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Sommaire et extraits du numéro - Autisme France

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Novembre 2008 / page : 1


Edito<strong>Sommaire</strong>Chers adhérents <strong>et</strong> partenaires d’<strong>Autisme</strong> <strong>France</strong>,C<strong>et</strong>te rentrée est pour nous riche d’enseignements.Nous savons par nos actions de formation que lesenseignants sont massivement prêts à accueillir dansleurs classes les enfants porteurs de handicap. Etpour cela, ces mêmes enseignants ont besoin d’uneformation appropriée.Nous savons à quel point c’est encore plus vrai pour nos enfants autistes<strong>et</strong> TED : la méconnaissance <strong>du</strong> handicap autistique reste le frein majeurà leur scolarisation. Nous comptons sur les associations partenaires pourm<strong>et</strong>tre en oeuvre c<strong>et</strong>te indispensable familiarisation avec l’autisme, surle terrain.Toute la vie de la personne autiste mobilise notre énergie. C’estpourquoi, le Congrès 2008 nous perm<strong>et</strong> de préciser ce que recouvrentles pratiques innovantes susceptibles d’aider les personnes autistes, quelque soit leur âge, à communiquer, à comprendre leur environnement, às’apaiser, à trouver une place accompagnée parmi nous. . Ce congrès,comme tous les précédents est un message d’espoir : il y a toujours unmoyen d’aider une personne autiste.La société <strong>et</strong> le grand public français évoluent dans leur connaissancede l’autisme, grâce aux nombreuses émissions qui s’efforcent de rendrecompte des difficultés des personnes autistes <strong>et</strong> de leurs familles, quisoulignent l’hétérogénéité <strong>du</strong> syndrome, m<strong>et</strong>tent l’accent sur les raresformes d’accueil existantes (bien qu’hélas nous l’avons aussi vu, pastoujours adaptées)… Certes ces représentations médiatiques sont souventcaricaturales, maladroites ou incomplètes. Il n’en reste pas moins quedes millions de téléspectateurs sont témoins de l’incroyable travail desfamilles <strong>et</strong> que nous décidons d’y voir un signe encourageant.actualités Scolarisation 2008 - page 4 Témoignage d’une AVS - page 5Sureffectif des CLIS <strong>Autisme</strong> - page 5dossier spécialAccompagnement <strong>et</strong> pratique innovantes Le service d’accompagnementcomportemental expérimental spécialisé deVilleneuve d’Ascq - page 8 Développement des intéractions socialesd’enfants atteints d’autisme avec leurspairs dans le cadre de l’inclusion en milieuordinaire - page 11 Une proj<strong>et</strong> :les maisons d’autonomie - page 15fiche pratique CDAPH an II; réflexions d’une militanteassociative - page 18agenda Journée de l'ANCRA - page 7 Handicap <strong>et</strong> sensorialité - page 7 Journée de formation <strong>Autisme</strong> <strong>France</strong>le 14 mars 2009 - page 24AFD : Sélection trimestrielleRéseau <strong>et</strong> contacts : Associations affiliées / partenaires Conseil d’administration / DélégationsC<strong>et</strong> éveil <strong>du</strong> grand public coïncide avec la mise en œuvre <strong>du</strong> plan autisme2008-2010 dont les intentions globalement pertinentes n’ont pas encor<strong>et</strong>rouvé suffisamment de concrétisation sur le terrain. Espérons quec<strong>et</strong>te curiosité intelligente <strong>du</strong> public incitera à un suivi attentif <strong>du</strong>plan qui, lui, devra répondre aux immenses besoins des familles. Cellesdont l’a<strong>du</strong>lte autiste vit à domicile ou dans une structure totalementinadaptée sont principalement concernées. Or l’accueil inadapté quiempêche la personne autiste de s’épanouir <strong>et</strong> l’enferme dans sesdifficultés est une forme de maltraitance. Les a<strong>du</strong>ltes sont actuellementles plus grands oubliés des ébauches de politiques en faveur despersonnes autistes : souvent pas de diagnostic, pas de place même pourles plus autonomes.C<strong>et</strong>te rentrée, ces actualités <strong>et</strong> les réflexions qui en découlent résumentassez bien notre conviction : il nous appartient d’inviter tutelles <strong>et</strong>grand public à changer son regard sur les personnes autistes, à ne plusen avoir peur, à se mobiliser pour les accueillir.Mireille Lemahieu, PrésidenteEt le Conseil d’Administration d’<strong>Autisme</strong> <strong>France</strong>Publication trimestrielleNuméro de commission paritaire :0608 G 79223 / ISSN : 1950-4837Directeur de PublicationMireille LemahieuRédacteur en ChefAgnès WoimantMaqu<strong>et</strong>te & Mise en PageCédric Carl<strong>et</strong>toImpressionEspace Graphic,ZAC de la Grave, 06510 CARROSComité de Rédaction- Marie Claude Urban- Agnès Woimant- Danièle LangloysLes textes publiés le sont sous la responsabilitéde leurs auteurs.La L<strong>et</strong>tre d’<strong>Autisme</strong> <strong>France</strong>Lot 110/111 - Voie K460 avenue de la Quiera06370 Mouans Sartouxautisme.france@wanadoo.frA u t i s m e F r a n c e e s t u n e a s s o c i a t i o n l o i 1 9 0 1 r e c o n n u e d ’ u t i l i t é p u b l i q u eA u t i s m e F r a n c e e s t m e m b r e d ’ A u t i s m e E u r o p e e t d e l ’ O r g a n i s a t i o n M o n d i a l e d e l ’ A u t i s m e .T é l . : 0 4 9 3 4 6 0 1 7 7 F a x : 0 4 9 3 4 6 0 1 1 4S i t e I n t e r n e t : w w w. a u t i s m e f r a n c e . o r g E - m a i l : a u t i s m e . f r a n c e @ w a n a d o o . f rNovembre 2008 / page : 3


agenda fiche pratique dossier spécial actualitésRentrée scolaire 2008Pour une réelle scolarisation des enfants <strong>et</strong> adolescents avec autisme <strong>et</strong> TEDEntre discours<strong>et</strong>réalité…..A u t i s m e<strong>France</strong> militedepuis den o m b r e u -ses annéespour que lesenfants <strong>et</strong>adolescentsavec autisme<strong>et</strong> TED bénéficientd’unescolarisationde qualité <strong>et</strong> puissent être accueillis, comme le prévoit laloi <strong>du</strong> 11 février 2005, dans les écoles de proximité.Malgré des avancées, nous sommes encore loin des objectifsde c<strong>et</strong>te loi : les parents d’enfants avec autisme <strong>et</strong> TED rencontrenttoujours en 2008 de nombreuses difficultés pourconcrétiser c<strong>et</strong>te scolarisation, <strong>et</strong> particulièrement dansle service public. Si dans les premiers temps une volontéévidente des acteurs nous perm<strong>et</strong>tait d’espérer une réelle« révolution » dans la manière de concevoir la place de nosenfants dans la société, des témoignages récents de famillesnous font craindre un réel r<strong>et</strong>our en arrière.- La scolarisation en milieu ordinaire des enfants doit êtrela généralité <strong>et</strong> l’accueil en milieu spécialisé réservé auxenfants les plus handicapés. Trop souvent : les orientationsvers le secteur spécialisé, les logiques de filière, le poidsdes institutions <strong>et</strong> des habitudes, parfois le refus systématiquede certains enseignants rendent l’accueil en milieuordinaire très difficile voire impossible.Pour les familles chaque fin d’année scolaire est synonymed’incertitude pour la rentrée suivante : y aura-t-il unecontinuité ? L’enfant aura-t-il un enseignant susceptible del’accueillir ? L’accompagnant sera-t-il accordé par la MaisonDépartementale des Personnes Handicapées (MDPH), pourcombien d’heures ? Sera-t-il formé à l’autisme ? D’ailleurssera-t-il réellement là ? Combien de temps ?Un récent sondage de l’IPSOS souligne la très forte volontédes enseignants d’accueillir les enfants porteurs d’un handicapà condition d’avoir la formation nécessaire. Si l’idéologie<strong>et</strong> les accords par principe sont des discours aisés, lamise en pratique est plus difficile à concevoir <strong>et</strong> à réaliser,surtout quand s’ajoute le manque de moyens. Malgréles bonnes paroles, nos enfants sont encore trop souventl’obj<strong>et</strong> d’une scandaleuse discrimination soulignée par leconseil de l’Europe ; des familles subissent de fortes pressionspour les dissuader de scolariser leur enfant en milieuordinaire. Le proj<strong>et</strong> de vie demandé par les familles n’estpas respecté. La détresse des parents souvent extrême <strong>et</strong>répétitive, accentuée par l’épuisement les con<strong>du</strong>it parfoisà des situations dramatiques.- L’accompagnement scolaire en milieu ordinaire se paupériseencore davantage, les AVS voient leur temps d’interventionse ré<strong>du</strong>ire, les EVS les remplacent de plus en plus(personnels à statut encore plus précaire <strong>et</strong> à qualificationbien moindre).... les enfants de maternelle <strong>et</strong> même deprimaire se voient affecter une EVS dont le contrat n’iraparfois pas jusqu’à la fin de l’année scolaire <strong>et</strong> leur tempsde scolarisation est trop souvent limité au temps de présencede l’accompagnant.Tous les enfants « ordinaires » sont, en dehors de la présenceparentale, encadrés par des hommes <strong>et</strong> femmes ayantune qualification professionnelle, obtenue après un cursusde formation validé. Pourquoi les enfants avec handicapdevraient-ils échapper à c<strong>et</strong>te règle, alors que leurs besoinssont encore plus importants ?Nos enfants méritent, eux aussi, conformément à la loi,une scolarisation de qualité dans les milieux de vie «ordinaires».Elle nécessite en outre une volonté explicitedes pouvoirs publics de développer l’accueil de l’enfantautiste <strong>et</strong> TED, de former les enseignants pour y parvenir,<strong>et</strong> un accompagnement spécifique stable <strong>et</strong> pérenne.Leur place légitime dans la société dés le plus jeune âgeest à c<strong>et</strong>te condition.Témoignage d’un parentle problème des EVSF. H. a été embauchée en septembre 2007 pour encadrerAngèle alors scolarisée à l’école C. Avant c<strong>et</strong>te date, elleoccupait le même poste en s’occupant d’un enfant hyperactifà F. Son contrat était de 18 mois <strong>et</strong> non pas de24 mois (une particularité <strong>du</strong> département de la Sarthe,semble-t-il) Son contrat s’achevant le 25 septembre 2008,l’EVS n’a pu faire que la rentrée scolaire d’Angèle.Nous avons envoyé un courrier à la personne s’occupantde l’embauche ainsi qu’au département pour expliquerqu’on cherchait une ressource qui était déjà à notre disposition....mais rien n’y a fait.Deux semaines avant c<strong>et</strong>te échéance, personne n’avaitété trouvé pour la remplacer. Nous avons alors laissé unep<strong>et</strong>ite annonce dans des commerces locaux <strong>et</strong> pu (alors)trouver une personne intéressée, que nous avons aiguilléevers la personne chargée des embauches...In extremis c<strong>et</strong>te nouvelle EVS a donc pu remplacer notreEVS dont les 18 mois d’expérience ne pourront être valorisésd’une manière ou d’une autre.Quand on explique l’absurdité de ce genre de situation,on nous a répon<strong>du</strong> que c<strong>et</strong>te EVS avait eu la chance d’êtreembauchée <strong>et</strong> que c’était maintenant le tour d’uneautre... Où est l’intérêt de l’enfant, dans c<strong>et</strong>te logique ?Guillaume, père d’Angèle.Novembre 2008 / page : 4


Témoignage d’une AVSLes oubliés de la LoireJe suis AVS-I depuis 4 ans maintenant dans la Loire (extrêmesud<strong>du</strong> département : « les oubliés de la Loire»).J’ai accompagné plusieurs enfants autistes avec des handicapsplus ou moins lourds. Avec les enfants plus lourdementhandicapés (enfants qui ne parlent pas, qui ne sont pas propres,qui ne se déplacent que difficilement...) nous arrivionsparfois à communiquer par le regard, le toucher. C’étaitessentiellement un accompagnement de l’enfant dans lesdifférentes activités : l’ aider à le m<strong>et</strong>tre en relation avecles autres enfants <strong>du</strong> groupe, assurer les soins corporels indivi<strong>du</strong>els(hygiène, propr<strong>et</strong>é...), la surveillance indivi<strong>du</strong>elle(pour garantir la sécurité de l’enfant ) dans la classe commedans l’exploration de la cour <strong>et</strong> les déplacements divers.Avec une enfant je suis partie en classe transplantée avecses autres camarades de grande section : impensable pourses parents quelques mois auparavant.Avec les autres enfants autistes moins lourdement handicapés,mon travail est de reformuler les consignes, de recentrerl’enfant sur sa tâche, de reprendre <strong>et</strong> de faire répéterpour améliorer sa prononciation, toujours en relation avecl’équipe é<strong>du</strong>cative ou l’enseignante.Ce que je pourrais dire aujourd’hui avec un peu de recul,c’est que l’E<strong>du</strong>cation Nationale se préoccupe peu de nous.Nous «sommes» des contrats de 3 ans renouvelables 2 foismais pas des personnes. Une fois les 6 ans terminés je saistrès bien que je serai remplacée par quelqu’un d’autre <strong>et</strong>ainsi de suite. Il ne faut pas se leurrer, l’E<strong>du</strong>cation Nationaleveut des personnels maniables à souhait <strong>et</strong> surtout quine coûtent pas cher (la création des ASEH <strong>et</strong> des EVS viseà remplacer les AVS comme nous p<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it ). Avec cesnouveaux contrats on r<strong>et</strong>rouve dans les écoles des personnesparachutées <strong>et</strong> non motivées (elles ont un salaire très trèsbas ) mais qui rentrent dans des critères venant de plus haut(ANPE ou E<strong>du</strong>cation Nationale)...Notre statut d’AVS (assistant d’é<strong>du</strong>cation), d’aide auprèsdes enfants est en péril.Sureffectif des CLIS <strong>Autisme</strong>Moi j’aimerais que ma fonction débouche sur une vraie reconnaissance,sur une professionnalisation. Je ne demandequ’à être formée car j’aime ce que je fais auprès des enfants(tous handicaps confon<strong>du</strong>s).J’ai acquis certaines compétences sur le terrain : j’ai beaucoupappris en me confrontant aux différents handicaps en4 ans, au contact des enfants, de leurs familles <strong>et</strong> de leursenseignants. Pour tout cela je n’ai eu que 60 H de formationtrès théorique <strong>et</strong> générale pour assurer ma fonction. Personnene nous reconnaît <strong>et</strong> personne ne semble pouvoir direquelle est exactement notre place. Nous sommes intégrésassez difficilement (c’est un peu paradoxal quand on parled’intégration scolaire des enfants porteurs d’un handicap!!!!!!) dans les équipes é<strong>du</strong>catives (c’est encore pire au collège).Je nuancerai mon propos en disant que dans certainesécoles je fais partie intégrante d’une équipe représentéepar les différents intervenants (personnels divers, directeur,enseignants, parents..) mais c’est rare.Mon désir c’est de me former en vue d’une professionnalisationde ma fonction, de faire partager à leurs familles <strong>et</strong> auxenseignants les compétences acquises auprès des enfantsque j’accompagne tous les jours, pour leur perm<strong>et</strong>tre d’êtreintégrés dans des classes ordinaires le plus longtemps possible.La relation avec l’enfant, la famille <strong>et</strong> l’enseignant nese construit pas en un jour, c’est <strong>du</strong> travail sur le long terme.C’est donc dommage de toujours nous changer d’écoles oud’enfants à accompagner.Je m’aperçois que je vais être obligée dans un avenir prochede me détourner de ce que j’aime faire, pour pouvoir vivrepuisque nous n’avons pas d’avenir dans c<strong>et</strong>te fonction.Nous AVS, à mon avis, sommes trop isolés chacun dans notrecoin. Dans une même zone géographique nous ne nous rencontronsjamais, nous ne connaissons même pas. C’est trèsregr<strong>et</strong>table. Nous ne partageons pas nos expériences.Une AVS-I très déçue.Cécile M.Remise en cause d’une structure adaptéeDans l’Essonne, le sureffectif dans les classes d’intégrationspécialisée pour enfants autistes (CLIS A) rem<strong>et</strong> en causeune structure adaptée <strong>et</strong> menace l’avenir de ces élèves<strong>France</strong> 2 vient de diffuser une émission sur «le handicap : unscandale français» («Cellule de crise», mercredi 10/09/08 à22h30). C<strong>et</strong>te enquête a mis en évidence la situation désastreusede l’autisme en <strong>France</strong> : dépistage tardif, manque demoyens, discrimination, incompréhension...La <strong>France</strong> a déjà été condamnée par les institutions européennesen 2004 pour ne pas avoir suffisamment investi dansdes structures d’accueil spécialisées, mais elle continue àfinancer l’exil en Belgique de milliers de jeunes de notrepays vers des établissements privés à but lucratif où sévit lamaltraitance.... Par ailleurs, depuis la loi de février 2005,le droit à l’intégration scolaire en <strong>France</strong> n’est pas toujoursrespecté parce que les comportements bizarres de nos enfants«différents» les exposent à l’exclusion sociale... Àl’automne 2007, le Comité national d’éthique avait dénoncéles erreurs les plus regr<strong>et</strong>tables. C’est pourquoi, en mai dernier,la Ministre de la Santé Roselyne Bachelot a présentédevant les medias un second «plan autisme» censé rattrapertout le r<strong>et</strong>ard accumulé.On pouvait donc espérer une rentrée 2008 s’effectuant dansde meilleures conditions pour les jeunes autistes françaisd’âge scolaire. Notre surprise fut totale, donc, quand nousfut annoncé, fin juin, à la veille des vacances d’été (périodepropice, il est vrai, aux coups tor<strong>du</strong>s...), que dans notre département,l’Essonne, les 3 Classes d’Intégration Scolairepour enfants autistes en primaire (appelées CLIS «A» comme«<strong>Autisme</strong>») accueilleraient en septembre non plus 8 élèvesmaximum mais 11 élèves— soit une augmentation-record deseffectifs de 40%.C<strong>et</strong>te décision a été prise par l’Inspection Académique demanière arbitraire <strong>et</strong> unilatérale : il n’y a eu aucune con-actualités dossier spécial fiche pratique agendaNovembre 2008 / page : 5


agenda fiche pratique dossier spécial actualitésSureffectif des CLIS <strong>Autisme</strong>suite...certation avec les enseignants concernés, ni avec leurssyndicats, ni avec les associations de parents, ni avec laCommission des Droits <strong>et</strong> de l’Autonomie de la Maison Départementaledes Personnes Handicapées... Elle consistesans doute à appliquer le programme <strong>du</strong> ministre Xavier Darcos,à savoir des suppressions de postes d’enseignants plutôtque des créations. Par là même, on en vient à confondre les«CLIS I» (s’adressant à tout handicap mental) <strong>et</strong> les CLIS spécialiséesen autisme (= CLIS A), à la faveur d’une ambiguïtéde terminologie. Or ces classes sont régies par la circulaire<strong>du</strong> 30 avril 2002, parue au Bull<strong>et</strong>in officiel de l’E<strong>du</strong>cationNationale (n° 19 <strong>du</strong> 9 mai 2002, n° 2002-113) qui stipule quedans une CLIS-I, l’effectif est de 12 élèves maximum, maisqu’il « doit être très sensiblementinférieur » danscertains cas, « par exemple,troubles graves <strong>du</strong> développement» (nous soulignons p.8, ligne 8). C’est justementle cas de l’autisme !L’autisme se définit commeun ensemble de troublessévères, affectant de manièreglobale <strong>et</strong> précoce lefonctionnement <strong>du</strong> cerveauchez le jeune enfant : intérêtsrestreints <strong>et</strong> répétitifs,résistance aux changements,déficit d’attention, d’imitation,traitement anormaldes perceptions <strong>et</strong> des messagesverbaux... Le respect<strong>du</strong> texte ministériel imposedonc de fixer l’effectif dela classe très en deçà de 12,contrairement à ce que vientde pratiquer l’Inspection del’Essonne. D’ailleurs l’usagejusqu’alors partout observédans les CLIS spécialisées enautisme consiste à limiterle nombre d’élèves à 7 ou 8par classe. C’est en raison deleurs graves difficultés queles élèves de CLIS-<strong>Autisme</strong>ne vont à l’école qu’à tempspartiel, de 1 à 4 demi-journéespar semaine, selonleurs possibilités <strong>et</strong> leursprogrès. S’ils n’étaient pasen grande difficulté, ils neseraient pas inscrits dans c<strong>et</strong>te classe à si faible effectif,ils fréquenteraient les CLIS I tout-venant, accueillant jusqu’à12 élèves... Charger la barque, quel non-sens ! C’estaller à contre-courant <strong>du</strong> récent Plan <strong>Autisme</strong> qui préconiseun meilleur encadrement é<strong>du</strong>catif, le droit à un accompagnementspécialisé, à une scolarité adaptée pour tous, avecdes moyens budgétaires revus à la hausse. Dans l’intérêt desenfants, les aménagements jusqu’alors en vigueur doivent àl’évidence être maintenus.Bien enten<strong>du</strong>, la manœuvre est habile, <strong>et</strong> de loin on n’yverra que <strong>du</strong> feu. Que le nombre d’élèves handicapés soitplus élevé en 2008 qu’en 2007, l’intention paraît louablepuisque le taux de scolarisation augmente mais à y regarderde plus près, on découvre ici un eff<strong>et</strong> pervers de la loi votéeen février 2005 : seul le résultat quantitatif compte, tant pispour la qualité ! Par ce biais on fait partager à un plus grandnombre d’élèves un temps scolaire d’autant plus ré<strong>du</strong>it.Sous prétexte que certains n’ont qu’un temps de présenceplus restreint parce qu’ils ont parallèlement d’autres prisesen charge nécessaires (SESSAD, IME.. ), on en profite pourfaire <strong>du</strong> remplissage à leurs dépens.Qu’on les sacrifie d’avance <strong>du</strong> fait de leur emploi <strong>du</strong> tempsactuel, ce n’est pas là un motif valable pour leur refuserune augmentation de leur temps scolaire en CLIS s’ils le méritenteux aussi. En revanche, les conséquences de c<strong>et</strong>tedécision anti-pédagogique sur l’état des élèves, sur leuravenir, sur les conditions de sécurité <strong>et</strong> la con<strong>du</strong>ite <strong>du</strong> travailen classe ne sont pas <strong>du</strong>tout envisagées... On prendle risque d’aggraver chezles élèves les problèmes decommunication <strong>et</strong> de socialisationpour rentabiliser lesstructures existantes. Ensurchargeant les classes spécialiséespour enfants autistesau-delà <strong>du</strong> possible <strong>et</strong> <strong>du</strong>raisonnable, on r<strong>et</strong>ire à chacundes élèves des chancesnotables de parvenir à surmonterleurs graves difficultésd’adaptation.L’idée même d’alourdir l’effectifdans les CLIS-<strong>Autisme</strong>laisse supposer, aux échelonssupérieurs de l’E<strong>du</strong>cationNationale, une méconnaissancede ce handicap.Un jeune autiste ne parvientqu’aux prix d’immenses effortsà briser son isolement,à progresser dans l’acquisitiondes comportements requisà l’école, sans quoi il nepourra jamais plus tard s’insérerdans la vie, avec sesrègles collectives. Chez cesenfants particulièrement fatigables<strong>et</strong> vulnérables, on vadonc moins bien remédier àleurs troubles des apprentissages<strong>et</strong> susciter d’énormesproblèmes de comportementqui r<strong>et</strong>entiront même sur lesplus avancés. Il en résulteraune sélection accrue au bénéfice des plus adaptés.Puis à cause <strong>du</strong> surnombre, l’admission des élèves âgés de12 ans ou plus vers l’unique UPI spécialisée <strong>du</strong> département(voire toute autre Unité Pédagogique d’Intégration en collège),leur sera plus rarement consentie. L’augmentation<strong>du</strong> temps scolaire en CLIS sera différée pour les nouveauxvenus, refusée aux plus difficiles. Faute d’une disponibilitésuffisante, l’équipe enseignante n’y sera plus favorable.Tout en ayant à gérer plus d’élèves, elle reste, elle, identiqueen nombre : 1 professeur des écoles, 1 é<strong>du</strong>cateur(trice)spécialisé, <strong>et</strong> 1 Auxiliaire de Vie scolaire. (Mais deux semainesaprès la rentrée, tel ou tel professionnel toujours pasnommé manque à l’équipe !) On complique la tâche déjàlourde des personnels, on leur r<strong>et</strong>ire les moyens de réaliserun suivi convenable de tous les proj<strong>et</strong>s indivi<strong>du</strong>alisés, onNovembre 2008 / page : 6


Sureffectif des CLIS <strong>Autisme</strong>suite...sous-estime la vigilance indispensable dont ils doivent fairepreuve à tout instant. Il s’agit maintenant de travailler pluspour faire moins bien...Le sureffectif dans les CLIS-<strong>Autisme</strong> en Essonne porte doncatteinte à leur bon fonctionnement. Il tend à casser c<strong>et</strong>outil d’intégration scolaire qui a prouvé depuis longtempsson efficacité : la première CLIS <strong>Autisme</strong> fut créée en Essonnedans les années 80, <strong>et</strong> ce n’est tout de même pasun hasard si l’effectif était alors déjà fixé à 8 (pas plus de5 élèves simultanément, selon les conventions signées). Ilest d’ailleurs aberrant qu’en 2008 on rem<strong>et</strong>te en cause lesbesoins é<strong>du</strong>catifs particuliers des élèves atteints de troublesenvahissants <strong>du</strong> développement alors que la loi de février2005, complétée de circulaires, de décr<strong>et</strong>s, ainsi que lesdeux plans <strong>Autisme</strong> s’engagent en principe à pallier à lapénurie de structures adaptées. Suite au nombre croissantd’affectations en CLIS-A, la seule solution viable au manquede places est l’ouverture d’une classe supplémentaire, nonla saturation des classes existantes. Précédemment il n’yavait pas sous-utilisation de ce dispositif conçu pour assurerune mission é<strong>du</strong>cative spécifique (Ajoutons que le recrutementd’une auxiliaire de vie scolaire indivi<strong>du</strong>elle pour chacunde ces enfants dans des classes ordinaires <strong>du</strong> départementcoûterait d’ailleurs plus cher à l’E<strong>du</strong>cation Nationalequ’une nouvelle CLIS-A).Dès l’annonce de c<strong>et</strong> abus intolérable, une pétition des familles<strong>et</strong> des professionnels concernés a recueilli aussitôtplus de 315 signatures déposées à l’Inspection Académiquede l’Essonne début juill<strong>et</strong>. Puis ferm<strong>et</strong>ure de l’Inspectionpour l’été !... Depuis début septembre, les associations deparents d’élèves <strong>et</strong> des syndicats enseignants se sont mobilisésà nos côtés (voir le site web : http://91.snuipp.fr,m<strong>et</strong>tant en ligne la pétition). Face à c<strong>et</strong>te levée de boucliers,l’Inspection de l’Essonne a opté pour une stratégieoriginale de communication qui consiste à... ne rien dire <strong>et</strong>ne rien faire. Aucun des parents venus exprimer leur mécontentementn’a été reçu, <strong>et</strong> trois semaines après la rentrée,l’Inspection <strong>et</strong> le Rectorat de l’Académie de Versailles gardenttoujours le silence. Désorientés, les parents d’élèvesdes CLIS-<strong>Autisme</strong> de l’Essonne se demandent qui est autisteJournées de l’ANCRA<strong>Autisme</strong>s & changements :grandir <strong>et</strong> devenir a<strong>du</strong>lte aujourd’huiDepuis quelques années, d’importants progrès ontété faits au plan <strong>du</strong> diagnostic <strong>et</strong> de l’évaluationfonctionnelle de l’autisme <strong>et</strong> de ses troubles associéschez l’enfant. Ces progrès sont à généraliser auxadolescents <strong>et</strong> aux a<strong>du</strong>ltes.Le développement des orientations en termesd’établissements <strong>et</strong> services est bien sûr dépendant despolitiques nationales.Si les objectifs sont donnés, quels vont être les moyensd’y parvenir ?Les Journées d’Etudes Nationales sur l’<strong>Autisme</strong> del’ANCRA, ouvertes à tout public, évoqueront avecdes acteurs nationaux <strong>et</strong> internationaux toutes cesthématiques <strong>et</strong> toutes ces questions.5 & 6 février 2009 - MontpellierPlus d’info sur http://www.journees-autisme.frdans c<strong>et</strong>te affaire : leurs enfants ou les services académiques? Certes la raison <strong>du</strong> sureffectif est inavouable s’ils’agit de réaliser de p<strong>et</strong>ites économies sur le dos d’enfantshandicapés. Tout cela augure mal de la coordination entreles services de l’Etat en matière de scolarisation des autistes.Va-t-on, sous couvert d’intégrer toujours plus d’élèves,laisser se dégrader les CLIS -<strong>Autisme</strong>, ou bien va-t-on enfinen ouvrir un plus grand nombre pour répondre à des besoinslargement sous-estimés ? Fait-on une politique sérieuse derattrapage devant un bilan catastrophique, ou bien va-t-onseulement poursuivre dans les eff<strong>et</strong>s d’annonce en se moquantdes élèves <strong>et</strong> de leurs familles que ce handicap trèslourd m<strong>et</strong> quotidiennement à l’épreuve ?Force est de constater que la loi de février 2005 ne suffit pastoujours à garantir l’égalité des chances. Quand les parentsou les enseignants se plaignent, ils ne sont pas enten<strong>du</strong>s,tout se passe comme s’il leur fallait accepter le fait accompli...En 2008-09, les enfants autistes résidant en Essonnevont donc être placés dans des conditions plus défavorablesen CLIS A que dans d’autres départements où un effectif« très sensiblement inférieur » est préservé... Sans volontécohérente sur tout le territoire national, nous sommescondamnés à pâtir encore <strong>et</strong> toujours de l’insuffisance desmoyens, de la pénurie des structures adaptées.Il est révoltant qu’une idée généreuse <strong>et</strong> juste comme l’intégrationscolaire pour tous en vienne à être détournée, compromisedans son application. Nous vivons en démocratie,avec des élus, des syndicats, des Associations de parents, unmédiateur de la République <strong>et</strong> d’autres instances encore.Mais si l’on ne réagit pas, le sureffectif dans les CLIS <strong>Autisme</strong>risque de s’étendre à d’autres Académies. C<strong>et</strong>te tentationdans l’air <strong>du</strong> temps pourrait bientôt se généraliser. Notrecas n’est pas si isolé en Essonne, d’autres témoignages vontpeut-être rejoindre le nôtre. Formons un collectif de parentsou de professionnels souhaitant défendre <strong>et</strong> promouvoirle statut de ces classes spécialisées.Nathalie <strong>et</strong> Laurent LIMAT,ParentsHandicap <strong>et</strong> sensorialitéLe groupe de travail « Sensorialité <strong>et</strong> Handicap » présenteson 1er colloque international les 27, 28 <strong>et</strong> 29janvier 2009 à Paris :«Handicap <strong>et</strong> sensorialité :Olfaction, mémoire <strong>et</strong> apprentissages»VENEZ POINTER VOTRE NEZ !Un partenariat entre l’INS HEA de Suresnes <strong>et</strong> le CESGde Dijon. Son objectif est de recenser les connaissancesactuelles <strong>et</strong> les expériences perm<strong>et</strong>tant de couplerl’exercice de l’olfaction avec les apprentissages, sousles regards croisés :- des chercheurs <strong>et</strong> des professionnels de terrain (AndréHolley, Benoist Schaal, Patty Canac <strong>et</strong>c.) de différentspays (<strong>France</strong>, Italie, Etats-Unis),- des professionnels de l’é<strong>du</strong>cation <strong>et</strong> des professionnelsde la santé.Préinscription/renseignements : dpri@inshea.frPlus d’informations sur le site : www.inshea.fractualités dossier spécial fiche pratique agendaNovembre 2008 / page : 7


&AccompagnementactualitésLes lois de 2002 <strong>et</strong> 2005 donnent aux famillesla possibilité de choisir le type d’é<strong>du</strong>cationsouhaitable pour leur enfant <strong>et</strong> la notion deproj<strong>et</strong> de vie est au cœur de la loi de 2005.Parce qu’ils ont à cœur de donner à leursenfants à tout âge les moyens de développerl’autonomie la plus grande possible, les parentsse renseignent, savent que la <strong>France</strong> a accumulédes r<strong>et</strong>ards scandaleux dans l’accompagnementde l’autisme. Dans beaucoup de paysoccidentaux, l’approche comportementalistea fait ses preuves : elle n’est pas miraculeusemais perm<strong>et</strong> de ré<strong>du</strong>ire considérablement lescomportements difficiles <strong>et</strong> donc de donner auxenfants comme aux a<strong>du</strong>ltes une possibilité dem<strong>et</strong>tre en œuvre des apprentissages de tousordres.pratiquesinnovantesdossier spécialfiche pratiqueagendaL’ABA est encore peu <strong>et</strong> mal connue en <strong>France</strong>. Unservice expérimental applique des interventionscomportementales, appelées «traitements», leService d’Accompagnement ComportementalSpécialisé à Villeneuve d’Ascq : sa directrice leprésente ci-après.Le service d’accompagnementcomportemental expérimental spécialiséde Villeneuve d’AscqL’Association Pas à Pas reconnue d’intérêt général aété créée en 2000. Elle a pour objectif l’aide auxpersonnes atteintes de troubles <strong>du</strong> développement<strong>et</strong> <strong>du</strong> comportement. L’un des proj<strong>et</strong>s de l’Associationest de pouvoir développer des traitements comportementauxvalidés scientifiquement. Pour cela, un servicespécifique a vu le jour : « Le Service d’AccompagnementComportemental Spécialisé ». Les principes généraux de ceservice sont élaborés selon les critères scientifiques. C<strong>et</strong>ype de fonctionnement n’est que la repro<strong>du</strong>ction de ce quiexiste au sein de la communauté internationale, aux Etats-Unis, <strong>et</strong> dans la plupart des pays Européens. Ces traitementssont basés sur l’Analyse Appliquée <strong>du</strong> Comportement(en anglais : ABA = Applied Behavior Analysis) 1 .Les troubles envahissants <strong>du</strong> développement touchent deplus en plus d’enfants. On parle d’une prévalence d’unenfant sur 165, ce qui « positionne les TED parmi les problèmesde santé publique importants 2 » (Charman, 2002 ;Fombonne, 2005)Développer des prises en charge adaptées <strong>et</strong> efficacesdevient un véritable challenge pour l’ensemble de lacommunauté internationale. Actuellement, la <strong>France</strong> présenteun r<strong>et</strong>ard important, notamment dans l’évaluationscientifique des prises en charge développées au sein desstructures médico-sociales ou sanitaires. Le plan autisme2008-2010, développé par le Ministre Xavier Bertrand,Ministre <strong>du</strong> Travail, des Relations Sociales <strong>et</strong> de la Solidarité<strong>et</strong> la secrétaire d’état, Valérie Létard, a permis de donnerun nouvel élan face à ce réel problème de société.L’Association Pas à Pas a bénéficié d’un financementimportant afin de m<strong>et</strong>tre en place un service expérimentalperm<strong>et</strong>tant d’appliquer des traitements comportementauxvalidés scientifiquement. L’objectif n’est pas de créer desplaces supplémentaires mais surtout d’offrir aux parents<strong>et</strong> personnes avec troubles <strong>du</strong> développement un choixconcernant les techniques d’interventions.Après de nombreuses négociations, nous avons obtenu unagrément, avec l’assurance que les critères nécessaires àla mise en place de traitements comportementaux soientrespectés. Depuis juin 2008, l’Association Pas à Pas est gestionnaired’un Service d’Accompagnement ComportementalSpécialisé (SACS) dans le Nord, à Villeneuve d’Ascq. Ceservice comprend deux versants : un centre d’accueil <strong>et</strong>un service ambulatoire. Le partenariat avec la Mairie deVilleneuve d’Ascq a permis de placer le service au cœurmême de la ville, grâce à la mise à disposition de locauxau sein d’un centre de loisirs <strong>et</strong> d’une école en activité. Unautre partenaire essentiel fut l’E<strong>du</strong>cation Nationale. Nousavons également élaboré une convention afin que les intervenantspuissent suivre les enfants en traitement au sein del’école accueillant l’enfant <strong>et</strong> toute l’équipe <strong>du</strong> service encollaboration avec l’équipe pédagogique.Les traitements comportementaux sont en constante évolution.Depuis plus de 40 ans maintenant, les procé<strong>du</strong>ress’adaptent, s’améliorent avec l’objectif d’une meilleureefficacité. Le partenariat avec un laboratoire deRecherches travaillant dans le domaine était essentiel.Ainsi, l’équipe DECA 3 <strong>du</strong> laboratoire URECA 4 de l’Universitéde Lille III propose une supervision concernant l’évaluationdes psychologues <strong>et</strong> des intervenants. Des grilles d’évaluationsont utilisées afin de préciser aux professionnels lescompétences à obtenir <strong>et</strong> les erreurs à ne plus comm<strong>et</strong>tre.Toutes ces évaluations sont nécessaires <strong>et</strong> essentielles dansl’application <strong>du</strong> traitement. L’évaluation des compétencesdes enfants est réalisée deux fois par an, avec une batteriede tests standard par des doctorants-conseils <strong>du</strong> laboratoiren’ayant aucun contact avec les enfants. La présence <strong>du</strong>laboratoire est essentielle dans l’application de tels traitements.On note que les centres internationaux présentantles meilleurs résultats sont des centres rattachés à deslaboratoires. En <strong>France</strong>, nous sommes en phase expérimentale,il est donc nécessaire que l’évaluation <strong>du</strong> traitementsoit réalisée de la façon la plus stricte possible afin de proposerun cadrage précis pour d’autres services. L’évaluationscientifique des programmes est réalisée non seulement parle laboratoire URECA de manière continue, mais aussi avecdeux équipes internationales. L’évaluation porte sur lesmêmes éléments que celles utilisées par l’équipe DECA <strong>du</strong>laboratoire URECA. C<strong>et</strong>te collaboration perm<strong>et</strong> égalementla formation continue des intervenants <strong>et</strong> des psychologuesNovembre 2008 / page : 8


&AccompagnementpratiquesinnovantesLorsque des enfants atteints d’autisme vont à l’écoleen « milieu ordinaire », la plupart des objectifsé<strong>du</strong>catifs visent à ce qu’ils apprennent des compétencesscolaires (par ex : écriture – mathématiques).Des objectifs visant au développement des compétencessociales sont plus rarement développés. Or la présence depairs au développement typique dans l’environnement del’enfant atteint d’autisme est une chance <strong>et</strong> peut l’aiderà apprendre à interagir avec ses camarades. C<strong>et</strong> apprentissagene se fera que très rarement spontanément <strong>et</strong> dans laplupart des cas, la mise en place de procé<strong>du</strong>res particulièressera nécessaire.Nous présenterons ici quelques-unes des procé<strong>du</strong>res danslesquelles des pairs aident à l’apprentissage de ces compétences.Nous expliquerons plus particulièrement une procé<strong>du</strong>redéveloppée à partir des principes dits de PRT (PivotalResponse Training – Entrainement aux Réponses pivots).Intro<strong>du</strong>ctionUn des critères utilisés pour définir le trouble autistiqueest une altération marquée des interactions sociales, quece soit une altération dans l’utilisation <strong>et</strong> la régulation descomportements verbaux ou non verbaux, dans l’incapacitéà établir des relations avec les pairs, dans la non-recherche<strong>du</strong> partage des plaisirs <strong>et</strong> des réussites ou dans un manquede réciprocité sociale ou émotionnelle (Mini DSM-IV, 1997).Les comportements sociaux sont des comportements trèscomplexes dont les bases se m<strong>et</strong>tent en place très tôt(par exemple : réflexes sociaux – référencement social- imitation néonatale ; Novak & Pelaez, 2004, p.325-326).Chez les enfants présentant de l’autisme, ces bases, soitn’apparaissent pas, soit apparaissent de façon tardive, soitapparaissent puis s’éteignent (ou arrêtent d’évoluer).Les interventions en analyse comportementale appliquée(ABA) auprès d’enfants atteints d’autisme visent à l’apprentissagede beaucoup de capacités <strong>et</strong> de comportementsdifférents avec, à terme, le but que ces enfants puissentêtre le plus indépendants possible. Pour arriver à c<strong>et</strong>teindépendance, il est nécessaire de proposer aux enfants desapprentissages en ce qui concerne les capacités sociales.Cependant ces capacités se m<strong>et</strong>tant en place dès le plusjeune âge <strong>et</strong> demandant une prise en compte complexede l’environnement pour pouvoir répondre aux stimulipertinents de façon appropriée, elles peuvent s’avérer trèsDéveloppementdes interactionssociales d’enfantsatteints d’autismeavec leurs pairsdans le cadrede l’inclusion enmilieu ordinairedifficiles à enseigner. Des chercheurs ont développé différentesprocé<strong>du</strong>res visant ces apprentissages.Quelques procé<strong>du</strong>res impliquant lespairs présents dans l’environnementShafer, Egel <strong>et</strong> Neef (1984) m<strong>et</strong>tent en place une formation,proposée à des enfants moyennement handicapés (r<strong>et</strong>ardmental modéré, problèmes de comportement - moyenned’âge 7 ans) <strong>et</strong> portant sur les façons d’entrer en interactionavec des enfants autistes, afin d’analyser l’impact dela modification <strong>du</strong> comportement des pairs sur les comportementsd’enfants atteints d’autisme (moyenne d’âge6 ans). Lors des formations, ils m<strong>et</strong>tent particulièrementl’accent sur les façons d’inciter l’enfant autiste à répondreà l’initiation en utilisant des instructions directes <strong>et</strong> de laguidance (par exemple, dire « on va jouer aux legos » <strong>et</strong>si l’enfant cible ne répond pas, lui donner directement leslégos <strong>et</strong> dire « m<strong>et</strong>s les blocs ensemble »). Les résultatsmontrent que le niveau d’initiation <strong>et</strong> de réponse des pairsa augmenté <strong>et</strong> qu’en r<strong>et</strong>our, le niveau des initiations a augmentépour trois des quatre enfants autistes inclus dans leprogramme. Le niveau de réponse aux initiations des pairsa également augmenté pour les quatre enfants autistes.Comme le signalent les auteurs, les enfants autistes <strong>et</strong> lespairs sont devenus grâce à c<strong>et</strong> entraînement, « socialementrépondants » les uns envers les autres.Kamps <strong>et</strong> al. (1992) quant à eux utilisent une procé<strong>du</strong>redans laquelle l’enfant avec autisme est inclus dans ungroupe avec trois pairs non handicapés. Les suj<strong>et</strong>s de leurétude sont trois garçons autistes d’environ sept ans <strong>et</strong>demi, avec de bonnes capacités intellectuelles <strong>et</strong> sachantutiliser le langage, intégrés dans une classe de cours primaire.Ils n’avaient cependant pas beaucoup de capacitéssociales : peu d’interactions avec les autres pairs, peu delangage spontané, rarement d’initiations, des périodesprolongées d’isolement. Dans c<strong>et</strong>te étude, les auteurs neproposent pas de formation séparée pour les enfants avecautisme ou les pairs. La formation s’effectue en groupe,pendant 10 minutes sur les 20 de la séance. Les comportementscibles étaient : initier une interaction/y répondre/lacontinuer, se saluer, donner/accepter des compliments,partager, jouer chacun sont tour, demander de l’aide/aiderles autres, inclure les autres dans les activités. Les résultatsde c<strong>et</strong>te étude sont concluants car autant la fréquence desinteractions des enfants avec autisme que leur <strong>du</strong>rée seactualités dossier spécial fiche pratique agendaNovembre 2008 / page : 11


&AccompagnementpratiquesinnovantesCes a<strong>du</strong>ltes devront avoir acquis les bases de lasocialisation <strong>et</strong> des compétences pour la vie de tousles jours. Ils devront savoir s’alimenter seuls, s’habiller,aller aux toil<strong>et</strong>tes, <strong>et</strong> sauront respecter legroupe. Ces personnes avec autisme n’auront pas de troublesmajeurs <strong>du</strong> comportement. Elles ne présenteront pas,notamment d’auto-mutilations ni d’accès hétéro-agressif.Beaucoup de personnes avec autisme n’ont pas accès aulangage parlé. Ce n’est pas un handicap pour les maisonsd’autonomie puisque des méthodes alternatives de communicationpeuvent être enseignées <strong>et</strong> utilement mises enplace.Certains troubles physiques associés peuvent égalementêtre considérés comme non discriminants. La surdité, lesdifficultés à la marche, l’épilepsie stabilisée ne sont pasde contre-indication à l‘entrée en maison d’autonomie. Lestroubles psychiques à type de r<strong>et</strong>rait, passivité, inhibition,lenteur idéative, ne sont pas non plus des contre-indications.La réalité des acquis de base <strong>et</strong> la stabilisation comportementaleconstituent ainsi les bases indicatives pour lesmaisons d’autonomie.Mission de la structureLa structure aura pour mission l’accueil mixte d’a<strong>du</strong>ltes,âgés de 20 à 60 ans, pour qui un diagnostic de troublesenvahissants <strong>du</strong> développement a été posé. Il prévoira uneprise en charge <strong>et</strong> un accompagnement é<strong>du</strong>catif <strong>et</strong> thérapeutiqueperm<strong>et</strong>tant aux a<strong>du</strong>ltes de s’insérer dans le milieuordinaire. Il favorisera la vie dans la communauté.La structure sera composée de 2 maisons indivi<strong>du</strong>elles (F6)insérées dans la communauté, en location, sur un mêmesite, avec une capacité d’accueil de 10 placesRégimePrise en charge 24 / 24 avec fonctionnement sur 365 jours.Les r<strong>et</strong>ours en famille le week-end ou pour les vacancesseront vivement encouragés.UN PROJETLes maisonsd’autonomieLes maisons d’autonomieauront pour vocationd’accueillir des a<strong>du</strong>ltesatteints d’autisme capablesde se ‘débrouiller’ dans la viequotidienne.Philosophie <strong>du</strong> proj<strong>et</strong> :- Proj<strong>et</strong> de vie indivi<strong>du</strong>el- Participation de la famille- Nombre ré<strong>du</strong>it de résidants dans un même logement (5maximum)- Adaptation personnalisée <strong>et</strong> structurée de chaque logement- Intégration <strong>du</strong> logement dans la communauté- Distinction <strong>du</strong> logement <strong>et</strong> <strong>du</strong> lieu de travail ou d’activité- Evaluation indivi<strong>du</strong>elle des objectifs- Organisation <strong>du</strong> service en fonction des besoins des personnesavec l’aide d’un accompagnant professionnel forméà l’autismeLe proj<strong>et</strong>Les maisons ‘d’autonomie’ proposent un accompagnementconstant <strong>et</strong> permanent, à la fois é<strong>du</strong>catif, de loisirs, thérapeutique<strong>et</strong> de gestion de la vie quotidienne.L’accompagnement est guidé par un proj<strong>et</strong> de vie indivi<strong>du</strong>alisé,formalisé par un contrat de séjour, correspondant auxbesoins de la personne <strong>et</strong> aux caractéristiques de son degréde handicap autistique.La base théorique à la prise enchargeIl est important d’être attentif à la particularité <strong>du</strong> handicapautistique notamment dans ses aspects neuro-biologiques: il est donc essentiel de tenir compte des spécificitésbio organiques dans la prise en charge d’une personneavec autisme. La meilleure réponse actuelle est é<strong>du</strong>cativenotamment en m<strong>et</strong>tant en œuvre ce que l’on appelle :l’é<strong>du</strong>cation structurée.Des objectifs généraux :1) Développement de l’accès à l’autonomieL’accès à l’autonomie est un des axes principaux de travail.actualités dossier spécial fiche pratique agendaNovembre 2008 / page : 15


agenda fiche pratique dossier spécial actualitésCDAPH an IIréflexionsd’une militanteassociativeSiéger en CDAPH est une riche expériencehumaine qui perm<strong>et</strong> d’appréhender toutessortes de handicaps <strong>et</strong> les difficultés auxquellessont confrontées les personnes qui doivent yfaire face. Partout, les membres des CDAPH <strong>et</strong>des équipes pluridisciplinaires semblent souventdébordés par leurs tâches. C<strong>et</strong>te réflexionpoursuit celle que m’avait suggérée la premièreannée d’existence de la CDAPH.I) <strong>Autisme</strong> <strong>et</strong> CDAPHa) L’absence de points de repèreMa première réflexion porte sur l’inexistence de pointsde repère précis pour les membres des CDAPH commedes équipes pluridisciplinaires. Les formations à l’autismesont encore largement inexistantes, ce qui souligne unefois de plus la méconnaissance quasi générale <strong>et</strong> totale dece handicap chez l’ensemble des acteurs qui vont devoirpourtant comprendre ce handicap <strong>et</strong> donner leur avis surson accompagnement.La tâche d’un représentant associatif est donc d’abordd’expliquer sans cesse les particularités sensorielles, cognitives<strong>et</strong> comportementales des personnes avec autismepour faire valoir la nécessité de l’accompagnement à tousles âges, la nécessité aussi de stratégies adaptées, la nécessitéenfin d’une formation à l’autisme de tous, enseignants,auxiliaires de vie scolaire, de vie sociale, intervenants desCap Emploi <strong>et</strong>c…Dans mon département, les personnels concernés ont faitdes efforts tout à fait remarquables pour comprendrece handicap : formation des personnels de la MDPH àl’autisme, souci de demander au représentant associatifconcerné son éclairage sur les problèmes de scolarisationou d’accueil dans les structures pour personnes a<strong>du</strong>ltes,formation des enseignants-référents à l’autisme, écoles quiacceptent une information sur l’autisme, enseignants <strong>et</strong>AVS qui participent au café des parents..On a repéré quel’autisme est fréquent (1 sur 166), que c’est un handicapsévère, que les familles s’épuisent vite, surtout sans aide,c’est déjà positif.b) Le poids de la psychiatrieIl reste énorme <strong>et</strong> d’abord sur le plan <strong>du</strong> diagnostic ; pourtantles services de pédopsychiatrie sont débordés <strong>et</strong> enAmérique <strong>du</strong> Nord, demander aux psychologues d’assurerle diagnostic commence à entrer dans les faits.On ne peut que répéter les mêmes constats de l’an dernier: diagnostics tardifs (entre 6 <strong>et</strong> 10 ans le plus souvent,mais parfois encore plus tard), encore souvent erronésmalgré d’indiscutables progrès (est-ce encore acceptableen 2008 qu’un enfant autiste Asperger se voit donner undiagnostic de « psychose dysharmonique avec omnipotencefantasmatique » ?). On continue à rester perplexe devantles r<strong>et</strong>ards globaux de développement, les troubles del’attention, les r<strong>et</strong>ards de langage avec troubles <strong>du</strong> comportement,les psychoses infantiles, <strong>et</strong>c…Les troubles <strong>du</strong>comportement sont une angoisse permanente : certes lacirculaire de 2007 dit explicitement que les enfants autistesn’ont rien à faire en ITEP, mais quand le diagnostic est troubles<strong>du</strong> comportement sans aucune référence à un TED ? Siseulement les médecins pouvaient écrire comportementsinadaptés ou comme en Belgique comportements-défis ?Rappelons que l’accès au dossier médical est garanti par laloi <strong>du</strong> 4 avril 2002 <strong>et</strong> que les parents doivent en connaîtr<strong>et</strong>ous les éléments, à plus forte raison pour ce qui est transmisà la MDPH.A l’impatience des parents, les psychiatres répondenttrop souvent : à quoi bon stigmatiser ? à quoi sert le diagnostic? Les parents <strong>et</strong> leurs représentants en MDPH nepeuvent que répondre ce qu’on répond partout dans lemonde : le diagnostic n’est pas une fin mais un début quiperm<strong>et</strong> de comprendre <strong>et</strong> d’adopter les bonnes stratégies,le diagnostic de TED perm<strong>et</strong> l’identification de l’autismecomme handicap <strong>et</strong> d’avoir les aides qui accompagnentce handicap : reconnaissance des frais engagés (matérielé<strong>du</strong>catif, formations des familles, frais de TISF (travailleusesfamiliales) pour avoir relais <strong>et</strong> répit, accompagnementpar une psychologue (ne jamais m<strong>et</strong>tre psychologue ABAcertes, mais psychologue cognitivo-comportementaliste),coût de l’abandon d’une large partie de son temps de travail,nécessité de l’AVS, <strong>et</strong>c...Ne rêvons pas : dans certainsdépartements, l’équipe pluridisciplinaire se perm<strong>et</strong> dedéfinir quels sont les frais « conformes » <strong>et</strong> quels sont ceuxqui ne le sont pas.Quant à l’accompagnement é<strong>du</strong>catif par les services depédopsychiatrie, il reste encore largement très insuffisant,quand on ne se fait pas dire par certains psychiatres qu’ilne sert à rien, voire qu’il est nocif, parce qu’il faut d’abord« soigner ».Il y a pourtant une pression implicite des services hospitalierssur les familles tenues d’amener leurs enfantsperdre bien souvent leur temps en jeux d’eau, packings <strong>et</strong>autres thérapies familiales, inspirées par une définition del’autisme selon des analyses psychanalytiques. Les famillessont en eff<strong>et</strong> prisonnières car il faut avoir un diagnosticpour remplir les dossiers MDPH alors que la loi de 2002 prévoitle libre choix pour les familles de la prise en charge deleur enfant. On voit en MDPH le poids <strong>du</strong> lobby hospitalier :Novembre 2008 / page : 18

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