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Nana - Lecteurs.com

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– Nous rase-t-il assez avec son mouchoir ! cria-t-elle. Voyons, idiot,pourquoi te l’aurais-je pris ?– Tiens ! dit-il avec méfiance, pour l’envoyer à ma famille, pour me<strong>com</strong>promettre.Cependant, Foucarmont s’attaquait aux liqueurs. Il continuait de ricaneren regardant Labordette, qui buvait son café, au milieu de ces dames.Et il lâchait des bouts de phrase : le fils d’un marchand de chevaux,d’autres disaient le bâtard d’une <strong>com</strong>tesse ; aucun revenu, et toujoursvingt-cinq louis dans la poche ; le domestique des filles, un gaillard quine couchait jamais.– Jamais ! jamais ! répétait-il en se fâchant. Non, voyez-vous, il fautque je le gifle.Il vida un petit verre de chartreuse. La chartreuse ne le dérangeait aucunement; pas ça, disait-il ; et il faisait claquer l’ongle de son pouce aubord de ses dents. Mais, tout d’un coup, au moment où il s’avançait surLabordette, il devint blême et s’abattit devant le buffet, <strong>com</strong>me unemasse. Il était ivre mort. Louise Violaine se désola. Elle le disait bien queça finirait mal ; maintenant, elle en avait pour le reste de sa nuit à le soigner.Gaga la rassurait, examinant l’officier d’un œil de femme expérimentée,déclarant que ce ne serait rien, que ce monsieur allait dormir<strong>com</strong>me ça douze à quinze heures, sans accident. On emportaFoucarmont.– Tiens ! où donc a passé <strong>Nana</strong> ? demanda Vandeuvres.Oui, au fait, elle s’était envolée en quittant la table. On se souvenaitd’elle, tout le monde la réclamait. Steiner, inquiet depuis un instant,questionna Vandeuvres au sujet du vieux monsieur, disparu lui aussi.Mais le <strong>com</strong>te le rassura, il venait de reconduire le vieillard ; un personnageétranger dont il était inutile de dire le nom, un homme très richequi se contentait de payer les soupers. Puis, <strong>com</strong>me on oubliait de nouveau<strong>Nana</strong>, Vandeuvres aperçut Daguenet, la tête à une porte, l’appelantd’un signe. Et, dans la chambre à coucher, il trouva la maîtresse de maisonassise, raidie, les lèvres blanches, tandis que Daguenet et Georges,debout, la regardaient d’un air consterné.– Qu’avez-vous donc ? demanda-t-il surpris.Elle ne répondit pas, elle ne tourna pas la tête. Il répéta sa question.– J’ai, cria-t-elle enfin, que je ne veux pas qu’on se foute de moi !Alors, elle lâcha ce qui lui vint à la bouche. Oui, oui, elle n’était pasune bête, elle voyait clair. On s’était fichu d’elle pendant le souper, onavait dit des horreurs pour montrer qu’on la méprisait. Un tas de salopesqui ne lui allaient pas à la cheville ! Plus souvent qu’elle se donnerait84

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