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Nana - Lecteurs.com

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– Sapristi ! dit-elle, il ne fait pas chaud ; et moi qui ai laissé ma fourruredans ma loge !Puis, debout devant la cheminée, grillant ses jambes, dont le maillot semoirait de rose vif, elle reprit :– Le prince est arrivé.– Ah ! crièrent les autres curieusement.– Oui, je courais pour ça, je voulais voir… Il est dans la premièreavant-scène de droite, la même que jeudi. Hein ? c’est la troisième foisqu’il vient en huit jours. A-t-elle une chance, cette <strong>Nana</strong> !… Moi, je pariaisqu’il ne viendrait plus.Simonne ouvrait la bouche. Mais ses paroles furent couvertes par unnouveau cri, qui éclata près du foyer. La voix aiguë de l’avertisseur lançaitdans le couloir, à toute volée : « C’est frappé ! »– Ça <strong>com</strong>mence à être joli, trois fois, dit Simonne, lorsqu’elle put parler.Vous savez qu’il ne veut pas aller chez elle ; il l’emmène chez lui. Etil paraît que ça lui coûte bon.– Parbleu ! quand on va en ville ! murmura méchamment Prullière, ense levant pour jeter dans la glace un coup d’œil de bel homme adoré desloges.– C’est frappé ! c’est frappé ! répétait la voix de plus en plus perdue del’avertisseur, courant les étages et les corridors.Alors, Fontan, qui savait <strong>com</strong>ment ça s’était passé la première foisentre le prince et <strong>Nana</strong>, raconta l’histoire aux deux femmes serrées contrelui, riant très haut, quand il se baissait, pour donner certains détails. Levieux Bosc n’avait pas remué, plein d’indifférence. Ces machines-là nel’intéressaient plus. Il caressait un gros chat rouge, couché en rond sur labanquette, béatement ; et il finit par le prendre entre ses bras, avec labonhomie tendre d’un roi gâteux. Le chat faisait le gros dos ; puis, aprèsavoir flairé longuement la grande barbe blanche, répugné sans doute parl’odeur de colle, il retourna dormir en rond sur la banquette. Bosc restaitgrave et absorbé.– Ça ne fait rien, moi, à ta place, je prendrais le champagne au café, ilest meilleur, dit-il tout d’un coup à Fontan, <strong>com</strong>me celui-ci finissait sonhistoire.– C’est <strong>com</strong>mencé ! jeta la voix longue et déchirée de l’avertisseur.C’est <strong>com</strong>mencé ! c’est <strong>com</strong>mencé !Le cri roula un instant. Un bruit de pas rapides avait couru. Par laporte du couloir brusquement ouverte, il vint une bouffée de musique,une lointaine rumeur ; et la porte retomba, on entendit le coup sourd dubattant rembourré.94

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