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Nana - Lecteurs.com

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– Moi, madame ? répondit-il tranquillement, je ne <strong>com</strong>plote rien.– Ah !… Je vous voyais si affairé… Tenez, vous allez vous rendre utile.Elle lui mit dans les mains un album, en le priant de le porter sur lepiano. Mais il trouva moyen d’apprendre tout bas à Fauchery qu’on auraitTatan Néné, la plus belle gorge de l’hiver, et Maria Blond, celle quivenait de débuter aux Folies-Dramatiques. Cependant, La Faloisel’arrêtait à chaque pas, attendant une invitation. Il finit par s’offrir. Vandeuvresl’engagea tout de suite ; seulement, il lui fit promettre d’amenerClarisse ; et <strong>com</strong>me La Faloise affectait de montrer des scrupules, il letranquillisa en disant :– Puisque je vous invite ! Ça suffit.La Faloise aurait pourtant bien voulu savoir le nom de la femme. Maisla <strong>com</strong>tesse avait rappelé Vandeuvres, qu’elle interrogeait sur la façondont les Anglais faisaient le thé. Il se rendait souvent en Angleterre, oùses chevaux couraient. Selon lui, les Russes seuls savaient faire le thé ; etil indiqua leur recette. Puis, <strong>com</strong>me s’il eût continué tout un travail intérieurpendant qu’il parlait, il s’interrompit pour demander :– À propos, et le marquis ? Est-ce que nous ne devions pas le voir ?– Mais si, mon père m’avait promis formellement, répondit la <strong>com</strong>tesse.Je <strong>com</strong>mence à être inquiète… Ses travaux l’auront retenu.Vandeuvres eut un sourire discret. Lui aussi paraissait se douter dequelle nature étaient les travaux du marquis de Chouard. Il avait songé àune belle personne que le marquis menait parfois à la campagne. Peutêtrepourrait-on l’avoir.Cependant, Fauchery jugea que le moment était arrivé de risquerl’invitation au <strong>com</strong>te Muffat. La soirée s’avançait.– Sérieusement ? demanda Vandeuvres, qui croyait à une plaisanterie.– Très sérieusement… Si je ne fais pas ma <strong>com</strong>mission, ellem’arrachera les yeux. Une toquade, vous savez.– Alors, je vais vous aider, mon cher.Onze heures sonnaient. La <strong>com</strong>tesse, aidée de sa fille, servait le thé.Comme il n’était guère venu que des intimes, les tasses et les assiettes depetits gâteaux circulaient familièrement. Même les dames ne quittaientpas leurs fauteuils, devant le feu, buvant à légères gorgées, croquant lesgâteaux du bout des doigts. De la musique, la causerie était tombée auxfournisseurs. Il n’y avait que Boissier pour les fondants et que Catherinepour les glaces ; cependant, M me Chantereau soutenait Latinville. Les parolesse faisaient plus lentes, une lassitude endormait le salon. Steiners’était remis à travailler sourdement le député, qu’il tenait bloqué dans lecoin d’une causeuse. M. Venot, dont les sucreries devaient avoir gâté les59

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