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Nana - Lecteurs.com

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– Dites-lui que je descends après l’acte… Je vas lui coller ma main surla figure.Fontan s’était précipité, répétant :– Madame Bron, écoutez… Écoutez donc, M me Bron… Montez àl’entracte six bouteilles de champagne.Mais l’avertisseur avait reparu, essoufflé, la voix chantante.– Tout le monde en scène !… À vous, monsieur Fontan ! Dépêchez !dépêchez !– Oui, oui, on y va, père Barillot, répondit Fontan, ahuri.Et, courant derrière M me Bron, il reprenait :– Hein ? c’est entendu, six bouteilles de champagne, dans le foyer, àl’entracte… C’est ma fête, c’est moi qui paie…Simonne et Clarisse s’en étaient allées, avec un grand bruit de jupes.Tout s’engouffra ; et, lorsque la porte du couloir fut retombée sourdement,on entendit, dans le silence du foyer, une nouvelle giboulée quibattait la fenêtre. Barillot, un petit vieillard blême, garçon de théâtre depuistrente ans, s’était familièrement approché de Mignon, en présentantsa tabatière ouverte. Cette prise offerte et acceptée lui donnait une minutede repos, dans ses continuelles courses à travers l’escalier et les couloirsdes loges. Il y avait bien encore M me <strong>Nana</strong>, <strong>com</strong>me il la nommait ;mais celle-là n’en faisait qu’à sa tête et se fichait des amendes ; quand ellevoulait manquer son entrée, elle la manquait. Il s’arrêta, étonné,murmurant :– Tiens ! elle est prête, la voici… Elle doit savoir que le prince estarrivé.<strong>Nana</strong>, en effet, parut dans le corridor, vêtue en Poissarde, les bras et levisage blancs, avec deux plaques roses sous les yeux. Elle n’entra pas,elle envoya simplement un signe de tête à Mignon et à Fauchery.– Bonjour, ça va bien ?Mignon seul serra la main qu’elle tendait. Et <strong>Nana</strong> continua son chemin,royalement, suivie par son habilleuse qui, tout en lui marchant surles talons, se penchait pour arranger les plis de sa jupe. Puis, derrièrel’habilleuse, fermant le cortège, venait Satin, tâchant d’avoir un air<strong>com</strong>me il faut et s’ennuyant déjà à crever.– Et Steiner ? demanda brusquement Mignon.– Monsieur Steiner est parti hier pour le Loiret, dit Barillot, qui retournaitsur la scène. Je crois qu’il va acheter là-bas une campagne…– Ah ! oui, je sais, la campagne de <strong>Nana</strong>.Mignon était devenu grave. Ce Steiner qui avait promis un hôtel àRose, autrefois ! Enfin, il fallait ne se fâcher avec personne, c’était une97

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