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concerts - La Scena Musicale

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Informations<br />

INSTRUMENTALES<br />

Tête<br />

L’histoire de la flûte<br />

LES PREMIERS CHAPITRES<br />

Bien que l’on ait retrouvé des instruments apparentés à la<br />

flûte datant de dizaine de milliers d’années, la flûte telle<br />

que nous la connaissons aujourd’hui a une histoire plus<br />

récente. Les premières flûtes européennes étaient droites,<br />

comme la flûte à bec, tandis que la flûte traversière ou<br />

oblique fit sa première apparition en Europe dans un rôle<br />

militaire (celui du fifre), il y a environ 900 ans. Vers la fin<br />

du 17 e siècle, la dynastie française des Hotteterre remodela<br />

plusieurs instruments de la famille des bois, incluant la<br />

flûte. Le résultat fut une flûte traversière dotée de trois<br />

moulures ajustables, plus puissante que la flûte à bec. Le<br />

niveau de jeu s’accrut grandement, tout comme le répertoire<br />

de la flûte, grâce à des œuvres de Vivaldi, Telemann,<br />

Bach et plus tard Mozart. De point de vue de la composition,<br />

ce fut un âge d’or pour l’instrument; toutefois, le dixneuvième<br />

siècle vit le statut social de la flûte se refléter<br />

dans son répertoire. Les courtes pièces de salon devinrent<br />

prépondérantes alors que la flûte gagnait de l’importance<br />

auprès de la nouvelle classe moyenne. Le style se figea,<br />

souffrant de structures compositionnelles faibles, centrées<br />

sur des variations de bravoure et des fantaisies d’opéra. <strong>La</strong><br />

majeure partie de la littérature pour flûte était écrite par<br />

des flûtistes. Ces virtuoses voyageurs écrivaient et jouaient<br />

en spectacle dans le but d’éblouir l’auditoire avec leurs<br />

prouesses techniques. Le flûtiste anglais Charles<br />

Nicholson (1795-1837) était l’un de ces virtuoses,<br />

renommé pour son utilisation copieuse de fioritures, de<br />

glissandi et d’harmoniques, tout pour affirmer<br />

l’individualité de son jeu. Le Français Jean-Louis Tulou<br />

(1786-1865) contribua grandement au répertoire de la<br />

flûte de cette période et était respecté pour sa précision,<br />

son raffinement et le style « français » de son jeu.<br />

<strong>La</strong> musique de l’époque connut les premières expériences<br />

d’une harmonie plus riche et d’une technique<br />

améliorée, et la flûte s’adapta rapidement aux exigences<br />

d’un répertoire qui s’emplissait de chromatisme et d’une<br />

technique plus exigeante que jamais. Parmi les autres<br />

changements, on note la plus grande taille des orchestres<br />

et des salles de concert. Plusieurs facteurs de flûte se<br />

mesurèrent à ces défis, mais c’est la flûte d’argent de 1847<br />

de Theobold Boehm qui eût une influence marquante sur<br />

la fabrication des instruments à vent de l’époque. Il s’agit<br />

de la première flûte basée sur les principes scientifiques de<br />

l’acoustique, que Boehm a étudiés à l’Université de Munich<br />

auprès de Carl von Schatfhäutl. Il utilisa une perce cylindrique<br />

plutôt que la perce conique traditionnelle et créa<br />

22<br />

par LAURA BATES<br />

Embouchure<br />

NOVEMBRE 2011<br />

Emboiture<br />

Le saviez-vous ?<br />

Il existe de nombreuses différences entre les flûtes professionnelles et les flûtes<br />

d’étude. Les flûtes d’étude sont généralement faites en maillechort argenté, tandis<br />

que les flûtes professionnelles sont en métaux précieux. Le type de métal influe sur<br />

la résonance de l’instrument ainsi que sa vibration. Une autre distinction plus visible<br />

est la présence de plateaux ouverts (style français) sur les flûtes perfectionnées et<br />

professionnelles qui exigent du flûtiste qu’il couvre complètement les trous pour<br />

produire la note, contrairement aux plateaux creux (plateau ou style américain) qui<br />

sont plus faciles à jouer pour les élèves puisqu’ils n’ont pas à se<br />

soucier de couvrir les trous complètement.<br />

Corps<br />

LA MAÎTRISE MODERNE<br />

Mécanisme<br />

quatorze larges trous (et un petit), tous<br />

mesurés précisément afin d’optimiser<br />

leurs avantages acoustiques. Le<br />

mécanisme qu’il créa permettait à neuf<br />

Les nouveautés en fait de clés et de<br />

doigtés n’ont pas pris tout de suite.<br />

Toutes sortes de flûtes en bois ou en<br />

ivoire, avec des doigtés différents, sont<br />

restées en usage. Les critiques visant<br />

divers aspects, surtout la tonalité, l’ont<br />

empêchée de supplanter ses rivales.<br />

Différents fabricants détenteurs de<br />

licences de Boehm ont effectué des<br />

retouches au modèle de ce dernier.<br />

Celui-ci a fini par gagner la bataille en<br />

France grâce à son adoption par les<br />

flûtistes de différents orchestres du<br />

pays, notamment Paul Taffanel (1844-<br />

1908), premier à connaître un grand<br />

succès avec une flûte en argent. Au<br />

moment de devenir professeur au<br />

Conservatoire, il avait déjà 30 ans de<br />

carrière à titre de musicien d’orchestre.<br />

Grâce au travail réalisé par Taffanel<br />

et ses élèves, le niveau des flûtistes a vite<br />

augmenté, et il n’est donc pas étonnant<br />

que cet instrument ait conquis les<br />

compositeurs, qui ont commencé à<br />

faire ressortir cette voix dans la texture<br />

orchestrale. Dans Prélude à l’aprèsmidi<br />

d’un faune (1894), Claude<br />

Debussy met la flûte en vedette, lui<br />

accordant un solo sensuel au début de<br />

l’œuvre. D’autres compositeurs ont<br />

suivi, en utilisant l’instrument et<br />

d’autres de sa famille (piccolo et flûte<br />

alto) au maximum de leur potentiel, et<br />

Sol décalé<br />

doigts de presser de nombreuses clés à<br />

la fois. Son mécanisme fut plus tard<br />

adapté à la clarinette et au saxophone.<br />

la flûte a connu une renaissance comme<br />

outil de composition expressive.<br />

L’autonomie retrouvée de la flûte<br />

dans l’orchestre a ouvert la voie à un<br />

rôle accru dans le répertoire solo et de<br />

musique de chambre, donnant aux<br />

compositeurs le choix de nouveaux<br />

effets. Les possibilités se sont multipliées<br />

grâce à l’exploration tonale et au<br />

développement de techniques étendues<br />

pour créer des changements de<br />

timbre. Les indications visant des techniques<br />

telles que vibrato, flatterzunge,<br />

harmoniques, multiphoniques, bruits<br />

de clés, glissandos, sons éoliens et jets<br />

de souffle commencent à apparaître<br />

dans la musique orchestrale au début<br />

du XX e siècle et sont monnaie courante<br />

dans le répertoire d’aujourd’hui.<br />

Le succès technique de la flûte<br />

Boehm est encore inégalé. On continue<br />

toutefois d’apporter des<br />

modifica tions, notamment aux<br />

matériaux, à l’épaisseur des parois, à<br />

son format et à l’emplacement des<br />

trous, afin de faciliter certains aspects<br />

du jeu. Cependant, on entend moins<br />

souvent parler d’œuvres impossibles à<br />

jouer, et le niveau des musiciens<br />

d’aujourd’hui est très élevé. LSM<br />

TRADUCTION : JULIE BERARDINO,<br />

FABRICE PETIT, ANNE STEVENS

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