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Le leadership... repose<br />
plus sur la capacité de<br />
donner aux gens le goût<br />
d’adopter une vision et<br />
d’aller vers des buts communs<br />
que sur l’autorité.<br />
génération, que ce soit Yannick Nézet-Séguin, Jacques <strong>La</strong>combe,<br />
Alain Trudel ou Paavo Järvi. Un ajustement normal, selon le maestro<br />
: dans la société actuelle, plus individualiste, ils s’adressent à des<br />
musiciens tenant davantage à faire valoir leurs idées et leurs opinions,<br />
où chacun a envie de se sentir partie prenante du résultat final.<br />
« On est plus à l’écoute des idées des musiciens et on partage le<br />
leadership, dit-il. Je demande constamment leur avis. Ce sont des<br />
experts avec une vaste expérience musicale et il serait bête de ne<br />
pas bénéficier de leurs suggestions. Si on a une conception différente<br />
de la leur, c’est à nous d’être convaincants pour arriver à<br />
un consensus dans le respect. Nous travaillons tous ensemble au<br />
service de la musique. »<br />
Cette ouverture d’esprit n’empêche pas pour autant les chefs de<br />
la nouvelle génération d’avoir des idées musicales claires. « L’idée<br />
du son et de l’interprétation des chefs d’aujourd’hui n’est pas<br />
moins claire qu’elle l’était chez les chefs d’antan, mais leur façon<br />
de l’obtenir est différente, tout simplement », dit-il.<br />
Parlant de son, des défis inédits attendent I Musici au cours des<br />
prochains mois. Ils devront s’ajuster à deux nouvelles salles, la<br />
Maison symphonique de Montréal et la salle Bourgie, tout en s’ajustant<br />
à leur nouveau chef.<br />
« Je vois cela d’un très bon œil, dit Zeitouni. Comme j’ai encore<br />
peu d’expérience avec eux, ça tombe bien. Pour moi, c’est doublement<br />
excitant de découvrir ces salles pendant que l’on se<br />
découvre l’un l’autre. Une salle est comme un instrument de<br />
musique. Comme un violoniste qui reçoit un nouvel instrument<br />
et joue différentes pièces pour l’apprivoiser, je vais pouvoir le faire<br />
en expérimentant avec l’orchestre dans ces nouvelles salles. »<br />
Une carrière qui va bon train<br />
Longtemps étiqueté comme un chef spécialisé en opéra, Jean-<br />
Marie Zeitouni se retrouve aujourd’hui avec une plus grande diversité<br />
de styles musicaux et de mandats.<br />
« Il y a eu des années où j’ai dirigé une douzaine d’opéras, alors<br />
les gens disaient : c’est un chef d’opéra, raconte-t-il. Je suis content<br />
de ce qui m’arrive en ce moment, car j’ai la chance de toucher,<br />
dans une même année, aussi bien à Rameau et à Lully qu’à la création<br />
d’œuvres contemporaines. Je peux passer de la musique de<br />
chambre aux symphonies de Mahler tout en continuant à diriger<br />
à l’opéra, ce que j’adore. Un équilibre s’est établi dans tout ce que<br />
je fais. Et à Columbus, comme directeur musical, j’ai la possibilité<br />
de travailler le répertoire dont j’ai envie. »<br />
Le dynamisme du jeune chef apporte d’ailleurs un nouveau<br />
souffle au Columbus Symphony, qui a connu des problèmes fi -<br />
nanciers importants au cours des dernières années. <strong>La</strong> presse<br />
locale parle même d’un « effet Zeitouni ». Musiciens et observateurs<br />
s’entendent pour dire qu’il est en train d’amener l’orchestre<br />
« ailleurs », et pour le mieux.<br />
« Columbus a un orchestre qui joue très bien, mais qui manquait<br />
de variété dans le son; c’était trop uniforme d’un compositeur à un<br />
autre, dit-il. J’avais envie que l’on joue davantage en tenant<br />
compte des particularités de chaque compositeur, et de créer des<br />
sonorités caractéristiques en fonction du répertoire choisi. <strong>La</strong><br />
PHOTO Pierre Étienne Bergeron<br />
justesse dans l’approche des styles et des époques est importante<br />
pour moi. Par exemple, avec la musique française, on va chercher<br />
un jeu plus cristallin, plus transparent. »<br />
Une approche qu’il adoptera certainement avec I Musici, d’autant<br />
plus qu’un orchestre de chambre permet davantage de latitude<br />
qu’un orchestre symphonique. « Les membres d’I Musici sont<br />
des artistes accomplis, qui aiment travailler dans les détails et la<br />
subtilité, dit-il. Cela tombe bien, car c’est exactement ce que j’ai le<br />
goût de faire avec eux ! »<br />
<strong>La</strong> prochaine année s’annonce très occupée pour lui. En plus<br />
d’être présent auprès d’I Musici et du Columbus Symphony, il<br />
poursuivra sa collaboration de longue date avec les Violons du Roy.<br />
Il sera aussi chef invité à l’OSM, à l’OSQ, ainsi qu’à Calgary,<br />
Toronto, Vancouver, Seattle et Phoenix, entre autres.<br />
Diplômé du Conservatoire de musique de Montréal où il a<br />
obtenu trois maîtrises (en direction d’orchestre, percussions<br />
et théorie musicale), à seulement 37 ans, l’énergique maestro a<br />
encore ses plus belles années devant lui à la tête des orchestres d’ici<br />
et d’ailleurs. Gageons qu’il réussira son pari : amener I Musici à<br />
prendre plus de place sur la scène musicale montréalaise.<br />
Concerts de la saison à venir avec Jean-Marie Zeitouni<br />
à la direction d’I Musici :<br />
• Symphonies lumineuses, 7 et 8 décembre, 19 h 30, salle Bourgie<br />
• Coucher de soleil italien, 19, 20 et 21 janvier 2012, salle Tudor.<br />
• Le Messie de Haendel, 6 avril 2012, 19 h 30,<br />
Maison symphonique de Montréal.<br />
www.imusici.com<br />
EN COUVERTURE<br />
LSM<br />
NOVEMBRE 2011 11