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Nana - Lecteurs.com

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– Ah ! mon gaillard, vous insultez Fontan ! reprit Mignon, poussant lafarce. En garde ! Une, deux, et v’lan dans la poitrine !Il s’était fendu, il avait porté une telle botte au jeune homme, quecelui-ci resta un instant très pâle, la parole coupée. Mais, d’un clignementde paupière, Clarisse montrait aux autres Rose Mignon, debout surle seuil du foyer. Rose avait vu la scène. Elle marcha droit vers le journaliste,<strong>com</strong>me si elle n’apercevait pas son mari ; et, se haussant, les brasnus, dans son costume de Bébé, elle présenta le front, avec une moue decâlinerie enfantine.– Bonsoir, bébé, dit Fauchery, qui, familièrement, la baisa. C’étaient làses dédommagements. Mignon ne parut même pas remarquer ce baiser ;tout le monde embrassait sa femme au théâtre. Mais il eut un rire, en jetantun mince coup d’œil sur le journaliste ; sûrement celui-ci allait payercher la bravade de Rose.Dans le couloir, la porte rembourrée s’ouvrit et retomba, soufflant jusqu’aufoyer une tempête d’applaudissements. Simonne revenait après sascène.– Oh ! le père Bosc a fait un effet ! cria-t-elle. Le prince se tortillait derire, et il applaudissait avec les autres, <strong>com</strong>me si on l’avait payé… Ditesdonc, connaissez-vous le grand monsieur qui est à côté du prince, dansl’avant-scène ? Un bel homme, l’air très digne, des favoris superbes.– C’est le <strong>com</strong>te Muffat, répondit Fauchery. Je sais que le prince, avanthier,chez l’impératrice, l’avait invité à dîner pour ce soir… Il l’aura débauchéensuite.– Tiens ! le <strong>com</strong>te Muffat, nous connaissons son beau-père, n’est-cepas, Auguste ? dit Rose en s’adressant à Mignon. Tu sais, le marquis deChouard, chez qui je suis allée chanter ?… Justement, il est aussi dans lasalle. Je l’ai aperçu au fond d’une loge. En voilà un vieux…Prullière, qui venait de coiffer son immense plumet, se retourna pourl’appeler.– Eh ! Rose, allons-y.Elle le suivit en courant, sans achever sa phrase. À ce moment, laconcierge du théâtre, M me Bron, passait devant la porte, avec un énormebouquet entre les bras. Simonne demanda plaisamment si c’était pourelle ; mais la concierge, sans répondre, désigna du menton la loge de <strong>Nana</strong>,au fond du couloir. Cette <strong>Nana</strong> ! on la couvrait de fleurs. Puis,<strong>com</strong>me M me Bron revenait, elle remit une lettre à Clarisse, qui laissaéchapper un juron étouffé. Encore ce raseur de La Faloise ! en voilà unhomme qui ne voulait pas la lâcher ! Et lorsqu’elle apprit que le monsieurattendait, chez la concierge, elle cria :96

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