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Nana - Lecteurs.com

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De nouveau, une paix lourde régnait dans le foyer des artistes, <strong>com</strong>meà cent lieues de cette salle, où toute une foule applaudissait. Simonne etClarisse en étaient toujours sur <strong>Nana</strong>. En voilà une qui ne se pressaitguère ! La veille encore elle avait manqué son entrée. Mais tous se turent,une grande fille venait d’allonger la tête, puis, voyant qu’elle se trompait,avait filé au fond du couloir. C’était Satin, avec un chapeau et une voilette,prenant des airs de dame en visite. Une jolie roulure ! murmuraPrullière, qui la rencontrait depuis un an au café des Variétés. Et Simonneconta <strong>com</strong>ment <strong>Nana</strong>, ayant reconnu Satin, une ancienne amie depension, s’était toquée d’elle et tannait Bordenave pour qu’il la fitdébuter.– Tiens ! bonsoir, dit Fontan en donnant des poignées de main à Mignonet à Fauchery qui entraient.Le vieux Bosc lui-même tendit les doigts, pendant que les deuxfemmes embrassaient Mignon.– Une belle salle, ce soir ? demanda Fauchery.– Oh ! superbe ! répondit Prullière. Il faut voir <strong>com</strong>me ils gobent !– Dites donc, mes enfants, fit remarquer Mignon, ça doit être à vous.Oui, tout à l’heure. Ils n’étaient que de la quatrième scène. Seul, Boscse leva avec l’instinct du vieux brûleur de planches qui sent venir sa réplique.Justement, l’avertisseur paraissait à la porte.– Monsieur Bosc ! mademoiselle Simonne ! appela-t-il.Vivement, Simonne jeta une pelisse fourrée sur ses épaules et sortit.Bosc, sans se hâter, alla chercher sa couronne, qu’il se posa au front,d’une tape ; puis, traînant son manteau, mal d’aplomb sur ses jambes, ils’en alla, grognant, de l’air fâché d’un homme qu’on dérange.– Vous avez été bien aimable dans votre dernière chronique, repritFontan en s’adressant à Fauchery. Seulement, pourquoi dites-vous queles <strong>com</strong>édiens sont vaniteux ?– Oui, mon petit, pourquoi dis-tu ça ? s’écria Mignon, qui abattit sesmains énormes sur les épaules grêles du journaliste, dont la taille plia.Prullière et Clarisse retinrent un éclat de rire. Depuis quelque temps,tout le théâtre s’amusait d’une <strong>com</strong>édie qui se jouait dans les coulisses.Mignon, furieux du caprice de sa femme, vexé de voir ce Faucheryn’apporter au ménage qu’une publicité discutable, avait imaginé de sevenger en le <strong>com</strong>blant de marques d’amitié ; chaque soir, quand il le rencontraitsur la scène, il le bourrait de coups, <strong>com</strong>me emporté par un excèsde tendresse ; et Fauchery, chétif à côté de ce colosse, devait accepterles tapes en souriant d’un air contraint, pour ne pas se fâcher avec le maride Rose.95

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