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Nana - Lecteurs.com

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– Dites donc, où avez-vous passé ? Votre coude est plein de toilesd’araignée et de plâtre.– Mon coude, murmura-t-il, légèrement troublé. Tiens ! c’est vrai… Unpeu de saleté… J’aurai attrapé ça en descendant de chez moi.Plusieurs personnes s’en allaient. Il était près de minuit. Deux valetsenlevaient sans bruit les tasses vides et les assiettes de gâteaux. Devant lacheminée ces dames avaient reformé et rétréci leur cercle, causant avecplus d’abandon dans la langueur de cette fin de soirée. Le salon luimêmes’ensommeillait, des ombres lentes tombaient des murs. Alors,Fauchery parla de se retirer. Pourtant, il s’oubliait de nouveau à regarderla <strong>com</strong>tesse Sabine. Elle se reposait de ses soins de maîtresse de maison,à sa place accoutumée, muette, les yeux sur un tison qui se consumait enbraise, le visage si blanc et si fermé, qu’il était repris de doute. Dans lalueur du foyer, les poils noirs du signe qu’elle avait au coin des lèvresblondissaient. Absolument le signe de <strong>Nana</strong>, jusqu’à la couleur. Il ne puts’empêcher d’en dire un mot à l’oreille de Vandeuvres. C’était ma foivrai ; jamais celui-ci ne l’avait remarqué. Et tous les deux continuèrent leparallèle entre <strong>Nana</strong> et la <strong>com</strong>tesse. Ils leur trouvaient une vague ressemblancedans le menton et dans la bouche ; mais les yeux n’étaient pas dutout pareils. Puis, <strong>Nana</strong> avait l’air bonne fille ; tandis qu’on ne savait pasavec la <strong>com</strong>tesse, on aurait dit une chatte qui dormait, les griffes rentrées,les pattes à peine agitées d’un frisson nerveux.– Tout de même on coucherait avec, déclara Fauchery.Vandeuvres la déshabillait du regard.– Oui, tout de même, dit-il. Mais, vous savez, je me défie des cuisses.Elle n’a pas de cuisses, voulez-vous parier !Il se tut. Fauchery lui touchait le coude, en montrant d’un signe Estelle,assise sur son tabouret, devant eux. Ils venaient de hausser le tonsans la remarquer, et elle devait les avoir entendus. Cependant, elle restaitraide, immobile, avec son cou maigre de fille poussée trop vite, oùpas un petit cheveu n’avait bougé. Alors, ils s’éloignèrent de trois ouquatre pas. Vandeuvres jurait que la <strong>com</strong>tesse était une très honnêtefemme.À ce moment, les voix s’élevèrent devant la cheminée. Madame DuJoncquoy disait :– Je vous ai accordé que monsieur de Bismarck était peut-être unhomme d’esprit… Seulement, si vous allez jusqu’au génie…Ces dames en étaient revenues à leur premier sujet de conversation.– Comment ! encore monsieur de Bismarck ! murmura Fauchery. Cettefois, je me sauve pour tout de bon.62

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