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Nana - Lecteurs.com

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– C’est que je n’ai pas du tout envie de dormir ! répétait <strong>Nana</strong>. Il faudraitfaire quelque chose.Elle regardait le ciel à travers les vitres, un ciel livide où couraient desnuages couleur de suie. Il était six heures. En face, de l’autre côté du boulevardHaussmann, les maisons, encore endormies, découpaient leurstoitures humides dans le petit jour ; tandis que, sur la chaussée déserte,une troupe de balayeurs passaient avec le bruit de leurs sabots. Et, devantce réveil navré de Paris, elle se trouvait prise d’un attendrissementde jeune fille, d’un besoin de campagne, d’idylle, de quelque chose dedoux et de blanc.– Oh ! vous ne savez pas ? dit-elle en revenant à Steiner, vous allez memener au bois de Boulogne, et nous boirons du lait.Une joie d’enfant la faisait battre des mains. Sans attendre la réponsedu banquier, qui consentait naturellement, ennuyé au fond et rêvantautre chose, elle courut jeter une pelisse sur ses épaules. Dans le salon, iln’y avait plus, avec Steiner, que la bande des jeunes gens ; mais, ayantégoutté dans le piano jusqu’au fond des verres, ils parlaient de s’en aller,lorsqu’un d’eux accourut triomphalement, tenant à la main une dernièrebouteille, qu’il rapportait de l’office.– Attendez ! attendez ! cria-t-il, une bouteille de chartreuse !… Là, ilavait besoin de chartreuse ; ça va le remettre… Et maintenant, mes enfants,filons. Nous sommes idiots.Dans le cabinet de toilette, <strong>Nana</strong> dut réveiller Zoé, qui s’était assoupiesur une chaise. Le gaz brûlait. Zoé frissonna, aida Madame à mettre sonchapeau et sa pelisse.– Enfin, ça y est, j’ai fait ce que tu voulais, dit <strong>Nana</strong> qui la tutoya, dansun élan d’expansion, soulagée d’avoir pris un parti. Tu avais raison, autantle banquier qu’un autre.La bonne était maussade, engourdie encore. Elle grogna que Madameaurait dû se décider le premier soir. Puis, <strong>com</strong>me elle la suivait dans lachambre, elle lui demanda ce qu’elle devait faire de ces deux-là. Bordenaveronflait toujours. Georges, qui était venu sournoisement enfoncer latête dans un oreiller, avait fini par s’y endormir, avec son léger souffle dechérubin. <strong>Nana</strong> répondit qu’on les laissât dormir. Mais elle s’attendrit denouveau, en voyant entrer Daguenet ; il la guettait de la cuisine, il avaitl’air bien triste.– Voyons, mon Mimi, sois raisonnable, dit-elle en le prenant dans sesbras, en le baisant avec toutes sortes de câlineries. Il n’y a rien de changé,tu sais que c’est toujours mon Mimi que j’adore… N’est-ce pas ? il le fallait…Je te jure, ce sera encore plus gentil. Viens demain, nous90

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