avait pris le mec, mais ça devait être en grande quantité. Mon pote a trouvé suffisamment demotivation en lui pour pas gerber dans le hall et nous suivre jusqu'à l'ascenseur. Notre piaule était au troisième.C'est lorsque l'on a ouvert la porte que le bad trip a commencé. Le point positif c'est que le mec avait bien monténos valises, mais le soucis c'est qu'il n'y avait qu'un lit, un deux places de 1 mètre 40. Neuf cent boules pourdormir en crabe, c'était tout simplement pas possible. Une bouffée d'indignation a envahi la pièce, et le steak adessaoulé d'un coup. Moi, je suis redescendu direct, et le polack a eu envie de boire un verre. Une chose est sûre,on allait pas se laisser faire. Alors on est redescendu prêts à en découdre. On voulait s'offrir un moment de luxedandy jet-set, et c'est pas un Mister T plombé aux opiacés qui allait nous en priver. Sauf qu'il y avait un hicquand même : le polack qui avait versé l'acompte, avait payé avec sa CB, et ça, ça craignait rapport à latraçabilité et au flicage. On pouvait pas le marave en fait, du coup on était encore plus vénère. Il n'y aurait pas eucette histoire de Master Card, c'est clair qu'on lui aurait refait la déco de son bouge. On lui aurait pété le nez,cassé les dents, et fait ressortir les couilles par la bouche à force de le savater dedans.Mais que nenni, on pouvait pas. Le con, nous a écouté brailler sans même soulever une paupière. Il étaitvraiment pourri le bougre. Juste, il a marmonné un truc qui ressemblait à : "If you got any trouble, you mustknow it, I can help you". Puis, il a déplié sa grosse carcasse nonchalamment avant de nous inviter à le suivredans l'escalier de service. C'est là que ça devient drôle, un peu drôle mais surtout choquant, puisque dansl'escalier sur chaque marche, il y avait un matelas, et sur chaque matelas un pakistanais qui pionçait. Putain, desalaud de marchand de sommeil, il hébergeait des clandestins dans l'arrière fond de son bordel, et je suppose queles pauvres types devaient raquer reuch pour pouvoir crécher là, sur des paillasses immondes.