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Nana - Lecteurs.com

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Chapitre 4Depuis le matin, Zoé avait livré l’appartement à un maître d’hôtel, venude chez Brébant avec un personnel d’aides et de garçons. C’était Brébantqui devait tout fournir, le souper, la vaisselle, les cristaux, le linge, lesfleurs, jusqu’à des sièges et à des tabourets. <strong>Nana</strong> n’aurait pas trouvé unedouzaine de serviettes au fond de ses armoires ; et, n’ayant pas encore eule temps de se monter dans son nouveau lançage, dédaignant d’aller aurestaurant, elle avait préféré faire venir le restaurant chez elle. Ça luisemblait plus chic. Elle voulait fêter son grand succès d’actrice par unsouper, dont on parlerait. Comme la salle à manger était trop petite, lemaître d’hôtel avait dressé la table dans le salon, une table où tenaientvingt-cinq couverts, un peu serrés.– Tout est prêt ? demanda <strong>Nana</strong>, en rentrant à minuit.– Ah ! je ne sais pas, répondit brutalement Zoé, qui paraissait horsd’elle. Dieu merci ! je ne m’occupe de rien. Ils en font un massacre dansla cuisine et dans tout l’appartement !… Avec ça, il a fallu me disputer.Les deux autres sont encore venus. Ma foi, je les ai flanqués à la porte.Elle parlait des deux anciens messieurs de Madame, du négociant etdu Valaque, que <strong>Nana</strong> s’était décidée à congédier, certaine de l’avenir,désirant faire peau neuve, <strong>com</strong>me elle disait.– En voilà des crampons ! murmura-t-elle. S’ils reviennent, menacezlesd’aller chez le <strong>com</strong>missaire.Puis, elle appela Daguenet et Georges, restés en arrière dansl’antichambre, où ils accrochaient leurs paletots. Tous deux s’étaient rencontrésà la sortie des artistes, passage des Panoramas, et elle les avaitamenés en fiacre. Comme il n’y avait personne encore, elle leur criaitd’entrer dans le cabinet de toilette, pendant que Zoé l’arrangerait. Enhâte, sans changer de robe, elle se fit relever les cheveux, piqua des rosesblanches à son chignon et à son corsage. Le cabinet se trouvait en<strong>com</strong>brédes meubles du salon, qu’on avait dû rouler là, un tas de guéridons, decanapés, de fauteuils, les pieds en l’air ; et elle était prête, lorsque sa jupese prit dans une roulette et se fendit. Alors, elle jura, furieuse ; ces chosesn’arrivaient qu’à elle. Rageusement, elle ôta sa robe, une robe de foulard65

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